Le temps passe a une allure folle. J'ai à peine eu le temps de cligner des yeux que nous sommes déjà à la fin de l'année et mon départ de Poudlard se rapproche de jour en jour. L'idée ne me plait guère, même si elle est inévitable. J'ai déjà envisagé l'idée de redoubler, mais je sais que cette décision serait prise pour de mauvaises raisons et je m'en voudrais après coup. Et là où je supporterais l'idée de vivre avec cette erreur jusqu'à la fin de mes jours, je ne supporterais pas l'idée de finir par en vouloir à Ollie. Après tout, même si je redoublais, qu'est-ce qui nous assurerait qu'on serait toujours ensemble dans un an ? Et même si tout se passait bien, nous serions confronté à la même situation à la même époque l'année prochaine et là, plus question de redoubler une nouvelle fois. Et comment expliquer ce redoublement ? Si encore j'avais redoublé ma 3ème année, on aurait pu conclure facilement que me faire sauter une classe était une monumentale erreur et que je n'étais visiblement pas suffisamment avancée, ni si brillante pour continuer ma scolarité avec une année d'avance. Je serais retournée normalement avec les gens de mon âge et le problème aurait été réglé, au moins pour un an. Mais là, après toutes ces années et un parcours irréprochable, comment puis-je expliquer cet échec ? La pression ? Le manque de temps ? La mauvaise gestion de mon poste de préfète ? La dépression ? Je doute qu'on puisse me diagnostiquer une dépression en toute honnêteté. J'ai beau être sous pression, surtout ces derniers temps, je ne me sens pas déprimée pour autant. Je sais que ce n'est qu'un mauvais moment à passer et qu'il faut tenir bon encore quelques semaines avant d'être libéré de tout ça. Je sais qu'au fond, je pourrais avancer de nombreuses raisons, toutes plus crédibles les unes que les autres, pour expliquer cette situation, mais ai-je vraiment envie de mentir ? Et dire que j'ai raté mes ASPICs pour un garçon, je doute que ça passe ou qu'on me comprenne.

Aujourd'hui, je me retrouve face à un choix à faire. Redoubler et vivre avec ça sur la conscience ou réussir mes ASPICs et espérer que mon couple supportera ces deux années loin l'un de l'autre. Au fond de moi, je connais déjà le choix que je vais faire, mais c'est loin d'être de gaité de coeur. Ollie va me manquer et j'espère sincèrement que nous pourrons continuer à nous voir à chaque fois que nos agendas le pourront. Mais avant de s'inquiéter pour ce qui se passera dans les prochains mois, occupons nous d'abord de ce qu'il se passe actuellement. Ce soir, nous avons rendez-vous Ollie et moi. Et là où cela doit paraître normal pour le commun des mortels, moi ça m'angoisse. Non pas que passer du temps seul à seul avec Ollie soit angoissant mais c'est la préparation qui m'inquiète. Que dois-je mettre ? Il a parlé de rancard, j'imagine donc que c'est une sortie officielle, il faut que je mette une jolie robe. Mais jolie à quel point ? Au point de donner l'impression d'aller à une soirée mondaine ou à un bal ou alors à une soirée un peu plus décontractée ? Et je me maquille comment ? Chargé ? Pas trop chargé ? Trop de questions et si peu de réponses. C'est dans ces moments là que ma soeur ou Tracy me manquent. Mais elles sont trop loin pour pouvoir m'aider et il est grand temps que je me débrouille toute seule. A la rentrée prochaine, j'aurai certainement l'occasion de renouer avec mon frère et ma soeur, à qui je n'ai pas parlé depuis cet été. J'ai demandé un seul conseil à ma soeur cette année et je sais qu'elle aimerait avoir plus de mes nouvelles, mais je ne peux pas. Je veux que la prochaine fois qu'on se parle, ça soit face à face. Je veux qu'elle me raconte tout, qu'elle m'explique, qu'elle se confie enfin et surtout, qu'elle arrête de me mentir. Alors en attendant, silence radio.

