Je devais dire que ma main avait tremblé en écrivant à Freddie Elsing. J’avais perdu l’habitude d’écrire certes mais l’explication de ma difficulté était ailleurs. J’avais peur. Mes mains moites, mon front baigné de sueur en témoignait. Peur d’un gamin, d’un insouciant première année ? Plutôt peur d’un nom entraperçus sur un parchemin dans la salle des professeurs. Elsing. Ces six lettres représentaient la partie sombre de mon passé. Un passé que j’aurais voulu faire disparaître.
Dans la demeure Duncan, on avait reçu les Elsing de nombreuses fois. Deux familles liées par les liens de la pureté du sang et par des idéaux communs. J’avais fait bien plus qu’assister à ces rencontres, j’y avait pris ma place loyalement, en tant que descendant d’une longue lignée de sang-pur, aux côtés de mes parents et de mon frère aîné. Parfois, il s’agissait d’entrevues mondaines, nous prenions le thé comme n’importe quelle bonne famille aristocratique ou qui voulait y ressembler. Mais souvent nos réunions prenait une autre tournure, celle que peuvent prendre les discussions entre deux lignées de Mangemorts, rompues à la haine des nés-moldus et à la magie noire. Comment assurer notre suprématie ? Quel était le meilleur moyen d’aider Vous-Savez-Qui ? Où s’entraîner sans risque à la magie noire ? Quelle serait la meilleure tactique lors du combat final ? Voilà les questions qui se posaient à nous et dont nous discutions ouvertement. Les premières ois j’avais été plutôt passif, me contentant d’écouter, d’emmagasiner des informations pour le moment venu. Puis mon tour était arrivé. J’étais entré à Poudlard, je m’étais exercé à la magie noire avec un groupe de camarade dans les arrières-salles de Pré-au-Lard. À chaque vacances je rentrais. Les rencontres avec la famille Elsing se faisait plus fréquentes, plus longues aussi, les discussions plus âpres, plus passionnées. Le dénouement approchait. La mort du plus jeune Elsing lors de la bataille de Poudlard a été un déchirement pour nos deux familles.
Mais quel lien pouvait-il avoir avec Freddie ? J’avais perdu tout contact avec les Elsing en même temps qu’avec ma famille. Était-il un lointain cousin, un neveu, un petit-fils ? Je l’ignorais mais une chose était sûr, il devait connaître mon nom, donc mon passé. Il s’agissait maintenant de découvrir comment éviter que les informations ne se répandent et n’atteignent les oreilles d’Hilary.
C’était pour cela que je l’avais convoqué ce dimanche matin. Pour tirer les choses au clair, pour l’empêcher de dévoiler ce qu’il savait. Je n’avais pas de plan bien arrêté, il fallait d’abord que je vois dans quelles mesures il avait fait les inévitables rapprochements.
9h55. Je débarrassais ma table, sortais ma théière et attendit la venue de cet Elsing que je ne connaissais pas et que j’aurais préféré ne jamais connaître.