(#) Sujet: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Dim 22 Mar - 15:59
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Dim 22 Mar - 18:58
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Le parchemin couvert de nos encre rejoint le reste de mes affaires que je range à la hâte. Drapeau blanc parsemé de nos excuses voilées et de nos tentatives de renouer. Lindberg est encore entrain de parler mais ce n’est pas après un cours passé à ne rien écouter que je vais brusquement changer d’attitude. Surtout pas alors que la présence de Junior me distrait encore plus que d’habitude. Je ne peux déjà pas retenir un sourire à la perspective des heures qui s’offrent à nous, dans quelques minutes, dans quelques secondes, dès que retentira la sonnerie marquant la fin d’un temps de cours aussi futile qu’essentiel. Tout dépendait de la perspective envisagée. Le timbre de la cloche nous tire hors de notre banc et Junior s’enfuit, mais sans m’oublier derrière lui cette fois. Nos doigts entremêlés semblent ne s’être jamais quittés, délicieuse sensation de retrouvée après des jours d’un manque cruel. Nous disparaissons de la salle de classe et mon éclat de rire résonne bien après que nous nous soyons soustraits au regard sûrement désapprobateur de certaines personnes : l’enseignant, Finnbjörn, Phoenix… Qu’importe, mes pensées volaient à mille lieues de ce qu’ils pouvaient en dire, rejoignant cette intimité qui se dessinait déjà devant nos pas empressés.
Nous avions atteint les escaliers avant que la foule ne commence à envahir les couloirs de toutes parts. Le brouhaha de leurs conversations tapissait l’arrière plan de ce moment. Simple rappel que nous n’étions pas seuls dans ce château et que nous avions tout intérêt à rejoindre au plus vite un endroit vide de toute autre présence. Notre cadence ralentit alors que nous dévalons les marches. Les doigts de mon meilleur ami étreignent un peu plus fort les miens et nos regards clairs se croisent, sans se détacher aussitôt, prolongeant au contraire ce bref instant par un sourire identique. J’aurais dû lui en tenir rigueur. Ne pas me montrer si naturelle avec lui, lui en vouloir encore un peu, afficher quelques heures de plus un mécontentement rancunier… À quoi bon ? Chaque jour me laisse un peu plus entrevoir à quel point il est facile pour lui de jouer avec mes humeurs. J’étais presque certaine qu’il ne s’en rendait même pas compte ! Un regard noir de sa part ou une critique quelconque et ses mots rebondissaient aussitôt sur mon orgueil maltraité ; un sourire moqueur accompagné d’une douce caresse et toute cette fierté fondait sans demander son reste. Je lui en avais voulu, violemment, de voir qu’il pouvait se passer de moi si facilement. Je lui en voulais toujours, mais je ne pouvais garder cette rancune brandie. C’était bien trop normal d’être à ses côtés, bien trop exaltant, et ça m’avait bien trop manqué. Je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. Tant pis, pour l’instant, s’il avait eu besoin de deux semaines passées à me bouder. Nos plumes avaient tracé les contours de nos excuses respectives et je ne voulais rien d’autre que de profiter de sa présence retrouvée. Si la perspective qu’il puisse réitérer un tel abandon ne me quitterait pas aussi facilement que ma méchante humeur chagrine provoquée par son absence, je pouvais cependant me complaire sans aucun mal dans son retour à mes côtés.
Il ne m’a jamais semblé si ennuyeux qu’aujourrrd’hui approuvé-je aussitôt. C’était comme si nous nous étions quittés la veille et que sa douloureuse ignorance ne m’avait jamais plongée, des jours durant, dans une peine maussade. Tout retournait tout simplement à la normalité la plus évidente. Chaque chose reprenait doucement sa place, à l’instar de ma main serrée entrelacée avec la sienne. Je le suis sans questionner notre destination. Il m’avait dit me garder en observation l’après-midi toute entière, alors peu m’importait l’endroit. Nous continuons de descendre, à contre courant de tous nos camarades qui rejoignent leur prochain cours, ou de ceux qui décident d’aller profiter du temps éclatant à l’extérieur et nous arrivons bien vite devant le mur de pierre qui marque l’entrée de la salle commune des Serpentard. Je pose mes prunelles claires assorties d’une moue dubitative sur mon meilleur ami, rapidement brisée par un sourire malicieux. Bon, j’imagine que pourrr cette fois je peux me passer d’une attestation. Je vais me satisfairrre de ta parrrole, mais c’est uniquement parrrce que je n’ai pas vrrraiment envie de me vider de mon sang si prrroche du rrremède prrromis. J’étais incapable de faire preuve de rancune, mais ce n’était pas pour autant que je ne pouvais pas me jouer un petit de la situation. Sa parole me convient parfaitement. Peut-être que dans plusieurs jours, un doute allait s’insinuer de nouveau jusqu’aux souvenirs de son abandon récent et j’aurais toutes les peines du monde à croire qu’il ne serait pas capable de me refaire subir la même chose. Pour l’instant, il était là, au bout de mes doigts, et c’était tout ce qui importait.
J’avais rarement vu une salle commune aussi vide. Pas âme qui vive et cela me convenait parfaitement. Probablement que les Serpentard étaient plus enclins à sortir de leur trou lorsque le soleil réchauffait le parc de ses rayons dorés, puisqu’ils n’avaient vue que sur les profondeurs du lac. Je me laisse entraîner par Junior entre les canapés abandonnés et nous remontons quelques marches jusqu’à la porte de son dortoir, que je pousse du bout des doigts sans plus me soucier de sa permission. Mon meilleur ami se détache et entreprend de fouiller dans sa malle. Je l’observe quelques secondes, un sourire dansant au fond de mes pupilles opalines, et je finis par me détourner, errant entre les teintures vertes et argents qui pendaient lourdement autour de chacun des lits à baldaquin qui meublaient la pièce. Rien ne m’avait paru aussi normal et évident depuis des jours et des jours. Ses paroles résolues font naître un sourire amusé qui se métamorphose en tendresse alors que ses lèvres effleurent ma joue et laissent l’ombre d’une caresse sur celle-ci, enveloppée de son parfum. Fais vite, je sens que la tête me tourrrne fais-je d’un ton souffrant, tout en me laissant tomber sur le lit comme si je défaillais réellement.
Allongée sur sa couverture qui laissait persister cette odeur qui n’appartenait qu’à lui, j’écoute distraitement l’eau couler un peu plus loin. Je me sentais parfaitement à ma place ici, à jouer avec la douceur de sa courtepointe. C’était comme revenir à la soirée de nos anniversaires et à ce sentiment de plénitude qui m’enveloppait alors. Des heures indues à refaire un monde qui n’avait jamais appartenu qu’à nous et à nous laisser aller dans une douce frivolité que nos parents n’auraient jamais approuvée. Une décadence insouciante. Était-ce cela que ressentent les suppliciés quand leur torture touche enfin à sa fin et qu’ils atteignent finalement l’objet de leur convoitise ? Ce mélange de soulagement et d’enchantement qui rend si légère ? Avec un petit soupir d'aise, je me redresse en tailleur et entreprend d’étudier le contenu de cette trousse que Junior a jeté sur son lit, patientant le temps qu’il me revienne.
Cela ne lui prit que quelques minutes et je lui rendais sa pochette de soins alors qu’il s’asseyait à mes côtés. Ses doigts jouent avec mon pansement de fortune afin de le détacher et d’étudier cette si grave blessure. Avec un sourire tendrement moqueur, je laisse ma tête reposer dans ma main de libre, sans quitter Junior des yeux. Son air sérieux et concentré enflammait doucement mes prunelles d’un amusement familier. J’avais envie que le moment dure éternellement et, en même temps, comment pouvait-il en être autrement maintenant que nous nous étions retrouvés ? Le temps avait recommencé à s’écouler normalement et tout ce qu’il pouvait faire était de laisser ces instants se poursuivre, encore et encore. Sans nuage ni tempête d’aucune sorte. Ça aurait été fâcheux raillé-je à la mention du doigt que j’aurais pu perdre. J’y penserrrai. C’est vrai que j’aurais dû le faire depuis un petit moment déjà mais j’avais d’autrrres chats à fouetter. Je ne regrettais pas d’avoir laissé le verre brisé sous mon lit, non plus que les roses que le vase entier contenait alors. Dans un élan de colère impulsive, j’aurais été capable de jeter les fleurs dans un feu de cheminé brûlant. Grâce au sortilège que j’avais appliqué après les avoir reçues, elles étaient encore éclatantes de vitalité à n’en pas douter. J’avais désormais hâte qu’elles retrouvent leur place sur ma table de chevet. Au vu de la rature réalisée sur le parchemin que nous avions échangé tout le cours durant, il avait compris à quoi était due cette blessure sur ma paume. Je n’allais pas en rajouter.
Bon, ça va, je ne rrregrrrette pas que ce soit toi qui t’occupes de moi et non Phoenix reprends-je après quelques secondes d’un silence concentré pour Junior, observateur et taquin pour ma part. Sous l’effet du baume cicatrisant qu’il prenait grand soin à appliquer, et dont j’appréciais tout particulièrement le contact, la plaie se refermait déjà. Je n’avais jamais prrris conscience de tes prrrédispositions à la médicomagie, où est-ce que je peux signer pour qu’elles me soient rrréserrrvées ? demandé-je, espérant lui faire lever la tête de ma main qui n’avait plus grand chose de blessée, un air tendrement espiègle se jouant des traits de mon visage.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Mar 24 Mar - 23:06
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Mer 25 Mar - 14:18
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Je ferme les yeux quelques secondes, enveloppée d’un parfum que je ne connais que trop bien et qui m’avait douloureusement manqué, allongée sur ce lit qui me ramenait des semaines en arrière, sur un autre habillé de la même odeur. J’étais là où j’avais envie, là où je devais être. C’était très long, deux semaines. Paradoxalement, c’était également très court. Une goutte d’eau dans une amitié qui se glorifiait de nombreuses années. Jamais aucune de nos disputes n’avait duré si longtemps. Quelques heures, c’était déjà énorme. C’était déjà bien suffisant. De là était né ce sentiment d’abandon qui mijotait depuis bien des jours, en réalité. Que ce soit notre escapade dans la bibliothèque ou notre tête-à-tête dans la salle de bain des préfets, chacun de ces moments avait laissé une impression en demi-teinte que je n’aimais pas. Une complicité éternelle frappée d’entailles que nous nous infligions mutuellement. Et au milieu de tout ça, des refuges protecteurs auxquels nous nous accrochions comme si tout en nous en dépendait. Des étreintes nouvelles et d’une simplicité pourtant toute naturelle. Une éternelle danse à deux temps. Complicité unique rythmée par les taquineries qui nous rendaient boudeurs, parfois un peu trop. Mais à ce point ? Ce n’étaient plus des courbes mais des tranchées. Du moins ça l’était. Nous faisions ce que nous faisions toujours : nous réconcilier et faire revenir le beau temps après la tempête. Maintenant que ma fierté s’était défendue par parchemins interposés, se dressant toute entière contre un retour que je ne voulais pas lui concéder si facilement… c’était exactement ce que je faisais. M’abandonner sans retenue, effaçant toute rancune que je ne ressentais que très rarement, et contre lui, jamais de toute façon.
Lorsque Junior revient, je suis entrain d’étudier le contenu de la trousse qu’il a négligemment jetée sur son lit. Je délaisse mon examen sans aucun regret pour poser mon regard clair sur mon meilleur ami, dont l’air concentré et sérieux me fait sourire. Je sais que la blessure n’est que superficielle : rien de très grave, ce n’était qu’un simple bout de verre effilé qui avait jugé bon d’écorcher ma paume. Mais il mettait un tel soin dans chacun de ses gestes que j’étais prête à jouer la comédie encore un peu. Le sens implicite de ses paroles me pousse à détacher mes yeux des mouvements appliqués qu’il exécutait pour tenter de croiser les siens, obstinément baissés sur ma main. Non, en effet... Ma phrase en suspens, mes prunelles ardemment fixées sur son visage, j’essaie de lire quoique ce soit dans ses traits soigneusement concentrés sur ma blessure ; sans succès. Celui-là l’est rrresté trrrop longtemps fais-je d’une voix caressante aux intonations d’un rare sérieux. Je ne reprochais plus au vase d’être resté en morceaux affilés sous mon lit, toutes ces nuits durant, je regrettais simplement qu’il ait pris tant de temps avant d’exiger un réassemblage de ses parties. Je le rrréparrrerrrai, Tout comme je sortirai le carnet en cuir noir du fin fond de ma malle ainsi que mon balai, merveilleux cadeau de Junior, de sous le lit où il gisait avec quelques roses figées dans leur splendeur première. mais les fleurrrs attendrrront encorrre un peu, j’ai d’autrrres prrrojets, là tout de suite conclus-je, ma voix et mon sourire colorés d’une joyeuse malice.
