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[terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior)
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Message(#) Sujet: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 24 Avr - 15:15

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin

@C. Junior D'Archambault

Coincés entre divers morceaux de parchemins, mes doigts pâles s’activent à une tâche bien trop prosaïque à mon goût. De mon autre main, je survole une feuille déjà noircie d’encre et raturée à de nombreux endroits, ma plume dessinant ma fine écriture sur le papier. J’avais le sentiment d’être coincée dans cette bibliothèque depuis déjà des jours entiers ; cela devait faire une heure ou deux tout au plus. En face de moi, Junior avait le privilège d’assister à mes soupirs répétés, mes froncements de sourcils qui créaient des ridules d’irritation sur mon front, mes jurons soufflés à voix basse. Jamais nous n’avions passé autant de temps à réviser au milieu de la plèbe. L’impression que nous cherchions tous les prétextes pour ne pas nous retrouver dans un tête-à-tête désoeuvré était vague mais tenace. Nos BUSES pouvaient se féliciter de ces dispositions et je m’en contentais sagement pour l’instant. Le beau temps m’appelait pourtant à l’extérieur, me sommait de prendre mon meilleur ami par la main pour le distraire de ses études. Je m’en gardais. Il y avait un nuage - dont l’ombre encore légère ne voilait rien - qui menaçait d’apporter une tempête indésirable si nous franchissions la grande porte. Alors nous conservions le silence sur cette soirée et sur ce que nos lèvres avait partagé. Malgré tout, j’en gardais un souvenir des plus nets depuis que l’alcool avait cessé d’embrumer mon esprit. Si la sensation de notre baiser était encore prégnante, les sentiments qui suivaient cette image étaient, eux, des plus confus. Et, tantôt mes pensées apaisées redessinaient les mots de bonne nuit de Junior sous le signe d’une confession voilée qui m’arrachait un sourire troublé ; tantôt sous celui d’une pique dans la juste lignée de celle qui avait menacé notre anniversaire.

Dans un soupir plus frustré que les précédents, je laisse retomber les parchemins dans une pile brouillonne, agacée de ne pas parvenir à traduire correctement Gebo dans le texte que le professeur nous avait donné comme entraînement à nos examens. Le dictionnaire la désignait comme la rencontre de l’amour et le partage dans la création d’une relation ou d’un dialogue basé sur la réciprocité ; je n’arrivais pas à saisir sa présence dans un texte qui traitait depuis le début de la sagesse et de l’accroissement des pouvoirs magiques. Une moue mécontente aux lèvres, je m’étire, mon regard partant à l’aventure des quelques étagères que nous distinguions depuis notre table. Je ne parvenais pas à me concentrer, de toute façon. Le temps semblait s’étirer, s’allonger, joueur et désireux de faire durer cette attente insupportable qui occupait mes pensées. Je repose mon regard clair sur Junior avant de laisser ma tête reposer dans mes bras pliés sur la table, sans le lâcher des yeux. Supplique muette mais impérieuse de nous en aller d’ici. N’avions-nous pas assez travaillé pour la journée ? Je sais qu’il fait mine de ne pas voir ma moue pressante et, rapidement, un sourire espiègle vient flotter sur mes lèvres. Mon impatience alourdie de ce qui attendait Junior à la fin de l’après-midi avait décidé qu’il était temps d’en terminer avec nos studieuses occupations. Et il aurait été vain de chercher à me faire changer d’avis. Du bout de mon pied tendu sous la table, je viens pousser légèrement sa jambe. Une fois, deux fois, trois fois, avant qu’il ne relève enfin ses prunelles en direction des miennes. Mon sourire d’une innocence jouée à la rencontre de son air réprobateur, jusqu’à ce qu’il cède.

On se rrrejoint dans le hall ? Je n’avais pas été conviée à la Licorne Blanche et je savais parfaitement que ce point passé sous silence par Grand-Père signifiait que je n’étais pas la bienvenue. Son mutisme glacial dans son entièreté marquait tout le mécontentement qu’il ressentait à mon égard. Mais, à des lieues de notre chez nous, derrière les murs épais de Poudlard, j’arrivais particulièrement bien à faire comme si je ne remarquais rien. Cela leur passerait, et je n’avais rien fait de très grave. Il s’agissait de Junior, après tout. Il fallait également rappeler que je lui avais avoué avoir vu la mort par trois fois, pas dans quelles circonstances, ni qui était l’auteur de ces meurtres. En soit, mon meilleur ami ne savait rien. Enfin, il en savait tout de même suffisamment pour que mes aïeux se déplacent jusqu’à Pré-au-Lard et convoquent le Serpentard. Alors, je ne craignais pas le courroux de mes grand-parents à mon égard. Je m’interrogeais par contre sur ce qu’il comptait faire pour régler le problème, avec une pointe d’anxiété que je n’avais pas l’habitude de ressentir. Même dans le couloir du Ministère de la Magie, face au Magenmagot, je n’avais pas perdu de ma superbe assurance.

Je retrouve Junior à l’endroit prévu. Un sourire, un regard brillant, ma main qui effleure la sienne, ses doigts qui ramènent une mèche de mes cheveux à sa place. Autant de gestes que nous n’avions pas abandonnés : c’était une manière bien à nous de nous saluer lorsque nous nous retrouvions le matin pour le premier cours commun ou qui accompagnait nombre de nos discussions. Mais hormis ces quelques témoignages d’une habitude bien ancrée, nous restions des plus mesurés. Bien loin de ce tendre égarement qui nous avait emporté lors de la soirée. Un égarement que quelques battements de coeur épelaient bien autrement. Je ne te prrropose pas d’aller boirrre un thé ironisé-je tandis que nous nous mettions en route. Pré-au-Lard et le chemin pour y parvenir étaient encombrés d’élèves rieurs et pathétiques, mais dilués dans suffisamment d’espace pour que leur présence ne nous pousse pas à nous éloigner à la lisière du village, dans un coin plus tranquille. Ou bien était-ce cette tranquillité que nous fuyions, justement ? Quelques emplettes pour faire passer les heures plus vite, à ne pas perdre une miette des sorciers que nous croisions, par obsession de tomber malencontreusement sur mes aïeux. Et finalement, l’heure du rendez-vous était déjà arrivée. Après une attente interminable, les minutes s’étaient délitées dans un claquement de doigts. Nous nous préparons à rejoindre la rue principale, mon regard accrochant encore quelques secondes celui de Junior. Je ne doutais pas qu’il n’allait rien lui arriver, ils se retrouvaient dans un lieu public et fréquenté après tout, et en même temps, le doute subsistait. On parlait de la Licorne Blanche, les fréquentations étaient des moins regardantes. Je savais trop bien de quoi ma famille était capable et si cela m’avait toujours pleinement satisfaite et fait ma fierté filiale, ce n’était plus totalement le cas présentement. Je t’attends à l’entrrrée du village lui rappelé-je. Inutile d’aggraver la situation en me montrant à Grand-Père alors que l’ordre informulé que je reste loin de tout cela avait été donné. Hors de question cependant que je retourne à Poudlard sans Junior.
electric bird.



Dernière édition par Erin B. Sørensen le Ven 1 Mai - 20:11, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyDim 26 Avr - 1:20



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Ma plume se glissa doucement dans un rayon pâle s’étalant sur mon parchemin, appel silencieux du beau temps qui s’étendait dehors… Il n’y avait pas d’endroit au monde où j’aurais moins voulu être aujourd’hui que dans cette bibliothèque. Pourtant, elle nous offrait un abri digne de ce nom depuis de trop nombreux jours, une sécurité intéressante et la promesse de conversations banales et écourtées mais je n’étais pas assez idiot pour me laisser prendre dans cette illusion. Tout n’était qu’un leurre stupide, qu’importe s’il était bienvenu, et mon esprit n’avait eu de cesse de voguer toujours plus loin, s’échappant des étagères que l’on savait vacillantes et de l’odeur poussiéreuse des pages que l’on tournait à peine. Erin soupira une énième fois, visiblement lasse, me tirant sans peine l’esquisse d’un sourire amusé. Dans d’autres circonstances, je me serais sans le moindre doute étonné de la voir toujours assise là, en face de moi, partageant ma table et mes errances scolaires, mais cela me paraissait évident désormais… Toute l’intimité qui était nôtre d’ordinaire avait fondu comme neige au soleil et aucun de nous ne cherchait à faire changer cela. C’était comme si l’étrange soirée post-Quidditch avait sonné le glas de ce que nous connaissions. Nous évitions le sujet comme la peste, même les quelques mots balancés une fois nos dortoirs retrouvés n’avaient jamais eu la moindre suite… Je ne savais pas trop quoi en penser… Après tout, c’était elle qui avait amorcé cette discussion, comme si mon ressenti sur notre échange lui avait importé rien qu’un instant. Peut-être n’était-ce là que les questionnements de l’alcool et qu’ils s’étaient envolés quand elle avait retrouvé ses esprits…? Dans ce cas, elle avait dû me trouver bien idiot en relisant cet aveu ridicule… Est-ce qu’elle regrettait que nous nous soyons égarés à ce point…? Ça n’était pas impossible… Me concernant, je n’en savais trop rien. Si je ne regrettais rien de l’échange en lui-même, je commençais à me demander si cela valait réellement la gêne silencieuse qui nous accompagnait depuis. Je n’en étais pas convaincu… Au contraire… Je n’étais pas prêt à perdre ce que nous avions, ou pire encore à la perdre elle, pour un baiser qui ne voulait rien dire. C’était un jeu. Juste un jeu…

Sous la table, le pied de ma meilleure amie vint me chahuter la jambe. Je feignis de n’avoir rien remarqué et tentais de mener à bien le calcul de la trajectoire de Saturne que j’avais péniblement entrepris et qui commençait déjà à ne plus ressembler à l’exemple du livre… Je voyais d’ici la déception de mes parents face aux résultats catastrophiques qui m’attendaient dans la majeure partie des matières, Astronomie sûrement en tête de liste… Bien sûr, ça n’était pas une matière indispensable à la vie d’un sorcier, mais je ne doutais pas que mon père se montrerait bien peu ravi en découvrant le peu que je pourrais suivre à la rentrée prochaine… Il lèverait les yeux au ciel à la simple mention de la divination et me taperait certainement sur les doigts pour avoir loupé, au choix, Sortilèges, Métamorphose, DCFM ou Potions, pour ne pas dire clairement les quatre à la fois… Erin continua à me pousser un peu pour me signifier son impatience. Je finis par relever les yeux vers elle et croisai les siens. Son sourire suffit à annihiler toute ma bonne volonté… Comment vouliez-vous que je lui refuse quoi que ce soit ? Elle était là, avec son air angélique et ses grands yeux clairs fixés sur moi…

On se rrrejoint dans le hall ?

Pendant quelques heures, j’étais presque parvenu à oublier la suite. Pourtant, l’image du couple Sørensen, droits et fiers, dans la salle quasi déserte du pub m’était apparut des plus clairement durant la nuit… Difficile de se voiler la face au point de ne plus y penser… Pourtant, je crois que mon esprit tâchait de se focaliser sur n’importe quoi d’autre, fut-il un obscur chapitre d’Astronomie, pour éviter que la panique me gagne totalement… mais la seule question de ma meilleure amie suffit à me ramener à la réalité. Quand bien même je feignais le contraire, le rendez-vous qui m’attendait m’angoissait plus que de raison. D’ordinaire, je n’en aurais eu que faire. On m’aurait certainement enjoint à me taire, ce que j’étais de toute façon disposé à faire bien sûr, peut-être qu’on aurait fait planer sur moi et les miens de vagues menaces pour achever de me convaincre mais ça n’aurait pas été beaucoup plus loin. Je n’étais pas au courant de grand chose, il était question de trois impurs ayant trépassé et de la perception de quelques sombrals… Pas de quoi en faire toute une histoire. Mais il s’agissait des Sørensen… Le calme inhumain de Finnbjörn ne m’avait pas lâché depuis Noël et les débordements parfois dangereux d’Erin étaient loin de m’être inconnus… J’avais tendance à croire qu’ils tenaient tout ça de quelque part et je craignais que cela soit directement dans la gueule du loup que je m’apprêtais à me jeter. Il était évident que je n’avais aucune confiance en leurs grands-parents, à tel point que j’avais écrit à mon père que si je ne lui donnais pas de nouvelles d’ici ce soir, il fallait qu’il s’inquiète. Sans plus de détails… Seulement pour assurer mes arrières en cas de souci. Je ne doute pas un instant qu’il ait pu prendre mon message au sérieux tant ça n’était pas dans mes habitudes de réclamer aide ou attention de sa part. C’était sûrement idiot mais il me semblait qu’on était jamais trop prudents, d’autant plus que je n’avais pas la moindre idée de ce dans quoi j’avais mis les pieds. Même Erin n’avait pas eu l’air serein en parlant de menaces…

À peine le temps d’abandonner mes affaires dans mon dortoir et de prendre ma veste que je faisais déjà demi-tour pour rejoindre le Hall. Je n’avais aucune envie de rester seul ni même de croiser la vermine qui discréditait notre maison toute entière… Il n’y avait aucune trace de la Poufsouffle à mon retour mais, fort heureusement, elle ne mit pas longtemps à se montrer. Je ne pus m’empêcher d’avoir un sourire idiot en l’admirant descendre les marches. Elle m’avait toujours semblé jolie, du moins d’aussi loin que je me souvienne, mais il me semblait depuis quelques temps que la vie faisait un travail remarquable. Malgré moi, les souvenirs menaçants de Charles-Auguste et de Bradford me revinrent. C’était presque étonnant qu’il n’y ait eu qu’eux… Peut-être son caractère parfois insupportable en faisait fuir certains mais tout de même… Elle n’était pas si difficile à vivre que ça, bien loin de là… Ses doigts effleurèrent les miens avant que je ne remette tendrement une mèche de ses cheveux en place, vestiges des cajoleries d’un autre temps… Il y avait bien des choses qui restaient, auxquelles on s’accrochait mais cela faisait bien pâle figure face à la douceur de ses attentions ou à la chaleur d’une étreinte. Est-ce que cela me manquait…? Il n’était question que de quelques semaines, j’aimais à croire que non… pas vraiment du moins, ou pas trop… mais je ne doutais pas que la frustration se ferait plus grande à mesure que les jours passeraient.

Je ne te prrropose pas d’aller boirrre un thé.
Je te trouve bien railleuse, soufflai-je sans l’ombre d’un reproche alors que j’attrapai distraitement sa main pour l’entraîner hors de l’école.

Le flot des autres élèves nous embarqua bien vite sans que l’on n’y oppose la moindre résistance. Cela faisait bien longtemps que j’avais eu si peu envie de profiter de la liberté toute relative que nous accordait Pré-au-Lard… Je ne savais que trop bien pourquoi nous étions ici en réalité, et toutes les boutiques du monde ne parvenaient plus à en détourner mes pensées. La moindre silhouette inconnue me donnait presque des sueurs froides et j’étais partagé entre l’idée de fuir et celle d’en finir au plus vite. J’essayais bêtement de me rassurer en me disant que c’était un endroit public et que la disparition d’un élève ne passerait pas inaperçu bien longtemps, qu’ils n’étaient pas assez stupides pour en arriver là mais, dans le fond, je n’en savais pas grand chose… Et puis il pouvait y avoir finalement bien pire qu’une mort imminente… Quand on voyait l’état dans lequel était Finn à la rentrée… Je préférais probablement la mort à l’amnésie… Et ça, c’était probablement quelque chose d’envisageable… Sérieusement envisageable, même. Quoi de mieux pour me faire taire que de me faire oublier ce qu’il y aurait eu à dire…? Peu à peu, notre chemin se fit en sens inverse, abandonnant les quelques devantures colorées pour rejoindre la rue principale. L’heure tournait, malheureusement. Le regard de ma meilleure amie se planta dans le mien, je m’efforçai alors de lui sourire comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’était un mauvais moment à passer, rien de plus. Rien de plus…

Je t’attends à l’entrrrée du village.

Je hochai simplement la tête, laissant mes lèvres effleurer sa joue dans un au revoir silencieux avant de lui tourner le dos et de partir en direction de la Licorne Blanche. C’était très étrange d’avancer ainsi à l’aveuglette vers une sentence qu’on ne pense en aucun cas mériter. Et puis je dois bien avouer qu’il y avait en moi la crainte de ne jamais la revoir ou, du moins, de ne pas réellement en avoir conscience. L’impression tenace de rester ainsi sur des non-dits se fit douloureuse, un peu comme lors de ce maudit camping, quand, entre les griffes du primate, tous les regrets de notre dispute m’étaient lourdement tombés dessus. J’étais prêt à me jurer que je mettrais les pieds dans le plat s’il le fallait mais ma main poussa nerveusement la porte et toute ma bonne volonté s’envola en un instant. C’était toujours aussi désagréable d’avoir sous les yeux ce que j’avais déjà aperçu de nuit, comme un rappel finalement habituel de cette tare souvent pesante. Je ne laissai néanmoins rien paraître et me fendis d’un sourire poli en allant à la rencontre des Sørensen. Je n’avais rien à me reprocher. Je n’avais strictement rien à me reprocher… Mais plus j’avançais, moins j’en étais convaincu. Est-ce que c’était ainsi que se sentaient tous les condamnés à tort lorsqu’ils avançaient vers la potence ? Avec des certitudes qui s’étiolaient, à douter même de ce qu’on savait pourtant très bien…? Je ne pris même pas la peine de les reprendre à l’entente de mon prénom ridicule et m’installai sagement à leur demande. À partir de là, le temps se suspendit littéralement. Je n’étais plus bon qu’à hocher bêtement la tête en espérant qu’ils se montrent cléments, les écoutant sans un mot se targuer de ne vouloir que la protection de leur famille… Oh, je le comprenais très bien, croyez-le, et je le voulais au moins autant qu’eux mais ça ne justifiait à mes yeux ni leur présence ici ni la mienne… Comme si j’avais pu faire quoi que ce soit qui aurait risqué de nuire à Erin ! Puis, au bout de ce qui me parut une éternité, ils se délestèrent d’une proposition troublante : ils me débarrassaient du souvenir de cette fâcheuse conversation ou ils m’imposaient le silence envers et contre tout. Le ton était cordial mais ferme. Aucune alternative possible. Je n’étais pas très enclin à me retrouver à jouer ma vie pour une confidence, qu’on se le dise, mais je l’étais encore moins à laisser qui que ce soit trifouiller dans ma mémoire déjà bancale. Ils eurent beau laisser entendre que c’était sûrement le plus arrangeant pour tout le monde, tâchant de me convaincre de les laisser ôter tout ce qui pouvait être gênant à leurs yeux, je ne cédai pas. Me plier à leurs règles pathétiques, puisqu’il le fallait, mais je préférais n’avoir à ne faire confiance qu’à moi pour le résultat. La présence de la grand-mère des jumeaux prit tout son sens alors qu’elle jouait les Enchaîneurs. Tout était pensé, ficelé… Je me sentais dépassé, sincèrement, mais je ne me démontai pas et acceptai, la voix claire et posée, la clause que l’on me présenta, observant avec une tranquillité feinte la chaîne rougeâtre qui glissait autour de ma main. J’avais seize ans à peine et je me retrouvais déjà avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je ne prétends pas avoir supposé une seule seconde être en mesure de trahir la confiance de ma meilleure amie, loin de là, mais cela ne changeait rien au fait que j’ai pris conscience à cet instant précis que la fin pouvait arriver n’importe quand. Comme si l’immortalité toute enfantine dans laquelle on se drape durant les premières années de notre vie venait de disparaître à jamais. De la suite de notre entrevue, il ne me reste rien, des voix lointaines dont les mots ne me parviennent plus, un brouillard enveloppant les images… Je me souviens seulement du soulagement lorsqu’on intima de prendre congé.

Je ne me le fis pas dire deux fois et abandonnai sans l’ombre d’un regret cette salle étouffante et l’ambiance presque funèbre qui pesait bien lourd sur mes épaules. Il me fallut un moment avant de consentir enfin à rejoindre Erin. J’avais du mal à calmer les battements de mon coeur, mes pensées n’étaient plus qu’un tourbillon insensé. J’avais du mal, je crois, à réaliser pleinement ce qui venait de se passer. Ça ressemblait à s’y méprendre à un cauchemar et je n’aurais probablement pas été étonné d’entendre mon réveil sonner… Tout ça pour des confidences à demi-mots. Pourtant, j’avais conscience que ça n’était pas si horrible que ça… du moins que tout aurait pu être bien pire… Là encore, ça n’avait pas grand sens… Lorsque je rejoignis enfin la rue principale, j’avais repris contenance. Il fallait arrêter de jouer les mômes apeurés, je connaîtrais sûrement bien pire dans ma vie, tout allait bien. En réalité, je ne croyais pas un mot de ce que je pouvais bien me raconter mais tâchai tant bien que mal d’en faire abstraction. Près du chemin menant à Poudlard, un petit groupe remontait tranquillement. M’avait-elle attendu si longtemps ? Ça n’était pas impossible… Je ne pensai même pas à regarder l’heure, avançant seulement d’un pas machinal droit sur elle. Je me glissai dans son dos, mes pas étouffés par les bruits alentour et posai doucement mon menton sur son épaule. Ses doigts se délestèrent d’un caillou qui termina sa course dans l’eau. Je me pus m’empêcher de sourire doucement, rassuré, alors que mes mains se posaient sur ses hanches. C’était bête, sûrement, mais sa présence avait quelque chose d’apaisant. À l’instar de notre escapade sur les toits enneigés, rien ne pouvait m’arriver tant qu’elle était là.

Je crois que ton ricochet vient de faire un plat.
code by bat'phanie

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyDim 26 Avr - 15:24

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin

@C. Junior D'Archambault

Nous errâmes dans Pré-Au-Lard, bercés de l’inquiétude qui dessinait les contours de la fin d’après-midi, laissant le temps nous échapper. Je regardais bien trop par-dessus mon épaule, m’attendant à croiser le regard noir de remontrances de Grand-Père et je sentais Junior aussi peu serein que moi quant aux silhouettes que nous rencontrions. Il arriva bien vite, le moment de nous séparer. Les lèvres du Serpentard laissèrent une sensation tenace derrière elles, un au revoir muet auquel je ne répondis rien, me contentant de le suivre du regard bien après que nos doigts eurent interrompu leur étreinte. Puis je reprends ma promenade vagabonde entre les devantures inintéressantes de boutiques du village. Si je restais réfléchie, je savais qu’il ne pouvait rien arriver à Junior. Il était le fils d’une famille de sang-purs influente, il retrouvait mes aïeuls dans un lieu public - bien que ce ne soit pas le plus fréquentable de toute la bourgade sorcière - et la lettre le conviant à ce tête-à-tête témoignait de cette rencontre. Néanmoins, si je laissais mon esprit dérouler d’autres possibilités, arguant l’implacabilité des miens, je ne pouvais faire taire cette vague d’inquiétude. Finnbjörn n’avait été d’aucune utilité dans cette histoire, Grand-Père ne lui ayant rien confié de ses intentions ; du moins c’est ce qu’il m’avait assuré. Ma confiance aveugle envers mon jumeau ne pouvait cependant s’empêcher un soupçon, celui qu’il désirait me laisser en plein doute pour me donner une leçon supplémentaire. Je savais que son attention, pleine de réprobation, me suivait plus encore que d’habitude depuis que je lui avais avoué les confidences faites à Junior. Et je ne doutais pas que mes grands-parents éprouvaient la même. De manière générale, il me suffisait de décupler la désapprobation de mon tendre frère pour avoir une idée fidèle de ce qu’elle que me dédierait Grand-Père lorsque je me retrouverai face à lui.

Mes pas me perdent entre les ruelles de Pré-Au-Lard, mes yeux s'égarent ci et là, sans vraiment prêter attention à ce qui m’entourait. Jusqu’à ce qu’ils se fixent plus que de nécessaire sur une vitrine. Oh, et puis, pourquoi pas, après tout ? Un haussement d’épaules me décharge du sentiment ridicule qui me poussait à agir ainsi, avant que je ne pousse la porte, faisant résonner le carillon qui annonce un nouveau client. Je ressors les doigts alourdis d’un petit paquet, les poches allégées de quelques mornilles et l’impression floue que ce geste montrait toute l’inquiétude qui m’habitait et que je ne voulais guère considérer.

Quelques errances plus tard et je m’arrêtais à la lisière du village, m’écartant du chemin qui serpentait jusqu’à Poudlard pour me poser au bord de l’eau. J’étais suffisamment visible pour que Junior ne puisse me manque lorsqu’il passerait et suffisamment à l’écart pour qu’aucun abruti ne juge nécessaire de venir m’importuner. Quoique. Un divertissement serait le bienvenu pour me tirer de ces pensées incessantes. Est-ce que je culpabilisais ? Non. Peut-être que ce sentiment m’emporterait s’il arrivait quoi que ce soit à Junior, cependant. C’étaient mes confidences qui l’avaient mis dans cette situation et je ne parvenais pourtant pas à regretter de lui avoir avouer une partie des raisons qui m’amenaient à voir les Sombrals. Il ne savait pas le plus sombre, loin de là, mais la promesse de tout lui raconter un jour avait été formulée. Et je ne prononçais pas des serments à la légère. Enfin, j’allais tout de même attendre de voir ce que mes aïeuls réservaient à cet écart de conduite avant d’en effectuer un second. Et puis, peut-être que Junior lui-même ne voudrait plus rien savoir afin de s’assurer une sécurité bienvenue.

Désœuvrée, mes nerfs en ébullition tant l’attente était insupportable, mon esprit se faisait un malin plaisir à ressasser, encore et encore, les possibilités multiples. Un simple avertissement ? Grand-Mère ne se serait pas déplacée, Grand-Père était bien capable de menacer un adolescent sans sa présence. Lui effacer la mémoire ? Oui, mais à quel point ? Pourquoi le don de Junior n’avait-il pas pu se manifester pour leur permettre de savoir avec exactitude ce qui les attendait ? Ou bien il l’avait fait, plus qu’il ne le lui avait dévoilé ce matin, et il n’avait pas voulu m’en faire part ? Contrariée par toutes ces rêveries fâcheuses, je me relève, mes doigts s’emparant machinalement de plusieurs pierres que je commence à jeter brutalement dans l’eau, avant d’adopter des gestes plus précis pour tenter quelques ricochets. Une activité bien piteuse, mais je n’avais rien d’autre à faire en attendant le retour de Junior. Bien que, ces derniers temps, nos seules occupations consistaient à tout faire pour ne pas en avoir.

L’ombre de la soirée ne nous quittait pas, tenant éloignées les cajoleries habituelles qui rythmaient nos journées. Exceptés quelques caresses et effleurements légers, c’était comme si nous avions tout oublié des étreintes et des perditions lascives qui se nourrissaient d’heures entières. Il fallait maintenant trouver de quoi les combler et les examens était un prétexte tout trouvé mais qui n’effaçait pas la sensation que nous ne faisions qu’éviter un sujet tout entier. Pourtant, ça n’était qu’un jeu, n’est-ce pas ? Un jeu idiot entouré d’individus pitoyables. C’était ce que laissaient sous-entendre les quelques mots que j’avais découverts au petit matin en me réveillant, la tête lourdes des ravages causés par tout l’alcool que j’avais bu, trop vite. Un jeu bien agréable dans lequel je m’étais perdue plus que nécessaire. Il me semblait cependant stupide de vouloir faire toute la lumière sur ce geste et sur le souvenir de ses lèvres sur les miennes. La dernière fois que nous avions abordé le sujet - celui qui remontait pourtant à quelques années déjà - mon orgueil blessé avait tissé une histoire invraisemblable avec Charles-Auguste, et voilà où cela nous avait conduit. Pourtant, une légère pointe acide vint ombrager mon regard clair. Parce que si Junior quittait la Licorne Blanche avec quelques souvenirs en moins ou la subite envie, soufflée par mes aïeuls, de se tenir éloigné des Sørensen, je vivrais avec un déplaisir certain le fait de n’avoir pas pu mettre le doigt sur ce qui relevait du jeu et ce qui n’y était pas lié.

Perdue entre ricochets et pensées désordonnées, l’impatience étouffée par le besoin de m’assurer que Junior irait bien, le temps s’écoule sans que je n’en prenne vraiment conscience. J’étais si absorbée par les échecs répétés de mes lancers que je ne pris conscience de sa présence que lorsqu’il posa sa tête contre mon épaule, ses doigts lestant mes hanches d’un frisson agréable. Je ne me formalise pas de son constat railleur, il méritait bien quelques secondes d’indulgence. Juste le temps de m’assurer que tout allait bien. Je pivote pour lui faire face, une seconde de flottement, puis mes bras s’accrochent autour de son cou et une étreinte soulagée vient mettre fin à cette attente insupportable. Un bref regard par-dessus son épaule, constat rapide qu’aucune silhouette bien trop connue ne se détachait sur le chemin que nous avions délaissé, et mon visage vient s’enfouir au creux de notre enlacement. Tant pis pour la distance raisonnable que nous maintenions depuis plusieurs jours, elle pouvait aller voir ailleurs si nous y étions. Quelques secondes interminables et bienvenues avant que je ne me décide, à contrecœur, à me reculer pour poser un regard brillant sur Junior. Il avait l’air entier. Mais les fêlures de l’esprit ne se lisaient jamais vraiment sur les traits d’un visage. Alorrrs ? l’interrogeai-je simplement. Comment étaient-ils ? Mon sourire, incapable de résister bien longtemps à ce regard qu’il posait sur moi, revint danser sur mes lèvres.

