Midnight secrets

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Maxton se glissa hors de son dortoir, prenant garde de ne pas se faire repérer par un professeur. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas rejoint Erin lors d’un rendez-vous nocturne. Depuis que Bluebell et elle étaient fâchées, c’était la seule solution qu’il avait trouvée pour continuer à entretenir des liens avec elle. Lors de son arrivée à Poudlard, il s’était surpris apprécier la compagnie de la jeune fille et il n’avait pas réussi à lui opposer le même silence que sa jumelle. Résultat, il s’était retrouvé à mentir pour la première fois à sa sœur. Il faisait taire ses remords en se disant qu’une rencontre mensuelle pour papoter avec Erin n’était pas très grave. Après tout ils ne se disaient rien de particulièrement secret, ils se contentaient d’échanger des nouvelles et, souvent de parler de projets de puissance plus ou moins fous. L’un comme l’autre avaient la curiosité et les compétences nécessaires pour toucher à des formes de magie plus obscure. C’était donc un plaisir d’échanger sur leurs découvertes, voire de s’entraîner à essayer de sortilèges. Il ne boudait pas son bonheur d’avoir enfin une interlocutrice intelligente dans ce monde peuplé d’élèves stupides. Évidemment, Erin était moins prudente que lui, plus poussée par son impulsivité. Mais si Maxton savait sauver les apparences, c’était aussi une forme de bouffée d’oxygène de pouvoir parler sans aucun filtre ni retenue.

Une fois arrivée à proximité de la salle sur demande, il se représente mentalement la pièce qu’il choisissait habituellement pour la rencontrer. Quand il était le premier, le décor était souvent celui-ci, une sorte de bibliothèque immense, remplie de livres plus passionnants les uns que les autres, et de grands canapés en cuir. L’ensemble dégageait une forme d’élégance qu’il appréciait. Entrant dans la salle, il jeta un coup d’œil autour de lui pour vérifier que tout était parfait et, satisfait, il prit place sur l’un des fauteuils pour l’attendre. Avec la nonchalance qui le caractérisait, il s’étendit de tout son long, sur le confortable support, un léger sourire narquois sur les lèvres. Dire que ces dernières semaines avaient été riches en informations aurait été un euphémisme. Leur rencontre de ce soir promettait d’être encore plus riche qu’à l’accoutumée.

Il n’eut pas à attendre excessivement longtemps. Erin était ponctuelle, ou en tout cas suffisamment motivée par cette soirée qu’ils s’accordaient pour faire l’effort de l’être. La porte de la salle demande s’ouvrit et la Poufsouffle fit son apparition. Son sourire s’étira en la voyant. Comme à son habitude, beauté froide et prestance étaient ses maîtres mots. Il se redressa pour la saluer

- Erin. J’ai l’impression de ne pas t’avoir vue depuis des lustres.

La laissant rejoindre sa place attitrée, il l’observa silencieusement, avant de se décider à prendre la parole, troquant son éternelle moue moqueuse pour un visage plus sérieux.

- Il fallait que nous discutions toi et moi. Nous avons des informations à mettre en commun.

Même s’il n’avait pas clairement prononcé le nom des principaux protagonistes, lui comme elle savaient très bien que les événements des semaines précédentes concernaient Blubell et Finnbjörn. Ainsi que les personnes qui pouvaient graviter autour d’eux. Mon dieu, rien que d’y songer, il imaginait cet abruti de Maxwell avec Blue et … Il chassa aussi rapidement que possible cette pensée de son esprit. Il allait finir par en faire des sacrés cauchemars. En tout cas, il était curieux d’entendre la version de la jeune fille. Parce que s’il l’appréciait, il se méfiait d’elle quand il était question de son frère jumeau. La famille avant tout, tout comme il l’aurait fait pour Bluebell. De plus, il trouvait que Finnbjörn ne s’était pas comporté de manière fort correcte avec sa sœur, mais dans tous les cas, il aurait toujours pris son parti, donc il n’avait pas besoin de le verbaliser pour que son interlocutrice en soit consciente. Il était donc surtout curieux de savoir comment elle envisageait les choses. Et en fonction, il serait peut être temps de mettre en commun leurs deux esprits machiavéliques pour intervenir dans cette fort déplaisante partie d’échecs qui se déroulaient sans eux.

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Un piaillement réprobateur m’accompagne alors que je quitte mon lit. Bras tendus en direction du ciel, je m’étire longuement, mes prunelles opalines adressant une injure silencieuse à Kenaz. S’il n’était pas satisfait, il pouvait toujours sauter par la fenêtre et tenter de s’envoler. À presque deux mois, il commençait enfin à déployer son plumage, certes juvénile, mais qui m’ôtait cependant la responsabilité de ne pas le faire mourir de froid. S’il était toujours cloué au sol, j’avais bien noté ce que Vayne m’avait expliqué : un oiseau aussi imposant que celui-ci devait d’abord muscler ses ailes avant de pouvoir s’envoler, et j’observais depuis quelques jours des battements de plus en plus puissants de la part de cette version améliorée d’un pigeon. La fin de la semaine et le beau temps printanier seraient propices à une excursion dans le parc pour tenter de le faire gagner les airs, mais, pour l’instant, l’heure nocturne était toute entière dédiée à l’abandonner.

Je quitte mon dortoir sur un dernier cri agacé, traverse la salle commune sans concéder un seul regard au commun des mortels qui la peuple, et me glisse dans le couloir du premier étage. Un rapide coup d’oeil afin de vérifier que personne ne s’y trouve déjà et je m’enveloppe de ma cape d’invisibilité. Ce n’était pas tant que je craignais de rencontre un enseignant, quoique c’était bien pratique pour éviter une prudence qui demandait du temps et une patience que je ne possédais pas, mais j’aimais cette impression royale d’être invisible aux yeux du monde. Ce soir, je n’allais pas retrouver Junior, mais la perspective des heures à venir m’était néanmoins agréable. Pas autant que de me perdre entre les bras de mon meilleur ami et de tracer les rêveries de nos vacances d’été, loin s’en faut, mais tout de même : je me rendais à mon rendez-vous de bon coeur.

Parvenue devant la salle sur demande, seule avec les pierres du château, je replie le tissu translucide et le range dans le secret de ma poche, suffisamment grande pour l’accueillir. Certains avantages méritaient de rester secrets. Mes pensées focalisées sur ce que j’espère trouver dessinent une porte que je pousse du bout des doigts, pénétrant dans le décor habituel de nos tête-à-tête lorsque Maxton était celui qui arrivait en premier. Une pièce sobre et élégante, d’une noblesse parfaite… mais franchement ennuyeuse à mourir. La prochaine fois, je me le jurai, j’arriverai en première afin de modifier un petit peu ce confort ancien que mon ami affectionnait.

