Se faufiler dans la nuit pour voir danser les étoiles

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Cassi n'avait que quelques jours à passer à Londres, chez son père, et ensuite, elle pourrait profiter d'un voyage scolaire bien mérité dans une destination dépaysante et, elle l'espérait, reposante. Son été avait commencé sur les chapeaux de roue. Elle avait tout d'abord passé quelques jours chez sa mère moldue, qui s'étaient révélés bien moins amusants que d'habitude. En effet, cette dernière avait passé son temps à roucouler avec son petit-ami, pendant que Cassi et son nouveau demi-frère, qui avaient un historique assez agressif depuis l'école élémentaire, se regardaient en chien de faïence sans savoir comment briser le malaise ambiant. Heureusement, elle avait rapidement pu compter sur la visite de son amie Opal pour lui tenir compagnie.

Après le voyage scolaire, elle avait prévu de quelques temps en Ecosse, chez Kathleen, afin de lui donner les cours d'auto-défense promis le jour où elle lui avait ramené sa baguette, regagnée lors d'un duel acharné contre Blaze Mansfield. Ce séjour s'annonçait vraiment sympathique, d'autant que les paysages d'Écosse n'avaient rien à envier à ceux du Pays de Galles, mais aussi assez intense, car elle voulait enseigner à la petite fille autant de choses qu'elle le pouvait dans les quelques jours qu'elles auraient. Plus encore que de la préparer du mieux possible, l'objectif était de la rassurer, de lui permettre de se sentir en contrôle de sa vie.

En ce moment, pourtant, c'était Cassiopeia elle-même qui n'avait plus contrôle sur grand-chose. Son père avait dû partir en voyage d'affaires le lendemain de son arrivée, son frère Orion était à l'étranger, et elle était coincée avec sa demi-soeur, Aurora, dont elle n'avait jamais été proche, et sa belle-mère, Cressida, une marâtre dont la seule passion était de faire de sa vie un enfer - ça, et les chaussures, qui obsédaient littéralement cette femme. Elle passait son temps à lui faire des remarques désobligeantes - sur l'heure de son lever, le menu de son petit-déjeuner, ses vêtements... Quand son père n'était pas là, elle se déchaînait.

C'était pour ça que, ces derniers jours, Cassi réclamait chaque matin un sandwich aux elfes de maison, avant de s'échapper en ville. Plus tôt dans la journée, grâce à un maquillage sophistiqué, un chignon élégant et une paire de lunettes sans correction, qui la vieillissaient de quelques années, elle était entrée sans peine dans la bibliothèque de l'Université sorcière de Londres, où elle avait lu jusqu'à la fermeture. Ce soir, sa destination était toute autre.

Et cette destination requérait un mode opératoire très different. Après le dîner, durant lequel elle avait supporté les piques de sa belle-mère avec un manque de sarcasme inhabituel, elle monta directement en prétextant être épuisée. Elle enfila ensuite des vêtements noirs longs et fins et teignit ses cheveux en noir à l'aide du sort qu'elle affectionnait tant. Ensuite, elle s'occupa de son alibi. Elle sortit du coffre à jouet une poupée à son effigie, reçue petite fille et qu'elle avait toujours trouvée un peu effrayante, l'installa dans son lit et lui lança un ridikulus. Comme toujours, la poupée adopta alors la forme d'une version d'elle grandeur nature, absolument difforme et vêtue d'un pyjama ridicule. Elle la couvrit en veillant à l'installer d'une manière naturelle. Bizarrement, sa belle-mère ne remarquait jamais la différence - ce qui était extrêmement révélateur de leur relation. Sous le coussin, elle plaça un enregistreur allumé qui jouait sa respiration, enregistrée chez sa mère en préparation de ce genre de plans.

Elle prit ensuite son balai pour aller de sa fenêtre à la ruelle qui courait derrière les hauts murs de la propriété de son père. Elle le cacha son balai, monta son vélo qu'elle gardait là - de peur que sa belle-mère ne fasse disparaître cet objet résolument mordu- et partit dans la nuit en pédalant à toute allure.

Elle s'arrêta devant le portail en fer forgé et leva les yeux vers les murs de briques et la coupole sombre, dont seule la base blanche était visible. En été, l'Observatoire Royal de Greenwich était ouvert jusqu'à 22h30 et il n'était que 21h moins douze. Elle avait largement le temps de parcourir les lieux à loisir, et ne devrait pas croiser trop de monde à cette heure.

On pouvait voir les expositions à toute heure de la journée, mais elle les connaissait presque par cœur, et la vue du ciel était bien plus belle de nuit. De plus, elle avait besoin de profiter de la discrétion conférée par la faible fréquentation, car son objectif ce soir était double. Cassi espérait découvrir si, à l'instar de l'Imperial College Central Library, l'Observatoire disposait d'une section sorcière. Si un tel endroit existait, elle était certaine d'y faire des découvertes intéressantes. Cependant, la jeune fille n'avait jamais pensé à demander à son professeur d'astronomie, et ne pouvait tout de même pas se présenter à l'accueil et poser la question à la guichetière moldue... Il ne lui restait donc plus qu'à mener l'enquête.

Elle paya donc son entrée, puis s'engagea dans le couloir principal. Elle réfléchissait à son plan d'action, plus concentrée sur la carte du bâtiment qu'elle tenait entre ses mains que sur les affiches qui jalonnaient le couloir. Elle avait appris que les photos ne rendaient jamais justice aux étoiles.

Prise dans sa réflexion, elle bouscula un passant par inadvertance, faisant tomber son plan. Elle le ramassa tout en s'excusant :
- Excusez-moi, monsieur, je ne vous avais pas vu.
Ce ne fut qu'en se redressant lorsque ses yeux croisèrent ceux de son interlocuteur, qu'elle le reconnut. En même temps, il n'avait pas un visage qu'on oubliait facilement.

- Professeur O'Neill ?! s'étonna-t-elle. Je ne vous avais pas reconnu ! C'est fou de vous voir ici!
Pas si fou, en y réfléchissant bien. Après tout, Londres était la plus grande ville du pays, et il n'y avait pas d'endroit où il aurait été moins surprenant de trouver un professeur d'astronomie passionné que dans un observatoire. La coïncidence était tout de même forte.
- Vous allez bien ? Vos vacances se passent bien ?
Lui demanda-t-elle avec son sourire jovial si caractéristique.

C'est alors qu'elle prit conscience de son allure. Avec son leggings noir, son t-shirt noir et ses cheveux assortis, sans la moindre touche de couleur, elle avait une vraie dégaine de cambrioleuse. Et pourtant, elle n'était pas en train de repérer l'observatoire pour un cambriolage, promis juré. Elle espérait qu'il ne se rendrait compte de rien, car elle ne voulait vraiment, vraiment pas avoir à expliquer à son professeur qu'elle avait fait le mur.

Il aurait été sage de s'esquiver avant qu'il ne se rende compte de rien, mais la jeune fille refusait de rater cette chance de satisfaire sa brûlante curiosité.
Et puis, le professeur O'Neill était tellement gentil, peut-être qu'il ne lui attirerait pas d'ennuis, même s'il venait à réaliser la situation.