Ses doigts dansent précautionneusement sur la plaie, étalant le baume réparateur, s’éternisant un peu plus que nécessaire. Je n’imaginais même pas retirer ma main, lui laissant tout le loisir de faire traîner ce contact autant qu’il le souhaitait. Il en allait de la guérison de ma paume, après tout, ce n’était pas à prendre à la légère. Dans un nouveau sourire, je lui laisse entendre que j’ai fais le bon choix en le laissant me soigner, lui, plutôt que Phoenix. En réalité, je n’avais pas réellement pensé à ma meilleure amie pour cette tâche. Il y avait bien des choses que les doigts de la belle Gryffondor refusaient de réaliser, je ne doutais pas qu’une besogne aussi basse qu’appliquer un onguent en fasse partie. Peut-être le ferait-elle pour Hannibal. Mais mon cher aîné possédait un statut tout particulier à ses yeux. Non, je n’avais mentionné Phoenix que pour embêter Junior et le piquer, légèrement. À son air satisfait et son sourire qui faisait chantonner sa voix, j’étais réjouie d’avoir rétabli cette vérité. Comme si tu allais daigner lui adrrresser la parrrole me moqué-je dans un éclat de rire. Quoique. Si c’était pour lui adresser un joli doigt d’honneur verbal, il le ferait avec un malin plaisir.
Dans une dernière caresse il délaisse finalement ma main et referme le pot d’onguent. Dans une petite moue dubitative qui me fait hausser les épaules, je laisse entendre le peu de conviction quant à ses recommandations. Dix minutes ? Ta conscience prrrofessionnelle ne veut-elle pas me garrrder en obserrrvation tout l’aprrrès-midi ? Sait-on jamais... fais-je négligemment, un air nonchalant royalement assassiné par la lueur qui pétillait dans mon regard. Nous n’avions pas besoin d’excuse pour passer le reste de la journée ensemble, mais celle-ci était si douce qu’il aurait été dommage de ne pas nous en servir. Son rire me ravit un sourire qui s’agrandit alors qu’il efface toute possibilité de faire profiter qui que ce soit d’autre de ses immenses compétences en médicomagie. Et de tout le double-sens caché derrière ces paroles. Allusions à peine perceptibles qui me rappelaient pourtant ses bras enroulés autour de moi et ses mains enfouies dans ma chevelure, me serrant tout contre lui. J’avais envie d’entendre que c’était cela qu’il voulait dire par poser les mains, alors je l’entendais ansi. De toute façon, cette incroyable intimité n’appartenait qu’à nous et à nous seuls. Ce n’était pas comme si quelqu’un d’autre pouvait se féliciter d’une telle proximité avec mon meilleur ami. Il s’agissait de mon Royaume. Bien plus que les Terres imaginaires que nous nous approprions le temps d’une soirée ou d’une journée, c’était Junior qui en représentait en réalité toutes les frontières. Sans elles, plus de Royaume, et un flou abominable qui m’avait enveloppé ces derniers jours. C’est parrrfait ! Parfait d’être assurée qu’il ne poserait pas ses mains sur n’importe quelle idiote foulant les pierres de ce château, parfait de savoir que ces moments n’étaient qu’à nous, que pour moi, parfait d’entendre que je n’étais pas n’importe qui. Je le savais bien. Mais après ce long silence, un petit rappel ne pouvait que me satisfaire et faire naître ce sourire tendrement complice que je lui réservais.
Indolemment allongé à mes côtés, je retrouve Junior dans toute sa paresse et toute sa nonchalance. C’était frappant comme il m’avait manqué. Sa présence, et pas seulement physique : après tout, nous avions l’habitude de nous séparer des jours durant lorsque nos vacances d’été se dessinaient à l’autre bout du monde. Ses doigts en perpétuel mouvement chatouillent mon dos et les plis de ma robe sorcière, brodée de noir et de doré. Contact banal mais dont la force tranquille me rassurait pleinement et me faisait me sentir parfaitement bien pour la première fois depuis qu’il m’avait dit sans détour qu’il ne voulait pas me parler. Pour le moment, avait-il précisé. Précision que je n’avais pas oubliée, attendant avec une impatience brûlante et blessée que le moment touche à sa fin. Je n’aurais pas pensé qu’il puisse durer si longtemps. Je me tourne à demi vers lui, mes pensées renvoyées au camping qui s’était déroulé quelques jours plus tôt dans la forêt interdite. J’hausse les épaules, désabusée, avant de pouffer doucement à la mention d’une moquerie potentielle. Quelle moquerie ? Comme si j’avais cette délicieuse habitude de le taquiner. C’était bien en deçà de mes espérrrances réponds-je, référence à ce que nous avions programmé ensemble pour le passer finalement chacun de notre côté, sans s’adresser un mot et à peine un regard. Encore que de ce point, je ne pouvais être certaine, n’ayant pas croisé une seule fois celui de Junior. Mon équipe était composée de Mansfield et de cette impurrre de Brrrown. Je n’ai pas fait long feu avec eux, je suis rrrapidement parrrtie de mon côté. J’ai rrretrrrouvé Phoenix Et elle s’est fait un malin plaisir de se satisfaire de ton absence et de notre dispute, assénant encore et encore que je méritais mieux que toi et que tu me rendais un fier service en te tenant éloigné de moi, pensé-je sans rien en dire. et nous avons visité les marrrais, trrrès agrrréables, surrrtout lorrrsqu’on s’enfonce dans la boue. On est bien vite parrrties jusqu’à une grrrotte où il y avait un trrroupeau de Veaudelunes et ces immenses escarrrgots colorrrés ! J’avais d’ailleurs bien failli en toucher un et terminer cette soirée à l’infirmerie. En rrrésumé, ça nous a occupé, mais c’était loin d’êtrrre aussi amusant que ce que j’espérrrais bougonné-je. Avant de sourire de nouveau, les silhouettes des chevaux ailés dansant devant mes yeux. Le seul moment intérrressant était au tout début, quand je me suis rrretrouvée aux écurrries. L’air de rien, je ne mentionne pas que nous y étions au même moment, attendant de voir. Devais-je lui révéler que j’étais là, sous ma cape, arrachant des crins à toutes les créatures présentes afin de m’assurer au moins un ingrédient de cette fichue liste ? Il était rapidement parti sur son cheval, et moi en direction des marais où j’avais eu la bonne surprise de retrouver ma meilleure amie. Je n’oubliais pas non plus ces chevaux noirs, dont le squelette jouait avec la peau sombre.
Portant mes doigts pâles jusqu’à son visage, j’effleure sa joue avant de replacer une mèche qui lui tombait sur le front. Je m’attarde quelques secondes, dans une caresse visant à l’attendrir tandis que mon sourire se fait taquin et que ma voix s’apprête à adopter un ton moqueur. Tu es bien médisant, je n’allais pas me jouer de toi. Simplement m’inquiéter. Comment vis-tu le fait d’avoirrr été enlevé parrr un singe et que ce soit Mansfield qui t’ai secourrru… grrrâce à un concombrrre ? Le rire que je retenais pour ne pas voir les traits de Junior s’appesantir d’une vexation passagère faisait danser mes mots et rouler un peu plus mes r. J’étais capable d’en rigoler maintenant, mais lorsque Blaze m’avait conté cette aventure, je n’avais pas eu exactement la même réaction. Futé, ce fourbe Serdaigle avait attendu la toute fin de la chasse au trésor pour m’en avertir. Savait-il que je me ruerais en direction de mon meilleur ami, malgré cette distance qu’il avait instauré entre nous et que personne ne voyait peut-être vraiment ? C’était certain. Il avait eu une fine intuition. Et, de retour au campement, voyant Junior bien portant, j’avais chassé toute inquiétude visible dans mes prunelles quand bien même l’envie de m’assurer de son état se faisait impérieuse. La présence de ma cadette à ses côtés avait quelque peu aidé à ce que je ne bouge pas de la droite de Phoenix qui s’était allègrement moquée de celui qu’elle détestait, évidemment. Et comment s’est passé le rrreste de ta chasse au trrrésorrr ? m’enquis-je, une dernière caresse dans ses cheveux avant de laisser ma main retomber.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 27 Mar - 19:22
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Sam 28 Mar - 11:25
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Nous tombons d’accord sans plus de formalités. Pour la première fois depuis bien longtemps. Pas la moindre once de dissension derrière ce sentiment partagé que nous avions trop traîné à réparer le vase brisé. Cette entente naturelle qui m’avait tant manquée me soutire un soupir satisfait agrémenté d’un sourire qui l’est tout autant. J’entrevoyais un ciel dégagé de ces trop lourds nuages et cela me réjouissait bien plus que n’importe quoi. Un Reparo se chargerait sans mal de ces morceaux de verre qui jonchaient le sol sous mon lit et un autre coup de baguette ramènerait les trente-neuf roses à leur place. Plus tard, cependant. Il nous fallait nous charger d’autre chose avant que je me préoccupe de nouveau du vase : c’est-à-dire profiter des prochaines heures pour rattraper les fils laissés à l’abandon ces derniers temps et les tisser de nouveau les uns aux autres. La tapisserie de notre Royaume reprenait déjà forme, elle qui pendait lamentablement ces derniers jours, attendant que l’on daigne la reconsidérer. Oh ? fais-je, faussement déçue. Je ne savais pas jouer la comédie, c’était une capacité que Finnbjörn avait toute entière gardée pour lui. Aussi cet éternel sourire qui avait repris ses droits sur les traits de mon visage démentait-il de manière flagrante ce désappointement qui n’existait pas. C’est que j’avais prrrévu de ne pas te lâcher du rrreste de la jourrrnée. Je dois donc ne pas aller prrrendrrre de rrrrisques à l’infirrrmerrrie ? Son retour auprès de moi, mon retour auprès de lui, parfaitement acceptés désormais, ma fierté n’avait plus aucune raison de se dresser devant de tels aveux. De toute façon, il n’y avait rien de plus normal que nous deux, souhaitant arracher toutes les heures possibles à celles qui nous étaient données. Les rares moments que je ne passais pas avec Junior - exceptés les heures de cours que nous ne partagions pas, les nuits dans des dortoirs différents ou les entraînements de Quidditch - étaient le plus souvent occupés avec mon cher jumeau. Autant dire que, ces derniers mois, ces moments étaient suffisamment rares. J’attendais toujours, avec une impatience croissante, que celui-ci daigne se décider à reprendre nos duels.
Il ne fallait pas compter sur la présence de mon tendre frère présentement. Sur celle de personne, en réalité. Les seules essences extérieures étaient celles que nous daignions mentionner, comme par exemple ma meilleure amie. Nos rires résonnent et s’entremêlent, douce mélodie qui avait été bien longtemps réduite au silence, pour mon plus grand déplaisir. Je ne doutais pas que Phoenix devait pester auprès de Finnbjörn tout en rejoignant la salle commune des Gryffondor, ne comprenant pas ce que je pouvais trouver à Junior pour qu’il me manque à ce point quand il décidait - bien rarement, heureusement - de s’éloigner de moi. J’aurais eu beau le lui expliquer sous tous les angles possibles et inimaginables, son inimitié avec le Serpentard aurait rendu mes propos caduques. Tout comme vanter les mérites de la pulpeuse lionne n’avait pour seul effet que de faire lever exagérément les yeux au ciel à Junior. Un combat que j’avais décidé de ne pas mener, me riant de ces ressentiments qui ne m’affectent guère. Je roule des yeux en l’entendant assimiler Phoenix à la plèbe mais ne peut m’empêcher de rire à nouveau en voyant mes soupçons confirmés. S’il s’agissait de lui dire qu’il était loin de m’abandonner, il se ferait un malin plaisir d’aller converser avec la Gryffondor. Elle n’a pas la prrrétention de te rrremplacer, voyons. Elle espérait simplement que nous finissions par nous lasser de Junior pour qu’il disparaisse de l’entourage de notre famille ; famille qu’elle intègrerait probablement au rythme où se poursuivait sa relation avec Hannibal. Un espoir vain, malheureusement pour elle. Je ne sais pas qui de Finnbjörrrn ou bien de Phoenix faisait la plus belle grrrimace me moqué-je, pensant évidemment aux pensées désapprobatrices que mon tendre frère avait sans aucun doute eues en me voyant déguerpir avant même que l’enseignant ne nous ait officiellement autorisés à quitter son cours. Il devait considérer cela comme un manque de respect et marmonner que je ne respectais définitivement pas le nom des Sørensen en me comportant ainsi. Il me réprimanderait ; je lui sourirais en lui disant qu’il se prenait trop la tête ; et nous en resterons là. Phoenix, par contre…, d’autant plus si Junior allait réellement la narguer, risquait de prendre plus ombrage de la situation.
