Coincés entre divers morceaux de parchemins, mes doigts pâles s’activent à une tâche bien trop prosaïque à mon goût. De mon autre main, je survole une feuille déjà noircie d’encre et raturée à de nombreux endroits, ma plume dessinant ma fine écriture sur le papier. J’avais le sentiment d’être coincée dans cette bibliothèque depuis déjà des jours entiers ; cela devait faire une heure ou deux tout au plus. En face de moi, Junior avait le privilège d’assister à mes soupirs répétés, mes froncements de sourcils qui créaient des ridules d’irritation sur mon front, mes jurons soufflés à voix basse. Jamais nous n’avions passé autant de temps à réviser au milieu de la plèbe. L’impression que nous cherchions tous les prétextes pour ne pas nous retrouver dans un tête-à-tête désoeuvré était vague mais tenace. Nos BUSES pouvaient se féliciter de ces dispositions et je m’en contentais sagement pour l’instant. Le beau temps m’appelait pourtant à l’extérieur, me sommait de prendre mon meilleur ami par la main pour le distraire de ses études. Je m’en gardais. Il y avait un nuage - dont l’ombre encore légère ne voilait rien - qui menaçait d’apporter une tempête indésirable si nous franchissions la grande porte. Alors nous conservions le silence sur cette soirée et sur ce que nos lèvres avait partagé. Malgré tout, j’en gardais un souvenir des plus nets depuis que l’alcool avait cessé d’embrumer mon esprit. Si la sensation de notre baiser était encore prégnante, les sentiments qui suivaient cette image étaient, eux, des plus confus. Et, tantôt mes pensées apaisées redessinaient les mots de bonne nuit de Junior sous le signe d’une confession voilée qui m’arrachait un sourire troublé ; tantôt sous celui d’une pique dans la juste lignée de celle qui avait menacé notre anniversaire.
Dans un soupir plus frustré que les précédents, je laisse retomber les parchemins dans une pile brouillonne, agacée de ne pas parvenir à traduire correctement Gebo dans le texte que le professeur nous avait donné comme entraînement à nos examens. Le dictionnaire la désignait comme la rencontre de l’amour et le partage dans la création d’une relation ou d’un dialogue basé sur la réciprocité ; je n’arrivais pas à saisir sa présence dans un texte qui traitait depuis le début de la sagesse et de l’accroissement des pouvoirs magiques. Une moue mécontente aux lèvres, je m’étire, mon regard partant à l’aventure des quelques étagères que nous distinguions depuis notre table. Je ne parvenais pas à me concentrer, de toute façon. Le temps semblait s’étirer, s’allonger, joueur et désireux de faire durer cette attente insupportable qui occupait mes pensées. Je repose mon regard clair sur Junior avant de laisser ma tête reposer dans mes bras pliés sur la table, sans le lâcher des yeux. Supplique muette mais impérieuse de nous en aller d’ici. N’avions-nous pas assez travaillé pour la journée ? Je sais qu’il fait mine de ne pas voir ma moue pressante et, rapidement, un sourire espiègle vient flotter sur mes lèvres. Mon impatience alourdie de ce qui attendait Junior à la fin de l’après-midi avait décidé qu’il était temps d’en terminer avec nos studieuses occupations. Et il aurait été vain de chercher à me faire changer d’avis. Du bout de mon pied tendu sous la table, je viens pousser légèrement sa jambe. Une fois, deux fois, trois fois, avant qu’il ne relève enfin ses prunelles en direction des miennes. Mon sourire d’une innocence jouée à la rencontre de son air réprobateur, jusqu’à ce qu’il cède.
On se rrrejoint dans le hall ? Je n’avais pas été conviée à la Licorne Blanche et je savais parfaitement que ce point passé sous silence par Grand-Père signifiait que je n’étais pas la bienvenue. Son mutisme glacial dans son entièreté marquait tout le mécontentement qu’il ressentait à mon égard. Mais, à des lieues de notre chez nous, derrière les murs épais de Poudlard, j’arrivais particulièrement bien à faire comme si je ne remarquais rien. Cela leur passerait, et je n’avais rien fait de très grave. Il s’agissait de Junior, après tout. Il fallait également rappeler que je lui avais avoué avoir vu la mort par trois fois, pas dans quelles circonstances, ni qui était l’auteur de ces meurtres. En soit, mon meilleur ami ne savait rien. Enfin, il en savait tout de même suffisamment pour que mes aïeux se déplacent jusqu’à Pré-au-Lard et convoquent le Serpentard. Alors, je ne craignais pas le courroux de mes grand-parents à mon égard. Je m’interrogeais par contre sur ce qu’il comptait faire pour régler le problème, avec une pointe d’anxiété que je n’avais pas l’habitude de ressentir. Même dans le couloir du Ministère de la Magie, face au Magenmagot, je n’avais pas perdu de ma superbe assurance.
Je retrouve Junior à l’endroit prévu. Un sourire, un regard brillant, ma main qui effleure la sienne, ses doigts qui ramènent une mèche de mes cheveux à sa place. Autant de gestes que nous n’avions pas abandonnés : c’était une manière bien à nous de nous saluer lorsque nous nous retrouvions le matin pour le premier cours commun ou qui accompagnait nombre de nos discussions. Mais hormis ces quelques témoignages d’une habitude bien ancrée, nous restions des plus mesurés. Bien loin de ce tendre égarement qui nous avait emporté lors de la soirée. Un égarement que quelques battements de coeur épelaient bien autrement. Je ne te prrropose pas d’aller boirrre un thé ironisé-je tandis que nous nous mettions en route. Pré-au-Lard et le chemin pour y parvenir étaient encombrés d’élèves rieurs et pathétiques, mais dilués dans suffisamment d’espace pour que leur présence ne nous pousse pas à nous éloigner à la lisière du village, dans un coin plus tranquille. Ou bien était-ce cette tranquillité que nous fuyions, justement ? Quelques emplettes pour faire passer les heures plus vite, à ne pas perdre une miette des sorciers que nous croisions, par obsession de tomber malencontreusement sur mes aïeux. Et finalement, l’heure du rendez-vous était déjà arrivée. Après une attente interminable, les minutes s’étaient délitées dans un claquement de doigts. Nous nous préparons à rejoindre la rue principale, mon regard accrochant encore quelques secondes celui de Junior. Je ne doutais pas qu’il n’allait rien lui arriver, ils se retrouvaient dans un lieu public et fréquenté après tout, et en même temps, le doute subsistait. On parlait de la Licorne Blanche, les fréquentations étaient des moins regardantes. Je savais trop bien de quoi ma famille était capable et si cela m’avait toujours pleinement satisfaite et fait ma fierté filiale, ce n’était plus totalement le cas présentement. Je t’attends à l’entrrrée du village lui rappelé-je. Inutile d’aggraver la situation en me montrant à Grand-Père alors que l’ordre informulé que je reste loin de tout cela avait été donné. Hors de question cependant que je retourne à Poudlard sans Junior.
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Ven 1 Mai - 20:11, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Dim 26 Avr - 1:20
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Dim 26 Avr - 15:24
Nous errâmes dans Pré-Au-Lard, bercés de l’inquiétude qui dessinait les contours de la fin d’après-midi, laissant le temps nous échapper. Je regardais bien trop par-dessus mon épaule, m’attendant à croiser le regard noir de remontrances de Grand-Père et je sentais Junior aussi peu serein que moi quant aux silhouettes que nous rencontrions. Il arriva bien vite, le moment de nous séparer. Les lèvres du Serpentard laissèrent une sensation tenace derrière elles, un au revoir muet auquel je ne répondis rien, me contentant de le suivre du regard bien après que nos doigts eurent interrompu leur étreinte. Puis je reprends ma promenade vagabonde entre les devantures inintéressantes de boutiques du village. Si je restais réfléchie, je savais qu’il ne pouvait rien arriver à Junior. Il était le fils d’une famille de sang-purs influente, il retrouvait mes aïeuls dans un lieu public - bien que ce ne soit pas le plus fréquentable de toute la bourgade sorcière - et la lettre le conviant à ce tête-à-tête témoignait de cette rencontre. Néanmoins, si je laissais mon esprit dérouler d’autres possibilités, arguant l’implacabilité des miens, je ne pouvais faire taire cette vague d’inquiétude. Finnbjörn n’avait été d’aucune utilité dans cette histoire, Grand-Père ne lui ayant rien confié de ses intentions ; du moins c’est ce qu’il m’avait assuré. Ma confiance aveugle envers mon jumeau ne pouvait cependant s’empêcher un soupçon, celui qu’il désirait me laisser en plein doute pour me donner une leçon supplémentaire. Je savais que son attention, pleine de réprobation, me suivait plus encore que d’habitude depuis que je lui avais avoué les confidences faites à Junior. Et je ne doutais pas que mes grands-parents éprouvaient la même. De manière générale, il me suffisait de décupler la désapprobation de mon tendre frère pour avoir une idée fidèle de ce qu’elle que me dédierait Grand-Père lorsque je me retrouverai face à lui.
Mes pas me perdent entre les ruelles de Pré-Au-Lard, mes yeux s'égarent ci et là, sans vraiment prêter attention à ce qui m’entourait. Jusqu’à ce qu’ils se fixent plus que de nécessaire sur une vitrine. Oh, et puis, pourquoi pas, après tout ? Un haussement d’épaules me décharge du sentiment ridicule qui me poussait à agir ainsi, avant que je ne pousse la porte, faisant résonner le carillon qui annonce un nouveau client. Je ressors les doigts alourdis d’un petit paquet, les poches allégées de quelques mornilles et l’impression floue que ce geste montrait toute l’inquiétude qui m’habitait et que je ne voulais guère considérer.
Quelques errances plus tard et je m’arrêtais à la lisière du village, m’écartant du chemin qui serpentait jusqu’à Poudlard pour me poser au bord de l’eau. J’étais suffisamment visible pour que Junior ne puisse me manque lorsqu’il passerait et suffisamment à l’écart pour qu’aucun abruti ne juge nécessaire de venir m’importuner. Quoique. Un divertissement serait le bienvenu pour me tirer de ces pensées incessantes. Est-ce que je culpabilisais ? Non. Peut-être que ce sentiment m’emporterait s’il arrivait quoi que ce soit à Junior, cependant. C’étaient mes confidences qui l’avaient mis dans cette situation et je ne parvenais pourtant pas à regretter de lui avoir avouer une partie des raisons qui m’amenaient à voir les Sombrals. Il ne savait pas le plus sombre, loin de là, mais la promesse de tout lui raconter un jour avait été formulée. Et je ne prononçais pas des serments à la légère. Enfin, j’allais tout de même attendre de voir ce que mes aïeuls réservaient à cet écart de conduite avant d’en effectuer un second. Et puis, peut-être que Junior lui-même ne voudrait plus rien savoir afin de s’assurer une sécurité bienvenue.
Désœuvrée, mes nerfs en ébullition tant l’attente était insupportable, mon esprit se faisait un malin plaisir à ressasser, encore et encore, les possibilités multiples. Un simple avertissement ? Grand-Mère ne se serait pas déplacée, Grand-Père était bien capable de menacer un adolescent sans sa présence. Lui effacer la mémoire ? Oui, mais à quel point ? Pourquoi le don de Junior n’avait-il pas pu se manifester pour leur permettre de savoir avec exactitude ce qui les attendait ? Ou bien il l’avait fait, plus qu’il ne le lui avait dévoilé ce matin, et il n’avait pas voulu m’en faire part ? Contrariée par toutes ces rêveries fâcheuses, je me relève, mes doigts s’emparant machinalement de plusieurs pierres que je commence à jeter brutalement dans l’eau, avant d’adopter des gestes plus précis pour tenter quelques ricochets. Une activité bien piteuse, mais je n’avais rien d’autre à faire en attendant le retour de Junior. Bien que, ces derniers temps, nos seules occupations consistaient à tout faire pour ne pas en avoir.
L’ombre de la soirée ne nous quittait pas, tenant éloignées les cajoleries habituelles qui rythmaient nos journées. Exceptés quelques caresses et effleurements légers, c’était comme si nous avions tout oublié des étreintes et des perditions lascives qui se nourrissaient d’heures entières. Il fallait maintenant trouver de quoi les combler et les examens était un prétexte tout trouvé mais qui n’effaçait pas la sensation que nous ne faisions qu’éviter un sujet tout entier. Pourtant, ça n’était qu’un jeu, n’est-ce pas ? Un jeu idiot entouré d’individus pitoyables. C’était ce que laissaient sous-entendre les quelques mots que j’avais découverts au petit matin en me réveillant, la tête lourdes des ravages causés par tout l’alcool que j’avais bu, trop vite. Un jeu bien agréable dans lequel je m’étais perdue plus que nécessaire. Il me semblait cependant stupide de vouloir faire toute la lumière sur ce geste et sur le souvenir de ses lèvres sur les miennes. La dernière fois que nous avions abordé le sujet - celui qui remontait pourtant à quelques années déjà - mon orgueil blessé avait tissé une histoire invraisemblable avec Charles-Auguste, et voilà où cela nous avait conduit. Pourtant, une légère pointe acide vint ombrager mon regard clair. Parce que si Junior quittait la Licorne Blanche avec quelques souvenirs en moins ou la subite envie, soufflée par mes aïeuls, de se tenir éloigné des Sørensen, je vivrais avec un déplaisir certain le fait de n’avoir pas pu mettre le doigt sur ce qui relevait du jeu et ce qui n’y était pas lié.