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ft Cassiopia Borealis

L’observatoire royal de Greenwich avait été construit en 1675 et comportait une lunette astronomique à monture équatoriale de 31,75 cm. Largement dépassé en 2026, le professeur O’Neill aimait pourtant se promener dans le domaine. Le Parc offrait une magnifique vue surplombant la Tamise qu’Aidan affectionnait particulièrement.
Il était, pour une raison inconnue, toujours ému lorsqu’il marchait sur le célèbre méridien. Lui aussi n’était plus d’actualité (le méridien utilisé pour les systèmes de localisation se trouvait une centaines de mètres plus loin) mais il y avait quelque chose de remarquable quand on réfléchissait aux têtes qui avaient décidé de le tracer ici.
Aidan était particulièrement fan lorsque des gens intelligents parvenaient à changer le monde pour un mieux.

Comme le soir commençait à tomber, il se dirigea doucement vers l’intérieur de l’observatoire. De nombreuses expositions se déroulaient dans l’enceinte des vieux murs. Viviane, qui était à l’accueil, lui offrit un petit clin d’oeil complice. Il venait souvent ici depuis des années et, avec son diplôme d’astrophysique en poche, il était libre de circuler là où les touristes n’avaient pas accès. Il y a avait même déjà donné une conférence dans le planétarium. Le professeur d’astronomie était connu dans les observatoires et centres de recherche du pays, car il contribuait régulièrement à des articles scientifiques. Même s’il se trouvait à Poudlard, il gardait un pied dans le monde de la recherche moldue.
Ce soir là, la beauté de la science faisait preuve, une nouvelle fois, de coopération internationale. La nuit dernière, une équipe d’astronomes italiens avait découvert quelque chose de “bizarre” dans le ciel. Ils avaient fait passer le mot et, comme il était de coutume, presque la totalité des télescopes du monde allaient se tourner vers leurs coordonnées.

Rami, le guide de l'Observatoire l’avait invité à jeter un oeil dans la vieille lunette astronomique. En se dirigeant vers la coupole, Aidan ne put s’empêcher d’admirer, à nouveau, les lieux. Il aimait la majestuosité de ce bâtiment d’un autre âge.
Dans son esprit, le chaos régnait souvent. Mais un calme l’étreignait à chaque fois qu’il se trouvait dans un Observatoire.

Une touriste, le nez dans sa carte, le bouscula brusquement. Aidan, bien que l’ayant vu arrivée, même si elle était habillée entièrement de noir, avait fait un pas de côté trop tard.
La jeune femme s’excusa et son visage sembla vaguement familier au professeur.
Lorsqu’elle le reconnut en l’appelant par son titre d’enseignant, son cerveau parvint à la reconnaître. Cassiopeia Borealis - un si joli nom ! - était une de ses étudiante qui allait continuer sa matière à la rentrée prochaine.
Elle avait cependant changé la couleur de ses cheveux, raison pour laquelle Aidan ne l’avait pas immédiatement reconnue.

-Mademoiselle Borealis ! S’exclama-t-il avec un grand sourire.

Elle semblait étonné de le voir ici ce qui le fit rire doucement. Il se demanda si les élèves l’imaginait collé au sommet de la tour d’astronomie de Poudlard.

-Je vais très bien, je vous remercie ! Et vous ?

Il l’écouta répondre et lui reprit ensuite la parole.

-J’ai rendez-vous avec un collègue pour tourner la lunette vers une anomalie. Les astronomes du monde entier vont regarder au même endroit pour tenter de comprendre le phénomène. Cet Observatoire n’a peut-être pas le meilleur télescope du pays, mais il a certainement une des plus jolie coupole ! Ca vous tente d’y jeter un coup d’oeil ?

Il préféra ensuite clarifier certaines choses avant d’avoir des ennuis.

-Rami est moldu et ne sait rien de notre monde. Si ca vous va, je vais vous présenter comme une étudiante de l’université de Queen Mary.

En effet, l’Observatoire n’avait pas de section sorcière. En réalité, il n’en existait pas vraiment dans son domaine. Le peu d’astronomes sorciers du pays (ils étaient deux en Grande-Bretagne) travaillaient comme des moldus et publiaient un article dans la revue d’astronomie sorcière si certaines découvertes pouvaient avoir un impact sur leur monde.

Aidan avait récemment, grâce au professeur van Aken étrangement, réalisé sa place de privilégié dans le monde de la recherche. En effet, il ne pouvait jamais partager ses avancées avec les scientifiques moldus.

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Cassi lui rendit son sourire. En entendant rire son professeur - sans aucune méchanceté, d'ailleurs il n'était probablement pas capable de méchanceté - elle réalisa encore davantage que sa surprise était bien naïve. Non seulement le professeur O'Neill ne passait pas sa vie à Poudlard, mais en plus il ne la passait probablement pas uniquement à faire de l'astronomie. Il devait faire les boutiques, rendre visite à sa famille, aller déjeuner chez des amis... Comme tout un chacun.
Les profs de Poudlard s'organisaient-ils des soirées, comme les élèves ? La jeune fille sourit de plus belle à cette pensée, qui lui fit tout de même un peu drôle. Elle se demanda s'il y avait de la musique à ces soirées, et si les profs dansaient.

Heureusement, la réponse du professeurs l'arracha à ses élucubrations. Elle était bien contente de savoir qu'il allait bien. Quand à elle...
Une ombre brève passa sur son visage en songeant à l'accueil que lui avait réservé sa belle-mère depuis la veille, mais elle préféra se concentrer sur le positif.
- Ça va, merci. J'ai passé deux semaines chez ma mère au pays de Galles, avec Opal, c'était chouette !
Elle savait que le professeur saurait probablement qui était Opal, la Gryffondor de quatrième année, bientôt cinquième, qu'elle considérait comme sa meilleure amie. Après tout, elle suivait pour l'instant toujours le cours d'astronomie.

Le professeur revint justement à leurs moutons ou, plutôt, à leurs étoiles. Il lui expliqua qu'il était là pour observer une anomalie astronomique. Cassi l'écouta avec des yeux pétillants d'excitation et d'intérêt. Lorsqu'il lui proposa de l'accompagner pour y jeter un œil, la jeune fille retint à grand peine un piaillements de joie - émotion qui se lisait cependant clairement sur son visage.
- Vous êtes sérieux ? Mais ce serait trop génial ! lui répondit-elle.

Il précisa ensuite que son collègue était moldu, et proposa de la présenter comme une étudiante de l'université. La jeune fille lui adressa un sourire complice.
- Vous savez, professeur, je viens de passer quinze jours dans une maison avec deux moldus tout aussi ignorants de nos secrets.
Elle pensait également s'en sortir pour l'aspect "étudiante universitaire". Elle aurait 17 ans en septembre, après tout, et plus tôt dans l'après-midi, elle avait joué ce rôle sans problème. Quand aux connaissances... d'une part, elle ne prévoyait de parler que pour poser des questions, et d'autre part, les moldus n'étudiaient pas l'astronomie avant la fac (ou seulement quelques heures par an en sciences physiques), alors qu'elle en faisait depuis ses onze ans. Elle était certaine de pouvoir jouer ce rôle.