Mais qu’importe Phoenix, qu’importe mon jumeau adoré ! C’était Junior et moi, nous deux uniquement. Pour l’instant et pour bien d’autres encore. Je questionne sa conscience professionnelle, me servant de cette excuse qui nous était servie sur un plateau d’argent pour dessiner les suites d’un après-midi dédié à nous, tout simplement. Même son léger haussement d’épaules ne m’offusque pas tant il n’est pas porteur de la même lassitude que la dernière fois que nous nous étions retrouvés en tête-à-tête. C’est vrrrai qu’une convalescence au soleil est toujourrrs plus agrrréable. Surtout après avoir passé ma matinée enfermée entre les murs blancs de cette infirmerie que j'exècre. Mais au fond, tant que je profitais de Junior pour moi toute seule, peu m’importait l’endroit. Comme tu veux ! Je m’en rrremets à tes compétences de médicomage, mais uniquement pourrr aujourrrd’hui ! Si j’étais d’habitude celle qui tenait les rênes de nos diverses escapades, je les lui laissais bien volontier pour cette fois. Enfin, nous n’étions pas à l’abri qu’une idée germe et que je les récupère sans plus de formalités, mais pour l’instant, il pouvait nous conduire où bon lui semblait. Je doutais cependant que son dortoir reste parfaitement vide des heures durant et le château regorgeaient de lieux intérieurs ou extérieurs où nous pourrions nous assurer toute la tranquillité du monde.
Le soin terminé, le pot d’onguent refermé, Junior se laisse paresseusement tomber sur son lit. Ses doigts se mettent à caresser silencieusement mon dos. Et, aussi simplement que cela, quelques gestes et quelques sourires qui s’entrelacent, nous retrouvons notre bulle habituelle, dans toute sa force et toute sa splendeur. Elle ne tenait définitivement qu’à de petits riens, mais de petits riens solides et qui valaient de grands touts. Un moment unique, qui en rappelait pourtant tant d’autres, me renvoyant sans peine à d’autres lits sur lesquels nous avions tout aussi facilement construit des bouts de notre Royaume. J’y étais bien et rien ne me faisait plus plaisir que de m’y retrouver après ces longues journées à ne pas pouvoir me rassasier de la présence apaisante de mon meilleur ami. Nous étions peut-être dans son dortoir, étendus sur son lit, j’étais parfaitement chez moi, Reine dans son Royaume aux côtés de son Roi, tout aussi alangui qu’il puisse être.
Junior me demande comment s’est déroulé le camping pour moi, avant d’ajouter que le sujet ne devait pas être une opportunité pour moi de me moquer de lui. Mon sourire se fait taquin mais je me contente d’abord de lui décrire ma chasse aux trésors. Une succession de déceptions relevée par la présence à mes côtés de ma meilleure amie. Mais entre Junior, si proche et pourtant à des lieues de moi, l’enlisement de Phoenix dans la boue, les créatures immondes qui pullulaient un peu partout, mon pied que j’avais blessé d’un coup violent contre une racine, et la présence de tous ces impurs autour de nous, ce week-end avait été fort loin d’atteindre mes attentes. Sûrement en grande partie parce que nous nous y étions inscrits ensemble mais que nous l’avions vécu séparément. Il me révèle avoir lui aussi commencé par les écuries et une petite moue vient troubler mon sourire. Mes doigts rejoignent sa joue, y laissant l’ombre d’une tendresse, avant de dégager son front d’une mèche qui traînait négligemment là. Je sais soufflé-je avant de retrouver mon éternel sourire alors que je le vois fermer les yeux au contact de mes caresses dans ses cheveux.
Était-ce un regret, dans son on a dû se louper de peu ? Ou la simple constatation que nos chemins ont failli se croiser ? Car je n’avais pas hésité un seul instant à rester cachée sous ma cape, mais je me demandais maintenant si j’avais bien fait. Qu’importe, au fond, je ne pouvais pas changer le passé. Et, sur le moment, me protéger de ce regard fuyant qui me piquait profondément avait été la meilleure de toutes les solutions. Même si, au fond, le voir s’éloigner sur son cheval, toujours noble et princier même dans une situation comme celle de ce camping, m’avait laissé un arrière-goût amer de chagrin. J’étais là, en fait. J’avais ma cape à ce moment précisé-je l’air de rien, continuant mes mouvements légers sur le sommet de son crâne. Des plus prrratiques pour obtenirrr le crrrin qui était surrr la liste. Mais j’ai bien failli me rrretrrrouver dans la bouse quand les chevaux ont commencé à rrruer. Ma grimace disparaît bien vite au profit d’un nouveau sourire, mes yeux brillants au souvenir de ces créatures ailées à l’allure si funestement majestueuse. Et toi, tu as trrrouvé le moyen d’enlever un cheval. Mon rire amusé est bien loin des pensées que j’avais eues alors, en le voyant s’éloigner de moi, inconscient même du fait que je me trouvais à quelques mètres de lui. Maintenant, alors que je caressais doucement ses cheveux et que ses doigts n’avaient pas cessé leur mouvement dans mon dos, je ne voyais que le tableau plein de prestance de mon meilleur ami s’éloignant sur un cheval ailé.
Comment lui avait vécu sa soirée, j’en avais une petite idée grâce au récit de Blaze, bien qu’il ait été trop tardif à mon goût. Le jeune homme avait eu la présence d’esprit de ne pas m’informer plus tôt de ce qu’il était arrivé à mon meilleur ami, s’assurant ainsi que je poursuive la chasse aux trésors au lieu de courir retrouver le Serpentard et m’assurer de son état. Mon ton se fait gentiment moqueur, mes prunelles brillant d’une malice qui s’entend jusque dans ma voix. Je pouffe narquoisement en sentant son coup réprobateur là où il n’y avait que de tendres cajoleries quelques secondes auparavant. Eh ! m’offusqué-je malgré tout. Ma tentative de me montrer mécontente ne fait pas long feu, avortée par ce rire qui reprend sa place de plein droit alors que son oeillade boudeuse m’amuse encore un peu plus. Jusqu’à ce qu’il évoque sa potentielle mort, m’arrachant un regard sombrement boudeur à mon tour. Impossible. Ce n’est pas comme si tu en avais le drrroit fais-je avec un aplomb prétentieux qui m’était propre. Il était évidemment hors de question qu’une telle tragédie arrive. Junior était en bonne santé, en pleine forme, parfaitement vaillant et ça n’allait pas changer. Je le soupçonnais évidemment de jouer de cette mésaventure pour se faire plaindre, rien qu’un petit peu, même si je savais bien que ces créatures pouvaient s’avérer mortellement dangereuses. Evidemment, il a occulté cette parrrtie là de son histoirrre. Blaze était un éternel fanfaron, héros des contes modernes qu’il récitait à qui voulait bien l’entendre. Entre les menaces qu’il avait proférées à l’encontre de Finnbjörn et la mise en danger de Junior, je commençais doucement à avoir envie de lui faire ravaler ses bravades. La prochaine fois qu’il se jouera de mes nerfs, ce ne sera pas d’un simple Bloclang qu’il écopera.
Je n’avais cependant aucune envie de penser à Blaze là maintenant tout de suite, ou à n’importe qui d’autre qui ne soit pas mon meilleur ami. Si j’avais sû plus tôt ce qu’il t’était arrrivé, je serrrais venue. Je ne souhaitais pas que plane le doute de mon indifférence sur cette situation. Qu’il s’agisse de cette fois-ci, de l’impulsion d’aller m’assurer qu’il se porte bien après l’épouvantard - impulsion douloureusement réfrénée - ou de toutes les autres fois où l’habitude et l’inquiétude brûlaient ardemment et m’enjoignaient d’aller le retrouver, je n’avais jamais été détachée de ce qu’il pouvait bien lui arriver.
Je savais comment sa chasse aux trésors avait démarrée, j’avais eu vent de cet incident, mais je ne savais pas comment s’était déroulé le reste de sa soirée. Très égoïstement, j’avais envie d’entendre qu’elle n’avait pas été plus joyeuse que la mienne et que mon absence à ses côtés avait rendu les heures bien fades. Mes doigts embrassent une dernière fois la chevelure brune de Junior avant de retomber dans une inaction muette. Pas pour très longtemps, cependant, la main de mon meilleur ami s’en emparant pour venir les replacer à l’endroit exact où ils se trouvaient une seconde auparavant. Un rire pour seul commentaire, et je me plie de bonne grâce aux directives de ce Serpentard gâté, habitué à obtenir tout ce qu’il désire. Ce n’était pas moi qui allait lui refuser cela, j’y trouvais un plaisir aussi tendre que le sien, à n’en pas douter. Mon Prrrince est-il satisfait de ces égarrrds ? l’interrogé-je d’un ton pompeux qui me seyait décidément très mal. Heureusement que l’ironie pleine de suffisance qui pétillait au fond de mes pupilles relevait le niveau.
Mills traînait décidément son affreux faciès partout : à la Saint-Valentin, à la table de mon frère ; et durant cet événement, dans l’équipe de mon meilleur ami. Le hasard ne pouvait-il pas l’envoyer se trémousser ailleurs ? La suite de sa phrase agite mon visage d’une moue réprobatrice. Mes doigts suspendent quelques secondes leur mouvement. Evidemment que ma cadette ne me valait pas. Qui pouvait encore en douter ? Elle n’était qu’une pâle copie de la magnificence des Sørensen, tant au niveau du talent, que de la prestance, que de tout le reste. Que Junior ait imaginé pouvoir trouver consolation à mon absence auprès de ma jeune soeur avait quelque chose de vexant et mon air boudeur ne manqua pas de lui faire savoir. Naturrrellement fais-je, un claquement de langue mécontent venant ponctuer cette assertion. Enfin, le compliment sous-entendu valait bien que je ne me fâche pas trop, pas trop longtemps. Si ma cadette prenait la mauvaise habitude de traîner dans les jupons de mon meilleur ami, je pourrais toujours me faire un malin plaisir à lui faire passer cette envie. Je ne vois décidément pas ce que tu peux apprrrécier chez elle. Rrrien ne va poursuis-je d’un ton des plus dédaigneux. Parler de Judith ne m’apportait rien, sinon un profond ennui teinté d’hostilité. Enfin, peu imporrrte. J’hausse les épaules, balayant ainsi le sujet de ma cadette qui n’avait rien à faire entre nous.
