La Salle des Capitaines était, comme à son habitude, déserte. Comme si elle était chez elle, Casey fit ce qu’elle faisait à chaque fois : lancer un Lumos, tirer un rideau, installer ses affaires sur la table qui occupait une partie de la pièce, organiser sa plume et son encrier, puis s’installer pour se mettre à travailler. Cette année, elle avait passé bien plus de temps ici qu’à la Bibliothèque : c’était calme, personne ne venait jamais la déranger - notamment parce que seules trois personnes en-dehors d’elle étaient susceptibles d’y mettre les pieds - et surtout, elle n’avait pas cette angoisse qui lui étreignait la poitrine, liée à cet incendie qu’elle avait vécu mais dont elle ne parvenait pas à se souvenir. Rabattant une mèche de cheveux derrière son oreille, la brune sort son parchemin comportant la liste de ses devoirs, de ses recherches poussées à poursuivre, et d’autres tâches à accomplir. À mesure que ses yeux la parcourent, elle sent un poids grossir au niveau de ses tempes. Ce n’était pas encore une migraine, mais plutôt la mémoire inconsciente de toutes celles déjà passées. Casey se mordille la lèvre, hésite, tire une fiole de son sac et la porte jusqu’à son visage. Avec un soupir contenu, elle la débouche et l’avale d’une traite. Cela lui éviterait tous maux de tête pour les heures à venir. Il est vrai qu’elle était censée les prendre quand les maux se faisaient déjà sentir, mais après tout, cela fonctionnait tout aussi bien. Posée à côté de son encrier, la seconde fiole, qui lui servira à finir tout cela avant son entraînement de Quidditch, attendait patiemment son tour.

Elle ne quitta la salle que quelques heures plus tard, pour aller reposer ses affaires dans son dortoir, nouer ses cheveux en une haute queue de cheval, et enfiler son maillot de quidditch, ses gants ainsi qu’un legging noir. Casey comptait simplement déjeuner rapidement avant de récupérer son balai et retrouver le terrain. Après une part de crumble aux fruits rouges, la jeune femme se lève, un sourire pour Cameron : On se retrouver sur le terrain ! Puis elle délaisse la Grande Salle pour retourner dans la Tour des Serdaigle. C’est là, dans le Hall d’entrée, qu’elle entend une voix vaguement familière hurler un Cassouche qui fait tourner la tête de nombreuses personnes.

Sentant une foule de regards converger sur elle, la jeune femme fronce les sourcils, relève son regard qui était perdu dans ses pensées, comprenant doucement que c’était après elle qu’en avait la voix. Se retournant, elle accueille le jeune homme d’un regard glacial, posture implacable et imperturbable. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Elle le reconnaissait évidemment, c’était un camarade de sixième année, de Poufsouffle. Son sourire, étonnamment, ne lui laissait rien augurer de bon. Sourcils haussés, elle l’invite à s’expliquer. De quoi fallait-il qu’ils causent, au juste ? Parce qu’il ne lui semblait pas avoir quoi que ce soit voir avec ce garçon. La Grosse Sarah ? C’était très mature, ça. La suite ne devrait guère l’étonner, c’était prévisible, au fond. Mais le culot avait toujours le don de l’hébéter. Après une petite seconde de silence, elle se contente de secouer la tête, de le fixer d’un ses prunelles glaciales, et s’apprête à lui répondre froidement mais il ponctue sa demande d’un petit surnom désagréable et bien trop suffisant à son goût. Sourcils froncés, elle se fend d’un Non aussi coupant qu’une guillotine, avant de s’apprêter à tourner les talons.

Le culot de son camarade ne lui donna guère envie de s’éterniser. De toute façon, elle avait bien mieux à faire que d’écouter les suppliques d’un Poufsouffle qui n’avait pas l’air de comprendre ce que travail personnel signifiait. S’apprêtant à tourner les talons, son instance exagérée la fait s’arrêter dans son mouvement. Qu’est-ce qu’il lui voulait, par Merlin ? Elle n’allait pas passer une heure à l’écouter geindre et supplier pour qu’elle l’aide sur un devoir qu’elle-même avait déjà probablement terminé depuis belle lurette. Casey visualisait vaguement qui était la Sarah dont il faisait référence, et elle n’était pas certaine que ce soit rendre un grand service à ce type que de l’aider dans tous les parchemins que les enseignants leur donnaient à rédiger. Enfin, le regard froid, elle consent à l’écouter, surtout parce qu’elle n’a pas vraiment le choix : il était déjà parti sur sa lancée.

C’est qu’en plus d’être culotté, il était effronté. Je suis d’accord avec toi fait-elle sans changer d’attitude vis-à-vis de lui. sur une seule chose : Thorstein va te démonter. Elle lève deux doigts pour mimer des guillemets, même si le mot était bien choisi. La nouvelle professeure n’était pas une tendre, et il y avait fort à parier que son humour était aussi inexistant que sa gentillesse ou que sa compréhension. S’il se pointait au prochain cours sans le devoir de fait, il était bon pour une retenue, au mieux. Et je ne vois pas où il y a noté que les Serdaigle sont censés aider n’importe qui avec leurs devoirs. Si Casey n’avait pas été Casey, avec une incapacité chronique à formuler la moindre ironique ou le moindre sarcasme, elle aurait pu se fendre d’un notre emblème c’est un Aigle, pas un Pigeon. Mais même si elle le pensait bien évidemment, jamais elle n’aurait été capable de le formuler ainsi. Qu’est-ce que je pourrais bien vouloir te demander en échange ? lâche-t-elle d'un ton des plus sceptiques. Franchement ? Qu’est-ce que lui pourrait bien lui apporter à elle ? S’il ne voyait pas l’incongruité de la situation, c’est qu’il était bien plus idiot que ce qu’il prétendait.