Si nous pouvions retrouver une sérénité tranquille et laisser le courroux de mes grands-parents se déliter dans l’air printanier de la fin de journée, je pouvais retrouver mon impertinence teintée de malice et revenir sur l’indulgence précédemment accordée. Si tu te penses plus doué, je t’en prrrie fais-je avec un sourire moqueur en plaquant une pierre qu’il me restait sur son torse. Mais si tu rrrates, ce serrra pourrr moi prévins-je en m’emparant du petit paquet en l’agitant sous son regard clair. Et puis la seconde d’après, mon regard à moi redevient un peu plus grave. Je t’avais dit que ce serrrait dangerrreux de tout te rrraconter... Ce n’étaient pas réellement des excuses, pas complètement l’inverse non plus. Une simple réalité. Je doutais fortement que Grand-Mère ait pu expliquer l’entièreté de la situation à Junior pour lui prouver à quel point il avait intérêt à garder ce secret pour lui, mais toutes les stratégies de ma famille m’avaient toujours bien semblé tirées par les cheveux. Alors qu’en savais-je ? Et s’il savait tout, qu’en penserait-il ?
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyDim 26 Avr - 23:11



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

L’air frais de cette fin d’après-midi s’engouffra dans le pub alors que j’en ouvrais la porte. La lumière me parut presque aveuglante, comme un retour brutal à quelque chose de plus réel… de plus tranquille, sûrement aussi. Nous avions eu beau mettre un terme à notre entrevue, il me semblait presque qu’elle n’avait pas véritablement existé. Tout était trop… trop tout, en réalité. La disproportion des conséquences par rapport à la cause, le choix insensé qu’on m’avait proposé, le calme olympien dans lequel tout avait été fait… Comme si c’était normal, évident, comme si toutes les petites histoires se terminaient ainsi pour éviter… j’en savais trop rien… les risques, sûrement ? Mais honnêtement, je ne les voyais pas… Je n’avais pas pour habitude d’aller raconter ce qu’Erin pouvait bien me dire et, quand bien même, je ne savais finalement pas grand chose… Si j’avais été parler de trois vauriens morts sous ses yeux, on m’aurait sûrement dit de balayer devant ma porte avant de cracher sur les autres, ce qui aurait été très juste d’ailleurs. Je crois que l’image que je pouvais avoir de cette famille, à cet instant-là, était bien plus mauvaise qu’elle aurait pu l’être en en ayant tous les plus sombres secrets sous les yeux. Je sais que je n’avais aucune objectivité sur ce point, bien sûr, mais qu’importe… Je ne me prétendais pas d’une aide quelconque et n’avais jamais eu d’illusions sur la place inexistante que mon adolescence m’offrait dans le monde dans lequel nous évoluions mais j’avais eu la bêtise de penser qu’on me savait assez proche des jumeaux pour voir plus un allié qu’une menace. A tort, visiblement… Mine de rien, la déception se faisait sentir. Et je me surpris à me demander ce qu’on pensait d’elle, chez moi. Je savais que ma mère ne la portait pas vraiment dans son coeur, elle était bien trop flamboyante, trop imprévisible pour entrer sans tache dans l’univers bourgeois qu’elle s’appliquait à défendre mais elle n’avait jamais eu l’air de me reprocher la confiance aveugle que j’avais en elle pour autant. Je n’étais pas forcément assez proche du reste de ma famille pour avoir une idée très précise de leurs ressentis mais ça m’avait toujours paru évident que les certitudes que j’avais à son égard étaient nécessairement partagées. Mais peut-être pas, finalement… Et j’en fus presque plus déçu encore.

Doucement, mes pas me ramenèrent jusqu’à la rue principale, grouillante de monde, des petits groupes remontant l’allée pour rentrer au château ou profitant des derniers instants de liberté qui leur étaient accordés. Je ne m’étais jamais senti aussi bien au milieu de la foule immonde qu’on nous imposait d’ordinaire. Ils formaient, tous, un cocon rassurant, une barrière protectrice bien loin de la solitude étouffante qu’il y avait eu à la Licorne Blanche. Je savais pertinemment que je ne risquais plus rien mais ne pouvais m’empêcher de craindre qu’ils aient changé d’avis entre temps… Après tout, nous n’étions jamais à l’abri de rien. La silhouette d’Erin se dessina près de l’eau, visiblement occupée à y jeter toutes les cailloux qui lui tombaient sous la main, aussi je m’en approchai sans l’ombre d’une hésitation. Le soulagement se fit étrangement sentir alors que je la rejoignais, le manque peut-être aussi. Pourtant, je ne l’avais laissée qu’un instant à peine mais la peur de ne pas la retrouver avait décuplé tant mes sentiments que les secondes qui s’étaient écoulées. Mes mains eurent à peine le temps de se poser sur ses hanches que déjà elle se retournait. Je me fendis d’un sourire, le regard plus ombragé que je ne l’aurais voulu. Si j’étais doué pour feindre l’indifférence et ne rien laisser paraître de ce qui pouvait parfois me tourmenter, je ne l’étais jamais totalement en sa compagnie. Je faisais des efforts, pourtant, mais il restait quelque chose du petit garçon qu’elle avait rencontré bien des années plus tôt et dont elle venait apaiser les cauchemars comme si de rien n’était. Un sentiment de sécurité trop fort pour me permettre de construire toutes les barrières habituelles, peut-être ? Je n’en savais trop rien. Je ne cherchais pas à faire semblant, pas souvent du moins. Et là… Ça n’en valait probablement pas la peine. Ses bras glissèrent autour de mon cou, mon coeur s’accéléra bêtement la cadence. Il me semblait que cela faisait une éternité que nous ne nous étions pas laissés aller à la moindre tendresse, ne contentant simplement de garder des distances bien peu naturelles entre nous. Je ne me fis pas prier pour l’enlacer plus étroitement encore. Malheureusement, la parenthèse presque enchantée qu’elle m’offrait eut une fin… Sans brusquerie aucune, elle se recula et je n’essayai même pas de la retenir. Je craignais que la gêne qui nous avait tenu éloignés ces derniers jours ne revienne au galop au moindre pas de travers. Alors, sagement, je les évitais.

Alorrrs ? Comment étaient-ils ?

Je haussai les épaules alors que mon regard se laissait aller à la détailler comme s’il ne l’avait jamais vu. Est-ce que c’était possible qu’elle me paraisse plus belle encore qu’à mon départ ? Je ne doutais pas que l’ascenseur émotionnel qui était le mien aujourd’hui y était pour quelque chose mais le remarquer me fit imperceptiblement rougir tant et si bien que je détournais les yeux, à mi chemin entre l’adolescente en pâmoisons et les souvenirs malaisants des minutes passées avec ses grands-parents.

Fort aimables, comme toujours.

S’il y avait bien quelque chose qu’on ne pouvait pas enlever aux Sørensen, c’était leur politesse à toute épreuve. Toujours cordiaux, toujours posés… Enfin, de ce que j’en connaissais tout du moins. Qu’importe les desseins, ils faisaient bonne figure. N’importe qui serait entré dans ce maudit pub aurait cru à un échange de banalités des plus sympathiques, sans se douter de ce qui m’attendait en réalité… J’avortai un frisson désagréable et laissai le sujet mourir de lui-même. Je n’avais pas très envie de revenir sur tout ça. Je ne doutais pas qu’elle verrait cette mésaventure beaucoup plus calmement que je pouvais bien le faire… Après tout, elle avait sûrement été élevée dans un univers qui détonnait largement du mien, aussi peut-être était-là quelque routine tranquille… Moi, j’avais un peu de mal à m’en remettre et je savais pertinemment qu’il me faudrait un moment avant d’oublier purement et simplement qu’un simple mot pouvait me faire passer l’arme à gauche aussi efficacement qu’un impardonnable… Est-ce qu’elle le comprit ? Je n’en sais rien. En tout cas, elle me fourra son caillou entre les mains, un sourire railleur étirant ses lèvres. Il me fallut une seconde pour comprendre ce qu’elle attendait de moi.

Si tu te penses plus doué, je t’en prrrie, lâcha-t-elle avant d’agiter un petit paquet sous mon nez, mais si tu rrrates, ce serrra pourrr moi.
Qu’est-ce que c’est ?

Je réalisai alors que je n’avais même pas eu la délicatesse de l’interroger sur ce qu’elle avait bien pu faire pendant mon absence. Elle n’avait pas l’air de m’en tenir rigueur, aussi je ne cherchai pas à me rattraper bêtement aux branches. Peut-être que cela viendrait naturellement dans la conversation… Du reste, ça n’était pas dramatique, il n’y avait probablement pas eu des heures à tuer… Je fis tourner le galet entre mes doigts et levai finalement les yeux au ciel. Puisque c’était un défi, il fallait bien l’accepter. Je ne me défilai jamais devant les siens, quand bien même ceux-ci m’envoyait jouer les elfes de maison dans ma propre cuisine.

Enfin… Prépare-toi, tu risques d’être éblouie par tant de talent.

En réalité, je n’avais pas souvenir d’avoir réussi une seule fois le moindre ricochet. À l’instar de son caillou, mes tentatives s’étaient toujours soldées par des noyades pathétiques, des plats et des chutes à pique. Je ne m’attendais à rien de mieux cette fois-ci mais n’y accordai finalement que peu d’intérêt. Elle pourrait bien se moquer tant qu’elle voudrait, elle ne s’était pas montrée plus brillante.

Je t’avais dit que ce serrrait dangerrreux de tout te rrraconter…

Durant une seconde, le silence retomba sur nous, seulement brisé par les rires de quelques élèves un peu plus loin. Mon regard accrocha le sien, le soutint sans ciller. Oui, elle me l’avait dit. Je me rappelais de l’inquiétude et des risques qu’elle avait fait planer… Je n’avais pas vraiment su quoi croire cet après-midi là. Oh, non pas que je remettais en question ses dires, loin de là, mais j’ignorais dans quelle mesure les menaces qu’elle évoquait pouvaient être réelles. On imaginait tous, parfois, des choses plus horribles qu’elles ne l’étaient réellement, bernés par les réminiscences de notre enfance ou quelque croyance personnelle…

Je sais.

Je reportai mon attention sur l’eau et haussai à nouveau les épaules. J’aurais aimé prétendre que je regrettais tout ça, sincèrement, avoir assez de bon sens pour réaliser l’étendue de cette bêtise… mais ça n’était pas le cas. Il pouvait bien subsister une lueur inquiète au fond de mes prunelles, un noeud douloureux au creux de mon estomac, j’aurais refait exactement pareil si ça avait été à refaire.

Ma vie à tes côtés est faite de mille et un dangers, ma Reine, mais je ne l’échangerais pour rien au monde, soufflai-je avec une sincérité tendre et évidente avant de jeter le caillou là où avait péri sûrement bon nombre d’autres. Sans surprise, il disparut après un plouf désespéré. Je ne pus retenir un ricanement enfantin. Le traître… Qu’est-ce que j’ai perdu ?

J’étais plutôt fier de cette tentative discret et, il me semblait, efficace pour noyer le poisson comme j’avais noyé le caillou. Changer de sujet discrètement, retrouver quelque chose de plus léger que la réalité de cet après-midi… Je ne le ferai pas bien longtemps, si elle voulait s’épancher ou m’interroger je m’y plierai le plus docilement du monde mais pas tout de suite… Je voulais juste la retrouver un instant, profiter de la certitude pourtant pas récente de sa présence à mes côtés… le reste pouvait bien attendre un peu… non ?
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:01, édité 3 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyLun 27 Avr - 0:42

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin

@C. Junior D'Archambault

Mes bras autour de Junior, une étreinte qui retisse à toute vitesse les contours de notre bulle habituelle, rassurante. Cela ne faisait certes que quelques jours que nous nous contentions sagement de brèves caresses et de frôlements épars, vestiges d’une ancienne intimité, et je prenais pourtant conscience d’à quel point cela m’avait manqué, cette présence entière contre laquelle je me lovai. Peut-être que mes craintes, qui existaient bel et bien et qui avaient été ma seule compagnie depuis la rue principale de Pré-Au-Lard, jouaient un rôle dans cette douce sensation qui comblait un vide dont je prenais à peine conscience. Qu’importe, elles étaient dissipées maintenant qu’il se tenait devant moi, égal à lui-même. Du moins, de ce que je pouvais constater au premier abord. Mon visage enfoui contre son torse, je ne voyais plus grand chose de ce qu’il pouvait dégager, et je me recule finalement pour poser un regard impétueux, à la recherche de réponses. Qu’il était étrange de se sentir à se point préoccupée et inquiète, sentiments bien écartés de mon tempérament naturel. En même temps, jamais mes écarts, ou mes frasques comme les nommait certain membre de ma famille dont je tairais le nom mais qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau sur le plan physique, cheveux plus courts et une touche masculine en plus ; jamais mes écarts, donc, n’avaient poussés Junior tout droit entre les mains de fer habillées d’un gant de velours de mes aïeuls. Comment pourrais-je connaître l’inquiétude quand mon entourage s’était toujours montré d’une force sans failles, notre nom nous assurant toutes les conquêtes que nous menions ? Aujourd’hui cependant, il s’était agit de tout autre chose, mon meilleur ami contre les miens, en quelque sorte. Craintes naturelles, donc, mais ce n’était pas là un sentiment que j’appréciais. J’espérais bien ne plus jamais l’éprouver.

Ma question à l’assaut de son air lourd de quelque chose que je n’étais pas sûre de saisir. Il laisse son regard se perdre quelque part, m’arrachant une moue mécontente. Je ne doutais pas un seul instant que Grand-Père et Grand-Mère se soient montrés d’une politesse irréprochable. Le gant de velours. Maîtrise parfaite de leurs émotions et des codes de la bonne société. Ce qui m’intéressait, moi, c’était ce que la main de fer et de plomb avait agité comme sentence sous les yeux clairs de mon meilleur ami. Sourcils froncés, je plisse légèrement les yeux, essayant de deviner ce qu’il éludait avec un manque flagrant de subtilité. Était-ce donc si horrible qu’il ne voulait pas m’en parler ? Ou avait-il besoin d’encore un peu de temps pour assimiler cette rencontre qui avait, sans aucun doute possible, laissé une trace, si ce n’étaient plusieurs ? Mon impatience déjà bien échauffée par ce temps indéterminé passé sans sa présence me ferait presque trépigner sur place. Une émotion fugace qui passe sur son visage et qui me laisse muette, quelques secondes encore. Nouvelle moue, résignée cette fois-ci. Il allait bien. Pouvais-je lui accorder quelques minutes de plus avant d’exiger un compte-rendu détaillé de son tête-à-tête avec mes grands-parents ? Je devais au moins essayer, il méritait d’être un peu ménagé. Mais le regard lourd de sous-entendus que je lui coule ne laisse pas planer le doute : je brûlais de ne pas savoir exactement quelle décision avait été celle de mes aïeuls.

Mon sourire railleur et teinté d’impertinence accompagne la pierre que je pose contre son torse, revenant à sa moquerie qui avait ponctuée son retour. J’imagine que tu le saurrras une fois que tu aurrras rrréussi à fairrre mieux que moi répliquai-je avec un sourire toujours plus grand. Ses doigts délestent les miens du caillou et il s’avance un peu plus en direction de l’eau et mes pupilles le suivent, flamme amusée qui les fait briller. Je n’attends que ça. Le sarcasme fait chanter ma voix à défaut que mon accent ne vienne y ajouter sa mélodie. Un brusque instant, je retrouve un sérieux bien rare, bien grave, bien différent de cette lueur éternellement taquine que je lui réservais. Je l’avais su à l’instant où je m’étais décidée à lui dévoiler une partie de ce secret qui était le notre. Le courroux de mon frère adoré était inévitable, tout autant que celui, plus insidieux, de mes grands-parents. La menace, je l’avais sciemment apposée sur Junior en choisissant de l’inclure dans ce grand secret. Est-ce que je regrettais ? Non, en fait, j’avais envie de lui en dire encore bien plus. Depuis que nous étions ces deux enfants qui contemplaient les étoiles pour se rassurer d’une nuit lourde de cauchemars, je n’avais jamais douté un seul instant de la confiance aveugle que je pouvais avoir en lui. Et maintenant qu’il possédait une partie de ce que je dissimulais, je ne voulais plus que lui confier le reste. Pas tout de suite, néanmoins. Pas temps que je ne saurais pas ce que Grand-Père avait décidé. Pas temps que je ne serais pas sûre, également, qu’il souhaitait savoir la face cachée et ombragée du peu que je lui avais déjà dévoilé. Son assertion me laisse un demi-sourire tandis qu’il se retourne en direction de l’eau et du défi qui l’attend.

Juste avant de ne lancer son caillou en direction de ricochets qu’il disait certain de réussir, il se fend de quelques paroles d’une tendresse sincère qui achève de faire naître un sourire bien plus qu’heureux sur mon visage. Je ne te savais pas aussi aventurrrier, mon Prrrince fais-je avec une moquerie effacée par la tendresse évidente qui perçait mon ton. Si on pouvait éviter cerrrtains dangers tout de même... Je n’étais pourtant pas la dernière à me priver de partir à leur rencontre. Et probablement que mes habitudes reviendraient au galop une fois cet épisode effacé par les jours, devenant un vague souvenir qui teinterait à peine nos échanges. Mes pas qui me portent jusqu’à lui, mes doigts qui effleurent sa main libre, sa pierre qui se noie lourdement dans les eaux de l’étang. Je venais de lui fournir une excuse en or pour m’accuser de l’avoir déconcentré, mais il se contente d’un rire léger avant de me faire face pour découvrir ce qu’il venait de perdre. Un petit rire m’échappe avant que je n’ouvre la boîte sous ses yeux, dévoilant un scone aux myrtilles, et un gâteau au chocolat mais ce dernier, je le savais, n’attirerait rien de plus chez lui qu’un vague reniflement dédaigneux. Ce serrrait dommage de le gâcher, fais-je, par-dessus le couvercle relevé que je referme finalement avec un sourire toujours plus amusé. mais tout ce qui m’a éblouie, c’est la chute rrretentissante de ton caillou. Toutefois, l’air qu’il adopta en voyant la promesse d’un gâteau disparaître sous la boîte de nouveau close m’arrache un rire gentiment moqueur et je finis par consentir, royale, à ce qu’il obtienne malgré tout cette récompense. Ma bonté me perrrdrrra. Non sans souligner toute l’indulgence dont je faisais preuve à son égard en lui accordant ce scone malgré sa non-réussite.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyLun 27 Avr - 20:15



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je savais pertinemment qu’Erin ne me laisserait qu’un répit limité, il était déjà surprenant qu’elle me le concède si facilement. Il n’y aurait rien eu d’étonnant à la voir me harceler jusqu’à ce que ces instants sans elle n’aient plus le moindre secret à ses yeux et je ne doutais pas qu’elle le ferait bien vite. Je n’avais de toute façon pas l’intention de lui cacher quoi que ce soit. Ça n’aurait eu aucun sens. Nous en étions là parce qu’elle avait décidé de me faire confiance, qu’importe ce qui aurait pu nous en coûter, ça n’était pas pour faire marche arrière maintenant et décider subitement qu’elle ne méritait pas l’ombre d’une confidence. Pour l’heure, la menace de l’interrogatoire qui planait au-dessus de moi m’indifférait au plus haut point, il n’y avait que cette présence tout contre moi, le manque violent qu’elle assassinait sans le vouloir et l’espoir idiot que ça ne soit pas l’affaire que d’une fois… C’était si loin de notre quotidien de ces derniers jours, si loin de la bienséance qui nous collait un peu trop à la peau pour nous être parfaitement naturelle… Qu’elles étaient loin nos retrouvailles sur mon lit… Il n’y avait rien que je pouvais vouloir davantage que de l’embarquer loin du monde et d’envoyer valser la gêne qui pouvait bien subsister. Nous n’étions plus des enfants… Les contours du jeu parviendraient bien à nous préserver des regrets qui pointaient. Parce qu’il n’était question que de ça, dans le fond. C’était la décision hasardeuse d’un objet trivial, rien de plus. Nous n’avions fait que ce que nous avions accepté de faire avec d’autres et s’il n’existait aucun malaise avec Shepherd ou Vicenzo, il n’y avait aucune raison qu’il en existe davantage entre nous. Quand même bien les souvenirs de cet échange restaient plus délicieux qu’ils ne l’auraient sûrement dû, je ne doutais pas être en mesure d’en faire abstraction pour les besoins de notre amitié. Ce n’était qu’un baiser, il n’y avait pas l’ombre d’une promesse ni de sentiments, il nous suffirait seulement d’admettre que c’était idiot pour passer à autre chose… Après tout, nous savions où nous en étions, tous les deux, nous avions ce qui nous liait et nous avait toujours liés. Elle s’appliqua cependant à faire taire mes débats intérieurs en reprenant ses distances.

Tout se mêlait étrangement, ces derniers temps. Les choses s’étaient enchaînées à une vitesse impressionnante et cela finissait presque par en devenir étourdissant. Rares avaient été les années aussi intenses que celle-ci, je crois. Heureusement, Erin ne s’embarrassa de rien et retrouva avec une simplicité agréable notre légèreté habituelle. Qu’importe les entrevues oppressantes et les rapprochements gênants, tout semblait redevenir normal. Et même si je ne disais pas grand chose, je ne lui en étais pas moins reconnaissant. Je me saisis de la pierre qu’elle venait de coller contre mon torse et offris à l’étang toute l’attention qu’il méritait.

J’imagine que tu le saurrras une fois que tu aurrras rrréussi à fairrre mieux que moi.

Ma tentative curieuse resta malheureusement vaine. Le contenu de la boîte qu’elle m’avait agité devant les yeux en guise de récompense gardait ses mystères. Si je détestais ça d’ordinaire, je ne pris pas la peine de m’en offusquer aujourd’hui. Il y avait plus pesant qu’une surprise quelconque ou qu’un secret si mal gardé.

Je n’attends que ça.

Personnellement, je n’en attendais pas tant, je me voyais d’ici échouer lamentablement comme les quelques fois où j’avais essayé jusque là. Mais il était évidemment hors de question de le lui faire savoir. Je me contentai, à la place, de lever le nez d’un air particulièrement prétentieux avant de pencher bêtement la tête pour essayer de comprendre comment j’étais censé jeter cette maudite pierre pour qu’elle fasse mieux qu’un simple plouf… Mais l’amusement ne dura qu’un temps, laissant bien vite place à un sérieux dont je me serais bien passé. La voix d’Erin avait quelque chose que je ne lui connaissais pas vraiment et qui me donnait seulement envie de la rassurer. J’imagine que j’avais accepté les risques en la laissant continuer à parler… Je n’en savais trop rien. Je crois surtout qu’ils ne m’avaient pas paru plus réels que ça. De vagues mots qu’on jette aux craintes des enfants pour s’assurer qu’ils marchent droit… Finalement, c’était un peu plus que ça… Mais le mal était fait et le pire derrière nous, ou du moins je l’espérais. Ça ne servait à rien de ressasser, ça n’arrangerait pas grand chose. Et puis je préférais largement la voir sourire et que son rire brise les silences pesants qui n’attendaient que de s’abattre sur nous.

Je ne te savais pas aussi aventurrrier, mon Prrrince. Si on pouvait éviter cerrrtains dangers tout de même...

Un haussement d’épaules m’échappa. Ça n’était pas particulièrement faux, bien sûr, mais je suppose que je m’étais fait à l’idée de m’y confronter quand il le fallait… On pouvait bien dire ce qu’on voulait mais entre Décembre et maintenant, rares étaient les fois où notre sécurité avait été pleinement assurée. La logique aurait sûrement voulu que je prenne la fuite pendant qu’il en était encore temps, que je voie enfin cet après-midi là comme un signe assez énorme de ce qui m’attendait sûrement en restant à ses côtés plus longtemps mais j’en étais bien incapable. Si choix il y avait vraiment à faire, il s’était fait inconsciemment. Sa présence valait bien tous les risques du monde et je savais pertinemment qu’il me serait plus simple de fermer les yeux sur les dangers qui nous risquions que d’avoir à supporter son absence. C’était trop tard, désormais, il aurait fallu le faire bien avant. Bien bien avant…

Tu t’ennuierais bien vite, répliquai-je non sans un certain amusement alors qu’elle effaçait la distance et laissait ses doigts frôler les miens.

Il aurait été bien trop simple d’accuser son geste pour excuser ma nullité évidente. Elle m’avait déconcentré volontairement, elle ne pouvait même pas le nier ! Mais au lieu de ça, je me ricanai comme un môme fier de sa bêtise et délaissai l’étendue d’eau pour reporter toute mon attention sur ma meilleure amie et la questionner, bon joueur, sur ce que j’avais bien pu perdre. Elle accueillit mon interrogation d’un rire semblable au mien et je ne pus m’empêcher de sourire en l’entendant. Elle finit néanmoins par ouvrir le paquet qu’elle tenait, laissant voir deux pâtisseries reposant sur le carton. Mon sourire ne put que s’agrandir face à cette surprise des plus touchantes. On pouvait bien dire ce qu’on voulait, c’était sûrement l’une des personnes les plus attentionnées qu’il m’avait été donné de rencontrer. Du moins, avec moi… Toujours un geste, un regard, quelques mots qui me donnaient l’impression d’être le garçon le plus important au monde… le plus chanceux sûrement aussi…? Elle ne cessait jamais de me surprendre et bien souvent dans le meilleur des sens du terme. Comment vouliez-vous que je m’en détache rien qu’un peu alors qu’elle se montrait toujours délicieusement attendrissante ? Quand bien même j’aurais pu le vouloir un jour, ce qui n’était pas le cas, elle m’en ôtait éhontément toute possibilité…

Ce serrrait dommage de le gâcher…

Je hochai la tête avec enthousiasme comme si cette seule phrase balayait la noyade du pauvre caillou. Mais bien sûr, elle ne se fit pas prier pour anéantir mes espoirs :

…mais tout ce qui m’a éblouie, c’est la chute rrretentissante de ton caillou.

Un nouveau rire m’échappa alors que je grommelai un gna gna gna amusé alors qu’elle refermait la boîte, renfermant les pauvres gâteaux abandonnés. C’était triste ! C’était inhumain, même ! Mon regard se fit outrageusement suppliant, une petite moue triste l’accompagnant à la perfection. Cela suffit heureusement à avoir gain pour cette fois.

Ma bonté me perrrdrrra.

Je battis des mains comme un enfant au comble de la joie et laissai mon attention glisser vers le chemin qui menait au château avant de regarder vaguement l’heure. Nous n’étions peut-être pas si pressés… Une heure nous séparait de l’heure fatidique où il nous faudrait rentrer et, finalement, je comptais bien en profiter. Mon bras glissa machinalement, un peu timidement peut-être, autour de la taille d’Erin et je l’entraînai un peu plus loin, jusqu’à un banc à l’écart qui n’avait pas été pris d’assaut par la plèbe en train de se gaver de sucreries en tout genre. Le château, immense malgré la distance, nous faisait face et nous rappelait silencieusement que notre temps ici était compté.

C’est fou de voir à quel point ton horrible réputation peut être volée, quand même, la taquinai-je alors que je m’installais de travers, un bras appuyé sur le dossier, les jambes repliées sur l’assise, s’ils savaient quel amour tu es en réalité, ils seraient tous verts de jalousie.

Et de ça, j’en étais convaincu. C’était une fille adorable quand elle voulait bien se donner la peine de l’être, probablement bien plus que toutes ces idiotes qui se targuaient d’être des anges. J’avais conscience de la chance énorme que j’avais de l’avoir dans ma vie… Pas seulement pour un scone, bien sûr, mais c’était finalement à l’image de sa manière d’être avec moi.