Mon sourire revient danser sur mes lèvres bien rapidement, suivi d’un nouveau rire alors qu’il affirme qu’il ne participerait plus jamais à quoi que ce soit qui viendrait de Poudlard. J’en prrrends bonne note réponds-je d’un ton qui laisse clairement percevoir que je ne prenais note de rien du tout qui ne m’arrange pas.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Jeu 2 Avr - 19:55
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 3 Avr - 11:58
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
C’était insensé à quel point retrouver un moment d’une simplicité déconcertante avec Junior me faisait prendre conscience d’à quel point il m’avait manqué, ces derniers temps. Je le savais, bien sûr : mon front n’était pas perpétuellement ombragé par la seule faute de Finnbjörn ou de ces impurs qui s’octroyaient les mêmes droits que, nous, nobles de naissance, avions hérités. Ce n’étaient que des mécontentements passagers, bien loin de celui qui avait dansé au fond de mes prunelles des jours durant et qui n’était dû qu’à l’éloignement de mon meilleur ami. C’était insensé et, en même temps, d’une évidence écrite depuis bien longtemps, n’est-ce pas ? J’avais bien tenté de m’échapper de l’appartement londonien de Grand-Père, des années plus tôt, pour aller le rejoindre en France alors que nous ne nous connaissions que depuis peu ! Tout ça parce que son absence m’était déjà insupportable. Alors le voir, chaque jour qui passait, au bout de mes doigts sans pouvoir jamais le toucher, c’était une pénitence bien trop éprouvante. Son rire était décidément la plus agréable des mélodies. Lui aussi m’avait manqué. Mais depuis bien plus longtemps. Bien avant notre dispute, en réalité, nos têtes-à-têtes manquaient déjà cruellement de ce rire si doux. Et ce, depuis notre escapade dans la bibliothèque. Mais il était de retour et il m’était inenvisageable de le laisser repartir, même sous le prétexte tout à fait respectable de lui renvoyer une méchanceté qu’il m’avait adressée.
Sous couvert d’un sarcasme, je lui fais savoir mon envie de ne pas le quitter d’une semelle et sa réponse me convient parfaitement. Je ne voulais rien entendre d’autre. Tu as rrraison, je me sens si faible. Qu’importe le peu de crédibilité de ces propos : moi, me sentir souffrante ? il n’y avait bien que lorsque cela me servait de prétexte royal que je pouvais accepter de débiter un tel mensonge. Junior n’en croyait pas un mot non plus, il suffisait de voir mon teint pâle rosi par l’amusement pour se douter que je ne souffrais que d’un seul mal, et c’était celui d’avoir été trop longtemps privée de mon meilleur ami. Mais déjà les symptômes s’éloignaient, remplacés par nos rires entremêlés. Qu’est-ce que je pouvais souhaiter que nous ne soyons pas à Poudlard, présentement, mais chez moi ou bien chez lui, qu’importe, tant qu’il s’agissait d’un endroit où les heures ne viendraient pas nous séparer de force. Quoique. Si vraiment l’idée m’était trop insupportable, nous pouvions toujours nous cacher dans la salle sur demande qui nous offrira sans peine un cocon sacré.
Une bulle loin de Poudlard et de ses règles, loin des autres, insignifiants ou non, loin de mon tendre frère et loin de Phoenix, dont l’ombre flotta un instant autour de nous, amenée par l’une de mes allusions. La dernière fois que j’avais mis ma meilleure amie sur le devant de notre scène, cela s’était très mal terminé. Une rumeur la liant à Junior avait suffi pour menacer notre inébranlable complicité. Rien de tout ça aujourd’hui, mais la simple évidence que je préférais mille fois être soignée par le Serpentard que d’être abandonnée aux mains de ma meilleure amie. Je le vois lever les yeux au ciel, dans un mouvement bien trop affecté pour que je puisse le rater. Non, pourrr de vrrrai. Elle vivrrrait ça comme un affrrront que de rrremplacer le minable qui trrraîne dans mes pattes. Je n’avais pas menti en affirmant qu’elle ne voulait pas prendre sa place, puisqu’elle considérait que la sienne était loin de moi, loin de nous. Elle n’arrivait pas à saisir ce qui nous liait tous les deux, ni même à comprendre toute l’importance que revêtait Junior à mes yeux. Tant pis, elle n’avait pas besoin de ce savoir pour vivre, et tant que nous ne l’oublions pas, lui et moi, c’était tout ce qui avait de la valeur à mes yeux. J’adorais Phoenix, mais elle resterait à jamais incapable de m’éloigner de lui. Tout comme Junior pouvait toujours courir pour que je rompe tout contact avec elle, d’ailleurs. Elle ne saisit pas ce qui nous lie, ni que tu es l’opposé du misérrable qu’elle se plaît à dépeindrrre rajouté-je en guise de conclusion, simple vérité d’une évidence limpide, afin d’adoucir ma moquerie précédente et éviter que Junior n’en prenne trop ombrage. C’étaient les mots de Phoenix, mais il ne s’agissait pas de mes pensées, loin de là.
Ainsi, il était plus que certaine que la Gryffondor m’ait jeté un regard noir en me voyant m’enfuir du cours de métamorphose, main dans la main avec Junior. Néanmoins, elle n’était peut-être pas la seule et j’avais l’intuition que mon jumeau adoré n’avait pas été en reste. C’est qu’il essayait tant bien que mal de calmer mon impulsivité à grands renforts de sermons et de piques assassines ; et sa bienséance ne pouvait souffrir de voir le nom Sørensen se comporter aussi impoliment vis à vis d’un enseignant. Peu m’importait, je savais que cela n’était jamais éternel, avec Finn. Je pouvais toujours compter sur sa présence, même lorsque je l’irritais, même lorsqu’il m’agaçait. Il n’y avait pas à dire, pourtant : avoir mon jumeau à mes côtés m’était essentiel, quand bien même il était des plus doués pour porter mes nerfs à vif et me donner envie de lui jeter un Doloris sur le champ ; ce fait n’enlevait rien à celui qui rendait la présence de Junior tout autant indispensable.
Mon haussement d’épaules accompagne mon rire gentiment moqueur. Et dirrre que tu es censé êtrrre le plus sage de nous deux. Il était vrai que, la dernière fois qu’il avait pris la directive de notre expédition, j’avais bien failli glisser jusqu’en bas du toit et plus bas encore. Je me souvenais pourtant avec délice du froid mordant qui s’était emparé de mes pieds nus, des flocons qui dansaient autour de nos visages rougis par les basses températures, de ce ciel noir parsemé d’étoiles, de la nuit londonienne qui nous offrait un Royaume féérique. Mais aussi de nos silences alanguis, de nos fiertés froissées qui avaient manqué de ternir notre anniversaire par une fin catastrophique. Et finalement, sa couette nous recouvrant tout entiers et nos visages qui s’étaient faits face avant que nous ne sombrions dans un sommeil profond.
À sa demande, je lui dresse un compte-rendu de mon expérience de ce week-end, toute en demi-teinte qu’elle était. Il n’avait pas été à mes côtés, alors que je me réjouissais déjà de l’entraîner dans les méandres de la forêt interdite sous couvert d’une sortie scolaire. Il n’avait pas été là, et même si j’avais profité de Phoenix, même si j’avais découvert des chevaux ailés aussi sombres que magnifiques, il m’avait manqué. Lorsque je mentionne mon passage aux écuries, il m’avoue s’y être rendu également. L’idée que nous nous soyons manqués de peu semble le troubler, alors que je sais bien ce qu’il en était réellement. Mes doigts caressant ses cheveux, je me fends d’un aveu à mon tour, d’un ton indifférent, explicitant rapidement mes premiers mots lorsque je le vois froncer les sourcils. Une petite exclamation étonnée, et c’est tout. De quoi d’autre avions-nous besoin, en réalité ? Rien de plus qu’un court silence et que nos doigts persévérant dans les tendres caresses, avant que je ne lui détaille un peu plus mon rapide mais mémorable passage dans ce coin-là de la forêt. Evidemment, cela le fait rire et une moue contrariée vient froncer mes lèvres et les traits de mon visage. Si tu avais pu le voirrr, tu l’aurrrais vécu également, crrrois-moi fais-je d’un ton faussement boudeur. S’il avait été à mes côtés à ce moment fatidique, il pouvait être sûr que je l’aurais entraîné dans ma chute. Hors de question que je sois seule à me ridiculiser et que monsieur me contemple, debout, des larmes de rire perlant au coin de ses yeux. Je le connaissais trop bien pour ne pas douter un seul instant qu’il aurait fait en sorte que je n’oublie jamais, par Merlin, cet instant.
Mais nous n’étions pas ensemble alors, je n’étais pas tombée dans la boue malodorante qui recouvrait une partie du sol, et lui s’était éloigné, fier, sur son cheval volant. Je pouffe légèrement, retrouve mon sourire et mes yeux pétillants. Il n’y avait pas de meilleure manière pour Junior que de passer cette chasse aux trésors royalement juché sur un destrier, tandis que tous les autres gambadaient dans la boue. À mon tour de me moquer de lui ! S’il croyait s’en tirer à si bon compte parce que monsieur avait eu la présence d’esprit de s’assurer une monture pendant que je parcourais les bois à pied, c’était oublier le récit qui m’avait été fait sur son kidnapping par un singe maléfique. Son ton boudeur me renvoya le danger qu’il avait couru et la simple perspective d’avoir risqué de le perdre assombrit mon visage. Je n’y manquerrrai pas répliqué-je d’un ton assuré et abrupt. Personne n’avait le droit de m’enlever Junior, ni maintenant, ni plus tard. Pas avant au moins une éternité. Et certainement pas alors que nous étions encore brouillés à la suite d’une dispute qui avait trop durée.
Je le lui confesse sans détour ni surplus de fierté, que j’aurais tout abandonné pour venir le retrouver, qu’importe notre différend d’alors, si j’avais su plus tôt qu’il avait risqué bien plus que quelques égratignures. Ses paupières se soulève et son regard croise le mien, m’enveloppant tout entière plus efficacement encore que le silence qui suivit. Son sourire valait toutes les réponses du monde, je n’avais pas besoin de plus. Simplicité retrouvée, confiance inébranlable. Elle l’avait été, ébranlée, mais nous retrouvions doucement ce qui avait toujours été évidence. Mon sourire éclatant pour seule réponse, le sujet est clos et mes doigts sont ramenés là où ils se trouvaient la seconde d’avant : j’avais compris le message, et je m’employai donc, dans un gloussement que je ne cherche pas à contenir, à reprendre mes caresses sur le sommet de son crâne.
À son tour de me conter ses aventures dans la forêt interdite. Savoir qu’il avait passé cette soirée en compagnie de ma cadette m’irritait profondément, mais le naturel avec lequel il avoua qu’on ne pouvait me remplacer par ma benjamine atténua quelque peu l’air boudeur que je prends pourtant. Et je n’avais pas plus envie de parler d’elle que Junior n’avait eu envie de s’éterniser sur Phoenix. Judith n’était qu’un vague insecte dont le bourdonnement était agaçant, mais il me suffisait d’un geste de la main pour la chasser. Et de quelques mots de Junior pour l’enterrer vivante. Mon sourire abandonne tout mécontentement. Oui, il me suffisait de quelques paroles de sa part pour retrouver mon regard brillant, comme il suffisait de quelques mots pour l’assombrir. C’était comme ça depuis à peu près toujours, et je n’imaginais pas que cela puisse changer dans un futur plus ou moins lointain. Avant ou aprrrès la chute dans ses excrrréments ? fais-je d’un ton malicieux et un rire qui l’est tout autant.
Ce qu’il fallait retenir, c’est que j’avais bien moins mal vécu cette soirée que lui, finalement, et que le Serpentard semblait fermement décidé à ne plus jamais prendre part à quoi que ce soit que Poudlard pourrait bien organiser à l’avenir. Le témoignage de mon soutien indéfectible manque visiblement de crédibilité puisqu’il se redresse, le regard soupçonneux, mais le sourire amusé. Le mien se fait innocemment canaille et je prends un air des plus candides, trahi par mon regard espiègle. Je ne vois pas ce qui te fait dirrre ça répliqué-je en me laissant tomber négligemment sur son lit. Hé rrregarrrde, je suis déjà guérrrie. Un nouveau rire me secoue tandis que je lui tends ma paume pour preuve irréfutable de ma parfaite cicatrisation. Tu es décidément le meilleurrr de tous les médicomages. Flatterie tempérée par ce sourire qui ne cessait de s’élargir face à ce changement de sujet des plus grossiers.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Mar 7 Avr - 23:43
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Jeu 9 Avr - 19:29
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Heureusement pour nous deux et les heures qui nous attendaient encore, cet après-midi ne tenait pas à mes seuls talents de comédienne. Je n’avais jamais jugé bon d’apprendre à jouer la comédie, préférant le naturel de mon impulsivité au jeu surfait des émotions masquées. Junior joue le jeu de bonne grâce, témoignage de cette envie commune de profiter de ce moment tous les deux et uniquement tous les deux. Ses doigts prennent ma température et il affecte un air concentré à l’extrême, éveillant une flamme amusée au fond de mes prunelles. Puis ils se laissent glisser jusqu’à ma joue qui se plisse sous le tendre sourire que cette caresse me tire. Toutes les ombres que nous avions consciencieusement étendues au-dessus de notre royaume ces dernières semaines s’évanouissaient une à une. Est-ce que ces quinze jours de torture et d’éloignement avaient été nécessaires dans ce processus ? Peu m’importait désormais : tout ce qui comptait, c’était cette proximité retrouvée, cette bulle de complicité qui nous emmenait loin du monde des simples mortels. Comme elle l’avait toujours fait. Plus de Misha, plus de Charles-Auguste, plus aucune fille se dessinant comme potentielle remplaçante, rien que des égards emplis de douceur. Même ma meilleure amie ne peut ombrager bien longtemps notre tête-à-tête et nous nous évadons bientôt vers les souvenirs de notre expédition sur les toits londoniens.