Étendu de tout son long, à sa place traditionnelle, il m’attendait, un sourire hautain et narquois ourlant ses lèvres, faisant naître le mien, à l’identique. Maître de ces lieux éphémères, il se redresse en me saluant, et j’abandonne un geste taquin dans ses cheveux que j’ébouriffe en guise de bonsoir. Comment vas-tu ? J’ai entendu dirrre que tu avais été malade. Je passe sous silence de quelles lèvres m’est venue l’information et m’étends négligemment sur le divan qui lui fait face et que j’ai l’habitude de m’approprier, un petit soupir satisfait ponctuant mon arrivée.

Son sérieux me fait théâtralement lever les yeux au ciel tandis que ses propos agitent mes traits d’une moue boudeuse, rapidement fendue par un sourire moqueur. Je commence à en avoirrr assez de devoirrr parrrler de ta soeurrr à tout va. Parce que je respectais un minimum Maxton, j’évitais en général d’insulter sa garce de jumelle devant lui. À voix haute, du moins, mais je n’en pensais pas moins et il le savait pertinnement. Nous étions amis et pourtant, nos jumeaux respectifs se livraient aujourd’hui une guerre sans merci. Depuis la soirée de mon oncle, je ruminais une indignation offensée à l’encontre de mon frère adoré. Je n’aimais guère que l’on se joue de moi et c’était la terrible impression que j’avais concernant toute cette histoire. Finnbjörn souhaitait conserver sa stratégie pour lui ? Qu’il fasse. Je pouvais me créer la mienne. Au vu de l’air grave de mon ami, je commençais doucement à discerner auprès de qui je pourrais trouver un allié de taille. Discutons, Maxton, discutons. Parrr quoi veux-tu commencer ? Je lui laissais sans regrets les rênes de cette conversation, une flamme brûlante dansant au fond de mon regard qui n’attendait que de savoir ce qu’il savait, ce qu’il voulait, ce qu’il dirait.

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Maxton ne put réprimer une grimace à l’évocation de la fièvre qui l’avait cloué au lit. En soi, ce n’était rien de grave, jusqte quelques jours désagréables à subir. Mais la moindre faiblesse lui était intolérable et c’est presque avec un sentiment de trahison qu’il avait constaté que son corps avait cédé au premier microbe. Lui qui se considérait si au dessous de tout n’avait pas nécessairement apprécié de se faire rappeler à l’ordre par l’univers qui lui indiquait que, peu importe la très haute opinion qu’il avait de lui-même, il n’en restait pas moins un mortel comme un autre. Avec une mauvaise foi débordante, il avait conclu de ce vilan virus qu’il ne pouvait venir que de l’un des nés-moldus qui peuplaient le château, c’était après tout bien leur genre de ramener des miasmes. C’est donc avec une moue boudeuse qu’il balaya sa question d’un geste de la main

- Ce n’était rien de bien dramatique. Je vais mieux, je te remercie.

Il fallait en plus admettre que cette fièvre était tombé au plus mauvais moment puisqu’il avait été contraint d’abandonner Bluebell à la soirée organisée par le professeur van Aken. Il en était sincèrement désolé, autant sa soeur n’appréciait pas plus que cela ce genre de mondanités, autant son esprit à lui, à la fois retors et charmeur, s’y complaisait généralement. Cruelle ironie, il avait une véritable excuse pour ne pas y aller, tandis que Blue avait dû subir cette invitation. S’il y avait été, il aurait toute de suite saisi la dynamique qui animaient ses condisciples et aurait sans doute pu prévoir la crise de folie de sa soeur. Mais là, sans ces précieuses informations, qu’elle ne lui avait évidemment pas données, il s’était retrouvé mis devant le fait accompli, avec une soeur jumelle qui trouvait ça pertinent d’échanger sa salive avec le premier abruti venu. Enfer et damnation. Et encore, il s’estimait chanceux, il ne les avait pas vus de ses yeux. Il y existait des spectacles à vous brûler définitivement la rétine. Il haussa un sourcil à sa remarque et lui fit remarquer d’une voix amusée

- Parce que tu penses que j’apprécie de parler de ton frère ? Ne te méprends pas, il n’est pas désagréable, mais de tous les sujets, je suis certain de pouvoir trouver plus palpitant. Puis s’il ne s’était pas lancé dans cette stupide guerre ...

A ses yeux Bluebell ne pouvait pas décemment avoir tous les torts. Elle était sa soeur jumelle, sa loyauté lui était donc acquise, quoi qu’il arrive. Là où il y avait une subtilité, c’est que Maxton considérait que la loyauté consistait à faire ce qu’il y avait de mieux pour elle. Et dans cette hypothèse très précise, le plan de sa soeur était décidémment une très mauvaise idée.

Erin, en fine tacticienne qu’elle était lui laissa la parole en premier. Meilleur moyen de savoir de quelles données il disposait sans révéler ce qu’elle ne souhaitait pas. Et dire que Finnbjörn la traitait comme si elle était une enfant impulsive et capricieuse. Quelle erreur de la limiter à cela, alors qu’elle pouvait se révéler tout aussi stratège que son frère, pour peu qu’il y voit le moindre intérêt.

- Commençons par nos objectifs, ma chère amie, s’ils concordent, nous pourrons passer à un échange d’informations.

Elle ne lui dévoilait rien, il ne le ferait pas non plus. Il lui offrit un sourire railleur

-Je pense que je souhaite exactement la même chose que toi dans l’affaire qui nous intéresse et qui met en scène nos jumeaux. Prendre part à cet affreux jeu de dupes et tout casser. Et je crois que tu pourrais m’aider. Je suis certain que tu es du genre à tout faire flamber.

Il la gratifia d’un clin d’oeil, avant de se recomposer un visage plus fermé.

- Pour être un peu plus sérieux, je ne cautionne pas absolument pas le plan de Bluebell, qui, soit dit en passant ne découle que de la bêtise de ton frère, et j’aimerais que cela cesse au plus vite. Je te propose donc une forme d’alliance, si on peut dire cela comme ça. Un plan de sauvetage. Tu tires Finnbjörn des griffes de l’autre blonde stupide et un brin traître à son sang, et moi j’arrête le carnage avant que les mains de cet animal de Maxwell ne s’égare un peu trop. Acceptez-vous mon offre Mademoiselle Sorensen ?