N’empêche, si j’avais su, j’aurais ramené le thé…

Un gloussement ponctua ma phrase avant que je ne finisse par soupirer doucement. Je parvenais à me détendre doucement à mesure que les minutes passaient, l’ombre de ses grands-parents s’éloignant loin de nous. J’allais pouvoir reprendre le cours normal de mon existence et profiter comme il se devait de ce semblant d’intimité retrouvée. Nous étions loin de la bulle tranquille que nous offrait mon dortoir ou qu’importe l’endroit désert où nous nous retrouvions parfois, mais cela ferait sans nul doute l’affaire pour l’instant…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyLun 27 Avr - 22:52

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin

@C. Junior D'Archambault

Les compétences de Junior en matière de ricochets m’étaient inconnues : d’aussi loin que je me souvienne, nous n’avions jamais joué à ce jeu idiot. Et cette journée n’aurait pas fait exception si je n’avais pas eu à l’attendre bien trop longtemps aux abords de ce ridicule village. La légèreté de ces retrouvailles s’efface sous le sérieux que retrouvent soudainement ma voix et mes propos. Il ne s’agissait pas d’excuses, mais simplement de lui réaffirmer le fait que je n’avais jamais voulu qu’il en arrive là par la faute de mes confidences. Que je ne regrettais cependant pas le moins du monde. Je réduis à néant toute la distance revenue entre nous alors qu’il se tournait en direction de l’étang, mes doigts à la recherche des siens, ses mots m’arrachant un sourire. Aucun rrrisque soufflai-je au moment où son caillou se noyait lamentablement dans les eaux douteuses qui nous faisaient face. Le bruit de sa chute mouillée couvrit peut-être mes propos. Toujours est-il que seul son ricanement me répond et je n’approfondis pas plus la vérité qui se dessinait pourtant, aussi limpide que du cristal, sous nos yeux. À savoir que je ne voyais nul ennui tant que nous étions tous les deux. Oh, bien entendu, je n’étais jamais la dernière à nous entraîner sur des chemins glissants pour distraire les caprices de mon caractère impétueux. Mais jamais la possibilité d’heures perdues sur un lit, dressé comme un refuge, ne m’avaient parue enviables autrement qu’en sa présence. Les ondes à la surface de l’étang sont bientôt les seuls témoins de sa tentative ratée. Elles, moi, et mon sourire railleur qui le cueille alors qu’il me fait face.

Le sourire qu’il affiche au moment où je lui dévoile les pâtisseries valait bien la légère interrogation qui m’avait saisie en sortant de la boutique. Toute l’idiotie que j’avais pu imputer à mon geste s’était envolée, ne laissant plus que la satisfaction de le voir réjoui. Jamais quelques mornilles n’avaient été si bien dépensées. Et dans une moquerie qui profitait déjà de sa réaction que je devinais sans mal, je referme la boîte, ôtant cette vision gourmande à ses yeux clairs. Qui se teintent d’une supplication et d’une moue angélique comme lui seul était capable d’adopter. Pouvais-je encore m’étonner sincèrement du chérubin que sa mère voyait en lui quand il était capable de feindre un tel chagrin en quelques secondes à peine ? Un roulement d’yeux exagéré plus tard et je capitulai, sans grand mal.

Son bras m’enveloppe et sa volonté muette nous entraîne jusqu’à un banc qui avait échappé à l’impure occupation de quelques plébéiens. Je n’avais toujours pas la moindre idée de l’heure exacte qu’il était mais laissait à Junior tout le soin de se charger de cette composante-là. Pour ce que j’en avais à faire, je pouvais bien laisser le soleil disparaître, les étoiles allumer le ciel par millier, et faire résonner l’alarme silencieuse du château en arrivant devant ses grilles closes, feignant m’être perdue. Je n’accordais guère plus d’importance à la silhouette massive du château qui nous rappellerait bien vite à lui, lui préférant la sensation agréable de la main de Junior sur ma hanche. Alors c’était comme ça ? Nous nous tenions sagement éloignés de nos cajoleries habituelles suite à une soirée où l’alcool et un jeu pathétique nous avaient entraînés sur un sentier épineux, pour les retrouver avec un naturel désarçonnant après une heure, tout au plus, passée l’un loin de l’autre ? Je ne m’en plaignais pas, quand bien même le souvenir brumeux de nos lèvres engagées dans un ballet agréable ne semblait pas pressé d’abandonner mon esprit. Je ne savais qu’en penser et je n’aimais pas nager dans l’incertitude. Cependant, l’inconnu qui se dessinait derrière un éclaircissement frontal avec mon meilleur ami me semblait bien moins favorable que cette hésitation adolescente qui parsemait désormais ce que nous continuions de tisser. Je préférais encore douter du fait qu’il avait apprécié ce baiser avec la harpie qui nous servait de camarade et que le nôtre lui avait confirmé ses dires hivernaux plutôt que d’en acquérir la certitude. Nous n’avions pas besoin de cette dernière pour conserver notre complicité de toujours. N’est-ce pas ? C’était pourtant conserver le danger qu’une épine ne se plante trop profondément et ne relâche un venin empoisonné lors d’une dispute prochaine.

Mais pour l’instant, je n’étais que sourires alors qu’il s’étale de tout son long sur le siège qu’il nous a choisi, son bras nonchalamment passé sur le dossier pour s’y appuyer. Quand ça n’était sur son lit qu’il s’étendait, c’était sur un banc. Junior était fait pour vivre allongé, tel un Roi qui n’a pas besoin de quitter son trône pour s’assurer la bonne obéissance de ses sujets. Tu souhaites peut-êtrrre que je me trrrouve un autrre banc exagéré-je avec une moue faussement mécontente avant de le rejoindre, mes jambes pendant négligemment dans le vide par-dessus ses mollets.

Son ton où danse une malice espiègle me fait hausser un sourcil. Quelle mauvaise rrréputation ? Tout Poudlarrrd sait que je ne suis qu’un ange et c’est bien pourrr cela que je suis là avec toi, mon Chérrrubin me moqué-je avec une tendresse qui fait pétiller mon regard et se joue de mon sourire. Je n’avais rien à faire que la plèbe toute entière me juge démoniaque ou se montre profondément jalouse en découvrant quel amour je pouvais être, puisqu’il n’y avait bien qu’avec Junior que je voulais bien me comporter de cette façon. Bon, il n’était peut-être pas le seul : mes chers frères avaient parfois le droit à une gentillesse de ma part, Finnbjörn surtout. Du moins lorsque nous n’étions pas trop occupés à nous courroucer mutuellement ce qui, rétrospectivement, nous prenait quand même beaucoup de temps et d’énergie. Suffisamment pour que les attentions dont je pourrais vouloir me fendre à son égard soient aussi rares que parfaites. Je note cependant que je ne suis qu’amourrr à tes yeux, ce qui signifie sans aucun doute que tu ne prrrotesterrras plus jamais contrrre mes idées et envies. Comment ça, ce n’était pas du tout ce qu’il avait dit ? Douée pour entendre ce que je voulais bien quand cela m’arrangeait, je lui adresse un sourire éclatant d’impertinence avant de terminer de faire taire toute contestation de sa part en lui tendant la boîte, de nouveau ouverte dans une invitation à se servir. Le scone est évidemment pourrr moi, le chocolat pourrr toi me moqué-je doucement, dernière taquinerie avant qu’il ne s’empare du gâteau qui figurait parmi ses préférés, si ce n’était pas celui qui surpassait tous les autres.

Je le rejoins dans le rire qui l’agite avant de poser sur lui deux pupilles opalines enflammées par l’amusement. Et aussi par le sarcasme taquin qui ne tarde pas à franchir mes lèvres. Quel dommage, tu le prrréparres si bien, qui plus est... Je fais disparaître mon sourire teinté d’insolence derrière ma part de gâteau au chocolat. Mes yeux ne le lâchent cependant pas, la flamme espiègle s’éteignant progressivement pour laisser, de nouveau, toute la place à ce voile de sérieux. J’avais tenu cinq minutes, au moins, et c’était déjà bien plus que mon impatience naturelle n’était capable d’accepter ; est-ce que je ne méritais pas désormais de savoir ce que Grand-Père avait décidé pour assurer que les bribes de secret que j’avais confiées à Junior ne quitteraient jamais ses lèvres ? Si j’étais Finnbjörrrn je te demanderrrais sûrrrement quelque chose comme « À quoi était parrrfumé le thé que tu as bu en compagnie de mes aïeuls ? » fais-je, affectant le ton pompeux que mon tendre jumeau savait si bien prendre. Mais on sait que je suis bien moins douée pourrr les subtilités. Mes doigts à l’assaut d’un bout de gâteau, réduisant en miette noire l’attente insupportable à laquelle j’avais été confrontée jusque-là.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMar 28 Avr - 0:50



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Est-ce que je m’étais attendu à ce qu’Erin se défasse de la légère étreinte que je lui imposai alors que nous prenions la direction d’un banc délaissé ? Peut-être, oui… Ça aurait été dans le sens de tous les signes évidents qu’elle semblait m’envoyer depuis l’autre soirée… Le silence à ma réponse, les distances qu’elle ne cherchait pas à effacer, notre intimité agonisante… Je ne prétendais pas qu’elle en était la seule auteure, loin de là, je ne faisais pas grand chose pour éclaircir quoi que ce soit mais je m’étais retrouvé tellement bête devant ce carnet qui n’offrait aucune nouvelle que j’attendais, je crois, qu’elle daigne dire quelque chose, qu’il s’agisse de couper court à quelques rêveries toutes adolescentes ou de les encourager. Je profitai de chaque seconde qui nous séparait du siège mais dus malgré tout consentir à lui rendre sa liberté… C’était un peu à contre-coeur, bien sûr, ces dernières heures me donnant plus l’impression d’une oasis de tendresse dans notre distance quotidienne que d’un retour bienvenu de quelque chose qui me manquait affreusement. Il me paraissait logique que ça n’était dû qu’à l’entrevue qui avait eu lieu et que toute trace d’intimité, aussi légère soit-elle, aurait disparu d’ici demain… Peut-être mon absence légendaire de ponctualité nous offrirait quelques minutes supplémentaires mais nous ne pourrions en rien espérer davantage. Je ne savais même pas ce qu’il se passait si un élève se retrouvait coincé dehors après la fermeture des grilles… Je me doutais bien qu’on ne le laissait pas à l’abandon des jours durant, bien sûr, mais je n’avais aucune envie d’enchaîner les heures de retenue pour un instant volé… quand bien même il me paraissait séduisant. Je finis par m’installer sur le banc, prenant mes aises avec un naturel troublant, comme si j’étais chez moi, le tout sous le regard faussement mécontent de ma meilleure amie.

Tu souhaites peut-êtrrre que je me trrrouve un autrre banc.

Je levai les yeux au ciel sans consentir un instant à bouger rien qu’un peu. Elle exagérait, tout de même, je voulais bien croire que je prenais de la place mais je n’étais pas énorme au point d’en occuper l’intégralité ! Elle finit par me rejoindre, ses jambes négligemment posées sur les miennes. Et après ça prétendrait que je n’étais pas gêné ! Mais il fallait croire que j’avais été à bonne école !

Attention, la prévins-je l’air de rien avant de glisser mes doigts sous ses genoux et de l’attirer un peu plus près encore, regarde, tu te plains mais on pourrait largement tenir au moins à trois… peut-être même quatre !

Une lueur d’une innocence malicieuse brillait doucement au fond de mes prunelles claires. C’était la plus agréable des fins possibles pour une journée aussi désespérante que celle-ci. Je n’aurais pas pu rêver mieux, sincèrement, et je n’étais même pas certain qu’elle en ait pleinement conscience. Tout ce qui avait pu avoir lieu jusque là semblait effacé pour ne laisser place qu’à un amusement tendre. C’était ce qui me manquait le plus, je crois. Ne pas être obligé de réfléchir à deux fois avant d’assassiner les centimètres ou ne pas chercher constamment des alternatives pour nous éviter un isolement gênant. J’en avais marre des heures passées dans une bibliothèque surpeuplée, des tête-à-têtes trop studieux pour nous offrir quoi que ce soit ou de quelques mots échangés sur le chemin des salles de classe, entre Finnbjörn et Reyes… J’avais envie de retrouver ce que nous connaissions si bien : la tendresse de nos caresses, les silences évidents bien plus parlants que tous les discours du monde, ses regards interminables dans lesquels il était si plaisant de se perdre… J’avais l’impression d’avoir passé ces derniers jours loin d’elle alors qu’elle en avait hanté chaque instant.

Quelle mauvaise rrréputation ?

Je haussai les épaules comme si je n’en savais rien. Pourtant, il n’y avait pas à chercher bien loin pour comprendre que beaucoup ne la portaient pas dans leur coeur. Beaucoup n’étaient que des impurs idiots et des sang-de-bourbes méprisables, ce qui devait expliquer mine de rien beaucoup de chose. Elle ne perdait rien. Eux, oui, mais eux le méritaient largement.

Tout Poudlarrrd sait que je ne suis qu’un ange et c’est bien pourrr cela que je suis là avec toi, mon Chérrrubin.

Sa bêtise me fit rire doucement alors que je hochai la tête comme s’il n’était question que de la plus pure des vérités. En réalité, je ne connaissais personne au monde capable de croire en l’innocence de cette fille-là. Il y avait souvent dans son regard une lueur d’un mépris violent qui annihilait tout espoir de la prendre pour un ange. Moi, je trouvais que ça lui allait divinement bien. Sûrement parce que j’en connaissais autre chose, assez pour que cela devienne qu’une infime partie d’un tout. Erin n’était pas que la terreur des couloirs, elle était infiniment plus que ça. Je pense que je ne réalisais même pas à quel point elle pouvait être davantage, à ce moment-là.

Je note cependant que je ne suis qu’amourrr à tes yeux, ce qui signifie sans aucun doute que tu ne prrrotesterrras plus jamais contrrre mes idées et envies.

J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche pour protester, presque à sa demande puisqu’elle savait sans le moindre doute que m’enjoindre de ne plus le faire déclencherait immanquablement une protestation, qu’elle me fit taire en titillant ma gourmandise, non sans un sourire des plus impertinents. Je feignis un air boudeur qui dura au moins une seconde toute entière et finis par glousser discrètement.

Le scone est évidemment pourrr moi, le chocolat pourrr toi.
Évidemment, répétai-je avec sérieux avant de me servir sans même en tenir compte. Merci.

Ça n’était finalement pas tant pour le gâteau en lui-même, encore que la politesse exigeait un remerciement, que pour absolument tout ce qu’il y avait autour de ce simple geste. Et il y avait, à mes yeux, énormément de choses autour. Mes doigts n’attendirent pas bien longtemps avant de se saisir d’un morceau de pâtisserie que j’engloutis en un instant. C’était un véritable délice ! Il me semblait bien meilleur que tous les autres scones que j’avais bien pu manger un jour mais je ne doutais pas que c’était là que mon manque flagrant d’objectivité qui parlait avant tout. Je laissai finalement entendre qu’un thé n’aurait pas été de trop, sans penser un seul instant à ce que cela puisse se retourner contre moi.

Quel dommage, tu le prrréparres si bien, qui plus est…
Eh !

Mon offusquement venait du coeur ! Je n’avais pas oublié la fin houleuse de notre anniversaire, bien sûr, les dégâts dans la cuisine et l’aspect un peu douteux du résultat final mais je n’attendais pas à ce qu’elle me la balance aussi moqueusement au visage ! Il était évident que je ne l’avais pas mal pris le moins du monde, c’était à la hauteur du reste de ces retrouvailles nouvelles et je m’en accommodais à la perfection.

C’était bas, ça, même venant de toi !

Mon sourire se fana peu de temps après alors que le regard d’Erin se voilait à nouveau d’une gravité que je ne lui connaissais pas souvent. Je n’échapperais pas davantage à un possible interrogatoire, je le savais très bien, et il était déjà presque étonnant qu’elle ait tenu aussi longtemps ça. Je soutins son regard sans chercher à m’en défaire, attendant simplement qu’elle n’exprime clairement ce qu’elle attendait. Elle le ferait, c’était certain…

Si j’étais Finnbjörrrn je te demanderrrais sûrrrement quelque chose comme « À quoi était parrrfumé le thé que tu as bu en compagnie de mes aïeuls ? »

Malgré son sérieux, je me fendis d’un sourire amusé face à une imitation si réussie. Il y avait fort à parier qu’il n’aurait apprécié qu’à moitié le talent de sa jumelle, mais moi j’étais assez bon public pour apprécier le divertissement qu’elle offrait.

Mais on sait que je suis bien moins douée pourrr les subtilités.

Je ne cherchai pas tout de suite à briser le silence qui retomba sur notre banc. Mon regard se perdait entre les taches violacées que laissaient les myrtilles sur la pâte dorée de mon scone comme si elles contenaient toutes les réponses du monde et finis par hausser les épaules presque malgré moi.

Ils ont été conciliants, ils m’ont laissé le choix, commençai-je avec un détachement qui détonnait avec toute mon attitude des minutes précédentes, avec mes silences et mes piètres tentatives pour changer de sujet, soit ils me délestaient du souvenir de notre conversation, soit j’acceptais un Serment Inviolable pour les assurer de mon silence.

Dit ainsi à voix haute, ça me paraissait presque dérisoire, quelques mots balancés incapables de rendre compte de ce que cela signifiait en réalité. Après, peut-être que c’était moi, peut-être que je voyais les choses pires qu’elles ne l’étaient réellement et que je faisais une montagne d’un petit rien… Mais du haut de mes seize ans, alors que je n’avais jamais vu grand chose en dehors de la cage dorée et protectrice dans laquelle m’avaient élevé mes parents, ça me paraissait presque insurmontable.

Ils semblaient plus enclins à effacer tout ce qui pouvait les déranger, je t’avoue… Mais… J’en sais rien… Je tenais à notre intimité, je crois… et à ta confiance aussi… J’avais pas envie qu’on me retire ça… Et puis sans parler des risques de finir dans l’état de Finnbjörn, et, sauf le respect que je leur dois, du manque évident de confiance que je peux avoir en tes grands-parents… Enfin… Au moins ils sont sûrs que je ne parlerai jamais.

Derechef, je haussai les épaules. C’était étrange de se rendre compte qu’une menace de mort qui me suivrait jusqu’à la fin de ma vie, jour après jour, sans l’ombre d’un abandon, tenait en si peu de mots. J’arrachai un autre morceau de gâteau alors que je retenais péniblement un soupir que je savais désespéré. C’était fait, de toute façon, il était inutile de pleurnicher sur mon triste sort ou de vouloir la faire culpabiliser d’une quelconque manière. Ça n’aurait rien changé et elle n’était pas plus responsable que moi, de toute manière… Les saveurs de mon goûter me parurent moins éclatantes, à peine plus qu’ordinaires.

Mais puisque ça semble t’intéresser, sache qu’il était aux fruits rouges.
code by bat'phanie



Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMer 29 Avr - 0:43

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Son trône adopté, le prince se prélasse déjà de tout son long, ne frémissant pas le moins du monde sous mon air faussement mécontent. Puisque monsieur prenait ses aises de la plus nonchalante des façons, je ne me prive pas d’en faire de même, laissant mes jambes reposer sur les siennes. Junior m’attire alors un peu plus vers lui, réduisant de nouveau l’impression que ces derniers jours nous tenaient éloignés l’un de l’autre. Ou plutôt, nous offrant un doux retour à la normale. Ça dépend : trrrois comme toi ou comme moi ? fais-je avec une innocence espiègle, laissant délibérément planer le doute que plusieurs adolescents comme lui puissent tenir sur le même banc. À cause de ses jambes étendues ou de cette suffisance souveraine qui prenait bien de la place, au choix. En réalité, qu’il prenne toute la place qu’il souhaitait, qu’il n’en laisse pas un millimètre pour quiconque, tant que je pouvais m’asseoir sur ses genoux, cela me convenait. Ce n’était jamais aussi bien que lorsque nous n’étions que tous les deux. Du moins quand tous les prétextes n’étaient pas bons à nous ensevelir sous des dissertations et autres occupations trop prosaïques.

La mauvaise réputation qu’il ose me prêter quelques secondes à peine me fait hausser un sourcil. ll était évident que je me fichais éperdument de ce que pouvait penser tout Poudlard sur mon compte. Une trop grande partie de nos condisciples n’étaient que d’écoeurants impurs, la lie d’une plèbe qui n’aurait jamais dû acquérir le droit d’étudier dans ce château dont le prestige s’étiolait chaque année un peu plus. Des êtres plus qu’inférieurs dont l’avis, même en ce qui concernait les questions les plus médiocres, n’avait aucune valeur. Alors concernant ma réputation ? Je me réjouissais presque de savoir qu’ils me redoutaient autant que je les abhorrais. Quand au reste de nos camarades, ceux qui pouvaient prétendre à un brin de mon attention, ils restaient cependant bien loin d’avoir assez de mon respect pour que je me soucie de leur opinion. Il faut dire que mêmes les personnes que j’estime le plus, mes très chers frères en tête de liste pour ne citer qu’eux, étaient incapables de calmer un tempérament qu’ils jugent bien trop impétueux.

Quant à Junior, il était, de loin, celui avec lequel je me montrais le plus conciliante. Ma propre famille devait être loin de soupçonner ce trait là de mon caractère. Avec un sourire impertinent, je m’empare sans hésiter de ses paroles qui font de moi un ange pour les tourner en faveur des idées et envies que je finissais immanquablement par avoir. Et ne lui laisse pas le temps de protester, achetant son silence par l’étalage des pâtisseries qui viendraient, sans aucun doute, jouer sur la corde sensible de sa gourmandise. Son air boudeur accentue l’insolence de mes traits et je le rejoins dans son rire alors qu’il s’empare du scone qui lui était tout entier réservé.

Le goûter que nous partageons a cette saveur particulière que laisse un plaisir retrouvé après une trop longue absence. Une nouvelle fois, il ne s’agissait que de quelques jours à peine et nous étions bien loin de ces deux semaines infinies durant lesquelles nous ne nous étions plus adressé la parole du tout. Mais il y avait une retenue et elle prenait entièrement vie au moment où nous achevions de la rompre. Je m’étais docilement pliée à des règles qui n’étaient pas les miennes, du moins le pensais-je ainsi. Les mots flous de mon meilleur ami, parcourus encore et encore par mes yeux fatigués à cause de l’alcool avalé la veille, avaient dessiné les contours d’un non-dit qu’il n’avait pas cherché à briser, à aucun moment. Si c’était pour lire, noir sur blanc, encre indélébile dans des carnets trop précieux pour cela, à quel point cela le conforte dans ses propos de l’hiver dernier, je préférais ne pas chercher à éclaircir ce sous-entendu brumeux. Nous qui ne manquions pas une occasion pour nous évader un peu de ces murs collégiaux, nous étions sagement restés silencieux tout le dimanche durant. J’étais à peine sortie de mon lit pour un rapide dîner, la tête encore alourdie des excès de la veille et de ce souvenir qui avait décidé de ne pas me lâcher. Puis la semaine avait débuté, nous avions repris nos places respectives, mais appesanties d’une distance malvenue. Que ce soit parce que tout éloignement avait une durée limitée lorsque cela nous concernait, ou le fait de ce rendez-vous inquiétant avec mes aïeuls, peu m’importait, seul comptait cette proximité retrouvée, ces caresses brèves mais dont je ne cherchais plus à me priver, ces taquineries enjôleuses.

Sa protestation offusquée m’arrache un gloussement étouffé par mon gâteau. Certes, cet épisode avait manqué de ruiner notre anniversaire mais il me semblait que rien ne pouvait vraiment nous atteindre sur ce banc. Je ne fais que rrrelever tes brrrillantes aptitudes, mon tendrrre ami. Toute la moquerie du monde ne subsistait pas bien longtemps dans ce sourire agité d’une tendresse. La flamme espiègle qui éclaire mon regard, elle, s’éteint cependant progressivement. Et mon gâteau perd subitement toute saveur.

J’avais déjà attendu bien plus longtemps que je n’en étais capable d’ordinaire, renonçant à l’assaillir de questions, préférant me lover quelques secondes dans une étreinte rassurante avant d’être entraînée par un ricochet puis par le bras de Junior qui nous avait guidés jusque là. Il me fallait savoir, combler le vide de ce temps passé à la Licorne Blanche d’un récit de sa part. Comprendre jusqu’où mes confidences avaient entraîné mon meilleur ami. Je me fends d’une imitation que je juge parfaitement réussie de mon jumeau adoré, le sourire de Junior menaçant de briser le sérieux que j’affectais, avant d’abandonner toute subtilité. Elle ne m’allait guère, de toute façon. Acharnés, mes doigts réduisent méthodiquement un bout de ma pâtisserie en des miettes sombres qui disparaissent rapidement, emportées par le vent léger qui soufflait, mon regard impatient ne lâchant pas le Serpentard, attendant qu’il daigne rompre ce silence. Et quand enfin il daigne m’accorder quelques explications, je me redresse un peu, tendue d’attention, mes pupilles claires fouillant les traits de son visage.

Conciliants n’était définitivement pas un qualificatif usuel pour désigner n’importe lequel des Sørensen, aussi m’attendais-je au pire tout en étant incapable de le concevoir tant mon meilleur ami semblait entier. Je m’étais figurée qu’ils puissent lui sommer de lui effacer la mémoire pour s’assurer que jamais ne subsisterai la moindre preuve de ce secret dans des pensées étrangères à notre famille. Quant au Serment Inviolable, s’il fit briller un instant mon regard de surprise, il ne m’étonna finalement guère. Doucement, alors qu’il laisse l’évidence de son choix se dessiner, je porte mes doigts jusqu’à son poignet, effleurant l’endroit où le lien rouge sacré avait dû apparaître. Il n’y avait aucune preuve de ce lien invisible. Mortel. Aucune si ce n’est l’air résigné et presque désespéré de mon meilleur ami. J’imagine sans peine qu’ils aurrraient prrréférrré tout effacer acquiesçai-je, mes doigts se perdant dans un ballet de caresses légères sur le dos de sa main, délaissant le poignet où ne subsistait de toute façon pas la moindre marque. Mais pas moi... Une moue contrite sur les lèvres, mon regard perdu dans les mouvements de ma main. Non, j’aurais détesté qu’il me revienne amputé d’un seul de nos moments, surtout que, qui sait si mes Grands-Parents n’en auraient pas profité pour lui ôter quoi que ce soit d’autre, mais j’étais pourtant incapable de me réjouir que ce ne soit pas le cas puisque cela signifiait qu’il était lié à une promesse jusqu’à sa mort. Avec toute la confiance que je lui portais, je ne doutais pas qu’il puisse supporter ce fardeau, je regrettais simplement qu’il en subisse le poids. Alorrrs, comment cela fonctionne ? Est-ce qu’on peut tout de même en parrrler, entrrre nous ? Je ne doutais pas que mes grand-parents aient pris grand soin de lui expliquer en long, en large et en travers tout ce que signifiait un Serment Inviolable et toutes les limites qu’il devrait respecter, surtout si, comme nous semblions le penser, ils étaient plus favorables à Oublietter mon meilleur ami qu’à lui laisser cette connaissance-là.

Mon gâteau avait perdu tout son intérêt, mon appétit envolé, remplacé par un nœud inhabituel, et je repose sans ménagement ma part dans la boîte qui l’avait porté jusqu’ici. Mais j’étais bien incapable de rester trop longtemps dans cette humeur, surtout pas alors qu’il m’arrache un nouveau sourire en me précisant le goût de son thé. Encore moins alors que nous devrions bien assez tôt rentrer au château pour nous séparer. Frrruits rrrouges ou autrrre, c’est tout aussi insipide commenté-je finalement, un amusement légèrement retrouvé encore qu’il ne serait jamais parfait tant que cette ombre subsisterait sur le visage de mon meilleur ami.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMer 29 Avr - 14:34



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
En un rien de temps, c’était comme si toute la distance que nous nous étions appliqués à mettre entre nous depuis des jours n’avait plus lieu d’être. Toutes les évidences qui avaient toujours été nôtres, toute cette facilité à faire fi des convenances pour vivre notre amitié comme nous l’entendions revinrent simplement. Naturellement. Sans que nous ayons y réfléchir rien qu’un instant. Je n’étais pas certain que le jeu en vaille vraiment la chandelle, bien sûr, mais cet après-midi étrange et pesant avait au moins eu un côté des plus positifs : nous nous retrouvions enfin. Je préférais ne m’attendre à rien, supposer que ça ne durerait pas, qu’il suffirait de rentrer à Poudlard pour que volent en éclats les promesses d’éternité qui s’esquissaient à peine sous nos doigts mais j’avais bien l’intention d’en profiter. Et Erin ne paraissait pas davantage pressée de s’éloigner. Je crois que nous savions, l’un comme l’autre, que la trêve serait de courte durée et que bien vite les souvenirs et les craintes qui les accompagnaient nous feraient l’honneur de leur présence, réduisant à néant nos rapprochements innocents. Enfin… S’ils l’étaient. J’aimais à croire que oui, que tous les liens évidents qui, en y réfléchissant un peu, pouvaient se tisser d’eux-même n’existaient pas. Je n’y réfléchissais jamais, de toute façon. Je préférais me laisser porter le plus bêtement du monde et fermer les yeux ce que, quoi que je refusais de l’admettre, elle pouvait bien m’inspirer.