Paresseux, le Prince de notre royaume qui s’allonge de tout son long sur son lit. Ses doigts se perdent dans mon dos, prolongeant un contact que nous ne souhaitions pas rompre. Nous ne faisons rien de plus que discuter, rattraper un temps passé loin l’un de l’autre et, pourtant, jamais l’ennui ou l’impatience ne s’étaient trouvés si loin de venir assombrir mon humeur. Il n’y avait bien que Junior qui soit capable de m’apaiser aussi facilement et d’endormir ce bouillonnement constant qui m’agitait en toutes circonstances. Pour une période donnée, du moins. Ce n’est pas que mon naturel nécessite de s’effacer en sa présence, bien au contraire. C’est qu’une autre facette de ce caractère impétueux s’exprimait uniquement lorsque j’étais avec lui. J’imaginais, amusée, Finnbjörn afficher un air sceptique s’il en venait à apprendre à quel point je pouvais être sage en compagnie de mon meilleur ami. Impossible à croire. Mais en même temps, qui d’autre que Junior pouvait faire d’un pauvre lit franchement peu glorieux un îlot de félicité, un sanctuaire où j’étais bien aise de me retrouver et d’où ne jamais bouger n’était pas pour me déranger le moins du monde ?
Un petit souffle moqueur vient ponctuer ses mots. Ça, mon ange, c’est uniquement parrrce qu’elle rrrefuse de voirrr à quel point tu peux êtrrre l’opposé de ces petits chérrrubins ailés. Je n’avais pas le sentiment d’avoir une quelconque mauvaise influence sur mon meilleur ami. Je ne faisais que lui offrir la possibilité de profiter autant que possible de cette jeunesse royale qui s’offrait à nous. Heurrreusement que tu ne comptes pas t’en défairrre, qu’est-ce que je ferrrais sans toi fais-je, levant les yeux au ciel. Des mots d’une évidence limpide mais qui pouvaient s’avérer porteurs d’un autre sens auquel je n’avais guère réfléchi. C’était néanmoins l’entière vérité : mon quotidien sans sa présence était bien fade, les couleurs bien moins vives, et tout mon entrain se teintait d’une morosité brûlante qu’il me fallait extérioriser sur ceux qui croisaient mon chemin. Autant dire que, pour la tranquillité des habitants de ce château, Junior n’avait pas intérêt à m’abandonner. Et, bien avant cette raison dont je n’avais rien à faire en réalité, il lui était simplement interdit de le faire car il était hors de question que je compose sans lui. Aujourd’hui ou dans une éternité.
Dans cette entente d’une légèreté qui m’avait manquée, nous racontons chacun notre ressenti de ce week-end. Si ces récits me rappelaient ce que nous avions raté - c’est-à-dire partager de nouveaux souvenirs en nous isolant de la plèbe - ils permettaient néanmoins de rattraper ces heures où son absence creusait un manque irremplaçable. Il se saisit évidemment de la première occasion pour se moquer espièglement de moi et de la situation dans laquelle j’aurais pu me retrouver. Ma moue boudeuse se charge de lui notifier qu’il n’aurait pas manqué de me rejoindre dans cette mésaventure s’il avait seulement été là pour y assister. Son rire le sait aussi bien que le mien : j’aurais parfaitement osé. Il parrrait que la bouse d’Ethonans à de merrrveilleuses prrroprrriétés adoucissantes pourrr la peau me moqué-je tendrement, en passant mes doigts sur sa joue. Je n’en savais rien, en réalité ; je doutais cependant que ce soit effectivement le cas. Ce serrrait crrruel de ma paaart de te prrriver d’un tel soin. Le sarcasme aurait pu lui faire froncer les sourcils d’un mécontentement surjoué mais mes doigts chassent bien vite les nuages de son front. Je le préférais souriant, même si je m’amuserais éternellement de le voir se vexer si facilement.
J’aimais bien moins découvrir que ce que Blaze m’avait seulement dépeint comme une légère mésaventure était en réalité bien plus que cela ; et que Junior avait manqué de terminer à l’infirmerie, ou pire, à cause d’un singe diabolique. Je ne savais pas vraiment contre qui mon irritation était le plus dirigée : cet imbécile qui n’avait pas jugé bon de me prévenir immédiatement de ce qu’il était arrivé à mon meilleur ami ; cet enseignant incompétent qui nous avait laissé nous promener sans inquiétudes alors que des créatures rôdaient au-dessus de nos têtes ; ou bien contre moi, tout simplement, qui n’avait pas pu être là pour m’assurer qu’il s’en sorte sain et sauf. Ce n’était assurément pas ma cadette qui aurait pu remplir ce dernier rôle ; ce n’était de toute façon pas celui qui lui était dévolu. Elle n’était qu’une pâle figurante dans nos vies, un substitut qui n’avait pas lieu d’être. Que Junior puisse l’apprécier en temps que personne m’était incompréhensible, mais nous ne nous étions jamais dicté quelles fréquentations nous pouvions ou non avoir - exception faite, peut-être, de Bradford qu’il ne pouvait vraiment pas supporter. Et encore, même là, jamais il ne m’avait demandé de cesser de me retrouver en sa compagnie. Je devinais simplement à quel point il préfèrerait que je ne lui adresse plus jamais la parole. L’ombrage disparaît rapidement en l’entendant affirmer qu’il aurait préféré m’emmener moi sur son cheval ailé. Sa taquinerie n’enlève rien à cette vérité qui se cache derrière ces mots. C’est d’une évidence telle qu’il est inutile de le prrréciser répliqué-je avec une suffisance qui m’était propre. Même si je le pensais, mon rire atténue tout de même grandement tout l’orgueil qui pouvait alourdir mon ton.
Je conserve le rire dans ma voix lorsqu’il m’assure qu’il ne participera plus jamais à rien que cette école pourrait organiser. Je prends bonne note de ne jamais en tenir compte, mais Junior est loin d’être dupe et sait bien que c’est exactement ce que je suis entrain de faire. Il se redresse, les traits de son visage offensés par un tel affront. À mon tour de me laisser choir sur son lit, le distrayant assez peu efficacement de ma main guérie. Il s’en empare mais pour mieux la rendre inefficace dans toute riposte de ma part à son encontre, et ses doigts libres se laissent aller à des chatouilles traîtres. Le rire qui en résulte bien me secouer toute entière tandis que je me débats légèrement, cherchant à échapper à ses doigts perfides. Je prrromets, je prrromets... lâché-je, le souffle court, l’oeil brillant, afin qu’il s’arrête. Je n’avais pas besoin de plus qu’un léger doute, même des plus méfiants, pour me saisir de cette main qui tentait de me voler ma dignité et des serments et l’empêcher de poursuivre. je ne prrromets rien du tout ! Et de le faire basculer pour qu’il me rejoigne sur sa couverture et cesse cette agression déloyale.
Je n’avais besoin de rien de plus présentement et mon esprit s’égare dans le silence paisible qui nous enveloppe après cette joute. Il se plaisait à vagabonder dans ce royaume retrouvé et à profiter de la présence de ce roi qui m’avait tant manqué. Et puis, alors qu’il repassait sur les sentiers de notre conversation, il s’arrêta sur ces silhouettes fines et sombres que Junior n’avait pas semblé remarquer. Dis-moi brisé-je le silence, me tournant sur le côté pour lui faire face. dans l’enclos des chevaux, tu n’as pas vu ces grrrandes crrréaturrres noirrres et squelettiques au milieu des autrrres, n’est-ce pas ? J’étais certaine que ce n’était pas le cas, car son regard ne s’était jamais arrêté là où je voyais moi des chevaux d’un noir plus sombre qu’une nuit dénuée de lune. Je n’avais pas eu le temps de vérifier qu’il s’agissait bien là des chevaux qui habitaient certaines légendes sorcières dont mon enfance avait été peuplée, mais la question me taraudait.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 10 Avr - 1:36
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 10 Avr - 12:55
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Il nie évidemment mes propos : comme s’il pouvait être autre chose que le parfait petit ange que sa chère mère voyait en lui ! Si je ne connaissais pas chacune des facettes de sa personnalité, je partagerais sans aucun doute cet avis et me serais faite avoir par ces traits d’une pure innocence qu’il savait si bien manier pour obtenir ce qu’il désirait. Cornelius Junior d’Archambault était assurément le fils idéal et le gendre rêvé de toute la noblesse sorcière londonienne. Je plaignais par avance celle qui aurait le bonheur de partager sa vie maritale tout en la détestant alors qu’elle n’existait même pas encore. Cette pauvre fille imaginerait avoir mis la main sur le mari parfait : beau, intelligent, riche, poli, sportif. Oh, il l’était, assurément. Mais que penserait-elle de ses tendances capricieuses, moqueuses, égoïstes, son exigence à toute épreuve ? Pour ma part c’était ce qu’il y avait sous le vernis de la bonne société que je préférais. La perfection m’ennuyait profondément même si, à mes yeux, rien n’allait de travers chez mon meilleur ami. À part peut-être cette facilité qu’il avait de retenir ce qui l’arrangeait le plus dans mes paroles et le tourner à son avantage avec une prétention magistrale.
Son regard railleur me fait cesser un instant mes caresses dans sa chevelure châtain. Ma paume glisse jusqu’à ses paupières, forçant cette lueur narquoise à disparaître. Un souffle dédaigneux m’échappe tandis que je me pare à mon tour d’une suffisance hautaine. C’était effectivement ce que j’avais laissé sous-entendre. Comme s’il ne savait pas déjà que c’était le cas. Mais je n’allais pas le lui rappeler aussi simplement, ce serait gonfler son orgueil d’une force qu’il ne se priverait pas d’afficher. Et si j’avais pu clore ses yeux de nouveau, pour son sourire plein de fierté, en revanche, je ne pouvais rien. Hors de question de lui donner une raison supplémentaire de se montrer suffisant. Quand bien même mon silence était aussi éloquent que toute réplique que je pourrais formuler. Pensait-il être autre chose qu’indispensable à mes yeux ? Si je n’étais pas particulièrement rancunière, mes humeurs allant et venant aussi facilement que le vent changeait de direction, je n’avais aucune difficulté à rayer purement et simplement de mon quotidien ceux dont les actions me déplaisaient. N’importe qui m’ignorant comme il l’avait fait aurait depuis longtemps rejoint le rang des invisibles inopportuns. N’importe qui, sauf lui. Même Finnbjörn aurait eu à subir plus qu’une simple hostilité couchée sur un bout de papier s’il avait eu le malheur de m’éviter à ce point. Et pourtant, nous étions là, comme si nous n’avions jamais cessé de l’être pendant deux longues semaines. Oui, j’imagine que cela voulait tout dire.