Jupe rouge, haut noir en dentelle, un peu transparent. Je ne suis pas sûre à 100% de cette tenue mais j'aime à croire que ça va ensemble. Coiffure très simple et la seule touche de couleur de mon maquillage discret c'est le rouge foncé que je porte à mes lèvres. Je ne veux pas faire de faux pas pour ce premier vrai rancard même si je sais qu'Ollie ne m'en voudra pas quoi qu'il arrive. Quand l'heure du rendez-vous approche, je quitte ma salle commune pour rejoindre le balcon du monde. Je ne me sens pas très à l'aise d'être autant apprêtée pour sortir mais qu'importe, je veux qu'il me trouve belle. Je sais qu'il me trouve déjà belle, mais je ne veux pas que son regard change sur moi et qu'il se lasse, surtout si de mon côté je ne fais aucun effort pour lui faire plaisir. Ignorant s'il était déjà arrivé ou non, je décide de rentrer dans la salle, afin de voir si elle était occupée ou non. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir le décor qu'Ollie avait prévu pour notre rendez-vous. La surprise se lisait sur mon visage. J'ouvre la bouche, puis la referme, sans rien dire. Trop d'informations d'un coup, je ne sais pas du tout par quoi commencer. Déjà, pourquoi il m'appelle "belle inconnue" alors qu'il me connait déjà ? Ensuite pourquoi ce lieu ? “Ollie ... qu'est-ce qu'on fait ici ?” Lui demandais-je sans détour. Il était très élégant, alors j'avais bien compris l'idée principale de ce rendez-vous, mais pourquoi choisir ce lieu ? N'étant pas une grande spécialiste des rancard, j'ignore totalement qu'il est coutume de se rencontrer dans des bars. Cette information m'échappant, j'avoue être un peu perdue actuellement.

Tenue d'Hadley:

Je vois bien que ce n'est pas la réaction qu'il attendait de moi et je m'en veux un peu de ne pas comprendre le message qui se cache derrière ce lieu assez atypique à mes yeux. Mais comment cacher le fait que je ne comprends pas ce choix ? Un décor similaire au salon de thé où l'on va tout le temps, là j'aurai pu comprendre l'idée, mais un bar ? Je ne bois pas d'alcool, il le sait. J'ai bu une bière, une fois et depuis ça ne s'est pas reproduit. Le goût était étrange, au début je n'ai pas aimé, mais à la fin de la bouteille, ça allait un peu mieux. Mais pas au point d'avoir envie d'en boire une seconde. Surtout que je me suis sentie assez drôle, mes pensées partaient dans tous les sens sans que j'arrive à les ordonner, mes gestes étaient devenus approximatifs et maladroits. Je me sentais plutôt bien à côté de ça, mais je ne suis pas sûre d'apprécier l'idée de ne plus être maître de mon corps. Après je ne regrette pas l'expérience, mais pour le moment je ne suis pas partante pour recommencer. Je tourne mon regard une nouvelle fois sur la salle et j'observe chaque détail. Je ne peux nier que l'endroit paraît assez chaleureux et qu'il me rappelle certains bars de chez moi. Non pas que ma famille et moi nous sommes rendus souvent dans ce genre de lieux, mais en marchant dans la rue, on peut voir parfois à l'intérieur et ça ressemblait beaucoup à ça. Ollie s'approche de moi et me prend dans ses bras. Rien que ça, ça vaut tout l'or du monde. Il m'explique qu'il voulait qu'on soit complètement seul et je comprends parfaitement l'idée et partage cette envie, bien évidemment. Il pensait qu'on pourrait discuter en paix ici et partager une partie de billard. Je hoche la tête, machinalement. L'idée me plait, même si je n'y ai jamais joué. Je suis toujours prête à apprendre quelque chose et il le sait. Il finit par dire que c'est un bar classe et vintage, inspiré des plus grands bars irlandais. J'avais donc raison d'avoir un peu l'impression d'être chez moi, avec la décoration. J'esquisse un sourire avant qu'il dépose ses lèvres sur les miennes.