Ça dépend : trrrois comme toi ou comme moi ?
Bah, trois comme moi, évidemment, répondis-je en levant les yeux au ciel face à cette question idiote, trois comme toi, ça dépasserait.

Je ne pus retenir bien longtemps un rire amusé. Je n’en pensais pas le moindre mot et ne doutais pas qu’elle le savait très bien. C’était elle qui cherchait la petite bête, après tout, il était normal qu’elle la trouve. En attendant, je ne regrettais pas une seule seconde de m’être ainsi étalé. Sa chaleur me parvenait sans mal et le faible vent qui soufflait sur le village emportait son parfum dans son sillage. Ça m’avait manqué. Il y avait des choses auxquelles on se faisait rapidement et je crois que tous les détails qu’elle m’offrait depuis toujours en faisaient plus que partie. Au même titre que la légèreté qui n’avait de cesse de nous accompagner… La retrouver lors de ce goûter improvisé, cassant doucement mais sûrement les restes anxiogènes de mon entrevue précédente, me semblait immensément rassurant. Rien n’avait changé. Qu’importe l’ombre sombre qui pouvait bien planer au-dessus de moi désormais, et qui y planerait ad vitam aeternam, tout reprendrait bien vite un cours normal… et elle serait là. Le sourire qui s’accrochait bêtement à mes lèvres laissait sans mal entrevoir tout le plaisir que je pouvais bien ressentir face à cette constatation. Est-ce que j’en avais réellement douté ? Je ne crois pas, sincèrement. Mais ça n’en était pas moins agréable à réaliser. J’avais plus que jamais besoin de m’accrocher à cette relation essentielle. Savoir que tout ça n’avait pas été fait « pour rien ». Entre deux bouts de gâteau, Erin laissa s’insinuer quelques souvenirs. Pas forcément les meilleurs que nous ayons partagé, je revoyais sans mal les silences boudeurs et les minutes interminables vidées de sa présence. Mais aujourd’hui, ça n’avait aucune importance, ils étaient plus que bienvenu. J’aurais presque été partant pour m’atteler à nouveau à cette tâche ingrate s’il m’avait fallu ! Je m’offusquai pour la forme, plus amusé qu’agacé en réalité. J’aimais sa bêtise et la facilité qu’elle pouvait bien avoir à chasser les nuages qui pouvaient bien persister.

Je ne fais que rrrelever tes brrrillantes aptitudes, mon tendrrre ami.

Je lui tirai la langue avec une maturité flamboyante et amputai ma pâtisserie d’un autre morceau non sans lever le nez avec une prétention trop grande pour paraître réelle.

Moque-toi tant que tu veux, je suis certain qu’il était délicieux.

Je n’avais jamais su, en réalité. Je n’étais même pas sûr qu’elle le sache elle-même, d’ailleurs. Ça avait une odeur qui se tenait et une couleur ressemblant à toutes les tasses que j’avais pu boire un jour… Ça ne pouvait pas être si horrible que ça, surtout pour une première fois ! J’avais parfaitement conscience que la présence d’un elfe à la maison n’était pas la meilleure chose qui soit arrivée à mon éducation et qu’il restait aujourd’hui beaucoup de triviales lacunes à mon actif, des choses banales à la portée de n’importe qui mais totalement hors de la mienne… Préparer un repas, faire un thé, accomplir quelque tâche ménagère… Je n’avais même jamais appris le moindre sort aidant à cela ni n’avais vu ma mère les utiliser. Pourquoi faire puisqu’on avait quelqu’un pour s’en occuper…? Il fallait seulement espérer que notre existence dorée ne se ternirait jamais pour ne pas avoir à en ressentir le moindre effet. Malheureusement, l’ambiance presque enfantine changea doucement… Une imitation pompeuse d’un Finnbjörn qui ne l’était pas moins en réalité et puis plus rien. Seulement un regard lourd d’un sérieux que je ne lui connaissais pas et un silence qui m’enjoignait à en dire plus qu’elle n’en demandait réellement. J’avais conscience tant de ses efforts que de son inquiétude, aussi je finis par m’y plier docilement. Elle avait le droit de savoir et je n’avais pas grand chose à lui cacher. Je ne doutais pas qu’elle pourrait savoir autrement, de toute façon, et puis nous en étions arrivé là parce que j’avais boudé face aux secrets qu’elle gardait, ça n’aurait eu aucun sens d’en garder tout autant. Ses doigts se saisirent de ma main alors que je lui expliquais d’un ton aussi neutre que possible le choix qu’on m’avait imposé. Ça aurait pu être pire… Cette phrase continuait de tourner en boucle dans mon esprit mais ne s’y imprimait pour l’instant que très mal. C’était vrai, bien sûr, mais ça ne me semblait pas moins immérité. La faute n’appelait absolument pas une sanction aussi énorme que celle-ci… Enfin qu’importe… Les caresses qu’elle abandonna sur mon poignet me firent taire un instant. Mon regard délaissa l’étang pour glisser jusqu’à elle et je ne pus m’empêcher de ressentir une tendresse infinie pour cette adolescente touchante. Infinie et teintée de quelque lueur chatoyante que je ne définissais pas… Je m’efforçai néanmoins de finir mon récit sans jamais me soustraire à ses attentions.

J’imagine sans peine qu’ils aurrraient prrréférrré tout effacer. Mais pas moi…

Ma main bougea légèrement, juste assez pour laisser mes doigts glisser entre les siens et les garder prisonniers d’une douce pression. Je n’avais pas hésité rien qu’un instant face à leur proposition. Bien sûr, ce que ça impliquait m’effrayait et j’étais encore un peu étourdi d’avoir eu à choisir mais ça avait été évident. Je refusais qu’on touche à ce qui nous appartenait. D’accord, c’était moins risqué, pour eux comme pour moi, mais les instants qu’on passait ensemble m’étaient bien trop précieux pour les offrir en pâtures au courroux de gens que je connaissais à peine. Celui-là sûrement plus encore que bien d’autres… Elle avait accepté de décevoir les siens pour me prouver sa confiance, il était hors de question de permettre à qui que ce soit de me le faire oublier.

Alorrrs, comment cela fonctionne ? Est-ce qu’on peut tout de même en parrrler, entrrre nous ?

Malgré tout, sa question me tira un sourire. Je la reconnaissais bien là, en réalité. Le tact agonisant sûrement sous les esquisses de futures conversations. D’un côté, je la comprenais, je crois, et maintenant que j’étais pris là-dedans, j’espérais qu’elle finirait un jour de me raconter son histoire. Qu’est-ce que nous risquions de plus, de toute façon ? Ils s’étaient occupés de me faire taire pour quelques informations dont je n’aurais rien pu faire, ils ne pourraient pas alourdir la peine pour le reste. Je ne pouvais pas trahir la confiance qu’elle m’accordait, quand bien même je l’aurais souhaité, qu’il s’agisse d’un petit rien ou des secrets tout entiers… Autant tout savoir. Mais je n’étais pas certain d’en avoir envie pour l’instant. C’était assez contradictoire, je sais, mais cela faisait des jours et des jours que mon imagination montait des scénarios tous plus affreux les uns que les autres, à la hauteur du peu qu’elle m’en avait dit et des mystères qu’on en faisait. Le massacre d’innocents… du sang à torrent… des hurlements déchirants… qu’importe pour un peu que ça soit insoutenable… Je ne me sentais pas capable d’y faire face à l’instant. Tout en sachant pertinemment que je ne la ferais pas taire pour autant. Quelles horreurs cachaient encore ses jolis yeux…?

Oui, il est « seulement » question de ne pas briser votre secret. Je ne risque rien à aborder le sujet avec quelqu’un qui le connait déjà. Après… j’imagine que ça ne fait sûrement pas partie du plan de tes grands-parents…

Je ne m’avançais pas trop en supposant même qu’ils préféreraient qu’on en parle plus jamais et que je me contente de faire comme si je ne savais rien. Il aurait été sûrement plus sûr, à leur yeux, de me contraindre à l’ignorance plutôt qu’au silence… Mon étreinte sur sa main se resserra imperceptiblement. Je n’osais même pas imaginer à quel point elle avait dû se faire réprimander, elle, pour avoir eu la bêtise d’en parler. Elle ne semblait pas m’en tenir rigueur mais, dans le fond, je culpabilisais un peu de l’avoir ainsi poussée à le faire… quand bien même ça n’était pas très volontaire. Le sérieux de cette conversation commençait à se faire pesant. Nous méritions mieux que ça… Aussi, dans l’espoir un peu bancal de détendre l’atmosphère, je répondis à la question que son imitation de son frère m’avait posée comme si j’avais cru rien qu’un instant que l’histoire de mon thé l’intéressait d’une quelconque manière. Ça n’était pas brillant mais ça avait au moins le mérite de lui tirer un sourire auquel le mien fit rapidement écho. Je n’en attendais pas tant.

Frrruits rrrouges ou autrrre, c’est tout aussi insipide.
Ma pauvre enfant, je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire de toi, désespérai-je avec emphase, bientôt tu prétendras que rien ne vaut un bon chocolat chaud et ce sera clairement le début de la fin…

Je ne faisais que me moquer tendrement, bien sûr, quand bien même je n’avais aucun attrait pour le chocolat sous toutes ses formes, ni pour les laitages d’ailleurs, je me fichais bien de savoir que ça avait sa préférence. Je finis enfin par lâcher sa main et repris distraitement le picorage de mon scone. Un soupir plus tranquille que les précédents m’échappa alors que j’observais sans intérêt aucun le château qui se dressait toujours face à nous. Mes pensées voguaient sans retenue où bon leur semblait et je ne faisais rien d’autres que de profiter de la présence d’Erin sans m’encombrer du reste. Au bout de quelques minutes, je finis par reposer les yeux sur elle, une lueur amusée et gentiment taquine y brillant doucement.

N’empêche… T’imagines l’image qu’ils auraient de toi s’ils avaient fouillé mes souvenirs à la recherche de secrets à effacer…?

Même si nous nous contentions que de ces six derniers mois, elle avait fait plus d’un pas de travers… Qu’il s’agisse des occupations illicites de notre anniversaire ou de toutes les règles de Poudlard qui avaient été bafouées en passant par l’indécence même de notre dernière soirée au milieu de la plèbe… Je craignais qu’ils aient de quoi la tenir éloignée pour le restant de ses jours, quitte à l’envoyer dans une quelconque école scandinave au nom barbare pour s’en assurer…
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMer 29 Avr - 17:04

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Une pichenette offensée contre sa cuisse témoigne du désagrément passager - et évidemment surjoué - que me cause sa remarque espiègle. Je ne bouge pas d’un millimètre malgré ce qu’il sous-entend, mes prunelles hautaines contre ses yeux levés au ciel, dédaigneux. Puis nos rires qui effacent, rapidement et à l’unisson, ces allusions insolentes sans consistance aucune. J’étais parfaitement bien où je me trouvais, et même si notre position enchevêtrée assurait de la place pour un autre couple, il était impensable que je me détache de cette proximité retrouvée pour occuper le reste du banc. Notre complicité enfantine reprenait ses droits et tissait à toute vitesses les contours ainsi que le coeur de cette bulle qui s’était faite discrète ces derniers temps. Fallait-il en remercier mes grands-parents ? J’avais peine à croire que nous serions restés dans ce vague intermédiaire éternellement. Il n’avait pas été désagréable, mon meilleur ami à mes côtés malgré l’absence de notre intimité habituelle. Il n’avait pas été confortable pour autant. Mais force était de constater que les doutes obscurs amenés par ce rendez-vous aux conséquences opaques avaient précipité la fin de cette sage conduite qui ne nous ressemblait guère.

Ce n’est pas le souvenirrr le plus clairrr que j’ai de cette soirrrée, il faudrrrait que je teste de nouveau pour te donner un avis fais-je avec un air innocent, sachant qu’il refuserait avec une véhémence indignée de toucher une seule autre théière pour le reste de sa noble existence. Je conservais avec une précision accrue les images des interdits que nous avions brisés sans la moindre hésitation ce soir-là : feuilles de mandragore, escapade sur les toits, nuit passée l’un contre l’autre. De cette eau chaude insipide, cependant, il ne me restait pas grand chose d’autre que le rappel vivace qu’elle avait manqué de nous coûter notre anniversaire. Je n’avais pas touché à la tasse qu’il avait laissée derrière lui à mon intention. Je me rappelais les feuilles flottantes à la surface et qui n’avaient, je le crois, rien à faire là. Je n’étais pas une grande amatrice de thés mais j’étais convaincue que sa préparation avait été loin de frôler la perfection.

Même le souvenir d’un défi puéril qui avait failli causer la fin de notre soirée d’anniversaire ne parvient pas à troubler nos sourires. Il en avait été de même lors de nos retrouvailles après ces deux semaines d’une pénible séparation : rien n’avait semblé pouvoir nous atteindre, réfugiés sur son lit et perdus dans le plaisir simple de nous revenir. Jusqu’aux Sombrals. Un schéma récurrent qui s’apparentait probablement au rythme que nous étions incapables d’abandonner. Rires complices, tendres moqueries, caresses enjôleuses, et puis une chape de plomb, qui nous éloignait pour mieux nous précipiter l’un contre l’autre après un temps incertain. Je n’avais guère de hâte de savoir laquelle mettrait fin à ce goûter improvisé.

Peut-être bien qu’elle était d’une évidence brutale, cependant. Après tout, si nous étions sur ce banc en cette fin d’après-midi printanière, c’était pour une raison qui refusait de laisser mon esprit en paix. Le sérieux remplace les sourires insouciants et l’appel muet de mes prunelles part à la recherche du mystère qui enveloppe encore la rencontre entre mes aïeuls et mon meilleur ami. Le gâteau au chocolat abandonné dans sa boîte laisse mes doigts libres d’explorer son poignet, vierge de toute trace. Pourtant, un Serment Inviolable avait été prononcé et toutes les implications que ce sortilège induisait dansaient devant mon regard cristallin posé sur la peau pâle de Junior. L’évidence que ça n’avait pas été là le choix numéro un de mes grands-parents s’installa entre nous. Ils avaient pourtant laissé la décision finale à Junior et celui-ci avait préféré conserver l’entièreté de ses souvenirs plutôt que de prendre le risque qu’une magie étrangère n’ait la capacité d’alléger sa mémoire autant que désiré. Cela me ravissait plus que je n’en avais réellement conscience.

Si je n’avais aucune intention de retirer mes doigts de là où ils étaient, Junior s’attache leur présence et leurs caresses d’une douce étreinte. Ils s’abandonnent tout entiers à quelques caresses sur sa paume, tandis que je m’interroge, le questionne, à voix haute. La promesse que j’avais formulée cette après-midi là, dans son dortoir, n’avait peut-être rien d’un Serment Inviolable, je ne mourrais pas de ne jamais la tenir, mais elle me liait pourtant indubitablement à mon meilleur ami. Nous avions chacun renoncé à quelque chose pour ce secret. Lui, à une liberté insouciante. Et moi, à la tranquille assurance que mes incartades ne feraient jamais rien d’autre qu’ombrager fugacement les pensées de mes grand-parents. Il serait donc injuste qu’il ne se révèle jamais complètement. Ce serait cependant une histoire pour un autre jour. Il aurait été indécent, plus que je n’étais capable de l’être même au plus haut de mon impertinence, de venir troubler cet instant de ce souvenir nébuleux.

J’hausse négligemment les épaules, l’air de repousser ces considérations. Cela ne faisait sûrement pas partie de leur plan, en effet. Mais puisque Junior était déjà lié à ce secret par le Serment Inviolable, que risquions-nous de plus à lui dévoiler toute la vérité ? En réalité, j’étais convaincue que j’étais celle qui avait le plus à perdre. Qui savait comment il pourrait réagir en apprenant aussi crûment que Grand-Mère sacrifiait tous les trois ans un insignifiant impur pour nos beaux yeux ? Nous ne grandissions pas tous avec les mêmes réalités. Ce qui me semblait d’une banalité affligeante, un point de détail, ne l’était absolument pas. Même auprès d’autres sang-purs partageant nos valeurs. J’imagine que non. Laissons leurrrs plans où ils sont ? fais-je, interrogation aux accents d’affirmation. J’imagine également que ce n’est pas exactement le bon moment pourrr te prrroposer de passer quelques jourrrs de tes vacances chez nous cet été ? Finn souhaite inviter Carrrla. Bon moment ou pas, je venais pourtant de formuler cette invitation qui me trottait dans l’esprit depuis quelques temps déjà. Jamais mes aïeuls ne verraient d’un mauvais oeil que nous invitions nos camarades de bonne famille à passer quelques temps au manoir. Je soupçonnais même que Grand-Père serait ravi de pouvoir garder un oeil sur Junior afin de se faire une idée plus précise de ce dont il retournait exactement.

Dans un amusement légèrement dédaigneux, je saisis sa tentative d’abandonner le sujet de ce tête-à-tête partagé avec mes grand-parents. Mon rire vient répondre à sa moquerie. Quel manque de goût de sa part ! Je ne prrrétends rrrien de tel fais-je dans une exclamation offensée. J’énonce juste simplement une vérrrité accessible à l’élite uniquement poursuivis-je en une moquerie qui danse sur mes lèvres. Junior n’aimait pas le chocolat, qu’il soit sous forme de tablette ou de boisson chaude, dans un gâteau ou comme sucrerie. C’était incompréhensible, mais force était de constater que sa perfection n’était pas totale.

Il abandonne lâchement ma main qui se plaisait bien là où elle était et je reprends alors l’anéantissement consciencieux de ma part de gâteau avec une petite moue. Elle disparaît cependant bien vite dans le silence paisible qui nous enveloppe, seulement troublé par tous les sons qui composaient ce jour de printemps. Au loin, sur le chemin qui serpentait au-dessus de nous, quelques voix étouffées nous rappellent la présence de nos camarades sur le retour. J’étais toujours aussi bien, négligemment appuyée contre Junior, et n’avais pas la moindre envie de bouger de notre banc pour retourner à Poudlard. Je laissais sciemment mon meilleur ami s’occuper de l’heure qui défilait pour nous rappeler le moment où il nous faudrait cependant nous en aller. Sa réflexion qui rompt la danse muette de nos pensées respectives me fait d’abord rire avec une ironie qui se lit jusque dans mon regard. Tu veux parrrler desquels ? Notrrre anniverrrsairrre, l’alcool et les feuilles de mandrrragorrre ? L’intrrrusion dans la bibliothèque ou celle dans la salle de bain des prrréfets ? Énuméré de cette façon, c’était comme si nous étions les pires délinquants qui vivaient à Poudlard. Je trouvais personnellement que nous profitions simplement de ce que nous avions à notre portée. Ou alorrrs de cette soirrrée pourrr fêter la victoirrre de Serrrpentarrrd, l’alcool et ces baisers ? Les mots lâchés bien avant que mon esprit ne les soupèse me font cesser un instant mon jeu avec les miettes de gâteau. Trop tard pour les retenir, les ravaler. Concernant ce dernier point, l’image que pourraient en avoir mes aïeuls n’était pas la seule interrogation qui l’enveloppait. Je relève mon regard clair pour croiser celui de Junior, sachant qu’elle était peut-être là, la chape de plomb qui n’attendait que de nous recouvrir. Fonçant néanmoins avec un mépris total des conséquences. Quoi que ce soit que tu prrréférrrerrrais effacer ?
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMer 29 Avr - 19:27



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Le spectacle que nous devions offrir aux passants ne devait rien avoir de très reluisant pourtant je n’aurais changé ça pour rien au monde. J’étais bien, là, affalé sur ce banc comme je l’aurais fait sur mon lit, Erin me prenant à moitié pour son siège. Nous aurions certainement été mieux dans l’intimité de ma chambre mais je me contentais sans le moindre mal de ce morceau de village au calme. Je ne pus m’empêcher de couler un regard machinal en direction de la rue principale, craignant presque de voir apparaître ses grands-parents et d’aggraver notre cas. Oh, non pas que nous fassions grand chose de mal, bien sûr, mais les convenances prenaient cher, une fois de plus… Je ne doutais pas que mes propres parents m’auraient repris sans l’ombre d’une hésitation, j’entendais d’ici les « tiens-toi bien » que ma mère me soufflait à tout va avec une discrétion exemplaire et une fermeté qui espérait vainement l’être tout autant… Fort heureusement, il n’y avait aux alentours que quelques élèves qui rejoignaient lentement le château. Il nous faudrait le faire également… plus tard… Je tenais à rester ici jusqu’à la dernière seconde possible avant que nous retournions nous enfermer à Poudlard, rejoignant sans nulle doute salle commune ou bibliothèque, le tout bondé et sans la moindre once de tranquillité.

Ce n’est pas le souvenirrr le plus clairrr que j’ai de cette soirrrée, il faudrrrait que je teste de nouveau pour te donner un avis.

Il allait de soi que j’avais des souvenirs bien plus marquants qu’une tasse de thé… tout le reste de cette journée, en réalité. De notre escapade enneigée aux regards entendus lancés, dès le lendemain matin, à ce stupide d’elfe qui en savait trop. Il avait eu la décence de tenir sa langue même si je soupçonnais plus certainement que mon père n’avait juste pas pris la peine de poser la moindre question. La bouteille qui avait disparu n’était qu’une partie tant d’autres, il ne les comptait pas non plus chaque matin, et le reste avait eu le plaisir de se voir effacer avant qu’il ne rentre. Ça avait été étrange, presque attristant, de voir cet appartement où s’était déroulée la meilleure soirée de ma vie dans un état tellement impeccable qu’il n’aurait pu rien s’y passer du tout… Mes lèvres esquissèrent un sourire mélancolique. Je ne regrettais rien. J’espérais même que nous aurions l’occasion de recommencer pour notre majorité. Il fallait fêter ça plus dignement encore ! Même si la barre avait été mise affreusement haut…

Jamais.

S’il était évident que je plaisantais au même titre qu’elle, mon ton n’en demeurait pas moins sans appel. J’avais assez donné avec les bases besognes pour le restant de ma vie ! Je ne dis pas que je ne tenterai jamais l’expérience avec quelque sortilège si j’en apprenais l’existence un jour mais plus jamais mes mains ne se poseraient sur la moindre théière. S’il y avait des serviteurs, c’était bien pour qu’ils servent ! Inutile de leur voler leur travail ! Notre plaisanterie s’éteignit finalement d’elle-même… comme tout l’amusement qui était le nôtre depuis que nous nous étions si mal installés. La légèreté avait fait son temps et le regard d’Erin laissait entrevoir tout le sérieux qu’elle attendait désormais de moi. Je ne lui refusai pas. J’aurais probablement pu, en soi… Changer de sujet, lui faire savoir que ça pouvait attendre ou que je n’en avais pas particulièrement envie pour l’instant mais je n’en fis rien et me délestai du récit de cette entrevue. Elle ne fit pas beaucoup de commentaires et je ne pus que l’en remercier. J’avais bien conscience que pour beaucoup, ça n’était pas grand chose. Il y avait sûrement bien des inconscients à Poudlard qui auraient pris les risques à la rigolade, n’y voyant qu’une expérience inédite et probablement peu recommandée mais ça n’était pas mon cas. Bien sûr, comme tout le monde j’en avais bêtement plaisanté, me prétextant prêt à en arriver là pour sceller des promesses idiotes mais il y avait un fossé tellement énorme entre quelques bêtises adolescentes et cette réalité à laquelle je n’avais jamais vraiment été préparé. Les gestes de la Poufsouffle se faisaient doux, apaisants, je m’y abandonnais sans honte et profitais d’attentions qui, je le craignais, ne dureraient pas. Il n’aurait pas été question d’Erin, je me serais certainement plié à quelque extraction de souvenir plutôt que d’en passer par là… Mais il était question d’Erin et ce simple fait changeait littéralement la donne. Partis comme nous l’étions, il n’y aurait rien qu’elle ne me ferait pas faire d’ici la fin de notre existence ! Et si ça avait toujours été une perspective plaisante, cet événement l’assombrissait légèrement.

J’imagine que non. Laissons leurrrs plans où ils sont ?
Laissons leurs plans où ils sont, acquiesçai-je docilement.

Je n’avais de toute façon pas l’intention de leur courir derrière pour en discuter plus longuement ni chercher à rester sur les chemins qu’ils pouvaient avoir balisés pour nous. Je me sentais hors de tout danger supplémentaire et espérais sans trop y croire qu’Erin ne risquait pas grand chose non plus. Se faire réprimander pour avoir trop parlé, probablement, c’était même sûrement déjà arrivé après notre conversation, mais rien de plus…? Elle ne me laissa pas le temps de m’interroger plus longtemps qu’elle reprenait déjà :

J’imagine également que ce n’est pas exactement le bon moment pourrr te prrroposer de passer quelques jourrrs de tes vacances chez nous cet été ? Finn souhaite inviter Carrrla.

Sa question me laissa interdit un instant avant que je ne me mette à rire bien malgré moi. Est-ce que c’était les nerfs qui lâchaient ou bien l’enchaînement des plus hasardeux ? Je n’en avais pas la moindre idée mais j’eus du mal à retrouver mon sérieux. Si je m’attendais toujours à tout venant de ma meilleure amie, j’aurais été bien incapable de m’attendre à ça. Ou du moins de m’y attendre maintenant. La proposition n’avait pas grand chose de surprenant en soi, nous nous connaissions depuis assez longtemps pour qu’il ne soit pas particulièrement inconvenant d’envisager des vacances communes mais il fallait bien reconnaître qu’elle tombait comme un cheveu sur la soupe.

C’est pas exactement le bon moment, non. On va dire qu’il y a plus enthousiasmant, pour l’instant, que la possibilité de voir tes grands-parents tous les jours pendant je ne sais pas combien de temps…

Il n’y avait pas la moindre moquerie dans ma voix, loin de là, c’était juste une constatation. Je n’avais aucune envie de les revoir pour le moment et l’idée même d’aller m’enfermer chez eux loin des miens ne m’était pas très rassurante. Je ne doutais cependant pas que cela serait passé d’ici l’été.

Mais je n'ai rien contre, en soi. Il faudra juste voir quand. Ma mère n’arrête pas de me parler du mariage de ma cousine qui aura lieu début juillet, je pense qu’elle ne s’en remettrait jamais si je le loupais… Tu ne te rends pas compte, elle se marie avec le neveu du Ministre de la Magie et tous les grands noms du gouvernement y seront probablement conviés, m’extasiai-je avec une exagération à la hauteur du ridicule de la situation, ce serait un crime de ne pas s’y rendre ! Du reste, je devrais être tout à toi.

Si je n’avais absolument rien contre ma cousine, elle était un trop âgée pour que nous ayons eu grand chose à partager durant notre existence, si bien je me fichais d’assister à cette union, quand bien même il me semblait que la décision finale ne me revenait pas le moins du monde. Je serais donc en France début juillet, que cela me plaise ou non… En réalité, je n’y voyais pas le moindre inconvénient, je savais que j’aurais la paix pendant tout le week-end, mes parents trop occupés à minauder auprès de quiconque avait un minimum de responsabilité.

Ton frère compte vraiment inviter Carla ? Je ne pensais pas que c’était sérieux à ce point entre eux…

Je n’avais absolument rien contre Carla, loin de là, c’était une demoiselle agréable et l’une des rares qui valaient la peine d’être connues dans notre triste maison, mais je n’en étais pas moins surpris pour autant. J’étais d’ailleurs incapable de dire s’ils avaient été d’une discrétion incroyable ou si le baiser qu’ils avaient échangé dans la Grande Salle et qui avait été un temps sur toutes les lèvres marquait le début de leur histoire… Je penchais plus pour la discrétion, j’avais bien du mal à imaginer Finnbjörn d’ordinaire si posé et réfléchi se lancer dans une relation pour un simple baiser. Du moins, pas de-là à l’inviter chez lui pour les vacances.

Je ne prrrétends rrrien de tel. J’énonce juste simplement une vérrrité accessible à l’élite uniquement.
Et bien sache que l’élite a décidément des goûts douteux !

Je n’avais jamais compris ce que les gens trouvaient quelque chose d’aussi sucré et écoeurant que le chocolat… Ça n’avait absolument aucun intérêt et dénaturait à peu près le goût de tout ce que ça accompagnait… Alors si seule l’élite comprenait la supériorité toute relative d’un chocolat chaud sur une bonne tasse de thé, j’étais bien aise de ne pas avoir à me compter en son sein ! Finalement, je rendis à sa main toute sa liberté et me perdis dans la contemplation absente de l’école, terminant machinalement mon goûter. Ce n’était pas de ces silences gênants, loin de là, je n’avais pas l’impression qu’il fallait à tout prix le combler… bien au contraire… Je me satisfaisais de sa présence sans avoir besoin de rien d’autre. Du moins, jusqu’à ce qu’une pensée stupide ne vienne troubler le calme de leur fil. Ma bêtise, quoi que réaliste, lui arracha un rire.

Tu veux parrrler desquels ? Notrrre anniverrrsairrre, l’alcool et les feuilles de mandrrragorrre ? L’intrrrusion dans la bibliothèque ou celle dans la salle de bain des prrréfets ?

Mon rire suivit le sien à l’écoute de cette énumération presque sans fin. Je voulais parler de tous nos écarts sans la moindre exception, évidemment ! Nous les avions enchaînés ces derniers temps et, si je n’en regrettais pas le moindre, j’étais parfaitement conscient qu’il valait mieux les garder loin des adultes qui ne sauraient que trop bien nous les reprocher… Et probablement moins de ses frères également, ou tout du moins de Finn.

Ou alorrrs de cette soirrrée pourrr fêter la victoirrre de Serrrpentarrrd, l’alcool et ces baisers ?

Sur le coup, l’impression qu’il ne s’agissait que d’un jeu à ses yeux, quand bien même je savais que ça n’était réellement que ça, me déçut violemment. Ça n’était qu’un faux pas de plus sur la longue liste de ceux que nous avions partagé. L’amusement qui prenait pour cible jusque là se transforma sans que je ne le veuille vraiment en un ricanement nerveux. Je n’avais pas prévu ça. Pas comme ça du moins. J’eus bien du mal à soutenir le regard qu’Erin venait de planter dans le mien. J’étais censé le voir comment ? Ça n’avait aucun sens. C’était presque comme si elle me défiait d’en dire quoi que ce soit. Qu’elle se rassure, je n’en avais pas l’intention. En dire quoi, de toute façon ? Que ça avait été agréable ? Que je n’avais pas compris sa réaction et que c’était finalement blessant ? Que j’avais plus de mal que prévu à chasser le souvenir de la pression de ses lèvres sur les miennes ?

Quoi que ce soit que tu prrréférrrerrrais effacer ?

Ça avait été stupide, peut-être que nous aurions mieux fait de boire plutôt que de nous embrasser… Même si l’occasion était séduisante et qu’il aurait été, en plus, parfaitement cruel de refuser avec elle ce que j’avais accepté avec l’une de mes coéquipières. J’aurais voulu garder le même ton badin que nous avions juste avant, ne voir là qu’une énième plaisanterie mais ça n’avait finalement plus grand chose de drôle.

Oui, reconnus-je avec un sérieux immense avant de détourner les yeux, ton silence du lendemain, par exemple.

Je me tendis légèrement, sans vraiment m’en rendre compte, et regrettai déjà d’avoir lancé sans le vouloir un tel sujet. Je n’avais pas nécessairement pensé à cet épisode en particulier, plus à l’accumulation de tous les autres, et n’avais pas envisagé qu’elle pourrait ainsi me le balancer au visage. Pour être tout-à-fait honnête, je me sentais comme le dernier des idiots…

Je n’attendais strictement rien de particulier, tu sais… juste une réponse, quelle qu’elle soit.
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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Jeu 30 Avr - 2:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyMer 29 Avr - 23:37

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Nous nous accordons pour ne pas laisser les plans de mes grand-parents assombrir plus longtemps ce tête-à-tête qui n’appartient qu’à nous. Comme tous les autres avant lui, comme tous ceux qui suivront. Je savais maintenant de quoi il retournait et mes doigts, ainsi que nos pensées, s’étaient suffisamment attardées sur l’image de ce lien écarlate entourant le poignet pâle de mon meilleur ami. Que dire de plus ? Un Serment Inviolable était éternel et immuable. Savoir que Junior refusait catégoriquement de perdre le moindre souvenir nous liant avait fait naître une douce chaleur dans ma poitrine, un sourire absent car attiré ailleurs, dans un quelque chose dont je n’appréhende pas encore la globalité. Nous aurions tout le temps de nous occuper de ce que pouvaient prévoir mes aïeuls ou de ce qui se dessinait sous cette réalité inaltérable. En ce qui me concernait, il me fallait encore découvrir ce que Grand-Père avait décidé pour moi. Un tel écart de conduite ne pouvait être passé sous silence, même si la désapprobation de Finn avait déjà été un premier aperçu de ce qui m’attendait. Notre famille n’était guère portée sur les châtiments corporels : l’ignorance était le meilleur des mépris et les miens la maîtrisait à la perfection. Junior valait-il ce risque ? Assurément. Je crois que nous tombions d’accord sans condition sur ce point précis.

Peut-être n’était-ce pas exactement le moment rêvé pour l’inviter à quelques jours de vacances dans notre résidence de Norvège. Son rire m’arrache une moue vexée, comme s’il pouvait sincèrement penser qu’il s’agissait là d’une plaisanterie. J’étais on ne peut plus sérieuse et ne souffrirait pas qu’il remette ce fait en question. L’offense commise n’est pas assez importante pour que j’abandonne mes vagues caresses sur le dos et l’intérieur de sa main. Sa réponse accentue ma moue, comme une enfant prise en faut et qui déteste cela. Il était évident, c’était même limpide, que j’aurais préféré un enthousiasme inconditionnel de sa part à l’idée de passer des jours entiers loin de Poudlard sans aucun couvre-feu pour nous séparer. Et si j’avais bien conscience que l’entrevue avec mes aïeuls entachait légitimement toute considération de ce genre, ma fierté était néanmoins piquée de son manque flagrant de chaleur. Et celle de me voirrr, moi marmonné-je dans un souffle presque silencieux, caprice enfantin que l’on venait de refuser de satisfaire. J’avais l’impression qu’il pourrait m’annoncer n’importe quoi, ou presque, que je serais présentement incapable de lui en tenir rigueur. Un semblant d’immunité qui ne durerait pas éternellement, mais qui protégerait au moins les reliefs de cet après-midi qui nous avait déjà fort éprouvés.

Je retrouve bien rapidement mon sourire moqueur alors qu’il me détaille le programme qui rythmera le début de son été. Un réel plaisir que je n’enviais absolument pas. Avec le neveu du Ministrrre ? m’exclamai-je, une surprise exagérée qui ne masquait pas le sarcasme faisant briller mes prunelles. Il faudrrra veiller à me rrrevenirrr en vie, parrrce que ce début de vacances m’a tout l’airrr morrrtel. Tendre raillerie. Il n’était pour rien dans ce mariage auquel il devait participer, dommage collatéral de la bienséance qui enveloppait éternellement la noblesse sorcière. Tout ce qui m’importait, au fond, c’était la fin de son petit déroulé, celui qui affirmait qu’il serait tout à moi une fois cette union célébrée. Mais je le plaignais sincèrement de devoir assister des heures durant à des badinages en tout genre et des courbettes forcées sans aucun divertissement possible, autre que les petits fours à disposition.

Avec un haussement d’épaules et un soupir dramatique, je laisse le visage de mon frère adoré s’imposer à moi, une seconde à peine, avant qu’un roulement d’yeux ne le chasse. Oui. Je lui ai dit que je comptais t’inviter, il m’a rrrépondu que ce serrrait parrrfait puisque lui-même souhaitait prrroposer à Yaxley de se joindrrre à nous. J’imagine que seule Judith se retrouverait sans binôme mais ce n’était pas comme si son existence m’importait. Hannibal et Phoenix, Finnbjörn et Carla, Junior et moi. Mes deux chers frères et mes deux meilleurs amis, c’était le début d’un été idéal. Je crrrois que leurrr histoirrre serrra aussi sérrrieuse que l’ignorrrance de Sherrrwin à l’égarrrd de Finn fais-je avec un reniflement dédaigneux. Il y avait un soupçon sur lequel je ne souhaitais pas m’attarder, un mécontentement volcanique menaçant d’exploser s’il s’avérait que mon intuition visait juste. Il pouvait affirmer aussi fort qu’il le désirait que l’attention dont il couvait cette garce n’était que dans le but de s’assurer qu’elle ne pourrait jamais nous nuire, je ne le croyais tout simplement pas. D’ici que la vérité m’importe, je me contentais parfaitement de le savoir en compagnie de Yaxley. Même si elle avait entaché le nom prestigieux des siens en sortant un temps avec ce ridicule Carter, elle n’en restait pas moins une sang-pure de bonne famille, bien enlevée, très loin de l’odieux caractère de l’autre harpie. Parce que Finnbjörn trouvait à redire de mes fréquentations, mais je ne jugeais pas les siennes plus honorables.

Au détour du souvenir de notre anniversaire, Junior se permet de critiquer mes goûts parfaitement distingués puis c’est un silence paisible qui nous enveloppe tandis que nous terminons notre goûter. Il n’y avait rien de gênant dans la satisfaction calme apportée par la présence de mon meilleur ami. Je ne savais pas où les pensées de Junior l’emmenaient, les miennes ne se fixant pas suffisamment longtemps sur un sujet pour que je puisse reconstituer le chemin emprunté. Il m’arrache de ce tourbillon incessant d’idées sans lien les unes avec les autres, lâchant l’air de rien que j’aurais été dans une situation problématique si mes grand-parents avaient été autorisés à fouiller son esprit à la recherche de secrets à effacer. Je feins ne pas voir de quoi il veut parler, crédibilité réduite à néant par l’énumération dans laquelle je me lance aussitôt. Il était certain que mes aïeuls auraient trouvé de quoi s’offusquer.

Et puis, sans faire attention au chemin que suivait mon raisonnement, je me perds bien vite dans les souvenirs encore frais et parfaitement limpide de cette soirée immersion parmi la plèbe. Cet épisode s'ajoute à la longue liste de nos divagations. Pour cause, il était au coeur de la plus douce et la plus terrible de toutes. Le ricanement de mon meilleur ami me fait tourner la tête dans sa direction, mon regard qui se ferme face à cette réaction que je n’étais pas sûre de vouloir comprendre. Si cela le faisait rire, c’était bien que j’avais raison depuis le début et qu’il ne considérait les secondes volées à ce jeu idiot que comme un défi parmi tant d’autres, un gage sans importance à laquelle il fallait docilement se plier, le même qui avait amené les lèvres de Vicenzo sur celle de Junior.

Ma question irréfléchie apporte avec elle quelques secondes de flottement et une confusion réelle que je masquais derrière mon regard flamboyant d’une assurance hautaine. Je ne savais pas ce que j’attendais comme réponse, ni même si j’en attendais réellement une. Le silence de ces derniers jours ne valait-il pas mieux que la confirmation de la corvée que cela avait été pour lui ? Néanmoins, ce qui était sûr, c’est que je ne me figurais une réponse affirmative. Mon orgueil n’eut pas le temps de s’offusquer, ni de son ton grinçant, ni de l’idée qu’il laissait tomber si violemment, celle qu’il aimerait effectivement effacer l’un de ses souvenirs. C’était d’autant plus incompréhensible que cela entrait en totale contradiction avec ses propos précédents et son choix de faire un Serment Inviolable. Le reproche alors qu’il détourne le regard me laisse muette quelques secondes, la tension que je sens sous mes jambes me troublant un peu plus. Je ne pensais pas que ton mot appelait une rrréponse. Je les connaissais par coeur, ces quelques écrits tracés de sa plume, qui m’avait trouvée au réveil, l’esprit encore embrumé des excès de la veille. Mon sommeil n’a été teinté d’aucun mauvais rrrêve. Si je n’étais pas certaine de me remémorer mes songes de cette nuit-là, je savais en revanche très bien ceux qui émaillaient mes nuits depuis. Déclinaison de cette sensation douce et que j’aurais souhaité prolonger encore un peu plus ce soir-là. Ce n’est pas comme si tu avais insisté longuement pourrr que je t’en fourrrnisse une fais-je finalement, après de nouvelles secondes silencieuses, n’ayant pas lâché Junior du regard depuis qu’il fixait obstinément l’étang, me concentrant sur ses traits pour éviter la tendre trouble de mes pensées égarées.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyJeu 30 Avr - 1:58



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
La perspective de passer quelques jours de vacances chez les Sørensen m’apparaissait, cet après-midi-là, particulièrement troublante. D’un côté, il était évident que j’avais envie de visiter l’envers du décor, de découvrir ce qui avait fait la vie de mes meilleurs amis avant qu’ils n’atterrissent à Londres… L’idée d’écouter Erin me raconter mille et un souvenirs d’enfants et de partager tous les coins qu’elle pouvait bien affectionner me réjouissait d’avance. Mais d’un autre côté… les silhouettes intraitables de ses grands-parents me laissaient une impression peu engageante, assez pour m’inciter tant à la prudence qu’à la réflexion. Je ne savais pas ce qu’elle prévoyait pour la suite de son récit, si elle avait l’intention de me livrer le reste du secret qui nous avait valu ces instants d’angoisse, mais si c’était le cas, traîner dans leurs pattes des jours durant était sûrement tout ce qu’il valait mieux ne pas faire. Qui savait s’ils ne profiteraient pas d’un instant de repos pour mettre leurs sombres desseins en action…? J’avais certes l’habitude de nuits chaotiques et bien trop courtes mais j’étais évidemment incapable de rester sur le qui-vive pendant des jours entiers sans jamais fermer l’oeil. Si mes parents avaient été au courant de cette affaire, ils m’auraient probablement assigné à résidence pour m’empêcher de faire, une nouvelle fois, n’importe quoi. Mais ils ne l’étaient malheureusement pas…

Et celle de me voirrr, moi.

Je levai les yeux au ciel en l’entendant marmonner. Je n’étais pas certain à cent pour-cents de ce qu’elle avait bien pu dire mais j’en saisissais l’idée globale et le caprice attendrissant qu’elle était en train de me faire. Il était évident que je pouvais faire un nombre incalculable de choses pour elle, la plupart stupide d’ailleurs, mais de là à me jeter consciemment dans la gueule du loup seulement parce qu’elle semblait le vouloir… Oui… aussi… La réflexion n’avait duré qu’un instant, pas assez longtemps pour me faire prendre conscience de la bêtise sans nom que je venais d’accepter. Mais la perspective de la voir, elle, pendant ces semaines où nous étions d’ordinaire tenus éloignés par des familles et des impératifs peu conciliants prenait immanquablement le pas sur le reste. Je ne pus que penser qu’il me restait quelques mois pour apprendre à tenir une éternité sans dormir… dans le doute, il valait mieux prévenir que guérir…

Avec le neveu du Ministrrre ?

Son ton sarcastique était à la hauteur de ce que je pouvais bien penser moi-même de l’information et me tira un rire au moins aussi moqueur. Si je n’avais jamais rien eu contre l’idée de me pavaner au milieu du gratin sorcier, fier d’appartenir à un monde qui comptait tant de noms illustres et de gens influents, je n’avais aucune envie de passer un week-end entier à lécher les bottes de gens que je ne reverrais sûrement jamais. Si j’appréciais toujours mes vacances outre-Manche et que je me sentais aussi bien sur les terres maternelles que sur les miennes, je n’avais aucunement l’intention de m’y installer un jour… contrairement à ce qu’on semblait espérer parfois. Ma vie n’était pas dans un manoir perdu dans la campagne normande ni même à profiter d’une plage quelque part plus au sud… J’avais bien conscience qu’il valait mieux se les avoir dans la poche qu’en ennemi, même hors des frontières, mais je n’avais pas l’intention d’abandonner ma dignité pour quelques sourires cordiaux. J’y allais parce que mes parents l’avaient décidé, guère davantage.

Il faudrrra veiller à me rrrevenirrr en vie, parrrce que ce début de vacances m’a tout l’airrr morrrtel.
Je ne promets rien, tu sais… Je vais être obligé de me goinfrer de cochonneries et de noyer l’ennui dans tous les verres qui passeront à ma portée… je suppose que je me laisserai entraîner par tout ce que ma famille compte de cousins débauchés pour éviter de dépérir tristement entre le directeur d’un département quelconque et une vieille chouette à moitié sénile… Ça risque d’être absolument horrible…

J’avais un temps envisagé de lui proposer de m’y accompagner… et puis nous n’avions fait que nous déchirer depuis. Des jours entiers sans s’adresser la parole, à quoi s’étaient ajoutées les menaces qu’elle avait esquissées lors de nos retrouvailles… la soirée pour notre victoire au Quidditch et cet entre-deux étrange, ni tout à fait habituel ni tout à fait différent… Et aujourd’hui, je n’en savais trop rien. Nous étions bien, là… Mais j’avais appris à ne plus trop espérer que ça dure. Il ne nous faudrait certainement pas grand chose pour que tout dégénère encore. En même temps, nous nous retrouvions à chaque fois… On se blessait, s’enlaçait, sans jamais s’en lasser… C’était une danse dont j’avais depuis des mois perdus le fil. Quelque chose avait changé dans notre rythme sans que je ne parvienne réellement à trouver quoi. Je doutais sincèrement de le trouver un jour. Il fallait sûrement faire avec en espérant que, un jour, nous retrouverions les chamailleries enfantines qui étaient nôtres autrefois…

En fait, à ta place, je crois que je ferais en sorte de veiller moi-même à ce que je te revienne en vie… On est jamais trop prudents.

Il était évident que je ne lui tiendrais nullement rigueur d’un possible refus. Je crois que je l’aurais fait également, en réalité. Mais au moins, je ne pourrais rien me reprocher sur ce point, ni passer des heures à regretter de m’en être abstenu pour des raisons aussi légitimes que parfaitement ridicules. De tout ça, il restait un point des plus surprenants et qui méritait qu’on s’y attarde un instant : Finn et Carla. Nous n’étions pas du genre à discuter demoiselles autour d’une bièraubeurre, aussi j’étais parfaitement ignorant sur ses histoires d’amour… au point, visiblement, de passer à côté sur quelque chose qui semblait sérieux. Je m’étais arrêté à ce que tout Poudlard en savait, bien trop occupé à batailler avec ma vie à moi pour aller creuser dans sa vie à lui. Je devais être un bien piètre ami mais je laissais à Reyes tout le loisir de faire mieux. Je n’osais même pas imaginer cette opportuniste faire jouer ses intérêts pour obtenir de la future Madame Finnbjörn Sørensen quelques faveurs à venir.

Oui. Je lui ai dit que je comptais t’inviter, il m’a rrrépondu que ce serrrait parrrfait puisque lui-même souhaitait prrroposer à Yaxley de se joindrrre à nous.
Elle m’a tout l’air d’être une fille bien. Ce n’est pas une mauvaise chose qu’il s’intéresse à elle.

Elle avait probablement des squelettes dans un placard, quelques tares plus ou moins bien dissimulées, on en avait tous de toute façon, mais elle n’en restait pas moins plus respectable toutes ces paillasses qu’on trouvait par dizaine dans les couloirs de Poudlard… C’était une alliance surprenante, dans le sens où je ne l’avais certainement pas vue venir, mais elle ne me semblait pas dénuée de bon sens pour autant.

Je crrrois que leurrr histoirrre serrra aussi sérrrieuse que l’ignorrrance de Sherrrwin à l’égarrrd de Finn.
Hein, lâchai-je en fronçant les sourcils, sans trop comprendre ce qu’elle racontait, qu’est-ce que Sherwin vient faire là-dedans ?

De ce que j’en savais, ils n’étaient pas, ou plus, particulièrement proches… Ce qui n’était sûrement pas un mal vu les moeurs assez douteuses de certains des Sherwin… Alexis en tête, d’ailleurs. Pour un peu qu’elle soit parvenue à rallier sa cadette à sa cause, il n’y avait sûrement pas grand chose à en tirer… Il semblait qu'elle ne traînait pas qu’avec du beau monde, Bradford en tête de liste… Il aurait vraiment fallu que l’on m’explique ce que l’humanité toute entière trouvait à ce vaurien. Il semblait avoir le monde à ses pieds sans mériter pourtant la moindre attention, gratifiait l’humanité d’un mépris infiniment plus grand que celui que l’on nous reprochait souvent et s’en retrouvait remercier avec admiration. Poudlard sombrait plus en plus dans la stupidité la plus totale et je ne pouvais qu’assister, impuissant, à sa triste déchéance. Est-ce que c’était injuste de la juger sur des relations qu’elle avait en commun avec ma meilleure amie ? Oui, sûrement. Mais j’aurais jugé Erin exactement de la même manière si elle n’avait pas été mon amie depuis si longtemps. Les amis qu’on avait en disaient beaucoup sur nous et traîner avec la vermine de la pire espèce n’annonçait malheureusement rien de bon… Quoi qu’il en soit, et même s’il était évident que personne ne me demandait mon avis, entre Sherwin et cette chère Carla, ma préférence allait à cette dernière.

Finalement, le silence retomba doucement sur notre banc, calme et tranquille. Je n’avais pas besoin de plus, aujourd’hui. La présence d’Erin me rassurait, nos rires m’avaient apaisé. Il ne me restait plus qu’à profiter du temps que Pré-au-Lard nous accordait encore avant de reprendre le fil de mes révisions jusqu’à ce qu’il soit l’heure de dîner. Ça n’était pas réellement ce qu’il y avait de plus enthousiasmant, comme tout bon adolescent je me serais largement passé de cette dernière partie, mais je savais malgré tout voir la chance qui était mienne. Aujourd’hui, bien sûr, mais tous les autres jours également… aussi mes pensées déroulèrent distraitement le film de ces derniers mois, tous les meilleurs souvenirs que nous avions écrits… et qui étaient immanquablement condamnables, que ça soit par l’école, la loi ou ne serait que la bienséance… Cette constatation me tira un sourire amusé et je ne pus m’empêcher d’en faire part à mon acolyte. Malheureusement, là où j’avais inconsciemment fait l’impasse sur ce qui dérangeait le plus, Erin ne se priva pas pour mettre éhontément le doigt dessus… Qu’en était-il, finalement, de ce baiser échangé ? Ça n’était pas à proprement parler un écart, je crois, ma propre mère désespérait que je n’ai jamais fait mention de la moindre prétendante potentielle au détour d’une conversation… et il n’y avait rien de bien étonnant, à seize ans, à poser ses lèvres sur celle d’une jeune femme… Mais c’était en même temps, le pire que nous aurions pu faire… Nous avions déjà tenté et connu somme toute quelque chose de très similaire… Une gêne palpable, un éloignement certain quand bien même il se ferait discret… Je ne le regrettais pas, pas vraiment, mais je ne pouvais m’empêcher de m’en vouloir de nous avoir imposé ça. Peut-être qu’elle ne m’en avait pas empêché mais je n’étais pas non plus cent pour-cents sûr qu’elle ait été en état de le faire… Il aurait peut-être mieux valu que l’alcool noie ce souvenir et nous évite la suite…

Je ne pensais pas que ton mot appelait une rrréponse.

Oh ! Bah non, évidemment ! J’avais fait l’effort de la rassurer et de lui faire savoir que, contrairement à ce que j’avais pu dire des mois avant et qui l’avait visiblement assez blessée pour s’inventer toute une vie, l’échange m’avait été agréable et elle ne pensait pas que ça appelait une réponse ! Elle s’était réellement imaginé que je puisse préférer rester comme un imbécile sans savoir ce qui découlerait de tout ça ?! Je me fichais éperdument qu’elle me balance quelque chose qui ressemblait à « non mais c’était juste un jeu », je m’y attendais, je le savais, je voulais juste qu’elle fasse l’effort, une fois sobre, de ne pas faire comme s’il ne s’était jamais rien passé ! Mais ça n’était jamais venu… Tout le dimanche, j’étais resté près de ce fichu carnet sans que jamais il ne se mette à luire… Ces quelques secondes dont je peinais à me défaire n’avaient eu aucune existence dans notre quotidien… Pendant des jours… Pas un mot, pas une allusion, rien… Ça n’avait juste jamais eu lieu… Et elle les jetait ainsi comme une bêtise de plus, sans guère plus d’intérêt qu’un verre de trop ou une porte passée dans l’illégalité. C’était blessant.

Mon sommeil n’a été teinté d’aucun mauvais rrrêve.
Merveilleux, me voilà rassuré, sifflai-je, plus railleur que je ne l’aurais pensé.

Vu son état, je doutais clairement qu’elle ait pu rêver de quoi que ce soit… Je sentais son regard qui ne me lâchait pas mais je n’avais pas le courage de l’affronter. Pourquoi faire ? Pour qu’elle réalise que son indifférence me touchait plus encore que mon attitude le laissait voir ? Pour qu’elle tente bêtement de se rattraper pour limiter les dégâts tant qu’il en était encore temps ? Ou qu’elle cherche des explications que je n’avais de toute façon même pas ? Ça n’était pas la peine.

Ce n’est pas comme si tu avais insisté longuement pourrr que je t’en fourrrnisse une.

Tout recommençait comme les autres fois, dans la même rengaine insupportable. Des rires à n’en plus finir et des paroles assassines dans le même temps. Ça ne durait jamais. Cela faisait des mois que ça n’avait plus duré… Chaque tête-à-tête se soldait par une dispute, et si nous ne nous disputions pas c’était parce qu’il y avait du monde autour… Des jours et des jours passés dans une entente presque parfaitement seulement parce que nous nous efforcions de coller l’humanité. Ça n’était finalement pas plus mal. Garder nos distances, faire semblant que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et oublier la tendresse trop ambiguë qui nous liait depuis si longtemps…

C’est ce que tu attendais, peut-être…? Que je te supplie dans l’espoir que tu daignes me dire quelque chose ?

Je consentis enfin à abandonner l’étang pour reposer les yeux sur elle. Je regrettais d’avoir lancé inconsciemment cette conversation… peut-être que j’en venais aussi à regretter d’avoir participé à cette soirée… Nous nous en serions très bien passés, c’était certain. Il n’y avait pas eu grand chose à en tirer, finalement.

De toute façon, quoi que je fasse, rien ne te va jamais. Si je vais contre toi, tu t’inventes une vie pour te venger, et si je vais dans ton sens, c’est pire encore… Qu'est-ce que tu veux, à la fin, hein ?

Un rictus attristé finit par m’échapper. Cette discussion avait au moins le mérite d’éloigner la crainte de la mort implacable qui planerait désormais au-dessus de moi… Je me retrouvais pris dans des considérations bien plus adolescentes mais finalement pas moins effrayantes. Le rejet dont j’étais victime ne me semblait pas plus surmontable que les conséquences d’un quelconque Serment… C’était sûrement pire encore dans le sens où j’avais l’impression étouffante d’être en train de perdre ma meilleure amie pour quelque chose qu’on avait peut-être même pas voulu…

En fait, non, je ne veux même pas savoir. Tu as raison, c’est toute cette soirée que j’aurais préféré effacer.
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyJeu 30 Avr - 16:13

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Mon caprice fugace s’efface et laisse la place à toute la raillerie que m’inspire le mariage dont Junior venait de me dépeindre les grandes lignes. J’avais la sensation que je ne pourrais tenir rigueur de rien à mon meilleur ami, présentement. Un privilège rare sous l’influence duquel je consens à entendre le pourquoi pas qui se glisse derrière ses paroles : il venait après tout d’admettre qu’il serait tout à moi une fois cette réception maritale terminée, cela revenait à accepter mon invitation. Et puis, si ce n’était pas exactement le cas, il me restait encore de longues semaines pour ne plus lui laisser le choix. Si je tenais à ce qu’il vienne visiter ma Norvège natale cet été, je tenais à ce qu’il y parvienne en un seul morceau et non pas exténué par des jours et des jours de mondanités harassantes. Je souffrais déjà personnellement de devoir sourire faussement et me tenir aussi respectablement que le jugeait le regard acéré de mes aïeuls pendant une soirée unique, je n’imaginais pas ce à quoi il faudrait que mon meilleur ami se plie, là-bas, en France. Le programme qu’il dessine m’arrache un ricanement moqueur. L’image de Junior se perdant une débauche alcoolisée en compagnie de lointains cousins à l’accent prétentieux m’amusait autant qu’elle me semblait irréelle.

Guère plus, néanmoins, que l’invitation qu’il laisse tomber sans plus de formalité. Mon regard se teinte de surprise mais c’est une gaieté enfantine qui étire mes lèvres. Que moi, Errrin Sørrrensen, je veille surrr toi, Juniorrr d’Arrrchambault ? Un gloussement m’échappe, rapidement rejoint par un second et le début d’un fou rire à cette idée. Il était évident que j’étais la plus raisonnable des deux, enfin il le reconnaissait. C’est un rrrôle que j’endosserrrai avec plaisirrr fais-je, sans essayer de jouer aux innocentes, toute forme d’angélisme ne pouvant qu’être anéantie sans sommation par ce rire qui me secouait encore. Tu ne m’avais pas dit que tu étais en conflit avec ta tendrrre maman. Parce qu’il devait lui en vouloir terriblement pour lui demander sérieusement de me considérer comme leur invitée. Ce n’est pas qu’elle me déteste, du moins ne le pensais-je pas, mais elle espérait, avec une foi qui frisait l’aveuglement, que son fils adoré, pur et parfait, finirait par se choisir une meilleure amie plus sage. Et tout comme me voir révéler l’un de nos plus noirs secrets à Junior ne faisait pas partie des plans des miens, j’imaginais sans peine que me savoir la cavalière de mon meilleur ami à un mariage familial ne faisait pas partie de ceux de sa génitrice. Il fallait croire que nous étions plus que doués pour n’en faire qu’à notre tête et décevoir ce que nos aïeuls prévoyaient pour nous avec une insolence toute adolescente. Garrrde à l’esprrrit que les seuls mots de frrrançais que je connais sont des surrrnoms mièvrrres notais-je dans un nouvel éclat railleur.

Si sa proposition pouvait sembler surprenante, il ne m’était pas venu à l’esprit de la refuser. Pas une seule seconde. Je ne voyais pas Grand-Père m’interdire de me rendre en France, surtout pas alors que tout ce que la société sorcière de là-bas faisait de mieux serait réunie en un seul et même endroit. Quand bien même il prendrait en compte mes récents écarts. Ce serait peut-être même une forme de punition à ses yeux lui qui savait bien à quel point les mondanités n’étaient pas ma tasse de thé. Et déjà l’idée d’un été à parcourir l’Europe sans se séparer de Junior se précisait avec délice dans mon esprit. Pendant ce temps, mon jumeau adoré aurait tout le loisir de préparer l’arrivée de sa petite-amie. Junior s’étonne de cette relation affichée désormais à la face de tout Poudlard et je me contente d’un haussement d’épaule et d’une petite moue dédaigneuse. J’étais entièrement d’accord avec mon meilleur ami : ce n’était pas une mauvaise chose qu’il s’intéresse à elle. Bien au contraire. Mais ce qui l’était sûrement bien plus, c’étaient les raisons qui le poussaient à se lancer dans une relation prétendument amoureuse. Comme je le dévoile à Junior, je supposais que cette alliance durerait aussi longtemps que ce lien que je n’avais pas envie de considérer et qui vibrait ces derniers temps d’une haine brûlante entre Finnbjörn et l’autre garce de Sherwin. Je n’avais guère envie de penser à cette peste, encore moins de parler d’elle, mais la question de mon meilleur ami appelle un semblant d’explication.

Comment lui expliquer clairement ce qui n’étaient que des sentiments confus créés par une foule de situations complexes ? Je ne sais pas trrrop. Finn affirrrme se ficher d’elle mais il s’affiche publiquement en couple avec Yaxley juste aprrrès avoirrr découverrrt qu’elle s’était moquée de bien des choses le concerrrnant, de notrrre famille en prrremier lieu. Je trrrouve ça étonnant. Sans compter qu’il lui avait offerrrt une bague cet hiverrr et lui avait prrrêté un manteau en vison qu’il m’a charrrgé d’aller rrrécupérrrer dans son dorrrtoirrr. Et je ne mentionnais même pas ce que j’avais entendu des sentiments de cette harpie à l’encontre de mon frère adoré, ni la totalité de notre conversation fort instructive en plein milieu d’une retenue à la bibliothèque. Il aurait été aisé de se plonger dans le faisceau d’indices que j’avais à ma disposition pour tenter de démêler ce qu’il se tramait réellement entre mon tendre jumeau et cette vipère. Mais je n’en avais pas envie, préférant ignorer ce qui crevait pourtant les yeux. Il était inutile de gâcher un moment pareil avec le spectre infâme de cette insupportable mégère.

Le silence revient, pause paisible dans une danse qui avait repris de la manière la plus agréable qui soit depuis que ses mains s’étaient posées sur ma taille, annonçant son retour. Nos doigts se défont, les miens repartent à l’assaut de cette part de gâteau au chocolat, mon esprit vagabondant par-delà les limites de Pré-Au-Lard et de Poudlard. Jusqu’à ce que le constat amusé de Junior ne me ramène les souvenirs de toutes nos dernières escapades, en accéléré. Jusqu’à la plus récente, la plus pesante également, même si elle était, d’une certaine façon, la plus douce de toute. Avec une délicatesse qui me caractérisait toute entière et une impulsivité dont je n’avais, en général, jamais à me plaindre, je plonge tête la première au coeur de cette confusion brumeuse dans laquelle nous nous complaisions bien trop facilement.

La voilà, elle était l’ombre qui ne nous lâchait jamais vraiment et qui se charge, avec une application rendue parfaite par l’habitude, de réduire en miettes notre bulle de bonheur. Est-ce qu’il nous aurait fallu continuer à éviter le sujet, faire comme si de rien n’était ? Je n’en étais pas certaine. Ces quelques secondes, cette sensation de ses lèvres posées sur les miennes, ce goût de bêtise adolescente qui n’enlevait rien à l’évidence qui m’avait enveloppée tout du long de notre baiser, cet instant hors du temps refusait de s’estomper. Probablement parce que nous persistions à faire comme s’il n’existait pas. Je n’avais rien répondu à ses mots sibyllins parce que je n’avais pas réussi à les interpréter d’une manière qui me satisfasse. Et probablement que je n’aurais pas attendu si longtemps pour faire face à ce jeu idiot qui avait scellé cette étreinte si Junior ne s’était pas montré si affreusement normal. Un calme placide et un talent certain pour éviter que nous nous retrouvions désoeuvrés, juste tous les deux. Alors je l’avais aidé, y mettant la même ardeur que lui. Parce que je ne m’étais pas encore découvert des tendances masochistes qui m’auraient poussée à accueillir avec le sourire l’assurance renouvelée du désenchantement que lui procurait nos baisers.

Il met du coeur à l’ouvrage pour fuir mon regard appuyé alors que mes prunelles cherchent pourtant les siennes. Sa raillerie vient irriter ma fierté déjà mise à mal par les souvenirs qui dansaient autour de nous. Mâchoire serrée, visage fermé, je ne le détourne pourtant pas. Alors je lui fais savoir, à mon tour, comme son comportement pouvait se révéler blessant. Ce n’était pas moi qui m’était le plus docilement pliée aux règles de ce jeu stupide, laissant Vicenzo m’embrasser sans broncher. Quelle différence cela faisait-il, au final. Elle ou moi ? Comme s’il était encore possible de nous faire entendre raison. De là où nous étions, il ne s’agissait plus que de panser nos orgueils malmenés. Le mien subit ses paroles aussi brutalement que si on venait d’y apposer un soufflet enflammé. Je me redresse dans un mouvement vif, blessée de ce qu’il sous-entendait, délaisse ce banc qui me semblait être le meilleur endroit au monde où me trouver, il y a quelques secondes seulement. Mais ça n’était que parce que Junior m’y enveloppait d’une tendresse complice dont les morceaux brisés s'éparpillent maintenant au sol. Bras croisés, doigts enfoncés dans ma peau, regard flamboyant que je porte jusqu’à mon meilleur ami. Qui semblait avoir oublié beaucoup me concernant. L’affection sans bornes que je lui vouais en tête de liste. Bien sûrrr, Juniorrr, j’adorrre que tu te trrraînes à mes pieds et que tu me supplies ! rallais-je, ironie dévorante. Noyer les blessures causées par ces propos mordants sous un feu bouillonnant n’avait jamais été une bonne idée. Jusqu’à preuve du contraire, ça n’avait jamais fait qu’exacerber ce poids, là, au creux de ma poitrine. Ou peut-êtrrre que je ne suis simplement pas assez sotte pourrr cherrrcher à tout prrrix à savoirrr à quel point j’embrrrasse toujourrrs aussi mal ou entendrrre une quelconque comparrraison malvenue avec Vicenzo. Surrrtout pas quand le silence semble te convenirrr parrrfaitement.

Son regard clair revient enfin à la rencontre du mien mais j’étais trop profondément blessée pour déceler les regrets peinés qui brillaient au fond de ses pupilles. Tout ce que je voyais, c’était son rictus, tout ce que j’entendais c’était ses mots lourds de reproches, tout ce que je retenais c’était un mélange incertain qui n’avait absolument aucun sens. Je me perdais dans les certitudes clairement exposées, il y avait quelques minutes seulement, et dans ces doutes qui apparaissent, étourdissants. Il achève de faire disparaître toute conviction alors qu’il enchaîne les paroles cruelles, sans me laisser le temps de réagir. Ce que je voulais à la fin ? Je n’ai pas même le temps de dessiner une réponse muette qu’il assène un coup implacable. Mes bras retombent le long de mes flancs. Je le savais capable d’asséner les pires horreurs sans broncher, mais c’était toujours plus facile de s’en réjouir lorsqu’elles étaient destinées à un autre que moi. Ça peut s’arrranger. Intonation blanche, presque absente. Ça avait l’airrr d’une facilité déconcerrrtante de fairrre comme si ça n’avait jamais existé, ces derrrniers jourrrs. Alors si c’était ce qu’il voulait, des résultats exemplaires jamais obtenus nous attendaient pour cette année, et nous offriraient un prétexte toujours aussi idéal pour nous perdre dans des heures entières d’études qui nous éviteraient de vraiment nous retrouver.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyJeu 30 Avr - 19:15



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Finalement, les mots passèrent mes lèvres sans que je ne les retienne vraiment. Peut-être que le moment n’était pas le mieux choisi, surtout alors qu’on s’était pris jusque là dans un je ne savais quoi incertain, trop sage pour nous ressembler vraiment et trop parfait pour avoir quoi que ce soit d’honnête… Mais qu’importe. J’en avais envie, de toute façon… assez pour en avoir glissé un mot à mes parents dès le faire-part glissé dans mon courrier, l’air de rien. Je n’avais pas la moindre idée de leur véritable réaction, je ne doutais pas que ma mère avait affiché un air réprobateur et prié un peu pour que je change d’avis d’ici les vacances, mais personne ne m’avait interdit quoi que ce soit. Nous étions grands, nous saurions très certainement nous tenir… ou plus vraisemblablement nous éloignés du monde pour nous laisser aller aux bêtises qui feraient mauvais genre. Si, là, tout de suite, aucune ne me venait en tête, j’étais certain que nous pourrions en dénicher des tas une fois sur place. Erin accueillit ma proposition de la même manière que j’avais accueilli la sienne, et je ne m’en offusquai pas le moins du monde. Bien au contraire, mes lèvres se fendirent d’un sourire tendre et amusé, un gloussement péniblement étouffé menaçant de se joindre à ses éclats de rire.

Que moi, Errrin Sørrrensen, je veille surrr toi, Juniorrr d’Arrrchambault ? s’étonna-t-elle alors que je haussai négligemment les épaules dans un « pourquoi pas » silencieux. C’est un rrrôle que j’endosserrrai avec plaisirrr.

Mon sourire s’agrandit instantanément. D’ordinaire, nous nous apercevions à peine durant les vacances, profitant seulement de passages à Londres pour perdre quelques heures ensembles avant que nos vies respectives ne nous entraînent ailleurs, aussi un programme estival qui la comprenait sérieusement me paraissait être la chose la plus enthousiasmante de cette fin d’année. Il me tardait presque d’y être et si le temps pouvait passer plus vite, qu’importe si cela signifiait passer ces maudits examens dès demain, je n’aurais strictement rien eu contre. J’avais toujours été particulièrement fier de ma meilleure amie et je voyais d’ici le plaisir de la présenter à toute ma famille et aux quelques amis qui existaient sur le continent… pour ne pas dire clairement à la Terre entière. Je n’étais pas stupide, bien sûr, j’avais parfaitement conscience qu’elle ne faisait jamais l’unanimité, toujours un peu trop tout aux yeux des profanes mais je m’en fichais éperdument. Aux miens, elle était merveilleuse et j’avais hâte que les miens s’en rendent enfin compte.

Tu ne m’avais pas dit que tu étais en conflit avec ta tendrrre maman.
Que tu es médisante… C’est elle qui m’a autorisé à te le proposer. Bon, d’accord, ça devait plus ressembler à « vas-y, de toute façon on ne sait pas ce qui peut se passer d’ici-là » mais quelle différence ?

Un ricanement gentiment moqueur m’échappa avec une discrétion inexistante. J’exagérais, évidemment, et mon air trop innocent le hurlait éhontément. Si elle l’aurait préférée bien loin de moi, elle avait toujours eu la décence de ne pas trop le montrer. Nous le savions tous les deux, je m’en amusais d’ailleurs beaucoup et je ne doutais pas qu’Erin n’était pas franchement peinée par la situation, mais les bonnes manières étaient bien trop ancrées pour lui permettre de l’avouer très clairement. Autrement, il y aurait eu fort à parier que ma meilleure amie aurait été depuis longtemps bannie des gens autorisés à mettre rien qu’un pied dans notre appartement !

Garrrde à l’esprrrit que les seuls mots de frrrançais que je connais sont des surrrnoms mièvrrres.
Ça te laisse encore quelques semaines pour en retenir d’autres ! C’est vraiment pas compliqué… par exemple, la mariée ressemble à un veracrasse, ça veut dire « la mariée porte une très jolie robe ». Et puis, dans le pire des cas, je m’occuperai de faire la traduction.

Je ne pris même pas la peine d’avoir l’air sérieux, gloussant comme un môme particulièrement heureux de ses idioties. J’étais persuadé qu’elle ne manquerait pas d’en faire de même si l’occasion se présentait, d’autant plus que j’étais bien incapable de retenir quoi que ce soit dans sa langue étrange, sinon un faen probablement de mauvais goût au beau milieu de sa famille. D’ailleurs, d’étrange, il n’y avait pas que la langue, la récente amourette de son frère l’était tout autant. Je leur souhaitais tout le bonheur du monde, qu’on se le dise, mais ne pouvais que m’étonner de la rapidité de cette relation. On les surprenait s’embrassant quelques jours plus tôt et voilà qu’ils envisageaient déjà des vacances communes au beau milieu du clan Sørensen. Dans le fond, il y aurait pu avoir des histoires d’arrangement camouflées derrière tout ça que cela ne m’aurait pas surpris davantage. Mais d’après la Poufsouffle, c’était encore autre chose… Je ne voyais pas le rapport entre Finn, Carla et Sherwin mais je n’étais certainement pas le mieux informé sur les idylles présentes ou passées de son cher frère.

Je ne sais pas trrrop. Finn affirrrme se ficher d’elle mais il s’affiche publiquement en couple avec Yaxley juste aprrrès avoirrr découverrrt qu’elle s’était moquée de bien des choses le concerrrnant, de notrrre famille en prrremier lieu. Je trrrouve ça étonnant, m’expliqua-t-elle patiemment, sans compter qu’il lui avait offerrrt une bague cet hiverrr et lui avait prrrêté un manteau en vison qu’il m’a charrrgé d’aller rrrécupérrrer dans son dorrrtoirrr.

Un mon dieu à la fois choqué et amusé se glissa entre mes lèvres. Je n’avais jamais supposé que Finnbjörn s’abaisserait à jouer les intrigants pour une fille. Non mais qu’il ne puisse pas manigancer quoi que ce soit pour parvenir à ses fins, loin de là, mais je l’avais toujours cru au-dessus de ces histoires de cour d’école. Visiblement, il ne l’était pas tant que ça… Il me semblait que j’avais bien trop idéalisé mon ami, au point que, ces derniers temps, j’allais de déception en déception le concernant… Une bien triste affaire…

Tu crois qu’il sort avec Carla pour rendre Bluebell jalouse…? Ils sont proches au point de monter tout un stratagème comme ça…? Ou alors elle n’est pas au courant…? Ce serait cruel, ça ferait tout un scandale. Déjà que l’image de Finn n’est pas très reluisante, si en plus on commence à lui reprocher de briser des coeurs… Ça ne lui va même pas, comme réputation !

Je devais bien avouer que je prenais plaisir à imaginer bêtement le bazar qu’une telle affaire pouvait mettre dans les couloirs. Je n’avais rien ni contre l’un ni contre l’autre, bien au contraire, et il était évident que j’étais toujours prêt à aller dans le sens de Finnbjörn s’il avait besoin de moi, quand bien même ça ne me plaisait parfois qu’à moitié, mais ça aurait été un spectacle divertissant que de le voir se défaire difficilement des fils du piège qu’il aurait lui-même tissé.

Et dire que je pensais qu’il ne s’intéressait qu’aux cours, qu’à l’avenir brillant qui l’attendait… Mais non, Monsieur conte fleurette à toutes les demoiselles de Poudlard…

Passé le récit de la vie hypothétiquement amoureuse de son jumeau, le silence retomba un moment. Juste comme ça, normalement… pour nous permettre de profiter de cette présence indispensable et de cette fin d’après-midi agréable. Je me sentais si loin de la Licorne Blanche que je peinais à réaliser que je venais tout juste d’en sortir… C’était comme un cauchemar lointain qui saurait, je le savais, me rappeler bien vite à lui. Il n’y avait bien qu’avec elle que je me prélassais si bien dans un silence parfait. Rien à dire pour lui faire savoir combien elle m’importait, pas besoin de blablas pourtant habituels chez moi pour que le temps daigne s’écouler correctement. Son corps qui reposait à moitié sur le mien et le bruit calme de sa respiration qui me parvenait par moment me comblaient. Il ne me manquait pas grand chose, pour ne pas dire absolument rien. Tous les caprices du monde n’avaient plus lieu d’être, oubliées les envies fantasques et soudaines. Nos rires me revinrent d’eux-mêmes, nos bêtises peut-être, sa main agrippée à la mienne, son sourire enjôleur, tous les surnoms idiots dont nous nous gratifions à longueur de journées… Et sans le savoir, ce déroulé agréable et rassurant, tous ces bons moments que je n’aurais voulu perdre pour rien au monde ni partagé avec quiconque n’était pas elle nous précipitèrent doucement vers notre perte… Ou du moins, vers une énième dispute… Elles n’avaient plus vraiment le goût d’antan, comme si derrière les mots blessants et les moues boudeuses se cachaient des choses plus plus réelles que toutes celles que nous avions brisées pour le simple plaisir de le faire. Des choses qui nous avaient échappées depuis des mois et qui, encore, nous filaient entre les doigts… Il fallut qu’un instant pour que ce qui restait de notre bulle n’éclate violemment. Erin se redressa et délaissa notre banc. Ses jambes abandonnèrent les miennes, n’y laissant plus qu’un froid mordant. C’était exactement pour ça que je l’avais laissé garder le silence sur cette soirée de malheur ! Parce que je préférais l’ignorance à ce qui se dessinait déjà. Du coin de l’oeil, je l’apercevais à peine. Elle me paraissait affreusement loin… presque inaccessible. Nous avions tenu un moment, tout de même, à profiter cette intimité si douce avant d’avoir à la regretter à nouveau…

Bien sûrrr, Juniorrr, j’adorrre que tu te trrraînes à mes pieds et que tu me supplies !

Je haussai simplement les épaules. Pourquoi me reprochait-elle alors de ne pas avoir insisté ? Depuis quand devais-je le faire pour espérer obtenir quelque chose de sa part ? Je ne me souvenais pas qu’il nous avait été un jour naturel de laisser des confidences ainsi dans l’indifférence la plus parfaite ! J’étais prêt à reconnaître mes torts mais qu’elle ne m’impose pas les siens. Elle s’était contentée de garder le silence, je n’y étais pour rien. Je m’installai péniblement mieux, me redressant, plantant mes pieds dans le sol, sûrement plus prêt à prendre la fuite que je ne voulais bien le reconnaître.

Ou peut-êtrrre que je ne suis simplement pas assez sotte pourrr cherrrcher à tout prrrix à savoirrr à quel point j’embrrrasse toujourrrs aussi mal ou entendrrre une quelconque comparrraison malvenue avec Vicenzo. Surrrtout pas quand le silence semble te convenirrr parrrfaitement.

Elle m’avait dit qu’elle espérait que notre baiser de me donnerait pas de cauchemar, ou quelque chose dans ce goût-là, je ne me souvenais plus exactement, je lui avais fait savoir qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté-là, qu’est-ce que je pouvais faire de mieux ? Je lui avais avoué, maladroitement peut-être j’en conviens, que je ne regrettais rien et elle se mettait à geindre qu’il lui aurait fallu être sotte pour chercher à le savoir… Mais elle le savait déjà ! Je n’allais pas me planter devant elle le lendemain matin pour réitérer la confession alors qu’elle s’était contentée de l’ignorer la première fois ! Le message avait été assez clair, je crois, d’un côté comme d’un autre ! Je trouvais qu’elle embrassait divinement bien et elle s’en fichait éperdument. D’ailleurs, je n’avais même jamais fait mention de Vicenzo où que ce soit. S’il y avait bien une chose que j’aurais préféré, sincèrement, oublier de cette soirée, c’était ça. Je ne savais pas d’où elle sortait ses potentielles comparaisons, la seule qui avait envie d’en faire c’était visiblement elle. À mes yeux, il n’y avait de toute façon rien de comparable… La suite m’échappa plus encore. Je me sentais acculé, pris dans une dispute qui me mettait mal à l’aise autant qu’elle me blessait. J’avais l’impression d’être un imbécile de premier ordre et de m’accrocher depuis des jours à quelque chose qui ne valait peut-être rien. Il fallait se rendre à l’évidence, la seule chose qui lui importait était de préserver son petit ego des blessures que je risquais de lui infliger. Elle ne voulait souffrir d’aucune comparaison et craignait que je puisse confirmer ce qu’elle avait si mal pris, le reste n’avait que peu d’importance. Aussi, sans vraiment y réfléchir, je laissais un mensonge honteux claquer dans l’air de cette fin de journée. Elle resta là, les bras ballant, à me fixer sans broncher. Je ne me sentis pas mieux pour autant. Bien au contraire… Quand bien même elle n’accordait qu’une importance limitée à l’échange en question, j’imaginais sans mal que de m’entendre prétendre vouloir m’amputer de ce qui nous était propre n’avait rien de plaisant. La satisfaction de la blesser au moins autant qu’elle avait pu le faire demeura absente. Il n’y avait que la culpabilité pour s’inviter dans la danse.

Ça peut s’arrranger. Ça avait l’airrr d’une facilité déconcerrrtante de fairrre comme si ça n’avait jamais existé, ces derrrniers jourrrs.
Comme si tu en avais eu quelque chose à faire de toute façon…

Un peu plus loin, remontant sûrement vers le château, un groupe se mit à rire et rien ne me parut jamais aussi déplacé. Il avait disparu avant que je ne puisse darder sur lui le moindre regard assassin. Je finis par me relever, regrettant presque les instants passés sur ce banc, la proximité délicieuse qui nous était accordée et nos bêtises si parfaitement partagées. Mon attention se reporta tristement sur Erin, glissant malgré moi sur le fossé qui me semblait s’être rouvert entre nous. Je secouai doucement la tête, plus affecté que je ne voulais bien le laisser paraître, et finis par amorcer un retour au château. L’heure devait avoir tourné de toute façon et il aurait été stupide d’arriver en retard pour continuer à nous enfoncer de la sorte.

Il serait tout de même temps d’apprendre à lire. Ça éviterait à ton ego fragile de psychoter pitoyablement sur des moqueries que je n’ai en aucun cas réitérées et des comparaisons que je n’ai jamais ne serait-ce que sous-entendues. Au contraire... Mais puisqu’il n’y a que ça qui semble compter à tes yeux, rassure-toi : tu embrasses mieux que Sasha.

Je levai les yeux au ciel, triste et blasé, comme j’aurais pu le faire face au caprice puéril d’une enfant et finis par la dépasser, le coeur plus lourd encore qu’à notre arrivée. C’était étrange comment l’esprit pouvait hiérarchiser les situations… Les risques pris autour d’un thé m’avaient soudain l’air bien plus préférables que cette dispute d’adolescents. Je regrettais que nous ayons pu aborder la conversation… Son silence avait au moins le mérite de me laisser poser sur ce baiser des couleurs séduisantes, qu’importe sa baiser ou son goût de trop peu… Là… Là c’était sûrement plus qu’un regrettable incident. Il n’y avait plus ni jeu ni rien. Nous n’aurions juste pas dû. Jamais…

Bouge, on va être en retard.
code by bat'phanie

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 1 Mai - 0:07

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Et dans cette fin d’après-midi printanière s’esquissait doucement un premier été où nous ne serions pas forcés de nous séparer de longues semaines durant. C’était toujours avec une moue boudeuse et une mauvaise volonté, accentuée par les années, que je laissais mon meilleur ami partir de l’autre côté de la Manche, tandis que je rejoignais mes steppes norvégiennes. Nous ne nous croisions alors plus que quelques fois dans un Londres alourdi par la chaleur estivale, avant de repartir de nouveau, chacun de notre côté. Et ce durant deux longs mois. La joie de lui faire découvrir mes terres natales et les souvenirs qui les parsemaient se le disputait donc au plaisir de découvrir les siennes. Qu’importe si cela signifiait plonger dans des mondanités sans fin au rythme d’une langue que je ne parlais pas, hormis lorsqu’il s’agissait d’affubler Junior des surnoms les plus mièvres possibles. Mon Prince dans son plus vieux royaume était une image qu’il me tardait de pouvoir dessiner autrement que par des suppositions.

Nos gloussements enjoués entérinent ces invitations jetées oralement au moment le moins propice possible, s’il en était un. Que je sois chargée de veiller sur mon meilleur ami pour le maintenir en vie était probablement la pire idée qui soit : j’étais plus à même de l’entraîner dans des écarts inconsidérés. Mais il en avait conscience et m’invitait en connaissance de cause. J’en déduisais sans mal qu’il se plaisait de ce état de fait. Voire même qu’il voyait en ma présence flamboyante l’occasion de ne pas dépérir d’ennui. Je m’étonnai cependant qu’il soit autorisé à me convier. Et, pendant une seconde, je fus prête à concéder que j’avais été mauvaise langue ; jusqu’à ce qu’il admette que sa chère mère espérait fortement que l’accord donné soit rendu caduque par une amitié épuisée d’ici là. Mon ricanement rejoint le sien. S’ils nous voyaient, mes grands-parents comme ses parents s’arracheraient probablement les cheveux devant cette amitié et ce qu’elle nous poussait à faire, contre leurs volontés et contre tous les plans du monde qu’ils pouvaient bien formuler. Dans un nouveau rire moqueur, je lui rappelle que les seuls mots français dans mon vocabulaire s’avéraient être les surnoms dont Junior était l’unique destinataire. Je ne relevai pas sa tentative de m’apprendre de nouvelles paroles, je pressentais qu’elles n’étaient pas des plus fidèles à la traduction qu’il venait de m’en donner. Sa proposition, par contre, me fit pouffer. Une belle manièrrre de t’assurrrer que je n’offenserrrai perrrsonne. Trrrès sage. Il aurait ainsi tout le loisir d’atténuer mes expressions franches et mes paroles parfois à la limite de l’insolence. C’était l’assurance d’éviter tout incident diplomatique. Ma famille ne pourrait que s’en féliciter, la sienne encore plus.

Il ne serait évidemment pas le seul invité cet été au manoir. Mes aïeuls avait l’habitude de recevoir ce qui se faisait de plus noble dans la société sorcière et nous, nous étions fortement encouragés à proposer à nos amis les plus dignes de nous faire bénéficier de leur prestigieuse prestance. C’était d’ailleurs étonnant que jamais Junior ne soit venu se perdre par delà l’Europe de l’Est. Cet été, donc, Hannibal s’octroierait donc la présence de sa belle et sulfureuse petite-amie, je pourrais profiter sans vergogne de celle de Junior, et Finnbjörn, hé bien, Finnbjörn m’avait fait part de son désir d’inviter Carla. Il était certain que je préférais la présence de cette Serpentard à une autre en particulier, aussi ne pouvais-je que me montrer enthousiaste à cette perspective. Quand bien même elle dissimulait quelque chose que je n’étais pas sûre de saisir. J’en dévoilai les contours à mon meilleur ami, un juron français, ou ce que je pris pour tel, lui échappant. Je n’espèrrre pas répondis-je avec une moue mécontente. Mais forrrce est de constater que cela concorrrde. Quant à ce que sait Yaxley ou non, je n’en ai aucune idée, Finn ne m’a même pas tenue au courrrant de ce qu’il avait derrrièrrre la tête. Mon ton laisse pointer toute ma rancoeur à l’égard de mon tendre jumeau. Sa propension à tirer des ficelles sans m’en informer et à me m’expliquer les tenants et aboutissants de ses stratégies multiples au dernier moment était effarante. En témoignait ses découvertes au sujet de l’incendie de l’année dernière, par exemple. Tu sembles bien étonné de découvrrrirrr que lui aussi a un coeurrr fais-je, des accents moqueurs enrobant mes propos. Oh, il en avait un. Bien souvent conservé à l’abri sous un glacier tout entier, fragilisé par une maladie qui nous poussait régulièrement par delà les portes de l’infirmerie, je m’inquiétais de savoir pour quelles raisons il se mettait si soudainement à battre.