Je préfère les railleries aux mièvres confessions. Exception faite de ces surnoms idiots dont nous nous affublons à tour de rôle, je n’étais vraiment pas portée sur la sensiblerie. Le dessin moqueur d’un Junior recouvert de bouse offre un prétexte à mes doigts pour effleurer sa joue. Sa peau n’avait assurément guère besoin d’un quelconque soin. Je m’y attarde un peu, laissant mes doigts divaguer quelques secondes sur son visage qui fait montre de la plus grande maturité possible en me tirant la langue. Une parrrfaite peau de chérrrubin. Comment dis-tu, en frrrançais ? demandé-je, lui souhaitant de ne pas me renvoyer vers cet affreux dictionnaire comme la dernière fois s’il ne voulait pas être privé des caresses que ma main ne se lassait pas de lui prodiguer. Voyons, tu sais bien que gentille n’est pas ce qui me carrractérrrise le mieux. Je laisse planer le doute sur ce que mon manque de gentillesse serait capable de lui faire. Jamais rien de très méchant, ce n’étaient que des taquineries d’adolescent. Des jeux qui n’étaient jamais foncièrement méchants, même si je me plaisais à le piquer et l’entraîner dans des aventures toujours plus mémorables. Les dernières fois ne s’étaient pas exactement passées comme je l’avais alors espéré, mais il nous restait encore toute une éternité pour nous rattraper. C’était bien pour cela que je n’allais pas prendre en compte sa décision de ne plus jamais participer à ce que l’école pouvait organiser. C’était pourtant une source inépuisable d’amusement et de distractions !
Il ne semble pas le prendre avec la même philosophie dont je fais preuve et sa riposte perfide me secoue d’un rire involontaire. Tout à notre bulle, plus belle, plus ronde, plus protectrice que jamais, nous n’imaginions même pas que quelqu’un puisse pénétrer dans le dortoir et la faire exploser. Mes éclats de rire n'attirent personne cependant, et je suis bien obligée de m’en sortir toute seule. Il attendant une promesse de ma part, je laisse la possibilité d’un serment flotter dans l’air, quelques secondes, le temps pour Junior de cesser le ballet de ses doigts sournois et chatouilleurs, dans l’attente que je termine mon engagement à son égard. Je le fais basculer sur la couverture à mes côtés, ignorant sans mal cette injustice qui semblait l’affecter à ce point. Mon sourire victorieux, mes yeux opalins brillant d’amusement, je reprends le souffle qu’il avait rendu saccadé avec chatouilles traîtres.
Mes doigts restent entrelacés aux siens sans qu’il ne cherche non plus à les séparer. Et nous restons là, nos visages à quelques centimètres à peine, nos souffles se mêlant, formant une berceuse apaisante. Le tissu verdâtre était idéal pour projeter les images qui se dessinaient dans mon esprit. Et quand le spectre des chevaux noirs qui m’avaient tant marquée s’y forment, je me tourne en direction de Junior, brisant le calme indolent qui nous enveloppait. Je me perds dans les deux ciels ronds que forment ses pupilles, jusqu’à ce qu’ils s’assombrissent d’un froncement de sourcils. Je secoue à mon tour la tête, vague reflet de son geste à lui, mes cheveux balayant mon dos. Non, pas que. J’étais sûre de moi : je les avais vu, cinq ou six chevaux immenses, ailés, et aussi noirs que la nuit. J’en avais approché un, je lui avait même arraché un crin que je conservais dans mon dortoir, preuve irréfutable que je n’avais pas rêvé. Il se redresse à moitié et je me relève à mon tour, de nouveau assise en tailleur, faisant face au sérieux qui voilait son regard. Haussant les épaules, je roule légèrement des yeux. Je n’étais pas comme mon frère ou comme mon meilleur ami, à faire attention à ces soit-disants présages. C’est fascinant, au contrrrairrre. Bien évidemment, le monde sorcier regorgeait de légendes de ce genre, la plus connue étant le Sinistros. Quiconque apercevait cet immense chien sombre avait la faux de la Mort au-dessus de sa tête. C’étaient des histoires de vieilles personnes superstitieuses et rien de plus. De toute façon, ce que j’avais vu là-bas n’avait rien avoir avec un canidé quelconque, j’en étais certaine.
J’avais pourrr prrrojet de rrretourrrner les voirrr réponds-je en secouant de nouveau légèrement la tête. pas de questionner Vayne. Tu n’as aucune idée de ce que ça pourrrait êtrrre ? Je pourrrais lui demander, c’est vrrrai... Songeuse, je me perds un instant dans les traits de Junior. Je ne suivais pas les cours de soins aux créatures magiques, mais si Vayne était comme tous les autres professeurs, il se ferait une joie de recevoir une élève curieuse de sa matière, heureux de pouvoir transmettre ses connaissances. Connaissances dont je n’avais rien à faire en temps normal, mais cette créature m’intriguait bien trop pour que je n’y réfléchisse pas sérieusement.
Junior s’agite, m’abandonne d’un bond. Il récupère un grimoire sur son bureau et me le tend en revenant s’installer à mes côtés. Mes doigts pâles s’emparent du livre et mon regard opalin parcourent le titre avant de se relever, teintés de défiance. Présages de mort : que faire lorsque l’on sent venir le pire ? Sérrrieusement ? C’est de notorrriété publique que ce manuel est rrrempli d’idioties en tout genrrre. Cela démontrait tout le sérieux des cours de divination qu’ils suivaient à Poudlard, lui, Finnbjörn et Phoenix. Je vois que les courrrs de divination sont d’une qualité incrrroyable fais-je, railleuse au possible. Mais que risquions-nous à le feuilleter ? Junior ouvre l’ouvrage devant lui et je le rejoins, à plat ventre sur son lit, mon visage reposant dans mes paumes relevées. En silence, nous parcourons les pages, la tranquillité de la lecture seulement troublée par quelques phrases que je relève à haute voix avec un mépris narquois. Jusqu’à ce que l’image assez fidèle d’un cheval ailé squelettique me fasse poser mon doigt sur la page. C’est ça ! Un Sombrrral ? Je lis les quelques lignes relatives à la créature. Elles sont pauvres en informations et se résument à Le Sombral est un cheval ailé squelettique à la tête de dragon et aux ailes de chauve-souris. Ses yeux blancs brillent d’un vide annonciateur de mort. Seuls ceux porteurs de la mort sont capables de les voir. Ils sont invisibles au reste des mortels. Un souffle dédaigneux vient conclure ma rapide lecture. Porrrteurrrs de la morrrt ? Ça peut vouloirrr tout et rrrien dirrre. Pourtant, un vague sentiment monte en moi. L’écho des paroles de Finnbjörn vient résonner dans mon esprit. Nous étions des meurtriers, selon lui. Responsables des événements de l’année passée. Était-ce pour cela que j’étais capable de voir les Sombrals ? Il nous faudrrrait un vrrrai livrrre pourrr vérrrifier ces inforrrmations conclus-je abruptement, peu convaincue parce que ce grimoire-ci pouvait bien nous révéler.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 10 Avr - 17:48
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Ven 10 Avr - 22:04
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Il n’y avait rien de préférable à mes yeux que les instants magiques que nous dessinions à deux. Peut-être car, d’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais rien tant aimé que les heures indolentes passées l’un en compagnie de l’autre. Il me semblait que nos caresses avaient toujours fait partie de la mélodie, mais en étais-je bien sûre ? Notre proximité complice, qu’elle soit physique ou spirituelle, faisait partie des fondements de ce lien unique qui vibrait entre nous. Mais et ces tendres cajoleries dont nous comblions l’autre ? Quoiqu’il en soit, laisser mes doigts se perdre dans ses cheveux ou effleurer sa joue un peu plus longtemps que nécessaire m’apparaissait d’un naturel bien simple, là où de brèves étreintes passées, que nous pouvions comptabiliser sur les doigts d’une main, semblaient être les égarements de deux esprits agités de nombreuses tempêtes. Un égarement répété, certes, et contre lequel je ne parvenais à dresser aucun inconvénient, mais qui restait, jusqu’à preuve du contraire, un trouble passager. Comment pourrais-je jamais m’ennuyer de nos taquineries amusées, de nos sourires complices, et de cette danse à la fois entraînante et apaisante ? C’était plutôt son absence, qui me lassait et m’irritait.
Mon chérrrubin défend les siens ? Comme c’est mignon me moqué-je outrageusement avec un sourire fier. Le mot français ressemblait assez à celui de l’anglais que nous utilisions pour communiquer, aidant ma prononciation à rester aussi assurée que lorsqu’il s’agissait d’autres surnoms plus usuels - même si mon accent était bien loin du pompeux que les français affectent, Junior en tête. J’avais dans l’idée que celui-ci pourrait prendre place dans le lot des sobriquets courants, parce que mon intuition me soufflait que mon meilleur ami en serait bien moins flatté que certains autres. Entre un prince ou un roi et un petit chérubin ailé, il y avait un fossé à combler de tendres sarcasmes. Et pourtant, Junior semblait hésiter à admettre que le qualificatif de gentille ne me collait pas vraiment à la peau. Est-ce qu’il essayait de se convaincre que, s’il me voyait ainsi, je pourrais cesser mes éternelles moqueries à son égard ? Il serait bien en peine de l’espérer, rien ne m’amusait plus que de le voir froncer les sourcils, vexé, avant que son sourire ne revienne prendre possession de ses lèvres. Puisqu’il me voyait comme un parangon de bonté - au moins ça - j’en profitais pour en jouer éhontément et obtenir un arrêt de ces chatouillis qui visaient à m’arracher une promesse que je ne pouvais me résoudre à formuler. Ça aurait été tirer un trait sur de trop nombreuses aventures qui pouvaient s’avérer délicieuses.
Finalement, Junior semble s’en accommoder et me rejoint sur le lit. Mes pensées désordonnées sautaient d’un point à un autre sans aucune logique apparente, si ce n’était celle que mon esprit suivait. Je retrouvais ce qui m’avait manqué ces deux dernières semaines, que pouvait-il demander de plus ? Il avait enfin tout le loisir de s’évader ailleurs, loin de cette cage dorée que l’éloignement de Junior avait apposé au-dessus de lui. Maintenant il était là, à mes côtés. Ou plutôt, j’étais de retour dans son dortoir, comme si je ne l’avais jamais quitté. Et mes pensées avaient tout le loisir d’explorer d’autres contrées puisqu’elles étaient certaines, à leur retour, qu’il me suffirait de tourner légèrement la tête pour me perdre dans l’océan des prunelles de mon meilleur ami. Nos mains entremêlées, nos souffles qui se rejoignaient au-dessus de nos visages contemplatifs, tout contribuait à former cette bulle qui avait purement explosé ces derniers temps. Est-ce que c’était cela, que sous-entendait Finnbjörn par passer du bon temps avec Junior ? Si oui, alors je continuerais de m’en octroyer le droit sans souffrir la moindre remarque. Il n’y avait rien de plus normal, au fond, que lui et moi nous retrouvant après les cours pour laisser les dernières heures de la journée se diluer dans un tête-à-tête complice. Comment pourrais-je vouloir autre chose quand tout paraissait fade à côté ?
Je me tourne vers mon meilleur ami, mon bras replié contre moi, mes pupilles détaillant sans vergogne son visage. Et je lui demande, alors, question rhétorique qui n’attend pas vraiment de réponse autre que celle dont j’étais convaincue, s’il n’a vraiment rien aperçu d’autre dans cet enclos que les chevaux, somme toute banals, parmi lesquels il avait choisi un spécimen pour s’enfuir. Junior était bien plus superstitieux que moi, c’était probablement dû à son don de voyance qui lui conférait une sensibilité que je ne possédais pas. Là où je souriais, intouchable face à de vagues présages qui n’avaient rien à voir avec ces chevaux que j’avais croisés, il fronçait les sourcils, son regard agité d’une lueur préoccupée. Doucement, je passe mon pouce sur les plis formés sur son front. Qu’il fasse disparaître ces nuages qui assombrissent son regard ! Il me demande si j’ai pensé à aller question Vayne, puisqu’il était certainement le mieux placé pour me dire de quoi il retournait, et j’avoue ne pas avoir un seul instant envisagé l’idée. Pourquoi pas, après tout. Mais cela devrait attendre un autre jour, je ne comptais pas mettre un terme à ce moment pour aller vagabonder auprès de la forêt interdite dans l’espoir de croiser l’enseignant. Pas sans Junior, en tout cas. Et tout portait à croire qu’il allait éviter comme la peste cet endroit dans les jours, voire les semaines, à venir.
Et puis, brusquement, il me délaisse pour aller farfouiller sur son bureau. Je me redresse, l’observe vaguement faire, me demandant ce qu’il espérait trouver puisqu’il ne suivait plus les cours de soins aux créatures magiques. Le temps pour lui de revenir auprès de moi, pour moi de lire le titre et de faire une remarque sur ce qu’il m’inspirait, et le voilà qui reprend son grimoire d’un geste sec. Ce mouvement, plus son ton boudeur qui ne répugna pas à couvrir d’éloges la nouvelle professeur en divination me fit froncer les sourcils, une moue mécontente agitant mes lèvres pour la première fois depuis que nous nous étions littéralement enfuis du cours de métamorphose. Le prrrofesseurrr Kendrrrick est incrrroyable, géniale, parrrfaite, et la meilleurrre enseignante de tout Poudlarrrd fais-je, adoptant un ton faussement enjoué, avant de laisser l’ombrage prendre définitivement possession de mon visage. Boudeuse et piquée au vif, je me laisse glisser à plat ventre face au livre sans intérêt qu’il ouvre sur ses couvertures. Maussade, je plonge mon visage dans mes paumes. Si Kendrrrick n’a pas intégrrré ce bouquin à sa liste, c’est qu’elle est effectivement suffisamment éclairrrée. Je n’y connaissais rien, en divination, rien d’autre que ce que mes amis voulaient bien m’en dire, mais j’étais prête à parier qu’il existait nombre d’ouvrages plus qualifiés que cette sorte de légende urbaine qui traînait la réputation de n’être qu’un tissu d’âneries. Mais soit, si Junior espérait y trouver la moindre information, nous n’avions qu’à commencer à tourner les pages !
Ce que nous fîmes, mon mutisme boudeur laissant bientôt place à des remarques narquoises quand mon regard opalin se posait sur l’idiotie de trop. Junior se chargeait de me faire savoir son mécontentement d’un coup de coude à chaque fois, élargissant de plus en plus mon sourire jusqu’à ce qu’un petit rire m’échappe. Et puis, la page suivante, j’oubliais de me moquer pour laisser mon doigt retomber sur une image. C’était là, sous mes yeux, le dessin plutôt ressemblant des créatures fascinantes qui avaient éveillé ma curiosité durant la chasse aux trésors. Je ne savais guère à quoi m’attendre, mais je fus quand même déçue. Evidemment, il ne détaillait que des imbécilités de plus. Annonciateur de mort, porteur de mort… Malgré moi, mes pensées s’envolent vers les paroles de mon tendre jumeau. Était-ce pour cela que j’étais capable de les voir ? Avec un dernier sarcasme envers cet ouvrage inintéressant, je me retourne, ignorant délibérément le regard appuyé de mon meilleur ami.
Il quitta de nouveau le lit, reposant les présages de mort sur son bureau et je le suivais du regard, nonchalamment allongée à ma place. Pris d’un élan subit, presque un sursaut, il se dirige vers un coffre qui n’est pas le sien… et entreprends de le fouiller. M’admonestant au passage pour que j’en fasse de même. Par Salazar, où était passée toute sa tendre amabilité ? Visiblement, bien loin de nous. Je lui tire la langue, bien qu’il ne puisse pas me voir dans sa position, et obtempère, non sans me fendre d’une remarque : S’il te plaît ? Je me dirige jusqu’à la malle et entreprend de l’ouvrir d’un geste plein de mépris. Tu es cerrrtain que nous pouvons toucher leurrrs affairrres ? Et je ne parlais pas de politesse, ni de convenance. Je contemple vaguement le fatras accumulé avant de pousser un soupir, l’envie d’y fourrer les mains étant parfaitement absente. Pourrr quelqu’un qui n’aime pas que l’on fouille dans ses affairrres, tu sembles le fairrre trrrès bien quand il s’agit de celle des autrrres. Ma voix étouffée par le couvercle relevé au-dessus de ma tête laisse cependant parfaitement entendre le sourire moqueur qui étire mes lèvres. Ce n’était pas moi qui allait éprouver le moindre scrupule à farfouiller dans les affaires d’un autre, quand bien je n’y voyais pas grand intérêt.
Me redressant après de trop longues secondes, je laisse claquer le toit du coffre dans un bruit sec. Je n’ai rrrien. Et toi ? Je le rejoins au moment où il extirpe un manuel, un sourire victorieux accroché aux lèvres. Parfait, je retourne m’étaler sur son lit. Tu me fais la lecturrre ? demandé-je avec une impertinence qui brillait jusque dans mon regard, retenant un rire qui pourrait le vexer définitivement. Enfin, ma retenue ne dura que quelques secondes, puis l’accueillit tandis qu’il me rejoignait.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Sam 11 Avr - 18:55
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Dim 12 Avr - 14:21
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Arrête ça, Erin. Cela sonnait comme une réprimande d’un parent envers son enfant. Légèrement sonnée par le ton que Junior venait d’adopter, je reste interdite quelques secondes tandis qu’il ouvre le grimoire sur son lit et commence à en tourner les pages. Je fronce les sourcils, les prunelles enflammées de mécontentement. S’il suffisait que je critique sa très chère enseignante pour qu’il se vexe, il n’avait qu’à la rejoindre et me laisser seule. Je retournerais voir les chevaux squelettiques pour m’assurer qu’ils étaient encore là, en chair (peu) et en os (beaucoup). Je n’avais pas besoin qu’il sorte ce ramassis d’idioties et de présages tous plus farfelus les uns que les autres si c’était pour monter sur ses grands chevaux. Je n’avais cependant aucune envie de le quitter si vite, quand bien même cette offense tirait mes traits dans une moue outrée. Je le rejoins sur sa courtepointe, à plat à ventre à ses côtés, me fendant d’une autre remarque sur ce livre auquel il semblait accorder un tel crédit. Un soupir pour seul réponse, il continue de tourner les pages et je persiste dans des remarques sarcastiques lorsque des propos trop gros sots pour être réellement tenus me sautent aux yeux. Je savais bien que, de par son don de voyance, Junior était plus sensible que moi à toutes ces choses-là. Mais enfin, il devait bien y avoir des ouvrages plus intelligents et éclairés que ce vague manuel que les vieilles sorcières un peu folles conservaient précieusement pour se faire peur et effrayer leurs invités ? Ses coups de coude ponctuent chacune de mes observations et ce qui était au départ l’expression de mon orgueil piqué se transforma petit à petit en amusement malicieux, mon sourire s’agrandissant jusqu’à ce qu’un rire s’en échappe.
Je pose finalement le doigt sur le dessin d’une créature qui représente assez fidèlement ce que j’avais vu dans cet enclos. Les quelques phrases qui accompagnent l’image sont évidemment porteuses de mauvais présage. Sans une autre source pour infirmer ou confirmer ces propos, je me contente d’hausser les épaules avec une indifférence parfaite. Ce n’était évidemment pas le genre de bouquin qui allait nous annoncer que croiser ces chevaux ailés invisibles était signe de grande richesse ou de félicité. Tout était dans le titre, n’est-ce pas ? Junior ne l’entend pas de cette oreille et quitte son lit pour aller fouiller la malle de son voisin de chambrée, m’enjoignant à en faire de même. Avec toute la mauvaise volonté du monde, j’obtempère, non sans souligner son manque de politesse à mon égard. Il faisait preuve d’une rudesse vraiment vexante. Ouvrant la malle, je m’interroge sur les risques à mettre les mains dans des affaires qui appartenaient à je-ne-savais-qui. Junior ne se tracasse pas cette considération et me répond avec une indifférence qui me pousse à lui tirer la langue. Geste mature qu’il ne peut voir, la tête perdue dans une malle qui n’est pas la sienne.
Avec un soupir, je poursuis mes recherches. Si Junior voulait en savoir plus sur ces Sombrals, et bien soit. Est-ce qu’il le faisait par curiosité ou pour s’assurer qu’aucun présage de mort ne planait au-dessus de ma tête ? Peu importe, dans le fond. Ne lui avais-je pas dit que je lui laissais les rênes de cet après-midi ? S’il désirait fouiller tous les coffres massifs présents dans ce dortoir pour mettre la main sur un manuel possédant des informations un peu plus fiables et moins superstitieuses, je pouvais m’y plier encore quelques minutes. Je ne trouve rien de ce que nous cherchons et laisse retomber le couvercle avec un bruit sourd qui résonne entre nous. Mon meilleur ami avait eu plus de chance puisqu’il se redressa en faisant danser le livre qu’il tenait dans sa main. Alors je retourne m’allonger sur son lit, lui demandant de me faire la lecture dans un rire qui ne tarde pas à m’échapper.
Je me pousse de bonne grâce pour lui faire un peu de place avant de revenir près de lui m’allonger sur le ventre, mes bras croisés sur l’oreiller de libre, mon visage tourné dans sa direction. Je l’observe avec un doux sourire tandis que ses yeux et son doigt glissent le long du sommaire, à la recherche de notre mystérieuse créature. Sa voix s’élève, agréable, et je ferme les yeux pour me laisser bercer par sa lecture. Je ne m’attendais pas à ce que nous trouvions quoi que ce soit de bien transcendant. Une fois toutes les informations récoltées, Junior accepterait peut-être d’accepter que ce n’était rien de grave, une créature magique de plus dans un monde qui en recelait des milliers. Pas un seul instant je ne m’étais posé la question de lui cacher ou non cette apparition intrigante. Il était normal que je partage cela avec lui, après tout. Mais je n’avais pas pour autant envie que cela menace notre bulle retrouvée ni les prochaines heures qui nous attendaient encore. Les premières informations, factuelles au possible - à l’inverse de celles trouvées dans son livre de divination - m’assoupissent doucement mais sûrement. Je n’avais jamais eu aucun intérêt pour les soins aux créatures magiques, et la voix apaisante de Junior avait un effet lénitif. Quitte à faire la sieste ensemble, je préférais encore que nous nous évadions dans le parc pour profiter du soleil printanier. Pour l’instant, c’était néanmoins très bien ainsi.
Les Sombrals ne sont visibles que par des personnes ayant vu la mort… Et voilà, on revenait à ces histoires de sinistres présages. Un soupir menace de franchir mes lèvres au moment où le sens des mots lus par Junior m’apparaît pleinement. Vu la mort. Je me fige. Nous ne parlions plus de sinistres prédictions sur ce qui pourrait m’arriver dans le futur mais d’un passé. Et cela me ramenait à quelque chose de bien précis. Parfaitement alerte, je garde toutefois mes paupières closes, attendant la suite, sentant l’hésitation dans le silence de mon meilleur ami. La suite confirma ce que je pensais. Ce manuel était théoriquement fiable. Et la coïncidence était trop grosse pour en être une. Je n’avais jamais entendu parler de ces Sombrals avant aujourd’hui, mystérieux chevaux ailés que seuls les personnes ayant vu quelqu’un mourir sous leurs yeux pouvaient discerner. Je sens le regard appuyé de Junior sur moi et je relève précautionneusement le mien, me perdant quelques secondes dans ses prunelles bleues. Puis je me redresse, hésitante. Je m’humecte les lèvres, prise d’une incertitude rarissime. Parce qu’aucun mensonge suffisamment convaincant ne me venait, qu’il était hors de question de lui dire la vérité et qu’il était trop tard pour jouer la carte de la nonchalance. Il ne me croirait pas et voudrait en découvrir plus sur ces animaux pour vérifier ce que nous venions d’apprendre.
Doucement, je m’empare du livre et le referme, quitte le lit pour le reposer dans la malle de son propriétaire, puis je reviens jusqu’à son lit, m’appuyant contre la colonne en bois. Ce n’est finalement pas un prrrésage de morrt fais-je d’un ton badin trop lourd pour avoir l’effet escompté. Il était impossible que je lui confie le pourquoi du comment je parvenais à voir ces créatures invisibles pour tant d’autres. Grand-Père et Grand-Mère ne tarderaient pas à le savoir et je refusais de mettre Junior en danger. Il était le fils d’une bonne famille, il était donc peu probable qu’ils s’en prennent à lui comme ils auraient les moyens de le faire. Mais savait-on jamais. L’honneur de notre famille était plus important que tout et mes aïeux avaient bien trop à perdre si certaines choses venaient à être connues en-dehors du cercle restreint des Sørensen. Et je ne risquerai pas de placer mon meilleur ami dans une situation inconfortable. Il y avait certaines limites que même moi je ne pouvais me permettre de franchir. Celle-ci au-dessus de toutes les autres. Oublions les Sombrrrals. D’accorrrd ? Mon ton redevenait plus assuré, plus erinien également, pourtant, il recelait une supplique silencieuse. Enfin, je me doutais que Junior ne se contenterait pas de ça, alors je me fends d’une semi-explication. Qu’il comprendrait, je l’espérais. Je ne peux pas t’en parrrler, Juniorrr. Si mes mots n’avaient pas l’effet escompté, peut-être que le sérieux qui reprenait possession de mes traits l’alerterait sur la dangerosité de la question. Ce n’est pas que j’ai envie de te cacher quoi que ce soit, mais ce serrrait fairrre planer une menace au-dessus de ta tête. Je reviens me glisser sur le lit, essayant de déceler ce que pouvait bien penser mon meilleur ami.
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Dim 12 Avr - 18:10
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Dim 12 Avr - 22:11
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Le claquement du livre que je referme, le claquement du couvercle de la malle que je laisse retomber, le grincement du bois contre lequel je m’appuie : il n’y avait plus d’autres bruits que ceux-là, assortis d’un imposant silence étouffant. Ma tentative d’alléger l’atmosphère échoue lamentablement, mon ton bien trop lourd pour que cet essai puisse fonctionner. Il a beau hocher la tête comme pour me donner raison, je ne perçois rien d’encourageant là-dedans. Ce qui dessine me laisse une sensation étrange au creux du ventre, et je reprends tant bien que mal, demandant à ce que nous puissions oublier les Sombrals, espérant sans vraiment y croire que ça pouvait être aussi simple que cela. Lorsque je lui annonce ne pouvoir lui en dire plus, je vois son regard océan se voiler, comme un soir de tempête, comme si les vagues se reculaient pour mieux se soulever ensuite. Et ce que je vois remue et augmente ce poids qui me pèse à l’intérieur. Un poids inconnu, qu’il ne me semblait pas avoir jamais connu. Quelque chose de difficilement maîtrisable, difficilement mesurable aussi. Je me rassied sur le lit, reviens à ses côtés, la distance physique m’apparaissant soudainement suffocante.
Junior me dit qu’il comprend mais détourne les yeux au moment où je reprends ma place près de lui. Le rapide coup d’oeil qu’il jette à sa montre ombrage mes prunelles d’un mécontentement blessé. J’avais la désagréable sensation de revenir à ce soir-là, dans la salle de bain des préfets. Chacune de ses paroles d’alors contrastait avec son attitude, son ton, son comportement. Comme présentement. Le visage tourné dans la direction opposé, il cherche la fuite. Et il la trouve, quittant son lit, oubliant les Sombrals et ses promesses au passage. N’avait-il pas écrit noir sur blanc qu’il ne comptait plus quitter son trône, à peine une heure plus tôt ? Je lui faisais toute confiance, ne caressant l’idée de faire appel à un quelconque Enchaîneur que pour appuyer toute la considération que je portais à sa présence. Il faisait déjà marche arrière ? Il lui avait fallu de longues secondes, de trop longues secondes en réalité pour que ce soit naturel, afin de se relever, de s’étirer de tout son long, et de prendre de nouveau la parole tout en composant un sourire de façade qui me laissait un goût amer. Je lui porte un regard brillant de chagrin que je ne cherche même pas à cacher, contrairement à lui qui efface je-ne-sais-trop-quoi derrière cet air d’une cordialité violente.
Tout avait basculé si rapidement. Pour une histoire si sotte. Je maudissais mon indifférence qui m’avait poussée à ne rien demander à Vayne lorsque j’en avais l’occasion et qui avait conduit cette pensée à s’immiscer dans un moment d’une complicité chérie. Non, il était hors de question que je le laisse s’échapper de cette manière. Probablement qu’à un tout autre moment, j’aurais été capable de mieux jouer la comédie ; de me montrer plus assurée pour faire disparaître l’ombre maudite de ces créatures porteuses d’un sens bien lourd ; mais le souvenir de ces quinze derniers jours était encore trop prégnant. C’était dangereux, je le savais : je jouais avec un feu que je ne maîtrisais pas, mais ne me délectais-je pas depuis toujours du goût du risque ? S’il y en avait un que je n’étais pas prête à prendre, cependant, c’était celui de ressentir ce douloureux sentiment d’abandon. J’avais confiance en Junior, plus qu’en n’importe qui en-dehors des membres de ma famille.
Non ! Je délaisse ce qui avait été un îlot sur lequel nos tendres caresses rattrapaient des journées entières passées loin l’un de l’autre et je me plante entre Junior et la porte de son dortoir. Le regard flamboyant d’une assurance impulsive. C’était irréfléchi, c’était ma fougue naturelle qui tenait les rênes, c’était volcanique, c’était tout moi. Je tire ma baguette et me tourne vers le battant en bois, lançant d’un geste vif un sortilège d’Impassibilité pour nous assurer d’être à l’abri des oreilles indiscrètes. Hannibal m’avait appris il y a bien longtemps comment être certain que cet enchantement était bien apposé : lancer un objet quelconque en direction de la porte dont il était question. S’il repartait dans l’autre sens sans la toucher, l’entrée avait été Impassibilisée. Je cherche quoi jeter sur le battant et finis par ôter ma chaussure droite. Faen juré-je en allant récupérer mon soulier qui venait de prouver mon lamentable échec* en rebondissant comme si de rien n’était. Je le repasse à la place qui est la sienne et me rapproche de Junior jusqu’à pouvoir lui chuchoter au creux de l’oreille des mots qui seraient inaudibles pour quiconque voudrait risquer d’écouter.
J’ai vu trrrois impurrrs insignifiants mourrrirrr. Finnbjörn allait me tuer. Ou s’évanouir, contacter Grand-Père et ce dernier me tuerait. Ou mourir, revenir à la vie et me tuer. Dans d’atroces souffrances. Est-ce que cela valait la peine ? Si c’était pour ne pas perdre Junior, assurément. J’imagine que c’est pourrr cela que je vois les Sombrrrals. Lui, il était le fils d’une bonne famille, il ne pourrait rien lui arriver de trop grave, n’est-ce pas ? Grand-Père ne risquerait pas ses relations avec les d’Archambault pour un secret à moitié avoué ? Il y avait bien d’autres solutions plus paisibles. Ils sont morrrts pourrr me prrrotéger. Cerrrtains maux ne se soignent pas avec du baume, tu sais fais-je en me reculant d’un pas, tentant de croiser le regard de Junior, refusant le moindre contact physique car je savais que je ne pourrais pas tolérer un nouveau rejet de sa part. Ce n’était pas pour autant que je ne mourrais pas d’envie d’effacer ce masque d’une caresse. J’étais sincèrrre quand je te disais que je n’ai pas envie de te cacher quoi que ce soit mais que t’expliquer tout cela serrrait dangerrreux pourrr toi. Ce pourrrait êtrrre un Oubliettes, un Serrrment Inviolable, que sais-je. Ce n’était pas que moi je ne lui faisais pas toute confiance, c’était que les Sørensen devaient se protéger et que mes aïeux n’avaient jamais reculé devant rien pour ce faire. J’arrrête de décider à ta place, c’est comme tu veux. Soit il désirait que je lui raconte tout, et je n’avais aucune idée précise des mesures que Grand-Père et Grand-Mère prendraient - à mon égard et au sien ; soit ce que je lui avais déjà avoué lui suffisait à saisir un fil, même ténu, d’explication, et il voudrait s’en contenter.
Tout ce qui pouvait me contenter, personnellement, c’était que cette lueur fermée disparaisse de son beau regard et que la bulle se reforme, nous enveloppe de nouveau, et que l’ombre des Sombrals disparaisse. Prinsen min. Je n’utilisais le norvégien qu’en présence de ma famille, et lorsque nous étions à Poudlard ou dans un milieu international, comme c’était souvent le cas, c’était ou bien synonyme de mystère que je souhaitais faire planer sur mes paroles, ou bien, comme présentement, ou bien synonyme d’une sincérité désarmante. Ma langue natale, ses intonations pures, nobles, qui constituaient toute mon enfance et toutes mes racines, comme gage d’une foi désarmante dénuée de toute moquerie. Ne fais pas ça encorrre une fois. Je savais qu’il comprendrait très bien où je voulais en venir. Ou s’il peinait à saisir les contours de ma demande, il lui suffirait de croiser mon regard clair pour les cerner un peu mieux. Il avait la même attitude que dans la salle de bain, ou que dans la grande salle, juste avant qu’il ne se lève pour partir. Et nous savions tous les deux où cela nous avait mené. J’étais prête à accepter ma part de responsabilité dans cette histoire et à ne plus recommencer des cachotteries d’aucune sorte - même celle-ci - mais pas s’il était incapable de tenir cette promesse qu’il m’assurait éternelle quelques heures plus tôt.
* dé lancé dans le flood
electric bird.
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Lun 13 Avr - 0:48
Invité
Invité
À SAVOIR
DETAILS EN PLUS
(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Lun 13 Avr - 13:02
le goût de la vie
n'est pas le même sans lui
Les mots sortent naturellement, faisant fi de mes pensées agitées et des conséquences terribles qui pourraient en découler. Je savais déjà qu’il me faudrait contacter mon tendre jumeau pour le prévenir de ce que je venais de faire et qu’il ne serait pas aussi conciliant que je pouvais l’espérer. Néanmoins, le risque était pris et je l’assumerai jusqu’au bout. Il ne s’agissait pas d’un geste inconsidéré guidé par mon impulsivité. Enfin, si, c’était totalement le cas. Mais j’étais certaine que même des heures de longue réflexion m’auraient menées à la même conclusion : je ne pouvais pas continuer de cacher des secrets à Junior alors que le dernier en date nous avait si longtemps éloignés l’un de l’autre. Le comprendraient-ils ? Ce sont là tous les doutes qui subsistent. Je laisse le choix à mon meilleur ami, précisant de nouveau à quels dangers il pourrait s’exposer si j’en disais plus encore. Je ne pensais pas que Grand-Père ou Grand-Mère puissent lui faire foncièrement du mal : il était le fils d’une famille noble et partageant nos idéaux. Mais un Oubliettes était si vite arrivé et avec les dernières révélations de Finnbjörn, nous pouvions en constater les dramatiques aléas.
Il secoue négativement la tête et je pousse un soupir. De soulagement ou de déception ? je ne sais pas vraiment. Tout dépendait s’il s’agissait d’un nouveau refus d’entendre ce que je lui disais, ou plutôt de la conscience qu’aller plus loin serait dangereux. Sur la défensive, je ne savais pas à quoi m’attendre, sûrement pas à ce qu’il s’excuse. Je relève un regard surpris dans sa direction avant de l’appeler, doucement, par un surnom norvégien empreint d’une sincérité qui n’était jamais aussi forte qu’avec lui. Le sourire qui naît faiblement sur ses lèvres n’est plus l’un de ceux qu’il utilise en société, lorsqu’il s’agit de porter le masque du parfait petit sang-pur fils de bonne famille, mais il est loin d’être aussi satisfaisant qu’espéré. Finalement il réduit toute la distance qui nous sépare à néant, ses doigts caressant ma joue avant de s’emparer des miens tandis qu’il me réassurait sa promesse. Me servis-je de cette parfaite excuse pour me lover contre lui comme j’en avais eu l’envie depuis que nous nous étions étalés en riant sur son lit, ou bien était-ce tout simplement la manière la plus sûre à mes yeux de m’assurer sa présence, de lui jurer la mienne ?
Je trrrouverrrai le moyen de tout te dirrre, un jourrr. Un serment à ne pas prendre à la légère, je n’avais pas pour habitude de donner ma parole futilement, encore moins à Junior. Un jour, je serai en mesure de pouvoir tout lui raconter, sans craindre pour son esprit. Il restait à trouver quand et comment, mais la promesse n’en était pas moins inaliénable. Ma main de libre vient trouver refuge dans son dos et mon visage contre son torse. On peut rrrester ici ? Je suis rrrapidement sujette aux coups de soleil. Médiocre justification dont l’insignifiance ne pouvait que prouver mon envie de ne pas quitter ce dortoir et de demeurer là. J’étais bien. Je regrettais peut-être nos rires et notre insouciance d’il y a quelques minutes à peine, mais je préférais ce que nous avions actuellement à une balade dans le parc où nous pourrions retrouver toute la distance du monde. Jeg er mye bedre her med deg enn andre steder fais-je, un ton en-dessous, à peine un murmure.