[Flashback rentrée 2025] J'ai un gros bobo... ft. Jane E. Gray

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	J'ai un gros bobo...
	Ft. @Jane E. Gray
Une nouvelle année qui commençait, après la catastrophe de l’année précédente. Tout avait été une horreur, de l’ambiance pourrie aux évènements traumatisants, en passant par les usurpations d’identité et les intrus non désirés. Ce n’était pas pire que ce qu’on m’avait raconté sur l’installation de Blackman, mais c’était déjà un sacré choc en à peine deux ans à Poudlard. Et puis, l’année s’était finie sur le dernier des drames : l’incendie complet du château. Il n’en restait plus grand-chose au début de l’été, mais en arrivant en ce mois de septembre tout avait été bien remis en place, comme si de rien n’était. Pourquoi je soulignais ce point ? Parce que je n’avais pas participé aux travaux de reconstruction, et donc je ne faisais qu’observer les résultats des autres. Pourquoi ? Pour une raison toute simple, qui m’évite de dire que je n’avais simplement pas voulu fournir d’effort physique : ce dernier incendie s’était terminé, pour moi, avec une sacrée blessure au bras. Pas vraiment le top pour faire de la construction de château, que ce soit manuellement ou par magie puisqu’évidemment, c’était tombé sur mon bras droit, mon bras fort. J’avais plutôt passé l’été chez moi, chouchouté par mes parents qui plaignaient leur pauvre fils qui était passé par une épreuve pareille si jeune. Ils avaient d’ailleurs, comme à ma première année, été assez peu confiants à l’idée de me laisser retourner à Poudlard. Il faut dire que le château ne brille pas par sa sécurité depuis quelques années. Mais malgré tout, j’avais réussi à les faire accepter, en leur soulignant notamment que plus j’en apprenais sur la magie, plus je pourrais me défendre. Et comme avec leurs emplois, déménager vers une autre école serait compliqué… Me voilà. Cela étant dit, mon début d’année devait commencer par un passage à l’infirmerie. On m’avait assuré que cette vilaine blessure qui prenait de mon épaule à mon coude ne laisserait aucune trace, et finirait par s’estomper avec les traitements magiques que l’on m’avait prodigués, mais on m’avait imposé un contrôle de routine dès la rentrée, juste pour être sûr. J’avais encore quelques douleurs par moments, mais j’avais repris la pleine possession de mes moyens, comme s’il n’y avait rien eu. Il s’agirait donc de vérifier que tout était en ordre, rien de plus. Je n’étais pas des plus impatients à l’idée de reparler de tout ça, ça avait été relativement traumatisant et j’avais déjà eu l’été pour pas mal le ruminer. Tirant la gueule, presque plus que d’habitude, j’avais donc lâché les amis que j’avais retrouvé avec joie pour rejoindre le troisième étage et l’infirmerie qui s’y trouvait. Arrivé devant la porte, je pris une grande inspiration pour reprendre contenance avant de rentrer. L’infirmerie était presque vide, de ce que l’on m’avait dit, les rendez-vous médicaux comme le mien se faisaient plutôt isolés, sûrement au cas où ça finisse en cellule de crise pour parler de traumatismes. Mais ce qui m’étonnait le plus, c’était le personnel qui se trouvait là. J’avais beau fouiller la salle des yeux, je ne voyais nulle part l’infirmier Lennox – et pourtant difficile de le louper avec sa carrure. La seule personne que je voyais était une jeune femme blonde affairée. Je m’en approchais de quelque pas avant de lui faire savoir ma présence. « Hum, bonjour ? Je viens pour un contrôle de routine, vous savez où est l’infirmier ? » Je n’étais pas au courant d’un changement de personnel et restais donc persuadé que Lennox sortirait de je ne sais où pour s’occuper rapidement de mon cas.

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Première rentrée comme membre du personnel de l’école. C’était étrange de venir ici et de n’être plus à la place des pensionnaires du château. Etrange de parcourir les couloirs sans passer de classe en classe mais en se rendant presque toujours au même endroit. L’infirmerie était le nouveau sanctuaire de Jane. Elle avait rencontré son maitre de stage, son mentor, l’infirmier Lennox. Sa carrure imposante l’avait beaucoup impressionnée, et la jeune femme doutait de pouvoir s’habituer un jour à une personne si imposante de carrure et de charisme. Il était si impressionnant. Un physique qui n’allait pas avec la douceur de sa voix. Inutile d’ajouter que la jeune femme était bien trop intimidée pour oser lui parler. Elle faisait tout ce qu’il lui disait de faire, prenait des initiatives lorsqu’il le fallait, l’assistait pour chaque chose, l’observait beaucoup. Par contre, elle n’engageait jamais la conversation si celle-ci ne concernait pas le travail ou le stage. Elle ne se serait jamais permise de familiarités avec son supérieur. Elle n’osait déjà même pas le regarder dans les yeux…