Ce n’était pas la première fois que nous échangions nos inquiétudes ou nos soupçons au sujet de mon frère adoré. Néanmoins, je préférais la tendresse de ce silence paisible qui nous enveloppait tout doucement que continuer à dérouler toutes les possibilités qui encadraient cette amourette entre Finnbjörn et Carla. Sa chaleur qui réchauffait doucement mes jambes, les senteurs printanières que l’air frais soufflait jusqu’à nous, et sa présence, entière et rassurante. C’est que j’avais craint, le temps de quelques instants trop longs à mon goût, qu’il ne me revienne pas aussi parfaitement lui-même. Un souvenir en moins, c’était déjà lui ôter bien trop. Mais, qui disait Junior et Erin dans leur intégrité, signifiait cette danse éternelle dont les pauses n’étaient jamais des fins, aussi violents soient les interludes et les changements de rythmes. Je ne sais pas si nous nous y attendions, mais toute surprise était absente lorsque la bascule s’opéra.

J’étais là, mieux que nulle part ailleurs, et la seconde qui suivait je quittais ce banc comme brûlée par le contact de mon meilleur ami. Son reproche glacial me cueille en plein ventre et je le toise, bras croisés, mon mécontentement peint sur mon visage, mon orgueil faisant flamber mes prunelles. Que lui laisse entendre qu’il me pensait capable de souhaiter qu’il rampe à mes pieds me blessait bien plus que de raison. C’était amer, c’était décevant. Que l’autre garce sans nom m’insulte et ose prétendre que je considérais Junior comme un vague larbin n’était rien d’autre que la preuve de son pathétisme et son manque flagrant d’éducation et de discernement. Que mon meilleur ami en personne prétende la même chose, cependant, était bien différent. Jetant cette insulte comme un camouflet brutal. Loin de réveiller ma colère et me pousser à défendre son honneur, ainsi que toute la valeur des sentiments que je lui dédiais, je me fends de mots suintants d’une peine sarcastique. Il se contente de hausser les épaules, comme ça ne lui semblait pas particulièrement improbable et un sifflement m’échappe, méprisant et attristé tout à la fois.

Junior délaisse finalement sa nonchalance et se redresse. Tout semblait s’envenimer, tourbillon vicieux qui nous entraînait dans les fonds les plus sombres de notre amitié. Il me reprochait de n’avoir jamais répondu à son mot de bonne nuit, mais pour lui dire quoi ? Une lecture me dessinait l’aveu que notre baiser lui avait été agréable, la suivante qu’il n’était rien à ses yeux, pas même assez pour troubler ses songes. Je m’étais bercée de l’illusion qu’il viendrait s’enquérir de mon réveil, voire même qu’il ferait le premier pas afin de dessiner une bulle en ce dimanche ensoleillée. Rien n’était venu, et son silence m’enfonçait chaque heure un peu plus dans un mutisme vexé. Seule dans mon dortoir, à me remettre bien paresseusement des excès de la veille, le carnet noir désespérément terne, le tableau troublant de Junior passant peut-être son dimanche avec cette impure de la pire espèce avait effacé un peu plus encore toute possibilité que j’aborde un jour le sujet. Le lendemain, c’était comme si rien ne s’était jamais passé, me confortant dans ma deuxième lecture. Ce baiser échangé n’était rien, au mieux. Au pire, mon meilleur ami ne souhaitait faire preuve d’un peu de tact et ne pas ramener les réminiscences de cette dispute qui s’était éternisée dans le temps la dernière fois que nous avions évoqué le sujet. Cette distance instaurée entre nous, la preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que ça n’avait été qu’une grossière erreur. Le plus outrageant, dans cette histoire, c’était que mon orgueil n’était pas le plus blessé de tous. Mais autre chose, un interdit qui m’avait paru bien tendre alors que ses lèvres s’emparaient des miennes. Qu’il me semblait aujourd’hui essentiel de taire pour ne pas m’affliger encore plus.

Avec toute la cruauté qui le caractérisait bien souvent, jamais en ce qui me concernait néanmoins, il soutient qu’il préfèrerait finalement effacer ce souvenir de sa mémoire. Me laissant mortifiée. Cette horreur me touchait bien plus qu’elle n’aurait dû. Parce que Finnbjörn avait déjà oublié une vie entière, dont je faisais partie intégrante, et que ce souhait formulé d’oublier quoi que ce soit nous liant revêtait un sens bien particulier. Surtout cette soirée en particulier, cette soirée que j’étais parfaitement incapable d’ôter de mon esprit, cette soirée qui surgissait au détour d’un cours particulièrement ennuyant, quand les lignes de mes révisions dansaient devant mes yeux, avant de m’endormir le soir, et à bien d’autres instants fugaces encore.

Va débiter tes méchancetés à quelqu’un d’autrrre. Je crrrois t’avoirrr suffisamment rrrépété à quel point tout éloignement entrrre nous me pesait. Je ne t’ai jamais demandé de rrramper à mes pieds, ce n’est cerrrtainement pas pourrr m’y abaisser. S’il avait besoin de supplications pour voir l’évidence qui se dessinait pourtant sous ses yeux, il pouvait courir. Bien évidemment que j’en avais quelque chose à faire ! À l’instar des quinze jours rendus interminables par son ignorance, ces derniers temps étaient passés dans une lenteur affolante. Il était pourtant le mieux placé pour savoir que ce qui ne m’intéressait pas traversait mon esprit sans y laisser la moindre trace. Je n’avais pas de temps à perdre en futilités. Si nous en étions là, c’était bien que cela me troublait, me hantait. Mon regard clair, ombragé par les nuages qui dansent sur mon front, ne le lâche pas alors qu’il se relève, quitte ce banc qui avait été notre quelques instants. Quelques pas en direction de Poudlard qui l’éloigne de moi et mes bras qui se croisent de nouveau sur ma poitrine, refus catégorique de le suivre.

Mes lèvres s’ouvrent dans un arrondi offusqué par le ton d’une insolence rare que mon meilleur ami me jetait à la figure avant un manque flagrant de considération. Je n’étais plus très sûre de l’attitude à adopter, entre irritation volcanique et rire nerveux qui menaçait de lui répondre, plus insultant encore que tout ce que je pourrais formuler. Je crois que j’étais trop sous le choc de son ton et de son attitude pour être capable de mes moqueries éternelles. Était-ce un bien ou un mal ? je n’en étais pas certaine. Cela lui laissa au moins le temps d’arriver au bout de sa tirade ce qui, assurément, était le premier point positif depuis que nous avions commencé à glisser sur cette pente boueuse. Mon ego frrragile ? répétai-je cependant en premier lieu, mon esprit focalisé sur les insultes nombreuses dont me gratifiait le pire meilleur ami que le monde ait jamais porté. Déjà il s’éloigne un peu plus, m’interpellant d’un langage familier qui sonnait, de nouveau, comme une injure. Non. Je n’irai nulle part. D’ailleurs, je me rasseyais sur ce banc, reportant mon regard sur cet étang disgracieux, le menton relevé dans une impertinence qui m’était propre, jambes repliées sous moi. Il fuyait, et moi, je refusais de fuir avec lui. S’il voulait rentrer, grand bien lui fasse. S’il voulait rentrer avec moi à ses côtés, il lui faudrait me tirer par les cheveux parce que je ne comptais pas bouger d’un millimètre. Volonté de fer à la hauteur du mécontentement qui m’agitait. Et s’il choisissait de m’abandonner dernière lui, cela aurait au moins le mérite d’être clair. Tu as l’habitude d’êtrrre en rrretarrrd, de toute façon. Moi aussi, je pouvais faire preuve d’une insolence brute. J’étais même bien plus douée à ce petit jeu là que lui. Sa silhouette ombrageant encore la lisière de ma vision, je jette quelques derniers mots, rebondissant sur ce qu’il ne m’avait pas laissé le temps de réagir, me préparant à me retrouver seule avec ma mauvaise humeur chagrine. Peut-êtrrre que si tu te fendais d’écrrrits moins sybillins, parrrce que tout le monde n’a pas choisi divination dans ses options, je parrrviendrrrais à lirrre plus aisément ce que tu essaies de dirrre. Je suis rrravie de savoirrr que j’embrrrasse mieux que cette harrrpie, mais tu bien loin de la vérrrité si tu penses que c’est tout ce qui m’imporrrte pestai-je, peu certaine qu’il m’écoute bien qu’il m’entende certainement. Je voulais juste savoirrr si ça n’était qu’un jeu idiot continuai-je sur le même ton, plus pour moi-même que pour lui qui avait disparu du coin de ma cornée, certainement sur son chemin pour Poudlard.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 1 Mai - 2:17



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Il ne fallut qu’un instant et des rires enthousiastes pour que se dessinent déjà les contours de nos futures vacances. C’était bien la première fois que nous nous lâcherions que si peu de temps, quelques semaines à peine contre deux interminables mois d’ordinaire. Et encore, j’avais bon espoir que le temps se réduise encore avec les jours que nous passerions à Londres. Enfant, ça n’avait que peu d’importance. Il était normal de rentrer profiter d’une famille que je ne voyais pas souvent, reprenant avec joie ma vie de huitième merveille du monde comme si je ne l’avais jamais quittée… mais en grandissant, les choses avaient doucement commencé à changer. L’été passait moins vite, j’attendais avec une impatience peu commune chez moi de pouvoir revoir mes amis. Je n’avais rien contre ma famille, j’appréciais sincèrement les cousinades sans fin qui permettaient de garder des liens corrects avec tout ceux auprès de qui j’avais passé mon année d’exil, mais j’aspirais clairement à autre chose et prenais plus de plaisir à raconter mes journées à Erin dans des lettres longues comme le bras qu’à les vivre réellement avec ceux qui étaient autour de moi. Cette année, il n’y aurait nul besoin de ça. C’était étrange d’imaginer pouvoir concilier les deux, presque plus encore de découvrir des terres inconnues qui tiraient un peu du fantasme tant je plaquais sur elles des accents chantants et des montagnes de neige, mais je n’avais jamais eu aussi hâte que l’été n’arrive. Même la perspective plausible que Reyes soit de la partie, après tout il aurait été étonnant que les Sørensen laissent ainsi leur mascotte derrière eux, ne parvenait pas à entacher la joie toute enfantine que tout ça pouvait bien m’inspirer. Je me fichais d’avoir à supporter son hideux faciès, elle n’arriverait pas à me faire bouder le plaisir de profiter de ces premières vacances partagées… Et puis, avec un peu de chance, Madame serait trop occupée à errer dans les jupons de cette pauvre Carla, dont l’arrivée inopinée dans le quatuor bancal que nous formions d’ordinaire me laissait un peu perplexe. Bienveillant mais surpris.

Je n’espèrrre pas. Mais forrrce est de constater que cela concorrrde. Quant à ce que sait Yaxley ou non, je n’en ai aucune idée, Finn ne m’a même pas tenue au courrrant de ce qu’il avait derrrièrrre la tête.

Il me semblait que ça n’était pas la première fois qu’il la tenait hors de ses affaires. Il n’y avait qu’à voir le silence qui régnait sur les entraînements plus ou moins efficaces qu’il faisait sur moi depuis des mois. Je ne savais pas si elle avait fini par l’apprendre ou qu’il s’était décidé à la mettre dans la confidence mais je n’avais eu vent de rien, ce qui me laissait supposer que ça n’était pas le cas. Je n’avais aucune envie de trahir le secret de mon ami, évidemment, mais j’étais persuadé qu’elle finirait tôt ou tard par le savoir… Et qu’elle n’apprécierait que très peu avoir été mise à l’écart de la sorte, ce que je serais bien incapable de lui reprocher…

Tu sembles bien étonné de découvrrrirrr que lui aussi a un coeurrr.
Mais non, me défendis-je en riant, je suis juste étonné de voir qu’il bat pour tout ce qui passe ! Je le pensais plus raisonnable, voilà tout.

Et peut-être vaguement moins humain… C’était sûrement méchant, dit ainsi, mais j’avais bien du mal à me défaire des images froides et détachées qu’il m’avait offertes cette année. Il me paraissait parfois tellement en décalage avec la réalité que de voir qu’il était capable de s’enticher d’une fille au point d’envisager n’importe quoi pour attirer son attention, ou quelque chose comme ça, me surprenait un peu. Dans le meilleur des sens possibles, évidemment ! Sous ses airs au sérieux implacable, c’était finalement un adolescent comme les autres, soumis aux mêmes règles troublantes que nous tous. Et cela me paraissait infiniment rassurant. Et ce fut sans nulle doute la dernière chose rassurante qui m’apparut sur ce banc… La suite sonna comme le glas de nos tendres retrouvailles. Quelques mots à peine et tout partit en vrille, s’envenimant en un temps records. Est-ce que cela nous pendait nez…? Dans le fond, sûrement un peu. C’était la logique de toutes nos entrevues, des moments incroyables et une dispute à la hauteur de ce que nous avions vécu… Erin s’éloigna d’un bond comme un diable quittant sa boîte et, même si je ne la regardais pas, je n’avais aucun mal à imaginer son regard courroucé et sa mine assortie. Pourtant, il n’y avait rien que je voulais moins que cette dispute… Pas maintenant, pas pour ça… J’étais prêt à aller dans son sens et à reconnaître que ça n’était qu’un jeu idiot si elle admettait au moins que ça n’avait pas été très correct de faire ainsi comme s’il ne s’était rien passé. Qu’elle avoue juste que nous aurions pu en parler au lieu de feindre la normalité avec aussi peu d’exactitude que nous l’avions fait… Du reste, je n’attendais strictement rien. Nous étions amis, nous l’avions toujours été, et je ne doutais pas que nous le resterions. Ça n’était pas un baiser malvenu qui changerait ça. Je n’en parlerais pas, je voulais bien essayer de ne même plus y penser s’il n’y avait que ça pour la rassurer, et nous n’avions qu’à jurer qu’on ne recommencerait jamais. Deux tentatives pour deux échecs, le constat sans appel devrait pouvoir nous aider à rester dans le droit chemin… Honnêtement, je n’étais plus à une promesse près si j’avais à la clé la certitude que notre amitié ne se détériorerait pas davantage… Mais, au lieu de ça, son indifférence m’arracha plus d’une horreur blessée. Nous retombions sans mal dans nos travers, suivant les mêmes schémas lamentables que les dernières fois… Nous nous enflammions, balançant des mots cruels dans le seul but de rendre les coups sans jamais rien en penser… Ou, du moins, je n’en pensais rien… Il était évident que je n’avais jamais eu envie d’oublier quoi que ce soit… pas plus cette soirée que le reste… Et tout cet après-midi n’en était que la plus criante des preuves ! J’espérais juste qu’elle se sentirait aussi mal que moi… Et de voir que c’était le cas me fit me sentir plus mal encore. Tout ça pour un baiser stupide… C’était toujours un détail sans importance… Un petit-ami imaginaire… un divertissement trop présent… l’ombre d’une compagnie qui n’existait pas… On avait toujours su trouver… Et sûrement que si j’avais fait plus attention, je nous aurais évité tout ça, parce que lorsqu’on y repense, il y avait peut-être quelques signes assez clairs… Mais non.

Va débiter tes méchancetés à quelqu’un d’autrrre. Je crrrois t’avoirrr suffisamment rrrépété à quel point tout éloignement entrrre nous me pesait. Je ne t’ai jamais demandé de rrramper à mes pieds, ce n’est cerrrtainement pas pourrr m’y abaisser.

Je n’avais jamais demandé qu’elle le fasse, seulement qu’elle arrête de prendre à la légère quelque chose qui avait de l’importance à mes yeux. Je n’espérais même pas qu’on puisse être d’accord, qu’on voie les choses de la même manière, non, juste qu’elle se défasse un instant de cette indifférence blessante. Mais je n’avais même plus le courage de lui expliquer. Elle trouverait sûrement le moyen de monter sur ses grands chevaux et de se poser en victime. Je ne faisais pas d’efforts pour la comprendre, je ne comprenais d’ailleurs bien que ce que je voulais et je ne savais plus quelles débilités elle avait bien pu me sortir encore… J’en avais assez. Je finis par quitter notre banc non sans un regret et esquissai quelques pas en direction du château. L’heure tournait et pour une fois j’étais ravi d’avoir à retrouver le calme de la bibliothèque. Mon devoir d’astronomie m’attendait toujours et sa compagnie ne pouvait pas être plus mauvaise que celle de ma meilleure amie…

Mon ego frrragile ?

Je me contentai de hausser les épaules. Oui, son ego fragile. Elle semblait n’avoir que ça en tête, le protéger de tous les dommages qu’un monstre comme moi pouvait lui faire subir en osant proférer quelques taquineries douteuses. Il fallait le brosser dans le sens du poil et encore, même ainsi, ça ne semblait pas assez pour la satisfaire. Il ne fallait pas en dire du mal mais pas en dire du bien non plus… Je ne comprenais même pas pourquoi elle m’avait posé la question si ça n’était pas pour en vouloir une réponse. Parfois, cette fille était d’une complexité telle que j’avais l’impression de ne pas la connaître. Son raisonnement m’était bien trop obscur pour espérer y discerner quoi que ce soit et je ne pouvais que constater immanquablement tous les dégâts causés sans le vouloir vraiment. Sans un regard en arrière, je l’enjoignis à se mettre en route également. Je n’avais aucune envie de l’abandonner derrière moi mais il n’y avait plus grand chose à tirer de cette conversation. Autant y mettre fin dès maintenant et reprendre le cours normal de la relation publique que nous entretenions ces derniers jours.

Non.

J’eus tout juste le temps de me retourner pour la voir se rasseoir royalement sur le banc. Honnêtement, et quand bien même elle était agaçante, son attitude me donna envie de sourire. Je parvins néanmoins à me retenir. Elle donnait l’impression d’avoir cinq ans et de faire un caprice. Madame ne voulait pas aller l’école. Un peu plus et elle taperait des pieds en hurlant qu’elle n’irait plus jamais.

Tu as l’habitude d’êtrrre en rrretarrrd, de toute façon.
Mais pas d’être enfermé dehors alors arrête tes enfantillages, répliquai-je d’un ton paternaliste à la hauteur de ses gamineries.

Mais sans surprise, elle ne bougea pas d’un pouce, recroquevillée à moitié sur son siège, bien décidée à nous faire perdre tout le temps du monde. Il aurait été bien plus simple de seulement continuer mon chemin. Après tout, elle était grande, elle pouvait très bien rentrer sans moi. Mais le coeur n’y était pas. Elle avait beau être insupportable, je n’en oubliais pas pour autant tout le reste de cette journée, son soutien sans faille, nos rires complices, la simplicité de notre rapprochement… Je n’avais aucune envie qu’elle pense que ça ne comptait pas et que j’étais capable de partir sans me retourner malgré tout ça. Ça n’était pas le cas. Je n’étais pas aussi ingrat, quoi qu’on puisse en penser parfois…

Peut-êtrrre que si tu te fendais d’écrrrits moins sybillins, parrrce que tout le monde n’a pas choisi divination dans ses options, je parrrviendrrrais à lirrre plus aisément ce que tu essaies de dirrre. Je suis rrravie de savoirrr que j’embrrrasse mieux que cette harrrpie, mais tu bien loin de la vérrrité si tu penses que c’est tout ce qui m’imporrrte.

Un soupir bruyant m’échappa alors qu’elle se plaignait encore. Il fallait qu’elle arrête. Si mon mot n’avait pas été clair, elle aurait pu se contenter de demander une explication, je ne la lui aurais pas refusée ! C’était trop simple de me remettre la faute sur le dos après des jours d’un silence parfait sur la question !

Tu me fatigues, Erin.

Pourtant, je revins péniblement sur mes pas, passant de l’autre côté du banc. Je ne savais pas ce que j’avais fait, dans cette vie ou dans une autre, pour mériter une telle amie mais j’en payais lourdement les conséquences aujourd’hui… Rien n’était jamais simple avec elle. Je ne me souvenais même pas que ça soit arrivé un jour. Juste une discussion calme pour s’expliquer… C’était toujours violent, et on en ressortait ensemble mais meurtris.

Je voulais juste savoirrr si ça n’était qu’un jeu idiot.

Je m’arrêtai derrière elle et laissai mes mains retomber doucement sur ses épaules. Je repoussai tendrement quelques mèches qui s’y attardaient et secouai la tête non sans une certaine lassitude.

Ce n’est pas humain d’être aussi agaçante, soufflai-je alors que mes doigts jouaient le long des coutures de sa veste, je ne vois pas ce qu’il y avait d’incompréhensible dans ce que je t’ai écrit. Tu m’as dit que tu espérais qu’un baiser raté ne m’apporterait pas de mauvais rêve, ou je ne sais plus quoi exactement, et je t’ai répondu que tu pouvais être rassurée parce que je n’en connaitrais aucun. J’ai rien fait de plus que de répondre à ta question. Si tu veux des réponses que ton pauvre neurone est en mesure de comprendre, pense à faire des questions digne de ce nom.

Ma voix n’avait pas grand chose de méchant, pas même de moqueur… J’avais juste envie que ça s’arrête, je crois. Cette énième dispute, couplée à tout le reste de cette interminable journée, m’avait épuisé. Je voulais rentrer et passer à autre chose, n’importe quoi. Et s’il fallait pour ça lui donner ce qu’elle voulait, je voulais bien m’y plier.

Et pour répondre à ta question : oui, c’était un jeu idiot. Et je pense qu’on aurait dû s’en abstenir… Mais j’ai toujours aimé jouer à des jeux idiots avec toi et j’ai aucun regret concernant celui-là. J’espérais juste que tu ne le regretterais pas non plus. Mais il faut croire que c'est raté… tant pis.

Mes mains exercèrent une légère pression sur elle avant de frôler son dos pour se poser juste derrière, sur le dossier du banc qu’elle occupait toujours.

Maintenant est-ce que tu peux te lever et faire bouger tes petites jambes jusqu’à l’école ? On va vraiment finir par être en retard et je n’ai aucune envie d’avoir à te porter pour nous éviter ça. S'il te plaît...
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 1 Mai - 14:49

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Nos rôles et positions s’échangent, nouveau contretemps dans cette danse qui semblait éternelle. Junior debout, notre refuge éphémère abandonné, prêt à le délaisser définitivement pour retourner au château ; et moi, qui venait de m’y rasseoir, bras croisés, jambes repliées, regard obstinément braqué sur l’étang. Nul besoin de maîtriser les arts divinatoires pour être capable de prédire la suite. Notre cadence était limpide pour nous qui la pratiquions depuis toujours ; bien qu’il faille lui reconnaître un rythme inédit depuis ce début d’année. Des mois après, l’originalité n’avait cependant plus rien de révolutionnaire et la suite se dessinait sans mal. Mon meilleur voulait fuir, mettre fin à cette dispute, préférant l’enterrer sous les non-dits et l’indifférence lasse qui était sienne, alors que je me révoltais toute entière pour en tirer quelque chose, un rien, me refusant à la laisser s’étioler dans la fin d’après-midi. Je n’étais pas de ceux qui fuient les conflits. Je creusais et me battais jusqu’à remporter quelque chose, n’importe quoi donnant un peu de sens à ce qui n’en avait pas. Il suffirait pourtant de quelques mots suppliants de sa part pour que je me plie à ses prières. C’était exaspérant. Parce que je détestais la confusion de l’incertitude. Un questionnement appelait une réponse, c’était aussi simple que cela. Junior l’avait soufflé, j’avais une réputation aussi inflexible que mon caractère. Sauf avec lui. J’étais peut-être celle des deux qui entraînait l’autre dans toutes les incartades possibles et inimaginables, et il s’offusquait bien souvent de ma propension à n’en faire qu’à ma tête. Il n’empêche qu’il parvenait incroyablement bien à me faire plier dans ce genre de situation. En temps normal, du moins. Butée, je l’étais. Décidée à ne pas bouger, également. S’il voulait tant que cela rentrer, qu’il m’abandonne derrière lui. J’obtiendrai au moins quelque chose de plus clair que cet échange virulent mais flou sur bien des aspects.

Alors j’observe un silence obstiné, m’enfonçant un peu plus dans mes enfantillages. La silhouette vague de mon meilleur ami s’efface de ma vision sans que je ne cherche à la rattraper. L’assurance qu’il était parti, lassé par l’idée de me faire changer d’avis et de parcourir en sens inverse le chemin que nous avions fait à deux quelques heures plus tôt, m’arrache une moue amère et un élan brûlant de fierté blessée qui dessinait déjà les nombreuses marques d’indifférence dont je le gratifierai dès lors. Une seconde à peine, du moins, jusqu’à ce son ton fatigué laisse tomber les preuves de son ennui. Ses doigts qui chatouillent mes épaules et se perdent dans quelques mèches brunes m’indiquent sa présence de la plus douce des manières et chassent quelques nuages qui ombrageaient mes pensées. En ramènent d’autres, cependant. Est-ce qu’il était préférable d’abandonner ? De baisser les bras, rentrer immédiatement et laisser derrière nous les restes épars d’une conversation qui n’avait mené à rien ? Je n’en avais pas envie.

Je me perds un peu dans ses caresses, un peu dans ses paroles aussi, un peu dans mes pensées enfin. Je le trouvais d’une mauvaise foi sans nom. Il était doué pour faire siennes les reproches que je lui adressais et me laisser seule responsable d’une situation que nous tissions pourtant à quatre mains. C’était comme lorsque je l’avais retrouvé dans la salle de bain des préfets. L’indifférence insultante qu’il m’avait lancée au visage parce que j’avais eu l’aplomb de me rendre à cette soirée organisée par l’école alors que lui-même avait refusé mon invitation. Les blâmes concernant mes quelques fréquentations divertissantes qui n’étaient ni lui, ni ma meilleure amie, ni mon jumeau adoré. Et maintenant l’observation critique que j’avais conservé un silence que jamais lui n’avait cherché à briser. Evidemment, je pouvais consentir à reconnaître quelques uns de mes torts. Je n’avais rien répondu à son mot. Mais c’était lui avait embrassé Vicenzo sans broncher pendant la soirée ! Parce que je ne me faisais guère d’illusions : si le goulot de cette bouteille de malheur avait pointé sur Misha ou si j’avais accepté d’embrasser ce bouffon de Carter, mon meilleur ami serait devenu un fantôme dont l’unique consistance serait un fiel méprisant. Dans tout ça, je n’avais que l’outrage de souhaiter l’assurance que ça avait été différent pour lui. Pas mieux, pas pire. Différent. Qu’il ne plaçait ce qui m’avait complètement étourdie sur le même plan que le bref baiser échangé avec cette harpie.

La nouvelle insulte formulée presque poliment à mon égard me fait froncer les sourcils. Il voulait des questions claires et bêtement énoncées ? Des interrogations qui ne laisseraient pas de place à une interprétation quelconque ? Mon orgueil échauffé par ses piques à répétition pouvait lui en fournir, en quantité. Encore fallait-il qu’il soit prêt à me fournir des réponses aussi claires. Mais déjà il efface cet élan irrité en se montrant d’une simplicité que nous ne connaissions que dans les moments les plus paisibles de nos tête-à-têtes. Il ne pouvait pas voir mon visage, simplement mes épaules qui restèrent droites et fermes alors que mes traits se fendaient d’un air mécontent. Parce que je n’étais pas d’accord avec ce qu’il disait. À aucun moment je n’avais eu envie de m’en abstenir. C’était là tout le problème, flou et confus, de ce jeu idiot qui avait des accents de bien plus. La limpidité de ses propos disparaît néanmoins bien vite sous la suite. Je n’étais pas sûre de comprendre, ni même de le vouloir vraiment. Est-ce que c’était un jeu idiot ou est-ce qu’il avait apprécié le moment autant que moi ? Est-ce que les deux étaient seulement compatibles ?

Doucement, mes doigts partent à la recherche de sa main qui vient de délaisser le ballet tendre qui se jouait sur mes épaules. Je pivote légèrement, juste assez pour porter mon regard clair sur la montre qui orne son poignet. Combien de temps nous restait-il avant des remontrances certaines ? En marchant rapidement, il n’en fallait pas autant que nous en avions à disposition pour rejoindre le château. Alors je secoue doucement la tête, marquant une nouvelle fois mon refus entêté de bouger. Il pouvait toujours essayer de me porter, je n’étais pas certaine que ce serait concluant. Je te rrretourrrne le compliment, tu es épuisant fais-je avant de reporter mon regard sur l’étang qui n’avait absolument rien d’intéressant mais avec le mérite de me permettre de perdre efficacement mon attention entre les lignes ondulantes de sa surface.