Perdue entre ricochets et pensées désordonnées, l’impatience étouffée par le besoin de m’assurer que Junior irait bien, le temps s’écoule sans que je n’en prenne vraiment conscience. J’étais si absorbée par les échecs répétés de mes lancers que je ne pris conscience de sa présence que lorsqu’il posa sa tête contre mon épaule, ses doigts lestant mes hanches d’un frisson agréable. Je ne me formalise pas de son constat railleur, il méritait bien quelques secondes d’indulgence. Juste le temps de m’assurer que tout allait bien. Je pivote pour lui faire face, une seconde de flottement, puis mes bras s’accrochent autour de son cou et une étreinte soulagée vient mettre fin à cette attente insupportable. Un bref regard par-dessus son épaule, constat rapide qu’aucune silhouette bien trop connue ne se détachait sur le chemin que nous avions délaissé, et mon visage vient s’enfouir au creux de notre enlacement. Tant pis pour la distance raisonnable que nous maintenions depuis plusieurs jours, elle pouvait aller voir ailleurs si nous y étions. Quelques secondes interminables et bienvenues avant que je ne me décide, à contrecœur, à me reculer pour poser un regard brillant sur Junior. Il avait l’air entier. Mais les fêlures de l’esprit ne se lisaient jamais vraiment sur les traits d’un visage. Alorrrs ? l’interrogeai-je simplement. Comment étaient-ils ? Mon sourire, incapable de résister bien longtemps à ce regard qu’il posait sur moi, revint danser sur mes lèvres.
Si nous pouvions retrouver une sérénité tranquille et laisser le courroux de mes grands-parents se déliter dans l’air printanier de la fin de journée, je pouvais retrouver mon impertinence teintée de malice et revenir sur l’indulgence précédemment accordée. Si tu te penses plus doué, je t’en prrrie fais-je avec un sourire moqueur en plaquant une pierre qu’il me restait sur son torse. Mais si tu rrrates, ce serrra pourrr moi prévins-je en m’emparant du petit paquet en l’agitant sous son regard clair. Et puis la seconde d’après, mon regard à moi redevient un peu plus grave. Je t’avais dit que ce serrrait dangerrreux de tout te rrraconter... Ce n’étaient pas réellement des excuses, pas complètement l’inverse non plus. Une simple réalité. Je doutais fortement que Grand-Mère ait pu expliquer l’entièreté de la situation à Junior pour lui prouver à quel point il avait intérêt à garder ce secret pour lui, mais toutes les stratégies de ma famille m’avaient toujours bien semblé tirées par les cheveux. Alors qu’en savais-je ? Et s’il savait tout, qu’en penserait-il ?
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Dim 26 Avr - 23:11
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:01, édité 3 fois
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Lun 27 Avr - 0:42
Mes bras autour de Junior, une étreinte qui retisse à toute vitesse les contours de notre bulle habituelle, rassurante. Cela ne faisait certes que quelques jours que nous nous contentions sagement de brèves caresses et de frôlements épars, vestiges d’une ancienne intimité, et je prenais pourtant conscience d’à quel point cela m’avait manqué, cette présence entière contre laquelle je me lovai. Peut-être que mes craintes, qui existaient bel et bien et qui avaient été ma seule compagnie depuis la rue principale de Pré-Au-Lard, jouaient un rôle dans cette douce sensation qui comblait un vide dont je prenais à peine conscience. Qu’importe, elles étaient dissipées maintenant qu’il se tenait devant moi, égal à lui-même. Du moins, de ce que je pouvais constater au premier abord. Mon visage enfoui contre son torse, je ne voyais plus grand chose de ce qu’il pouvait dégager, et je me recule finalement pour poser un regard impétueux, à la recherche de réponses. Qu’il était étrange de se sentir à se point préoccupée et inquiète, sentiments bien écartés de mon tempérament naturel. En même temps, jamais mes écarts, ou mes frasques comme les nommait certain membre de ma famille dont je tairais le nom mais qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau sur le plan physique, cheveux plus courts et une touche masculine en plus ; jamais mes écarts, donc, n’avaient poussés Junior tout droit entre les mains de fer habillées d’un gant de velours de mes aïeuls. Comment pourrais-je connaître l’inquiétude quand mon entourage s’était toujours montré d’une force sans failles, notre nom nous assurant toutes les conquêtes que nous menions ? Aujourd’hui cependant, il s’était agit de tout autre chose, mon meilleur ami contre les miens, en quelque sorte. Craintes naturelles, donc, mais ce n’était pas là un sentiment que j’appréciais. J’espérais bien ne plus jamais l’éprouver.
Ma question à l’assaut de son air lourd de quelque chose que je n’étais pas sûre de saisir. Il laisse son regard se perdre quelque part, m’arrachant une moue mécontente. Je ne doutais pas un seul instant que Grand-Père et Grand-Mère se soient montrés d’une politesse irréprochable. Le gant de velours. Maîtrise parfaite de leurs émotions et des codes de la bonne société. Ce qui m’intéressait, moi, c’était ce que la main de fer et de plomb avait agité comme sentence sous les yeux clairs de mon meilleur ami. Sourcils froncés, je plisse légèrement les yeux, essayant de deviner ce qu’il éludait avec un manque flagrant de subtilité. Était-ce donc si horrible qu’il ne voulait pas m’en parler ? Ou avait-il besoin d’encore un peu de temps pour assimiler cette rencontre qui avait, sans aucun doute possible, laissé une trace, si ce n’étaient plusieurs ? Mon impatience déjà bien échauffée par ce temps indéterminé passé sans sa présence me ferait presque trépigner sur place. Une émotion fugace qui passe sur son visage et qui me laisse muette, quelques secondes encore. Nouvelle moue, résignée cette fois-ci. Il allait bien. Pouvais-je lui accorder quelques minutes de plus avant d’exiger un compte-rendu détaillé de son tête-à-tête avec mes grands-parents ? Je devais au moins essayer, il méritait d’être un peu ménagé. Mais le regard lourd de sous-entendus que je lui coule ne laisse pas planer le doute : je brûlais de ne pas savoir exactement quelle décision avait été celle de mes aïeuls.
Mon sourire railleur et teinté d’impertinence accompagne la pierre que je pose contre son torse, revenant à sa moquerie qui avait ponctuée son retour. J’imagine que tu le saurrras une fois que tu aurrras rrréussi à fairrre mieux que moi répliquai-je avec un sourire toujours plus grand. Ses doigts délestent les miens du caillou et il s’avance un peu plus en direction de l’eau et mes pupilles le suivent, flamme amusée qui les fait briller. Je n’attends que ça. Le sarcasme fait chanter ma voix à défaut que mon accent ne vienne y ajouter sa mélodie. Un brusque instant, je retrouve un sérieux bien rare, bien grave, bien différent de cette lueur éternellement taquine que je lui réservais. Je l’avais su à l’instant où je m’étais décidée à lui dévoiler une partie de ce secret qui était le notre. Le courroux de mon frère adoré était inévitable, tout autant que celui, plus insidieux, de mes grands-parents. La menace, je l’avais sciemment apposée sur Junior en choisissant de l’inclure dans ce grand secret. Est-ce que je regrettais ? Non, en fait, j’avais envie de lui en dire encore bien plus. Depuis que nous étions ces deux enfants qui contemplaient les étoiles pour se rassurer d’une nuit lourde de cauchemars, je n’avais jamais douté un seul instant de la confiance aveugle que je pouvais avoir en lui. Et maintenant qu’il possédait une partie de ce que je dissimulais, je ne voulais plus que lui confier le reste. Pas tout de suite, néanmoins. Pas temps que je ne saurais pas ce que Grand-Père avait décidé. Pas temps que je ne serais pas sûre, également, qu’il souhaitait savoir la face cachée et ombragée du peu que je lui avais déjà dévoilé. Son assertion me laisse un demi-sourire tandis qu’il se retourne en direction de l’eau et du défi qui l’attend.
Juste avant de ne lancer son caillou en direction de ricochets qu’il disait certain de réussir, il se fend de quelques paroles d’une tendresse sincère qui achève de faire naître un sourire bien plus qu’heureux sur mon visage. Je ne te savais pas aussi aventurrrier, mon Prrrince fais-je avec une moquerie effacée par la tendresse évidente qui perçait mon ton. Si on pouvait éviter cerrrtains dangers tout de même... Je n’étais pourtant pas la dernière à me priver de partir à leur rencontre. Et probablement que mes habitudes reviendraient au galop une fois cet épisode effacé par les jours, devenant un vague souvenir qui teinterait à peine nos échanges. Mes pas qui me portent jusqu’à lui, mes doigts qui effleurent sa main libre, sa pierre qui se noie lourdement dans les eaux de l’étang. Je venais de lui fournir une excuse en or pour m’accuser de l’avoir déconcentré, mais il se contente d’un rire léger avant de me faire face pour découvrir ce qu’il venait de perdre. Un petit rire m’échappe avant que je n’ouvre la boîte sous ses yeux, dévoilant un scone aux myrtilles, et un gâteau au chocolat mais ce dernier, je le savais, n’attirerait rien de plus chez lui qu’un vague reniflement dédaigneux. Ce serrrait dommage de le gâcher, fais-je, par-dessus le couvercle relevé que je referme finalement avec un sourire toujours plus amusé. mais tout ce qui m’a éblouie, c’est la chute rrretentissante de ton caillou. Toutefois, l’air qu’il adopta en voyant la promesse d’un gâteau disparaître sous la boîte de nouveau close m’arrache un rire gentiment moqueur et je finis par consentir, royale, à ce qu’il obtienne malgré tout cette récompense. Ma bonté me perrrdrrra. Non sans souligner toute l’indulgence dont je faisais preuve à son égard en lui accordant ce scone malgré sa non-réussite.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Lun 27 Avr - 20:15
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Lun 27 Avr - 22:52
Les compétences de Junior en matière de ricochets m’étaient inconnues : d’aussi loin que je me souvienne, nous n’avions jamais joué à ce jeu idiot. Et cette journée n’aurait pas fait exception si je n’avais pas eu à l’attendre bien trop longtemps aux abords de ce ridicule village. La légèreté de ces retrouvailles s’efface sous le sérieux que retrouvent soudainement ma voix et mes propos. Il ne s’agissait pas d’excuses, mais simplement de lui réaffirmer le fait que je n’avais jamais voulu qu’il en arrive là par la faute de mes confidences. Que je ne regrettais cependant pas le moins du monde. Je réduis à néant toute la distance revenue entre nous alors qu’il se tournait en direction de l’étang, mes doigts à la recherche des siens, ses mots m’arrachant un sourire. Aucun rrrisque soufflai-je au moment où son caillou se noyait lamentablement dans les eaux douteuses qui nous faisaient face. Le bruit de sa chute mouillée couvrit peut-être mes propos. Toujours est-il que seul son ricanement me répond et je n’approfondis pas plus la vérité qui se dessinait pourtant, aussi limpide que du cristal, sous nos yeux. À savoir que je ne voyais nul ennui tant que nous étions tous les deux. Oh, bien entendu, je n’étais jamais la dernière à nous entraîner sur des chemins glissants pour distraire les caprices de mon caractère impétueux. Mais jamais la possibilité d’heures perdues sur un lit, dressé comme un refuge, ne m’avaient parue enviables autrement qu’en sa présence. Les ondes à la surface de l’étang sont bientôt les seuls témoins de sa tentative ratée. Elles, moi, et mon sourire railleur qui le cueille alors qu’il me fait face.
Le sourire qu’il affiche au moment où je lui dévoile les pâtisseries valait bien la légère interrogation qui m’avait saisie en sortant de la boutique. Toute l’idiotie que j’avais pu imputer à mon geste s’était envolée, ne laissant plus que la satisfaction de le voir réjoui. Jamais quelques mornilles n’avaient été si bien dépensées. Et dans une moquerie qui profitait déjà de sa réaction que je devinais sans mal, je referme la boîte, ôtant cette vision gourmande à ses yeux clairs. Qui se teintent d’une supplication et d’une moue angélique comme lui seul était capable d’adopter. Pouvais-je encore m’étonner sincèrement du chérubin que sa mère voyait en lui quand il était capable de feindre un tel chagrin en quelques secondes à peine ? Un roulement d’yeux exagéré plus tard et je capitulai, sans grand mal.