Elle emboîta donc le pas au professeur avec une joie non dissimulée.
En marchant, alors qu'ils étaient encore seuls, Cassi décida de faire une confidence au professeur.
- Vous savez... C'est peut-être idiot, mais... Quand vous êtes arrivés, j'étais en train de chercher la section "secrète" de l'observatoire. avoua-t-elle, sachant qu'il comprendrait probablement "section magique".
Elle rit, amusée par sa propre idée qui, avec le recul, lui semblait un peu enfantine.
- Il n'y en a pas, pas vrai ?
De toute manière, son étude approfondie des plans lui avaient révélé que, à moins d'un habile sort de compression de l'espace, il n'y aurait même pas eu la place de rajouter un placard à balai dans le bâtiment.

Ce n'était pas grave. Avoir l'occasion d'observer en exclusivité une anomalie astronomique unique était encore mieux - et elle était extrêmement reconnaissante à son professeur d'astronomie pour cette opportunité.
Ils n'auraient pas l'opportunité de poursuivre leur échange passionnant du dernier cours de l'année - interrompu par la sonnerie, et par la précipitation de la jeune fille à rejoindre son cours de botanique, littéralement à l'autre bout de l'école, sans être en retard - mais elle était certaine d'apprendre à nouveau des choses fascinantes.

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ft Cassiopia Borealis

Le professeur d’astronomie sourit, attendri, en l’écoutant parler des deux dernières semaines qu’elle avait passé en compagnie d’une de ses camarades, Opal.
Les deux jeunes filles étaient souvent fourrées ensemble dans les couloirs de Poudlard, aussi, il ne s’étonna pas qu’elles passent une partie de leur vacance ensemble.

Aidan lui expliqua ensuite ce qu’il était en train de faire à l’observatoire, c’est-à-dire, observer, en concert avec tous les télescopes de leurs hémisphères, une anomalie astronomique pour tenter de l’identifier.
Il savait qu’elle était passionnée par sa matière mais son enthousiasme lui fit quand même plaisir. C’était, à ses yeux, la réaction normale à avoir quand on parlait de l’univers. O’Neill ne comprenait pas que l’astronomie puisse ennuyer certains.
Aidan entreprit de brièvement la briefer sur Rami, qui était moldu. Elle le rassura en lui affirmant qu’elle s’était déjà entraînée durant deux semaines.

Ils se mirent donc tous les deux en route vers la coupole.
Aidan faisait exprès de passer - avec un certain amusement - par les petits passages invisibles aux yeux du public. Ils n’étaient pas secret (loin de là) mais ils étaient tellement misérables qu’ils étaient longtemps demeuré sans intérêts, ce à quoi, évidemment, Aidan s’opposait. Il aimait les chemins peu fréquentés. Ca donnait une impression de grandeur et d’apaisement au lieu. Du moins, à ses yeux.

Cassiopia lui avoua qu’elle était venue ici dans le but de découvrir “une section secrète”. Aidan réalisa sans peine ce qu’elle voulait dire : une section entièrement dédié à la recherche sorcière.
Le professeur espérait ne pas la décevoir. Ce n’était pas une question si anodine. Lui-même avait posé cette même question au Professeur Sinistra.
L’astronomie était une matière particulière qui, à quelques exceptions près lors d’explications de liens que pouvaient avoir un sortilège ou une potion sur le mouvement des astres, était la seule à Poudlard, à avoir un équivalent dans le monde moldu.

-Ce n’est pas idiot du tout, commença Aidan, toujours prêt à défendre sa théorie qu’il n’existait pas de “bêtes questions”.

Il regarda autour de lui, s’assurant qu’ils étaient seuls (ce qui n’était pas compliqué dans les petits couloirs qu’ils avaient empruntés), avant de continuer à mi-voix.

-Nous sommes en réalité, bien peu de sorciers dans le monde à étudier les étoiles. Dans l’inconscient général, ce domaine est réservé aux moldus. Nous ne sommes que deux en Grande-Bretagne par exemple. Nous participons activement à l’observation et aux découvertes et analysons par la suite dans notre côté les implications que cela pourraient avoir sur notre monde.

Il lui fit un petit sourire et l’invita d’un geste de la main de franchir une petite porte donnant sur un escalier en colimaçon, juste au dessus de la boutique de souvenirs. Les vieux bâtiments étaient la preuve que la taille moyenne des gens avait augmenté.
Aidan dû se courber légèrement pour ne pas se cogner la tête et monta derrière Cassiopeia dans la coupole.
Il y avait peu de lumière et les yeux d’Aidan durent s’ajuster pendant quelques secondes.
Comme un canon pointé vers le ciel, le télescope trônait au centre. Il pouvait pivoter sur lui même, pour éviter d’avoir des images floues par la rotation de la terre.

Rami était déjà présent et ne les avait pas entendu entrer, trop occupé à vérifier les bonnes coordonnées sur un ordinateur portable. De nos jours, il était rare d’observer le ciel via l’oeil d’une lunette plutôt que derrière un écran d’ordinateur. C’était une des raisons qu’O’Neill appréciait particulièrement les lieux. De plus, c’était certainement plus intéressant pour une jeune sorcière comme Cassiopeia.
Il échangea un regard entendu avec son élève avant de se montrer.

-Bonsoir Rami ! Si ça ne te dérange pas, je suis venu avec une étudiante de l’université de Queen Mary que j’ai rencontré dans les couloirs. Mademoiselle Borealis, je vous présente Rami Azzam.

Rami, un homme d’une quarantaine d’années gardait une mine perpétuellement renfrognée au repos, comme s’il fronçait sans arrêt les sourcils. Or, ceux qui le connaissait savait que ce n’était pas le cas.
C’était le genre de visage qui s’éclairait au moindre tressaillement des lèvres. Un sourire pouvait le rendre très séduisant et il passait d’un homme de mauvaise humeur à un homme chaleureux.

-Salut Aidan ! Pas de problèmes, plus on est mieux c’est !

Il s’avança vers eux, serra la main d’O’Neill et celle de Cassiopeia.

- N’hésitez pas si vous avez la moindre question. En quelle année êtes vous ? Demanda-t-il à Cassie.

Rami continua, retrouvant la mine renfrognée de son visage au repos.

-Je terminais les derniers réglages. Vous arrivez au bon moment.

Rami jeta un dernier coup d’oeil dans la lunette et parut déçu.

-Mmmf. C’est bien ce que disaient les français. Je ne vois rien d’anormal non plus.

Il invita Aidan à y jeter un coup d’oeil. L’astronome se pencha et fut projeté dans l’univers.
Il existait neuf anomalies du modèle standard : les pulsars (des étoiles à neutrons tournant sur elles-mêmes) manquants, les poussières interstellaires qui émettaient un mystérieux rayon x, les géantes rouges qui oscillaient trop dans la voie lactée, les nuages de gaz beaucoup trop brillants, les centres galactiques sans bulbe imposant, la taille démesurée des amas galactiques, les galaxies naines étrangement alignées, les étoiles à neutrons émettant des bouffées d’ondes radio, le déplacement trop rapide des galaxies et enfin, une possible dixième qui avait amené la communauté internationale d’astronomes à regarder au même endroit.

Toujours l’oeil à l'affût dans la lunette, Aidan commença une explication.