Maintenant le lieu prend tout son sens. Il voulait faire un clin d'oeil à mes origines irlandaise, ce qui est vraiment adorable et être dans un lieu où on pourrait passer un peu de temps ensemble, tranquille, sans personne pour nous déranger, qui nous dépayse de Poudlard et qui nous offre une possibilité de nous amuser via le billard. Je le regarde s'éloigner de moi pour rejoindre le bar et je finis par l'y rejoindre là bas. Il y a toutes les boissons que je pourrais désirer et il me demande ce qui me ferait envie. Sans même prendre le temps de réfléchir, je réplique “Un thé glacé !” qui est ma boissons préférée au monde. J'espère qu'il en aura, sinon je prendrais évidemment autre chose, mais c'est ce que je veux boire pour le moment. Il me propose de changer de lieu si je le veux, il ne souhaite que me faire plaisir et je chasse cette idée immédiatement. “Non non ! C'est très bien. Ce bar est très joli, je n'ai absolument rien contre ton idée. J'étais juste surprise d'être ici, mais je l'aime beaucoup !” Je ne veux pas qu'il se fasse de fausses idées. J'irais n'importe où pour lui, même dans les endroits les plus effrayants du monde, si ça peut lui faire plaisir. J'ai été surprise d'atterrir ici, mais l'idée ne me déplait pas et le lieu est très beau. Et puis au fond, à bien y repenser, il nous incarne un peu tous les deux. Le côté moldu vintage pour Ollie et le côté irlandais pour moi. Comment ne pas l'aimer dans ces conditions. “Par contre il va falloir que tu m'apprennes à jouer au billard !” Lui dis-je dans un sourire.

Tenue d'Hadley:

Je chasse le malentendu qui était en train de s'immiscer entre nous. Non, le lieu ne me dérange absolument pas, passé la surprise, il me convient parfaitement. Je trouve qu'il a beaucoup de charme et j'ai un peu l'impression d'être de retour chez moi d'une certaine façon. Et puis ici ou ailleurs, quelle importance ? Je ne suis pas ici pour le lieu mais pour passer du temps avec lui. S'il avait voulu qu'on crapahute dans les montagnes, qu'on se baigne dans l'océan ou qu'on construise une cabane dans les bois, je l'aurai fait sans sourciller. Bon, clairement je n'aurai pas été habillé pour ça, mais j'aurai malgré tout joué le jeu si cela avait pu lui faire plaisir. Dans quelques semaines, on va devoir faire une croix sur nos habitudes et en construire de nouvelles, je veux pouvoir profiter au maximum de lui avant que ça ne se produise. Je sais qu'on sera capable de surmonter cette distance. On fera tout notre possible pour se voir un maximum et on s'écrira souvent. Ca ne sera jamais pareil que de se voir tous les jours, mais avec nos emplois du temps, parfois on ne faisait que se croiser, plus qu'autre chose. C'est difficile, mais il faut accepter cette situation et vivre avec. J'ai envie de croire que c'est peut-être la fin d'une aventure mais certainement pas la fin de notre histoire. Je tourne la page de ma vie à Poudlard, mais ça ne signifie pas pour autant que je fais une croix sur ceux que je laisse derrière moi. On va juste devoir mettre en place de nouvelles habitudes, rien de plus.

J'attrape le verre de thé glacé qu'il me tend, dans un sourire et, en buvant une gorgée, je m'approche avec lui du billard. J'ai toute confiance en lui pour apprendre ce jeu. J'ai une vague idée de la façon dont on joue à ce jeu, cela va s'en dire mais je ne suis pas contre un petit récapitulatif de la part de mon petit ami. Chacun à un type de boules, on doit se servir de la blanche pour faire rentrer nos boules et surtout éviter la noire qui doit être rentré à la fin. Sur le papier, ça n'a pas l'air si compliqué que ça. “D'accord j'ai compris !” Dis-je en esquissant un sourire. Ollie a rentré une boule rayée, ce qui signifie que je joue avec les boules pleines. Il me propose d'essayer et je hoche la tête. Je m'approche de lui et avec son aide, j'attrape la canne. “Il faut que je la tienne comme ça ?” Lui demandais-je en glissant mon regard interrogateur vers lui. Il replace la canne correctement et me positionne au mieux pour jouer. Ce n'est pas évident mais je pense avoir compris l'idée. J'essaye de placer mes jambes au mieux pour ne pas gêner le mouvement et je tente de taper dans la boule blanche. Premier essai, premier échec. Je dérape et la queue frappe à côté. Je ris de bon coeur, pas vraiment gênée par cette erreur. J'apprends, à mes yeux c'est normal de faire des erreurs, personne n'est parfait. Deuxième essai et cette fois-ci, la queue de billard frappe bien la boule blanche qui s'en va vers les autres boules. Plusieurs boules s'écartent dont la noire qui file droit dans un des trous du billard. “La partie est terminée ou on la remet en jeu ?” Lui demandais-je, incertaine de ce que ça signifiait. Est-ce qu'il avait gagné la partie ou est-ce que c'était un coup pour rien ?