Son bras m’enveloppe et sa volonté muette nous entraîne jusqu’à un banc qui avait échappé à l’impure occupation de quelques plébéiens. Je n’avais toujours pas la moindre idée de l’heure exacte qu’il était mais laissait à Junior tout le soin de se charger de cette composante-là. Pour ce que j’en avais à faire, je pouvais bien laisser le soleil disparaître, les étoiles allumer le ciel par millier, et faire résonner l’alarme silencieuse du château en arrivant devant ses grilles closes, feignant m’être perdue. Je n’accordais guère plus d’importance à la silhouette massive du château qui nous rappellerait bien vite à lui, lui préférant la sensation agréable de la main de Junior sur ma hanche. Alors c’était comme ça ? Nous nous tenions sagement éloignés de nos cajoleries habituelles suite à une soirée où l’alcool et un jeu pathétique nous avaient entraînés sur un sentier épineux, pour les retrouver avec un naturel désarçonnant après une heure, tout au plus, passée l’un loin de l’autre ? Je ne m’en plaignais pas, quand bien même le souvenir brumeux de nos lèvres engagées dans un ballet agréable ne semblait pas pressé d’abandonner mon esprit. Je ne savais qu’en penser et je n’aimais pas nager dans l’incertitude. Cependant, l’inconnu qui se dessinait derrière un éclaircissement frontal avec mon meilleur ami me semblait bien moins favorable que cette hésitation adolescente qui parsemait désormais ce que nous continuions de tisser. Je préférais encore douter du fait qu’il avait apprécié ce baiser avec la harpie qui nous servait de camarade et que le nôtre lui avait confirmé ses dires hivernaux plutôt que d’en acquérir la certitude. Nous n’avions pas besoin de cette dernière pour conserver notre complicité de toujours. N’est-ce pas ? C’était pourtant conserver le danger qu’une épine ne se plante trop profondément et ne relâche un venin empoisonné lors d’une dispute prochaine.
Mais pour l’instant, je n’étais que sourires alors qu’il s’étale de tout son long sur le siège qu’il nous a choisi, son bras nonchalamment passé sur le dossier pour s’y appuyer. Quand ça n’était sur son lit qu’il s’étendait, c’était sur un banc. Junior était fait pour vivre allongé, tel un Roi qui n’a pas besoin de quitter son trône pour s’assurer la bonne obéissance de ses sujets. Tu souhaites peut-êtrrre que je me trrrouve un autrre banc exagéré-je avec une moue faussement mécontente avant de le rejoindre, mes jambes pendant négligemment dans le vide par-dessus ses mollets.
Son ton où danse une malice espiègle me fait hausser un sourcil. Quelle mauvaise rrréputation ? Tout Poudlarrrd sait que je ne suis qu’un ange et c’est bien pourrr cela que je suis là avec toi, mon Chérrrubin me moqué-je avec une tendresse qui fait pétiller mon regard et se joue de mon sourire. Je n’avais rien à faire que la plèbe toute entière me juge démoniaque ou se montre profondément jalouse en découvrant quel amour je pouvais être, puisqu’il n’y avait bien qu’avec Junior que je voulais bien me comporter de cette façon. Bon, il n’était peut-être pas le seul : mes chers frères avaient parfois le droit à une gentillesse de ma part, Finnbjörn surtout. Du moins lorsque nous n’étions pas trop occupés à nous courroucer mutuellement ce qui, rétrospectivement, nous prenait quand même beaucoup de temps et d’énergie. Suffisamment pour que les attentions dont je pourrais vouloir me fendre à son égard soient aussi rares que parfaites. Je note cependant que je ne suis qu’amourrr à tes yeux, ce qui signifie sans aucun doute que tu ne prrrotesterrras plus jamais contrrre mes idées et envies. Comment ça, ce n’était pas du tout ce qu’il avait dit ? Douée pour entendre ce que je voulais bien quand cela m’arrangeait, je lui adresse un sourire éclatant d’impertinence avant de terminer de faire taire toute contestation de sa part en lui tendant la boîte, de nouveau ouverte dans une invitation à se servir. Le scone est évidemment pourrr moi, le chocolat pourrr toi me moqué-je doucement, dernière taquinerie avant qu’il ne s’empare du gâteau qui figurait parmi ses préférés, si ce n’était pas celui qui surpassait tous les autres.
Je le rejoins dans le rire qui l’agite avant de poser sur lui deux pupilles opalines enflammées par l’amusement. Et aussi par le sarcasme taquin qui ne tarde pas à franchir mes lèvres. Quel dommage, tu le prrréparres si bien, qui plus est... Je fais disparaître mon sourire teinté d’insolence derrière ma part de gâteau au chocolat. Mes yeux ne le lâchent cependant pas, la flamme espiègle s’éteignant progressivement pour laisser, de nouveau, toute la place à ce voile de sérieux. J’avais tenu cinq minutes, au moins, et c’était déjà bien plus que mon impatience naturelle n’était capable d’accepter ; est-ce que je ne méritais pas désormais de savoir ce que Grand-Père avait décidé pour assurer que les bribes de secret que j’avais confiées à Junior ne quitteraient jamais ses lèvres ? Si j’étais Finnbjörrrn je te demanderrrais sûrrrement quelque chose comme « À quoi était parrrfumé le thé que tu as bu en compagnie de mes aïeuls ? » fais-je, affectant le ton pompeux que mon tendre jumeau savait si bien prendre. Mais on sait que je suis bien moins douée pourrr les subtilités. Mes doigts à l’assaut d’un bout de gâteau, réduisant en miette noire l’attente insupportable à laquelle j’avais été confrontée jusque-là.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mar 28 Avr - 0:50
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mer 29 Avr - 0:43
you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin
Son trône adopté, le prince se prélasse déjà de tout son long, ne frémissant pas le moins du monde sous mon air faussement mécontent. Puisque monsieur prenait ses aises de la plus nonchalante des façons, je ne me prive pas d’en faire de même, laissant mes jambes reposer sur les siennes. Junior m’attire alors un peu plus vers lui, réduisant de nouveau l’impression que ces derniers jours nous tenaient éloignés l’un de l’autre. Ou plutôt, nous offrant un doux retour à la normale. Ça dépend : trrrois comme toi ou comme moi ? fais-je avec une innocence espiègle, laissant délibérément planer le doute que plusieurs adolescents comme lui puissent tenir sur le même banc. À cause de ses jambes étendues ou de cette suffisance souveraine qui prenait bien de la place, au choix. En réalité, qu’il prenne toute la place qu’il souhaitait, qu’il n’en laisse pas un millimètre pour quiconque, tant que je pouvais m’asseoir sur ses genoux, cela me convenait. Ce n’était jamais aussi bien que lorsque nous n’étions que tous les deux. Du moins quand tous les prétextes n’étaient pas bons à nous ensevelir sous des dissertations et autres occupations trop prosaïques.
La mauvaise réputation qu’il ose me prêter quelques secondes à peine me fait hausser un sourcil. ll était évident que je me fichais éperdument de ce que pouvait penser tout Poudlard sur mon compte. Une trop grande partie de nos condisciples n’étaient que d’écoeurants impurs, la lie d’une plèbe qui n’aurait jamais dû acquérir le droit d’étudier dans ce château dont le prestige s’étiolait chaque année un peu plus. Des êtres plus qu’inférieurs dont l’avis, même en ce qui concernait les questions les plus médiocres, n’avait aucune valeur. Alors concernant ma réputation ? Je me réjouissais presque de savoir qu’ils me redoutaient autant que je les abhorrais. Quand au reste de nos camarades, ceux qui pouvaient prétendre à un brin de mon attention, ils restaient cependant bien loin d’avoir assez de mon respect pour que je me soucie de leur opinion. Il faut dire que mêmes les personnes que j’estime le plus, mes très chers frères en tête de liste pour ne citer qu’eux, étaient incapables de calmer un tempérament qu’ils jugent bien trop impétueux.
Quant à Junior, il était, de loin, celui avec lequel je me montrais le plus conciliante. Ma propre famille devait être loin de soupçonner ce trait là de mon caractère. Avec un sourire impertinent, je m’empare sans hésiter de ses paroles qui font de moi un ange pour les tourner en faveur des idées et envies que je finissais immanquablement par avoir. Et ne lui laisse pas le temps de protester, achetant son silence par l’étalage des pâtisseries qui viendraient, sans aucun doute, jouer sur la corde sensible de sa gourmandise. Son air boudeur accentue l’insolence de mes traits et je le rejoins dans son rire alors qu’il s’empare du scone qui lui était tout entier réservé.
Le goûter que nous partageons a cette saveur particulière que laisse un plaisir retrouvé après une trop longue absence. Une nouvelle fois, il ne s’agissait que de quelques jours à peine et nous étions bien loin de ces deux semaines infinies durant lesquelles nous ne nous étions plus adressé la parole du tout. Mais il y avait une retenue et elle prenait entièrement vie au moment où nous achevions de la rompre. Je m’étais docilement pliée à des règles qui n’étaient pas les miennes, du moins le pensais-je ainsi. Les mots flous de mon meilleur ami, parcourus encore et encore par mes yeux fatigués à cause de l’alcool avalé la veille, avaient dessiné les contours d’un non-dit qu’il n’avait pas cherché à briser, à aucun moment. Si c’était pour lire, noir sur blanc, encre indélébile dans des carnets trop précieux pour cela, à quel point cela le conforte dans ses propos de l’hiver dernier, je préférais ne pas chercher à éclaircir ce sous-entendu brumeux. Nous qui ne manquions pas une occasion pour nous évader un peu de ces murs collégiaux, nous étions sagement restés silencieux tout le dimanche durant. J’étais à peine sortie de mon lit pour un rapide dîner, la tête encore alourdie des excès de la veille et de ce souvenir qui avait décidé de ne pas me lâcher. Puis la semaine avait débuté, nous avions repris nos places respectives, mais appesanties d’une distance malvenue. Que ce soit parce que tout éloignement avait une durée limitée lorsque cela nous concernait, ou le fait de ce rendez-vous inquiétant avec mes aïeuls, peu m’importait, seul comptait cette proximité retrouvée, ces caresses brèves mais dont je ne cherchais plus à me priver, ces taquineries enjôleuses.
Sa protestation offusquée m’arrache un gloussement étouffé par mon gâteau. Certes, cet épisode avait manqué de ruiner notre anniversaire mais il me semblait que rien ne pouvait vraiment nous atteindre sur ce banc. Je ne fais que rrrelever tes brrrillantes aptitudes, mon tendrrre ami. Toute la moquerie du monde ne subsistait pas bien longtemps dans ce sourire agité d’une tendresse. La flamme espiègle qui éclaire mon regard, elle, s’éteint cependant progressivement. Et mon gâteau perd subitement toute saveur.
J’avais déjà attendu bien plus longtemps que je n’en étais capable d’ordinaire, renonçant à l’assaillir de questions, préférant me lover quelques secondes dans une étreinte rassurante avant d’être entraînée par un ricochet puis par le bras de Junior qui nous avait guidés jusque là. Il me fallait savoir, combler le vide de ce temps passé à la Licorne Blanche d’un récit de sa part. Comprendre jusqu’où mes confidences avaient entraîné mon meilleur ami. Je me fends d’une imitation que je juge parfaitement réussie de mon jumeau adoré, le sourire de Junior menaçant de briser le sérieux que j’affectais, avant d’abandonner toute subtilité. Elle ne m’allait guère, de toute façon. Acharnés, mes doigts réduisent méthodiquement un bout de ma pâtisserie en des miettes sombres qui disparaissent rapidement, emportées par le vent léger qui soufflait, mon regard impatient ne lâchant pas le Serpentard, attendant qu’il daigne rompre ce silence. Et quand enfin il daigne m’accorder quelques explications, je me redresse un peu, tendue d’attention, mes pupilles claires fouillant les traits de son visage.
Conciliants n’était définitivement pas un qualificatif usuel pour désigner n’importe lequel des Sørensen, aussi m’attendais-je au pire tout en étant incapable de le concevoir tant mon meilleur ami semblait entier. Je m’étais figurée qu’ils puissent lui sommer de lui effacer la mémoire pour s’assurer que jamais ne subsisterai la moindre preuve de ce secret dans des pensées étrangères à notre famille. Quant au Serment Inviolable, s’il fit briller un instant mon regard de surprise, il ne m’étonna finalement guère. Doucement, alors qu’il laisse l’évidence de son choix se dessiner, je porte mes doigts jusqu’à son poignet, effleurant l’endroit où le lien rouge sacré avait dû apparaître. Il n’y avait aucune preuve de ce lien invisible. Mortel. Aucune si ce n’est l’air résigné et presque désespéré de mon meilleur ami. J’imagine sans peine qu’ils aurrraient prrréférrré tout effacer acquiesçai-je, mes doigts se perdant dans un ballet de caresses légères sur le dos de sa main, délaissant le poignet où ne subsistait de toute façon pas la moindre marque. Mais pas moi... Une moue contrite sur les lèvres, mon regard perdu dans les mouvements de ma main. Non, j’aurais détesté qu’il me revienne amputé d’un seul de nos moments, surtout que, qui sait si mes Grands-Parents n’en auraient pas profité pour lui ôter quoi que ce soit d’autre, mais j’étais pourtant incapable de me réjouir que ce ne soit pas le cas puisque cela signifiait qu’il était lié à une promesse jusqu’à sa mort. Avec toute la confiance que je lui portais, je ne doutais pas qu’il puisse supporter ce fardeau, je regrettais simplement qu’il en subisse le poids. Alorrrs, comment cela fonctionne ? Est-ce qu’on peut tout de même en parrrler, entrrre nous ? Je ne doutais pas que mes grand-parents aient pris grand soin de lui expliquer en long, en large et en travers tout ce que signifiait un Serment Inviolable et toutes les limites qu’il devrait respecter, surtout si, comme nous semblions le penser, ils étaient plus favorables à Oublietter mon meilleur ami qu’à lui laisser cette connaissance-là.
