L'ami se déguise parfois en géranium (ft Wes)

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J’avais un problème depuis deux jours. Pas très grave, pas très important mais un problème quand même. Les géraniums commençaient à dépérir. Dis comme ça, ne paraît pas dramatiques mais c’était en partie mon métier de m’occuper de ces géraniums. Après tout, j’étais garde-chasse ici. Et être garde-chasse, cela impliquait un certain nombre de tâches, toutes plus inintéressantes les unes que les autres. Et en ce début de printemps, la principale était de veiller à ce que les fleurs poussent correctement dans leurs massifs. Quoi que j’aie dit à son entretien d’embauche, je n’avais pas choisi ce métier par amour de la nature. Je ne détestais pas les fleurs, loin de là. Mais je préférais largement la mer, ses poissons, ses vagues et ses remous. J’avais accepté ce travail car c’était le meilleur moyen d’être aux côtés d’Hilary, la seule manière que je voyais de pouvoir la protéger. Mais ça avait comme conséquences ces tâches répétitives, ce boulot pénible et ingrat.
Mais je commençais à m’y habituer à avoir mon travail comme véritable préoccupation. Et depuis deux jours ces géraniums étaient devenus l’objet de toutes mes pensées. J’avais remarqué que dans ce massif, à la différence des autres, les fleurs se flétrissaient malgré mes arrosages. j’avais tout essayé, d’arroser manuellement, magiquement, le matin, le soir, rien n’y faisait. Depuis deux jours je m’étais donc rendu à l’évidence : le problème ne venait pas de l’arrosage. Il fallait donc que je me résolve à quitter ma cabane, le parc et mes lieux habituels pour me rendre à la bibliothèque. Il fallait que je trouve où était le problème, s’il venait d’un parasite, d’une maladie, d’un sortilège… Et pour cela, rien de mieux que de me plonger dans un ouvrage de jardinage, en espérant que le bibliothécaire en ait un. Une fois arrivé à la bibliothèque, je surpris le regard étonné de quelques élèves, révisant un cours d’histoire de la magie, de métamorphoses ou autres. Il ne devait pas avoir l’habitude que le garde-chasse se pointent ainsi dans la bibliothèque. Il devait pour certains se dire que je n’étais pas à ma place parmi ces livres, que je ferais mieux de retourner parmi mes désherbages et autres entretiens de la pelouse. Et d’un côté, je n’avais pas prévu de m’attarder.
Mais je ne savais pas où chercher, le classement des livres avait changé, beaucoup avait disparu dans les flammes de l’incendie de l’année dernière. Le mieux était encore de demander directement au bibliothécaire. Je le connaissais peu, l’ayant simplement entraperçu aux Trois Balais lors de la soirée avec les collègues. Il était jeune mais semblait à sa place dans ces lieux. Ne voulant pas troubler la quiétude de cet endroit, je chuchotais.
« Bonjour Wes, excuse-moi de te déranger mais je chercherais un ouvrage de jardinage, j’ai quelques problèmes avec les géraniums. »

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l'ami se déguise parfois en géranium

ft. @BENJAMIN L. DUNCAN et WES MACCREERY

Depuis quelques jours déjà et malgré le beau temps évident, les élèves avaient repris le chemin des tables un peu bancales de la bibliothèque. Le bruit de fond, vivant et agréable, qui existait d’ordinaire en ces lieux et que Wes ne tentait jamais de faire disparaître s’était tari à mesure que les adolescents se plongeaient dans un silence studieux. Il ne restait plus très longtemps avant que les premières épreuves des BUSEs et des ASPICs ne commencent enfin et chacun tentait d’optimiser son temps au mieux. C’était étrange d’être de ce côté-là de la barrière… Quand il avait dû en passer par là, il n’avait pas pris la peine de pousser ces portes bien souvent, préférant réviser à moitié sur les berges du Lac, plaisantant avec ses amis plus qu’il n’apprenait quoi que ce soit. Oh, le résultat avait été à la hauteur de son manque d’investissement. Certes, il avait obtenu six BUSEs et autant d’ASPICs, mais la plupart n’avait écopé que d’un A tout juste atteint. Ça n’avait jamais été suffisant aux yeux de certain et son grand-père n’avait jamais eu de cesse de lui répéter qu’il n’était qu’un incapable en train de rater sa vie. Ces gamins avaient du courage ! Et dans le silence tranquille de la bibliothèque, il ne pouvait que leur souhaiter de s’en sortir dignement. Ils le méritaient, tous autant qu’ils étaient, à privilégier leur avenir à un bon moment dehors ! L’an dernier, les impressions étaient différentes. Avec le bazar qui régnait à Poudlard, il n’y avait qu’une angoisse constante qui flottait dans le château, l’infirmerie trop pleine jetait sur le reste du bâtiment un trouble trop grand pour que l’heure soit studieuse. Ça faisait un bien fou de n’avoir à se soucier que de rangements et de questions diverses ! Aucune perte à déplorer, pas d’attentat à déjouer… tout allait bien. Aussi bien que cela pouvait aller à Poudlard, en tout cas.

Sa plume achevait de remplir un bon de commande en vue de se rapprocher un peu plus encore de ce qu’était la bibliothèque avant que l’incendie n’emporte avec lui tous les ouvrages accumulés au fil des ans et le savoir ancestral qu’elle contenait lorsqu’une ombre se posa sur son bureau, le forçant à relever les yeux de son parchemin. Le garde-chasse se tenait là, l’air peu à l’aise. Wes se fendit d’un sourire amical et immense, visiblement content d’être tiré de sa tâche par autre chose qu’un gamin qui voulait rendre ou emprunter un bouquin.

— Bonjour Wes, excuse-moi de te déranger mais je chercherais un ouvrage de jardinage, j’ai quelques problèmes avec les géraniums.

Bon… peut-être que ça restait un emprunt… Mais tant pis ! Le bibliothécaire ne se démonta pas et reposa sa plume près de son encrier.

— Oh, te prends pas la tête, va, tu déranges pas. Ils sont sages comme des images aujourd’hui, plaisanta-t-il à voix basse, désignant au hasard et d’un regard appuyé quelques élèves penchés au dessus d’une table, si y’a, c’est avec les manuels de botanique, attends.

Il abandonna sa chaise sans prendre la peine de la remettre comme il faut et contourna son bureau pour rejoindre son collègue. Il ne le connaissait pas particulièrement bien mais le trouvait finalement sympathique. Il n’était pas de ceux qui vous prennent de haut pour d’obscures raisons et ne semblait avoir envie de se faire remarquer d’une quelconque manière. Son doigt s’étendit en direction d’un rayonnage et il le précéda d’un pas, évitant les sacs abandonnés au pied des chaises et les jambes qui s’étiraient un peu trop dans l’allée.

— Il leur arrive quoi, à tes géraniums ?

S’il y avait eu encore le professeur MacDougall, il était évident qu’il l’aurait renvoyé directement vers elle, persuadé qu’elle aurait pu faire des miracles. Est-ce que c’était le fait d’avoir été un temps son employé qui l’avait fait garder un respect immense pour l’ancienne enseignante ? Ça n’était pas impossible… En attendant, il faudrait faire autrement… À commencer par mettre la main sur un bouquin digne de ce nom.

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