-La nuit dernière, un groupe de chercheurs italiens ont cru remarquer l’éloignement progressif d’une lune de Saturne. Cela aurait été inédit. Une preuve qu’une force invisible s'exerçait sur Titan, l’arrachant à l’attraction de la planète. Grâce à un calcul précis, nous avons reçu les coordonnées que Titan devrait avoir à cette heure précise selon les découvertes italiennes. Or, vous pouvez le constater par vous-même…

Aidan se recula pour faire place à Cassiopeia. Elle allait observer… rien de spécial ! Les italiens s’étaient trompés - ou alors, les télescopes avaient été mal réglés - et Titan n’apparaissait pas dans ces nouvelles coordonnées. La lune gardait la même trajectoire que d’ordinaire.

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Rami

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La jeune fille découvrit avec une excitation trépidante les passages les plus discrets de l'Observatoire, ceux que les visiteurs ne devaient que rarement découvrir, et emprunter plus rarement encore. Ils ne payaient pas de mine mais, aux yeux de la jeune fille, ce genre de découverte était toujours fascinante. Opal aurait adoré être là ! Peut-être pourrait-elle lui montrer ces passages, un jour.
Avec un sourire, elle commenta en disant simplement, à voix basse mais qui trahissait son excitation :
- Connaissez-vous Robert Frost, Professeur ?
Il ne parlait pas d'étoiles, à peine du soleil, mais il était l'un de ses poètes préférés, et ses vers lui étaient revenus en mémoire.

Elle lui avoua ensuite le projet qui avait animé sa visite, et il l'accueillit avec beaucoup de gentillesse, en l'assurant immédiatement que cela n'avait rien d'idiot.
Il lui expliqua ensuite qu'il n'y avait que très peu de sorciers astronomes - ou plutôt astrophysiciens, se corrigea-t-elle en se souvenant de leur dernier cours. La jeune fille hocha vivement la tête pour faire signe qu'elle comprenait.
Dans un monde plus beau et plus juste, elle aurait adoré consacrer elle aussi sa vie à l'étude des étoiles. Mais elle s'était fait la promesse de rendre le monde meilleur, et elle n'y parviendrait pas dans un observatoire. Elle n'était plus très sûre qu'elle y parviendrait tout court, d'ailleurs - Blaze avait semé en elle les germes du doute - mais elle devait essayer.

Elle eut néanmoins une petite idée.
- Est-ce votre collègue sorcier enseigne à l'université de Londres, par hasard ? Est-ce qu'il est possible d'avoir un cours d'astronomie en option après les ASPICs ?
Parfois, l'optimisme ne coûtait rien, et elle était certaine que le Professeur O'Neill ne lui en tiendrait pas rigueur. Au pire, il lui dirait non, et ça s'arrêterait là.

Il l'invita en souriant à franchir une petite porte pour s'engager dans un escalier en colimaçon.
Ce n'était pas une section spéciale sorcière, mais ça restait un endroit secret, un espace interdit au public, et la jeune fille bouillonnait d'impatience à l'idée de découvrir ce qui se cachait en haut de ces marches.

En bonne sang-mêlée qu'elle était, elle avait appris à transporter une petite lampe de poche la nuit, partout où elle ne pouvait pas jeter un Lumos et elle l'alluma donc pour éclairer leur chemin, juste le temps d'arpenter les escaliers. Dès qu'ils furent tous deux sur le palier, elle l'éteignit.

Le télescope était gigantesque, et si impressionnant qu'elle ne remarqua pas le collègue de son professeur avant que celui-ci n'attire son attention sur lui. Le souffle coupé, elle étudiait l'engin avec une fascination visible. Son visage rayonnait. Elle hocha la tête pour signifier à son professeur qu'elle ferait attention.

Rami avait l'âge d'être son père - probablement plus âgé qu'O'Neill, donc - et fixait son ordinateur portable avec une mine contrariée. La jeune fille se demanda si sa présence ne lui poserait pas de problème. Cependant, lorsque le professeur la présenta à son collègue, le visage de l'homme s'illumina immédiatement. Le changement était ahurissant.

Il salua le professeur - visiblement, ils s'appelaient par leurs prénoms - et accepta sa présence avec beaucoup de bonne humeur. Il leur serra la main à tous les deux, offrit à Cassi de répondre à toutes ses questions, et lui demanda en quelle année elle était.

Heureusement, Cassi connaissait suffisamment le monde des moldus pour être au clair sur - et en plus, elle regardait avec sa mère une série télé sur la BBC qui se déroulait justement à l'université Queen Mary.
- Je vous remercie, Monsieur. répondit-elle donc. Je suis en première année de licence, dans la promo de janvier.répondit-elle en souriant.
Eh oui, dans certaines facs du Royaume-Uni, il y avait deux rentrées, une en septembre, l'autre en janvier. Par ce tour de passe-passe, Cassi se donnait une certaine marge au cas où elle pose une question vraiment idiote.

- Vous vouliez réviser un peu sur le terrain, et pas toujours dans les livres ? Demanda-t-il d'un air amusé. Vous avez bien raison !
En effet, la promo de janvier de Queen Mary passait ses examens verd la mi-juillet et si elle avait dit la vérité, elle aurait été dans ses révisions jusqu'au cou.
Cassi hocha la tête avec un sourire, heureuse que son petit mensonge aie pris - et peu désireuse de s'empêtrer dans trop de détails.

Rami retrouva alors sa mine renfrognée, et la jeune fille songea que c'était peut-être juste son expression concentrée. Apparemment, il finissait ses réglages, et leur timing était parfait.
L'homme étudia la vue en premier, et il afficha une expression déçue avant d'annoncer que, comme les français, il ne voyait rien qui sorte de l'ordinaire. Il invita ensuite le professeur O'Neill à regarder à son tour.

Cassi attendit sans s'impatienter, curieuse d'entendre les observations de son professeur et consciente que, de toute manière, il ne l'oublierait pas.
Justement, tout en observant le ciel, le professeur eut la gentillesse de la gratifier d'une explication sur le fameux phénomène - un éloignement progressif de Titan, une lune de Saturne, remarqué par des chercheurs italiens. Le but de la manœuvré était d'étudier ce qu'il se passait aux coordonnées calculées par les italiens, si elle avait bien compris.

Le professeur eut alors la gentillesse de s'écarter afin de la laisser observer à son tour.
La jeune fille ne se fit pas prier, et marcha jusqu'au télescope avec l'impression de flotter. En veillant bien à ne rien bouger, elle prit place à son tour.
Elle fut immédiatement émerveillée par cette vue d'un ciel étoilé plus net plus brillant qu'elle ne l'avait jamais vu. Cependant, conformément à ce qu'avait dit le professeur et son collègue...

- Titan n'est pas là... fit-elle à mi-voix, plus pour alimenter sa réflexion que pour exprimer véritablement cette conclusion à ses deux interlocuteurs. Elle resta en place un moment, son esprit turbinant à plein régime.
Finalement, elle se détacha du télescope et se tourna vers les deux spécialistes.
- J'ai deux questions. déclara-t-elle.

Une fois que le Professeur O'Neill et son collègue l'eurent incitée à poursuivre, elle reprit.
- Tout d'abord, puisqu'on ne voit pas Titan... Est-ce qu'on sait où elle est ? Elle est à sa place par rapport à son mouvement habituel, ou... ou elle est partie encore plus loin, selon une courbe exponentielle imprévue par les italiens ?
Elle ne pensait largement pas qu'ils n'avaient pas pensé à vérifier. Elle était juste très intéressée par la situation de Titan et, à vrai dire, elle n'avait pas perdu espoir de la voir avec ce superbe télescope.