Tenue d'Hadley:

Je suis vraiment contente d'être ici ce soir et rien ne pourrait entacher ma bonne humeur. Pouvoir passer une soirée en tête à tête avec mon amoureux est si rare que je veux en profiter au maximum. Et même si le décor m'a surprise au premier abord, je trouve finalement que c'est une excellente idée. Le cadre est vraiment chouette et je vais apprendre à jouer à un nouveau jeu, ce qui me met vraiment en joie. Ollie sait comme j'aime apprendre de nouvelles choses et c'est encore plus plaisant que ce soit lui mon professeur. Il m'aide à me placer pour que j'arrive à taper dans la boule blanche mais ma première tentative est un échec cuisant. Malgré tout, je ne le prends pas mal, bien au contraire, j'en ris de bon coeur. Après avoir offert un beau sourire à Ollie, je retente ma chance et réussit cette fois-ci à taper dans la boule blanche. Mon regard suit la boule et voit le chemin qu'elle trace. Au début, c'était plutôt encourageant, elle bousculait sur son passage des boules à moi et les rapprochaient de certains trous, malheureusement, sa trajectoire la conduisit vers la boule noire qui tomba dans un trou. Dommage ! Ollie rit de bon coeur et mon rire l'accompagne. Ce n'est vraiment pas de bol mais j'imagine que ça arrive, je ne dois pas être la première qui échoue si lamentablement dès le premier tour, si ?

Ce qui me touche le plus dans cette histoire, ce n'est pas tant d'avoir fait rentrer la boule noire, mais plutôt les propos d'Ollie. Je vais lui manquer. Il prononce à voix haute ce que je pense tout bas. Et c'est si étrange de l'entendre me le dire. Pourtant je n'ai aucun mal à imaginer que je vais autant lui manquer qu'il va me manquer, mais entre le savoir et l'entendre, il y a une différence notable qui me perturbe plus que je ne l'aurai voulu. Je sens mon coeur se serrer. Moi aussi il va me manquer, bien plus que je ne suis prête à me l'avouer. Je ne veux pas partir. Je ne veux pas le laisser derrière moi. Je ne veux pas passer à autre chose. Pourtant c'est ce qui arrivera, qu'on le veuille ou non. “Tu vas me manquer aussi ....” Lui dis-je en essayant de ne pas être émotive, de rester sur le ton de la plaisanterie. Mais ma voix se brise légèrement et clairement on peut constater sans mal que c'est presque avec douleur que je l'avoue. C'est un sujet qu'on a évité d'aborder jusqu'à présent, pourtant il était évident qu'il arriverait un moment où on allait forcément en parler. J'imagine que c'est ici et maintenant. Il se rapproche de moi et me propose de continuer malgré cette erreur si je le veux. Je hoche la tête et réponds d'une petite voix, encore émotive à cause de nos aveux “Oui je veux bien.” Lui dis-je en tentant d'esquisser un sourire. Le coeur n'y ait pas vraiment. Je suis contente d'être ici, de passer du temps avec lui et même si je suis nulle au billard, je trouve ce jeu amusant. Mais cette discussion nous ramène à cette réalité cruelle. Je ne veux pas partir et le laisser derrière moi. Il se penche vers moi, paume contre ma joue et nous nous embrassons. Je profite de ce baiser comme si c'était le dernier. Ce n'est évidemment pas le cas, mais je veux en profiter comme si jamais il n'y en aurait d'autres, juste au cas où. “Toi ? ... Je ne veux personne d'autre que toi.” Je ne veux pas trouver de remplaçant, j'ai déjà mon coach perso et c'est tout ce qui compte à mes yeux. Je veux pouvoir attendre impatiemment nos retrouvailles pour apprendre de nouvelles choses et passer du temps avec elle. Je veux me dire qu'on sera capable d'attendre et de supporter ces deux longues années avant de pouvoir nous retrouver et passer de nouveau tout notre temps ensemble. Je le veux lui et personne d'autre... Comme promis, on remet la boule blanche en jeu et on replace la noire. Je tente de nouveau ma chance, espérant que cette fois-ci, ce sera la bonne mais est-ce parce que je suis vraiment nulle à ce jeu, mal chanceuse ou alors que je suis trop troublée pour me concentrer mais cette fois-ci encore, la boule noire finit dans l'un des trous, comme si elle était attirée constamment par lui. “Je suis vraiment nulle !” Dis-je d'une petite voix.

Tenue d'Hadley:

Je ne voulais pas me montrer émotive. Je voulais que l'on passe un bon moment ensemble, celui dont on se souviendrait longtemps. Mais c'est de sa faute aussi ! Quelle idée de me dire que je vais lui manquer. Ne voulant pas lui causer la moindre peine, j'ai préféré ne pas aborder le sujet "d'après Poudlard" avec lui. Je suis bien consciente que c'est un peu bête, puisqu'il arrivera bien un moment où on y sera confronté, mais j'ai préféré attendre au maximum, histoire de ne pas casser l'ambiance. Mais maintenant qu'il m'avoue que je vais lui manquer, je craque et me mets à être émotive. A moi aussi il va me manquer, bien plus qu'il pourrait l'imaginer. Certes, c'est lui qui reste et c'est moi qui m'en vais, mais étant donné que j'ignore comment va se passer la suite pour moi, je ne peux m'empêcher d'avoir un peu peur. J'ai hâte d'apprendre de nouvelles choses et de découvrir mon nouvel environnement cela va s'en dire, mais j'appréhende un peu. Vais-je me faire de nouveaux amis facilement ? Vais-je m'habituer à l'université ? Est-ce que la filière que j'ai choisi va me plaire ? Et comment va se passer ma relation avec ma famille ? Ma soeur ne vivant plus avec son copain, souhaite qu'on habite ensemble, afin de se retrouver. J'ai longuement hésité avant de lui dire oui, ne sachant pas si c'était une si bonne idée que ça. Mais je ne peux nier qu'elle me manque aussi et que j'aimerai retrouver la complicité qu'on avait avant. J'ai beau leur en vouloir, ma famille me manque, c'est une évidence et je me dis que c'est peut-être l'occasion de repartir de zéro.

Toujours très premier degré comme toujours, quand il me demande qui va m'apprendre des trucs bêtes quand il ne sera plus là tous les jours, je lui réponds que je ne veux personne d'autre que lui. Je ne compte pas lui chercher de remplaçant, que ce soit en ami ou petit ami, je n'ai pas besoin de quelqu'un pour le remplacer. Même si nos têtes à têtes se feront plus rares, je profiterai de chacun d'eux et ça m'ira très bien. Evidemment, je ne comprends pas que sa question n'en était pas vraiment une, mais je constate que ma réponse a l'air de lui plaire au vu du sourire qui s'affiche sur son visage. Par contre, évidemment, je ne comprends pas ce qu'il est en train de me dire. “Facetime par hibou ? Qu'est-ce que ça veut dire ?” Lui demandais-je un peu perdue. Est-ce encore un truc moldu ? Je ne savais pas qu'ils utilisaient aussi des hiboux, j'en apprends vraiment tous les jours avec lui. En tout cas ce qui est sûr c'est que je suis vraiment nulle au billard. En soit ce n'est pas un drame, cela ne me dérange pas outre mesure. J'ignore quand je rejouerais à ce jeu et même si je venais à devoir y jouer souvent, j'imagine que je ne pourrais que m'améliorer. Avec un peu de pratique, je prendrai certainement le coup de main. Mais avec tout ce qu'on s'était dit, j'avoue que j'ai un peu le vague à l'âme et c'est plus émotionnée que je ne le voudrais que je lui dis que je suis nulle. Lui ça le fait marrer. Je pourrais le prendre mal mais je n'y arrive pas. Je suis nulle, c'est un fait, il n'y a pas de quoi le prendre mal. Je connais trop bien Ollie pour savoir qu'il n'y a aucune méchanceté à son attitude. Et puis j'imagine que c'est un peu drôle de voir le sort s'acharner autant au final. “Le Guinness des records ? Qu'est-ce que c'est ? Quelque chose en rapport avec le Billard ? Lui demandais-je, curieuse. Je comprends bien que ça a un rapport avec les records, vu que c'est dans le nom, mais quel genre de records ?

Gentiment, il me demande de venir vers lui pour m'aider à refaire une nouvelle tentative. En soit, je m'en moque d'être nulle, ce n'est pas bien grave, mais je ne refuse malgré tout pas de me rapprocher de lui. Le sentir derrière moi, pouvoir sentir son souffle presque dans mon cou, sa chaleur m'irradier, ça fait un bien fou. Tout ça va me manquer. J'ai beau ne pas être une personne très tactile, quand c'est lui, c'est différent. Je le laisse me guider pour prendre la meilleure position possible. Nous visons et nous tirons ensemble. Je regarde la boule blanche partir en direction des autres boules et en projeter plusieurs sur son passage. Malgré son aide, aucune des miennes ne tombe. Ne cherchons pas à modifier le destin, je ne suis pas vouée à gagner quoi que ce soit aujourd'hui. Tant pis ! “Je crois qu'il faut se rendre à l'évidence ... Mais ce n'est pas grave, c'est très amusant quand même !” Lui dis-je en me retournant vers lui, sourire sincère aux lèvres. On ne peut pas être bon de partout et je ne suis pas très connue pour être très manuelle. C'est comme ça, ne le prenons pas mal !