Et puis au moment où elle allait partir sans se retourner, un corps vient s’écraser tout près d’elle. Elle reconnait rapidement Lloyd, le Préfet des Poufsouffle, et se baisse aussitôt pour l’aider à se relever. Ça va, tu ne t’es pas fait mal ? demande-t-elle tandis qu’il se remet debout, les yeux rouges. Est-ce qu’il s’était cassé quelque chose ? Sa chute avait fait grand bruit, mais elle ne devait pas être si violente que cela ? Un Malagrif... Mais le flot de paroles du Préfet ne s’interrompt pas et il termine en lui léguant la dignité qu’il semblait certain de perdre, sans que Casey ne puisse ouvrir la bouche de nouveau. Et la voilà de nouveau seule avec cet agaçant Poufsouffle.

Serrant ses cheveux entre son pouce et son index, Casey les rabats dans son dos, son regard polaire ne quittant pas son camarade fort impoli. Et fort agaçant. Retenant un souffle agacé, elle n’a qu’une envie : partir à toute vitesse mais elle se doute qu’il ne la lâchera pas de sitôt et elle n’a guère envie d’être poursuivie par un Poufsouffle gueulard. Alors elle lui réplique sèchement, lui demandant où est-ce qu’il pouvait bien y avoir d’écrit que les Serdaigle étaient au service des incapables dans son genre et devaient les aider dans leurs devoirs. Sa réponse a le mérite de lui faire hausser un sourcil. Mais c’est qu’il se considérait lui même comme un sot et qu’il semblait en être fier ? Décidément, la logique de certains élèves échapperait à jamais à la jeune femme.

Il semble croire que la soudoyer pourra changer quoi que ce soit à son envie de lui donner un coup de main. Intriguée mais sceptique, Casey l’interroge : qu’est-ce qu’il pourrait bien avoir à lui offrir qu’elle pourrait convoiter et qui vaudrait la peine qu’elle perde du temps avec lui afin de faire son devoir à sa place ? Il lui proposer de l’argent et la brune ne peut retenir un petit rire incrédule, stupéfait. De l’argent ? Je suis loin d’en avoir besoin. Elle évitait de dépendre plus que nécessaire de son géniteur, mais c’était un fait malgré tout : elle ne manquait assurément pas de gallions. Pas assez, en tout cas, pour que la proposition de ce stupide fat puisse la faire changer d’avis.

À cet instant, Ollie Lloyd, préfet des Poufsouffle, tombe juste à côté d’elle, s’étalant de tout son long d’une manière peu flatteuse. Il repart aussi vite qu’il est arrivé, non sans expliquer la raison de cette chute et d’une malchance plus généralisée d’ailleurs. Casey le regarde s’éloigner, sourcils froncés, connaissant la créature en question et quelque peu soucieuse pour son camarade. Enfin, il était grand et avait conscience de ce qui lui arrivait, ainsi ne devait-il pas être en danger immédiat.

Et déjà ils n’étaient plus que tous les deux, elle et ce garçon qui voulait lui faire faire ses devoirs. Son impolitesse allait donc jusque ne pas prendre en considération les autres de ses camarades si ce n’était pas dans son intérêt immédiat. De mieux en mieux. Ecoute, j’ai un entraînement de Quidditch à aller préparer. Et je n’ai absolument pas le temps de t’aider à faire ce devoir, ni l’envie, en réalité. Au lieu de rester planté là à tenter de me convaincre, tu devrais peut-être t’y mettre, non ? Elle secoue la tête, sa queue de cheval balayant son dos. Pour l’avoir déjà terminé depuis longtemps, il est assez ardu. D’un haussement d’épaules, elle démontre toute son indifférence face à cette situation. Elle ne le connait ni d’Eve, ni d’Adam, ils ne sont ni amis ni même de vagues connaissances, et peut-être que s’il s’était montré moins sûr de lui aurait-elle accepté de lui donner un coup de main. Mais de faire son devoir à sa place, assurément pas.

Au loin, à l’opposé du petit tête-à-tête fortuit qui se déroulait entre Casey et Maxwell, le reste de son équipe se mettait en mouvement. La brune retient un soupir et reporte son regard cobalt sur le Poufsouffle. Ne voyait-il pas qu’elle était habillée pour le Quidditch, prête à aller chercher son balai pour se rendre sur le terrain ? Ou il n’en avait peut-être rien à faire, ce qui lui semblait tout aussi probable. L’aplomb de ce type lui rappelait, d’une certaine façon, le culot de Blaze. À qui elle avait laissé une chance pour intégrer l’équipe. Le regrettait-elle ? Non, bien que l’épisode de l’Infirmerie à la suite de leur contrer avec les Poufsouffle ai laissé une impression en demi-teinte à la Capitaine. Est-ce que cela voulait dire qu’elle devait se montrer conciliante avec tous les impertinents qui jugeaient bon de venir la trouver ? Non, il était clair que non.