- Et... Est-ce que le fait que Titan a une atmosphère - par rapport à Ganymède, par exemple, qui n'en a pas je crois - pourrait avoir une influence sur sa sensibilité à d'éventuelles forces extérieures à la gravité de Saturne ? Auquel cas, ce serait pareil pour Triton, Io et Callisto pour leurs planètes respectives ?
La question était peut-être très bête, mais Cassi aurait regretté de ne pas l'avoir posée. En plus, vu où elle avait prétendu se situer dans son cursus, Rami ne se douterait sûrement de rien.

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ft Cassiopia Borealis

Les deux sorciers se déplacaient rapidement dans les vieux couloirs de l’Observatoire lorsque Cassiopeia lui demanda s’il connaissait un certain Robert Frost.
Aidan fouilla dans son cerveau pour savoir s’il y avait une trace de ce nom mais il n’y en avait aucune.

-Non, qui est-ce ? Ajouta-t-il, curieux.

La discussion dévia sur le peu d’astronomes sorciers qu’il y avait en Grande-Bretagne et la Serdaigle lui demanda si son collègue indirect exerçait à l’université.
Il grimaça légèrement, déçu de devoir répondre par la négative.

-Il lui est arrivé de faire quelques lectures… Mais non, il n’enseigne pas, il se consacre à la recherche uniquement.

Aidan avait fait ses études supérieures dans le monde des moldus en partie pour le manque de possibilités en astronomie chez les sorciers, même si, à l’époque, le Professeur Sinistra lui aurait volontier appris tout ce qu’elle savait.

-Je crains qu’il y ait pas d’option astronomie après vos ASPICs. Je suis moi-même parti aux Etats-Unis, dans une université moldue pour poursuivre dans ce domaine.

Henry Mintzberg, ou Mitz pour les intimes, était un véritable génie qui avait cependant quelques manies le rendant difficile à vivre.
De vingt ans son aîné, Aidan l’avait toujours admiré, malgré sa phobie des microbes et son côté un peu hautain.

-Néanmoins, lui - il s’appelle Henry Mintzberg - ou moi sommes toujours disposés à répondre aux éventuelles questions.

A son retour en Grande-Bretagne, Mitz lui avait transmis une fois une question d’un étudiant en supérieur. Aidan s’en était trouvé très honoré.

Cassiopeia et O’Neill entrèrent ensuite sous la grande coupole.
Rami s’y trouvait déjà et Aidan fit les présentations.
Il se força à ne pas la regarder lorsque le moldu lui demanda en quelle année d’étude elle se trouvait, néanmoins prêt à voler à son secours si elle en avait besoin. Il n’avait pourtant aucun souci à se faire ! Cassie répondit avec un aplomb déconcertant et il lui sourit, à la fois soulagé et admiratif.

L’heure n’était cependant pas au bavardage. Rami avait une tâche précise à effectuer et il fut donc logiquement le premier à jeter un coup d’oeil dans la lunette, suivi par Aidan et enfin, par la jeune Serdaigle.

Celle-ci observa très justement l’absence de Titan, alors que Rami pianotait rapidement sur le clavier de son ordinateur.
Cassie s’éloigna du télescope pour se tourner vers eux. Rami leva les yeux de son écran, lui signifiant qu’il écoutait lui aussi ses questions. Le visage renfrogné, il lui fit signe d’approcher près de lui pour lui montrer une série de coordonnées sur son ordinateur.

-Je suis en train de repositionner le télescope pour vérifier la position que devrait avoir Titan s’il n’y avait rien d’anormal. Expliqua-t-il pour répondre à la première question.

Aidan se déplaça également derrière lui, pour souffler à Cassiopeia ce qu’elle était supposée regarder. Une série de chiffres remplissait plusieurs fenêtres ouvertes. Mais Rami, ravi d’avoir de la compagnie, expliquait chacun de ses gestes.

-Ici, vous avez les coordonnées actuelles du télescope. Malgré sa vieillesse, il a été modernisé pour pouvoir tourner de manière automatique. Ca garantit une meilleure précision. Ici... continua-t-il en pointant la fenêtre se trouvant dans le coin supérieur droit, j’encode les coordonnées que devraient avoir Titan en ce moment en me basant sur les éphémérides.

Il releva les yeux vers eux, chassant sa mine renfrognée d’un sourire et pointa le télescope.
Un bourdonnement se fit entendre et l’énorme lunette dévia de quelques centimètres à peine sur la gauche. Les réglages des miroirs, à l’intérieur, ne pouvaient être vus mais, connaissant les coordonnées des chercheurs italiens, Aidan savait que le changement était minime, même pour un astronome dont le métier relevait de la précision de ses instruments.

-Honneurs aux plus jeunes ! S’exclama Rami.

Aidan lui sourit et attendit que Cassie regarde par elle-même si Titan était bel et bien là (ce qui était le cas).
Ils discutèrent de ce qu’elle avait observé un instant et les deux hommes jetèrent à leur tour un coup d’oeil dans la lunette. Les Italiens s’étaient donc trompés, mais c’étaient avec les erreurs que l'astrophysique avançait.

-Quand à votre deuxième question, des sondes ont été envoyés il y a dix mois pour étudier avec plus de précisions l’atmosphère de Titan mais… il leur faudra encore quatre ans pour atteindre Jupiter et ses lunes. C’est un long voyage pour ce petit vaisseau !

Il ne savait pas si elle savait ce qu’était qu’une sonde mais il aurait été suspect de le lui décrire tout haut. Elle pourrait lui poser la question plus tard si elle le désirait.

-De là à dire qu’elle a une influence sur la sensibilité d’autres forces, extérieurs à Saturne… Je ne verrai pas comment.

Aidan fronça les sourcils et se tourna vers Rami. Ils débatèrent cinq minutes sur la question, émettant leurs doutes mais ne rejetant pas entièrement l’hypothèse.
En science, tout semblait impossible avant qu’un événement impossible se produise.

L’ordinateur de Rami émit une sonnerie.

-Oh, c’est le big boss. Désolé, je dois répondre.

-On va te laisser alors ! Merci de nous avoir accueilli !

-Et merci d’être passé ! Bonne merde pour vos examens ! Allo, boss ?

Rami appuya sur une touche et la voix de son patron retentit dans la coupole.

-Alors, Azzam ?

-Titan est toujours là où elle doit être. Je me demande ce qu'ont vu les Italiens...

Aidan fit signe à Cassie de le suivre et ils quittèrent discrètement la coupole.
Malgré le court moment qu’ils y avaient passé (à peine moins de trente minutes) il était heureux que son étudiante ait pu assister à ce moment.

Une fois suffisamment éloigné, il se tourna vers la Serdaigle.

-Alors, dites-moi… Qu’en avez-vous pensez ?

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La jeune fille sourit face à la curiosité de son professeur. Le poète était très probablement moldu, et elle ne l’aurait pas mentionné à la plupart de ses professeurs, mais elle avait été certaine que le professeur O’Neill serait à la fois compréhensif et intrigué.

- Two roads diverged in a wood, and I —
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.
Elle récita la fin du poème en souriant, articulant les temps avec aisance.
- C’est un poète californien du début du XXème siècle. précisa-t-elle.
Elle ne jugea pas nécessaire d’ajouter que c’était l’itinéraire choisi par le professeur qui lui avait évoqué ces vers. Elle pensait qu’il comprendrait probablement.