Mon gâteau avait perdu tout son intérêt, mon appétit envolé, remplacé par un nœud inhabituel, et je repose sans ménagement ma part dans la boîte qui l’avait porté jusqu’ici. Mais j’étais bien incapable de rester trop longtemps dans cette humeur, surtout pas alors qu’il m’arrache un nouveau sourire en me précisant le goût de son thé. Encore moins alors que nous devrions bien assez tôt rentrer au château pour nous séparer. Frrruits rrrouges ou autrrre, c’est tout aussi insipide commenté-je finalement, un amusement légèrement retrouvé encore qu’il ne serait jamais parfait tant que cette ombre subsisterait sur le visage de mon meilleur ami.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mer 29 Avr - 14:34
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mer 29 Avr - 17:04
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junior & erin
Une pichenette offensée contre sa cuisse témoigne du désagrément passager - et évidemment surjoué - que me cause sa remarque espiègle. Je ne bouge pas d’un millimètre malgré ce qu’il sous-entend, mes prunelles hautaines contre ses yeux levés au ciel, dédaigneux. Puis nos rires qui effacent, rapidement et à l’unisson, ces allusions insolentes sans consistance aucune. J’étais parfaitement bien où je me trouvais, et même si notre position enchevêtrée assurait de la place pour un autre couple, il était impensable que je me détache de cette proximité retrouvée pour occuper le reste du banc. Notre complicité enfantine reprenait ses droits et tissait à toute vitesses les contours ainsi que le coeur de cette bulle qui s’était faite discrète ces derniers temps. Fallait-il en remercier mes grands-parents ? J’avais peine à croire que nous serions restés dans ce vague intermédiaire éternellement. Il n’avait pas été désagréable, mon meilleur ami à mes côtés malgré l’absence de notre intimité habituelle. Il n’avait pas été confortable pour autant. Mais force était de constater que les doutes obscurs amenés par ce rendez-vous aux conséquences opaques avaient précipité la fin de cette sage conduite qui ne nous ressemblait guère.
Ce n’est pas le souvenirrr le plus clairrr que j’ai de cette soirrrée, il faudrrrait que je teste de nouveau pour te donner un avis fais-je avec un air innocent, sachant qu’il refuserait avec une véhémence indignée de toucher une seule autre théière pour le reste de sa noble existence. Je conservais avec une précision accrue les images des interdits que nous avions brisés sans la moindre hésitation ce soir-là : feuilles de mandragore, escapade sur les toits, nuit passée l’un contre l’autre. De cette eau chaude insipide, cependant, il ne me restait pas grand chose d’autre que le rappel vivace qu’elle avait manqué de nous coûter notre anniversaire. Je n’avais pas touché à la tasse qu’il avait laissée derrière lui à mon intention. Je me rappelais les feuilles flottantes à la surface et qui n’avaient, je le crois, rien à faire là. Je n’étais pas une grande amatrice de thés mais j’étais convaincue que sa préparation avait été loin de frôler la perfection.
Même le souvenir d’un défi puéril qui avait failli causer la fin de notre soirée d’anniversaire ne parvient pas à troubler nos sourires. Il en avait été de même lors de nos retrouvailles après ces deux semaines d’une pénible séparation : rien n’avait semblé pouvoir nous atteindre, réfugiés sur son lit et perdus dans le plaisir simple de nous revenir. Jusqu’aux Sombrals. Un schéma récurrent qui s’apparentait probablement au rythme que nous étions incapables d’abandonner. Rires complices, tendres moqueries, caresses enjôleuses, et puis une chape de plomb, qui nous éloignait pour mieux nous précipiter l’un contre l’autre après un temps incertain. Je n’avais guère de hâte de savoir laquelle mettrait fin à ce goûter improvisé.
Peut-être bien qu’elle était d’une évidence brutale, cependant. Après tout, si nous étions sur ce banc en cette fin d’après-midi printanière, c’était pour une raison qui refusait de laisser mon esprit en paix. Le sérieux remplace les sourires insouciants et l’appel muet de mes prunelles part à la recherche du mystère qui enveloppe encore la rencontre entre mes aïeuls et mon meilleur ami. Le gâteau au chocolat abandonné dans sa boîte laisse mes doigts libres d’explorer son poignet, vierge de toute trace. Pourtant, un Serment Inviolable avait été prononcé et toutes les implications que ce sortilège induisait dansaient devant mon regard cristallin posé sur la peau pâle de Junior. L’évidence que ça n’avait pas été là le choix numéro un de mes grands-parents s’installa entre nous. Ils avaient pourtant laissé la décision finale à Junior et celui-ci avait préféré conserver l’entièreté de ses souvenirs plutôt que de prendre le risque qu’une magie étrangère n’ait la capacité d’alléger sa mémoire autant que désiré. Cela me ravissait plus que je n’en avais réellement conscience.
Si je n’avais aucune intention de retirer mes doigts de là où ils étaient, Junior s’attache leur présence et leurs caresses d’une douce étreinte. Ils s’abandonnent tout entiers à quelques caresses sur sa paume, tandis que je m’interroge, le questionne, à voix haute. La promesse que j’avais formulée cette après-midi là, dans son dortoir, n’avait peut-être rien d’un Serment Inviolable, je ne mourrais pas de ne jamais la tenir, mais elle me liait pourtant indubitablement à mon meilleur ami. Nous avions chacun renoncé à quelque chose pour ce secret. Lui, à une liberté insouciante. Et moi, à la tranquille assurance que mes incartades ne feraient jamais rien d’autre qu’ombrager fugacement les pensées de mes grand-parents. Il serait donc injuste qu’il ne se révèle jamais complètement. Ce serait cependant une histoire pour un autre jour. Il aurait été indécent, plus que je n’étais capable de l’être même au plus haut de mon impertinence, de venir troubler cet instant de ce souvenir nébuleux.
J’hausse négligemment les épaules, l’air de repousser ces considérations. Cela ne faisait sûrement pas partie de leur plan, en effet. Mais puisque Junior était déjà lié à ce secret par le Serment Inviolable, que risquions-nous de plus à lui dévoiler toute la vérité ? En réalité, j’étais convaincue que j’étais celle qui avait le plus à perdre. Qui savait comment il pourrait réagir en apprenant aussi crûment que Grand-Mère sacrifiait tous les trois ans un insignifiant impur pour nos beaux yeux ? Nous ne grandissions pas tous avec les mêmes réalités. Ce qui me semblait d’une banalité affligeante, un point de détail, ne l’était absolument pas. Même auprès d’autres sang-purs partageant nos valeurs. J’imagine que non. Laissons leurrrs plans où ils sont ? fais-je, interrogation aux accents d’affirmation. J’imagine également que ce n’est pas exactement le bon moment pourrr te prrroposer de passer quelques jourrrs de tes vacances chez nous cet été ? Finn souhaite inviter Carrrla. Bon moment ou pas, je venais pourtant de formuler cette invitation qui me trottait dans l’esprit depuis quelques temps déjà. Jamais mes aïeuls ne verraient d’un mauvais oeil que nous invitions nos camarades de bonne famille à passer quelques temps au manoir. Je soupçonnais même que Grand-Père serait ravi de pouvoir garder un oeil sur Junior afin de se faire une idée plus précise de ce dont il retournait exactement.
Dans un amusement légèrement dédaigneux, je saisis sa tentative d’abandonner le sujet de ce tête-à-tête partagé avec mes grand-parents. Mon rire vient répondre à sa moquerie. Quel manque de goût de sa part ! Je ne prrrétends rrrien de tel fais-je dans une exclamation offensée. J’énonce juste simplement une vérrrité accessible à l’élite uniquement poursuivis-je en une moquerie qui danse sur mes lèvres. Junior n’aimait pas le chocolat, qu’il soit sous forme de tablette ou de boisson chaude, dans un gâteau ou comme sucrerie. C’était incompréhensible, mais force était de constater que sa perfection n’était pas totale.
Il abandonne lâchement ma main qui se plaisait bien là où elle était et je reprends alors l’anéantissement consciencieux de ma part de gâteau avec une petite moue. Elle disparaît cependant bien vite dans le silence paisible qui nous enveloppe, seulement troublé par tous les sons qui composaient ce jour de printemps. Au loin, sur le chemin qui serpentait au-dessus de nous, quelques voix étouffées nous rappellent la présence de nos camarades sur le retour. J’étais toujours aussi bien, négligemment appuyée contre Junior, et n’avais pas la moindre envie de bouger de notre banc pour retourner à Poudlard. Je laissais sciemment mon meilleur ami s’occuper de l’heure qui défilait pour nous rappeler le moment où il nous faudrait cependant nous en aller. Sa réflexion qui rompt la danse muette de nos pensées respectives me fait d’abord rire avec une ironie qui se lit jusque dans mon regard. Tu veux parrrler desquels ? Notrrre anniverrrsairrre, l’alcool et les feuilles de mandrrragorrre ? L’intrrrusion dans la bibliothèque ou celle dans la salle de bain des prrréfets ? Énuméré de cette façon, c’était comme si nous étions les pires délinquants qui vivaient à Poudlard. Je trouvais personnellement que nous profitions simplement de ce que nous avions à notre portée. Ou alorrrs de cette soirrrée pourrr fêter la victoirrre de Serrrpentarrrd, l’alcool et ces baisers ? Les mots lâchés bien avant que mon esprit ne les soupèse me font cesser un instant mon jeu avec les miettes de gâteau. Trop tard pour les retenir, les ravaler. Concernant ce dernier point, l’image que pourraient en avoir mes aïeuls n’était pas la seule interrogation qui l’enveloppait. Je relève mon regard clair pour croiser celui de Junior, sachant qu’elle était peut-être là, la chape de plomb qui n’attendait que de nous recouvrir. Fonçant néanmoins avec un mépris total des conséquences. Quoi que ce soit que tu prrréférrrerrrais effacer ?
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mer 29 Avr - 19:27
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Mer 29 Avr - 23:37
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Nous nous accordons pour ne pas laisser les plans de mes grand-parents assombrir plus longtemps ce tête-à-tête qui n’appartient qu’à nous. Comme tous les autres avant lui, comme tous ceux qui suivront. Je savais maintenant de quoi il retournait et mes doigts, ainsi que nos pensées, s’étaient suffisamment attardées sur l’image de ce lien écarlate entourant le poignet pâle de mon meilleur ami. Que dire de plus ? Un Serment Inviolable était éternel et immuable. Savoir que Junior refusait catégoriquement de perdre le moindre souvenir nous liant avait fait naître une douce chaleur dans ma poitrine, un sourire absent car attiré ailleurs, dans un quelque chose dont je n’appréhende pas encore la globalité. Nous aurions tout le temps de nous occuper de ce que pouvaient prévoir mes aïeuls ou de ce qui se dessinait sous cette réalité inaltérable. En ce qui me concernait, il me fallait encore découvrir ce que Grand-Père avait décidé pour moi. Un tel écart de conduite ne pouvait être passé sous silence, même si la désapprobation de Finn avait déjà été un premier aperçu de ce qui m’attendait. Notre famille n’était guère portée sur les châtiments corporels : l’ignorance était le meilleur des mépris et les miens la maîtrisait à la perfection. Junior valait-il ce risque ? Assurément. Je crois que nous tombions d’accord sans condition sur ce point précis.
Peut-être n’était-ce pas exactement le moment rêvé pour l’inviter à quelques jours de vacances dans notre résidence de Norvège. Son rire m’arrache une moue vexée, comme s’il pouvait sincèrement penser qu’il s’agissait là d’une plaisanterie. J’étais on ne peut plus sérieuse et ne souffrirait pas qu’il remette ce fait en question. L’offense commise n’est pas assez importante pour que j’abandonne mes vagues caresses sur le dos et l’intérieur de sa main. Sa réponse accentue ma moue, comme une enfant prise en faut et qui déteste cela. Il était évident, c’était même limpide, que j’aurais préféré un enthousiasme inconditionnel de sa part à l’idée de passer des jours entiers loin de Poudlard sans aucun couvre-feu pour nous séparer. Et si j’avais bien conscience que l’entrevue avec mes aïeuls entachait légitimement toute considération de ce genre, ma fierté était néanmoins piquée de son manque flagrant de chaleur. Et celle de me voirrr, moi marmonné-je dans un souffle presque silencieux, caprice enfantin que l’on venait de refuser de satisfaire. J’avais l’impression qu’il pourrait m’annoncer n’importe quoi, ou presque, que je serais présentement incapable de lui en tenir rigueur. Un semblant d’immunité qui ne durerait pas éternellement, mais qui protégerait au moins les reliefs de cet après-midi qui nous avait déjà fort éprouvés.