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Sa réponse aussi boudeuse que la moue qui vient dessiner les traits de son visage m’arrache un sourire moqueur. Je me laisse élégamment tomber sur le sofa qui m’est réservé depuis aussi longtemps que cette pièce est devenue l’un des antres accueillant nos petits tête-à-tête ; ma tête vient reposer au creux de ma paume, mon coude replié sur l’accoudoir ; mon regard opalin dévisageant sans gêne aucune les traits de Maxton qui se parent soudain d’un sérieux grave. Mon impatience se contente divinement bien de ne pas avoir à attendre de longues minutes inutiles avant d’entrer dans le vif du sujet que nous savons couver sous un feu brûlant, lui et moi. Mais ma haine bouillonnante à l’égard de son insupportable jumelle s’agace déjà de devoir la mentionner. Ce que je lui fais savoir, un sourire moqueur venant ourler mes lèvres, tandis que son ton amusé me retourne la pareille. Cependant, je n’appréciais guère cette accusation implicite que ses propos contenaient déjà. Peut-être bien que j’en voulais à Finnbjörn de ne pas m’avoir impliquée dans sa partie d’échec et que cette détestable impression de n’être qu’un pion n’avait été effacée que par quelques mots bien habilement tracés sur un parchemin ; il n’empêche qu’il n’était pas le fautif dans cette histoire, encore moins l’instigateur par lequel tout avait commencé. Oui, fais-je dans un petit éclat de rire méprisant. j’imagine qu’elle s’est placée en victime et a rrrejeté tous les torrrts surrr Finn. Ce n’était même pas une question. Je ne connaissais que trop bien cette mauvaise foi infinie qui caractérisait cette garce et son mépris sans bien-fondé à l’encontre d’une famille plus noble que la sienne. J’avais également un bel aperçu de cette guerre dans laquelle ils s’étaient engagés, elle et Maxwell contre mon frère adoré et Carla. Quoi qu’elle ait raconté à Maxton, ça n’était pas la vérité. Sa vérité à elle, certainement, mais je ne doutais pas qu’elle l’avait enjolivée de bien de la rancoeur et de la perfidie, incapable d’admettre les sentiments qui étaient les siens, incapable de reconnaître qu’elle n’était qu’une peste sans vergogne. Tout de même, toi au moins tu ne voues pas une haine sans failles au jumeau de l’autrrre souligné-je négligemment, mon oeil agité d’une flamme brûlante, lui rappelant par-là que les hostilités entre Bluebell et moi ne dataient pas d’hier. Qui les avait initiées ? La même qui se retrouvait aujourd’hui prise dans un combat sanglant d’ego et de fiertés.

Finalement, nous n’avions pas encore commencé réellement notre discussion que je me souvenais déjà de la raison pour laquelle nous ne parlions jamais de sa jumelle lors de nos rendez-vous nocturnes : ils auraient tout simplement rapidement cessés d’exister. Et dire qu’il était obligé de se parjurer à ses yeux pour venir me retrouver ici. Cette fille était décidément bien immature sur tous les plans. Bien détestable, également. Je laisse la parole à Maxton. Mon sourire se fait attentif à sa première phrase. La concordance de nos objectifs, voilà la clef. Sans elle, nous ne pouvions tout simplement pas coopérer puisque nos jumeaux étaient respectivement les pions noirs et les pions blancs de cette partie d’échec adolescente. Notre rendez-vous de ce soir ne serait en rien semblable aux autres. Il ne s’agissait pas de badinages inoffensifs, ni de profiter d’une présence appréciable. Non, j’avais cette impression, désagréable sur les bords, que nous allions entrer dans des négociations. Mais de pourparlers, très peu pour moi. Comme mon ami le soulignait si bien, j’étais douée pour tout faire flamber, par pour préserver quoi que ce soit.

Un nouveau ricanement s’échappe de mes lèvres alors qu’il mentionne la bêtise de mon frère. Mon visage se ferme instantanément, ne reste plus que cette lueur ardente au fond de mes pupilles claires. Mauvaise stratégie, Maxton, mauvaise stratégie. Je ne cille pas en l’écoutant terminer son offre, ou ce qui y ressemblait fortement en tout cas. Le titre dont il me gratifie m’arrache un sourire sans joie, rapidement métamorphosé en un rictus fauve alors que je me redresse sur mon siège. Mes doigts viennent pianoter une mélodie entêtante sur l'accoudoir que mon coude a délaissé, tandis que je fixe le Gryffondor en silence, quelques secondes de plus. Tu vois fais-je après une brusque inspiration, m’élançant en-dehors de ce divan feutré pour faire mine de m’intéresser aux rayonnages lourds de livres en tout genre. c’est ici que tout coince. La différrrence entrrre toi et moi, Mon doigt pointe successivement Maxton puis moi-même, accentuant mes propos. c’est que tu as tout intérrrêt à ce que ta soeurrr s’éloigne de cet imbécile, alorrrs que moi, j’apprrrécie assez de savoirrr Finnbjörrrn sagement amourrraché de Carrrla. Tu la trrrouves trrraîtrrre à son sang ? Que dirrre de Bluebell. Je me détourne d’un grimoire dont j’étudiais la tranche pour planter mes prunelles dans celles de Maxton, puits sans fond de sérieux et d’assurance. Le mien doit briller de menaces sous-jacentes. S’il jugeait Carla traître à son sang pour être sortie avec Maxwell, je me languissais de voir l’hypocrisie qu’il pourrait brandir pour ne pas mettre cette pimbêche de Sherwin dans le même panier.

Je reviens un peu plus près de cet îlot formé par les deux sièges qui se font face, mes doigts venant enlacer le dossier du mien. Je n’aime pas tes insultes voilées à l’encontrrre de mon frrrèrrre. Je vais êtrrre trrrès clairrre, Maxton : si tu souhaites te montrrrer aussi borrrné et de mauvaise foi que ta jumelle, je passe mon tourrr. Elle est parrrfaite dans le rrrôle de la rrreine des garrrces et te dit prrrobablement ce qui l’arrrange le plus dans cette histoirrre. Moi, je pourrrais te peindrrre un tableau bien différrrent. Oh, je sais que tu la défendrrras bec et ongles, quoiqu’il advienne, et c’est tout à ton honneurrr. Ou prrresque. Mais les frrrasques de Bluebell ne découlent que de son insupporrrtable carrractèrrre, pas de Finn. Il serait donc fort aimable de sa part de ne plus sous-entendre que ce dernier était le responsable de tout. Pas alors que cette garce sans coeur se faisait un plaisir d’insulter les miens, notre nom et tous ceux qui le composaient, se montrant hautaine envers Finnbjörn qui avait eu quelques délicatesses à son égard. Si rien n’était assez bien à ses yeux, qu’elle ne se prive pas d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Je me contenterai à merveille de son absence.

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- Pour tout te dire, elle a également appris nos petites rencontres et s’en est montrée fort contrariée. Il faut croire que cette inimitiée n’a donc pas évolué depuis nos …, quel âge avions-nous, 8 ans ?

Sa voix était moqueuse. Le dispute entre Erin et Blue remontaient à des temps immémoriaux à l’échelle de leur vie et la querelle était, dans ses souvenirs flous, assez futile. Il avait cru que leur entrée à Poudlard allait finir par aplanir leurs relations, mais il devait admettre avec dépit qu’il s’était lourdement trompé. Non seulement elles ne se détestaient que plus, mais avec l’âge, elles avaient gagné en impulsivité. Ce qui expliquait qu’elles puissent se battre en plein milieu d’un duel. En cela, il n’était que compassion et empathie pour Finnbjörn. Gérer une sœur jumelle agacée, c’était une mission de tous les instants. Il en savait quelque chose.

- Tu sais très bien que j’apprécie Finnbjörn.