Tenue d'Hadley:

Il y a tellement de mots inconnus dans son explication que je suis toujours aussi perdue, voire plus encore. Qu'est-ce qu'une vidéo ? ou un téléphone portable ? Et les télétubbies ? De quoi il me parle ? Mon visage se fige dans une expression perdue. Clairement je ne cache pas le fait que plus il avance dans son explication et moins je comprends de quoi il parle. Il me parlerait chinois que ça reviendrait au même, mais au moins j'aurai une raison de ne pas comprendre. C'est assez étrange de se retrouver à être celle qui ne comprend pas. D'ordinaire, c'est plutôt l'inverse. “C'est quoi une application ? J'ai pas compris la moitié des mots que tu m'as dit.” Lui dis-je en esquissant un sourire, pas vexée pour une noise. Ce n'est pas la première fois que je n'arrive pas à le comprendre, c'est même assez récurrent. Nous ne venons pas du même monde et clairement nous n'avons pas connu les mêmes choses. Là où la magie a toujours été présente dans mon quotidien, lui a vécu dans le monde moldu avec leurs technologies. C'est donc normal que quand il me parle de quelque chose de moldu, j'ai bien du mal à le suivre. Je les trouve très inventifs mais également assez bizarre. Ils compensent leur incapacité à utiliser la magie par d'autres moyens, mais ces derniers sont parfois incompréhensif.

La soirée continue et je suis toujours autant perdue. D'abord cette histoire d'hibou, ensuite mon incapacité à faire un tir correct au billard et maintenant cette histoire de record. Il m'explique que le Guinness des records est un livre qui recense des records divers et variés, précisant que ça peut-être parfois des trucs stupides. Dois-je comprendre que je suis stupide ? Pourquoi aurait-il eu besoin de le préciser sinon ? Autant je suis prête à ne pas prendre mal quand il rit parce que je suis nulle, autant je vais moins bien le prendre s'il commence à me voir comme quelqu'un de stupide. “Des trucs stupides ? C'est pour moi que tu dis ça ?" Je suis quelqu'un de gentil, qui prend rarement mal les choses mais j'ai quand même mes limites. J'aime à croire que c'était une maladresse de la part d'Ollie et qu'il n'a pas voulu dire ça mais j'attends qu'il m'explique. S'il me répond oui, même si c'est en plaisantant, je vais très mal le prendre. S'il me répond non, ça ira. Je ne suis pas ici pour me prendre la tête avec lui, mais je ne suis pas ici pour me faire humilier non plus. Mais je connais assez bien Ollie pour savoir que ce n'est pas son genre. C'est certainement pour cela que je reste calme et que quand il me propose qu'on tire ensemble, j'accepte avec plaisir. Le sentir dans mon dos me tire un sourire ravi. Il faut profiter de ces petits instants, ils seront beaucoup plus rares à l'avenir. J'espère qu'on pourra profiter des vacances pour se voir au maximum car après ça deviendra plus compliqué. Pas impossible, cela va s'en dire, mais moins souvent.

Malheureusement, même avec son aide, je n'arrive pas à rentrée une de mes boules. Il faut croire que je ne suis pas destinée à savoir jouer à ce jeu ou alors c'est juste aujourd'hui et la prochaine fois, ça ira mieux. Dans un cas comme dans l'autre, ce n'est pas bien grave. Je ne me formalise pas plus et j'accepte avec plaisir de passer à autre chose. Quelque chose où je suis bonne ? Pourquoi veut-il absolument que je l'écrase à un jeu ? Je ne dis pas que je suis contre de jouer à autre chose, juste que gagner ou perdre n'a pas d'importance. J'esquisse un sourire et je le laisse prendre son verre. J'ai une autre idée en tête, quelque chose qui ne demande aucun vrai talent et qui nous fera gagner tous les deux. Quand il a fini de boire, je lui offre un nouveau sourire “Et si on faisait quelques pas de danse ?” Lui demandais-je avant de me glisser dans ses bras. Enlacés ainsi, je me sens bien, vivante, à ma place. Il n'y a plus de billard ou de départ imminent, il n'y a que lui et moi et c'est tout ce qui compte.

Tenue d'Hadley:

C'est assez habituel de ne pas comprendre ce que me raconte Ollie. On pourrait se demander ce qu'on fait ensemble, nous qui sommes si différents, mais j'aime à croire que c'est notre différence qui fait qu'on est heureux ensemble. Chacun apprend de l'autre et chacun aime partager son petit univers avec l'autre. Ce n'est pas toujours facile, mais je trouve qu'on est sur un bel équilibre tous les deux. Mais c'est loin d'être toujours évident, on ne va pas se le cacher. En cet instant, je suis totalement perdue. Je ne comprends absolument pas de quoi me parle Ollie. En soit ce n'est pas un drame, c'est juste dommage de ne pas pouvoir partager son délire. J'imagine qu'avec le temps, je finirais par avoir une meilleure connaissance du monde Moldu et par la même occasion, je comprendrais les références qu'utilise Ollie, mais pour le moment, c'est le flou total. Pas vexé pour une noise lui non plus, il me dit de laisser tomber avec un sourire, avant de déposer ses lèvres sur mon front. Nos conversations finissent souvent comme ça, moi je reste perdue et lui n'insiste pas, comprenant bien que je n'ai pas les références nécessaires pour le suivre dans ses délires. Mais j'aime à croire que la prochaine fois qu'on se verra en dehors de Poudlard, il m'apprendra deux ou trois trucs moldus, pour parfaire mon éducation et j'ai vraiment hâte. J'aime apprendre et c'est encore plus plaisant quand ça vient de lui. J'aime qu'il me partage son monde, ses habitudes, les choses qu'il aime. J'aime avoir ma place dans sa vie, tout comme il a sa place dans la mienne. “Tu es le seul capable de te perdre toi-même dans tes délires !” Répliquais-je amusée, sans aucune méchanceté derrière mes propos. Je ne fais que constater qu'il arrive lui-même à se perdre dans ses plaisanteries, ce que je trouve amusant. J'esquisse un sourire amusé et ne rajoute rien d'autre. Pour le moment, cette histoire restera obscure mais j'aime à croire qu'un jour, je comprendrais enfin le fin mot de cette histoire.

La soirée continue tranquillement et j'avoue que je ne me sens pas plus avancée que ça dans la conversation. Est-ce qu'il est en train de me dire que je suis stupide ? Je suis certes mauvaise au billard et je joue de beaucoup de mal-chance, mais de là à prétendre que je suis stupide, c'est un petit peu fort. Fort heureusement, non, ce n'était pas ce qu'il essayait de me dire. Il m'expliquait juste que certains défis, dans cet ouvrage, étaient stupides. Il alla même jusqu'à me donner un exemple et j'avoue que l'intérêt du défi m'échappa totalement. “Les gens font vraiment ça ? Mais pourquoi ? Comment ça peut leur être venu à l'esprit ?" Lui demandais-je, surprise. Ne connaissant pas ce livre, je suis vraiment loin de prendre pleinement conscience de la bêtise humaine. Parce que très concrètement, c'est de ça qu'il s'agit, d'envies stupides de se faire remarquer par tous les moyens. Ils ne gagnent rien en dehors d'un prix et qu'on parle d'eux mais pour certains, ça vaut tout l'or du monde. Pour ma part, ça ne m'intéresse pas. Si on doit parler de moi ce sera parce que j'aurai permis une avancée majeur dans la recherche sur le cerveau. Et là, je serais fière qu'on parle de moi, sinon j'avoue que je peux largement me passer de toute cette publicité inutile.