Le professeur O’Neill lui annonça ensuite qu’il n’y avait aucune possibilité à l’Université sorcière de Londres pour étudier l’astronomie - lui, il était parti aux Etats-Unis, dans une université moldue. Elle hocha la tête en remerciement à sa proposition concernant ses questions.
Néanmoins, il avait confirmé ses craintes. Une fois à l’université, la jeune fille allait devoir choisir entre sa passion pour l’astronomie et son désir de rendre le monde meilleur - et, malheureusement, poursuivre sa passion en tournant le dos aux injustices dont personne ne semblait vouloir se charger lui aurait semblé bien trop égoïste.

Ils rejoignirent ensuite leur destination, et son professeur d’astronomie la présenta à son collègue. Cassi fut satisfaite de s’être tirée avec aplomb de la question de Rami, et plus heureuse encore de l’admiration qu’elle lut dans les yeux de son professeur.
Ils constatèrent ensuite, l’un après l’autre, l’absence de Titan dans le télescope.

Elle posa deux questions, et Rami lui fit signe d’approcher de pour lui montrer ce qu’il faisait sur son ordinateur. Elle ne comprenait pas grand chose aux séries de chiffres qui s’étalaient sur l’écran, mais se promit à nouveau de trouver un moyen pour progresser en mathématiques dès la rentrée.
Rami expliqua qu’il repositionnait le télescope à la position normale de Titan. Le professeur O’Neill s’approcha - pour voir, ou our lui expliquer, peut-être les deux - mais Rami poursuivait déjà en expliquant ce qu’il faisait, lui montrant quel écran présentait quelles coordonnées. Cassi se nota mentalement de demander à son professeur de lui expliquer comment fonctionnaient les coordonnées, mais ne posa pas la question, de peur que ce point soit abordé tôt à l’université.

L’ordinateur contrôlait le télescope ? C’était fou, que l’on puisse prendre un vieil appareil et le connecter ainsi à un ordinateur pour le faire fonctonner avec un ordinateur !
Rami lui proposa alors, avec enthousiasme, de passer la première. La jeune fille ne se fit pas prier ! Avec un sourire radieux, elle prit place devant la lunette du télescope.
- Waouh… fut le seule mot que la jeune fille parvint à prononcer, dans un murmure émerveillé.

Titan était tout simplement sublime, bien plus nette que tout ce que Cassi avait pu voir dans de vieux livres. On pouvait très clairement voir ses sublimes nuances ocre.
- Elle est bien là. Ce sont des amas de gas qui lui donnent cette couleur plus sombre au niveau de “l’équateur” ?
Elle s’écarta ensuite, les yeux pétillants, et laissa les adultes regarder à leur tour.

La réponse du professeur l’intrigua beaucoup.
- Ils ont amélioré Cassini, ou ils en ont envoyé de nouvelles ?
Toute jeune, en 2017, elle avait vu un bout d’un reportage à la télé, chez sa mère, sur cette sonde qui revenait sur terre après un voyage de… elle ne savait plus trop, à vrai dire, mais elle se souvenait d’avoir réalisé avec admiration que la sonde était plus vieille qu’elle.

Le professeur O’Neill et son collègue débattirent ensuite sur sa question, d’une manière qui lui indiqua qu’ils l’avaient non seulement prise au sérieux, mais l’envisageaient suffisamment pour en débattre.

Une sonnerie retentit alors - émanant de l’ordinateur de Rami - et celui-ci annonça qu’il avait un appel de son chef.
Le professeur le remercia et, avec un grand sourire et des étoiles plein les yeux, la jeune fille fit de même.
- Merci beaucoup ! Bonne soirée !
Elle aurait pu exprimer sa gratitude en bien plus de mots, mais Rami était visiblement pressé.
Elle accepta ensuite ses encouragements d’un signe de tête reconnaissant, pour ne pas l’interrompre. Elle l’entendit expliquer à son supérieur leurs observations, tandis qu’ils quittaient la coupole en silence.

- C’était… magique ? Franchement, professeur, merci beaucoup ! répondit la jeune fille avec un enthousiasme si débordant qu’elle en parlait avec les mains. Titan est tellement belle !
Cette opportunité surprise avait vraiment fait sa journée !

L’astronomie l’intéressait depuis des années mais, avant aujourd’hui, elle n’avait jamais réalisé à quel point c’était une voie dans laquelle il lui plairait de travailler. Elle aurait adorer passer son temps dans des observatoires, les yeux tournés vers le ciel. Cependant… cependant, choisir, c’était renoncer, comme lui avait dit un jour un adulte moldu. L’astronomie, de part son faible taux d’enseignement, était une discipline qui recquiérait une implication totale. Et malheureusement, la jeune fille se sentait investie d’une mission qui ne lui laisserait pas de place pour ses passions.

Cependant, ça ne l’empêchait pas d’en profiter tant qu’elle le pouvait.
- Dites, Professeur, est-ce qu’on a déjà observé de vraies anomalies, qu’on a pu vérifier par la suite ?

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ft Cassiopia Borealis

Aidan sourit quand Cassiopeia récita quelques vers d’un poème. “La route la moins fréquentée” … C’était joli et parfaitement approprié à leur petite excursion du jour : se rendre sous la coupole par des chemins sans intérêt pour le public.

Leur discussion dévia sur les études après Poudlard et la maigre place qu’y occupait l’astrophysique. Trop peu de sorciers s’intéressaient à ce domaine “moldu”. Pourtant, comprendre l’univers effaçait les barrières que la magie pouvait dresser. Du moins, aux yeux du professeur O’Neill.
Baguette ou pas, ils étaient tous sur la planète terre. Ils dépendaient tous de la chaleur du soleil, de l’absence de collision avec une grosse météorites ou de la fine couche protectrice de l’atmosphère.
Aidan avait dû combattre quelques préjugés de ses paires lorsqu’il était revenu en Angleterre avec un diplôme moldu en poche.

Ils arrivèrent ensuite dans la coupole où Rami se trouvait déjà.
Celui-ci recalibra le télescope pour qu’il pointe sa lunette vers Titan et offrit à la jeune fille l’opportunité de l’observer la première.
Aidan sourit quand son étudiante lâcha un petit “waw” émerveillé.

-Près de l’équateur se trouve un région plutôt claire appelée Xanadu…

Il se rapprocha d’elle, regardant par dessus son épaule, comme s’il allait pouvoir observer ce qu’elle voyait. Il se demanda vers quelle région s’était tournée son attention.

-Il y a néanmoins bien des composés chimiques présent en petite quantité et qui donnent sa couleur orange à l'atmosphère depuis l'espace.

Elle s’écarta et les deux adultes regardèrent à leur tour.
Aidan ne put cacher son étonnement lorsqu’elle mentionna Cassini.

-La NASA a perdu le contact de Cassini il y a presque dix ans. Ce sont deux nouvelles qui sont parties, expliqua Aidan avec un grand sourire.

Parfois, l’envoi d’une sonde prenait toute la carrière d’un scientifique. De sa conception à son voyage jusqu’aux données finales une fois arrivée à destination… Tout ça prenait parfois quarante ans !

-Celles-ci, intervint Rami, seront plus performantes. Elles ont été nommées “Shelly” et “Lenny” en référence à deux personnages d’un vieux sitcom…

O’Neill débattit encore quelques minutes avec Rami avant que son boss ne les interrompent et que l’astronome et la Serdaigle prennent congé.

Une fois à nouveau seuls, Cassiopeia le remercia pour l’opportunité ce à quoi Aidan sourit de toutes ses dents.

-Avec plaisir, Mademoiselle Borealis ! S’exclama-t-il. Je suis heureux de savoir que vous avez passé un bon moment.

La jeune femme se tourna vers lui, une expression de curiosité sur le visage. Avait-on déjà observé des anomalies ?
Excellente question !

-Oui. Il en existe. Grâce aux observations et aux calculs, nous avons ce qu’on peut appeler un “modèle standard”. Les anomalis sont des choses observées qu’on ne parvient pas à expliquer et qui intéressent particulièrement la communauté scientifique. Par exemple, il y a des poussières interstellaires qui émettent un mystérieux rayon x.... Comment ? D’où vient-il ? Pour l’instant, on n’en sait rien ! Il y a aussi des galaxies naines étrangement alignées … Ces anomalies sont, en réalité, une véritable aubaine ! Le modèle standard a en effet quelques failles… en particulier, deux problèmes qui le minent de l’intérieur : l’énergie noire et la matière noire. La moindre anomalie pourrait nous en faire savoir plus !

O’Neill était de ceux qui adoraient les questions car son cerveau partait alors dans d’innombrables possibilités.
Tout en parlant, ses mains s’étaient mises à gigoter toute seule, entraînées par son débit de paroles.

-C’est ce qui est, à mes yeux, le plus fascinant à mes yeux : les anomalies, les choses étranges, celles qui nous font tout remettre en question, pourraient bien être la clé d’une meilleure compréhension de l’univers !

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Cassi vit que le professeur appréciait le poème de Frost, et lui rendit son sourire. Elle avait eu raison de passer outre l’identité moldue du poète pour partager son oeuvre.

Ils parlèrent ensuite des études supérieures, et Cassi acquit la certitude que, si elle avait pu s’en tirer jusque là, après les ASPICs, il lui faudrait faire un choix, entre la passion qui l’animait de découvrir les mystères de l’univers, et cette pulsion, qui relevait presque d’un sentiment de devoir, de rendre le monde meilleur, ici, sur terre, et de combattre l’injustice. Si, même aux Etats-Unis, le professeur O’Neill avait dû passer un diplôme moldu, alors il n’y aurait pas de demi-mesure. Elle devrait choisir une voie et s’y engager corps et âme.

La jeune fille soupira, mais comme ils s’étaient engagés dans les escaliers, ça aurait tout aussi bien pu passer pour un simple soupir d’effort. Finalement, ils arrivèrent dans la tourelle, et purent constater l’inexactitude des calculs italiens. Ensuite, ils observèrent la position effective de Titan - à sa place prévue. La jeune fille - qu’ils avaient eu la gentillesse de laisser passer en premier - exprima son attention.

Le professeur O’Neill lui indiqua que, près de l’équateur se trouvait une région claire appelée Xanadu.
La jeune fille réfléchit, sentant ses pensées défiler à toute allure, et demanda finalement :
- Dites, professeur, est-ce que les lunes ont des pôles magnétiques, et si oui, est-ce qu’ils sont forcément “en haut” et “en bas” ? Et sinon, comment on sait où ils sont ?
Elle espéra que la question n’était pas trop stupide, mais en même temps elle s’était donné de la marge, vu qu’elle n’était sensée étudier l’astronomie que depuis quelques mois.

La jeune fille hocha la tête, heureuse de voir sa théorie se vérifier.
En réponse à ses questions, il mentionna ensuite l’envoi de sondes sur Titan, et la jeune fille l’interrogea alors pour savoir si Cassini en faisait partie. Elle ne se souvenait pas de grand chose concernant le reportage qu’elle avait vu en 2017, juste de son nom, qui l’avait évidemment marquée.
En souriant, le professeur lui apprit que la NASA avait perdu le contact de Cassini., et la jeune fille se prit à se demander ce qu’elle était devenue. Les mystères, elle adorait ça.

Rami intervint en donnant des précisions sur les nouvellles sondes, “Sehlly” et “Lenny”. La jeune fille réfléchit intensément, fronçant les sourcils, avant de se rendre à l’évidence.
- Ca ne me dit rien… Mais j’aime bien l’idée.
Sa mère adorait les sitcoms, mais Cassi n’avait jamais entendu parler de celle-là. Un peu vieille même pour Leona, peut-être ?

Le professeur échangea encore un peu avec son collègue, et ils partirent finalement. Cassi le remercia avec emphase, et il accueillit son enthousiasme en souriant, visiblement heureux pour elle - et, sans doute aussi, heureux d’avoir une élève passionnée.
La jeune fille l’interrogea à nouveau, sur les anomalies astronomiques, du coup. Le professeur lui répondit sans se faire prier, et en détail.
Dans l’ensemble l’explication du professeur était très claire - et tellement intéressante ! Mais elle ressentit tout de même le besoin de préciser un point.
- L’énergie noire et la matière noire, c’est en rapport avec les trous noirs, non ? interrogea-t-elle. - C’est quoi la différence entre les deux, exactement ?

La mention de modèle avait fait cogiter la jeune fille et, lorsque le professeur conclut en exprimant sa fascination pour les anomalies, pouvant mener à une meilleure compréhension de l’univers, elle l’interrogea :
- Un modèle n’est juste que jusqu’à ce qu’on en trouve un autre plus précis, non ? Un peu comme quand Hypatie a corrigé le modèle de Ptolémée. Il est encore possible que notre modèle actuel ne soit toujours pas tout à fait juste, pas vrai ?
Elle aussi était absolument passionnée par la découverte de ces mystères et, si elle savait que le professeur ne pourrait pas lui apporter toutes les réponses - c’était ce qu’il y avait de beau dans l’astronomie - elle savait aussi qu’il en savait bien plus qu’elle, et avait hâte d’en apprendre davantage.

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ft Cassiopia Borealis

Aidan laissa Rami répondre à la question de la jeune fille sur les pôles magnétiques des lunes. Son collègue semblait apprécier la compagnie et le fait d'expliquer.
Soit le commun des mortels se foutaient de comprendre l'univers, soit il ne comprenait pas. Cassiopeia était une jeune femme passionnée et parvenait à comprendre les notions à la fois élémentaires et compliquées.

Ils passèrent un agréable moment avec Rami et Aidan aima voir l'émerveillement sur le visage de la sorcière.
Lorsqu'ils laissèrent l'astronome discuter avec son patron, elle le remercia chaleureusement, ce qui lui fit très plaisir.

Ils se trouvaient dans le hall désormais, mais Aidan n'y prêta aucune attention car il était en train d'expliquer les anomalies astronomiques avec quelques mots seulement.
Quand il eut terminé, il se demanda pourquoi il avait mis tant de temps à remarquer que devenir prof était parfait pour lui qui aimait tant parler de sa passion. Parfois, il pensait qu'il était lui-même un mystère à ses propres yeux.