Je retrouve bien rapidement mon sourire moqueur alors qu’il me détaille le programme qui rythmera le début de son été. Un réel plaisir que je n’enviais absolument pas. Avec le neveu du Ministrrre ? m’exclamai-je, une surprise exagérée qui ne masquait pas le sarcasme faisant briller mes prunelles. Il faudrrra veiller à me rrrevenirrr en vie, parrrce que ce début de vacances m’a tout l’airrr morrrtel. Tendre raillerie. Il n’était pour rien dans ce mariage auquel il devait participer, dommage collatéral de la bienséance qui enveloppait éternellement la noblesse sorcière. Tout ce qui m’importait, au fond, c’était la fin de son petit déroulé, celui qui affirmait qu’il serait tout à moi une fois cette union célébrée. Mais je le plaignais sincèrement de devoir assister des heures durant à des badinages en tout genre et des courbettes forcées sans aucun divertissement possible, autre que les petits fours à disposition.
Avec un haussement d’épaules et un soupir dramatique, je laisse le visage de mon frère adoré s’imposer à moi, une seconde à peine, avant qu’un roulement d’yeux ne le chasse. Oui. Je lui ai dit que je comptais t’inviter, il m’a rrrépondu que ce serrrait parrrfait puisque lui-même souhaitait prrroposer à Yaxley de se joindrrre à nous. J’imagine que seule Judith se retrouverait sans binôme mais ce n’était pas comme si son existence m’importait. Hannibal et Phoenix, Finnbjörn et Carla, Junior et moi. Mes deux chers frères et mes deux meilleurs amis, c’était le début d’un été idéal. Je crrrois que leurrr histoirrre serrra aussi sérrrieuse que l’ignorrrance de Sherrrwin à l’égarrrd de Finn fais-je avec un reniflement dédaigneux. Il y avait un soupçon sur lequel je ne souhaitais pas m’attarder, un mécontentement volcanique menaçant d’exploser s’il s’avérait que mon intuition visait juste. Il pouvait affirmer aussi fort qu’il le désirait que l’attention dont il couvait cette garce n’était que dans le but de s’assurer qu’elle ne pourrait jamais nous nuire, je ne le croyais tout simplement pas. D’ici que la vérité m’importe, je me contentais parfaitement de le savoir en compagnie de Yaxley. Même si elle avait entaché le nom prestigieux des siens en sortant un temps avec ce ridicule Carter, elle n’en restait pas moins une sang-pure de bonne famille, bien enlevée, très loin de l’odieux caractère de l’autre harpie. Parce que Finnbjörn trouvait à redire de mes fréquentations, mais je ne jugeais pas les siennes plus honorables.
Au détour du souvenir de notre anniversaire, Junior se permet de critiquer mes goûts parfaitement distingués puis c’est un silence paisible qui nous enveloppe tandis que nous terminons notre goûter. Il n’y avait rien de gênant dans la satisfaction calme apportée par la présence de mon meilleur ami. Je ne savais pas où les pensées de Junior l’emmenaient, les miennes ne se fixant pas suffisamment longtemps sur un sujet pour que je puisse reconstituer le chemin emprunté. Il m’arrache de ce tourbillon incessant d’idées sans lien les unes avec les autres, lâchant l’air de rien que j’aurais été dans une situation problématique si mes grand-parents avaient été autorisés à fouiller son esprit à la recherche de secrets à effacer. Je feins ne pas voir de quoi il veut parler, crédibilité réduite à néant par l’énumération dans laquelle je me lance aussitôt. Il était certain que mes aïeuls auraient trouvé de quoi s’offusquer.
Et puis, sans faire attention au chemin que suivait mon raisonnement, je me perds bien vite dans les souvenirs encore frais et parfaitement limpide de cette soirée immersion parmi la plèbe. Cet épisode s'ajoute à la longue liste de nos divagations. Pour cause, il était au coeur de la plus douce et la plus terrible de toutes. Le ricanement de mon meilleur ami me fait tourner la tête dans sa direction, mon regard qui se ferme face à cette réaction que je n’étais pas sûre de vouloir comprendre. Si cela le faisait rire, c’était bien que j’avais raison depuis le début et qu’il ne considérait les secondes volées à ce jeu idiot que comme un défi parmi tant d’autres, un gage sans importance à laquelle il fallait docilement se plier, le même qui avait amené les lèvres de Vicenzo sur celle de Junior.
Ma question irréfléchie apporte avec elle quelques secondes de flottement et une confusion réelle que je masquais derrière mon regard flamboyant d’une assurance hautaine. Je ne savais pas ce que j’attendais comme réponse, ni même si j’en attendais réellement une. Le silence de ces derniers jours ne valait-il pas mieux que la confirmation de la corvée que cela avait été pour lui ? Néanmoins, ce qui était sûr, c’est que je ne me figurais une réponse affirmative. Mon orgueil n’eut pas le temps de s’offusquer, ni de son ton grinçant, ni de l’idée qu’il laissait tomber si violemment, celle qu’il aimerait effectivement effacer l’un de ses souvenirs. C’était d’autant plus incompréhensible que cela entrait en totale contradiction avec ses propos précédents et son choix de faire un Serment Inviolable. Le reproche alors qu’il détourne le regard me laisse muette quelques secondes, la tension que je sens sous mes jambes me troublant un peu plus. Je ne pensais pas que ton mot appelait une rrréponse. Je les connaissais par coeur, ces quelques écrits tracés de sa plume, qui m’avait trouvée au réveil, l’esprit encore embrumé des excès de la veille. Mon sommeil n’a été teinté d’aucun mauvais rrrêve. Si je n’étais pas certaine de me remémorer mes songes de cette nuit-là, je savais en revanche très bien ceux qui émaillaient mes nuits depuis. Déclinaison de cette sensation douce et que j’aurais souhaité prolonger encore un peu plus ce soir-là. Ce n’est pas comme si tu avais insisté longuement pourrr que je t’en fourrrnisse une fais-je finalement, après de nouvelles secondes silencieuses, n’ayant pas lâché Junior du regard depuis qu’il fixait obstinément l’étang, me concentrant sur ses traits pour éviter la tendre trouble de mes pensées égarées.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Jeu 30 Avr - 1:58
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Jeu 30 Avr - 16:13
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Mon caprice fugace s’efface et laisse la place à toute la raillerie que m’inspire le mariage dont Junior venait de me dépeindre les grandes lignes. J’avais la sensation que je ne pourrais tenir rigueur de rien à mon meilleur ami, présentement. Un privilège rare sous l’influence duquel je consens à entendre le pourquoi pas qui se glisse derrière ses paroles : il venait après tout d’admettre qu’il serait tout à moi une fois cette réception maritale terminée, cela revenait à accepter mon invitation. Et puis, si ce n’était pas exactement le cas, il me restait encore de longues semaines pour ne plus lui laisser le choix. Si je tenais à ce qu’il vienne visiter ma Norvège natale cet été, je tenais à ce qu’il y parvienne en un seul morceau et non pas exténué par des jours et des jours de mondanités harassantes. Je souffrais déjà personnellement de devoir sourire faussement et me tenir aussi respectablement que le jugeait le regard acéré de mes aïeuls pendant une soirée unique, je n’imaginais pas ce à quoi il faudrait que mon meilleur ami se plie, là-bas, en France. Le programme qu’il dessine m’arrache un ricanement moqueur. L’image de Junior se perdant une débauche alcoolisée en compagnie de lointains cousins à l’accent prétentieux m’amusait autant qu’elle me semblait irréelle.
Guère plus, néanmoins, que l’invitation qu’il laisse tomber sans plus de formalité. Mon regard se teinte de surprise mais c’est une gaieté enfantine qui étire mes lèvres. Que moi, Errrin Sørrrensen, je veille surrr toi, Juniorrr d’Arrrchambault ? Un gloussement m’échappe, rapidement rejoint par un second et le début d’un fou rire à cette idée. Il était évident que j’étais la plus raisonnable des deux, enfin il le reconnaissait. C’est un rrrôle que j’endosserrrai avec plaisirrr fais-je, sans essayer de jouer aux innocentes, toute forme d’angélisme ne pouvant qu’être anéantie sans sommation par ce rire qui me secouait encore. Tu ne m’avais pas dit que tu étais en conflit avec ta tendrrre maman. Parce qu’il devait lui en vouloir terriblement pour lui demander sérieusement de me considérer comme leur invitée. Ce n’est pas qu’elle me déteste, du moins ne le pensais-je pas, mais elle espérait, avec une foi qui frisait l’aveuglement, que son fils adoré, pur et parfait, finirait par se choisir une meilleure amie plus sage. Et tout comme me voir révéler l’un de nos plus noirs secrets à Junior ne faisait pas partie des plans des miens, j’imaginais sans peine que me savoir la cavalière de mon meilleur ami à un mariage familial ne faisait pas partie de ceux de sa génitrice. Il fallait croire que nous étions plus que doués pour n’en faire qu’à notre tête et décevoir ce que nos aïeuls prévoyaient pour nous avec une insolence toute adolescente. Garrrde à l’esprrrit que les seuls mots de frrrançais que je connais sont des surrrnoms mièvrrres notais-je dans un nouvel éclat railleur.
Si sa proposition pouvait sembler surprenante, il ne m’était pas venu à l’esprit de la refuser. Pas une seule seconde. Je ne voyais pas Grand-Père m’interdire de me rendre en France, surtout pas alors que tout ce que la société sorcière de là-bas faisait de mieux serait réunie en un seul et même endroit. Quand bien même il prendrait en compte mes récents écarts. Ce serait peut-être même une forme de punition à ses yeux lui qui savait bien à quel point les mondanités n’étaient pas ma tasse de thé. Et déjà l’idée d’un été à parcourir l’Europe sans se séparer de Junior se précisait avec délice dans mon esprit. Pendant ce temps, mon jumeau adoré aurait tout le loisir de préparer l’arrivée de sa petite-amie. Junior s’étonne de cette relation affichée désormais à la face de tout Poudlard et je me contente d’un haussement d’épaule et d’une petite moue dédaigneuse. J’étais entièrement d’accord avec mon meilleur ami : ce n’était pas une mauvaise chose qu’il s’intéresse à elle. Bien au contraire. Mais ce qui l’était sûrement bien plus, c’étaient les raisons qui le poussaient à se lancer dans une relation prétendument amoureuse. Comme je le dévoile à Junior, je supposais que cette alliance durerait aussi longtemps que ce lien que je n’avais pas envie de considérer et qui vibrait ces derniers temps d’une haine brûlante entre Finnbjörn et l’autre garce de Sherwin. Je n’avais guère envie de penser à cette peste, encore moins de parler d’elle, mais la question de mon meilleur ami appelle un semblant d’explication.
Comment lui expliquer clairement ce qui n’étaient que des sentiments confus créés par une foule de situations complexes ? Je ne sais pas trrrop. Finn affirrrme se ficher d’elle mais il s’affiche publiquement en couple avec Yaxley juste aprrrès avoirrr découverrrt qu’elle s’était moquée de bien des choses le concerrrnant, de notrrre famille en prrremier lieu. Je trrrouve ça étonnant. Sans compter qu’il lui avait offerrrt une bague cet hiverrr et lui avait prrrêté un manteau en vison qu’il m’a charrrgé d’aller rrrécupérrrer dans son dorrrtoirrr. Et je ne mentionnais même pas ce que j’avais entendu des sentiments de cette harpie à l’encontre de mon frère adoré, ni la totalité de notre conversation fort instructive en plein milieu d’une retenue à la bibliothèque. Il aurait été aisé de se plonger dans le faisceau d’indices que j’avais à ma disposition pour tenter de démêler ce qu’il se tramait réellement entre mon tendre jumeau et cette vipère. Mais je n’en avais pas envie, préférant ignorer ce qui crevait pourtant les yeux. Il était inutile de gâcher un moment pareil avec le spectre infâme de cette insupportable mégère.
Le silence revient, pause paisible dans une danse qui avait repris de la manière la plus agréable qui soit depuis que ses mains s’étaient posées sur ma taille, annonçant son retour. Nos doigts se défont, les miens repartent à l’assaut de cette part de gâteau au chocolat, mon esprit vagabondant par-delà les limites de Pré-Au-Lard et de Poudlard. Jusqu’à ce que le constat amusé de Junior ne me ramène les souvenirs de toutes nos dernières escapades, en accéléré. Jusqu’à la plus récente, la plus pesante également, même si elle était, d’une certaine façon, la plus douce de toute. Avec une délicatesse qui me caractérisait toute entière et une impulsivité dont je n’avais, en général, jamais à me plaindre, je plonge tête la première au coeur de cette confusion brumeuse dans laquelle nous nous complaisions bien trop facilement.
