Joey, armé d’une sucette géante, pagayait avec ardeur pour remonter les flots de chocolat chaud qui charriaient vers lui d’énormes morceaux de guimauve. Il accosta bientôt au pied d’une colline de Barbapapa, devant laquelle s’étalait un éboulis de berlingots de toutes les couleurs et de toutes les tailles, qui venaient s’échouer sur les rondeurs de sept colossales fraises Tagada. Alors qu’il s’en approchait, les Tagada ouvrirent de grands yeux et d’immenses bouches et se mirent à rugir l’hymne de Poudlard :
« Hogwarts, Hogwarts, Hoggy Warty Hogwarts,
Teach us something please,
Whether we be old and bald,
Or young with scabby knees,
Our heads could do with filling,
With some interesting stuff,
For now they're bare and full of air,
Dead flies and bits of fluff,
So teach us things worth knowing,
Bring back what we've forgot,
Just do your best, we'll do the rest,
And learn until our brains all rot. »
Joey tenta d’échapper à la tonitruante chanson, mais il fut happé par la multitude de berlingots et tomba dans un abysse coloré pour se réveiller dans son lit, empêtré dans ses draps.
« Hogwarts, Hogwarts, Hoggy Warty Hogwarts »Il regarda avec effarement son réveil qui continuait de chanter.
« Teach us something please »Il l’éteignit d’une tape de la main, et enfouit son visage dans son oreiller. On avait pas idée de mettre son réveil pendant les vacances. Et c’était quoi ce rêve absurde ?
La voix de sa mère dans le couloir lui rappela la raison de cette infamie.
- Joey chaton, tu es réveillé ? Dépêche-toi si tu ne veux pas être en retard chez ton amie !Il bondit aussitôt de son lit, manquant de se casser la figure. Aurore ! C’était aujourd’hui qu’il était invité chez Aurore !
Soudain surexcité, Joey courut à la cuisine, un immense sourire sur le visage, et entama son petit déjeuner avec enthousiasme, tandis que sa mère déposait sur la table les confiseries qu’il allait emporter. Il repensa à Aurore en chantonnant machinalement l’hymne de l’école.
Sa camarade Serdaigle l’avait invité pendant le voyage scolaire à venir passer une journée chez elle, pour regarder des Disney et manger des friandises, comme tout moldu qui se respecte. Et Joey en était absolument ravi. Peu de sorciers partageaient leur affection pour la culture moldue, et il se faisait une joie d’avoir trouvé quelqu’un d’autre que Maddie avec qui chanter à tue-tête les chansons de ses dessins-animés préférés, et qui ne le regardait pas avec des yeux ronds lorsqu’il mentionnait son héros de comics favori, Iron Man. Oui, Joey était vraiment content de ses nouveaux amis, et il avait hâte de retourner à Poudlard.
Son petit-déjeuner avalé, Joey alla s’habiller. Il enfila pour l’occasion un T-shirt bleu foncé orné d’un motif représentant Mushu, le petit dragon rouge de Mulan, un de ses personnages préférés. Il agrémenta le tout d’un short et d’une casquette noire, et sauta dans ses basket. Il s’empara de son sac à dos et fonça rejoindre sa mère dans la cuisine, manquant de lui rentrer dedans.
- Olaaaa, doucement ! On se calme Speedy Gonzalez ! s’exclama Amancia en rigolant.
Les cookies ne vont pas s’envoler !
Elle bourra alors son sac avec une grosse boite de cookies fait maison cuisinés la veille, et tout un tas de bonbons différents, moldus et sorciers. Puis elle tendit à son fils un pass pour le métro, un ticket de train, ainsi qu’une carte, sur laquelle était tracée un trajet.
- Tiens regarde, ce n’est pas loin, expliqua-t-elle en pointant la gare du doigt,
tu as 5 stations de métro à faire avant de prendre le train pour Canterbury. On a pris cette ligne l’autre jour pour aller acheter tes baskets tu te souviens ?
- Oui. Je devrais m’en sortir, répondit Joey avec un sourire, en se dirigeant vers la porte d’entrée.
- Si tu ne te laisse pas distraire par le magasin de comics à la sortie du métro ! Fit Amancia en pouffant.
- Ça c’est un coup bas ! Protesta Joey, faussement offensé avant de quitter l’appartement.
Le rire joyeux de sa mère l’accompagna dans l’escalier, et il se retrouva dans la rue. Marchant d’un pas vif, il arriva rapidement au métro et s’y engouffra. Il se souvenait bien de leur dernier trajet, aussi n’eut-il aucun mal à retrouver la bonne ligne, et monta rapidement dans une rame, qui filait à vive allure. Un peu nerveux de se retrouver seul dans cet espace clos, Joey s’occupa l’esprit en comptant les passagers. Une station. Deux stations… Cinq stations !
Il sauta en hâte du train et se rua dehors, montant les escaliers quatre à quatre, quittant le souterrain avec soulagement. Il reprenait son souffle près d’un lampadaire quand son regard fut attirer par le magasin d’en face. Un magasin de comics.
Joey souffla bruyamment. La tentation était grande, très grande. Qu’il serait doux d’aller vider son porte-monnaie pour agrandir sa collection de comics Iron Man. Mais non. Vraiment il ne pouvait pas se permettre de rater son train. Il entendait déjà les remontrances de Maddie et le rire moqueur de sa mère. Au prix d’un gros effort de volonté, il se détourna de l’alléchant magasin et remonta la rue.
Quelques croisements plus loin, se trouvait la gare. Il était pile à l’heure pour son train. Le voyage se passa sans encombre, et Joey profitait du paysage. Un peu plus d’une heure plus tard, il se trouvait devant la demeure d’Aurore. Une charmante petite maison de campagne, loin du brouhaha de Londres. L’air y sentait bon les plantes et la bonne humeur.
Joey s’avança jusqu’à la porte et sonna. Aurore lui ouvrit aussitôt.
- Salut Joey, je t'en prie entre !- Salut Aurore ! Comment vas-tu ? Dit-il tout sourire.
Le jeune Serdaigle ne se fit pas prier et pénétra dans la maison. Il jeta un œil curieux à la décoration, puis se tourna vers Aurore en enlevant sa caquette.
- J’espère que tu aimes les cookies !