Maxton comprit très vite son erreur quand Erin se leva de son siège, le regard brillant d’une lueur presque sauvage. Il la côtoyait depuis suffisamment longtemps pour savoir que tout aussi captivantes qu’étaient ses prunelles en cet instant, elles étaient aussi annonciatrices d’un agacement à venir. Il avait cru qu’Erin serait capable de reconnaître que la conduite de son frère était tout aussi déraisonnable que celle de Blue. Manifestement, il s’était trompé lourdement. Et une fois qu’elle serait en colère contre lui, il allait difficilement pouvoir récupérer son attention, si ce n’était sa sympathie.

- Yaxley est restée des mois entiers avec Carter, et elle en était ouvertement amoureuse. Cela ne fait pas une semaine que Blue s’est lancée dans cette déplaisante entreprise. Permets-moi d’y voir une différence.

Le ton était mielleux, mais tout autant chargé de menace que celui de la Poufsouffle. Entre parler de bêtise pour Finn et traiter sa jumelle de traître à son sang, la différence était grande à ses yeux. Il jugeait un acte, elle condamnait la personne. Et il ne pouvait supporter que l’on parle de sa Blue ainsi. Néanmoins, il devait reconnaître un égarement de sa part, qui avait passablement tendu leur conversation. Levant les mains dans un signe d’apaisement, il changea aussitôt de stratégie. Il avait commis une erreur stupide, c’était à lui de la réparer en réorientant cette discussion de manière convenable.

- Erin, tu l’as dit toi-même, je défendrai Blue parce que c’est ma sœur et que je lui serai toujours loyal. Tu en feras de même avec ton frère. Néanmoins, je reconnais très volontiers avoir été maladroit pour Finnbjörn. Reprenons depuis le début, veux-tu ?

Il prit une inspiration et s’assit convenablement, preuve qu’il abordait cette nouvelle conversation avec plus de sérieux que ce dont il avait pu faire preuve avant. Il ne voulait pas perdre sa seule potentielle alliée dans cette bataille, et pour cela, il allait devoir jouer serrer. Erin était intelligente, elle ne se contenterait pas d’une vulgaire flatterie pour effacer leur désaccord. Il devait lui donner une nouvelle raison de l’écouter et pour ça, il ne pouvait manifestement pas compter sur son manque d’amour pour Yaxley. Alors, la seule solution qu’il voyait, et sur laquelle il envisageait de jouer, était plus sentimentale. Il n’aimait pas cela, dévoiler ce qu’il ressentait, ce n’était pas son truc. Il était moqueur, parfois charmeur, mais toujours en protégeant soigneusement le fond de ses pensées. Pour ce soir, il allait falloir faire des efforts démesurés. Dieu que cela lui coûtait.

- Ecoute, ni les frasques de ma soeur, ni celles de Finnbjörn ne sont le fond du problème. C’est juste que … Elle n’a pas jugé bon de me tenir au courant. Sinon, tu te doutes bien que j’aurais désapprouvé. Je ne supporte pas d’avoir été mis de côté. Je pensais qu’elle et moi étions une équipe. Elle n’a pas l’air de le vivre ainsi. Cela me contrarie à un point … J’ai supposé que c’était quelque chose que tu pourrais entendre et comprendre.

Il posa ses yeux d’un bleu aussi profond que sa sœur sur la Poufsouffle, afin d’observer sa réaction avec plus de soin. Elle devait être en mesure de comprendre la blessure qu’il ressentait à l’idée de ne plus être le principal allié de sa sœur. Après tout, elle avait un jumeau, elle savait à quel point cette relation fraternelle était aussi fusionnelle que complexe. Ou du moins, il espérait qu’elle comprendrait. Il avait misé sur le fait que Finnbjörn, dans tout l’amour qu’il lui portait, n’était clairement pas le frère le plus bavard ou le plus chaleureux du monde. Peut-être qu’elle aussi souffrait parfois de cela. Ou alors de leur complicité en partie perdue en raison de son amnésie. Mais dans tous les cas, il avait parié sur le fait que ce sentiment d’aigreur qu’il ressentait lui était familier.

- J’ai besoin d’intégrer la partie et j’ai besoin d’une alliée. Accepterais-tu de l’être ?

Il avait joué le tout pour le tout en lui disant tout. Maintenant, il n’y avait qu’elle qui pouvait décider ou non d’une alliance temporaire. Se calant à nouveau dans son siège, son sourire en coin reprit ses droits et il ajouta

- J’espère que tu apprécieras cet élan de franchise. Ils sont assez rares pour être notables.

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Le ton moqueur de Maxton voile mon sourire d’une férocité qui fait danser tous les traits de mon visage. Mon regard se perd un instant dans le sien, si semblable à celui de cette garce que je méprisais et si différent pourtant. Je n’avais aucune idée de ce que Bluebell lui avait raconté de cette querelle qui avait scellé la fin de notre entente enfantine, et je n’avais jamais pris la peine de lui dévoiler de quelle manière son imbuvable jumelle avait perdu toute mon estime. Je ne doutais pas, cependant, qu’elle n’avait pas pris la peine de lui rapporter les insultes à l’égard de ma famille. Elle était bien trop infatuée d’elle-même pour cela, bien trop hypocrite aussi. Quelques mots à peine avaient suffis, marquant le début de longues années de haine brûlante. L’indifférence que je dédiais d’ordinaire à ceux qui ne méritaient pas mon respect ne parvenait pas à résister à cette violence brutale qu’elle était capable de faire naître en moi. Rien que croiser son regard me donnait envie de planter mes ongles dans ses traits pâles et de lui arracher les yeux. Quelle délicieuse image. J’étire un peu plus mes lèvres à cette pensée, mon attention revenant toute entière à mon camarade. Elle n’évoluerrra que le jourrr où elle me prrrésenterrra ses excuses. Comme cela n’arrriverrra jamais, les années s’écoulerrront encorrre, nombrrreuses, sans que rrrien ne change. Qu’est-ce que cela lui faisait, de savoir que son précieux jumeau m’appréciait assez pour braver ses interdits ridicules de ne pas me côtoyer ? Comme j’aimerais être dans son esprit, juste le temps de saisir tout son dépit face à cette situation. Nous n’avions peut-êtrrre que huit ans, l’offense n’en était pas moins rrréelle. Enfin, ça n’est pas ta faute à toi fais-je, balayant toute reproche à son égard qui était inexistante. Son seul défaut était d’être le jumeau de la pire peste sur terre.

Ma joie brutale se consume sous les propos de mon ami. Je n’appréciais absolument pas qu’il critique éhontément Finnbjörn comme si sa soeur n’était qu’une pauvre victime dans toute cette histoire. Un ricanement plein de dédain vient ponctuer son affirmation. Il appréciait mon jumeau adoré, mais ce ne serait jamais assez pour admettre que sa moitié à lui était en tort. Encore moins qu’elle était une harpie méprisable. Il répond à mes prunelles menaçantes par un ton qui n’en était pas dénué. Mon rictus laisse suffisamment percevoir ce que je pense de cette nuance qu’il dessine sous nos yeux lourds de sous-entendus pour que je m’épargne la peine de la commenter. Il était évidemment préférable pour lui de trouver une quelconque différence plutôt que de prononcer le moindre reproche à l’égard de sa jumelle.

Revenant m’appuyer au dossier de ce divan sur lequel j’étais encore étendue quelques secondes plus tôt, je ne prends pas de pincettes pour lui exposer mon point de vue et toutes les nuances que je distingue entre ses envies et les miennes. Le Gryffondor lève les mains, drapeau blanc qu’il agite, comptant peut-être là-dessus pour éteindre l’incendie qui n’avait qu’à peine commencé à brûler. Alors qu’il se tortille pour s’asseoir autrement, je me redresse, dardant mes prunelles flamboyantes dans les siennes, croisant mes bras sous ma poitrine. Je me contente de hocher la tête alors qu’il souligne que nous serons toujours loyal à notre jumeau respectif. Qu’il ne l’oublie jamais, même si je ne doutais pas de lui sur ce point. C’était l’autre partie de la paire Sherwin qui ne m’inspirait pas confiance et qui ne respectait rien, pas lui. Finnbjörn pouvait m’insupporter, son amnésie pouvait parfois me blesser plus que je ne le reconnaitrais jamais, ses manigances me mettaient hors de moi, il n’empêche, je serais éternellement à ses côtés, qu’importe nos différends qui ponctuaient agréablement notre existence. Sans ces querelles incessantes et cette compétition qui rythmait notre relation, les choses seraient bien fades, après tout.

Maxton choisit alors un tout autre angle. Mon regard clair s’ombrage, un voile mauvais qui n’annonçait en général rien de bon. Ses mots faisaient cruellement écho à ce que j’avais pu ressentir en comprenant à quel jeu de dupes se livrait mon cher frère, m’envoyant où bon lui semblait, me confiant ce qu’il désirait uniquement, sans juger bon de tout me dévoiler. Et ça n’était pas cette fois-ci uniquement : depuis son amnésie, Finn m’apparaissait encore plus inaccessible qu’auparavant. Je me souvenais encore trop bien de son petit numéro à notre réception hivernale. Notre lien restait le même, vibrant et complexe, profond, sans être fusionnel au sens que certains pouvaient entendre. Il avait toujours été secret. Mais pas impénétrable, pas à ce point-là. Notrrre dynamique est bien différrrente, à Finn et moi soulignai-je avec une moue butée. Nous étions bien trop guidés par notre motivation propre, et souvent égoïste, pour s’appeler une équipe. C’était pourtant bel et bien vers l’autre que nous nous tournions immanquablement. Et j’avais indiscutablement mal vécu ce sentiment de n’être qu’une pièce sur son échiquier géant. Mais admettons. Je comprrrends. Sur mon bras, mes doigts pianotent une nouvelle mélodie alors que le regard océan de Maxton cherche le mien. Et, doucement, un sourire merveilleusement cruel vient ourler mes lèvres. Je ne ferais jamais rien qui puisse nuire à mon jumeau adoré. Pas durablement, du moins. Et je savais qu’il en était de même pour le Gryffondor et sa jumelle. Mais leur rappeler qu’ils ne composaient pas seuls ne pouvaient pas leur faire de mal. Ce serrrait un honneurrr réponds-je finalement, éternellement railleuse. J’apprrrécie la frrranchise au-delà de tout. L’hypocrrrisie m’insupporrrte, les faux-semblants encorrre plus fais-je en haussant les épaules, consentant finalement à rejoindre mon siège, signe d’apaisement. Nous jouons contrrre bien habile notai-je, mes yeux clairs se perdant sur le visage de Maxton. Jusqu’où es-tu prrrêt à aller ? J’avais besoin de savoir.

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Maxton n’avait jamais eu l’histoire entière de la dispute qui avait opposé Erin et sa sœur. A vrai dire, il n’avait jamais cherché à en savoir plus non plus. Enfant, Bluebell était arrivée folle de rage en lui disant qu’Erin l’avait traitée de sang mêlée. Voyant que cela la touchait, Maxton avait immédiatement pris son parti. Lui, en vrai, s’en fichait un peu. Il n’avait pas besoin de l’approbation des Sørensen pour avoir une haute opinion de son sang. A vrai dire, il n’avait besoin de la bénédiction de personne pour se penser au-dessus du lot. Sa théorie était plus tôt que si les deux jeunes filles se détestaient avec autant de rage, c’est que quelque part, elles se savaient plus semblables que ce qu’elle voulait bien admettre. Peut-être était-ce pour cela qu’il appréciait Erin, d’ailleurs ? Il retrouvait cette intelligence teintée d’impulsivité, cet éclat, cette passion violente qui l’animait dans ce qu’elle faisait … Oui, elles étaient trop entières et trop semblables pour être tièdes. Elles ne pouvaient qu’être alliées ou ennemies, un entre-deux ne leur siérait jamais. Il soupira, et fit remarquer à son interlocutrice

- Ma foi, s’il te plaît à toi d’attendre des excuses … Parfois stratégiquement, un silence diplomatique vaut mieux que de fausses paroles contrites.

Lui en tout cas, ne s’excuserait pas, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait rien fait. Néanmoins, quand il commença à parler, il sentit qu’Erin l’écoutait avec attention. Elle n’était pas forcément réceptive, mais elle l’écoutait, ce qui était déjà un début des plus encourageants. Une part de lui pensait tout de même qu’elle avait dû ressentir au moins une fois ce qu’il éprouvait. Il était difficile de tout se confier, même entre jumeaux, mais c’était plus impossible à imaginer d’être mis à l’écart. L’équilibre était subtil, et les déceptions bien présentes parfois. Si lui souffrait de la conduite de Blue, pourtant tellement plus ouverte au dialogue que Finnbjörn, qui plus il avançait en âge, moins il prononçait de mots, alors Erin devait pouvoir comprendre.

- Erin, Erin … Tu chipotes. Je ne te dis pas que chaque paire de jumeau n’est qu’une pâle copie de l’autre, juste que tu étais l’une des rares à pouvoir comprendre mon ressenti.

Puis elle admit pouvoir comprendre et Maxton se détendit de manière perceptible. La première bataille était gagnée. Elle venait de passer de rencontre nocturne à alliée. Et quelle alliée de choix ! Il n’aurait guère pu souhaiter mieux dans cette bataille. Plongeant ses yeux dans le regard flamboyant de la Sørensen, un sourire charmeur s’étira sur ses lèvres et lui promit

- Alors je t’offre ma franchise pour sceller notre accord. Pas d’hypocrisie entre nous et tant que nous serons alliés. Le jeu promet d’être suffisamment compliqué pour que nous ayons confiance l’un dans l’autre.

C’était une vraie marque de respect, dont elle ne se rendrait peut-être pas compte. Rares étaient les gens qui trouver suffisamment grâce à ses yeux pour mériter sa franchise. Le reste du monde lui emporter trop pour qu’il se donne la peine de la vérité. Que les autres pouvait servir ses dessins, il n’avait aucun scrupule à les manipuler. Ce n’était que des quantités négligeables. Mais elle, en lui promettant cela, il lui a indiqué qu’elle n’était pas comme tous les autres. Si Blue l’avait entendu, aurait été folle de rage. Mais il faisait tout ça pour elle quelque part. Pour la sortir de ce plan délirant dans lequel elle s’était mise. Peut-être arriverait-il même à lui montrer qu’amnésique ou non, elle conservait une emprise sur Finnbjörn. Cela lui mettrait du baume au cœur. Et il ne vivait que pour la rendre heureuse.

- Nous jouons contre plus habiles que nous même. Ton frère est redoutable aux échecs.

Il n’avait aucun mal à le reconnaître. L’erreur était de sous estimer ses adversaires, pas d’admettre leur puissance. Mais, comme toute partie d’échec, il existait des faiblesses. La plus évidente était de faire cesser l’illusion du jeu pour Finnbjörn. Personne ne peut remporter une partie, paralysé par les doutes. Si chaque pion devient un ami, que les tours rappellent des jours heureux, ou que la reine devient une histoire d’amour … Même le plus talentueux des jours d’échecs perd ses moyens. C’était ça, sa stratégie. Quand Finn réaliserait qu’à jouer, il allait créer de vrais dégâts, alors, il deviendrait vulnérable.

- Intéressante question. Je ne peux pas faire de mal sciemment à Bluebell, tout comme tu ne peux en faire à Finnbjörn. Je n’ai aucun problème avec les dommages collatéraux comme Yaxley ou Carter. Je veux juste faire cesser leur jeu de dupes, pour qu’ils continuent à visage découvert et en arrêtant de nous prendre pour des quantités négligeables.

Il fallait qu’ils arrivent à les confronter, pour les voir exploser. Le jeu volerait en éclats sous leurs yeux et ce serait absolument jouissif, sans aucun doute.

- Et toi, jusqu'où es-tu prête à aller ?

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Oh mais je n’attends rrrien d’elle, Maxton. Ni excuses, ni silence diplomatique. Je ne faisais que souligner un fait : à moins que Bluebell ne se répande en excuses contrites et ne reconnaisse ses torts ainsi que les propos insultants envers les miens, elle ne serait jamais rien d’autre à mes yeux qu’une garce qui ne méritait pas de respirer le même air que nous. Elle pouvait se féliciter, elle était l’unique personne à me faire vibrer de cette haine dévorante. Je ne cherchais pas à ce que notre relation ne change, ni n’évolue. Cela aurait été lui accorder de l’intérêt, et elle en disposait déjà de bien trop selon moi. Je me complaisais dans cette détestation mutuelle, je me délectais de ce que je lisais dans son petit regard de vipère insipide, j’aimais sentir le feu couler dans mes veines. Non, décidément, je n’attendais rien de sa part. Rien de tel, du moins. Notre rythme évoluerait peut-être si elle venait à avouer ses erreurs et, qui sait, peut-être me plaisais-je parfaitement dans ce bain de lave.

La conversation délaisse cette dynamique pour s’intéresser à d’autres. Deux paires bien différentes, pourtant, nous nous retrouvions tous les deux ici, Maxton et moi, à souffrir des mêmes silences. Une moue sceptique passe sur mon visage avant que je n’admette pouvoir comprendre son ressenti. Nous n’étions pas fusionnels pour une noise, Finnbjörn et moi. Nous étions comme le feu et la glace, en constante opposition, lancés dans une éternelle compétition. C’était à qui gèlerait les océans ou brûlerait les terres le plus rapidement, à qui remporterait l’aval de Grand-Père, figure divine dans notre monde de mortels. La glace, qui restreint le feu, le feu, qui fait fondre les limites de la glace. Sans cette glace à prendre de vitesse, le monde serait bien vide. Mais de toute opposition naissait inéluctablement un équilibre. Les querelles n’ôtaient rien à la confiance infinie que je lui vouais et mes emportements ne l’avaient jamais empêché de me trouver pour quelques délicats problèmes. Et dans cet équilibre-là, je me sentais lésée par ses cachotteries. J’avais toujours détesté les faux-semblants ou que l’on me cache quoi que ce soit, mais encore plus lorsqu’il s’agissait de mon tendre jumeau. C’était sur ce point-là, au final, que tout se jouait dans cette salle. Nos deux fiertés blessées par ceux qui la faisaient le plus briller en règle générale.

Rejoignant mon siège, je m’y étends de nouveau avec toute la nonchalance royale qui est la mienne. Nous prenions au sérieux ce que nous vivions comme une trahison : deux orgueils blessés bien déterminés à revendiquer leur place. Sourire cruel et regard flamboyant, je hoche la tête à ses propos. Je n’avais pas confiance en n’importe qui. Seulement en les miens et en Junior, en réalité. Dans son sens le plus entier, du moins. En ce qui concernait la bataille dans laquelle nous nous lancions, la confiance nécessaire était acquise au Gryffondor. C’est un beau prrrésent dont je prrrendrrrais soin fais-je avec un sourire plus amusé que le sérieux de notre échange. Je le connaissais suffisamment pour accepter de le croire quand il me garantissait l’absence d’hypocrisie entre nous.

Dans un soupir, j’approuve les mots de Maxton, avant qu’un sourire fauve ne le remplace et que je plonge mon regard dans le sien, habitée de savoureuses émotions. Mais comme tout joueurrr trrrop habitué à jouer entrrre ces cases noirrres et blanches, il est complètement démuni si l’on vient jeter au sol le plateau. Et à ce petit jeu-là, j’étais encore plus redoutable qu’il ne l’était au sien. Restait à savoir jusqu’où Maxton était prêt à aller. Et jusqu’où, moi, j’étais prête à m’aventurer. Je ne craignais rien dans cette histoire. L’envie de damer le pion à Finnbjörn était forte, plus que celle de le savoir loin de Sherwin ? La question méritait d’être réfléchie, mais j’en étais bien loin actuellement, face à Maxton et ses habiles paroles. J’aime cerrrtaines de tes parrroles, j’en apprrrécie moins d’autrrres soufflai-je en me perdant un instant dans la contemplation désintéressée de mes phalanges levées au plafond. L’image d’une autre main, ornée d’une bague et puis d’une autre, s’y superposa un instant, suffisamment pour faire briller un éclat de colère dans mon regard. Je referme le poing avec force et colère. Je n’ai guèrrre d’autrrre limite que Finn répondis-je à mon tour, reportant mon attention sur mon camarade et allié. J’étais bien capable de faire brûler un orphelinat tout entier d’une simple pichenette si cela ne nuisait pas aux miens, quelles étaient alors mes limites ? Existaient-elles seulement ? Il y avait fort à parier que ce n’était pour une histoire pareille que nous le découvririons. Nous n’avons plus qu’à trrrouver comment rrrenverrrser l’échiquier. Les longs plans m’ennuyaient. Nous avions tout intérêt à trouver quelque chose de simple. Mais efficace.

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Maxton se garda bien de faire remarquer à Erin qu’un silence diplomatique chez sa sœur équivalait à de plates excuses. Même quand ils étaient en désaccord entre eux, il n’en attendait jamais de sa part. Elle était trop fière pour lui donner, et lui trop orgueilleux pour en réclamer. Quelque part, c’était cette dynamique qui se jouait entre elles aussi, Erin ne lui avouerait jamais qu’elle pourrait envisager une relation apaisée si Blue s’écrasait, et Blue préfèrerait sûrement se pendre que de s’aplatir devant la Poufsouffle. Leur haine avait donc de beaux jours devant elle. Parfois, il se demandait même si les deux jeunes filles ne se plaisaient pas dans cette situation. La fureur avait un aspect addictif. Une fois qu’on y avait goûté, il était tellement doux d’y sombrer et de s’y complaire. Pardonner demandait des efforts. Détester était aussi simple que de respirer, surtout pour des personnalités aussi extrêmes que les leurs. Pas de nuance de gris dans leur vision du monde, les personnes qui les entouraient étaient avec eux, ou contre eux.

Maxton esquissa un sourire, cette fois sans trace d’arrogance. Il y avait quelque chose d’agréable à ce qu’Erin comprenne ce qu’il voulait dire. Il n’avait que peu de personnes dans son entourage en réalité. Et des personnes susceptibles de comprendre certains de ses ressentis, encore moins. Certainement, parce qu’il les cachait bien et avait appris à les dissimuler derrière toute sa morgue. Mais savoir que la fierté blessée de la jeune fille faisait écho à la sienne agissait étonnamment comme une sorte de baume. Il était légitime à se sentir trahi puisqu’elle le vivait ainsi. Il était en droit de fomenter cette petite révolution. Evidemment qu’il ressentait une pointe de culpabilité, mais Erin le comprenait, alors c’est qu’il avait raison d’agir ainsi, non ? Alors il lui avait offert en retour ce qui lui semblait être le plus approprié, sa franchise en tout, et en tout temps. Une raison de lui faire entièrement confiance en somme. Cela n’avait l’air de rien, peut être seulement de vagues paroles disparues à l’instant même où elles avaient franchi ses lèvres, et pourtant c’était une promesse chargée de sens. Dans leur monde, la confiance se gagnait rarement et se perdait souvent. Ils fréquentaient des cercles de pouvoir où ils ne pouvaient pas se permettre d’être vulnérable de quelque manière que ce soit. Trop de requins nageaient dans ces eaux là.

- Je n’ai jamais eu le moindre doute concernant l’attention que tu porterais à cette promesse.

Maxton acquiesça doucement, songeur. Evidemment qu’ils devaient renverser le plateau. Mais pas trop vite, pas trop fort, au risque de blesser leurs jumeaux respectifs. Le plus intelligent aurait été de les amener à tout casser eux-mêmes, mais il doutait qu’Erin et lui soient suffisamment bons tacticiens pour ça. Par contre, ils pouvaient créer le parfait climat propice à tout envoyer valser, et donner le coup de grâce.

- Il faut les rendre vulnérables dans un premier temps, sinon ton frère serait bien capable de trouver une stratégie en trois coups qui se passe de plateau.

C’était tout le problème d’ailleurs. Bluebell était impulsive, mais Finn prévoyait tout avec deux coups d’avance. Il serait certainement le plus difficile des deux à duper et Blue serait la plus furieuse. Du moins, c’était ce qui lui paraissait en cet instant le plus probable. Il observa Erin réfléchir, quand un éclat de colère sembla se refléter dans ses yeux et elle convint qu’elle n’avait pas d’autres limites que Finn. Le regard de Maxton brilla de satisfaction. Parfait, ils étaient sur la même longueur d’ondes, chacun protégeait son jumeau et le reste pouvait bien aller rejoindre les flammes de l’enfer. Pourtant, en réalité, c’était plus évident pour lui que pour elle. Lui, ça lui allait très bien que Blue fréquente Fin plutôt que Maxwell. Il n’avait rien contre le Sørensen et il savait que sa sœur serait heureuse que la situation se dénoue. Erin, elle, n’avait aucun intérêt à voir Blue revenir sur la scène. Tout aussi discutable qu’était Yaxley, les deux filles n’étaient pas fâchées. Alors l’entendre dire qu’elle n’avait pas d’autre limite que Finn, c’était fort intéressant.

- Nous avons deux solutions. Soit les confronter, soit faire exploser leur faux couple. Donc soit on arrive à les réunir ensemble dans une situation où leurs mensonges seront impossibles à tenir, soit on fait en sorte que Carter et Yaxley les lâchent. Une préférence ?

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Le petit sursaut de froide amertume s’efface bien rapidement et nous retrouvons déjà l’insolence de nos échanges habituels. Allongés souverainement sur des trônes de velours nous fomentions un coup d’état contre ceux qui avaient oublié, le temps d’une guerre, de prévenir leurs plus fidèles alliés. Malgré cet esprit orgueilleux de compétition qui teintait nos rapports, avec Finnbjörn, et construisait notre relation, il restait mon plus précieux allié. J’avais beau clamer haut et fort que Hannibal était mon préféré, celui qui remportait toute mon estime ; ou m’abandonner des heures entières dans la seule présence de Junior ; n’en faire qu’à ma tête en toutes circonstances ; le défier et provoquer cet air réprobateur qui éveillait chez moi un amusement brûlant ; il était mon jumeau, adoré, insupportable, stratège et secret, opaque... et pourtant un seul regard me laissait toujours percevoir ce qu’il ne disait pas. C’était d’autant plus vexant qu’il m’ait envoyée récupérer ses petites affaires sous couvert de se méfier de Sherwin alors qu’il se lançait dans une toute autre partie.

Mais maintenant, Maxton voulait intervenir à son tour, et mon ressentiment trouvait un partenaire de choix. Dans ce monde d’ombres et d’apparences qu’était le nôtre, la première règle était de ne pas faire confiance à n’importe qui. De ne faire confiance à personne, en réalité. Alors cette franchise offerte par le Gryffondor était parole sacrée, une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, qu’il était déterminé à cesser ce jeu de dupes et à faire tomber le rideau derrière lequel nos jumeaux agitaient les fils de leurs marionnettes. Nous n’étions pas aussi fins stratèges qu’eux, mais il était hors de question que nous continuions à occuper une simple place de spectateur. Notre simple sang, notre simple lien indéfectible bien que complexe, nous offrait une place de choix qu’ils nous avaient refusée dans cette pitoyable comédie qu’ils offraient aux yeux de l’école. Oui, c’était vexant, et une fierté telle que la mienne, une fierté telle que celle de Maxton, ne pouvaient souffrir un affront pareil.

Un soupir aux paroles de mon camarade. Les tactiques m’ennuyaient, faire des tours et des détours pour en arriver au point visé depuis le début encore plus. Quel était ce point, d’ailleurs ? Je sentais là toute notre divergence et elle n’était pas de celles facilement conciliables. Maxton voulait séparer Bluebell de Carter et je voulais rappeler à Finnbjörn qu’il devait composer avec moi. Il était le seul visé et ma seule limite en même temps. J’étais prête à tout, à bien des choses en tout cas, pour cette petite histoire d’orgueils abîmés, seulement… seulement, servir les intérêts de Maxton et sa vision de la situation, c’était servir les sentiments de sa garce de soeur. Et s’il y avait bien une chose que je souhaitais moins encore que d’être prise pour quantité négligeable par mon propre frère, c’était de la voir revenir dans la vie de celui-ci. Pourtant, le jeu auquel il se livrait n’avait d’autre destinataire que cette peste. Peut-être y avait-il là quelque chose à jouer. Si Carla et Finn n’étaient alliés que contre Carter et Sherwin, il y avait fort à parier que leur idylle ne durerait pas. Mon frère pourrait s’en contenter : sa fausse petite-amie était parfaite sous tous rapports. Mais elle ? Capable de renier ses idéaux et s’afficher avec un sang-mêlé des plus pathétiques témoignait de sentiments bien pathétiques. Il viendrait, tôt ou tard, le jour où elle tomberait de nouveau dans une amourette aveuglante qui l’éloignerait de mon tendre jumeau.

Sacrifier sa tour pour faire tomber la reine ennemie, après tout, pourquoi pas ? Je ne jouais pas avec trois coups d’avance, comme Finn, mais j’étais néanmoins capable de saisir tout l’avantage d’un sacrifice pour un dessein encore plus grand. Quittant mes pensées, je repose un regard ardent sur Maxton, écoutant ses propositions avec mon éternel sourire aux lèvres. Les rendre vulnérables, c’était les plonger dans une situation qu’ils n’avaient pas anticipée. Je pousse un soupir tandis que mes doigts reviennent pianoter un air bien à moi. Inutile de lui rappeler que ma préférence allait définitivement au couple formé par Finn et Carla. Si je pouvais choisir un scénario bien à moi, il mettrait Bluebell à terre et laisserait tout le loisir à ce faux couple de poursuivre sa route. Evidemment soufflai-je avec arrogance. Nous n’aurrrons pas de situation idéale ce soirrr, il faudrrra saisirrr le moment opporrrtun lorrrsqu’il se prrrésenterrra à nous... Je laisse mes mots en suspens, mes idées de nouveau tournées vers ce que nous pourrions mettre en place. À première vue, Poudlard ne nous offrait guère de champ de bataille adéquat. Mais mon intuition me soufflait que nous trouverions tout bientôt ce qu’il nous fallait.

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Maxton observa sa nouvelle alliée du coin de l’œil. S’il donnait l’impression d’être détaché de tout, ce n’était pas exactement la réalité des choses. Au contraire, il guettait chacune des réactions de son interlocutrice, même les plus infimes. Aussi franche qu’elle puisse être, Erin ne lui confierait jamais chacune des pensées qui l’agitaient, et il n’aurait pas l’arrogance de prétendre qu’il les devinait toutes. Néanmoins, certaines se lisaient plus clairement que d’autres sur ses traits délicats. Notamment quand elle ne partageait pas son opinion, son regard se voilait légèrement. C’était presque imperceptible et il ne l’aurait pas nécessairement remarqué s’il n’avait pas été habitué à ces soirées avec elle. Après, il ne savait pas déchiffrer ce qui la contrariait. Les options étaient multiples, cela pouvait être de devoir réfléchir à une stratégie avec suffisamment de coups d’avance pour damer le pion de Finnbjörn. Erin était plus facilement dans l’impulsivité que dans les plans machiavéliques. Cela la rendait brillante de capacité d’adaptation. Moins de prévoyance. Il ne doutait donc pas un quart de seconde que cette conversation puisse prendre des accents d’ennui pour elle.

Mais ses pensées cachées pouvaient également porter sur le fond même de leur plan. Maxton avait tout intérêt à faire exploser les couples en jeu. Cela servait ses intérêts tout autant que la volonté de sa sœur. Erin y gagnait moins, puisque si Bluebell revenait sur le devant de la scène, elles seraient contraintes de se supporter. Douce utopie pour qui les connaissait. La position de la Poufsouffle était donc nettement moins enviable que la sienne, elle allait devoir jouer toute en subtilité pour rappeler son existence à son jumeau, tout en préservant le détestable couple qu’il formait avec Yaxley. A titre personnel, Maxton ne comprenait pas bien ce qu’Erin lui trouvait au point de la préférer à sa sœur. La blonde n’avait pour elle que son sang et sa plastique. Pour le reste, elle était d’un ennui et d’un fade … Pour Erin, si flamboyante, il ne comprenait pas qu’une personnalité pareille puisse trouver grâce à ses yeux. Est-ce que l’insignifiance n’était pas aussi condamnable que l’impureté du sang ? Il n’aurait jamais de réponse à sa question. Lui poser la question aurait été admettre qu’il était au courant des cas de conscience qui l’agitaient et prêt à en tenir compte. Or, s’il pouvait mettre la blonde hors de course, il n’allait certainement pas s’en priver.

- Je te fais confiance pour trouver le moment opportun. Tu es une femme d’action.

Ces paroles scellèrent leur accord, autant qu’elles mirent fin au plan qu’ils fomentaient. Ce soir, ils ne trouveraient ni plan précis, ni situation idéale. Ils avaient besoin d’observer la situation. Mais, ils savaient désormais où chercher un allié quand le besoin se ferait ressentir. Confortablement installé de tout son long sur son fauteuil, il posa ses yeux clairs sur Erin et lui demanda d’un ton badin

- Quels sont tes plans pour les vacances ?

Le sujet fâcheux était passé, ils pouvaient à nouveau papoter plus légèrement, comme ils le faisaient habituellement. Et comme les adolescents qu’ils étaient, les vacances étaient sur toutes les lèvres.

- Terroriser des moldus, embêter Judith, t’entraîner pour des duels l’an prochain …. ?

Là encore, il était taquin, même si certaines de ses propositions n’étaient pas dénuées de tout fondement. L’entraînement n’était pas exclu, tout comme son manque d’intérêt pour Judith n’était pas secret. Terroriser des moldus, c’était un peu extrême, mais il n’y avait qu’avec elle et dans ce contexte qu’il pouvait se permettre ce genre de plaisanteries de mauvais goût. Poudlard était devenu bien trop permissif pour qu’il puisse se le permettre dans une autre discussion et à portée des oreilles du corps professoral. Ici, il était plus libre de ses opinions. Et clairement, dans sa tête, les moldus étaient une quantité négligeable.

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