La voilà, elle était l’ombre qui ne nous lâchait jamais vraiment et qui se charge, avec une application rendue parfaite par l’habitude, de réduire en miettes notre bulle de bonheur. Est-ce qu’il nous aurait fallu continuer à éviter le sujet, faire comme si de rien n’était ? Je n’en étais pas certaine. Ces quelques secondes, cette sensation de ses lèvres posées sur les miennes, ce goût de bêtise adolescente qui n’enlevait rien à l’évidence qui m’avait enveloppée tout du long de notre baiser, cet instant hors du temps refusait de s’estomper. Probablement parce que nous persistions à faire comme s’il n’existait pas. Je n’avais rien répondu à ses mots sibyllins parce que je n’avais pas réussi à les interpréter d’une manière qui me satisfasse. Et probablement que je n’aurais pas attendu si longtemps pour faire face à ce jeu idiot qui avait scellé cette étreinte si Junior ne s’était pas montré si affreusement normal. Un calme placide et un talent certain pour éviter que nous nous retrouvions désoeuvrés, juste tous les deux. Alors je l’avais aidé, y mettant la même ardeur que lui. Parce que je ne m’étais pas encore découvert des tendances masochistes qui m’auraient poussée à accueillir avec le sourire l’assurance renouvelée du désenchantement que lui procurait nos baisers.
Il met du coeur à l’ouvrage pour fuir mon regard appuyé alors que mes prunelles cherchent pourtant les siennes. Sa raillerie vient irriter ma fierté déjà mise à mal par les souvenirs qui dansaient autour de nous. Mâchoire serrée, visage fermé, je ne le détourne pourtant pas. Alors je lui fais savoir, à mon tour, comme son comportement pouvait se révéler blessant. Ce n’était pas moi qui m’était le plus docilement pliée aux règles de ce jeu stupide, laissant Vicenzo m’embrasser sans broncher. Quelle différence cela faisait-il, au final. Elle ou moi ? Comme s’il était encore possible de nous faire entendre raison. De là où nous étions, il ne s’agissait plus que de panser nos orgueils malmenés. Le mien subit ses paroles aussi brutalement que si on venait d’y apposer un soufflet enflammé. Je me redresse dans un mouvement vif, blessée de ce qu’il sous-entendait, délaisse ce banc qui me semblait être le meilleur endroit au monde où me trouver, il y a quelques secondes seulement. Mais ça n’était que parce que Junior m’y enveloppait d’une tendresse complice dont les morceaux brisés s'éparpillent maintenant au sol. Bras croisés, doigts enfoncés dans ma peau, regard flamboyant que je porte jusqu’à mon meilleur ami. Qui semblait avoir oublié beaucoup me concernant. L’affection sans bornes que je lui vouais en tête de liste. Bien sûrrr, Juniorrr, j’adorrre que tu te trrraînes à mes pieds et que tu me supplies ! rallais-je, ironie dévorante. Noyer les blessures causées par ces propos mordants sous un feu bouillonnant n’avait jamais été une bonne idée. Jusqu’à preuve du contraire, ça n’avait jamais fait qu’exacerber ce poids, là, au creux de ma poitrine. Ou peut-êtrrre que je ne suis simplement pas assez sotte pourrr cherrrcher à tout prrrix à savoirrr à quel point j’embrrrasse toujourrrs aussi mal ou entendrrre une quelconque comparrraison malvenue avec Vicenzo. Surrrtout pas quand le silence semble te convenirrr parrrfaitement.
Son regard clair revient enfin à la rencontre du mien mais j’étais trop profondément blessée pour déceler les regrets peinés qui brillaient au fond de ses pupilles. Tout ce que je voyais, c’était son rictus, tout ce que j’entendais c’était ses mots lourds de reproches, tout ce que je retenais c’était un mélange incertain qui n’avait absolument aucun sens. Je me perdais dans les certitudes clairement exposées, il y avait quelques minutes seulement, et dans ces doutes qui apparaissent, étourdissants. Il achève de faire disparaître toute conviction alors qu’il enchaîne les paroles cruelles, sans me laisser le temps de réagir. Ce que je voulais à la fin ? Je n’ai pas même le temps de dessiner une réponse muette qu’il assène un coup implacable. Mes bras retombent le long de mes flancs. Je le savais capable d’asséner les pires horreurs sans broncher, mais c’était toujours plus facile de s’en réjouir lorsqu’elles étaient destinées à un autre que moi. Ça peut s’arrranger. Intonation blanche, presque absente. Ça avait l’airrr d’une facilité déconcerrrtante de fairrre comme si ça n’avait jamais existé, ces derrrniers jourrrs. Alors si c’était ce qu’il voulait, des résultats exemplaires jamais obtenus nous attendaient pour cette année, et nous offriraient un prétexte toujours aussi idéal pour nous perdre dans des heures entières d’études qui nous éviteraient de vraiment nous retrouver.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Jeu 30 Avr - 19:15
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Ven 1 Mai - 0:07
you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin
Et dans cette fin d’après-midi printanière s’esquissait doucement un premier été où nous ne serions pas forcés de nous séparer de longues semaines durant. C’était toujours avec une moue boudeuse et une mauvaise volonté, accentuée par les années, que je laissais mon meilleur ami partir de l’autre côté de la Manche, tandis que je rejoignais mes steppes norvégiennes. Nous ne nous croisions alors plus que quelques fois dans un Londres alourdi par la chaleur estivale, avant de repartir de nouveau, chacun de notre côté. Et ce durant deux longs mois. La joie de lui faire découvrir mes terres natales et les souvenirs qui les parsemaient se le disputait donc au plaisir de découvrir les siennes. Qu’importe si cela signifiait plonger dans des mondanités sans fin au rythme d’une langue que je ne parlais pas, hormis lorsqu’il s’agissait d’affubler Junior des surnoms les plus mièvres possibles. Mon Prince dans son plus vieux royaume était une image qu’il me tardait de pouvoir dessiner autrement que par des suppositions.
Nos gloussements enjoués entérinent ces invitations jetées oralement au moment le moins propice possible, s’il en était un. Que je sois chargée de veiller sur mon meilleur ami pour le maintenir en vie était probablement la pire idée qui soit : j’étais plus à même de l’entraîner dans des écarts inconsidérés. Mais il en avait conscience et m’invitait en connaissance de cause. J’en déduisais sans mal qu’il se plaisait de ce état de fait. Voire même qu’il voyait en ma présence flamboyante l’occasion de ne pas dépérir d’ennui. Je m’étonnai cependant qu’il soit autorisé à me convier. Et, pendant une seconde, je fus prête à concéder que j’avais été mauvaise langue ; jusqu’à ce qu’il admette que sa chère mère espérait fortement que l’accord donné soit rendu caduque par une amitié épuisée d’ici là. Mon ricanement rejoint le sien. S’ils nous voyaient, mes grands-parents comme ses parents s’arracheraient probablement les cheveux devant cette amitié et ce qu’elle nous poussait à faire, contre leurs volontés et contre tous les plans du monde qu’ils pouvaient bien formuler. Dans un nouveau rire moqueur, je lui rappelle que les seuls mots français dans mon vocabulaire s’avéraient être les surnoms dont Junior était l’unique destinataire. Je ne relevai pas sa tentative de m’apprendre de nouvelles paroles, je pressentais qu’elles n’étaient pas des plus fidèles à la traduction qu’il venait de m’en donner. Sa proposition, par contre, me fit pouffer. Une belle manièrrre de t’assurrrer que je n’offenserrrai perrrsonne. Trrrès sage. Il aurait ainsi tout le loisir d’atténuer mes expressions franches et mes paroles parfois à la limite de l’insolence. C’était l’assurance d’éviter tout incident diplomatique. Ma famille ne pourrait que s’en féliciter, la sienne encore plus.
Il ne serait évidemment pas le seul invité cet été au manoir. Mes aïeuls avait l’habitude de recevoir ce qui se faisait de plus noble dans la société sorcière et nous, nous étions fortement encouragés à proposer à nos amis les plus dignes de nous faire bénéficier de leur prestigieuse prestance. C’était d’ailleurs étonnant que jamais Junior ne soit venu se perdre par delà l’Europe de l’Est. Cet été, donc, Hannibal s’octroierait donc la présence de sa belle et sulfureuse petite-amie, je pourrais profiter sans vergogne de celle de Junior, et Finnbjörn, hé bien, Finnbjörn m’avait fait part de son désir d’inviter Carla. Il était certain que je préférais la présence de cette Serpentard à une autre en particulier, aussi ne pouvais-je que me montrer enthousiaste à cette perspective. Quand bien même elle dissimulait quelque chose que je n’étais pas sûre de saisir. J’en dévoilai les contours à mon meilleur ami, un juron français, ou ce que je pris pour tel, lui échappant. Je n’espèrrre pas répondis-je avec une moue mécontente. Mais forrrce est de constater que cela concorrrde. Quant à ce que sait Yaxley ou non, je n’en ai aucune idée, Finn ne m’a même pas tenue au courrrant de ce qu’il avait derrrièrrre la tête. Mon ton laisse pointer toute ma rancoeur à l’égard de mon tendre jumeau. Sa propension à tirer des ficelles sans m’en informer et à me m’expliquer les tenants et aboutissants de ses stratégies multiples au dernier moment était effarante. En témoignait ses découvertes au sujet de l’incendie de l’année dernière, par exemple. Tu sembles bien étonné de découvrrrirrr que lui aussi a un coeurrr fais-je, des accents moqueurs enrobant mes propos. Oh, il en avait un. Bien souvent conservé à l’abri sous un glacier tout entier, fragilisé par une maladie qui nous poussait régulièrement par delà les portes de l’infirmerie, je m’inquiétais de savoir pour quelles raisons il se mettait si soudainement à battre.
Ce n’était pas la première fois que nous échangions nos inquiétudes ou nos soupçons au sujet de mon frère adoré. Néanmoins, je préférais la tendresse de ce silence paisible qui nous enveloppait tout doucement que continuer à dérouler toutes les possibilités qui encadraient cette amourette entre Finnbjörn et Carla. Sa chaleur qui réchauffait doucement mes jambes, les senteurs printanières que l’air frais soufflait jusqu’à nous, et sa présence, entière et rassurante. C’est que j’avais craint, le temps de quelques instants trop longs à mon goût, qu’il ne me revienne pas aussi parfaitement lui-même. Un souvenir en moins, c’était déjà lui ôter bien trop. Mais, qui disait Junior et Erin dans leur intégrité, signifiait cette danse éternelle dont les pauses n’étaient jamais des fins, aussi violents soient les interludes et les changements de rythmes. Je ne sais pas si nous nous y attendions, mais toute surprise était absente lorsque la bascule s’opéra.
J’étais là, mieux que nulle part ailleurs, et la seconde qui suivait je quittais ce banc comme brûlée par le contact de mon meilleur ami. Son reproche glacial me cueille en plein ventre et je le toise, bras croisés, mon mécontentement peint sur mon visage, mon orgueil faisant flamber mes prunelles. Que lui laisse entendre qu’il me pensait capable de souhaiter qu’il rampe à mes pieds me blessait bien plus que de raison. C’était amer, c’était décevant. Que l’autre garce sans nom m’insulte et ose prétendre que je considérais Junior comme un vague larbin n’était rien d’autre que la preuve de son pathétisme et son manque flagrant d’éducation et de discernement. Que mon meilleur ami en personne prétende la même chose, cependant, était bien différent. Jetant cette insulte comme un camouflet brutal. Loin de réveiller ma colère et me pousser à défendre son honneur, ainsi que toute la valeur des sentiments que je lui dédiais, je me fends de mots suintants d’une peine sarcastique. Il se contente de hausser les épaules, comme ça ne lui semblait pas particulièrement improbable et un sifflement m’échappe, méprisant et attristé tout à la fois.
Junior délaisse finalement sa nonchalance et se redresse. Tout semblait s’envenimer, tourbillon vicieux qui nous entraînait dans les fonds les plus sombres de notre amitié. Il me reprochait de n’avoir jamais répondu à son mot de bonne nuit, mais pour lui dire quoi ? Une lecture me dessinait l’aveu que notre baiser lui avait été agréable, la suivante qu’il n’était rien à ses yeux, pas même assez pour troubler ses songes. Je m’étais bercée de l’illusion qu’il viendrait s’enquérir de mon réveil, voire même qu’il ferait le premier pas afin de dessiner une bulle en ce dimanche ensoleillée. Rien n’était venu, et son silence m’enfonçait chaque heure un peu plus dans un mutisme vexé. Seule dans mon dortoir, à me remettre bien paresseusement des excès de la veille, le carnet noir désespérément terne, le tableau troublant de Junior passant peut-être son dimanche avec cette impure de la pire espèce avait effacé un peu plus encore toute possibilité que j’aborde un jour le sujet. Le lendemain, c’était comme si rien ne s’était jamais passé, me confortant dans ma deuxième lecture. Ce baiser échangé n’était rien, au mieux. Au pire, mon meilleur ami ne souhaitait faire preuve d’un peu de tact et ne pas ramener les réminiscences de cette dispute qui s’était éternisée dans le temps la dernière fois que nous avions évoqué le sujet. Cette distance instaurée entre nous, la preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que ça n’avait été qu’une grossière erreur. Le plus outrageant, dans cette histoire, c’était que mon orgueil n’était pas le plus blessé de tous. Mais autre chose, un interdit qui m’avait paru bien tendre alors que ses lèvres s’emparaient des miennes. Qu’il me semblait aujourd’hui essentiel de taire pour ne pas m’affliger encore plus.