La suite de la soirée se déroule beaucoup mieux. Plus de billard, plus de boule noire récalcitrante ou de conversation incompréhensive sur des sujets plus obscures les un que les autres. Je me blottis dans ses bras pour quelques pas de danse. Rien de sensationnel ou d'extraordinaire, juste un petit moment en tête à tête où je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien et où je me sens bien. Quelques pas innocents, hors du temps, rien que lui et moi, un moment parfait, tellement parfait qu'il me déclare son amour. Mon coeur rate un battement et je ne peux m'empêcher de sourire bêtement, heureuse comme jamais. “Je t'aime aussi.” Lui dis-je en relevant mon visage de sa poitrine pour plonger mon regard dans le sien. Je n'ai aucun doute sur la question. Je l'aime et ce depuis un moment déjà. Je me sens bien avec lui et j'espère sincèrement que ça continuera longtemps. J'ignore ce que nous réserve l'avenir, peut-être que je ne passerai pas ma vie à ses côtés, mais je sais une chose, c'est que je suis heureuse qu'il soit mon premier copain et mon premier amour. Je ne pouvais pas mieux rêvée et je chérirai ça jusqu'à la fin de ma vie.

Tenue d'Hadley:

J'ai toujours eu du mal à comprendre les gens. Du plus loin que remonte ma mémoire, bien souvent, leurs actes ou leurs propos m'ont toujours échappé. Je me suis toujours dit que c'était de ma faute, que je ne pensais peut-être pas de la même façon qu'eux et que par conséquent, il me manquait certainement des informations essentielles pour arriver à les comprendre. Je ne suis jamais partie du principe que peut-être, c'était eux les gens bizarres et non moi et qu'il leur manquait une bonne dose de jugeote. Peut-être qu'au fond, le problème ne vient pas toujours de moi et que si je ne les comprends pas c'est parce que la bêtise humaine m'échappe totalement. Non pas que je me crois supérieure aux autres mais jamais cela ne me viendrais à l'esprit de casser quoi que ce soit avec ma tête ou de me faire le plus de piercings possible sur le corps ou autre idée saugrenue dans le genre. Alors ça ne change pas le fait que ma façon de penser est différente de celle des autres mais je pense que dans certains cas, c'est certainement mieux pour moi. Après, c'est cette différence qui m'a poussé à vouloir en savoir plus sur le fonctionnement du cerveau afin de mieux comprendre mes pairs. “Je n'ai jamais pensé que tu avais un cerveau bizarre. Je pense juste qu'on a eu une éducation différente, dans deux mondes différents et que c'est pour ça qu'on a parfois du mal à se comprendre.” Lui dis-je simplement, de façon toujours aussi sérieuse, comme à mon habitude. Je ne comprends pas l'humour ou le second degré, je suis toujours très premier degré. Mais Ollie en a l'habitude à force, plus rien ne doit l'étonner avec moi.

Je suis bien dans ses bras. Pendant ces quelques minutes que nous partageons, enlacés dans les bras de l'autre, j'ai la sensation que le monde s'est arrêté de tourner. C'est incroyable comme un rien peut nous rendre bien, apaisé, heureux et surtout presque invulnérable. Aux côtés d'Ollie, j'ai la sensation d'être en sécurité, que rien ne peut m'arriver. Evidemment, je sais que c'est faux et l'histoire a déjà prouvé que malgré toute sa bonne volonté et son envie de me protéger, si le destin en a décidé autrement, on ne pourra rien faire contre lui. Mais qu'importe le passé ou le destin, je me sens en sécurité dans ses bras. Plus rien n'existe, ni le monde extérieur, ni mon départ prochain, ni notre future séparation. Il n'y a que nous et l'instant présent. Et c'est dans ces moments là que je me rends compte qu'on ne profite pas assez de l'instant présent. On est soit trop focalisé sur l'avenir ou coincé dans le passé, oubliant totalement le moment présent et les merveilles qu'il peut offrir. C'est triste, mais j'imagine que c'est humain. Mais ce soir, en cet instant T, je profite de chaque seconde dans ses bras. J'enregistre la moindre information pour plus tard. J'enregistre son parfum, la chaleur de sa peau contre la mienne, le rythme des battements de son coeur, le mouvement de son corps sur la musique, sa respiration, son regard plongé dans le mien, son sourire qui fait écho au mien, bref, rien ne m'échappe. Et quand il se remet à parler, j'avoue qu'il me faut quelques instants avant de me raccrocher à la réalité. “C'est parce que l'instant se suffit à lui-même et qu'il n'y a rien à rajouter de plus ?" Lui dis-je en guise d'hypothèse. Peut-être qu'il n'a rien à dire parce qu'au fond, il n'y a rien à rajouter et que parler d'autre chose briserait la magie de ce moment merveilleux. Et même la pire des pipelettes n'a peut-être pas envie que ce moment s'arrête. “Tu as prévu des choses pour les vacances ?" Finis-je par demander, curieuse.

Tenue d'Hadley: