Une présence soudaine me sortit de ma rêverie par un sursaut incontrôlé. Popcorn venait de sauter sur mes pieds, essayant de les mordre par-dessus la couette bien trop épaisse pour que je risque quelque chose.
Toi par contre, le concept de tranquillité...
Il risqua un œil vers moi, les oreilles dressées en avant, sans pour autant cesser de mâchouiller mes orteils. Pas une seule once de remords dans ce petit animal.
Ça va, j'ai compris
Je me redressais, attrapant une boîte hermétique dans l'un des tiroirs de ma table de chevet, et en sortis un pignon de poulet cuit que je lui lançais à travers la pièce. Je m'étais débrouillé pour en récupérer discrètement au dernier banquet, la veille. Ça l'occupera le temps que je finisse d'émerger et d'étirer mon corps de cure-dent. J'attrapais mes habits pour la journée sous les craquements d'os que Popcorn décortiquait dans le silence. Il doit se régaler le bougre.
Un petit tour à la douche et je descendrais à la Grande Salle pour le petit-déjeuner.
Un vrai calvaire d'essayer de nous une fichue cravate en descendant les escaliers. Un coup, c'est trop long, un coup trop court, tant pis, je laisse tomber. Pas de cravate aujourd'hui. Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête ce matin. Pour la première fois depuis le début de l'année, je me sens à peu près bien, l'épisode du Billywig ayant l'air d'avoir lassé les commères. Je suis en règle pour les cours obligatoires et je me sens même plus totalement à la ramasse en rattrapage. Aujourd'hui avait de très grandes chances de prendre la tête du top 3 de mes meilleures journées à Poudlard. Juste au-dessus de la répartition. Pour dire à quel point, on est bas sur l'échelle du fun et de la joie.
Donc, aujourd'hui, on pense positif et on profite du soleil !
Je m'installe à la grande table aux couleurs chatoyantes de ma maison, suffisamment à l'écart pour qu'on n'ait pas envie de m'adresser la parole et pas trop non plus pour ne pas faire pitié. La plupart des élèves de l'école doivent déjà être derrière les pupitres de leurs premiers cours ou sur le terrain de Quidditch pour l'entraînement matinal. Aucune idée s'il y a des matchs en ce moment. Très peu pour moi ces histoires de saisons, de coupe du monde ou même les noms des équipes. Je sais même pas qui est dans l'équipe de Gryffondor. Je laisse ça aux professionnels.
Moi ce qui m'intéresse pour l'instant, c'est cette délicieuse odeur et combien de muffins au chocolat blanc mon estomac est-il capable de stocker.
Ni une ni deux, je remplis mon assiette d'un maximum de choses y compris des trucs que je n'ai pas encore osé tester du genre, les "patacitrouilles" si j'en crois ce que j'entends des conversations autour de moi.
J'ai sûrement les yeux plus gros que le ventre, mais j'ai envie de me faire plaisir. Et alors que je commence mon festin de roi, j'aperçois du coin de l'œil sous une mèche de cheveux encore humides, un journal. La Gazette du Sorcier. Elle a dû arriver avec le courrier du matin. Drôle de truc d'ailleurs ça. Une avalanche de hiboux qui débarquent à fond la caisse dans la Grande Salle pour bombarder les élèves de lettres et de paquets en tout genre. Au moins on ne peut pas se plaindre de l'inefficacité de la poste. Mais bon, je me vois mal envoyer une chouette à mes parents. Rien que les imaginer la recevoir et devoir expliquer aux voisins me fait rire.
Je rapproche le journal pour en lire les gros titres avant de l'ouvrir en deux devant mon verre me coupant temporairement du monde extérieur.