-Pas exactement... Les trous noirs sont, vous le savez surement, des objets célestes dont le champ gravitationnel est si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. La matière noire désigne une catégorie de matière hypothétique, permettant d'expliquer les estimations de masse des galaxies, des amas de galaxies... L'énergie noire, enfin, est une forme d'énergie hypothétique emplissant uniformément tout l'Univers et dotée d'une pression négative qui permet d'expliquer l'accélération de l'expansion de l'Univers.

Y-avait-il vraiment quelque chose de plus beau qu'une question ? Aidan aimait l'élégance des inconnues dans son domaine. Or la matière et l'énergie noires restaient toutes deux hypothétiques pour combler les trous dans la théorie.

-Passez une bonne soirée, Aidan !

Celui-ci se retourna pour faire face à Viviane la réceptionniste. Il n'avait même pas remarqué qu'ils quittaient l'observatoire.
Peut-être que la Serdaigle aurait espéré y rester plus longtemps ?

-Vous aussi, Vi' !

Ils quittèrent le prestigieux bâtiments et O'Neil leva immédiatement la tête vers le ciel.
Après avoir regardé dans un télescope, il aimait réaliser de la puissance des instruments en observant la même chose à l'oeil nu.
Puis, il se tourna vers Cassie qui lui demanda si c'était possible que le modèle actuel ne soit pas encore complètement juste.
Le sourire du professeur s'élargit.

-En effet. N'est-ce pas fascinant de se dire qu'une découverte pourrait bouleverser tout ce que nous prenons pour acquis ?

Il était ravi que Cassie semblait avoir passé un vrai bon moment. Des élèves passionnés par l'astronomie, quoique pouvait dire un certain fan club, n'étaient pas si nombreux.

Il pointa l'observatoire du pouce par dessus son épaule.

-Si jamais vous avez envie d'y revenir, n'hésitez pas à me contacter. Je pourrai certainement vous trouver un guide particulier.

Il aimait particulièrement ce lieu mais il n'était pas le plus informé concernant son histoire. L'étudiante méritait une personne compétente pour une véritable visite.
Lui-même en sera peut-être même de la partie ! Il était peut-être temps de s'instruire sur l'historique des endroits qu'il fréquentait le plus, pas vrai ?

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Décidément, tout cela était impressionnat ! Sa passion pour l’astronomie l’avait prise un peu par surprise, elle qui ne sétait jamais vraiment intéressée au ciel avant Poudlard, et avait enflé au fil des années, et elle commençait désormais véritablement à se rendre compte à quel point les étoiles la fascinaient.

Après une dernière explication fort enrichissante de Ravi, ils le quittèrent finalement, et regagnèrent le hall. Cassi écouta avec attention son professeur qui avait la gentillesse de répondre à sa question sur les anomalies astronomiques. Son explication aurait pu sembler complexe à beaucop de gens - il aurait très certainement predu Brad, son demi-frère moldu, à champ gravitationnel, ou sinon pour sûr à “matière hypothétique” - mais en soi, elle était en fait très claire, et elle connaissait tous les mots. Elle lui sembla donc parfaitement compréhensible et l’éclaira sur la différence entre eux.

La réceptionniste dit au revoir au professeur, et Cassi réalisa qu’ils quittaient déjà l’observatoire. Dommage. Elle aurait pu passer la nuit à admirer le ciel. Bon, à l’oeil nu aussi, la vue était fabuleuse. Elle savait cependant que, tôt ou tard, elle devrait rentrer, et retrouver sa chambre… et sa famille. Elle espérait que personne n’aurait remarqué qu’elle avait fait le mur, car sinon, sa belle-mère ne la lâcherait pas.

La discussion continua, et elle l’interrogea sur les possibles inexactitudes du modèle actuel. Il sembla très intéressé par cette remarque, et répondit en abondant dans le sens de son hypothèse.
- Si, professeur, complètement fascinant ! Et j’aime beaucoup l’idée qu’énormément de découvertes se font par accident.

Le professeur O’Neill, indiqua alors l’observatoire, et proposa d’organiser pour elle une visite guidée. Elle adorait l’histoire et l’exploration de vieilles bâtisses !
- Vraiment ? Ce serait génial, professeur ! J’adorerais ça !
La jeune fille réfléchit un instant.
- Vous croyez qu’il serait possible que j’invite Opal Bellingham à se joindre à moi, professeur ? Je suis certaine qu’elle serait très intéressée !
Elle ne pouvait tout de même pas partir à la découverte d’un lieu aussi plein de mystères sans convier sa meilleure amie passionnée d’exploration !

Bon, d’après l’horloge, il était déjà minuit passé, et elle devrait rentrer tôt ou tard, même si elle n’en avait vraiment pas envie.
- Je vais rentrer, professeur, il se fait tard.
Sitôt la phrase prononcée, elle espéra qu’il n’allait pas subitement prendre conscience du fait qu’elle soit seule en ville au beau milieu de la nuit. Si sa famille n’avait rien remarqué, elle voulait rentrer en douce.
- Je voulais vous remercier. Vraiment. Cette visite… ça m’a fait ma semaine ! C’était vraiment hyper intéressant, j’ai appris plein de trucs !

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Le professeur d'astronomie sourit, comme à chaque fois qu'il se trouvait face à un étudiant passionné. Après une année d'enseignement, il en était toujours agréablement surpris, même s'il venait de passer un moment avec la concernée dans un observatoire.
Passionné comme lui l'était, il se jugeait toujours très durement lorsqu'il ne parvenait pas à faire passer son émerveillement pour l'univers.

-Mais bien sûr ! S'exclama Aidan lorsqu'elle lui demanda si elle pourrait emmener Opal avec elle lors d'une visite. Plus on est de fous, plus on rit !

Et puis, ce lieu avait quelque chose de magique dans son élégance. Pas la magie au sens sorcier. C'était quelque chose d'autre.
L'univers, dans ses secrets, dans ses mystères, dans ses anomalies, donnait la chance à tous de la ressentir, moldu ou non. Mais peut-être devenait-il trop émotif sur la question.
Il serait probablement très intéressant d'en discuter avec le professeur Van aken.

Cassiopeia regarda l'heure et réalisa qu'elle devait rentrer. Aidan prit soudain conscience de la solitude de la jeune femme en plein milieu de la nuit.

-J'espère ne pas vous avoir causé de soucis en vous entraînant voir Rami... Déclara-t-il précipitamment.

Quel idiot il avait fait de ne pas la questionner plus que ça ! Mais c'était plus fort que lui lorsque le ciel entrait dans l'équation... plus rien d'autre n'avait d'importance.
Habitait-elle loin ? Devait-il la raccompagner ? Il allait lui proposer un transplanage d'escorte lorsqu'elle le remercia sincèrement de cette visite.
De toute évidence, ça lui avait plu. Tant mieux.

-C'était avec plaisir, affirma-t-il en ayant retrouvé son sourire. Nous nous reverrons en cours, alors ? En attendant, prenez bien soin de vous.

C'était le genre de phrase discrète qu'Aidan prononçait avec sincérité. Il laissait ainsi toujours à son interlocuteur la possibilité d'une oreille attentive s'il le désirait sans pour autant le dire clairement.
"Prenez soin de vous", c'était revenir à dire, du moins à ses yeux, "je vous veux suffisamment de bien pour vous aidez au besoin".
Il la regarda s'éloigner, chassant sa culpabilité de la voir partir seule en repensant à la curiosité de son étudiante et le plaisir qu'ils avaient partagé en regardant les étoiles.

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