Aujourd’hui, il n’y avait pas eu grand monde à l’infirmerie. Et pas de cas vraiment notable. Un rhume, quelques furoncles d’une potion ayant débordé…. Rien de particulier à Poudlard.
Les deux mains dans l’armoire des potions, la jeune Jane tentait de remettre de l’ordre et de répertorier ce qu’il leur manquait. Notant consciencieusement tout sur un carnet d’une écriture toujours soignée, Jane n’entendit pas qu’un nouvel arrivant avait fait son entrée. Elle remit une série de fioles bien en place avant de fermer l’armoire et de récupérer son carnet, sa plume et de se relever la tête lorsqu’on l’interpella. Elle eut un petit sursaut, mettant sa main sur son cœur par réflexe, laissant tomber sa plume par la même occasion. Elle se mit à rougir un peu et récupéra sa plume aussi vite qu’elle le pu avant de poser les yeux sur le jeune homme qui s’était adressée à elle.

« Bonjour ! Excuse-moi, j’ai été surprise, j’étais très concentrée sur ma tâche. »

Elle lui offrit un sourire doux dont elle avait le secret avant de reprendre.

« L’infirmier Lennox a été appelé ailleurs aujourd’hui. Je suis son assistante. »

Malgré la très brève présentation lors du premier banquet de l’année, le jeune garçon ne semblait pas savoir qui elle était. Alors, en jeune femme bien éduquée, elle se présenta.

« Je m’appelle Jane. En quoi puis-je t’être utile ? »

Elle lui adressa un nouveau sourire bienveillant, attendant de savoir ce dont il avait besoin et ce qu’elle pouvait faire pour l’aider. Elle espérait qu’il ne partirait pas sous prétexte qu’elle n’était qu’assistante infirmière. C’était sa crainte, la perception des autres, des pensionnaires. Et si tout le monde la considérait comme une incapable sous prétexte qu’elle n’était pas encore diplômée ?

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Qui que soit la jeune femme présente dans l’infirmerie, elle ne semblait pas des plus douées. Elle semblait fort occupée par les potions qu’elle avait sous le nez, griffonnant je ne sais quoi sur un carnet. Ca, en soi, ça pouvait être une activité normale, mais c’était surtout sa réaction quand je lui fis connaître ma présence qui m’interpella. Elle perdit tous ses moyens, sursautant, ayant eu visiblement peur, et laissant tomber ses affaires au sol. Je penchais légèrement la tête face à cette situation burlesque, me demandant un peu si elle était vraiment la bienvenue dans l’infirmerie ou si elle était venue piquer quelque chose et que je l’avais surprise la main dans le sac. Ce serait une sacrée façon de commencer l’année, tiens. Cela étant, quand elle se retourna vers moi, je notais que, bien qu’elle soit plutôt jeune par rapport à la moyenne d’âge à laquelle le personnel de Poudlard m’avait habitué, elle était plutôt vieille pour une élève. Au mieux elle serait en septième année, au pire elle n’étudiait plus ici. Au milieu de mes questionnements, elle finit par prendre la parole pour se présenter – et justifier sa réaction peu professionnelle par une concentration abusive sur la tâche qu’elle accomplissait. Soit, si tu veux. Elle se présenta donc avec un sourire, comme si la scène précédente ne s’était pas déroulée. Elle était donc l’assistante de Lennnox, Jane. En y repensant, une nouvelle assistante avait bien été présentée au banquet de début d’année, mais ça m’était un peu sorti de la tête. J’avais tellement l’habitude de voir Lennox dans cette infirmerie, avec son physique assez atypique pour le poste qu’il occupait, que voir une autre personne m’avait semblé naturellement bizarre. Ce sera une nouvelle habitude à prendre, rien de plus. J’espère seulement qu’elle sera un peu moins maladroite dans ce qu’elle devra accomplir dans l’infirmerie que ce qu’elle venait de me montrer. Honnêtement, après cette scène j’aurais bien rebroussé chemin, mais de une je ne comptais pas passer pour un impoli, et de deux je n’étais là que pour un contrôle de routine, rien de bien grave en somme. Elle devrait réussir à faire ça sans accroche, si elle est bien l’assistante de Lennox, quand même. « Excusez-moi de ne pas vous avoir reconnu, les habitudes ont la vie dure. » m’excusais-je d’abord rapidement. Toujours se montrer poli, c’est la meilleure façon de ne pas s’attirer de soucis. « Comme je le disais, je viens pour un contrôle de routine, je ne vais pas vous embêter longtemps. » Je me rapprochais un peu de l’assistante posant ma main gauche sur mon bras droit. « Lors de l’incendie de l’an dernier, j’ai été blessé au bras. Tous les soins nécessaires m’ont été prodigués en temps et en heure, mais l’on m’a quand même conseillé de venir faire une vérification en début d’année, juste pour être sûr qu’il n’y ait aucune séquelle. » Moi-même, j’avais déjà bien vu la blessure se résorber, n’en étant plus réduite qu’à la cicatrice d’un petit bobo sans gravité. Je n’étais pas sûr de la nécessité de ce contrôle, mais bon je suppose qu’un œil expert en la matière sera sûrement plus à même de me le dire. Et puis, s’il suffit de ça pour être tranquille pour la suite de l’année, je pouvais bien me plier à ce passage rapide à l’infirmerie.