Mais ce type, il était dans sa classe, ils partageaient quelques cours, et il commençait doucement à faire preuve de bonne volonté, quoiqu’elle puisse reprocher à son comportement jusqu’alors. Un dîner, c’était légèrement improbable comme proposition, mais puisqu’il accompagnait cela de l’assurance qu’il commencerait à travailler sur son devoir… Il avait même abandonné sa grossièreté vulgaire pour un ton plus agréable, sympathique même. Il devait vraiment se trouver mal en point pour ce devoir, s’il en était à ce point là. Elle laisse passer une petite seconde avant de soupirer une nouvelle fois, croisant le regard interrogateur de Cameron à qui elle adresse un petit signe du menton pour lui signifier qu’elle arrive. De nouveau son attention se reporte sur son camarade de classe, à qui elle finit par consentir un acquiescement. D’accord fait-elle en étudiant l’expression de son visage, se demandant si tout cela n’était pas une vaste perte de temps. Mais je te préviens que si tu n’as fait aucun effort pour avancer ce devoir, je repartirais directement. Je veux bien t’aider mais pas le faire à ta place.

Ce n’était ni l’optique de manger en sa compagnie, ni celle d’apprendre à le connaître qui l’avait faite céder. Simplement… il avait besoin d’un coup de main qu’elle pouvait fournir, et son insistance avait eu raison de sa méfiance. Pas totalement, certes, mais suffisamment pour qu’elle consente à perdre quelques minutes pour vérifier s’il aurait vraiment mis du sien dans cette histoire ou si elle repartirait aussi sec dans sa Salle Commune. Je dois y aller, mon équipe va m’attendre. Tiens moi au courant de l’heure pour ce soir conclut-elle, légèrement adoucie, avant de s’éclipser pour récupérer son balai et se dépêcher de rejoindre le Terrain de Quidditch.

Spoiler:

Sur une approbation vigoureuse de la part du Poufsouffle, Casey l’abandonne sans plus de cérémonie et sans un regard en arrière pour aller récupérer son balai dans son dortoir. Une fois celui-ci en main, c’est vers le Terrain de Quidditch qu’elle se dépêche d’aller, rejoignant son équipe qui n’attendait plus qu’elle pour commencer l’entraînement. Deux bonnes heures à voler, s’échanger des passes, tenter des tirs et des arrêts, et des feintes ainsi que des pirouettes. De quoi s’aérer l’esprit, penser à autre chose, à rien d’autre qu’à cette cohésion d’équipe qui ne se dessinait jamais mieux que dans les airs. Après un rapide passage par les vestiaires, la brune tombe nez à nez avec Cameron et c’est ensemble qu’ils remontent jusqu’à la Salle Commune de Serdaigle, Mallory ayant apparemment quelque chose d’urgent à demander à la professeure de Soins aux Créatures Magiques pendant qu’elle était non loin de là. Si Casey commençait doucement à accepter qu’elle avait des amis et qu’elle pouvait compter sur eux, ce lien, avec Cameron, était complètement sorti de nulle part. Mais elle appréciait les quelques instants simples qu’ils passaient, comme quitter l’entraînement tous les deux ou s’entraîner sans personne d’autre. Ils se séparent, chacun retournant dans son dortoir respectif, avec un petit sourire de la part de la brune. Qui passa le reste de l’après-midi à lire un livre emprunté dans la bibliothèque de son géniteur, prenant quelques notes, une fiole non loin d’elle au cas-où une migraine déciderait de pointer le bout de son nez. Elle était épargnée pour ce soir. Le petit bout de parchemin envoyé par le Poufsouffle avec l’heure du rendez-vous avait été lissé par ses doigts et reposait entre les pages de son grimoire. Un peu avant l’heure dite, elle passa par une douche chaude, se changea, et descendit dans la Grande Salle.

Installée un peu à l’écart, elle patienta en se servant une entrée qu’elle picora, le nez dans son livre qu’elle avait emporté avec elle. Elle ne releva la tête que lorsqu’une silhouette s’installa en face d’elle et, son regard cobalt se posant sur les traits du Poufsouffle, elle referma son ouvrage. Son sourire s’annonçait-il de bonne augure ou pas du tout ? Visiblement oui, puisqu’il lui affirma avoir passé son après-midi à la bibliothèque. Effectivement, ses yeux rouges pouvaient témoigner en sa faveur. Ses doigts s’emparent de son bout de parchemin qu’elle parcourt, à la fois rassurée de constater qu’il avait effectivement mis du sien, et dépitée devant la tâche qui l’attendait. Enfin bon, elle avait promis qu’elle l’aiderait, alors parole donnée ne pouvait être reprise. Qu’est-ce que tu veux savoir ? Casey Pumpkin, sixième année, Serdaigle fait-elle, sourcils froncés, reposant le papier raturé de partout entre eux deux. Elle n’était pas contre terminer son repas avant de s’attaquer à ce qui les attendait, même s’il lui apparaissait étrange de dîner en tête à tête avec un camarade de classe qui, en dehors des cours qu’ils partageaient, et un quasi inconnu. Je ne suis même pas sûre de me souvenir de ton prénom, au fait avoue-t-elle sans détour. Casey n’était pas du genre à se souvenir des noms et prénoms de ceux qui ne l’intéressaient pas plus que ça.

Une première lecture, rapide, lui offre un aperçu du travail fourni par le Poufsouffle mais également de tout ce qu’il leur restait à reprendre. Et ce qu’elle serait allée aussi vite à lui faire son devoir ? C’était une évidence. Mais elle n’était pas du genre à travailler pour les autres. Pas non plus du genre à se sociabiliser suffisamment pour les aider dans des projets, mais il fallait croire que certaines choses changeaient, tout doucement. La brune repose le parchemin et repousse son livre pour libérer l’espace devant elle afin de poursuivre son repas, en compagnie du jeune homme. Il semblait vouloir entamer la discussion, son air souriant et affable lui disant qu’il préférait remettre le devoir à un peu plus tard. Casey n’y voyait aucun inconvénient, autant manger tranquillement et se mettre à la rédaction par la suite. Plutôt habituée à dîner en silence, la Serdaigle se présente succinctement à la demande de son interlocuteur qui souhaite en savoir plus sur elle. Il ne se démonte pas pour autant, ne se vexe même pas qu’elle ne sache pas son prénom ou son nom. Même pas l’ombre d’un rembrunissement, juste un sourire, peut-être un peu teinté de surprise. Maxwell Carter. Carter, Carter. Maxwell. Pourquoi ce nom lui disait-il quelque chose ? La brune abandonna rapidement le combat contre sa mémoire : quand celle-ci avait décidé de lui cacher une information, elle ne pouvait rien y faire. C’était une vérité qu’elle concevait, mais n’acceptait pas. Ce ne serait pas éternel, ça non, elle se l’était promis des mois plus tôt : quoi qu’il lui en coûte, elle trouverait un moyen de retrouver son esprit aussi fort et aiguisé qu’avant. Alors enchantée, Maxwell. Au moins pourrait-elle remettre un prénom sur ce visage qui partageait sa classe. À la différence du Serpentard qu’elle avait croisé dans les cachots en début d’année, il ne semblait rien savoir sur elle non plus. Ce qui la rassurait, n’aimant guère évoluer en terrain miné, incapable de savoir ce que l’autre pouvait bien connaître d’elle alors qu’elle, elle avait tout oublié.

Remplissant un bol d’une soupe vert pâle, elle relève un regard polaire en direction de Carter. Ses sourcils se haussent, masquant sa suspicion. Tu dois te tromper de personne, fait-elle en reposant la louche et en déposant le bol face à elle. ou alors, comme bien souvent, les rumeurs extrapolent à partir d’une simple amitié. Ce ne serait pas la première fois que les bruits de couloir me prêtent une relation amoureuse avec un Serpentard. Toujours le même, évidemment, et cela lui faisait quelque chose de bien différent à mesure que le temps passait. Hormis cette histoire de philtre d’amour avec Zach, des années plus tôt, et les gens qui voyaient dans son lien avec le Caldwell quelque chose de plus que ce qu’ils partageaient réellement, la brune pouvait s’estimer chanceuse, les rumeurs l’épargnaient suffisamment.

La suite laisse sa cuillère en suspens, quelques secondes, ses pupilles aussi glaciales que la banquise bien loin de se réchauffer. C’est qu’elle était douée pour conserver cet air imperturbable que nombreux qualifiaient d’hautain, alors qu’il était juste indifférent. Donc parler de moi, c’est m’interroger sur mes préférences masculines ? Léger haussement d’épaules, sa tête qui se secoue de droite à gauche, ses cheveux balayant son dos. Au risque de te décevoir, je n’ai pas de genre. Il fallait dire qu’elle ne s’intéressait guère aux garçons, ne s’intéressait à personne de manière générale, personne d’autre que ses quelques amis et proches. Son monde était composé de visages qui valaient le coup d’être écoutés, d’être perçus, et d’ombres floues dont elle se fichait pas mal. Quant à avoir une relation amoureuse… Il y avait bien ce gamin, une fois, qui lui avait offert des papillons enchantés en plein milieu du couloir, sans qu’elle ne comprenne trop où il voulait en venir. Sa mémoire lui jouait de nombreux tours, mais elle avait visiblement conservé bien des souvenirs inutiles. Enfin, son dégoût pour les contacts humains en général la préservait de la mièvrerie qui agitait bon nombre de leurs camarades. Et toi, alors ? lui retourne-t-elle la question, non pas que cela l’intéresse, mais s’il pouvait parler de lui plutôt que l’interroger elle, ça lui allait très bien.

Incapable de retrouver d’où elle pouvait bien connaître ce prénom, Casey abandonna. Ils étaient dans la même année, voilà tout. Ce n’était pas impossible que son cerveau abîmé ait simplement enregistré son nom à chaque fois qu’un professeur le prononçait, que ce soit pour lui donner la parole, rendrez un devoir ou même le rappeler à l’ordre. Enfin, vu le personnage, ce devait plus souvent être pour la troisième raison. Autour d’eux, les élèves papotaient les uns avec les autres, par petits groupes ou en tête-à-tête, comme ils le faisaient actuellement. Casey se servit de la soupe, ramenant son bol jusqu’à elle, écartant, pour le temps du dîner, les parchemins et grimoires qui parsemaient la table. Si le Poufsouffle avait effectivement passé l’après-midi à la bibliothèque, il devait avoir envie de s’aérer un peu l’esprit avant de replonger dans le devoir qu’il avait donné à la Serdaigle. Cette dernière n’y voyait aucun inconvénient, préférant manger tranquillement que le nez plongé dans des corrections et annotations. Cependant, converser n’était ce dans quoi elle excellait le plus, encore moins avec un inconnu ou ce qui s’en rapprochait diablement, et surtout pas de ses histoires de coeur.

Il lui fait part des rumeurs qu’il pense avoir entendues à son sujet, lui arrachant un soupir alors que ses yeux, eux, ne le lâchaient pas. Il devait la confondre avec quelqu’un, elle ne sortait avec personne, ou bien les rumeurs avaient pris un tour dont elle n’était pas encore au courant. Ce ne serait pas si étonnant, c’était bien là le principe premier des rumeurs : extrapoler et modifier la réalité pour en faire une vérité incongrue. Elle le lui fait savoir et sa réponse lui arracherait un deuxième soupir si elle n’était pas entrain de boire de sa soupe. Les aprioris que Maxwell avait à propos des Serpentard semblaient bien nets et définis. Dommage pour lui, il était tombée sur une camarade dont le meilleur ami, ainsi qu’une très proche amie depuis quelques temps, s’y trouvaient. Et dont le frère avait parcouru les cachots. Tout autant que de se faire caser avec un Poufsouffle, ou n’importe qui d’autre en fait. Je ne crois pas que les Serpentard soient plus dérangés que d’autres. Ce n’était même pas une insulte formulée à l’encontre de Carter, du moins ne l’avait-elle pas placée là pour ça. Constatation indifférente qu’ils n’étaient pas pires qu’ailleurs, en réalité. Enfin, s’il lui en fallait peu pour s’esclaffer, elle n’allait pas l’en empêcher, cela lui passait au-dessus.

La suite de la conversation pouvait être prévisible, s’il débutait avec des commérages amoureux, il semblait également être le genre à tout ramener aux couples qui se faisaient et se défaisaient dans cette école pleine d’adolescents. Il semblait estomaqué d’apprendre que Casey n’avait pas de genre et c’est, parfaitement stoïque, qu’elle l’observe retenir une exclamation avant de la gratifier d’une question qui ne relevait pas le niveau général. Non répliqua-t-elle, ses sourcils se fronçant face à ce lien qu’il faisait si naturellement. Je ne crois pas. En réalité… Elle ne s’était jamais posée la question. Jusqu’à il y a peu de temps, elle ne s’intéressait à personne pour pouvoir éprouver une quelconque attirance, mais son coeur, ces derniers temps, battait un peu plus fort et ça n’était pas pour une fille. Afin de passer à autre chose que ses préférences à elle, elle lui retourne la question. Casey n’était pas adepte de l’ironie, sa franchie très premier degré lui jouait parfois des tours, mais là, elle pouvait percevoir tout ce que la situation avait de sarcastique et à quel point les paroles du jeune homme détonnaient d’avec son comportement. Tu m’en diras tant. Tu as l’air effectivement d’être le genre de garçon à ne pas se préoccuper du physique. Rappelle-moi déjà, ce que tu me disais plus tôt ? La grosse Sarah refusait de t’aider ? Dommage pour lui, une nouvelle fois. Si la mémoire à long terme de Casey était émaillée d’erreurs et de trous, celle à court terme fonctionnait toujours à la perfection. Brune ténébreuse, d’accord, c’est un style. Est-ce que tous les garçons de leur âge avaient les mêmes préoccupations ? Elle était bien contente que Brooklyn ne soit pas comme ça. Ou peut-être n’était-il tout simplement pas du genre à parler de ce genre de sujets avec elle ? J’en déduis que tu es célibataire ? demande-t-elle finalement, pas vraiment par intérêt mais plutôt pour éviter que la conversation ne revienne sur elle.

Les rivalités entre les différentes maison avaient toujours semblé bien puériles à Casey qui n’avait jamais cherché à y prendre part. Ce n’étaient que des couleurs qu’il convenait d’arbhorer, une manière de créer des équipes pour le Quidditch, un moyen de satisfaire le besoin d’appartenance des adolescents qui parcouraient les couloirs de ce château. La brune était évidemment satisfaite d’avoir été répartie à Serdaigle et, des années après, elle comprenait mieux son choix que jamais : cette soif inextinguible de connaissances, l’impression qu’elle n’aurait jamais assez d’une vie pour apprendre tous ces savoirs qui lui paraissaient à portée de main et si lointains en même temps. Pour autant, il lui apparaissait impensable qu’un choix de maison différent aurait pu à se point la changer et faire d’elle quelqu’un d’autre. Pour elle, le Choixpeau les répartissait là où ils pourraient le mieux exploiter leurs capacités innées et les faire prospérer. Alors ces préjugés la laissaient de marbre mais ce sentiment de fierté lié à l’appartenance à une maison pouvait lui parler. Je… comprends fait-elle d’un ton qui laissait clairement entendre qu’elle ne comprenait pas. Ou plutôt, qu’elle était loin de partager son point de vue. En tout cas, il avait l’air de bien s’entendre avec lui-même et de se trouver désopilant, elle imaginait que c’était là le plus important.

Sa soupe rapidement terminée, Casey se sert une part de gratin qui fume à portée de main, attaquant la suite de son dîner. Son niveau journalier de conversation avec un inconnu commençait doucement à être atteint et elle n’était pas sûre d’avoir bien envie de le dépasser. Bien au contraire. D’autant plus que le sujet abordé de front était de ceux que Casey évitait sciemment parce qu’ils représentaient un intérêt total à ses yeux. Quel était son genre de mec ? Elle n’en avait pas et cela sembla surprendre Maxwell. Qui lui demande alors si elle préfère les filles. Non, non pas qu’elle sache, les relations humaines dans leur ensemble lui paraissant bien trop dangereuses pour qu’elle accepte de s’y perdre sciemment. Quelques exceptions, évidemment, faisaient figures de règles. Brooklyn, Carla, Cameron, Felicia. Pas de petit-ami cependant, des amis étaient déjà un grand pas pour la jeune femme.

Elle accueille avec un soulagement intérieure le changement de personnage principal de leur discussion. Parler de Carter lui semblait infiniment plus intéressant que de parler d’elle-même, c’était un fait indéniable. Elle était prête à l’écouter déblatérer tout et n’importe quoi concernant sa vie, sa personnalité, ses goûts et ses envies jusqu’au dessert si cela lui assurait de ne plus avoir à parler d’elle. Ensuite, ils passeraient à la correction de ce devoir et ne le reverrait plus jamais. C’était déstabilisant : elle ne percevait aucune ironie dans le ton du jeune homme qui lui faisait face et, pourtant, elle avait l’impression qu’un sarcasme se dessinait pourtant sous ses yeux, de manière flagrante. Parce que, de son point de vue, il n’était pas un gars bien et la superficialité lui allait plutôt comme un gant. Je vois... Si la jeune femme avait été doué de second degré mordante comme certains de leurs camarades, probablement ce serait-elle fendue d’un quel dommage ou encore heureux. Mais rien de tel ne lui venait à l’esprit, rien de plus qu’une oscillation entre mépris total et indifférence globale. Non absolument pas, une simple question désintéressée fait-elle rapidement, cherchant à effacer tout de suite la moindre idée de ce genre dans l’esprit du Poufsouffle. Je n’ai personne, mais personnellement je le vis très bien. Il te faut absolument être en couple pour vivre heureux ? Sa question balancée de manière désinvolte lui laisse tout le temps de savourer un bout de tarte. C’était une notion qui la dépassait, elle qui avait si longtemps parfaitement bien vécu de sa solitude.

Oh, si Casey avait pu lire dans l’esprit du Poufsouffle, elle aurait assurément rangé ses affaires et se serait éloignée aussitôt. Oh, si elle avait pu se douter que, ce qui n’était pour elle qu’une manière polie de détourner la conversation de sa propre personne, passait pour un intérêt poussé aux yeux de Carter, elle serait tombée dans un mutisme duquel il aurait été bien difficile de la faire sortir. Oh, si elle avait été capable de percevoir la scène comme lui-même le faisait, elle lui aurait rendu son devoir sans hésiter et lui aurait dit d’aller trouver quelqu’un d’autre à ennuyer. Mais elle ne le pouvait pas, et c’est bien la raison pour laquelle elle restait là, à dîner avec Maxwell Carter, subissant ses questions grossières sans sourciller. Il n’avait pas l’air bien méchant, juste un peu plus sot que la moyenne. Il souriait de toutes ses dents, visiblement heureux d’être là où il se trouvait, sans que Casey ne se doute un instant qu’il était euphorique parce qu’il décelait chez la brune un intérêt qui était loin, très loin d’exister. Si le destin existait, ou si le hasard était personnifiable, il devait être entrain d’exploser de rire de tout là-haut à contempler cette scène invraisemblable : Casey, cordiale et polie comme elle savait si bien le faire mais jugeant bien catégoriquement son camarade ; et le camarade en question dont l’analyse de la situation était diamétralement opposée. Est-ce qu’il n’allait pas avoir mal aux joues à force de sourire autant ? Un vague regard dans la Grande Salle où le dîner se poursuivait et où les élèves vaquaient à leurs occupations. Personne n’avait l’air de trouver cela anormal, alors elle revient à son interlocuteur, rabattant une boucle brune derrière son oreille, sa tarte éveillant son appétit. En face, Maxwell en faisait de même, ses yeux brillants d’avidité, comme s’il avait passé la journée à se dépenser et qu’il mourrait de faim.

Ring ? Est-ce qu’il était capable de seulement prononcer des mots entiers ? Si la philosophie se résumait à des questions bien banales, Casey commençait doucement à cerner l’esprit de cet étrange personnage. Et ce n’était certainement pas pour lui plaire et lui arracher des regards énamourés comme Maxwell le pensait, et comme elle le saurait si elle était capable de lire son esprit. Ça n’était toujours pas devenu l’une de ses facultés en un si court laps de temps, aussi en restait-elle à cette impression que le Poufsouffle n’était pas bien méchant, même sûrement très gentil, juste un peu lourdingue et complètement imbécile. Il était un simple d’esprit qui vivait des plaisirs simples que lui offrait la vie, voilà tout. WPF ? fait-elle, sourcils froncés, la question pointant dans son ton. Qu’est-ce que ça voulait dire, ça ? Je comprends le rassure-t-elle avec un vague sourire compatissant. Il avait l’air d’avoir ce besoin de s’assurer qu’elle saisissait ses propos. Oh, elle les entendait parfaitement mais de là à les appréhender… Cela lui permettait au moins de dessiner un tableau un peu plus précis de son camarade. Je comprends surtout mieux pourquoi tu as besoin d’aide pour un devoir à rendre demain. Pas même de méchanceté dans sa voix, une simple constatation vaguement désabusée, plutôt indifférente. Les devoirs et les cours n’avaient clairement pas l’air d’être sa priorité. Donc des soirées ? Ici, à Poudlard ? C’était en réalité assez simple d’organiser des soirées au château, il regorgeait de lieux pouvant accueillir un bon groupe d’élèves. Le tout était de ne pas se faire prendre. Mais avec un peu d’ingéniosité, ce n’était pas compliqué, même Casey et son équipe y étaient parvenus. C’est qu’elle commençait presque à trouver fascinant ce que Carter lui racontait. Pas parce qu’il lui plaisait, plutôt comme on est intéressé de découvrir une nouvelle culture ou un sujet d’expérimentation. Ils étaient des opposés, mais il n’y avait pas de petite forme de savoir.

Le dessert arriva, et avec lui une stupeur que Casey n’était pas certaine de réussir à masquer. Une tension ? Comment ça, une tension ? Qu’est-ce qu’il entendait par olé ? Et par un truc qui se passe ? L’incompréhension devait clairement se lire dans le regard de la jeune femme qui secoua la tête, incrédule. Un truc ? Elle n’était pas certaine de saisir, mais si c’était ce qu’elle pensait… Tu as l’air très gentil, Maxwell, mais je ne crois pas qu’il se passe quoi que ce soit entre nous, non fait-elle rapidement, attrapant sa cuillère, décidée à terminer au plus vite son dessert pour passer aux devoirs. Je t'en prie ne m'offre pas des papillons.

Les deux adolescents poursuivaient cette conversation surnaturelle, des réactions complètement opposées les traversant pourtant simultanément. L’assurance de plaire pour l’un, l’envie de fuir pour l’autre. Il était possible de résumer de cette manière ce dîner qu’ils prenaient en tête-à-tête et pour lequel Casey commençait doucement à ressentir quelques regrets. Maxwell n’était pas méchant, il était même plutôt très avenant. Trop avenant, peut-être, pour un caractère comme le sien et, surtout, attiré par des sujets bien trop triviaux pour son esprit à elle. Visiblement, Carter était connu par tout Poudlard pour ses soirées exceptionnelles… du moins, c’est ce que lui disait. La brune haussa un sourcil interrogatif, quoique suspicieux, mais ne broncha pas, se contentant de l’interroger plus profondément. Elle ne doutait pas que, parmi les centaines d’adolescents que comptait Poudlard, nombreux étaient ceux à transgresser le règlement pour quelques heures volées et alcoolisées. N’y avait-il pas une salle idéale pour cela ? Non, jamais. Merci pour l’invitation, pourquoi pas, après tout. Cela ne l’engageait à rien du tout, mais elle se nota mentalement d’interroger Carla. C’était son avant-dernière année à Poudlard, et sans dire qu’elle avait envie de faire ce que ses camarades semblaient trouver indispensable - ne pas étudier, boire et batifoler entre eux - elle devait admettre qu’à mesure qu’elle s’ouvrait aux autres, certains passe-temps lui paraissaient moins... dénués d’intérêt.

Le dessert dans son assiette annonçait tout doucement la fin du repas ; pas la fin de cet échange cependant. De but en blanc, Maxwell lui annonça être certain qu’il y avait quelque chose entre eux. Hormis une profonde indifférence, la jeune femme n’était pas certaine de voir où il voulait en venir. Ou bien avait-elle peur de justement voir ce qu’il en était. Tout chez Maxwell lui criait sans doute possible que c’était pourtant exactement ce qu’elle imaginait. Alors doucement, reposant sa cuillère dans son assiette où ne restaient plus que quelques miettes, reliefs de la tarte qu’elle venait de manger, elle ramène une mèche de cheveux derrière son oreille pour lui déclarer d’un ton des plus sérieux qu’elle n’imagine rien de tel. Contre toute attente, bien que ça n’était pas habituel pour Casey d’être confrontée à une telle situation, il se plia docilement à ce qu’elle lui annonçait sans chercher plus loin, s’excusant même. C’était bien loin de ce qu’elle aurait imaginé comme réaction, mais ça avait le mérite de le faire légèrement remonter dans son estime. Aucun problème fait-elle, rassurée qu’aucune gêne durable ne s’installe. Tu peux me dire ce qui t’as fait penser ça ? Comment en viens-tu à penser qu’une personne est intéressée par toi ? Qu’il y a un truc ? La question, prononcée d’un ton vaguement intéressé, cachait en réalité une curiosité bien plus profonde, que même la jeune femme ne décelait pas totalement.

D’un haussement d’épaules, elle balaie sa question. Un garçon qui m’en avait offert, un jour. Elle se souvenait encore de la gêne paralysante et de l’envie de fuir à toutes jambes, couplées à une certaine empathie pour son camarade qui s’était décidé à lui faire cette surprise devant tout le monde. Littéralement, en plein milieu du Hall d’Entrée. Enfin, ce n’était pas le sujet. Hochant la tête, Casey se sert rapidement une tasse de thé, demandant à Maxwell d’un regard s’il en désire une, puis s’empare du parchemin, un doigt sur celui-ci, ceux de son autre main enroulés autour de la tasse fumante. Tu as de quoi noter ? lui demande-t-elle, penchée légèrement, ramenant de nouveau ses boucles brunes derrière son épaule. Bon, alors... Deux petites minutes de silence, le temps pour elle de relire ce qu’il avait produit, avant de soupirer de concentration. Les Inferis. Nous devons rendre deux parchemins. Tu as déjà accumulé pas mal d’informations mais c’est encore trop brouillon. Commence déjà par présenter... Et elle commença à lui donner une structure pour organiser ses notes prises à la va-vite, agrémentant l’introduction qu’il était entrain de réécrire de quelques données qu’elle connaissait et qui complétaient les siennes.

Ainsi, il semblait clairement acté dans l’esprit de Maxwell que Casey serait de la partie lors de la prochaine soirée clandestine qu’il organiserait. Du moins l’inviterait-il. Est-ce que la brune s’y rendrait ? Elle était presque certaine que Brooklyn refuserait de l’y accompagner, bien qu’elle lui proposerait de le faire malgré tout. Felicia n’était pas non plus friande de ce type de réunion. C’était déjà bien plus le genre de Carla, sur qui elle serait certaine de pouvoir compter. Enfin, ces pensées n’avaient guère lieu d’être puisque ce jour n’était pas pour demain et que la Serdaigle n’était pas même sûre d’avoir réellement envie d’y participer. Et en même temps, elle avait l’étrange sensation que c’était cette année ou jamais. C’était la première fois qu’elle avait l’impression que le Quidditch les poussait à former une réelle équipe, et sûrement la dernière où elle profiterait de semaines d’une tranquillité toute relative, certes, puisqu’elle étudiait constamment, mais d’une tranquillité malgré tout car ni BUSEs, ni ASPICs ne se profilaient à l’horizon. Alors que l’année prochaine… l’année prochaine, et bien, ce seraient les derniers examens de sa scolarité à Poudlard et un futur à dessiner loin des murs de ce château. Enfin, si seulement la tendance à cette apparente tranquillité qui avait enveloppé le château cette année se poursuivait pour les prochains mois.

Ils dérivent sur des questions plus personnelles, jusqu’à ce que le Poufsouffle lui fasse part de cet intérêt qu’il décelait chez elle et que Casey ne se charge de remettre les pendules à l’heure. Néanmoins, curieuse, elle l’interroge sur les signes qui l’avaient amené à croire qu’elle voulait obtenir quelque chose de plus de sa part. Car il lui avait bien semblé être aussi impassible et distante que d’habitude, faisant à peine un effort pour alimenter la conversation et ne pas terminer ce repas en se regardant dans le blanc des yeux, ce qui ne l’avait jamais dérangée. Rien de plus ne se lisait dans son regard polaire, mais intérieurement, la brune était un mélange de confusion et de stupéfaction. Interprétait-il ses gestes comme lui le désirait, ou ne se rendait-elle pas compte de l’image qu’elle renvoyait ? Non, cette dernière option était impossible, elle était bien trop maîtresse d’elle-même, et la suite du discours de Carter le lui confirma : il se faisait tout simplement une montagne d’un rien et se berçait d’illusions à partir de pas grand chose. Je vois, d’accord se contenta-t-elle de répondre pour mettre fin à ce chapitre qui la laissait plus gênée que satisfaite. L’ombre de Brooklyn pesa un instant sur ses pensées, qui cherchèrent rapidement à évaluer ses sourires et ses questions, mais elle la chassa bien vite, se concentrant sur autre chose. La mention des papillons interpella le Poufsouffle qui s’enquit rapidement pour savoir si c’était ça que les adolescents appréciaient. Haussant les épaules, la Serdaigle se fit laconique. Je ne sais pas vraiment. Je ne connaissais pas ce garçon, son geste m’a paru plus suspicieux et embarrassant que touchant, mais peut-être que certaines peuvent être flattées de recevoir un tel présent. Si cela avait été de Brooklyn, probablement n’aurait-elle pas éprouvé tant de réticences.

Puis, finalement, ils se penchent sur le devoir, Casey prenant quelques minutes pour relire le devoir avant de prendre la parole pour guider Maxwell dans la réécriture plus poussée de son parchemin, lui dictant des phrases mieux formulées et agrémentées de connaissances qui venaient compléter celles qu’il avait dénichées durant son après-midi à la bibliothèque. Merci fit-elle avec l’ombre d’un sourire à ce qui lui apparaissait être comme une marque de reconnaissance de la part de son camarade, puis passant au déroulement de son explication, jusqu’à la conclusion. Et tu termines en questionnant l’utilité des expérimentations magiques afin de laisser une ouverture sur une autre problématique que celle que tu as traitée, et, point final. Autour d’eux, la Grande Salle s’était plutôt bien vidée, le repas touchant à sa fin pour la plupart de leurs camarades, bien que quelques groupes restent encore assis à bavarder un peu partout. Bien, je crois que ton devoir est terminé fait-elle en se redressant, s’étirant légèrement après être restée trop longtemps penchée sur la plume de Maxwell.