Avec toute la cruauté qui le caractérisait bien souvent, jamais en ce qui me concernait néanmoins, il soutient qu’il préfèrerait finalement effacer ce souvenir de sa mémoire. Me laissant mortifiée. Cette horreur me touchait bien plus qu’elle n’aurait dû. Parce que Finnbjörn avait déjà oublié une vie entière, dont je faisais partie intégrante, et que ce souhait formulé d’oublier quoi que ce soit nous liant revêtait un sens bien particulier. Surtout cette soirée en particulier, cette soirée que j’étais parfaitement incapable d’ôter de mon esprit, cette soirée qui surgissait au détour d’un cours particulièrement ennuyant, quand les lignes de mes révisions dansaient devant mes yeux, avant de m’endormir le soir, et à bien d’autres instants fugaces encore.
Va débiter tes méchancetés à quelqu’un d’autrrre. Je crrrois t’avoirrr suffisamment rrrépété à quel point tout éloignement entrrre nous me pesait. Je ne t’ai jamais demandé de rrramper à mes pieds, ce n’est cerrrtainement pas pourrr m’y abaisser. S’il avait besoin de supplications pour voir l’évidence qui se dessinait pourtant sous ses yeux, il pouvait courir. Bien évidemment que j’en avais quelque chose à faire ! À l’instar des quinze jours rendus interminables par son ignorance, ces derniers temps étaient passés dans une lenteur affolante. Il était pourtant le mieux placé pour savoir que ce qui ne m’intéressait pas traversait mon esprit sans y laisser la moindre trace. Je n’avais pas de temps à perdre en futilités. Si nous en étions là, c’était bien que cela me troublait, me hantait. Mon regard clair, ombragé par les nuages qui dansent sur mon front, ne le lâche pas alors qu’il se relève, quitte ce banc qui avait été notre quelques instants. Quelques pas en direction de Poudlard qui l’éloigne de moi et mes bras qui se croisent de nouveau sur ma poitrine, refus catégorique de le suivre.
Mes lèvres s’ouvrent dans un arrondi offusqué par le ton d’une insolence rare que mon meilleur ami me jetait à la figure avant un manque flagrant de considération. Je n’étais plus très sûre de l’attitude à adopter, entre irritation volcanique et rire nerveux qui menaçait de lui répondre, plus insultant encore que tout ce que je pourrais formuler. Je crois que j’étais trop sous le choc de son ton et de son attitude pour être capable de mes moqueries éternelles. Était-ce un bien ou un mal ? je n’en étais pas certaine. Cela lui laissa au moins le temps d’arriver au bout de sa tirade ce qui, assurément, était le premier point positif depuis que nous avions commencé à glisser sur cette pente boueuse. Mon ego frrragile ? répétai-je cependant en premier lieu, mon esprit focalisé sur les insultes nombreuses dont me gratifiait le pire meilleur ami que le monde ait jamais porté. Déjà il s’éloigne un peu plus, m’interpellant d’un langage familier qui sonnait, de nouveau, comme une injure. Non. Je n’irai nulle part. D’ailleurs, je me rasseyais sur ce banc, reportant mon regard sur cet étang disgracieux, le menton relevé dans une impertinence qui m’était propre, jambes repliées sous moi. Il fuyait, et moi, je refusais de fuir avec lui. S’il voulait rentrer, grand bien lui fasse. S’il voulait rentrer avec moi à ses côtés, il lui faudrait me tirer par les cheveux parce que je ne comptais pas bouger d’un millimètre. Volonté de fer à la hauteur du mécontentement qui m’agitait. Et s’il choisissait de m’abandonner dernière lui, cela aurait au moins le mérite d’être clair. Tu as l’habitude d’êtrrre en rrretarrrd, de toute façon. Moi aussi, je pouvais faire preuve d’une insolence brute. J’étais même bien plus douée à ce petit jeu là que lui. Sa silhouette ombrageant encore la lisière de ma vision, je jette quelques derniers mots, rebondissant sur ce qu’il ne m’avait pas laissé le temps de réagir, me préparant à me retrouver seule avec ma mauvaise humeur chagrine. Peut-êtrrre que si tu te fendais d’écrrrits moins sybillins, parrrce que tout le monde n’a pas choisi divination dans ses options, je parrrviendrrrais à lirrre plus aisément ce que tu essaies de dirrre. Je suis rrravie de savoirrr que j’embrrrasse mieux que cette harrrpie, mais tu bien loin de la vérrrité si tu penses que c’est tout ce qui m’imporrrte pestai-je, peu certaine qu’il m’écoute bien qu’il m’entende certainement. Je voulais juste savoirrr si ça n’était qu’un jeu idiot continuai-je sur le même ton, plus pour moi-même que pour lui qui avait disparu du coin de ma cornée, certainement sur son chemin pour Poudlard.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Ven 1 Mai - 2:17
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Ven 1 Mai - 14:49
you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin
Nos rôles et positions s’échangent, nouveau contretemps dans cette danse qui semblait éternelle. Junior debout, notre refuge éphémère abandonné, prêt à le délaisser définitivement pour retourner au château ; et moi, qui venait de m’y rasseoir, bras croisés, jambes repliées, regard obstinément braqué sur l’étang. Nul besoin de maîtriser les arts divinatoires pour être capable de prédire la suite. Notre cadence était limpide pour nous qui la pratiquions depuis toujours ; bien qu’il faille lui reconnaître un rythme inédit depuis ce début d’année. Des mois après, l’originalité n’avait cependant plus rien de révolutionnaire et la suite se dessinait sans mal. Mon meilleur voulait fuir, mettre fin à cette dispute, préférant l’enterrer sous les non-dits et l’indifférence lasse qui était sienne, alors que je me révoltais toute entière pour en tirer quelque chose, un rien, me refusant à la laisser s’étioler dans la fin d’après-midi. Je n’étais pas de ceux qui fuient les conflits. Je creusais et me battais jusqu’à remporter quelque chose, n’importe quoi donnant un peu de sens à ce qui n’en avait pas. Il suffirait pourtant de quelques mots suppliants de sa part pour que je me plie à ses prières. C’était exaspérant. Parce que je détestais la confusion de l’incertitude. Un questionnement appelait une réponse, c’était aussi simple que cela. Junior l’avait soufflé, j’avais une réputation aussi inflexible que mon caractère. Sauf avec lui. J’étais peut-être celle des deux qui entraînait l’autre dans toutes les incartades possibles et inimaginables, et il s’offusquait bien souvent de ma propension à n’en faire qu’à ma tête. Il n’empêche qu’il parvenait incroyablement bien à me faire plier dans ce genre de situation. En temps normal, du moins. Butée, je l’étais. Décidée à ne pas bouger, également. S’il voulait tant que cela rentrer, qu’il m’abandonne derrière lui. J’obtiendrai au moins quelque chose de plus clair que cet échange virulent mais flou sur bien des aspects.
Alors j’observe un silence obstiné, m’enfonçant un peu plus dans mes enfantillages. La silhouette vague de mon meilleur ami s’efface de ma vision sans que je ne cherche à la rattraper. L’assurance qu’il était parti, lassé par l’idée de me faire changer d’avis et de parcourir en sens inverse le chemin que nous avions fait à deux quelques heures plus tôt, m’arrache une moue amère et un élan brûlant de fierté blessée qui dessinait déjà les nombreuses marques d’indifférence dont je le gratifierai dès lors. Une seconde à peine, du moins, jusqu’à ce son ton fatigué laisse tomber les preuves de son ennui. Ses doigts qui chatouillent mes épaules et se perdent dans quelques mèches brunes m’indiquent sa présence de la plus douce des manières et chassent quelques nuages qui ombrageaient mes pensées. En ramènent d’autres, cependant. Est-ce qu’il était préférable d’abandonner ? De baisser les bras, rentrer immédiatement et laisser derrière nous les restes épars d’une conversation qui n’avait mené à rien ? Je n’en avais pas envie.
Je me perds un peu dans ses caresses, un peu dans ses paroles aussi, un peu dans mes pensées enfin. Je le trouvais d’une mauvaise foi sans nom. Il était doué pour faire siennes les reproches que je lui adressais et me laisser seule responsable d’une situation que nous tissions pourtant à quatre mains. C’était comme lorsque je l’avais retrouvé dans la salle de bain des préfets. L’indifférence insultante qu’il m’avait lancée au visage parce que j’avais eu l’aplomb de me rendre à cette soirée organisée par l’école alors que lui-même avait refusé mon invitation. Les blâmes concernant mes quelques fréquentations divertissantes qui n’étaient ni lui, ni ma meilleure amie, ni mon jumeau adoré. Et maintenant l’observation critique que j’avais conservé un silence que jamais lui n’avait cherché à briser. Evidemment, je pouvais consentir à reconnaître quelques uns de mes torts. Je n’avais rien répondu à son mot. Mais c’était lui avait embrassé Vicenzo sans broncher pendant la soirée ! Parce que je ne me faisais guère d’illusions : si le goulot de cette bouteille de malheur avait pointé sur Misha ou si j’avais accepté d’embrasser ce bouffon de Carter, mon meilleur ami serait devenu un fantôme dont l’unique consistance serait un fiel méprisant. Dans tout ça, je n’avais que l’outrage de souhaiter l’assurance que ça avait été différent pour lui. Pas mieux, pas pire. Différent. Qu’il ne plaçait ce qui m’avait complètement étourdie sur le même plan que le bref baiser échangé avec cette harpie.
La nouvelle insulte formulée presque poliment à mon égard me fait froncer les sourcils. Il voulait des questions claires et bêtement énoncées ? Des interrogations qui ne laisseraient pas de place à une interprétation quelconque ? Mon orgueil échauffé par ses piques à répétition pouvait lui en fournir, en quantité. Encore fallait-il qu’il soit prêt à me fournir des réponses aussi claires. Mais déjà il efface cet élan irrité en se montrant d’une simplicité que nous ne connaissions que dans les moments les plus paisibles de nos tête-à-têtes. Il ne pouvait pas voir mon visage, simplement mes épaules qui restèrent droites et fermes alors que mes traits se fendaient d’un air mécontent. Parce que je n’étais pas d’accord avec ce qu’il disait. À aucun moment je n’avais eu envie de m’en abstenir. C’était là tout le problème, flou et confus, de ce jeu idiot qui avait des accents de bien plus. La limpidité de ses propos disparaît néanmoins bien vite sous la suite. Je n’étais pas sûre de comprendre, ni même de le vouloir vraiment. Est-ce que c’était un jeu idiot ou est-ce qu’il avait apprécié le moment autant que moi ? Est-ce que les deux étaient seulement compatibles ?
Doucement, mes doigts partent à la recherche de sa main qui vient de délaisser le ballet tendre qui se jouait sur mes épaules. Je pivote légèrement, juste assez pour porter mon regard clair sur la montre qui orne son poignet. Combien de temps nous restait-il avant des remontrances certaines ? En marchant rapidement, il n’en fallait pas autant que nous en avions à disposition pour rejoindre le château. Alors je secoue doucement la tête, marquant une nouvelle fois mon refus entêté de bouger. Il pouvait toujours essayer de me porter, je n’étais pas certaine que ce serait concluant. Je te rrretourrrne le compliment, tu es épuisant fais-je avant de reporter mon regard sur l’étang qui n’avait absolument rien d’intéressant mais avec le mérite de me permettre de perdre efficacement mon attention entre les lignes ondulantes de sa surface.
Si je suis agaçante, tu es d’une mauvaise foi tout aussi inhumaine. Je veux bien rrreconnaîtrrre que je suis celle qui n’a pas rrrépondu à ton mot, admis-je avec un petit haussement d’épaule, mon ton délesté de toute moquerie ou de toute suffisance. mais tu avoues toi-même que tu me disais juste que tu ne ferrrai aucun mauvais rrrêve. Dis-moi ce que j’étais censée rrrépondrrre à cela, mon pauvrrre neurrrone a du mal à saisirrr repris-je avec une verve blessée renouvelée. Mon calme ne pouvait jamais durer bien longtemps dès lors que je me mettais à lui exposer ce qui m’avait touchée et que je répondais à ses propos cruels. N’oublie pas de fairrre simple fais-je avant qu’il ne puisse me répondre quoi que ce soit, éclair fugace sarcastique qui vient rappeler ses insultes précédentes. Et d’inverrrser les rrrôles, ne serrrait-ce qu’une seconde. Si j’avais embrrrassé Carrrterrr, ou pirrre, Misha, ose me dirrre que tu n’aurrrais pas été celui de nous deux qui aurrrait attendu que l’autrrre rompe le silence ? Je lève un court instant mon regard cristallin par-dessus mon épaule, plongeant mes certitudes dans celui de Junior. Avant de revenir à cet étang. Non, en fait, tu n’as pas besoin de rrrépondrrre. Je secoue la tête, mes cheveux balayant mon dos. J’étais certaine qu’il se serait montré des plus distants si mes lèvres s’étaient posées sur l’un ou l’autre de mes camarades de maison. N’était-ce pas exactement ce qu’il avait adopté comme attitude alors que je m’étais simplement rendue à une soirée en compagnie de Bradford, quand lui-même avait délibérément choisi de m’abandonner pour ces quelques heures ? De toute façon, la situation n’était pas inversée. C’était lui qui avait embrassé cette harpie et qui me tenait désormais rigueur d’avoir fait comme si de rien n’était, suivant un mouvement qu’il avait initié sans mal.
