Poudlard est bien loin. Ce voyage est, malgré les responsabilités, très plaisant. Ici pas question d’utiliser la magie. On revient aux bases de la vie : « L’humain ». J’ose espérer que les élèves en auront tiré des leçons. C’est très important de savoir prendre de la hauteur par rapport à notre quotidien. Savoir faire le vide, se ressourcer pour ensuite commencer au mieux une nouvelle année scolaire.

Depuis les deux semaines que nous sommes là j’ai bien réussie à profiter de la plage et du village d’Amroth que je trouve très charmant. Je ne me sens pas obligée d’être toujours sur le dos des élèves, après tout c’est les vacances donc je veux leur laisser le champ libre. Je profite à ma manière, entourée de mes collègues. Cela m’a donné l’occasion de côtoyer d’un peu plus près l’infirmière de notre château. Étrange, car quand on y réfléchit l’infirmerie est au 3ème étage exactement comme ma salle de classe et mon bureau. Mais c’est là qu’on se rend compte que lorsqu’on est pris dans le quotidien on passe à côté des choses les plus grandes. Je trouve donc que c’est une opportunité géniale que de vivre avec ma voisine Jane pendant quelques semaines.

Nous sommes au Pays de Galle et malgré tout, le soleil tape plutôt fort. Alors évidemment ce n’est pas la côte d’Azur, mais j’ai quand même réussie à prendre un coup de soleil sur les épaules pendant l’après-midi à la plage. Je voulais passer à la pharmacie du village pour acheter de la crème, comme tout moldu l'aurait fait, mais il avait fallu raccompagner les vacanciers au camp... Je n'avais pas eu le temps de faire le détour, mais je savais que je pouvais compter sur notre infirmière pour trouver un remède ! Je me suis tout de même souvenue de la dernière fois que j’étais entrée dans une pharmacie. C’était pour acheter des médicaments à ma mère ! Autant dire que ça remonte !

Après une douche rafraichissante, nous nous sommes préparées pour le diner. Le repas avait été agréable et plutôt copieux. Une fois tout le monde rassasié les animateurs avaient organisé quelques activités. Ils avaient raconté une légende Galloise puis ils avaient lancé une chasse aux loups-garous à travers tout le camp de vacances. D’autres adultes postés un peu partout se chargeaient de faire crier le plus d’élèves possibles dans des jeux d’ombres et de bruitages inquiétants. Les plus jeunes avaient l’air de s’éclater ! Vers 22h00 il était temps de calmer les esprits de certains pour qu’ils n’aient pas trop de difficultés à s’endormir. Une fois les marmots à peu près calmés et dans leurs dortoirs respectifs, je pouvais enfin regagner ma chambre. Mine de rien c’est lessivant les vacances ! Le soleil, les activités, les responsabilités, le timing à tenir, l’encadrement… Ce n’est pas une mince à faire !

J'en savoure d’autant plus le calme de ma chambre ! Je fais un brin de toilette pendant qu’une légère brise d’été pénètre dans la pièce et vient nous rafraichir.
Je me démaquille tranquillement quand je croise le regard de Jane dans le miroir qui se lance dans une tâche similaire.

"Alors ? C’était sympa cette petite soirée ! T’as pas eu peur des loups-garous ?" Dis-je d’un air amusé.

C’est vrai que durant la soirée je n’avais pas beaucoup croisée la jeune infirmière. Elle avait peut-être suivie un autre groupe, ou alors elle était allée boire un rafraichissement au minibar…

"Par hasard tu n'aurais pas de la crème pour les coups de soleils ou un truc comme ça ? J'en ai attrapé un sur la plage cette après-midi..."

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Encore une soirée bien remplie. Là c’est l’instant repos de l’esprit. Un débriefing de la journée pour se préparer à la suivante. Un brin de toilette mêlé à la brise, en compagnie d’une super collègue, lave de toutes les pressions et autres contrariétés.

Je brise le silence de notre salle de bain en demandant à ma comparse si la soirée lui a plu et si elle n’a pas peur des loups-garous. Évidemment non ! Étant infirmière elle doit se préparer à une multitude de situations dont celle de s’occuper d’un élève infecté. J’ai d’ailleurs un grand respect pour toutes ces professions compliquées qui nécessitent d’avoir une vraie vocation. Le loup-garou ne l’effraie pas, en revanche la forêt de nuit ça ne semble pas être la même paire de manche…

"Ah oui c’est vrai qu’il y a un loup-garou dans le château ! Aidan m’en a parlé… C’est qui déjà ? J’ai oublié…
Oh oui j’aime bien ce genre de trucs. C’est léger, les élèves ont l’air de profiter donc oui c’était une bonne soirée."

Mais ensuite le coup de soleil sur mes épaules refait surface. Je sens que ma peau chauffe toujours. Je demande à Jane si elle n’a pas un remède dans ses bagages. Elle semble toujours avoir son attirail avec elle car elle me sort une pommade en deux temps trois mouvements.

"Ah super merci ! Je te revaudrai ça !"

L’infirmière me rappelle à juste titre les règles élémentaires de protection quand on s’expose au soleil. J’aurais bien répondu que je le savais déjà, mais vu l’état de mes épaules le résultat semble prouver le contraire…

"Oui t’as raison… Je crois que j’ai sous-estimé le soleil Gallois… "

Je commence à étaler la crème sur mes épaules. La pommade froide contraste avec la brulure et m’arrache un frisson. Délicatement, je suis concentrée à faire des cercles pour tenter de la faire absorber au mieux. L’infirmière change de sujet et me demande où j’ai passé la soirée d’hier.
En compagnie de monsieur Bradford ?? Cette pensée me fait ouvrir des yeux ronds de surprises et m’extirpe de ma concentration. Qu’est-ce que ma jeune collègue sous-entend là ?

"Wayde ? Oh non pourquoi j’aurais été avec lui ? Il n’était pas non plus au bowling ? Nan je suis allée faire un tour au centre-ville... Le soir ça n’a rien à voir !"

Je recommence à étaler la pommade sur mon autre épaule. C’est vrai que je m’entends bien avec lui… Mais attention ça reste totalement professionnel ! Pas de méprise ! J’apprends un peu plus tard que le professeur Thorstein a dressé des punitions à l’appelle. M’étonne pas !

"Ah ouai ? Elle ne lâche jamais la bride ? C’est fou ! C’est les vacances, tout le monde doit bien profiter un peu ! Enfin si ce n’est pas trop grave évidemment..."

Discussion bien engagée, je me rince les mains et referme le pot de crème. Je le repose à côté des affaires de ma colocataire et, pour ne pas couper sa réponse, je lui adresse un léger clin d’œil en guise de seconds remerciements.

En tout cas je sais que ce voyage aura changé pas mal de choses. Que ce soit les relations avec les élèves comme celle avec les autres membres de l’équipe pédagogique. J’aurais créé pas mal de liens, je ne regrette pas d’être venue !

Codage par Libella sur Graphiorum