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La surprise d’un nouveau venu qu’elle n’avait pas entendu arrivé fait sursauter vivement la blonde, faisant même tomber sa plume au sol. Il y a un espoir qu’elle ne soit pas cassée, mais en même temps, il y a bien plus urgent que cette plume qu’elle pourra réparer d’un coup de baguette. Elle récupéra la plume en vitesse, ne vérifiant même pas sa pointe. Elle posa son regard sur le jeune homme lui faisant face, s’expliquant sur l’absence de son mentor, l’infirmier Lennox, et se présentant sans tarder. Les bonnes manières, toujours.

D’abord, il s’excusa de ne pas l’avoir reconnue. Il était parfaitement évident pour Jane qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur ! La rentrée des classes amenait chaque année son lot de nouveautés, elle ne pouvait pas lui en vouloir de n’avoir pas tout retenu du banquet de début d’année ! Surtout que c’était la grande soirée des retrouvailles avec les amis qu’ils n’avaient pas vus depuis deux mois, c’était donc largement compréhensible qu’il oublie son prénom pour se concentrer sur ses proches retrouvés.

Jane le regarde, l’écoutant de manière attentive. Un contrôle de routine, rien de plus. Elle est en mesure de le gérer, normalement. Ca fait partie de son apprentissage, de ce qu’elle doit maitriser.

« Tu ne m’embêtes pas du tout. » lui assura-t-elle.

Il s’approcha un peu et lui expliqua alors la nature de sa blessure et ce qu’il attendais d’elle. Une brûlure, comme tant d’autres avant lui en ce début d’année qui étaient venus faire contrôler l’état de leur guérison. Elle avait fait ça avec l’infirmier Lennox, ça n’avait rien de compliqué. Jane hocha la tête, lui offrant le même sourire naturel habituel.

« D’accord, je vois très bien. Tu peux venir t’installer, je vais t’examiner. »

Elle lui indiqua un lit à sa droite. Sa plume et son carnet toujours en main, l’infirmière déposa le tout sur l’une des tables de nuit. Elle ferma manuellement les deux paravents entourant le lit de son patient, question d’intimité. Personne n’avait à savoir ce qu’il se passait là derrière, ni la raison de sa venue. De plus, pour les patients qui revenaient avec des séquelles de l’incendie particulièrement violent qui avait ravagé l’entièreté du château, il y avait une certaine procédure à suivre. Il ne s’agissait pas juste d’examiné la plaie et puis de les laisser filer. L’événement tragique qui avait touché le château avait traumatisé la plupart des enfants de l’école et il fallait donc se montrer particulièrement attentif sur la manière dont il parvenait à surmonter cette épreuve.

Jane enfila une paire de gants blancs en caoutchouc et elle s’installa sur le tabouret qui se trouvait à côté du lit.

« Sens toi libre de te mettre à l’aise. »

La manche du jeune homme relevée, Jane pu observer la brûlure cicatrisée. Avec une grande douceur, elle appuya ci et là, histoire de jauger la bonne cicatrisation. Ca avait le mérite d’être bien propre et net, pas comme d’autres brûlures qui laissaient encore entrevoir certaines croutes.

« Comment te sens-tu par rapport à tout ça ? » fit-elle les yeux toujours rivés sur la cicatrice.

Elle était venue reconstruire le château, où elle avait même retrouvé Wes lors d’un feu de camp. Elle avait d’ailleurs pu discuter avec lui de ce qu’il s’était produit et de la retombée sur les enfants du pensionnat. Ca avait beaucoup serré le cœur de Jane, la confortant dans l’idée qu’elle avait choisi le bon lieu de stage.

La jeune femme releva les yeux sur le jeune garçon qui se trouvait face à elle.

« Comment te sens-tu tout court d’ailleurs, depuis cette rentrée ? Ca n’a pas du être facile. »

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Le quiproquo étant passé, nous pouvions nous occuper de ce pourquoi j’étais venu. Bien sûr, je ne l’embêtais pas vraiment, c’était pour s’occuper de ce genre de choses qu’elle était là, mais rien n’empêchait d’être poli, surtout qu’elle semblait affairée avant mon arrivée. Après l’explication de mon problème, sans grande surprise de sa part, elle avait sûrement été mise au courant de ce genre de contrôle post-incendie, elle m’invita à m’installer sur un des lits de l’infirmerie. Sans demander mon reste, je m’exécutais, quelque peu pressé que ça se finisse vite malgré tout. Se rappeler ces souvenirs était suffisamment difficile comme ça, et je préférais largement passer le reste de la journée avec mes amis qu’ici. Rien contre l’infirmière, mais il faut bien avouer qu’elle ne travaillait pas dans la salle la plus joyeuse du château. Je m’asseyais donc sur le lit indiqué tandis qu’elle refermait les paravents. Un peu too much si vous voulez mon avis, mais bon, je n’allais pas lui en faire part. Si elle le faisait, elle devait sûrement avoir une raison, et c’est pas comme si c’était dérangeant non plus. On sera juste un peu plus dans l’intimité, et c’est ce qui provoquera ce qui va suivre. Miss Gray se prépara, et je remontais la manche de ma chemise pour lui donner accès à ce qu’il restait de ma blessure de l’an dernier. Elle commença son investigation tout en posant une question à laquelle je m’attendais moi. Comment je me sens par rapport à ça ? Je ne savais pas que l’infirmerie faisait également office de cellule psychologique, je pensais seulement venir, me faire tâter le bras pour confirmer qu’il n’y aurait bientôt plus rien, et repartir. Le temps que je réfléchisse à tout ça, elle appuya sa question en demandant comment je me sentais depuis le début de l’année, me fixant du regard. Encore interloqué un instant, je finis par reprendre contenance pour fournir une réponse. « Bah ça va, ça a été compliqué de convaincre mes parents que je pouvais continuer ma scolarité ici, que c’est pas comme si toutes les fins d’années allaient finir… Bah comme la dernière fois. » Cette partie était vraie, surtout du côté de mon père qui s’était inquiété plus que de raison. Il m’avait fait la même chose pour ma première année qui suivait l’année où le château avait été pris d’assaut par les mangemorts. Cela étant, ce n’était pas tout ce que j’avais à dire sur le sujet. Pendant un instant, les émotions de l’année dernière remontaient. La peur face aux flammes, la peur quand je commençais à être blessé, la peur de ne même pas savoir où étaient tous mes amis et ce qui pourrait leur arriver dans cet enfer. Très honnêtement, durant l’été j’avais également eu du mal à me dire que tout irait bien. Après tous ces problèmes depuis mon arrivée, qu’ils viennent de la folie d’un directeur ou d’un mal bien plus grave, dur de se dire qu’on peut avoir une année scolaire normale. En repensant à tout ça, je sentais les émotions monter, mais je ne voulais pas le montrer, comme d’habitude. Pour faire distraction, je repris donc la parole. « Après tout, il peut pas y avoir des problèmes chaque année, on va bien réussir à avoir une année normale. » Etait-ce vraiment mon argument, ou essayais-je de me persuader moi-même pour ne pas me laisser submerger ? Quoiqu’il en soit, l’effet ne fut pas celui escompté, et je continuais en m’en rendant à peine compte. « Nan parce que entre les idées loufoques de Londubat et les catastrophes à répétition de l’an dernier… Vous imaginez, je venais à peine d’arriver en première année quand on me sort des illusions un peu trop réalistes à Halloween, un changement de corps à Noël… Et l’an dernier je ne pense pas avoir besoin de tout rappeler… » Il faut dire que j’avais toujours vécu dans un confort certain, me retrouver dans toutes ces histoires avait été un choc que je n’avais jamais avoué. Je luttais même pour qu’une larme ne finisse pas par couler. « Enfin bref, on fait en sorte que ça aille bien quand même, j’essaie de me raccrocher à l’espoir d’une année normale. » J’en avais déballé bien plus que prévu. Même à Rosalie, je ne pense pas lui avoir jamais autant dit ce que j’avais ressenti ces deux premières années. Allez savoir pourquoi je m’étais lâché comme ça, l’intimité des paravents fermés, peut-être. De ma main libre, je me grattais innocemment l’œil pour éviter des écoulements involontaires. Je m’étais peut-être laissé aller, mais je ne comptais pas non plus craquer complètement.

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Une brûlure. Ca n’avait plus vraiment de secret pour elle à ce niveau-là. C’était un simple contrôle, histoire de vérifier que les soins avaient été fait correctement et que la cicatrisation était belle. Il n’était pas le premier à venir pour ça, suite aux événements récents qu’avait connu le château, et il serait loin d’être le dernier. Mais pour l’instant, l’important, c’est ce jeune homme, pas ceux qui viendront après lui. Alors, sans attendre, Jane lui indique un lit où il peut s’installer. L’infirmière suit la même procédure que les dernières fois, elle le fait s’installer, ferme les paravents pour leur donner une certaine intimité et ensuite, elle enfile ses gants. Aussi, elle lui indique de se mettre à l’aise, toujours sur un ton doux et avec un sourire sur les lèvres.

Concentrée sur la bras qu’elle avait devant elle, Jane palpa avec douceur, observa de très près, vérifia, appuya. Ca avait l’air plutôt propre, plutôt bien cicatrisé. Rien d’inquiétant, rien de perturbant. C’était en bonne voie. Et avec son inspection, la jeune assistante demanda comment il se sentait vis-à-vis de tout ça. Et bien vite, elle ajouta même comment il se sentais tout court, avec la rentrée, le fait de revenir sur le lieu du drame. Elle imaginait bien comment se sentait les parents, mais le plus important, c’était lui pour l’instant. Elle le regardait attentivement, ses questions semblaient l’avoir un peu surpris.

Lorsqu’il commença à lui répondre, Jane hocha la tête. Les parents, forcément, avaient des craintes, c’était normal. La jeune femme n’ajouta rien, lui laissant le temps de trouver ses mots. Car jusque là, il n’avait pas vraiment répondu à la question. Et les mots semblèrent venir, sans plus s’arrêter. Une année normale… Tous en rêvaient. Elle aussi, durant sa scolarité, en avait rêvé. Mais cela semblait toujours compliqué…
Les mots s’enchainent, encore et encore. Jane ne l’interrompt pas, elle se contente d’écouter attentivement, elle est patiente, compréhensive. Elle hoche la tête.

« Non, je sais ce qu’il s’est passé… » dit-elle d’une voix douce.

Il semblait qu’il y avait là derrière bien plus que le traumatisme des flammes et d’un château en ruines. Les souvenirs et émotions semblaient remontés à bien plus loin, dès le début de sa scolarité, en fait. Les mains toujours sur le bras du jeune garçon, Jane ne l’avait pas lâché, bien que l’examination de la blessure était terminé. Peut-être avait-il besoin de se sentir un peu soutenu, en tout cas, il ne semblait pas du tout indifférent aux événements passés, il semblait même en avoir gros sur la patate, comme le voulait l’expression.

« J’ai été élève ici il n’y a pas si longtemps, alors je comprends tout à fait tes espoirs pour cette année. Mais je pense sincèrement que Madame Appleton saura ramener l’ordre et la joie dans ce château. Ce ne sera pas simple, mais laissons-lui une chance. »

Le ton était un peu plus bas, comme si elle ne voulait pas risquer de brusquer quelque chose, ou de le brusquer lui. Doucement, elle retira ses doigts gantés et rabaissa la manche sur le bras du jeune Serpentard.

« La cicatrisation est très bien, encore quelques temps et ça devrait être tout à fait net. » dit-elle en lui jetant à nouveau un coup d’œil.

Jane retira sa paire de gants et les jeta dans la petite poubelle à côté de la table de nuit.

« Tu n’as pas de troubles du sommeil, des insomnies ou des terreurs nocturnes, des cauchemars ? »

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Ce n’était pas souvent que je laissais s’exprimer mes émotions. En tout cas pas ces émotions-là. M’amuser avec mes amis, m’énerver avec Maëlle, tout ça c’était classique, mais les émotions plus personnelles… Restaient de l’ordre du personnel, en temps normal. Personne n’avait besoin de voir cette partie de moi, et je n’avais pas intérêt à la montrer non plus. Bien que loin d’être illusoire, l’image que je donnais était celle que je voulais montrer et qui me définissait. Si je montrais mon côté sentimental, ça servirait juste à me rabaisser à la moindre occasion. Surtout après ne pas m’être fait que des amis au château. Et pourtant, aujourd’hui, sur ce lit d’infirmerie, entre ces paravents, mes nerfs si bien entraînés à tout retenir commençaient à lâcher. Ce n’était qu’une fissure dans le barrage, fort heureusement, mais je n’en avais qu’à moitié conscience, et donc je ne pensais pas à la reboucher. Il n’y avait plus qu’à espérer que la visite de routine qui s’approchait de l’interrogatoire ne dure pas suffisamment longtemps pour qu’il cède complètement. Enfin, un interrogatoire… Elle m’a posé qu’une question, c’est moi qui laisse s’écouler plus de réponses que je ne devrais. En silence, elle s’occupait de mon bras, me laissant vider mon sac à loisir. Quand j’eus enfin fini, elle répondit d’une voix douce. Au moins, je pouvais lui accorder qu’elle savait parler à des patients qui étaient rarement ici parce qu’ils allaient bien. Non pas que Lennox ne soit pas bon pour ça, mais je ne sais pas, elle a plus facilement le physique pour aussi. D’ailleurs, elle confirma ce sur quoi je m’attardais justement : elle semblait assez jeune. Elle disait avoir été élève jusqu’à il y a peu et qu’elle comprenait l’espoir d’une année normale. Alors quoi, ça fait si longtemps que ça que Poudlard traversait année pourrie sur année pourrie ? Ce n’était pas des plus rassurants, mais elle semblait confiante sur la capacité d’Appleton à redresser tout ça. « J’espère que vous avez raison… » Ce n’était pas que je ne voulais pas y croire, mais si les années passaient et se ressemblaient dans le catastrophique depuis si longtemps, ça allait prendre du temps pour redonner une ambiance correcte au château. On vivait nos vies de collégiens normalement, mais à tout moment, à chaque évènement, il pouvait y avoir des problèmes. D’ici qu’il n’y ait plus ce risque d’avoir un bal catastrophique… Finalement, nous en revenions à ce qui m’avait amené ici, et me confirma que la cicatrisation se passait très bien et que, comme on me l’avait déjà dit cet été, il finirait par ne plus rien y avoir. Alors qu’elle jetait les gants qu’elle avait utilisé, une autre question fut posée. Moi qui espérais un peu partir rapidement, ça n’allait pas si bien se passer. Je n’allais quand même pas partir en voleur, je fus donc bien obligé de répondre à ses questions. Et dans l’état mental dans lequel m’avait déjà laissé la première, je donnais plus d’informations que je ne l’aurais souhaité. « Parfois, oui. Ca n’arrive pas tous les soirs, mais il m’arrive d’avoir des cauchemars qui sont, bien sûr, liés à ce qu’il s’est passé. Des cauchemars d’incendie, des souvenirs sûrement de ce que j’ai vu ce soir-là, avec souvent des éléments en plus, puisque c’est un rêve. Genre des cauchemars où… » Ma voix s’étrangla un peu dans ma gorge tandis que les souvenirs plus vifs que je ne l’aurais souhaité d’un de ces cauchemars que j’avais fait il y a quelques jours me revinrent. Ce n’était pas aussi net qu’en les rêvant, mais je savais très bien ce qu’il s’y passait. « Où des amis à moi se retrouvent piégés par les flammes, et tout ce que je peux faire c’est les regarder. » Une larme échappa à mon contrôle et vint rouler sur ma joue droite, tandis que mon regard fixait le vide. « Heureusement, ça suffit à me réveiller et je ne les vois pas… Voilà quoi. Mais ce n’est pas bien compliqué d’imaginer ce qui s’ensuit. » Rosalie, Daria, Alexander… Combien de fois les ai-je vus dans cette position pendant mes nuits d’été ? Alors que j’y repensais, je remarquais enfin la larme et m’empressais de l’essuyer du dos de ma main, me reprenant un peu. « Enfin, c’est rien, ça passera bien, c’est juste encore trop récent. » J’en avais trop dit et j’essayais enfin de réparer le barrage qui avait cédé. Ca s’annonçait plus compliqué que prévu, mais je m’efforçais de reprendre contenance, maladroitement certes, mais il fallait que je me reprenne.

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L’espoir, probablement la plus grande qualité de Jane. Elle gardait toujours espoir. Elle gardait toujours à l’esprit la lumière aussi infime soit-elle. Ce n’était d’ailleurs pas pour rien que c’était son deuxième prénom en français ! Ils avaient été si clairvoyant à sa naissance… Ou peut-être, justement, cela avait-il influencé son caractère à elle au fil des années. Alors, même si les années à Poudlard n’avaient pas toutes été simples et belles, Jane gardait espoir en des jours meilleurs à venir. Elle avait envie de croire que le meilleur les attendait tous et qu’il faudrait pouvoir saisir cette chance. La nouvelle directrice, Madame Appleton, était cette chance. Jane ne la connaissait pas énormément, elle ne l’avait pas beaucoup vue, non plus. Mais elle avait apprécié l’entretien qu’elle avait passé avec elle. Elle avait bon espoir aussi que d’avoir une femme à la tête de l’école permettrait un certain apaisement, une certaine douceur. Ce n’était là que des suppositions, en réalité, elle n’en savait rien. Mais il fallait avoir l’espoir et le transmettre.

La blessure était inspectée, elle lui remit doucement sa manche en place. L’infirmière lui confirma que la cicatrisation était bonne et que dans quelque temps, elle serait nette, propre. Jane ne pouvait pas la lui faire disparaitre totalement, mais elle serait atténuée, et elle s’atténuerait encore avec le temps. Jane profita que l’examen fut terminé pour enlever les gants en caoutchouc et puis le questionna sur son sommeil. Il n’y avait pas de psychologue dans l’école, il n’y avait donc que l’équipe éducative pour prendre soin de la santé mentale des enfants. Et tant qu’à faire dans la santé, autant traité le physique et le mental en même temps. L’infirmerie était la plus à même de pouvoir aider à un bon sommeil, en dehors du professeur de potions.

La réponse ne se fit pas attendre. Elle s’était attendue à ce qu’il ne lui réponde que par un oui ou un non. Ou à une réponse un peu vague, comme beaucoup de pensionnaires. Mais finalement, il n’en fut rien. Il semblait avoir besoin de se décharger de ses émotions et Jane était toute prête à les partager avec lui pour le soulager. Ainsi, comme elle l’avait fait précédemment, elle l’avait laissé s’exprimer. Une larme lui avait échappée, et Jane envisageait déjà la possibilité de lui tendre un mouchoir, mais il l’effaça bien vite. Jane lui offrit un regard compatissant.

« Il existe certaines potions ou certaines essences de plantes qui pourraient te permettre de dormir un peu mieux. Si jamais les cauchemars se font trop nombreux ou que ça t’empêche d’avoir un sommeil réparateur, n’hésite pas à m’envoyer un hibou, ou à Monsieur Lennox. Nous sommes là pour cela aussi. »

Elle eut un mince sourire voulu rassurant. Ils ne se connaissaient pas encore, mais Jane voulait qu’il sache qu’il n’était pas seul.

« Puis-je t’offrir une boisson chaude ? Un thé ou un chocolat chaud, peut-être ? »

Les bonnes habitudes ont la vie dure. Sa grand-mère lui avait toujours appris à bien recevoir les personnes qui venaient à elle. Et à les réconforter si le besoin s’en faisait sentir. Ainsi, une boisson chaude devait être offerte lorsqu’une personne était dans un tourment d’émotions compliqué.

« Et si tu as besoin de parler, de ce que tu voudras, l’infirmerie est également faite pour ça. Qu’importe le moment. Il y aura toujours quelqu’un ici pour te prêter une oreille attentive et si possible, une solution. »

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	Ft. @Jane E. Gray
Comment voulez-vous croire à des jours meilleurs dans des conditions pareilles. Non pas que je sois du genre dépressif anonyme ou pessimiste chronique, mais on ne nous avait pas vraiment laissé entrevoir ce qu’était une scolarité normale, pour l’instant. L’infirmière semblait vouloir croire en la capacité de la nouvelle directrice à redresser tout ça, mais je préférais rester dans mon scepticisme, c’est le meilleur moyen de ne pas tomber de trop haut, que de se dire que de toute façon il y avait peu de chances que ça marche. Bien sûr, une part de moi l’espérait quand même, mon côté plus sentimental, stimulé par l’espoir de l’infirmière elle-même. Mais ma part de pragmatisme préférait ne pas se faire d’illusions, et c’était celle-là qui l’emporterait bien vite quand je sortirai d’ici. Pour le moment, sans même m’en rendre compte, je me laissais un peu aller à m’ouvrir, ouvrir ce qui était toujours fermé et loin des regards. Qui eut cru que ça arriverait avec une infirmière nouvellement arrivée. Il faut croire qu’elle a une certaine aura réconfortante, un air qui donne envie de se confier. Ou alors c’était simplement un ras le bol de ma part avec tout ce qu’il s’était passé, et voir une nouvelle tête était un déclencheur. L’inspection pour laquelle j’étais venu était maintenant terminée. Comme prévu avant l’été, rien de bien grave ne subsisterait de cette cicatrice. Avec le temps elle s’estomperait de plus en plus, et un jour il n’en restera rien. Elle remit ma manche en place avant de passer à un autre genre d’inspection : la psychologie. Quelque part, c’était rassurant de voir que des adultes au château se préoccupaient des lésions psychologiques que pouvaient laisser de tels évènements, et pas que des lésions physiques. Aussi, à nouveau, je me laissais aller à exprimer plus librement que je ne l’aurais jamais fait mes émotions à ce sujet. Un descriptif un peu trop précis d’un cauchemar un peu trop récurrent ces derniers temps. Un cauchemar dont la seule mention suffisait à faire tomber une larme. Je la rattrapais vite, mais ça n’avait bien sûr pas échappé à la vigilance de miss Gray qui, au moins, ne me fit pas un laïus sur le contenu de mes cauchemars, mais me proposait simplement des essences qui pourraient les faire fuir. « Je vous remercie, j’y songerai si ça recommence. » Ca recommencerait sûrement encore quelques temps, le hibou partira sûrement bien tôt, si ça peut m’aider à m’en débarrasser. Mais alors que je commençais enfin à me rendre compte de la fragilité dont j’avais fait preuve, les dernières paroles de l’infirmière finirent par me remettre les pieds sur terre. Si j’avais été légèrement affaissé jusque-là, et prêt à accepter une boisson chaude, je me redressais enfin, reprenant contenance. « Non merci, ça ira. » répondais-je au sujet de la boisson chaude, bien que ça fonctionnait également pour la seconde proposition. Cela étant, le ton un peu pressé et expéditif que j’avais utilisé pourrait très bien donner une indication sur le refus indirect que j’avais pour l’idée de continuer à montrer cette partie de moi, qui était bien mieux enfouie. « Je peux y aller, du coup ? » Il fallait que je m’extirpe de là avant de me laisser de nouveau avoir au jeu des confidences incontrôlées. Je ne voulais pas non plus l’envoyer bouler puisque c’était une adulte et… qu’elle n’était pas bien méchante, je tentais donc une approche plus polie, en espérant qu’elle n’insiste pas sur le fait que j’aie totalement ignoré sa proposition.

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Les essences, Jane s’y connaissait un peu. Il y en avait des diverses et des variées, permettant tout un panel de différentes choses. Qu’il s’agisse de sommeil, de boutons, de problèmes de peau, de problèmes de vitamines… Il pouvait même s’agir de répulsif aussi, comme pour les poux ! Cela constituait une médecine alternative qui, au moins, ne générait aucune dépendance quelconque. De la médecine douce à base de plantes, ça lui semble être une bonne alternative.
Il la remercie pour sa proposition, il y pensera. Combien diront ça sans jamais la contacter ? Mais elle ne peut pas le forcer, c’est à lui de voir, à lui de gérer. Ce sont ses cauchemars à lui, pas à elle.

Les habitudes reprenant le dessus, Jane ne peut s’empêcher de lui proposer une boisson chaude. Ce n’est pas un salon de thé, elle en a bien conscience. Mais c’est important pour elle de prendre soin du bien être des patients et parfois, un chocolat chaud et un cookie, ça remet de bonne humeur et d’aplomb pour le reste de l’après-midi ! D’ailleurs, elle ne lui a pas proposé un biscuit ! Quelle manque de manière ! Elle veut rattraper le coup lorsqu’il lui répond que non, il ne veut rien. Et il la remercie, encore. Elle lui avait également indiqué que l’infirmerie était aussi un lieu pour venir déposer ce qu’on a sur le cœur, mais, alors qu’il semblait plutôt vouloir s’ouvrir jusqu’ici, il se referme comme une huitre, prêt à partir. Ca prend un peu Jane au dépourvu mais que peut-elle faire ? Elle ne va quand même pas le forcer à rester en l’attachant à un lit !

« Oui, tu peux y aller. » Répond-elle simplement, toujours avec douceur.

Il n’y a rien d’autre à dire pour le moment, et de toute façon, si elle a besoin de s’assurer qu’il va bien, elle pourra toujours le convoquer plus tard. Jane le raccompagne jusqu’à la porte de sortie, lui souhaite une bonne journée et le regarde partir un instant avant de retourner au bureau pour indiquer ce qu’il s’est passé, afin qu’elle puisse relayer l’information le plus fidèlement possible lorsque son maitre de stage sera de retour.

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