Si je suis agaçante, tu es d’une mauvaise foi tout aussi inhumaine. Je veux bien rrreconnaîtrrre que je suis celle qui n’a pas rrrépondu à ton mot, admis-je avec un petit haussement d’épaule, mon ton délesté de toute moquerie ou de toute suffisance. mais tu avoues toi-même que tu me disais juste que tu ne ferrrai aucun mauvais rrrêve. Dis-moi ce que j’étais censée rrrépondrrre à cela, mon pauvrrre neurrrone a du mal à saisirrr repris-je avec une verve blessée renouvelée. Mon calme ne pouvait jamais durer bien longtemps dès lors que je me mettais à lui exposer ce qui m’avait touchée et que je répondais à ses propos cruels. N’oublie pas de fairrre simple fais-je avant qu’il ne puisse me répondre quoi que ce soit, éclair fugace sarcastique qui vient rappeler ses insultes précédentes. Et d’inverrrser les rrrôles, ne serrrait-ce qu’une seconde. Si j’avais embrrrassé Carrrterrr, ou pirrre, Misha, ose me dirrre que tu n’aurrrais pas été celui de nous deux qui aurrrait attendu que l’autrrre rompe le silence ? Je lève un court instant mon regard cristallin par-dessus mon épaule, plongeant mes certitudes dans celui de Junior. Avant de revenir à cet étang. Non, en fait, tu n’as pas besoin de rrrépondrrre. Je secoue la tête, mes cheveux balayant mon dos. J’étais certaine qu’il se serait montré des plus distants si mes lèvres s’étaient posées sur l’un ou l’autre de mes camarades de maison. N’était-ce pas exactement ce qu’il avait adopté comme attitude alors que je m’étais simplement rendue à une soirée en compagnie de Bradford, quand lui-même avait délibérément choisi de m’abandonner pour ces quelques heures ? De toute façon, la situation n’était pas inversée. C’était lui qui avait embrassé cette harpie et qui me tenait désormais rigueur d’avoir fait comme si de rien n’était, suivant un mouvement qu’il avait initié sans mal.

C’était idiot de rester ici, assise, à perdre mon temps à tenter de démêler des fils qui n’en faisaient qu’à leur tête. Quoi que nous nous efforçions de dire, les mots tombaient à côté. Pourtant je m’acharnais dans cette tentative de ne pas sortir quelque chose de viable de cette tension qui avait remplacé la tendresse de notre goûter. Un rire sarcastique se rappela à mon bon souvenir, accompagné du visage sceptique de Finnbjörn au moment où je lui avais négligemment jeté à la figure que rien n’avait changé avec Junior. Ne t’es-tu pas demandée si tu n’avais pas toi-même changé, Errrin ? Un souffle agacé m’échappe et je me tortille, me redresse, mes pieds retrouvant le sol, mes doigts serrés autour de l’assise du banc. J’étais bien égale à moi-même, n’est-ce pas ? Me battre pour ce à quoi je tenais. Qu’était-ce, exactement ? Parce qu’il aurait été sûrement plus sécurisant pour notre amitié de laisser cette conversation sombrer dans l’oubli. J’avais abandonné cette option en m’entêtant. Alors quitte à se trouver là, autant aller jusqu’au bout. Tu sais, je ne suis pas Légilimens, si tu me demandes de fairrre des questions dignes de ce nom, perrrmets-moi de te demander d’exprrrimer tes espoirrrs à voix haute. Jusqu’à prrreuve du contrrrairrre, je ne lis pas dans tes pensées. Quant à mes rrregrrrets… Tu veux savoirrr ce que je rrregrrrette ? lâchai-je en me relevant, me tournant pour lui faire face, un banc nous séparant, un monde entier me semblait-il. De t’avoirrr vu embrrrasser Vicenzo, d’avoir offerrrt notre baiser au rrregarrrd des autrrres, beaucoup de choses, en rrréalité. Je crois que j’étais repartie dans le tourbillon incessant de ces questionnements et pensées éparses qui était né de cette soirée. Un tourbillon au coeur d’un brouillard épais que je savais, au fond, ne pas être celui de l’alcool. Il semblait donc normal que tout cela ne fasse pas sens et je prévoyais peut-être que Junior n’en accorderait aucun, comme il avait l’art de le faire. Peut-êtrrre même le fait que ce ne soit qu’un jeu idiot. Mais pas ce baiser. Je hausse de nouveau les épaules, un peu plus légère de cet aveu dont je venais de me délester, un peu appesantie de cette impression que Finnbjörn avait bien trop raison à mon sujet. Et qu’il n’était peut-être pas le seul, le rappel désagréable d’un échange houleux avec la pire garce de cette école revenant hanter la lisière de mon esprit. Qu’importe. J’avais tenu à ne pas laisser cette conversation mourir dans des reproches réciproques, j’en avais ajoutées à la liste, mais au moins n’étais-je plus frustrée par mes silences. Maintenant nous pouvons y aller. Et, drapée de suffisance, j’amorce finalement à mon tour quelques pas pour rejoindre le chemin qui serpentait jusqu’en direction de Poudlard. Ce n’était pas une mauvaise idée de rentrer et d’éviter que mes grand-parents reçoivent la nouvelle d’un énième écart de ma part, si peu de temps après celui qui nous avait conduits ici aujourd’hui, et dont les implications semblaient bien pauvres comparées à ce que notre échange était devenu.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 1 Mai - 18:04



or you're just nervous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Le retour jusqu’à ce banc ressemblait à s’y méprendre à notre vie ces derniers temps. Un éternel recommencement, sans que rien ne change jamais… On se déchirait aussi souvent qu’on se retrouvait, on adorait notre amitié autant qu’on la détruisait. Le rythme devenait habituel, lassant, on s’attendait à tout sans plus espérer grand chose. Du moins, je n’espérais plus rien… Il y avait un côté presque miraculeux à pouvoir reconstruire sur nos ruines tant les fondations se faisaient branlantes au fil du temps. Dans le fond, peut-être que ma mère avait raison… Jamais je ne me serais abaissé à le penser rien qu’une seconde avant que ces mois passés n’apportent avec eux plus d’incertitudes que je n’en avais jamais eu nous concernant. Je n’avais aucune envie de la perdre, jamais, mais ces batailles incessantes risquaient de venir à bout de toute patience. Si encore nous pouvions espérer quelques instants de répit ! Un vrai répit, pas quelques jours ombragés par tout ce que la vie dressait entre nous… Qu’il me manquait, ce passé partagé où tout était simplement enfantin ! Des piques viles et moqueuses effacées par un sourire évident ou quelques mots plein d’entrain… Nous avions toujours eu cette danse étrange, faite de tendresse et de méchanceté mais jamais ça n’avait pris de telles proportions, ni dans un sens ni dans l’autre… Jamais le fossé n’avait été aussi profondément creusé, de plus en plus infranchissable, pris dans un silence que nous ne connaissions que bien peu et des non-dits qui nous avaient jusque là échappés… Mes mains s’abandonnèrent sur ses épaules, retenant péniblement les doux restes de cet après-midi brisé. Erin ne chercha pas à s’y soustraire, m’offrant le timide plaisir d’en profiter un peu. Avec n’importe qui d’autres, j’aurais mis les voiles… Oh, depuis bien longtemps sûrement. Mais elle n’était pas quelqu’un d’autre et la seule idée de rentrer au château sans elle me paraissait inconcevable. J’étais certain que ç’aurait été mettre fin à ce qui nous liait vraiment sans parvenir pour autant à mettre des mots sur cette sensation vague et angoissante. Je n’avais pas envie de passer le reste de ma vie (de ma scolarité tout du moins) à faire semblant que tout allait bien, à feindre une entente parfaite autour d’une table de bibliothèque ou au sein de quelque conversation de groupe. Je tenais à nos heures d’errance ici ou là, à la chaleur de son corps tout près du mien, à ses rires qui me plongeaient presque à chaque fois dans la plénitude d’un bonheur partagé… Tout ce qui nous avait finalement échappé depuis cette maudite soirée… Ses doigts arrêtèrent le départ de ma main, s’enroulant doucement autour de mon poignet. Je la laissai faire sans broncher. Mon regard glissa doucement sur son visage alors que son regard se perdait entre les aiguilles de ma montre. Je ne savais pas où l’on allait. Je n’étais même pas sûr d’avoir envie de l’accompagner sur cette route inquiétante. Tout ce que nous y trouverions, c’était de nouvelles disputes, de nouveaux reproches, un éloignement certain peut-être aussi pourtant il n’y avait rien que je pouvais vouloir moins que cela.

Je te rrretourrrne le compliment, tu es épuisant.

Il faut bien dire que je travaillais dur pour être à la hauteur de ma meilleure amie. De ma vie je n’avais jamais rencontré quiconque d’aussi insupportable et difficile à suivre… Pourtant, je savais très bien que je n’en aurais rien changé. Je l’aimais aussi épuisante qu’elle pouvait être et m’étais toujours accommodé avec un plaisir râleur à ses défauts qui n’en étaient pas toujours. Son attention se perdit dans l’étang, la mienne ne la lâchait pas. J’attendais sans savoir véritablement quoi… Qu’elle daigne bien vouloir rentrer ? Peut-être… Je n’en savais trop rien. Qu’elle accepte de tirer un trait sur cette discussion, plus probablement. Il n’y avait pas grand chose à en tirer, de toute façon. On resterait bêtement campés sur nos positions jusqu’à ce que l’un finisse par céder sans en penser un mot. Je n’avais pas envie de lutter sur ce terrain-là, je le savais bien trop glissant. Si on pouvait faire fi d’un désaccord sur un silence, qu’importe qu’il soit lourd de sens, je craignais que nous ne puissions pas en faire de même si nous creusions davantage. Je voyais d’ici la tension gênée qui s’étirerait entre nous si elle réalisait que ce jeu des plus idiots me laissait rêvasser des heures durant de ce baiser malvenu, allumant dans un silence coupable l’espoir de recommencer. Ça n’était pas nous, ça. Nous ne nous étions jamais laissé aller au moindre questionnement de cet ordre, tout nous avait toujours semblé d’un naturel évident, qu’il s’agisse d’une caresse tendre ou d’une nuit passée ensemble. Je ne voulais pas que l’on perde ça seulement parce que j’étais plus troublé par cet échange que je ne l’aurais jamais dû.

Si je suis agaçante, tu es d’une mauvaise foi tout aussi inhumaine. Je veux bien rrreconnaîtrrre que je suis celle qui n’a pas rrrépondu à ton mot…

Je voyais d’ici les reproches approcher… Je ne savais pas en quoi ils consisteraient, sûrement qu’elle me renverrait à la figure tout ce que j’avais peu avoir le malheur de proférer aujourd’hui, le silence que je n’avais pas brisé ou mes jalousies passées… Elle trouverait sûrement. Je ne m’étais jamais vanté d’être un ange, avec elle sûrement moins encore qu’avec les autres, il y avait bien des travers à ressortir pour l’occasion…

…mais tu avoues toi-même que tu me disais juste que tu ne ferrrai aucun mauvais rrrêve. Dis-moi ce que j’étais censée rrrépondrrre à cela, mon pauvrrre neurrrone a du mal à saisirrr.

Non ! Je ne disais pas juste ça ! Enfin… si… mais je supposais qu’elle parviendrait à y lire tout autre chose… Je me fichais de l’état de ma nuit, c’était évident, je lui disais simplement qu’il n’y avait eu aucun baiser raté susceptible de déclencher quelque cauchemar ! Je voulais juste qu’elle sache que l’avis idiot que j’avais lâché un certain soir d’hiver n’avait plus aucune légitimité et qu’elle ne devait en garder aucun souvenir… J’avais juste espéré la rassurer sur mon ressenti… exactement comme elle l’avait demandé… Mais de là à savoir ce qu’elle aurait dû y répondre… Même si elle était incapable de me voir, je haussai machinalement les épaules. Je n’y avais pas réfléchi… D’un côté, j’espérais qu’elle laisserait entendre qu’elle avait apprécié autant que moi, qu’elle sous-entendrait que cela vaudrait la peine de recommencer… Mais d’un autre, je m’étais attendu à ce qu’elle me fasse savoir que cela ne voulait rien dire et qu’il n’avait été question que de nous plier aux règles de ce jeu stupide… Il était évident que ça ne voulait rien dire… Pourtant, rien que d’y penser, mon coeur parut s’enflammer.

N’oublie pas de fairrre simple, reprit-elle sans me laisser le temps de répondre quoi que ce soit, et d’inverrrser les rrrôles, ne serrrait-ce qu’une seconde. Si j’avais embrrrassé Carrrterrr, ou pirrre, Misha, ose me dirrre que tu n’aurrrais pas été celui de nous deux qui aurrrait attendu que l’autrrre rompe le silence ?

Elle avait sûrement raison, dans le fond… Encore que je ne doutais pas un seul instant que j’aurais mis tout en oeuvre pour lui faire savoir mon mécontentement. Jamais je ne serais parvenu à feindre l’indifférence à ce point alors qu’il n’y aurait rien eu au monde que j’aurais souhaité davantage que faire regretter à quelque maraud d’avoir osé s’en approcher. J’étais prêt à partager ma vie entière quand bien même il m’en coûterait mais je refusais d’avoir à en faire de même avec elle… Une lueur fautive et désolée répondit à ces yeux clairs qui se plantèrent un instant dans les miens.

Non, en fait, tu n’as pas besoin de rrrépondrrre.

Son attention m’abandonna à nouveau, me plongeant dans une tristesse un peu floue. Est-ce qu’elle m’en voulait réellement ? Ça n’était pas impossible… Mais je peinais un peu à voir pour quoi… Était-elle en train de me reprocher d’avoir embrassé ma coéquipière ? Ou alors de ne pas m’être exprimé assez clairement pour me faire comprendre ? Je n’en savais trop rien… Les deux, peut-être… Mais ça n’avait pas grand sens. Elle avait bien embrassé son attrapeuse, non ? Personne n’en faisait tout un plat… Ça n’avait, à mes yeux, guère plus d’importance. Je me fichais bien de Vicenzo, tout comme elle se fichait probablement de Jade… C’était le jeu, voilà tout, j’en aurais fait de même s’il avait été question de Carter, puisque c’était ainsi qu’il se nommait… Je ne pus d’ailleurs que constater la différence de traitement pour une situation très similaire… Il n’était pas question de « Carter » et « Bradford » ou de « Qu’importe son prénom » et « Misha »… Ce vaurien méritait qu’on l’appelle par son prénom comme pour bien appuyer le lien qui les unissait toujours… Je me rembrunis légèrement, comme s’il m’était encore possible de le faire. Puis, sans prévenir, elle s’agita, s’éloigna, se releva. Le regard que je posai brusquement sur elle se fit inquiet. Est-ce qu’elle partait ? C’était idiot, je n’attendais que ça, c’était même moi qui le lui avais demandé ! Mais je craignais qu’elle ne parte en me laissant derrière elle, mettant un terme brutal à cette discussion dont je ne voulais pas. …et probablement à bien d’autres choses encore…

Tu sais, je ne suis pas Légilimens, si tu me demandes de fairrre des questions dignes de ce nom, perrrmets-moi de te demander d’exprrrimer tes espoirrrs à voix haute. Jusqu’à prrreuve du contrrrairrre, je ne lis pas dans tes pensées. Quant à mes rrregrrrets… Tu veux savoirrr ce que je rrregrrrette ?

La gorge nouée, je hochai doucement la tête. Je me préparais au pire, je crois, mais je voulais savoir ce qu’elle pouvait bien regretter. Qu’il y ait au moins une chose claire à tirer de tout ça, qu’importe si cela devait être plus blessant encore que le reste. Je n’étais plus certain que nous soyons à ça près… Les doigts se crispèrent sur le bord du dossier alors que mon regard se faisait hésitant. J’étais prêt à l’écouter mais ne me sentais pas moins craintif pour autant…

De t’avoirrr vu embrrrasser Vicenzo, d’avoir offerrrt notre baiser au rrregarrrd des autrrres, beaucoup de choses, en rrréalité.

La surprise de ses premiers mots me laissa coi. Ainsi c’était donc vraiment ça qu’elle m’avait reproché précédemment ? D’avoir eu le malheur de poser mes lèvres sur celles d’une idiote sans intérêt…? Je n’avais jamais voulu la blesser et n’aurais sûrement jamais rien fait si j’avais supposé que ça puisse être le cas… J’ouvris la bouche, probablement pour lui présenter quelques excuses sans même savoir ce que j’allais bien pouvoir en dire, mais la refermai sans parvenir à lâcher le moindre son. Je m’en voulais, tout-à-coup. Ce qui n’avait été qu’un tour de jeu pathétique ressemblait aujourd’hui à une bêtise de la pire espèce… Erin profita de mon silence pour reprendre :

Peut-êtrrre même le fait que ce ne soit qu’un jeu idiot. Mais pas ce baiser.

Le trouble dans lequel elle me jeta alors me semblait infini. Elle ne le regrettait pas…? Je peinais à comprendre cette simple phrase tant elle allait à l’encontre de ces dernières semaines tout entières. Pourquoi elle avait fait comme si rien n’avait d’importance, alors…? Pourquoi elle n’avait rien laissé paraître ? Je la fixais sans vraiment la voir, me repassant sans le vouloir le film de ces quelques jours. Je n’avais rien vu venir, rien soupçonné… Elle avait l’air tellement indifférente, tellement soigneuse à l’idée de ne rien faire qui puisse tenir de notre intimité habituelle que… que je n’avais pas cherché plus loin. Pourquoi l’aurais-je fait, en même temps, tout se tenait parfaitement !

Maintenant nous pouvons y aller.

Son dos qui s’éloignait doucement me ramena brutalement à la réalité. J’esquissai un pas pour la suivre, étourdi par ses confidences, mais me résignai en voyant un groupe qui se pressait sur le chemin du retour. Je n’avais pas envie de nous y mêler. Pas tout de suite. Nous n’étions sûrement plus à une seconde, les conséquences d’un retard seraient sûrement les mêmes que nous dépassions les limites de cinq ou dix minutes…

Je le regrette aussi, finis-je par lâcher dans l’air rafraîchi de cette soirée balbutiante, assez fort pour qu’elle m’entende malgré les quelques pas qui nous séparaient déjà. Que ça se soit fait si publiquement… à cause d’un jeu pitoyable… ou qu’il n’y ait pas eu que toi.

Je n’avais pas fait cas de ce dernier point avant qu’elle ne laisse entendre que ça ne l’avait pas laissé de marbre. Les souvenirs de Vicenzo n’avaient jamais pu faire face à ceux qu’Erin avaient laissé juste après. Elle n’était qu’une forme vague dans une soirée qui ne comptait plus pour seul intérêt que l’alcool goûté aux lèvres de ma meilleure amie et la normalité édifiante qui en avait découlé. Prudemment, j’abandonnai le dossier du banc pour marcher dans les pas qu’elle avait fait avant moi.

Et… et je n’ai jamais juste dit que je ne ferais aucun mauvais rêve… seulement que notre baiser ne m’en aurait causé aucun… parce qu’il m’était agréable… vraiment agréable…

Toute assurance m’avait lâchement oublié, je me sentais comme un gamin qui tenterait vainement de jouer les grands et autant dire que ça ne me semblait pas particulièrement concluant… Pourtant, je ne cherchai pas à me défaire de cette impression pesante, pas même à l’alléger. Bien au contraire… Je remontai jusqu’à elle et l’arrêtai doucement une fois à sa hauteur. Rares étaient les fois où je me sentais gauche à ce point, d’un ridicule parfait peut-être aussi… Puis sans laisser mes hésitations m’envahir plus longtemps, j’effleurai sa bouche avec une douceur plus grande encore. Il n’y avait plus grand chose de l’échange timidement passionné de l’autre soir… Mes joues rosirent aussitôt avant que mon regard ne se fasse des plus fuyants. C’était un geste probablement stupide, sans nul doute irréfléchi… Il n’appelait néanmoins à aucune réponse… C’était peut-être quelque excuse pour ces jours insupportables, pour notre silence gênant et notre intimité malmenée…

Oui… Maintenant nous pouvons y aller.
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Message(#) Sujet: Re: [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) [terminé] you've got a nerve or you're just nervous (+ junior) EmptyVen 1 Mai - 20:10

you've got a nerve or you're just nervous
junior & erin


Son silence me laisse tout le loisir de dérouler les fils de mes pensées à voix haute. Je ressentais ce besoin de lui faire part de ce qui m’avait blessée, mêlé à celui de me montrer aussi grinçante que possible face à ses multiples attaques. La lassitude n’était pas loin pourtant, elle n’attendait que la fin de cette toile lourde de sens pour m’envelopper, comme une cape que l’on passe sur sa robe de sorcier au moment de rentrer, et me ramener gentiment à Poudlard. Ce n’était pas l’ennui d’être en compagnie de Junior, quand bien même nous nous déchirions comme nous le faisions présentement, je n’avais envie de rien de moins que de me séparer de sa présence. C’était plutôt celui de ne pas pouvoir profiter encore un peu plus de notre complicité naturelle qui était revenue tisser les contours de notre bulle apaisante avec une facilité qui m’avait manqué. Cela faisait des jours que nous nous tenions à un rythme d’une sagesse exemplaire - je crois que Finnbjörn lui-même devait se demander si je n’étais pas malade ou souffrante parce que je n’avais jamais passé autant de temps le nez dans un livre ouvert à étudier pour mes examens de fin d’année. Ou alors, il pensait que je me tenais à carreau pour ne pas exacerber le courroux de nos grands-parents. S’il savait… Et aujourd’hui, l’inquiétude née de l’incertitude qui planait sur ce rendez-vous avec mes aïeuls enfin effacée, ce goûter partagé, notre intimité retrouvée étaient comme autant de bouffée d’air frais. Jusqu’à ce que tout bascule, comme cela le faisait immanquablement. Pourtant, je ne tenais à rien de plus qu’à ces moments où nos rires nous tenaient à l’écart du reste du monde, où ses doigts boudeurs m’ôtaient toute possibilité de cesser mes caresses mais se fendaient aussi d’un juste retour. Et c’était bien contre ma volonté que ces nuages sombres venaient tout obscurcir. Si on m’avait laissé le choix, je choisirais à chaque fois le chemin qui n’était pas celui de ces disputes sans fin. Sauf qu’on ne me demandait jamais mon avis et que j’étais la première mécontente de me retrouver de nouveau face à la peine qui voilait les yeux clairs de mon meilleur ami entre deux reproches des plus hautaines, entre deux cruautés souriantes dont seul lui avait le secret.

Je termine avec la liste de mes regrets. Aucun ne le concernait, pas lui directement du moins. Pas nous, en tout cas, pas le moins du monde. Il trouverait probablement un nouveau moyen de tourner mes propos à son avantage et je serais incapable de lui en tenir rigueur maintenant que j’étais arrivée à ma conclusion. Une conclusion en point de suspension qui laissait une foule de questions sans aucune réponse. Notamment la plus importante d’entre toutes, à savoir pourquoi je souhaitais à ce point-là que notre baiser ne soit pas qu’un stupide jeu créé par une stupide soirée où s’étaient retrouvés de stupides abrutis ? Oui, ça avait été des festivités bien pitoyables, le seul souvenir valant le coup d’être remémorer, et ne se privant pas de le faire, étant celui des lèvres de Junior sur les miennes, et ce temps qui s’était dilaté et contracté en même temps, et cette sensation dans ma poitrine dont je parvenais encore à me rappeler la chaleur.

La voilà, la lassitude, qui déposait doucement son voile sur mes épaules alors que je tourne les talons, non sans me délester d’une dernière phrase impertinente. Mes pas m’emmènent loin de ce banc, très lentement cependant, attendant que Junior daigne me rejoindre. Parce qu’il était hors de question, malgré tout cela, ou à cause de tout cela peut-être, que je l’abandonne derrière moi. Il pourrait bien se moquer de ces confidences aux accents inconnus, je ne m’en mordais pas les doigts. Mais je pourrais toutefois lui dire d’aller voir ailleurs si j’y étais. Mes pensées muettes parcouraient toutes les possibilités, même les plus affreuses, sûrement pour que je m’y prépare avec un aplomb parfait et une insolence faite reine. Je penchais plutôt pour un silence de circonstance, ceci étant. Après tout, cela faisait bien dix minutes qu’il essayait de nous faire partir d’ici, je ne me doutais pas qu’il pourrait encore flirter avec nos limites. C’est pourtant sa voix qui me rattrape et non pas sa silhouette, me poussant à m’arrêter pour pivoter dans sa direction, sourcils haussés, comme pour le défier d’oser dire quoi que ce soit de trop, ou quoi que ce soit de pas assez, je ne savais plus très bien.

Nos regrets et émois partagés semblent retisser ce lien momentanément brisé par les blâmes successifs. Donc, nous étions d’accord ? Est-ce que nous venions réellement de nous dresser l’un contre l’autre alors que nous étions d’accord ? C’était si peu habituel que je restais muette quelques secondes, incertaine quant à la marche à suivre. Et maintenant ? Ce n’était en rien des promesses comme nous avions l’habitude d’en faire par dizaines et il n’y avait nulle étreinte en cours pour sceller ces paroles. C’était juste la révélation que nos incompréhensions ne tenaient finalement à rien, et à ça, je ne savais comment réagir. Ce n’était pas tous les matins que Junior d’Archambault me donnait raison après une altercation. Une demi-seconde, quelque chose ressemblant vaguement à un Bon ! alors pourquoi est-ce qu’on se querelle lâché sur un ton parfaitement querelleur me sembla être la réponse la plus appropriée, mais elle s’évanouit aussi rapidement qu’elle m’était apparue. Mon impulsivité naturelle se débattait dans des filets qu’elle ne connaissait pas, la coinçant entre ce qu’elle avait l’habitude de faire - se montrer d’une parfaite impertinence teintée de sarcasme - et une situation inédite. Me laissant finalement muette alors que Junior me rejoint enfin. Oui, ça m’avait été agréable aussi, bien plus que ça en réalité. C’était déstabilisant, ce mutisme qui s’était emparé de moi, me laissant bêtement face à mon meilleur ami sans savoir quoi répondre. Jamais personne n’avait réussi à me faire taire aussi efficacement. Je n’étais pas sûre d’apprécier cette sensation inconnue et cette gaucherie maladroite qui me paraissait transpirer de tout mon être.

Qu’aurais-je donc fait si Junior ne s’était pas doucement penché pendant que mon esprit divaguait ? Je n’en savais foutrement rien. Ce que j’étais en mesure d’assurer, néanmoins, c’est que j’avais la sensation délicieuse de retrouver le naturel évident de l’autre soir, là, au bout de ses lèvres. Un goût d’évidence qui ne laissait plus de place à l’incertitude de l’alcool. Si je me demandais quel rôle avait joué l’ivresse la première fois, c’était une question caduque aujourd’hui : ce n’était pas l’alcool, ce n’était pas un jeu idiot, ce n’était pas rien. Ce que c’était, malgré tout, restait un immense point d’interrogation qui faisait battre mon coeur un peu plus vite. Si je restais bêtement surprise et immobile la première seconde, j’accentuai cette douce sensation celle d’après. Si je me sentis bien démunie lorsque nos lèvres se séparèrent, je fus cependant soulagée que Junior détourne la tête, la chaleur que je sentais prendre possession de mon visage me laissant désagréablement supposer que ma pâleur s’était teintée d’un rose traître. Maintenant nous pouvons y aller. Ses mots m’arrachent un balbutiement de protestation. Il osait ? Il osait faire ça et puis nous laisser avec une nonchalance que je lui connaissais mais qui m’apparaissait effrontée. Le regard clair qu’il porta sur moi me rappela que je devais avoir l’air bien stupide, les joues rouges comme elles l’étaient certainement. Ceci dit, son teint était rehaussé également d’une touche écarlate. À quoi est-ce que nous ressemblions, tous les deux, penauds et rougissants ? Et où était-elle passée, ma superbe faculté de me montrer volcanique et impertinente en toute circonstance ? Je devais l’avoir perdue entre notre dispute et notre baiser, elle se faisait sacrément muette quoiqu’il en soit.

Un sourire incertain mais d’une tendresse absolue se joua de mes lèvres avant que je ne revienne à la hauteur de Junior et que je perde mes doigts dans les siens. J’avais vraisemblablement perdu l’usage de la parole, pour au moins quelques minutes, pas celui de m’accrocher à lui, mes pensées battant la campagne, mon coeur battant la chamade. Quelque part sur le chemin, je retrouvais finalement ma capacité à parler et, plus encore, celle à me fendre d’une moquerie tendre à son égard, portant à sa connaissance que je n’avais plus aucun regret à formuler alors et que mon pauvre neurone était en mesure de lui assurer que ce baiser-là non plus ne m’apporterait aucun mauvais rêve, bien au contraire. Je détestais recevoir des leçons mais je comptais bien retenir celle-ci et ne plus laisser l’opportunité à cet épuisant Serpentard de me reprocher un silence. J’avais de nouveau la voix de mon frère adoré en tête qui m’interrogea alors que les grilles du château apparaissaient. Est-ce que j’avais changée ? Est-ce que nous avions changé ? Je ne voyais nul changement à mes yeux, plutôt une suite… logique ? je n’étais pas en mesure de l’affirmer, pas vraiment, mais si douce pourtant.
electric bird.

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