C’était idiot de rester ici, assise, à perdre mon temps à tenter de démêler des fils qui n’en faisaient qu’à leur tête. Quoi que nous nous efforçions de dire, les mots tombaient à côté. Pourtant je m’acharnais dans cette tentative de ne pas sortir quelque chose de viable de cette tension qui avait remplacé la tendresse de notre goûter. Un rire sarcastique se rappela à mon bon souvenir, accompagné du visage sceptique de Finnbjörn au moment où je lui avais négligemment jeté à la figure que rien n’avait changé avec Junior. Ne t’es-tu pas demandée si tu n’avais pas toi-même changé, Errrin ? Un souffle agacé m’échappe et je me tortille, me redresse, mes pieds retrouvant le sol, mes doigts serrés autour de l’assise du banc. J’étais bien égale à moi-même, n’est-ce pas ? Me battre pour ce à quoi je tenais. Qu’était-ce, exactement ? Parce qu’il aurait été sûrement plus sécurisant pour notre amitié de laisser cette conversation sombrer dans l’oubli. J’avais abandonné cette option en m’entêtant. Alors quitte à se trouver là, autant aller jusqu’au bout. Tu sais, je ne suis pas Légilimens, si tu me demandes de fairrre des questions dignes de ce nom, perrrmets-moi de te demander d’exprrrimer tes espoirrrs à voix haute. Jusqu’à prrreuve du contrrrairrre, je ne lis pas dans tes pensées. Quant à mes rrregrrrets… Tu veux savoirrr ce que je rrregrrrette ? lâchai-je en me relevant, me tournant pour lui faire face, un banc nous séparant, un monde entier me semblait-il. De t’avoirrr vu embrrrasser Vicenzo, d’avoir offerrrt notre baiser au rrregarrrd des autrrres, beaucoup de choses, en rrréalité. Je crois que j’étais repartie dans le tourbillon incessant de ces questionnements et pensées éparses qui était né de cette soirée. Un tourbillon au coeur d’un brouillard épais que je savais, au fond, ne pas être celui de l’alcool. Il semblait donc normal que tout cela ne fasse pas sens et je prévoyais peut-être que Junior n’en accorderait aucun, comme il avait l’art de le faire. Peut-êtrrre même le fait que ce ne soit qu’un jeu idiot. Mais pas ce baiser. Je hausse de nouveau les épaules, un peu plus légère de cet aveu dont je venais de me délester, un peu appesantie de cette impression que Finnbjörn avait bien trop raison à mon sujet. Et qu’il n’était peut-être pas le seul, le rappel désagréable d’un échange houleux avec la pire garce de cette école revenant hanter la lisière de mon esprit. Qu’importe. J’avais tenu à ne pas laisser cette conversation mourir dans des reproches réciproques, j’en avais ajoutées à la liste, mais au moins n’étais-je plus frustrée par mes silences. Maintenant nous pouvons y aller. Et, drapée de suffisance, j’amorce finalement à mon tour quelques pas pour rejoindre le chemin qui serpentait jusqu’en direction de Poudlard. Ce n’était pas une mauvaise idée de rentrer et d’éviter que mes grand-parents reçoivent la nouvelle d’un énième écart de ma part, si peu de temps après celui qui nous avait conduits ici aujourd’hui, et dont les implications semblaient bien pauvres comparées à ce que notre échange était devenu.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Ven 1 Mai - 18:04
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) Ven 1 Mai - 20:10
you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin
Son silence me laisse tout le loisir de dérouler les fils de mes pensées à voix haute. Je ressentais ce besoin de lui faire part de ce qui m’avait blessée, mêlé à celui de me montrer aussi grinçante que possible face à ses multiples attaques. La lassitude n’était pas loin pourtant, elle n’attendait que la fin de cette toile lourde de sens pour m’envelopper, comme une cape que l’on passe sur sa robe de sorcier au moment de rentrer, et me ramener gentiment à Poudlard. Ce n’était pas l’ennui d’être en compagnie de Junior, quand bien même nous nous déchirions comme nous le faisions présentement, je n’avais envie de rien de moins que de me séparer de sa présence. C’était plutôt celui de ne pas pouvoir profiter encore un peu plus de notre complicité naturelle qui était revenue tisser les contours de notre bulle apaisante avec une facilité qui m’avait manqué. Cela faisait des jours que nous nous tenions à un rythme d’une sagesse exemplaire - je crois que Finnbjörn lui-même devait se demander si je n’étais pas malade ou souffrante parce que je n’avais jamais passé autant de temps le nez dans un livre ouvert à étudier pour mes examens de fin d’année. Ou alors, il pensait que je me tenais à carreau pour ne pas exacerber le courroux de nos grands-parents. S’il savait… Et aujourd’hui, l’inquiétude née de l’incertitude qui planait sur ce rendez-vous avec mes aïeuls enfin effacée, ce goûter partagé, notre intimité retrouvée étaient comme autant de bouffée d’air frais. Jusqu’à ce que tout bascule, comme cela le faisait immanquablement. Pourtant, je ne tenais à rien de plus qu’à ces moments où nos rires nous tenaient à l’écart du reste du monde, où ses doigts boudeurs m’ôtaient toute possibilité de cesser mes caresses mais se fendaient aussi d’un juste retour. Et c’était bien contre ma volonté que ces nuages sombres venaient tout obscurcir. Si on m’avait laissé le choix, je choisirais à chaque fois le chemin qui n’était pas celui de ces disputes sans fin. Sauf qu’on ne me demandait jamais mon avis et que j’étais la première mécontente de me retrouver de nouveau face à la peine qui voilait les yeux clairs de mon meilleur ami entre deux reproches des plus hautaines, entre deux cruautés souriantes dont seul lui avait le secret.
Je termine avec la liste de mes regrets. Aucun ne le concernait, pas lui directement du moins. Pas nous, en tout cas, pas le moins du monde. Il trouverait probablement un nouveau moyen de tourner mes propos à son avantage et je serais incapable de lui en tenir rigueur maintenant que j’étais arrivée à ma conclusion. Une conclusion en point de suspension qui laissait une foule de questions sans aucune réponse. Notamment la plus importante d’entre toutes, à savoir pourquoi je souhaitais à ce point-là que notre baiser ne soit pas qu’un stupide jeu créé par une stupide soirée où s’étaient retrouvés de stupides abrutis ? Oui, ça avait été des festivités bien pitoyables, le seul souvenir valant le coup d’être remémorer, et ne se privant pas de le faire, étant celui des lèvres de Junior sur les miennes, et ce temps qui s’était dilaté et contracté en même temps, et cette sensation dans ma poitrine dont je parvenais encore à me rappeler la chaleur.
La voilà, la lassitude, qui déposait doucement son voile sur mes épaules alors que je tourne les talons, non sans me délester d’une dernière phrase impertinente. Mes pas m’emmènent loin de ce banc, très lentement cependant, attendant que Junior daigne me rejoindre. Parce qu’il était hors de question, malgré tout cela, ou à cause de tout cela peut-être, que je l’abandonne derrière moi. Il pourrait bien se moquer de ces confidences aux accents inconnus, je ne m’en mordais pas les doigts. Mais je pourrais toutefois lui dire d’aller voir ailleurs si j’y étais. Mes pensées muettes parcouraient toutes les possibilités, même les plus affreuses, sûrement pour que je m’y prépare avec un aplomb parfait et une insolence faite reine. Je penchais plutôt pour un silence de circonstance, ceci étant. Après tout, cela faisait bien dix minutes qu’il essayait de nous faire partir d’ici, je ne me doutais pas qu’il pourrait encore flirter avec nos limites. C’est pourtant sa voix qui me rattrape et non pas sa silhouette, me poussant à m’arrêter pour pivoter dans sa direction, sourcils haussés, comme pour le défier d’oser dire quoi que ce soit de trop, ou quoi que ce soit de pas assez, je ne savais plus très bien.
Nos regrets et émois partagés semblent retisser ce lien momentanément brisé par les blâmes successifs. Donc, nous étions d’accord ? Est-ce que nous venions réellement de nous dresser l’un contre l’autre alors que nous étions d’accord ? C’était si peu habituel que je restais muette quelques secondes, incertaine quant à la marche à suivre. Et maintenant ? Ce n’était en rien des promesses comme nous avions l’habitude d’en faire par dizaines et il n’y avait nulle étreinte en cours pour sceller ces paroles. C’était juste la révélation que nos incompréhensions ne tenaient finalement à rien, et à ça, je ne savais comment réagir. Ce n’était pas tous les matins que Junior d’Archambault me donnait raison après une altercation. Une demi-seconde, quelque chose ressemblant vaguement à un Bon ! alors pourquoi est-ce qu’on se querelle lâché sur un ton parfaitement querelleur me sembla être la réponse la plus appropriée, mais elle s’évanouit aussi rapidement qu’elle m’était apparue. Mon impulsivité naturelle se débattait dans des filets qu’elle ne connaissait pas, la coinçant entre ce qu’elle avait l’habitude de faire - se montrer d’une parfaite impertinence teintée de sarcasme - et une situation inédite. Me laissant finalement muette alors que Junior me rejoint enfin. Oui, ça m’avait été agréable aussi, bien plus que ça en réalité. C’était déstabilisant, ce mutisme qui s’était emparé de moi, me laissant bêtement face à mon meilleur ami sans savoir quoi répondre. Jamais personne n’avait réussi à me faire taire aussi efficacement. Je n’étais pas sûre d’apprécier cette sensation inconnue et cette gaucherie maladroite qui me paraissait transpirer de tout mon être.
Qu’aurais-je donc fait si Junior ne s’était pas doucement penché pendant que mon esprit divaguait ? Je n’en savais foutrement rien. Ce que j’étais en mesure d’assurer, néanmoins, c’est que j’avais la sensation délicieuse de retrouver le naturel évident de l’autre soir, là, au bout de ses lèvres. Un goût d’évidence qui ne laissait plus de place à l’incertitude de l’alcool. Si je me demandais quel rôle avait joué l’ivresse la première fois, c’était une question caduque aujourd’hui : ce n’était pas l’alcool, ce n’était pas un jeu idiot, ce n’était pas rien. Ce que c’était, malgré tout, restait un immense point d’interrogation qui faisait battre mon coeur un peu plus vite. Si je restais bêtement surprise et immobile la première seconde, j’accentuai cette douce sensation celle d’après. Si je me sentis bien démunie lorsque nos lèvres se séparèrent, je fus cependant soulagée que Junior détourne la tête, la chaleur que je sentais prendre possession de mon visage me laissant désagréablement supposer que ma pâleur s’était teintée d’un rose traître. Maintenant nous pouvons y aller. Ses mots m’arrachent un balbutiement de protestation. Il osait ? Il osait faire ça et puis nous laisser là avec une nonchalance que je lui connaissais mais qui m’apparaissait effrontée. Le regard clair qu’il porta sur moi me rappela que je devais avoir l’air bien stupide, les joues rouges comme elles l’étaient certainement. Ceci dit, son teint était rehaussé également d’une touche écarlate. À quoi est-ce que nous ressemblions, tous les deux, penauds et rougissants ? Et où était-elle passée, ma superbe faculté de me montrer volcanique et impertinente en toute circonstance ? Je devais l’avoir perdue entre notre dispute et notre baiser, elle se faisait sacrément muette quoiqu’il en soit.
Un sourire incertain mais d’une tendresse absolue se joua de mes lèvres avant que je ne revienne à la hauteur de Junior et que je perde mes doigts dans les siens. J’avais vraisemblablement perdu l’usage de la parole, pour au moins quelques minutes, pas celui de m’accrocher à lui, mes pensées battant la campagne, mon coeur battant la chamade. Quelque part sur le chemin, je retrouvais finalement ma capacité à parler et, plus encore, celle à me fendre d’une moquerie tendre à son égard, portant à sa connaissance que je n’avais plus aucun regret à formuler alors et que mon pauvre neurone était en mesure de lui assurer que ce baiser-là non plus ne m’apporterait aucun mauvais rêve, bien au contraire. Je détestais recevoir des leçons mais je comptais bien retenir celle-ci et ne plus laisser l’opportunité à cet épuisant Serpentard de me reprocher un silence. J’avais de nouveau la voix de mon frère adoré en tête qui m’interrogea alors que les grilles du château apparaissaient. Est-ce que j’avais changée ? Est-ce que nous avions changé ? Je ne voyais nul changement à mes yeux, plutôt une suite… logique ? je n’étais pas en mesure de l’affirmer, pas vraiment, mais si douce pourtant.
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(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior)
[terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior)