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Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR
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Message(#) Sujet: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyDim 22 Mar - 15:59



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Un dernier mot sur le parchemin qui s’était couvert patiemment de toute notre conversation et je fourrai mes affaires dans mon sac sans un regard pour le tableau ni pour Lindberg qui n’avait toujours pas fini sa leçon. Je devais bien avouer que je n’en avais strictement rien écouté. Quand elle avait passé la porte et s’était immanquablement installée à côté de moi, il n’y avait plus eu que sa présence qui m’avait tant manqué, le reste n’était qu’un bruit de fond tout juste là pour nous rappeler que le monde existait encore. Aussi, quand la cloche sonna, j’attrapai mon sac d’une main et celle d’Erin de l’autre, et je l’entraînais à la hâte et à ma suite loin de la salle, sans prendre un regard en arrière. Je me fichais éperdument de l’impression déplorable que cette fuite devait faire à notre professeur et n’accordais pas plus d’importance à ce qui pouvait nous servir d’entourage. Qui savait si Reyes ne comptait pas sortir les griffes pour me tenir éloigné de sa précieuse amie ? Les escaliers se dessinaient déjà sur notre route alors que le couloir commençait doucement à retrouver sa foule habituelle. Je consentis à ralentir notre cadence alors que je posai le pied sur la première marche. Personne n’allait nous courir après, n’est-ce pas ? Mes doigts se resserrèrent doucement autour des siens. J’avais l’impression que ça faisait une éternité que nous n’avions pas été là, ensemble, comme ça avait toujours été le cas. Et il y avait mine de rien un soulagement immense mêlé d’une certaine fierté à retrouver ma place auprès d’elle. Mon regard glissa jusqu’à son visage et se plongea un instant dans le sien alors que mes lèvres se fendaient machinalement d’un sourire sincère. Le monde se remettait enfin à tourner. Oh, je ne me faisais pas d’illusions, il nous restait bien des disputes à essuyer et même encore aujourd’hui je n’étais pas convaincu que nous puissions être totalement sur la même longueur d’ondes mais ça n’avait aucune importance. Je voulais bien jouer les garçons naïfs et dociles pour un peu que l’on se retrouve un peu.

Pfiou, gloussai-je en descendant une première volée de marches, j’ai bien cru que ce cours n’aurait jamais aucune fin !

Peut-être que j’aurais dû être sur la réserve, ne serait-ce qu’un minimum, mais force était de constater que j’avais l’impression de l’avoir quittée hier. C’était normal d’avoir à composer avec elle dans mon existence, et c’était normal de reprendre le fil de notre histoire comme si de rien n’était. Elle me tiendrait sûrement rigueur de cet abandon, je m’y attendais, mais moi je n’avais aucune envie de perdre plus de temps que nous en avions déjà perdu. Derrière nous, les élèves rejoignaient leurs cours suivants ou se préparaient à rejoindre le parc pour profiter du soleil de cet après-midi. Notre route était toute autre. Les escaliers se succédaient, nous entraînant toujours plus profondément dans les entrailles du château. Je n’avais pas l’intention de me rendre en divination aujourd’hui, trop occupé à profiter de nos retrouvailles, aussi nous aurions largement le temps de profiter du beau temps par la suite. J’aurais bien l’occasion de trouver une excuse à offrir à Kendrick… J’étais assez sérieux le reste du temps pour qu’elle me pardonne un écart… Du moins, je l’espérais. Il ne nous fallut guère qu’un instant pour retrouver l’entrée de l’antre des Serpentard.

Bon, je sais que je n’ai pas eu le temps de te signer la moindre autorisation mais nous ferons sans pour aujourd’hui… Ce serait tout de même dommage que tu perdes tes dernières gouttes de sang le temps de la rédiger !

Après tout, c’était elle-même qui m’avait fait part de la gravité de la situation et de sa mort, elle comprendrait sans le moindre doute qu’il y avait plus important qu’un peu de paperasse ! Surtout entre nous… Et puis quoi qu’elle en dise, elle était la bienvenue sur mes Terres, quelles qu’elles soient, et pouvait en disposer aussi librement que des siennes. Ma chambre en faisait évidemment partie. Bien sûr, je savais que ses réticences étaient fondées… et totalement de ma faute… Mais j’espérais que nous repartirions sur des meilleures bases. Des bases grâce auxquelles elle ne se poserait plus de questions idiotes comme se demander si j’avais ou non envie de la voir… Il était évident que c’était toujours le cas, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et désormais plus encore que d’ordinaire. Il nous faudrait rattraper le temps perdu par nos bêtises. Le mot de passe fut à peine soufflé que je la tirai derrière moi au travers des canapés pour l’instant déserts. Il n’y avait pas la moindre cape protectrice aujourd’hui et ça ne m’inquiétait en rien. Je me fichais bien des rumeurs et des qu’en-dira-t-on pour une fois ! Il y avait infiniment plus important à mes yeux : nos retrouvailles, par exemple. Nos pas remontèrent rapidement le couloir des dortoirs et je la laissai pousser la porte du mien avant de refermer derrière nous. Elle n’en était pas à sa première visite, de toute façon… mais celle-ci ne connaîtrait aucun nuage. Nous le méritions bien, non ? Je rejoignis ma malle en quelques pas hâtifs et sortis le semblant de trousse à pharmacie que ma mère y avait glissé. Il n’y avait pas grand chose à l’intérieur, de quoi s’occuper de plaies superficielles, éloigner les maux de tête et trois fioles de pimentine en cas de besoin… Avant, elle avait la gentillesse d’y rajouter quelques potions de sommeil en cas d’urgence, mais elle avait fini par laisser à l’infirmier le soin de s’occuper de ça… Enfin qu’importe. Je la posai sur le lit et ne pus m’empêcher d’observer distraitement ma meilleure amie. Mon sourire s’agrandit de plus belle. Tout redevenait normal.

Je vais me laver les mains et je m’occupe de toi.

Je retins un « fais comme chez toi » qui finalement n’avait aucun sens. Ça n’était pas « comme chez elle », c’était tout bêtement « chez elle ». Avant de disparaître dans la salle de bain au bout du couloir, je m’approchai d’elle et déposai un baiser sur sa joue, comme elle le faisait si souvent quand nous nous quittions. Il ne me fallut pas plus de quelques minutes pour faire l’aller-retour. Si je savais pertinemment qu’elle n’était pas à l’agonie et que sa blessure n’avait rien de dramatique, je n’avais aucune envie d’aggraver les choses et de risquer l’infection. J’avais promis de faire les choses bien, pas de la pousser directement entre les mains de Mademoiselle Gray… Durant mon absence, elle avait pris place sur mon lit et cela me ramena bêtement des mois en arrière, alors que nous nous y abandonnions totalement, à Londres, profitant de l’absence de mes parents et de toute la décadence de notre anniversaire… Je m’installai près d’elle et attrapai sa main que je posai délicatement sur mes genoux le temps de défaire le pansement qu’elle y avait enroulé. Il fallait bien avouer qu’il n’y avait pas de quoi mourir mais je gardai tout mon sérieux malgré tout et affichai l’air grave des médecins face à un cas compliqué.

Il faudrait songer à nettoyer sous ton lit, ça devint dangereux. T’es passée à rien de perdre un doigt tout de même…

J’avais beau faire de mon mieux, dans ma voix dansait de tendres taquineries. Mon sourire menaçait de refleurir sur mes lèvres et je posai sur cette main blessée le regard rassuré et heureux que j’aurais voulu poser sur sa propriétaire… Mais ça aurait été signé l’arrêt de mort de mon air concentré. Quoi qu’il en soit, j’en étais plus que certain désormais, il n’y avait rien de plus agréable au monde que de retrouver ma Reine…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyDim 22 Mar - 18:58

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Le parchemin couvert de nos encre rejoint le reste de mes affaires que je range à la hâte. Drapeau blanc parsemé de nos excuses voilées et de nos tentatives de renouer. Lindberg est encore entrain de parler mais ce n’est pas après un cours passé à ne rien écouter que je vais brusquement changer d’attitude. Surtout pas alors que la présence de Junior me distrait encore plus que d’habitude. Je ne peux déjà pas retenir un sourire à la perspective des heures qui s’offrent à nous, dans quelques minutes, dans quelques secondes, dès que retentira la sonnerie marquant la fin d’un temps de cours aussi futile qu’essentiel. Tout dépendait de la perspective envisagée. Le timbre de la cloche nous tire hors de notre banc et Junior s’enfuit, mais sans m’oublier derrière lui cette fois. Nos doigts entremêlés semblent ne s’être jamais quittés, délicieuse sensation de retrouvée après des jours d’un manque cruel. Nous disparaissons de la salle de classe et mon éclat de rire résonne bien après que nous nous soyons soustraits au regard sûrement désapprobateur de certaines personnes : l’enseignant, Finnbjörn, Phoenix… Qu’importe, mes pensées volaient à mille lieues de ce qu’ils pouvaient en dire, rejoignant cette intimité qui se dessinait déjà devant nos pas empressés.

Nous avions atteint les escaliers avant que la foule ne commence à envahir les couloirs de toutes parts. Le brouhaha de leurs conversations tapissait l’arrière plan de ce moment. Simple rappel que nous n’étions pas seuls dans ce château et que nous avions tout intérêt à rejoindre au plus vite un endroit vide de toute autre présence. Notre cadence ralentit alors que nous dévalons les marches. Les doigts de mon meilleur ami étreignent un peu plus fort les miens et nos regards clairs se croisent, sans se détacher aussitôt, prolongeant au contraire ce bref instant par un sourire identique. J’aurais dû lui en tenir rigueur. Ne pas me montrer si naturelle avec lui, lui en vouloir encore un peu, afficher quelques heures de plus un mécontentement rancunier… À quoi bon ? Chaque jour me laisse un peu plus entrevoir à quel point il est facile pour lui de jouer avec mes humeurs. J’étais presque certaine qu’il ne s’en rendait même pas compte ! Un regard noir de sa part ou une critique quelconque et ses mots rebondissaient aussitôt sur mon orgueil maltraité ; un sourire moqueur accompagné d’une douce caresse et toute cette fierté fondait sans demander son reste. Je lui en avais voulu, violemment, de voir qu’il pouvait se passer de moi si facilement. Je lui en voulais toujours, mais je ne pouvais garder cette rancune brandie. C’était bien trop normal d’être à ses côtés, bien trop exaltant, et ça m’avait bien trop manqué. Je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. Tant pis, pour l’instant, s’il avait eu besoin de deux semaines passées à me bouder. Nos plumes avaient tracé les contours de nos excuses respectives et je ne voulais rien d’autre que de profiter de sa présence retrouvée. Si la perspective qu’il puisse réitérer un tel abandon ne me quitterait pas aussi facilement que ma méchante humeur chagrine provoquée par son absence, je pouvais cependant me complaire sans aucun mal dans son retour à mes côtés.

Il ne m’a jamais semblé si ennuyeux qu’aujourrrd’hui approuvé-je aussitôt. C’était comme si nous nous étions quittés la veille et que sa douloureuse ignorance ne m’avait jamais plongée, des jours durant, dans une peine maussade. Tout retournait tout simplement à la normalité la plus évidente. Chaque chose reprenait doucement sa place, à l’instar de ma main serrée entrelacée avec la sienne. Je le suis sans questionner notre destination. Il m’avait dit me garder en observation l’après-midi toute entière, alors peu m’importait l’endroit. Nous continuons de descendre, à contre courant de tous nos camarades qui rejoignent leur prochain cours, ou de ceux qui décident d’aller profiter du temps éclatant à l’extérieur et nous arrivons bien vite devant le mur de pierre qui marque l’entrée de la salle commune des Serpentard. Je pose mes prunelles claires assorties d’une moue dubitative sur mon meilleur ami, rapidement brisée par un sourire malicieux. Bon, j’imagine que pourrr cette fois je peux me passer d’une attestation. Je vais me satisfairrre de ta parrrole, mais c’est uniquement parrrce que je n’ai pas vrrraiment envie de me vider de mon sang si prrroche du rrremède prrromis. J’étais incapable de faire preuve de rancune, mais ce n’était pas pour autant que je ne pouvais pas me jouer un petit de la situation. Sa parole me convient parfaitement. Peut-être que dans plusieurs jours, un doute allait s’insinuer de nouveau jusqu’aux souvenirs de son abandon récent et j’aurais toutes les peines du monde à croire qu’il ne serait pas capable de me refaire subir la même chose. Pour l’instant, il était là, au bout de mes doigts, et c’était tout ce qui importait.

J’avais rarement vu une salle commune aussi vide. Pas âme qui vive et cela me convenait parfaitement. Probablement que les Serpentard étaient plus enclins à sortir de leur trou lorsque le soleil réchauffait le parc de ses rayons dorés, puisqu’ils n’avaient vue que sur les profondeurs du lac. Je me laisse entraîner par Junior entre les canapés abandonnés et nous remontons quelques marches jusqu’à la porte de son dortoir, que je pousse du bout des doigts sans plus me soucier de sa permission. Mon meilleur ami se détache et entreprend de fouiller dans sa malle. Je l’observe quelques secondes, un sourire dansant au fond de mes pupilles opalines, et je finis par me détourner, errant entre les teintures vertes et argents qui pendaient lourdement autour de chacun des lits à baldaquin qui meublaient la pièce. Rien ne m’avait paru aussi normal et évident depuis des jours et des jours. Ses paroles résolues font naître un sourire amusé qui se métamorphose en tendresse alors que ses lèvres effleurent ma joue et laissent l’ombre d’une caresse sur celle-ci, enveloppée de son parfum. Fais vite, je sens que la tête me tourrrne fais-je d’un ton souffrant, tout en me laissant tomber sur le lit comme si je défaillais réellement.

Allongée sur sa couverture qui laissait persister cette odeur qui n’appartenait qu’à lui, j’écoute distraitement l’eau couler un peu plus loin. Je me sentais parfaitement à ma place ici, à jouer avec la douceur de sa courtepointe. C’était comme revenir à la soirée de nos anniversaires et à ce sentiment de plénitude qui m’enveloppait alors. Des heures indues à refaire un monde qui n’avait jamais appartenu qu’à nous et à nous laisser aller dans une douce frivolité que nos parents n’auraient jamais approuvée. Une décadence insouciante. Était-ce cela que ressentent les suppliciés quand leur torture touche enfin à sa fin et qu’ils atteignent finalement l’objet de leur convoitise ? Ce mélange de soulagement et d’enchantement qui rend si légère ? Avec un petit soupir d'aise, je me redresse en tailleur et entreprend d’étudier le contenu de cette trousse que Junior a jeté sur son lit, patientant le temps qu’il me revienne.

Cela ne lui prit que quelques minutes et je lui rendais sa pochette de soins alors qu’il s’asseyait à mes côtés. Ses doigts jouent avec mon pansement de fortune afin de le détacher et d’étudier cette si grave blessure. Avec un sourire tendrement moqueur, je laisse ma tête reposer dans ma main de libre, sans quitter Junior des yeux. Son air sérieux et concentré enflammait doucement mes prunelles d’un amusement familier. J’avais envie que le moment dure éternellement et, en même temps, comment pouvait-il en être autrement maintenant que nous nous étions retrouvés ? Le temps avait recommencé à s’écouler normalement et tout ce qu’il pouvait faire était de laisser ces instants se poursuivre, encore et encore. Sans nuage ni tempête d’aucune sorte. Ça aurait été fâcheux raillé-je à la mention du doigt que j’aurais pu perdre. J’y penserrrai. C’est vrai que j’aurais dû le faire depuis un petit moment déjà mais j’avais d’autrrres chats à fouetter. Je ne regrettais pas d’avoir laissé le verre brisé sous mon lit, non plus que les roses que le vase entier contenait alors. Dans un élan de colère impulsive, j’aurais été capable de jeter les fleurs dans un feu de cheminé brûlant. Grâce au sortilège que j’avais appliqué après les avoir reçues, elles étaient encore éclatantes de vitalité à n’en pas douter. J’avais désormais hâte qu’elles retrouvent leur place sur ma table de chevet. Au vu de la rature réalisée sur le parchemin que nous avions échangé tout le cours durant, il avait compris à quoi était due cette blessure sur ma paume. Je n’allais pas en rajouter.

Bon, ça va, je ne rrregrrrette pas que ce soit toi qui t’occupes de moi et non Phoenix reprends-je après quelques secondes d’un silence concentré pour Junior, observateur et taquin pour ma part. Sous l’effet du baume cicatrisant qu’il prenait grand soin à appliquer, et dont j’appréciais tout particulièrement le contact, la plaie se refermait déjà. Je n’avais jamais prrris conscience de tes prrrédispositions à la médicomagie, où est-ce que je peux signer pour qu’elles me soient rrréserrrvées ? demandé-je, espérant lui faire lever la tête de ma main qui n’avait plus grand chose de blessée, un air tendrement espiègle se jouant des traits de mon visage.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyMar 24 Mar - 23:06



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Tout semblait reprendre un cours plus normal, comme si sa seule présence suffisait à remettre ma vie sur les rails qu’elle suivait depuis des années… et je ne doutais pas une seule seconde que cela puisse être vrai. Comment cette gamine sortie de nulle part et que le hasard avait glissée sur mon chemin des années plus tôt avait pu prendre une place aussi essentielle…? Je n’avais jamais su et il y a fort à parier que je ne le saurai jamais. Toujours est-il que c’était le cas. Deux semaines à peine et plus ma vie ne ressemblait plus à rien, les heures passant sans intérêt, toutes mes pensées tournées vers le manque évident que son absence laissait. Mais aujourd’hui, c’était terminé ! Et le sourire qui étira ses lèvres pris des airs de promesses inviolables. J’avais envie de les croire, de croire que nous pouvions souffler un moment, retrouver cette complicité vitale et construire sur notre histoire sûrement rendue plus bancale encore par ma stupidité de nouveaux souvenirs heureux. Il fallait bien avouer que cela manquait ces derniers temps… Si rien n’était dramatique, rien n’était merveilleux… C’était une base de catastrophe péniblement relevée par quelques touches rassurantes, assez pour s’accrocher mais trop peu pour se voiler complètement la face… Peut-être que cet éloignement plus long qu’il ne l’aurait fallu remettrait les pendules à zéro et nous offrirait un nouveau départ sans fausse note ? J’aimais à le croire.

Il ne m’a jamais semblé si ennuyeux qu’aujourrrd’hui.

J’aurais aimé pouvoir en dire autant ! Tous les précédents m’avaient paru bien pires ! Bien sûr, le cours n’avait guère d’importance, il me faudrait certainement tout reprendre pour réussir à comprendre quoi que ce soit, essayer de négocier avec cette nunuche d’Aisling pour récupérer des notes dignes de ce nom, mais l’ennui ne m’avait pas frappé un seul instant. J’avais eu de quoi faire ! Noircir un parchemin d’une conversation silencieuse occupait bien plus qu’on ne pouvait le croire… Et j’avais hâte de la continuer le plus normalement du monde. Les lourdes portes de la salle commune se dessinèrent enfin au bout d’un ultime couloir et je m’excusai à moitié de ne pas avoir d’autorisation à lui donner. Une autre fois, peut-être… Même si je doutais très franchement qu’elle puisse en avoir besoin ! Pendant quinze jours, j’avais tendu l’oreille en rentrant dans mon dortoir, fouillant avec attention le vide immense qui m’entourait… Elle aurait pu être là… Elle aurait pu revenir… Mais il n’en avait rien été. Tous les soirs, il n’y avait que quelques camarades de dortoir et les regrets de ne pas avoir fait le premier pas.

Bon, j’imagine que pourrr cette fois je peux me passer d’une attestation. Je vais me satisfairrre de ta parrrole, mais c’est uniquement parrrce que je n’ai pas vrrraiment envie de me vider de mon sang si prrroche du rrremède prrromis.
Évidemment.

Ma voix chantante et amusée trahissait éhontément le plaisir que j’avais à être là et celui plus grand encore de l’embarquer loin du monde pour un instant. Il n’y avait rien que je pouvais vouloir plus que d’un tête-à-tête tranquille, seulement bercé par nos rires et nos regards complices. Les portes s’ouvrirent et l’on fila directement vers mes Terres. Inutile de nous attarder ailleurs, quelqu’un pourrait rentrer et s’offusquer de la présence d’une Poufsouffle dans notre antre. Bien sûr, je n’imaginais pas un instant qu’Erin Sørensen puisse en avoir quelque chose à faire mais il fallait bien admettre que je n’avais aucune envie de me mettre toute ma maison à dos pour quelques minutes ici… Je ne pourrais pas les éviter bien longtemps et je n’avais pas avec eux, du moins la plupart, la meilleure relation du monde… La chambre se referme doucement sur nous, tenant le monde à distance. Cette plongée dans notre intimité fut la plus délicieuse que j’eus connue depuis un moment. Elle était appréciée à sa juste valeur, sûrement plus plus que je ne l’avais sûrement fait les fois précédente. Qu’importe les différends, qu’importe ce que je pouvais avoir à lui reprocher, Erin était infiniment plus importante et rien ne valait finalement la peine de la garder éloignée si longtemps. Il m’avait peut-être fallu quelques jours pour en prendre pleinement conscience, pour réaliser que mes priorités étaient un peu douteuses la concernant, mais j’imagine qu’il valait mieux tard que jamais… Et, si elle était là, c’était sûrement qu’elle ne m’en voulait pas particulièrement…Malheureusement, à peine retrouvée, je devais déjà l’abandonner… pour aller au bout du couloir, certes, mais tout de même. Mes lèvres effleurèrent sa joue avant que je ne revienne sur mes pas…

Fais vite, je sens que la tête me tourrrne, l’entendis-je feindre d’un ton souffrant alors que je m’éloignais. Je ne pus m’empêcher de rire alors qu’un vague regard avant de quitter la pièce me l’offrit étendue sur mon lit, en pleine agonie.

Il n’y avait rien de plus naturel que cela. D’aussi loin que je me souvienne, ma chambre avait toujours été la sienne et elle s’y était imposée avec une évidence troublante. Si je ne regrettais pas la maison dans laquelle le Choixpeau m’avait envoyé (c’était une tradition familiale, je ne vois pas où l’on aurait pu m’envoyer sinon à Serpentard), j’avais toujours regretté qu’elle n’ait pas pu m’y rejoindre. Ça n’aurait pas été seulement « ma maison » au sens le plus Poudlardien du terme, ça aurait été « chez moi ». Qu’importe mes colocataires et qu’importe les impurs qui nous entouraient… Mon retour se fit des plus rapides, surprenant la fouille de mes affaires sans que je ne trouve le courage de m’en offusquer. Merlin seul savait à quel point je pouvais détester ça, presque autant que les surprises, mais aujourd’hui ça n’avait guère d’importance. Qu’elle fasse ! J’étais prêt à tout accepter pour un peu qu’elle reste à mes côtés un peu plus longtemps… Je pris place à ses côtés, mon regard clair peinant à la lâcher, et entrepris de défaire soigneusement le pansement qu’elle s’était confectionnée. La blessure ne méritait pas qu’on hurle à l’hémorragie ni qu’on perdre la vie sur mon lit mais je ne laissais rien paraître et pris l’air le plus professionnel et concerné que je pus trouver. Ça n’était pas tous les jours qu’une opération aussi périlleuse m’était confiée ! Je désinfectais doucement la plaie en m’étonnant qu’elle ait encore tous ses doigts. J’étais bien. Il était évident que je ne trouvais aucun plaisir à savoir qu’elle s’était blessée, même de manière si superficielle, mais j’étais bien. Le poids qui s’était installé sur mes épaules des jours plus tôt ne me semblait plus être aujourd’hui qu’un lointain souvenir.

Ça aurait été fâcheux. J’y penserrrai. C’est vrai que j’aurais dû le faire depuis un petit moment déjà mais j’avais d’autrrres chats à fouetter.

D’un côté, c’était un peu blessant qu’elle ait pu passer ses nerfs ainsi sur le dernier souvenir agréable de notre relation… d’un autre c’était rassurant qu’elle se soit contentée de le briser… Comme si, dans le fond, elle avait su que je finirais immanquablement par revenir… Est-ce que c’était le cas ? Je l’espérais… Elle avait prétendu le contraire, bien sûr, mais j’avais envie de croire qu’elle savait tout au fond d’elle que j’étais bien incapable de l’abandonner définitivement. On avait toujours été d’accord sur ce point : on ne pouvait quitter son trône si facilement… Ça n’était qu’un éloignement temporaire, quelques « vacances » à la limite même si je n’avais jamais connu moment si peu reposant…

Tu devrais prendre quelques secondes pour le faire, oui, répondis-je en ouvrant le pot d’onguent d’une main, l’autre gardant précieusement contact avec la sienne, ça ne sert à rien de rester avec des vases cassés lorsqu’ils peuvent être réparés…

Peut-être expliquerait-elle qu’elle préférerait le jeter…? Je ne savais même pas dans quel état étaient les fleurs… Depuis le temps, je supposais qu’elles avaient dû faner… J’étais bien incapable de savoir combien de temps cela durait réellement… Ma mère en achetait de nouvelles deux fois par semaine. Je l’entendais parfois prétendre auprès de ses amies que c’était un cadeau de mon père mais nous savions tous les deux qu’il n’en était rien. Je ne prétendais pas qu’il n’y pensait jamais, loin de là, mais c’était jamais totalement désintéressé… ou alors seulement pour les grandes occasions, à l’instar de son anniversaire. Je n’avais jamais vu mon géniteur offrir quoi que ce soit à ma mère pour le seul plaisir de le faire… Enfin… Tout cela pour dire que je supposais que ça mourait vite sans savoir ce qu’il en était exactement… Mon doigt plongea dans la pommade et glissa doucement dans la paume d’Erin. Peut-être m’attardai-je sur cette tâche un peu plus longtemps que nécessaire, je l’avoue… Mais c’était dans un but purement médical, évidemment, absolument pas pour faire perdurer ce contact…

Bon, ça va, je ne rrregrrrette pas que ce soit toi qui t’occupes de moi et non Phoenix.

Tout le sérieux de mon air disparut à cette phrase, remplacé presque aussitôt par un air satisfait et comblé. C’était sûrement le plus beau compliment qu’elle aurait pu me faire aujourd’hui ! J’avais craint un instant qu’elle me repousse pour quémander réellement l’aide de Reyes… Oh, elle en aurait eu le droit et il m’aurait été difficile de lui en vouloir pour ça, bien sûr ! Mais j’avais sans mal aperçu la peine et la déception… Alors qu’elle puisse admettre aussi clairement qu’elle avait fait le bon choix en acceptant si facilement mon retour dans sa vie avait quelque chose de délicieux.

Je tâcherai de lui répéter, déclarai-je avec un sourire qui s’entendait jusque dans ma voix. Normalement, dans une dizaine minutes, tu n’auras plus rien du tout… Je vais quand même te garder là jusque là, au cas où… Si jamais il faut remettre de l’onguent ou je ne sais pas… Conscience professionnelle, tu comprends.

Mon doigt abandonna une dernière caresse sur cette main laissée sur mes genoux et je finis par refermer le pot, le remettant distraitement dans ma trousse. Cette blessure tombait mine de rien à point nommé : elle avait été l’excuse idéale pour entamer la conversation et nous enfuir loin du monde. Si ça n’avait pas été ça, ça aurait sûrement été autre chose, je n’étais pas décidé à la laisser quitter cette salle de classe sans la promesse que nous nous retrouverions rapidement, mais elle nous avait grandement facilité la tâche.

Je n’avais jamais prrris conscience de tes prrrédispositions à la médicomagie, où est-ce que je peux signer pour qu’elles me soient rrréserrrvées ?

Je m’efforçais de retenir un rire ravi en l’entendant et relevai les yeux vers elle comme si je prenais au sérieux cette révélation. Mes prédispositions à la médicomagie se limitaient à peu près à ça, en réalité… J’étais capable de me traîner jusqu’à l’infirmerie en cas de besoin, aussi, mais il ne fallait pas m’en demander davantage. Mais aujourd’hui, ça n’avait aucune importance. Un sourire à peine esquissé refusait néanmoins de quitter mes lèvres et réduisait presque à néant mes efforts.

Absolument nulle part, elles le sont déjà. Comme si j’avais l’intention de poser les mains sur n’importe qui…

Mon regard s’accrocha au sien une seconde. Cette phrase sonnait affreusement vraie. Presque trop vraie. Elle me semblait faire résonner des choses bien moins amusées et médicales qu’elle ne l’aurait dû. Pourtant, ça ne parut pas si problématique que ça. Je me contentai de ne rien relever et me laissai paresseusement tomber sur le lit. Je ne savais pas combien de temps nous pourrions avoir ici, il faudrait sûrement bouger à un moment, mais je n’avais pas particulièrement envie de retrouver le monde extérieur pour l’instant. Juste quelques minutes où il n’y aurait que nous… Je fixai le ciel verdâtre de mon baldaquin et laissai mes doigts courir dans le dos de ma meilleure amie, chassant négligemment les plis que formait le tissu de sa robe de sorcière. Je refusai de rompre tout contact, craignant peut-être que cela suffise à la faire disparaître. Un soupir de bien-être m’échappa.

Comment s’est passé le camping ? Tu t’es bien amusée…?

C’était étrange de réaliser que je n’en savais rien… que pour la première fois de notre vie commune, j’étais largement passé à côté de la sienne… Sûrement plus qu’elle, d’ailleurs, puisqu’elle avait l’air d’avoir eu vent de quelques détails de mon désastreux week-end… Cette réflexion me tira un nouveau sourire et je me sentis obligé d’ajouter :

Ce n’est pas parce que j’aborde le sujet que tu as le droit de te moquer, bien évidemment.

Mais il était question d’Erin alors il y avait tout de même peu de chance d’y couper… Au moins, j’aurais eu le mérite d’avoir essayé…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyMer 25 Mar - 14:18

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Je ferme les yeux quelques secondes, enveloppée d’un parfum que je ne connais que trop bien et qui m’avait douloureusement manqué, allongée sur ce lit qui me ramenait des semaines en arrière, sur un autre habillé de la même odeur. J’étais là où j’avais envie, là où je devais être. C’était très long, deux semaines. Paradoxalement, c’était également très court. Une goutte d’eau dans une amitié qui se glorifiait de nombreuses années. Jamais aucune de nos disputes n’avait duré si longtemps. Quelques heures, c’était déjà énorme. C’était déjà bien suffisant. De là était né ce sentiment d’abandon qui mijotait depuis bien des jours, en réalité. Que ce soit notre escapade dans la bibliothèque ou notre tête-à-tête dans la salle de bain des préfets, chacun de ces moments avait laissé une impression en demi-teinte que je n’aimais pas. Une complicité éternelle frappée d’entailles que nous nous infligions mutuellement. Et au milieu de tout ça, des refuges protecteurs auxquels nous nous accrochions comme si tout en nous en dépendait. Des étreintes nouvelles et d’une simplicité pourtant toute naturelle. Une éternelle danse à deux temps. Complicité unique rythmée par les taquineries qui nous rendaient boudeurs, parfois un peu trop. Mais à ce point ? Ce n’étaient plus des courbes mais des tranchées. Du moins ça l’était. Nous faisions ce que nous faisions toujours : nous réconcilier et faire revenir le beau temps après la tempête. Maintenant que ma fierté s’était défendue par parchemins interposés, se dressant toute entière contre un retour que je ne voulais pas lui concéder si facilement… c’était exactement ce que je faisais. M’abandonner sans retenue, effaçant toute rancune que je ne ressentais que très rarement, et contre lui, jamais de toute façon.

Lorsque Junior revient, je suis entrain d’étudier le contenu de la trousse qu’il a négligemment jetée sur son lit. Je délaisse mon examen sans aucun regret pour poser mon regard clair sur mon meilleur ami, dont l’air concentré et sérieux me fait sourire. Je sais que la blessure n’est que superficielle : rien de très grave, ce n’était qu’un simple bout de verre effilé qui avait jugé bon d’écorcher ma paume. Mais il mettait un tel soin dans chacun de ses gestes que j’étais prête à jouer la comédie encore un peu. Le sens implicite de ses paroles me pousse à détacher mes yeux des mouvements appliqués qu’il exécutait pour tenter de croiser les siens, obstinément baissés sur ma main. Non, en effet... Ma phrase en suspens, mes prunelles ardemment fixées sur son visage, j’essaie de lire quoique ce soit dans ses traits soigneusement concentrés sur ma blessure ; sans succès. Celui-là l’est rrresté trrrop longtemps fais-je d’une voix caressante aux intonations d’un rare sérieux. Je ne reprochais plus au vase d’être resté en morceaux affilés sous mon lit, toutes ces nuits durant, je regrettais simplement qu’il ait pris tant de temps avant d’exiger un réassemblage de ses parties. Je le rrréparrrerrrai, Tout comme je sortirai le carnet en cuir noir du fin fond de ma malle ainsi que mon balai, merveilleux cadeau de Junior, de sous le lit où il gisait avec quelques roses figées dans leur splendeur première. mais les fleurrrs attendrrront encorrre un peu, j’ai d’autrrres prrrojets, là tout de suite conclus-je, ma voix et mon sourire colorés d’une joyeuse malice.

Ses doigts dansent précautionneusement sur la plaie, étalant le baume réparateur, s’éternisant un peu plus que nécessaire. Je n’imaginais même pas retirer ma main, lui laissant tout le loisir de faire traîner ce contact autant qu’il le souhaitait. Il en allait de la guérison de ma paume, après tout, ce n’était pas à prendre à la légère. Dans un nouveau sourire, je lui laisse entendre que j’ai fais le bon choix en le laissant me soigner, lui, plutôt que Phoenix. En réalité, je n’avais pas réellement pensé à ma meilleure amie pour cette tâche. Il y avait bien des choses que les doigts de la belle Gryffondor refusaient de réaliser, je ne doutais pas qu’une besogne aussi basse qu’appliquer un onguent en fasse partie. Peut-être le ferait-elle pour Hannibal. Mais mon cher aîné possédait un statut tout particulier à ses yeux. Non, je n’avais mentionné Phoenix que pour embêter Junior et le piquer, légèrement. À son air satisfait et son sourire qui faisait chantonner sa voix, j’étais réjouie d’avoir rétabli cette vérité. Comme si tu allais daigner lui adrrresser la parrrole me moqué-je dans un éclat de rire. Quoique. Si c’était pour lui adresser un joli doigt d’honneur verbal, il le ferait avec un malin plaisir.

Dans une dernière caresse il délaisse finalement ma main et referme le pot d’onguent. Dans une petite moue dubitative qui me fait hausser les épaules, je laisse entendre le peu de conviction quant à ses recommandations. Dix minutes ? Ta conscience prrrofessionnelle ne veut-elle pas me garrrder en obserrrvation tout l’aprrrès-midi ? Sait-on jamais... fais-je négligemment, un air nonchalant royalement assassiné par la lueur qui pétillait dans mon regard. Nous n’avions pas besoin d’excuse pour passer le reste de la journée ensemble, mais celle-ci était si douce qu’il aurait été dommage de ne pas nous en servir. Son rire me ravit un sourire qui s’agrandit alors qu’il efface toute possibilité de faire profiter qui que ce soit d’autre de ses immenses compétences en médicomagie. Et de tout le double-sens caché derrière ces paroles. Allusions à peine perceptibles qui me rappelaient pourtant ses bras enroulés autour de moi et ses mains enfouies dans ma chevelure, me serrant tout contre lui. J’avais envie d’entendre que c’était cela qu’il voulait dire par poser les mains, alors je l’entendais ansi. De toute façon, cette incroyable intimité n’appartenait qu’à nous et à nous seuls. Ce n’était pas comme si quelqu’un d’autre pouvait se féliciter d’une telle proximité avec mon meilleur ami. Il s’agissait de mon Royaume. Bien plus que les Terres imaginaires que nous nous approprions le temps d’une soirée ou d’une journée, c’était Junior qui en représentait en réalité toutes les frontières. Sans elles, plus de Royaume, et un flou abominable qui m’avait enveloppé ces derniers jours. C’est parrrfait ! Parfait d’être assurée qu’il ne poserait pas ses mains sur n’importe quelle idiote foulant les pierres de ce château, parfait de savoir que ces moments n’étaient qu’à nous, que pour moi, parfait d’entendre que je n’étais pas n’importe qui. Je le savais bien. Mais après ce long silence, un petit rappel ne pouvait que me satisfaire et faire naître ce sourire tendrement complice que je lui réservais.

Indolemment allongé à mes côtés, je retrouve Junior dans toute sa paresse et toute sa nonchalance. C’était frappant comme il m’avait manqué. Sa présence, et pas seulement physique : après tout, nous avions l’habitude de nous séparer des jours durant lorsque nos vacances d’été se dessinaient à l’autre bout du monde. Ses doigts en perpétuel mouvement chatouillent mon dos et les plis de ma robe sorcière, brodée de noir et de doré. Contact banal mais dont la force tranquille me rassurait pleinement et me faisait me sentir parfaitement bien pour la première fois depuis qu’il m’avait dit sans détour qu’il ne voulait pas me parler. Pour le moment, avait-il précisé. Précision que je n’avais pas oubliée, attendant avec une impatience brûlante et blessée que le moment touche à sa fin. Je n’aurais pas pensé qu’il puisse durer si longtemps. Je me tourne à demi vers lui, mes pensées renvoyées au camping qui s’était déroulé quelques jours plus tôt dans la forêt interdite. J’hausse les épaules, désabusée, avant de pouffer doucement à la mention d’une moquerie potentielle. Quelle moquerie ? Comme si j’avais cette délicieuse habitude de le taquiner. C’était bien en deçà de mes espérrrances réponds-je, référence à ce que nous avions programmé ensemble pour le passer finalement chacun de notre côté, sans s’adresser un mot et à peine un regard. Encore que de ce point, je ne pouvais être certaine, n’ayant pas croisé une seule fois celui de Junior. Mon équipe était composée de Mansfield et de cette impurrre de Brrrown. Je n’ai pas fait long feu avec eux, je suis rrrapidement parrrtie de mon côté. J’ai rrretrrrouvé Phoenix Et elle s’est fait un malin plaisir de se satisfaire de ton absence et de notre dispute, assénant encore et encore que je méritais mieux que toi et que tu me rendais un fier service en te tenant éloigné de moi, pensé-je sans rien en dire. et nous avons visité les marrrais, trrrès agrrréables, surrrtout lorrrsqu’on s’enfonce dans la boue. On est bien vite parrrties jusqu’à une grrrotte où il y avait un trrroupeau de Veaudelunes et ces immenses escarrrgots colorrrés ! J’avais d’ailleurs bien failli en toucher un et terminer cette soirée à l’infirmerie. En rrrésumé, ça nous a occupé, mais c’était loin d’êtrrre aussi amusant que ce que j’espérrrais bougonné-je. Avant de sourire de nouveau, les silhouettes des chevaux ailés dansant devant mes yeux. Le seul moment intérrressant était au tout début, quand je me suis rrretrouvée aux écurrries. L’air de rien, je ne mentionne pas que nous y étions au même moment, attendant de voir. Devais-je lui révéler que j’étais là, sous ma cape, arrachant des crins à toutes les créatures présentes afin de m’assurer au moins un ingrédient de cette fichue liste ? Il était rapidement parti sur son cheval, et moi en direction des marais où j’avais eu la bonne surprise de retrouver ma meilleure amie. Je n’oubliais pas non plus ces chevaux noirs, dont le squelette jouait avec la peau sombre.

Portant mes doigts pâles jusqu’à son visage, j’effleure sa joue avant de replacer une mèche qui lui tombait sur le front. Je m’attarde quelques secondes, dans une caresse visant à l’attendrir tandis que mon sourire se fait taquin et que ma voix s’apprête à adopter un ton moqueur. Tu es bien médisant, je n’allais pas me jouer de toi. Simplement m’inquiéter. Comment vis-tu le fait d’avoirrr été enlevé parrr un singe et que ce soit Mansfield qui t’ai secourrru… grrrâce à un concombrrre ? Le rire que je retenais pour ne pas voir les traits de Junior s’appesantir d’une vexation passagère faisait danser mes mots et rouler un peu plus mes r. J’étais capable d’en rigoler maintenant, mais lorsque Blaze m’avait conté cette aventure, je n’avais pas eu exactement la même réaction. Futé, ce fourbe Serdaigle avait attendu la toute fin de la chasse au trésor pour m’en avertir. Savait-il que je me ruerais en direction de mon meilleur ami, malgré cette distance qu’il avait instauré entre nous et que personne ne voyait peut-être vraiment ? C’était certain. Il avait eu une fine intuition. Et, de retour au campement, voyant Junior bien portant, j’avais chassé toute inquiétude visible dans mes prunelles quand bien même l’envie de m’assurer de son état se faisait impérieuse. La présence de ma cadette à ses côtés avait quelque peu aidé à ce que je ne bouge pas de la droite de Phoenix qui s’était allègrement moquée de celui qu’elle détestait, évidemment. Et comment s’est passé le rrreste de ta chasse au trrrésorrr ? m’enquis-je, une dernière caresse dans ses cheveux avant de laisser ma main retomber.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 27 Mar - 19:22



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Les quelques minutes à peine passées loin d’Erin me parurent une éternité, comme si nous n’en avions eues que trop jusque là et qu’une de plus m’était devenue intolérable. J’aimais à croire que c’était vrai. Et elle était là, faisant sa vie sur mon lit le plus normalement du monde… Sa simple vue me tira un sourire attendri. Elle m’avait manqué. Sûrement bien davantage encore que je ne l’avais cru. Pourtant, je ne m’étais pas voilé la face une seule seconde sur ce point, loin de là ! La présence d’Aisling n’avait fait qu’accentuer l’absence de ma meilleure amie et chaque occupation n’était qu’un prétexte pour mettre en lumière tout ce que nous aurions pu faire si elle avait été là… Chaque seconde était une véritable torture… devoir passer mes cours à quelques mètres d’elle ou attendre désespérément à longueur de soirée qu’un message apparaisse dans le carnet qu’elle avait offert… J’avais néanmoins tenu bien plus longtemps que je ne l’aurais cru… Trop longtemps en réalité. Je ne remettais pas en cause le bien fondé de mon éloignement, loin de là, il était normal que je puisse lui en vouloir et que je le lui fasse ouvertement savoir… mais maintenant qu’elle était là, ça me semblait un peu futile, tout de même… Nous aurions sûrement pu nous en passer… Je la rejoignis sans me faire prier et entrepris mon ouvrage.

Non, en effet, dit-elle simplement alors que je sentais son regard s’attarder sur moi, celui-là l’est rrresté trrrop longtemps.

Je ne pus m’empêcher de hocher imperceptiblement la tête. Oui, beaucoup trop longtemps… J’espérais qu’il puisse se réparer sans mal et reprendre sa vie de vase là où il l’avait laissée. Après tout, il me semblait qu’il lui restait à surveiller trente-neuf invitations, ou quelque chose comme ça… Si tant est qu’elles aient survécu. Il fallait bien reconnaître que j’avais affreusement hâte que nous continuions. La première n’avait pas été un franc succès, loin de là, même si elle n’avait pas que du négatif à offrir… J’espérais que la prochaine serait à la hauteur de nos attentes, sans ombre ni orage. Comme aujourd’hui… Bien sûr, nous n’étions qu’au tout début de notre après-midi et rien ne nous disait que cela continuerait ainsi, après tout nous étions affreusement doués pour laisser les choses tourner au vinaigre mais j’avais envie de croire que ce serait un retour à la normale en quelque sorte. Que nous parviendrions à chasser les tensions qui nous accompagnaient ces derniers temps… Il n’y avait pas de raison.

Je le rrréparrrerrrai mais les fleurrrs attendrrront encorrre un peu, j’ai d’autrrres prrrojets, là tout de suite.
Je crains que tu sois obligée de les reporter à plus tard… Avec une blessure aussi grave, mieux vaut ne pas prendre de risques.

Autrement dit, je n’avais aucunement l’intention de la laisser vaquer à quoi que ce soit loin de moi pour l’instant. Je n’étais pas idiot, je savais pertinemment qu’il nous faudrait retrouver rapidement nos distances mais au moins jusqu’à la fin de mon cours de divination, soit dans deux heures à peu près, elle ne pourrait pas faire un pas sans que je ne sois là. Peut-être qu’en disant la vérité à Kendrick, cela passerait ? Oh, pas que j’étais en train de profiter de nos retrouvailles, loin de là, aucun professeur n’y verrait une raison suffisante pour louper une leçon bien sûr, mais que cette pauvre Erin s’était blessée et que j’étais resté à ses côtés…? Après tout, personne ne pourrait me le reprocher, ça… Je verrais… En attendant, je terminai doucement mon oeuvre, profitant sans honte de ce contact retrouvé. Sous mes doigts, la plaie commençait à s’estomper. Il ne faudrait qu’un instant pour qu’elle ne soit plus qu’un lointain souvenir… Mais elle ne me laissa pas achever de la soigner qu’elle laissa entendre que je me débrouillai mieux que Phoenix ne l’aurait jamais fait. D’accord, d’accord, peut-être que ça n’était pas exactement ce qu’elle avait dit mais c’était tout ce que j’avais envie de comprendre ! Ça et le fait que ma présence ne lui faisait pas regretter la sienne. Elle aurait tout le temps de la retrouver, sa gueuse, et je ne doutais pas qu’elle avait largement pu en profiter ces deux dernières semaines… Le rire d’Erin résonna dans la pièce, m’en tirant un similaire sans l’ombre d’un mal.

Comme si tu allais daigner lui adrrresser la parrrole. Quoique.
Il y a des cas qui nécessitent de s’entretenir avec la plèbe, vois-tu… Et lui faire savoir qu’elle ne suffit pas à me remplacer en fait bien évidemment partie. Je regrette tellement de ne pas avoir vu sa tête quand on a quitté la classe ensemble… Ça devait être épique !

En réalité, quand bien même je ne portais pas Reyes dans mon coeur et ne comprenais pas ce que les Sørensen pouvaient bien lui trouver, j’étais assez bien élevé pour lui adresser la parole lorsque une situation le demandait. Bien sûr, nos amis proches savaient pertinemment que l’entente n’était pas au beau fixe mais je doutais que quiconque en dehors puisse le comprendre de lui-même. Finnbjörn en avait d’ailleurs profité à sa stupide soirée, sachant très bien que nous ne ferions aucun esclandre… Alors s’il fallait aller la trouver pour lui annoncer qu’elle devrait composer avec ma présence dans la vie d’Erin encore un long moment, il était évident que je m’y plierai docilement. Je n’étais plus à une conversation près… Mes doigts abandonnèrent une ultime caresse sur cette paume offerte et rangèrent la pommade où ils l’avaient trouvée. Mon travail était terminé.. malheureusement, peut-être.

Dix minutes ? Ta conscience prrrofessionnelle ne veut-elle pas me garrrder en obserrrvation tout l’aprrrès-midi ? Sait-on jamais…

Son air faussement innocent me fit sourire, aussi amusé que ravi. Un haussement d’épaules m’échappa. Oh, nous avions convenu quelque chose comme ça alors que nous échangions par message en plein cours, non ? Je n’avais absolument pas changé d’avis, qu’elle se rassure ! Je parlais seulement de la garder là, entre ces quelques murs, le temps que l’onguent termine son office.

Bien sûr que si, elle le veut ! Mais j’imaginais que tu aurais envie de sortir une fois que ton affreuse blessure aurait cicatrisé.

Mais si jamais ça n’était pas le cas, je n’avais rien contre l’idée de partager mon dortoir jusqu’à ce qu’elle ait envie de le quitter, bien sûr. J’étais à son entière disposition jusqu’à ce soir… et même plus longtemps si elle le souhaitait. J’avais bien l’intention de profiter de sa présence aussi longtemps qu’elle me l’offrirait. C’était rassurant de voir qu’elle n’était pas pressée que nos chemins ne se séparent. Il fallait croire que notre chère Gryffondor n’était pas assez brillante pour me la ravir si facilement. Et puis, sans trop savoir comment, quelque chose m’échappa. Sous couvert d’une carrière médicale prometteuse, ma réponse pourtant simple et évidente esquissa un tableau tout autre et largement plus troublant. Ça n’était pas réellement ce que j’avais voulu dire mais rien ne m’avait jamais semblé si sincère en même temps. Les lèvres de ma meilleure amie se fendirent d’un sourire ravi qui me conforta dans mon envie de ne rien rectifier et je m’étalai négligemment sur mon matelas en ayant en tête les souvenirs de quelques étreintes plus ou moins inattendues… Ma main se fraya l’air de rien un chemin jusqu’à son dos avant que mes doigts n’y prennent leur droit. Elle ne me repoussa pas, elle n’esquissa même pas un geste surpris ou agacé, m’encourageant silencieusement à continuer. La sentir là, tout près de moi avait quelque chose d’apaisant. J’aurais aimé que le temps se suspende un instant.

C’était bien en deçà de mes espérrrances. Mon équipe était composée de Mansfield et de cette impurrre de Brrrown. Je n’ai pas fait long feu avec eux, je suis rrrapidement parrrtie de mon côté.

Nous avions finalement eu le même genre de déconvenue… Il aurait été infiniment plus agréable et intéressant de faire cette chasse idiote à ses côtés. Bien sûr, je n’aurais pas eu plus d’intérêt pour la récompense en elle-même mais je ne doutais pas que je me serais plus facilement pris au jeu après Erin pour m’entraîner à sa suite. Et quand bien même nous ne l’aurions pas fait, cette soirée aurait été bien meilleure que celle que j’avais pu connaître… Je ne pus m’empêcher de ressentir un certain soulagement à l’idée qu’elle n’ait pas passer son temps à arpenter la forêt en tête-à-tête avec Bradford. Simple question de principe…

J’ai rrretrrrouvé Phoenix et nous avons visité les marrrais, trrrès agrrréables, surrrtout lorrrsqu’on s’enfonce dans la boue. On est bien vite parrrties jusqu’à une grrrotte où il y avait un trrroupeau de Veaudelunes et ces immenses escarrrgots colorrrés !

Le semblant d’ironie que je crus distinguer dans ses paroles me peina malgré moi. Je ne savais pas ce que j’aurais préféré, dans le fond… Bien sûr, j’aurais aimé qu’elle passe une bonne soirée et qu’elle en ressorte on ne pouvait plus satisfaite, mais d’un autre côté… j’aimais assez l’idée que nous ayons été dans le même bateau malgré la distance. Est-ce que tout aurait été immanquablement différent si nous avions été ensemble ? J’en doutais, très clairement, les créatures n’auraient pas été plus avenantes et la forêt plus accueillante… mais la manière dont j’avais pu percevoir tout ça, elle, aurait été radicalement autre…

En rrrésumé, ça nous a occupé, mais c’était loin d’êtrrre aussi amusant que ce que j’espérrrais. Le seul moment intérrressant était au tout début, quand je me suis rrretrouvée aux écurrries.

Un sourire à mi-chemin entre la tristesse et la déception naquit doucement sur mes lèvres en l’écoutant. C’était étrange de l’imaginer emprunter le même chemin que moi sans que nos routes ne se soient jamais croisées. Comme si le destin avait décidé de nous tenir éloignés… Est-ce que j’aurais cessé mes bouderies si nous nous étions retrouvés au même endroit au même moment ? Il était évident que j’aimais à croire que non mais, dans le fond, je n’en savais rien… J’étais là pour elle, en réalité. Je n’aurais jamais pris la peine de m’inscrire à une bêtise pareille si ça n’avait pas été dans le but de la passer à ses côtés…

J’ai commencé par les écuries… on a dû se louper de peu.

Finalement, ses doigts vinrent effleurer ma joue avant de venir repousser une mèche qui me tombait sur le front. Je fermai bêtement les yeux, profitant de son contact et m’abandonnant tout entier à ses attentions.

Tu es bien médisant, je n’allais pas me jouer de toi. Simplement m’inquiéter, me contredit-elle d’une voix qui laissait largement planer le doute.

Je préférai ne rien dire, me contentant de subir avec plaisir ses caresses. Qu’elle se fiche de moi tant qu’elle voulait, ça n’avait aucune importance ! Mais je saurais m’en souvenir… Non pas que je sois particulièrement vindicatif, bien sûr, mais rien ne m’empêchait de le devenir pour l’occasion…

Comment vis-tu le fait d’avoirrr été enlevé parrr un singe et que ce soit Mansfield qui t’ai secourrru… grrrâce à un concombrrre ?

Mes doigts assénèrent une petite tape dans son dos en signe de protestation alors que j’ouvrais péniblement un oeil boudeur. Il n’en était rien, en réalité, bien sûr, mais tout de même ! J’étais bien, là, à me faire câliner, à me lover dans nos retrouvailles et voilà qu’il fallait qu’elle gâche tout avec ses moqueries cruelles ! On pourrait dire que ça ne se faisait pas de l’abandonner aussi lâchement mais admettez au moins que j’avais des raisons !

J’aurais pu mourir, je te signale, répliquai-je sans exagération aucune. Et, au risque de briser tes rêves, Mansfield ne m’a pas secouru le moins du monde. Au contraire, tout est entièrement de sa faute. S’il n’avait pas braillé comme un licheur qu’on égorge, ça ne serait jamais arrivé.

En réalité, je n’en avais pas mené large et j’avais eu bien du mal à fermer l’oeil de la nuit, craignant presque que le Kappa ne retrouve notre trace et ne termine son repas avec moi comme dessert… Bien sûr, ça n’était pas la première fois que je voyais la mort d’aussi près, on vivait à Poudlard après tout, mais c’était la première fois qu’elle réveillait les souvenirs enfouies des terreurs de mon enfance. Toutes les histoires qui faisaient peur raconter les soirs d’été par des cousins plus grands, les monstres terrifiants qui peuplaient mes nuits blanches et qui ont soudain pris vie dans cette forêt obscure… Ce qui, avec le temps, n’avait plus ressemblé qu’à des légendes ridicules et des contes sadiques ressemblait aujourd’hui au plus réel des cauchemars… Il y avait dans la forêt de quoi tous nous achever sans mal… et ça ne choquait visiblement personne…

Et comment s’est passé le rrreste de ta chasse au trrrésorrr ?

Un énième haussement d’épaules m’échappa, vite avorté alors que la main d’Erin s’éloignait. Mais… C’était déjà terminé ? C’était injuste, c’était agréable ! Mes doigts abandonnèrent son dos pour se saisir des siens et les remettre à l’endroit exact où ils étaient, supplication silencieuse de recommencer à s’occuper de moi. Ça ne répondait en rien à sa question mais ça m’avait paru bien plus important sur l’instant. Je repris bien vite mes dessins abstraits sur le tissu de son uniforme.

À la hauteur de ce triste événèment… J’ai réussi à échapper à Mills… Mais je n’avais aucune meilleure amie à retrouver par hasard alors je me suis contenté de Judith… Je l’aime bien, ta soeur, cela va sans dire, mais toutes les Sørensen ne se valent pas…

Je savais pertinemment que cet aveu laisserait chez la Poufsouffle une trace en demi-teinte. D’un côté elle serait outrée que je puisse apprécier sa pauvre cadette et d’un autre elle saurait apprécier le compliment à sa juste valeur… Ou du moins je l’espérais. Elle pourrait seulement rester sur l’affection vague que je portais à sa petite soeur… Juste pour m’embêter… et ce serait sûrement très Erinien…

J’ai au moins pu faire une balade à cheval, c’est toujours ça…

C’était une bien maigre compensation… Beaucoup de peur et d’ennui pour pas grand chose… Je n’aurais eu qu’à attendre cet été pour monter et il n’y aurait eu aucune forêt dangereuse, aucune créature sanguinaire, rien de tout cela pour gâcher mon plaisir.

Mais ne compte plus sur moi pour participer à quoi que ce soit venant de cette école… Plus. Jamais.

Même si je savais pertinemment qu’il ne me faudrait pas grand chose pour renier mes belles paroles… Un regard de sa part, une moue déçue et je signerais sans mal pour n’importe quelle idée stupide…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptySam 28 Mar - 11:25

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Nous tombons d’accord sans plus de formalités. Pour la première fois depuis bien longtemps. Pas la moindre once de dissension derrière ce sentiment partagé que nous avions trop traîné à réparer le vase brisé. Cette entente naturelle qui m’avait tant manquée me soutire un soupir satisfait agrémenté d’un sourire qui l’est tout autant. J’entrevoyais un ciel dégagé de ces trop lourds nuages et cela me réjouissait bien plus que n’importe quoi. Un Reparo se chargerait sans mal de ces morceaux de verre qui jonchaient le sol sous mon lit et un autre coup de baguette ramènerait les trente-neuf roses à leur place. Plus tard, cependant. Il nous fallait nous charger d’autre chose avant que je me préoccupe de nouveau du vase : c’est-à-dire profiter des prochaines heures pour rattraper les fils laissés à l’abandon ces derniers temps et les tisser de nouveau les uns aux autres. La tapisserie de notre Royaume reprenait déjà forme, elle qui pendait lamentablement ces derniers jours, attendant que l’on daigne la reconsidérer. Oh ? fais-je, faussement déçue. Je ne savais pas jouer la comédie, c’était une capacité que Finnbjörn avait toute entière gardée pour lui. Aussi cet éternel sourire qui avait repris ses droits sur les traits de mon visage démentait-il de manière flagrante ce désappointement qui n’existait pas. C’est que j’avais prrrévu de ne pas te lâcher du rrreste de la jourrrnée. Je dois donc ne pas aller prrrendrrre de rrrrisques à l’infirrrmerrrie ? Son retour auprès de moi, mon retour auprès de lui, parfaitement acceptés désormais, ma fierté n’avait plus aucune raison de se dresser devant de tels aveux. De toute façon, il n’y avait rien de plus normal que nous deux, souhaitant arracher toutes les heures possibles à celles qui nous étaient données. Les rares moments que je ne passais pas avec Junior - exceptés les heures de cours que nous ne partagions pas, les nuits dans des dortoirs différents ou les entraînements de Quidditch - étaient le plus souvent occupés avec mon cher jumeau. Autant dire que, ces derniers mois, ces moments étaient suffisamment rares. J’attendais toujours, avec une impatience croissante, que celui-ci daigne se décider à reprendre nos duels.

Il ne fallait pas compter sur la présence de mon tendre frère présentement. Sur celle de personne, en réalité. Les seules essences extérieures étaient celles que nous daignions mentionner, comme par exemple ma meilleure amie. Nos rires résonnent et s’entremêlent, douce mélodie qui avait été bien longtemps réduite au silence, pour mon plus grand déplaisir. Je ne doutais pas que Phoenix devait pester auprès de Finnbjörn tout en rejoignant la salle commune des Gryffondor, ne comprenant pas ce que je pouvais trouver à Junior pour qu’il me manque à ce point quand il décidait - bien rarement, heureusement - de s’éloigner de moi. J’aurais eu beau le lui expliquer sous tous les angles possibles et inimaginables, son inimitié avec le Serpentard aurait rendu mes propos caduques. Tout comme vanter les mérites de la pulpeuse lionne n’avait pour seul effet que de faire lever exagérément les yeux au ciel à Junior. Un combat que j’avais décidé de ne pas mener, me riant de ces ressentiments qui ne m’affectent guère. Je roule des yeux en l’entendant assimiler Phoenix à la plèbe mais ne peut m’empêcher de rire à nouveau en voyant mes soupçons confirmés. S’il s’agissait de lui dire qu’il était loin de m’abandonner, il se ferait un malin plaisir d’aller converser avec la Gryffondor. Elle n’a pas la prrrétention de te rrremplacer, voyons. Elle espérait simplement que nous finissions par nous lasser de Junior pour qu’il disparaisse de l’entourage de notre famille ; famille qu’elle intègrerait probablement au rythme où se poursuivait sa relation avec Hannibal. Un espoir vain, malheureusement pour elle. Je ne sais pas qui de Finnbjörrrn ou bien de Phoenix faisait la plus belle grrrimace me moqué-je, pensant évidemment aux pensées désapprobatrices que mon tendre frère avait sans aucun doute eues en me voyant déguerpir avant même que l’enseignant ne nous ait officiellement autorisés à quitter son cours. Il devait considérer cela comme un manque de respect et marmonner que je ne respectais définitivement pas le nom des Sørensen en me comportant ainsi. Il me réprimanderait ; je lui sourirais en lui disant qu’il se prenait trop la tête ; et nous en resterons là. Phoenix, par contre…, d’autant plus si Junior allait réellement la narguer, risquait de prendre plus ombrage de la situation.

Mais qu’importe Phoenix, qu’importe mon jumeau adoré ! C’était Junior et moi, nous deux uniquement. Pour l’instant et pour bien d’autres encore. Je questionne sa conscience professionnelle, me servant de cette excuse qui nous était servie sur un plateau d’argent pour dessiner les suites d’un après-midi dédié à nous, tout simplement. Même son léger haussement d’épaules ne m’offusque pas tant il n’est pas porteur de la même lassitude que la dernière fois que nous nous étions retrouvés en tête-à-tête. C’est vrrrai qu’une convalescence au soleil est toujourrrs plus agrrréable. Surtout après avoir passé ma matinée enfermée entre les murs blancs de cette infirmerie que j'exècre. Mais au fond, tant que je profitais de Junior pour moi toute seule, peu m’importait l’endroit. Comme tu veux ! Je m’en rrremets à tes compétences de médicomage, mais uniquement pourrr aujourrrd’hui ! Si j’étais d’habitude celle qui tenait les rênes de nos diverses escapades, je les lui laissais bien volontier pour cette fois. Enfin, nous n’étions pas à l’abri qu’une idée germe et que je les récupère sans plus de formalités, mais pour l’instant, il pouvait nous conduire où bon lui semblait. Je doutais cependant que son dortoir reste parfaitement vide des heures durant et le château regorgeaient de lieux intérieurs ou extérieurs où nous pourrions nous assurer toute la tranquillité du monde.

Le soin terminé, le pot d’onguent refermé, Junior se laisse paresseusement tomber sur son lit. Ses doigts se mettent à caresser silencieusement mon dos. Et, aussi simplement que cela, quelques gestes et quelques sourires qui s’entrelacent, nous retrouvons notre bulle habituelle, dans toute sa force et toute sa splendeur. Elle ne tenait définitivement qu’à de petits riens, mais de petits riens solides et qui valaient de grands touts. Un moment unique, qui en rappelait pourtant tant d’autres, me renvoyant sans peine à d’autres lits sur lesquels nous avions tout aussi facilement construit des bouts de notre Royaume. J’y étais bien et rien ne me faisait plus plaisir que de m’y retrouver après ces longues journées à ne pas pouvoir me rassasier de la présence apaisante de mon meilleur ami. Nous étions peut-être dans son dortoir, étendus sur son lit, j’étais parfaitement chez moi, Reine dans son Royaume aux côtés de son Roi, tout aussi alangui qu’il puisse être.

Junior me demande comment s’est déroulé le camping pour moi, avant d’ajouter que le sujet ne devait pas être une opportunité pour moi de me moquer de lui. Mon sourire se fait taquin mais je me contente d’abord de lui décrire ma chasse aux trésors. Une succession de déceptions relevée par la présence à mes côtés de ma meilleure amie. Mais entre Junior, si proche et pourtant à des lieues de moi, l’enlisement de Phoenix dans la boue, les créatures immondes qui pullulaient un peu partout, mon pied que j’avais blessé d’un coup violent contre une racine, et la présence de tous ces impurs autour de nous, ce week-end avait été fort loin d’atteindre mes attentes. Sûrement en grande partie parce que nous nous y étions inscrits ensemble mais que nous l’avions vécu séparément. Il me révèle avoir lui aussi commencé par les écuries et une petite moue vient troubler mon sourire. Mes doigts rejoignent sa joue, y laissant l’ombre d’une tendresse, avant de dégager son front d’une mèche qui traînait négligemment là. Je sais soufflé-je avant de retrouver mon éternel sourire alors que je le vois fermer les yeux au contact de mes caresses dans ses cheveux.

Était-ce un regret, dans son on a dû se louper de peu ? Ou la simple constatation que nos chemins ont failli se croiser ? Car je n’avais pas hésité un seul instant à rester cachée sous ma cape, mais je me demandais maintenant si j’avais bien fait. Qu’importe, au fond, je ne pouvais pas changer le passé. Et, sur le moment, me protéger de ce regard fuyant qui me piquait profondément avait été la meilleure de toutes les solutions. Même si, au fond, le voir s’éloigner sur son cheval, toujours noble et princier même dans une situation comme celle de ce camping, m’avait laissé un arrière-goût amer de chagrin. J’étais là, en fait. J’avais ma cape à ce moment précisé-je l’air de rien, continuant mes mouvements légers sur le sommet de son crâne. Des plus prrratiques pour obtenirrr le crrrin qui était surrr la liste. Mais j’ai bien failli me rrretrrrouver dans la bouse quand les chevaux ont commencé à rrruer. Ma grimace disparaît bien vite au profit d’un nouveau sourire, mes yeux brillants au souvenir de ces créatures ailées à l’allure si funestement majestueuse. Et toi, tu as trrrouvé le moyen d’enlever un cheval. Mon rire amusé est bien loin des pensées que j’avais eues alors, en le voyant s’éloigner de moi, inconscient même du fait que je me trouvais à quelques mètres de lui. Maintenant, alors que je caressais doucement ses cheveux et que ses doigts n’avaient pas cessé leur mouvement dans mon dos, je ne voyais que le tableau plein de prestance de mon meilleur ami s’éloignant sur un cheval ailé.

Comment lui avait vécu sa soirée, j’en avais une petite idée grâce au récit de Blaze, bien qu’il ait été trop tardif à mon goût. Le jeune homme avait eu la présence d’esprit de ne pas m’informer plus tôt de ce qu’il était arrivé à mon meilleur ami, s’assurant ainsi que je poursuive la chasse aux trésors au lieu de courir retrouver le Serpentard et m’assurer de son état. Mon ton se fait gentiment moqueur, mes prunelles brillant d’une malice qui s’entend jusque dans ma voix. Je pouffe narquoisement en sentant son coup réprobateur là où il n’y avait que de tendres cajoleries quelques secondes auparavant. Eh ! m’offusqué-je malgré tout. Ma tentative de me montrer mécontente ne fait pas long feu, avortée par ce rire qui reprend sa place de plein droit alors que son oeillade boudeuse m’amuse encore un peu plus. Jusqu’à ce qu’il évoque sa potentielle mort, m’arrachant un regard sombrement boudeur à mon tour. Impossible. Ce n’est pas comme si tu en avais le drrroit fais-je avec un aplomb prétentieux qui m’était propre. Il était évidemment hors de question qu’une telle tragédie arrive. Junior était en bonne santé, en pleine forme, parfaitement vaillant et ça n’allait pas changer. Je le soupçonnais évidemment de jouer de cette mésaventure pour se faire plaindre, rien qu’un petit peu, même si je savais bien que ces créatures pouvaient s’avérer mortellement dangereuses. Evidemment, il a occulté cette parrrtie là de son histoirrre. Blaze était un éternel fanfaron, héros des contes modernes qu’il récitait à qui voulait bien l’entendre. Entre les menaces qu’il avait proférées à l’encontre de Finnbjörn et la mise en danger de Junior, je commençais doucement à avoir envie de lui faire ravaler ses bravades. La prochaine fois qu’il se jouera de mes nerfs, ce ne sera pas d’un simple Bloclang qu’il écopera.

Je n’avais cependant aucune envie de penser à Blaze là maintenant tout de suite, ou à n’importe qui d’autre qui ne soit pas mon meilleur ami. Si j’avais sû plus tôt ce qu’il t’était arrrivé, je serrrais venue. Je ne souhaitais pas que plane le doute de mon indifférence sur cette situation. Qu’il s’agisse de cette fois-ci, de l’impulsion d’aller m’assurer qu’il se porte bien après l’épouvantard - impulsion douloureusement réfrénée - ou de toutes les autres fois où l’habitude et l’inquiétude brûlaient ardemment et m’enjoignaient d’aller le retrouver, je n’avais jamais été détachée de ce qu’il pouvait bien lui arriver.

Je savais comment sa chasse aux trésors avait démarrée, j’avais eu vent de cet incident, mais je ne savais pas comment s’était déroulé le reste de sa soirée. Très égoïstement, j’avais envie d’entendre qu’elle n’avait pas été plus joyeuse que la mienne et que mon absence à ses côtés avait rendu les heures bien fades. Mes doigts embrassent une dernière fois la chevelure brune de Junior avant de retomber dans une inaction muette. Pas pour très longtemps, cependant, la main de mon meilleur ami s’en emparant pour venir les replacer à l’endroit exact où ils se trouvaient une seconde auparavant. Un rire pour seul commentaire, et je me plie de bonne grâce aux directives de ce Serpentard gâté, habitué à obtenir tout ce qu’il désire. Ce n’était pas moi qui allait lui refuser cela, j’y trouvais un plaisir aussi tendre que le sien, à n’en pas douter. Mon Prrrince est-il satisfait de ces égarrrds ? l’interrogé-je d’un ton pompeux qui me seyait décidément très mal. Heureusement que l’ironie pleine de suffisance qui pétillait au fond de mes pupilles relevait le niveau.

Mills traînait décidément son affreux faciès partout : à la Saint-Valentin, à la table de mon frère ; et durant cet événement, dans l’équipe de mon meilleur ami. Le hasard ne pouvait-il pas l’envoyer se trémousser ailleurs ? La suite de sa phrase agite mon visage d’une moue réprobatrice. Mes doigts suspendent quelques secondes leur mouvement. Evidemment que ma cadette ne me valait pas. Qui pouvait encore en douter ? Elle n’était qu’une pâle copie de la magnificence des Sørensen, tant au niveau du talent, que de la prestance, que de tout le reste. Que Junior ait imaginé pouvoir trouver consolation à mon absence auprès de ma jeune soeur avait quelque chose de vexant et mon air boudeur ne manqua pas de lui faire savoir. Naturrrellement fais-je, un claquement de langue mécontent venant ponctuer cette assertion. Enfin, le compliment sous-entendu valait bien que je ne me fâche pas trop, pas trop longtemps. Si ma cadette prenait la mauvaise habitude de traîner dans les jupons de mon meilleur ami, je pourrais toujours me faire un malin plaisir à lui faire passer cette envie. Je ne vois décidément pas ce que tu peux apprrrécier chez elle. Rrrien ne va poursuis-je d’un ton des plus dédaigneux. Parler de Judith ne m’apportait rien, sinon un profond ennui teinté d’hostilité. Enfin, peu imporrrte. J’hausse les épaules, balayant ainsi le sujet de ma cadette qui n’avait rien à faire entre nous.

Mon sourire revient danser sur mes lèvres bien rapidement, suivi d’un nouveau rire alors qu’il affirme qu’il ne participerait plus jamais à quoi que ce soit qui viendrait de Poudlard. J’en prrrends bonne note réponds-je d’un ton qui laisse clairement percevoir que je ne prenais note de rien du tout qui ne m’arrange pas.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 2 Avr - 19:55



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Cela faisait bien des semaines que je ne m’étais pas senti aussi bien. Détendu. Sans crainte que quelque chose ne tourne mal ni réaliser combien l’absence d’Erin laissa ma vie affreusement vide. Il n’y avait plus d’absence ni d’inquiétude. Tout allait pour le mieux, tout reprenait la forme exacte qu’il devait avoir… Et si je n’avais absolument jamais douté qu’ils le soient, les moments passés avec elle me semblaient encore plus précieux. La légèreté de notre conversation était entrecoupée de rires partagés et personne ne viendrait nous arracher à elle. Personne ne viendrait tout court. Du moins, pas dans l’immédiat. Je connaissais assez mes camarades de dortoir pour m’assurer quelques instants de tranquillité. Ils n’avaient plus cours de l’après-midi, ils ne iraient certainement pas venir s’enfermer dès maintenant. Elle ne serait qu’à moi pour les minutes à venir. Et Erin ne semblait pas trop mécontente de cette perspective. Je n’aurais jamais pu croire que quelqu’un puisse me manquer autant. Pourtant, ça avait toujours été évident, entre nous, nous venions à peine de nous rencontrer que j’insistais déjà auprès de ma tante pour braver tous les ordres parentaux pour revenir en Angleterre seulement pour la revoir… Mais rien n’avait jamais été aussi insupportable que de la voir vivre si près de moi sans vraiment faire partie de sa vie. Aucun désaccord, aucun semblant de trahison quel qu’il soit ne pouvait valoir une telle sanction. Je savais que j’étais mal parti avec ce genre de réflexion et que si j’avais décidé malgré tout de laisser toute ma confiance vivre dans cette amitié, personne n’était jamais à l’abri de rien avec elle… Il s’agissait de l’imprévisible Erin, dont les frasques continuaient encore de me surprendre après tant d’années…

Oh ? C’est que j’avais prrrévu de ne pas te lâcher du rrreste de la jourrrnée. Je dois donc ne pas aller prrrendrrre de rrrrisques à l’infirrrmerrrie ?

Je secouai la tête en riant de plus belle. Non ! Surtout pas ! On ne prendrait aucun risque ici non plus, on resterait au calme, tranquillement, sans trop solliciter cette pauvre main blessée !

Ce serait risqué d’aller jusqu’à l’infirmerie… Que ferions-nous si tu étais prise d’un malaise à cause de tout ce sang perdu ?

C’était purement médical, bien sûr. Loin de moi la seule envie qu’elle ne s’éloigne pas ! Elle aurait tout le loisir de reprendre ses distances, ce soir, lorsqu’elle devrait retourner dans son dortoir. Jusque là, je ne comptais pas la lâcher d’une semelle. Oh, nous irions où elle pourrait le vouloir, ça n’était pas le problème, mais elle devrait composer avec ma présence. Je l’avais bien trop laissé au reste du monde pour la lui offrir encore aujourd’hui. Reyes avait dû se frotter les mains en n’apercevant plus mon ombre dans les pas d’Erin, et je n’osais même pas imaginer qui encore avait bien pu profiter de mon absence…

Elle n’a pas la prrrétention de te rrremplacer, voyons.

Je levai exagérément les yeux au ciel à ce mensonge. J’étais certain qu’il n’y avait rien qu’elle puisse souhaiter plus au monde que de me voir définitivement rayer de la vie des Sørensen. Je ne doutais pas qu’elle puisse réussir à embrigader Finn, un jour, si nous étions proches nous n’étions pas les meilleurs amis du monde et son avis devait sûrement avoir bien plus de poids que le mien… Mais j’avais bon espoir que son entreprise reste vaine avec la Poufsouffle. Oh, je ne lui en voulais pas le moins du monde, je souhaitais au moins tout autant son éviction. Ils méritaient, tous autant qu’ils étaient, tellement mieux qu’une courtisane dans son genre, prête à tout pour gravir les échelons, quitte à se servir de ses proches pour y parvenir… Il fallait espérer qu’Hannibal ouvre les yeux avant de lui passer la bague au doigt, sinon ce serait le début de la fin pour cette famille…

Je ne sais pas qui de Finnbjörrrn ou bien de Phoenix faisait la plus belle grrrimace.

Un nouveau gloussement m’échappa. Il était évident que son frère avait dû voir notre fuite comme un affront à Lindberg. Est-ce que c’était de notre faute si son cours n’avait aucun intérêt sinon celui de nous permettre de converser ? J’étais certain que ma mère l’aurait vu exactement de la même manière si elle l’avait su et qu’elle n’aurait pas manqué de me faire la réflexion… Mais au contraire de ma meilleure amie, je pouvais me vanter de n’avoir aucun chaperon dans les environs. Parfois, elle me manquait… Ces deux dernières semaines, par exemple… Et même si je l’inondais de lettres toutes plus désespérées les unes que les autres, j’aurais aimé qu’elle soit là… Je savais pertinemment qu’elle aurait fait tout son possible pour me tenir éloigné d’Erin jusqu’à la fin des temps, bien sûr, mais sa présence aurait été rassurante. Même si nous n’étions pas toujours d’accord, ni avec l’une ni avec l’autre d’ailleurs, elles étaient les deux seuls véritables repères que j’avais en ce monde et n’en avoir aucune avec moi se révélait plus angoissant que je ne l’aurais supposé. Enfin… J’étais ravi que ma mère soit restée chez nous, cela allait sans dire, et il était bien plus simple de faire fi de ses conseils réprobateurs quand elle me les écrivait que quand elle me les rabâchait à longueur de journée en vrai !

C’est vrrrai qu’une convalescence au soleil est toujourrrs plus agrrréable, répondit-elle alors que je hochai doucement la tête. C’est toujours ce qui m’avait manqué, à Serpentard : la vue sur l’extérieur et pouvoir profiter des rayons du soleil au travers de toutes les fenêtres des environs… Comme tu veux ! Je m’en rrremets à tes compétences de médicomage, mais uniquement pourrr aujourrrd’hui !
La dernière fois que tu t’en es ainsi remise à mes brillantes idées, nous avons failli terminer notre vie sur l’asphalte, au bas de mon immeuble…

Ce qui était, certes, grandement dû à la décadence qu’elle avait décidé d’offrir à notre anniversaire mais ça n’était qu’un détail… Il allait de soi que je ne regrettais rien des souvenirs qui me revenaient lorsque j’y repensais… Ni notre séjour sur les hauteurs glacées, ni nos alanguissements sans fin sur mes couvertures… pas plus que sa chaleur délicieuse se faufilant sous mes draps… Après coup, même les ombres qui avaient assombri notre tableau ne me paraissaient plus si affreuses que cela. Il n’avait été question que de gages douteux et d’egos froissés… Somme toute la routine dans notre Royaume ! J’aurais seulement voulu que ça dure toujours… C’était les derniers instants innocents que nous avions pu connaître, avant que des disputes récurrentes ne viennent troubler chaque instant de notre vie commune. J’avais bon espoir qu’aujourd’hui rompe cette malédiction mais cela ne changeait pas les horreurs passées… Je finis tranquillement mon oeuvre et rejoignis négligemment mon lit. Je n’avais besoin de rien de plus que ce que j’avais ici… Peut-être que mon chat aurait été le bienvenu dans l’équation pour que ma vie, à ce moment précis, soit d’une perfection troublante. Mes doigts se mirent à dessiner tendrement dans le dos d’Erin et je m’abandonnai sans la moindre hésitation au plaisir de sa seule présence. Il me semblait que cela faisait une éternité que ça n’avait pas été aussi évident. Elle était là, le reste ne comptait pas. Ma curiosité se risqua à l’interroger sur son week-end au camping, craignant à la fois qu’elle l’ait bien et mal vécu… J’avais envie de lui avoir manqué, qu’elle ait regretté que nous ne nous contentions pas seulement de ce que nous avions prévu… mais en même temps je voulais qu’elle en ait profité et que ça lui ait été agréable…

Je sais.

Je ne pus m’empêcher de froncer légèrement les sourcils en l’entendant. Comment ça, « elle savait » ? Il n’y avait personne avec moi… et s’il était évident que j’étais passé par là au vu du cheval que je montais, je ne voyais pas comment on pouvait savoir que ça avait été ma première halte.

J’étais là, en fait. J’avais ma cape à ce moment.
Oh…

Cela résumait assez bien ce que je pensais de cette information… Est-ce que j’étais déçu qu’elle n’ait pas fait l’effort de se montrer…? Oui, un peu… Je la comprenais parfaitement, je savais que je n’avais pas été d’une grande tendresse avec elle les jours précédents et il était normal qu’elle ne veuille pas réitérer l’expérience, bien sûr… Mais cela me peinait un peu malgré tout. Ses caresses firent néanmoins taire la tristesse que cela m’inspira. C’était de l’histoire ancienne, ça ne valait pas que l’on s’attarde dessus trop longtemps.

Des plus prrratiques pour obtenirrr le crrrin qui était surrr la liste. Mais j’ai bien failli me rrretrrrouver dans la bouse quand les chevaux ont commencé à rrruer.

Sa phrase me tira un rire étouffé alors que je me remémorais l’agitation des créatures. Si je ne l’avais pas comprise alors, tout me semblait beaucoup plus clair maintenant ! J’aurais même pu y penser tout seul, en réalité. J’avais largement connaissance de l’existence de cette cape et il n’y avait rien de surprenant qu’elle s’en soit servie pour ce jeu stupide…

J’aurais donné cher pour voir ça, la taquinai-je dans un sourire attendri.

Son élégance naturelle en aurait pris un sacré coup ainsi recouverte de bouse ! J’aurais fait en sorte qu’elle ne puisse jamais oublié cet instant, croyez-moi ! Mais malheureusement, le destin en avait décidé autrement…

Et toi, tu as trrrouvé le moyen d’enlever un cheval.
Ça me semblait autrement plus acceptable que de courir dans les crottes de Veaudelune pour récupérer je ne sais quoi…

Je n’aurais jamais accepté de participer à ce camping si l’on m’avait prévenu de ce qui m’y attendait ! Il n’y avait qu’à voir l’état dans lequel avait fini la cape de la pauvre Judith pour se rendre compte que cette école n’avait aucun respect pour rien ! Et je ne parlais même pas des créatures qui s’étaient dressées sur notre chemin ! Je restais persuadé que j’aurais été bien plus à ma place dans les rangs de Beauxbâtons, dont le standing n’était plus à prouver ! Rien à voir avec ce simulacre de grande institution… Même si je savais que j’aurais eu beaucoup à y perdre… Nos routes ne se seraient probablement jamais recroisées et l’amitié merveilleuse que nous connaissions n’en serait à jamais restée qu’au stade des balbutiements. Encore que ça n’était peut-être pas si dramatique… Madame se moqua à nouveau de moi, récoltant une petite tape plus tendre qu’autre chose en guise de réprimande. Il me sembla toutefois que l’annonce de ma mort potentielle eut plus d’impact que ma tentative violente…

Impossible. Ce n’est pas comme si tu en avais le drrroit.
Et bien va dire cela aux horreurs sanguinaires qu’on a cru bon d’installer dans cette forêt.

Je croyais bon d’espérer que tout danger avait été préalablement écarté, évidemment, mais nous n’étions jamais à l’abri de rien. Qui savait ce que ce Kappa aurait été capable de faire en réalité ? Un accès de folie ou un sortilège mal exécuté, et mon aventure aurait pu se finir de manière tragique… Je voyais déjà les gros titres de la Gazette… Une fois l’incident terminé, je m’étais quand même senti bien stupide… Et l’absence d’Erin s’était fait plus grande encore. Est-ce que c’était idiot d’avoir eu peur de mourir sans avoir eu l’occasion de lui faire savoir combien je pouvais tenir à elle avant ? Sûrement… Mais ça n’était finalement qu’une preuve de l’attachement que j’éprouvais pour elle… Si tant est qu’il en fallait vraiment une.

Evidemment, il a occulté cette parrrtie là de son histoirrre.

Un haussement d’épaules me servit simplement de réponse. Je ne connaissais pas particulièrement Mansfield mais il n’y avait strictement rien d’étonnant à ce qu’il ne se vante pas d’avoir rameuté toutes les créatures de la forêt juste pour mettre la main sur une fichue fée… J’étais même persuadé qu’il ne se sentait absolument pas coupable de quoi que ce soit et misait sur la coïncidence. Après tout, pourquoi qu’un Kappa soit soudainement apparu juste après son hurlement pathétique aurait nécessairement un rapport avec celui-ci, hein ?

Si j’avais su plus tôt ce qu’il t’était arrrivé, je serrrais venue.

J’ouvris doucement les yeux et plantai mon regard dans l’océan du sien. Le silence qui s’abattit tout-à-coup sur notre couple n’avait rien de particulièrement gênant. Pour une fois, ça ne me troubla pas. J’étais trop touché par son aveu pour y faire réellement attention. Un sourire un peu hébété étira mes lèvres avant même que je ne puisse m’en rendre compte. Dans le fond, je n’en avais jamais douté mais qu’elle le reconnaisse si simplement ne me laissait pas de marbre. Il aurait fallu être fou pour n’en avoir que faire ! De ma vie, je n’ai sûrement jamais autant eu envie de la serrer contre moi. Pourtant, arrêté par ce qu’il pouvait rester de retenue entre nous, je n’en fis rien. La pression de mes doigts dans son dos se fit toutefois plus grande, ma tendresse moins distraite.

Je le sais, Erin, reconnus-je dans un souffle.

Oui, je le savais. Et je n’avais pas besoin d’en dire beaucoup plus pour que les contours de notre confiance mutuelle se dessine même dans des souvenirs difficiles. Peut-être que je lui en avais voulu, peut-être que je m’étais laissé croire qu’il m’était impossible de la croire à nouveau, peut-être que j’avais supposé que plus rien ne serait plus jamais comme avant… mais force était de constater que je n’avais jamais vraiment douté d’elle. J’avais été déçu, trahi peut-être aussi, j’avais eu peur de ce que son silence avait pu laisser entendre mais à aucun moment j’avais véritablement envisagé de reprendre cette confiance aveugle… Ce fut là-dessus que ses doigts décidèrent de m’abandonner. Une dernière caresse et puis plus rien… Si elle pensait pouvoir s’en tirer comme ça ! Cela faisait des jours que nous restions loin l’un de l’autre et voilà qu’au bout de deux minutes à peine il fallait qu’elle reprenne ses distances ?! Je m’y refusais et le lui fis capricieusement savoir en remettant sa main là où elle devait être. Mon geste la fit rire et je ne pus m’empêcher d’y répondre de la même manière.

Mon Prrrince est-il satisfait de ces égarrrds ?
Oui, très chère, c’est divin.

Et je consentis enfin à répondre à sa question, relatant très vaguement mes aventures au camping. Ça ne faisait décidément pas partie des plus beaux moments de ma vie et mon récit le laissait largement entendre… Je pris bien soin d’y inclure Judith comme Erin l’avait fait avec Phoenix mais le résultat restait moins concluant. Si je n’avais rien contre la jeune fille, au contraire, elle était bien incapable de remplacer son aînée dans ma vie… là où Phoenix pouvait sûrement faire illusion. Nous n’avions aucun lien, seulement quelques mots échangés au détour d’un couloir, rien qui puisse tisser la moindre relation. Et je n’avais jamais vraiment cherché à faire changer cela… C’était la petite dernière des Sørensen, une présence habituelle dans mon environnement mais rien de plus… ni amie, ni quoi que ce soit… Cela dit, ça sembla suffire à piquer un peu la Poufsouffle dont le visage trahit le mécontentement.

Naturrrellement. Je ne vois décidément pas ce que tu peux apprrrécier chez elle. Rrrien ne va.
Et bien elle est a-

Mais je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’Erin coupait toute discussion sur le sujet :

Enfin, peu imporrrte.

Son haussement d’épaules me tira un sourire amusé. Elle était mignonne quand elle boudait à moitié. Je retrouvais pleinement ma meilleure amie et rien n’aurait pu me faire plus plaisir. Je tâchais de ne pas trop le montrer, bien sûr, histoire qu’elle ne prenne pas la mouche. Loin de moi l’envie de la vexer pour de vrai pour quelque chose d’aussi futile que ça !

Nos chemins se sont croisés par hasard… Et si j’avais eu le choix, j’aurais largement préféré t’enlever sur mon fidèle destrier plutôt que de la rejoindre.

Mais je n’avais trouvé que la petite Judith… Et il fallait bien admettre que sa compagnie était bien plus sympathique que celle de nos camarades… et plus acceptable également. Heureusement, son mécontentement n’est que de courte durée puisqu’elle se remet à sourire et lâche même un petit rire alors que je jure par tous les dieux qu’on ne m’y reprendrait pas.

J’en prrrends bonne note.

Je me redressai comme un diable en l’entendant, riant malgré moi d’un air capricieusement enfantin. Mon regard se voulait suspicieux mais le sourire que je tentais pitoyablement de retenir s’y lisait sans le moindre mal.

Eh ! Ça, c’est ta voix qui n’en fait qu’à sa tête, et sache que je ne n’aime pas ça. Je commence à te connaître, ma petite, et je ne compte pas me laisser avoir aussi facilement !

Je râlais pour le plaisir de le faire, rien d’autre, puisque j’étais parfaitement conscient que je me retrouverai dans la prochaine bêtise de Poudlard si elle avait décidé d’y aller… J’étais bien trop faible avec elle… et elle était bien trop au courant pour que ça ne finisse par un jour par me porter préjudice… Mais j’avais fini par me faire à l’idée et n’aurais probablement changé ça pour rien au monde… au grand dam de ma mère, bien évidemment.
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 3 Avr - 11:58

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


C’était insensé à quel point retrouver un moment d’une simplicité déconcertante avec Junior me faisait prendre conscience d’à quel point il m’avait manqué, ces derniers temps. Je le savais, bien sûr : mon front n’était pas perpétuellement ombragé par la seule faute de Finnbjörn ou de ces impurs qui s’octroyaient les mêmes droits que, nous, nobles de naissance, avions hérités. Ce n’étaient que des mécontentements passagers, bien loin de celui qui avait dansé au fond de mes prunelles des jours durant et qui n’était dû qu’à l’éloignement de mon meilleur ami. C’était insensé et, en même temps, d’une évidence écrite depuis bien longtemps, n’est-ce pas ? J’avais bien tenté de m’échapper de l’appartement londonien de Grand-Père, des années plus tôt, pour aller le rejoindre en France alors que nous ne nous connaissions que depuis peu ! Tout ça parce que son absence m’était déjà insupportable. Alors le voir, chaque jour qui passait, au bout de mes doigts sans pouvoir jamais le toucher, c’était une pénitence bien trop éprouvante. Son rire était décidément la plus agréable des mélodies. Lui aussi m’avait manqué. Mais depuis bien plus longtemps. Bien avant notre dispute, en réalité, nos têtes-à-têtes manquaient déjà cruellement de ce rire si doux. Et ce, depuis notre escapade dans la bibliothèque. Mais il était de retour et il m’était inenvisageable de le laisser repartir, même sous le prétexte tout à fait respectable de lui renvoyer une méchanceté qu’il m’avait adressée.

Sous couvert d’un sarcasme, je lui fais savoir mon envie de ne pas le quitter d’une semelle et sa réponse me convient parfaitement. Je ne voulais rien entendre d’autre. Tu as rrraison, je me sens si faible. Qu’importe le peu de crédibilité de ces propos : moi, me sentir souffrante ? il n’y avait bien que lorsque cela me servait de prétexte royal que je pouvais accepter de débiter un tel mensonge. Junior n’en croyait pas un mot non plus, il suffisait de voir mon teint pâle rosi par l’amusement pour se douter que je ne souffrais que d’un seul mal, et c’était celui d’avoir été trop longtemps privée de mon meilleur ami. Mais déjà les symptômes s’éloignaient, remplacés par nos rires entremêlés. Qu’est-ce que je pouvais souhaiter que nous ne soyons pas à Poudlard, présentement, mais chez moi ou bien chez lui, qu’importe, tant qu’il s’agissait d’un endroit où les heures ne viendraient pas nous séparer de force. Quoique. Si vraiment l’idée m’était trop insupportable, nous pouvions toujours nous cacher dans la salle sur demande qui nous offrira sans peine un cocon sacré.

Une bulle loin de Poudlard et de ses règles, loin des autres, insignifiants ou non, loin de mon tendre frère et loin de Phoenix, dont l’ombre flotta un instant autour de nous, amenée par l’une de mes allusions. La dernière fois que j’avais mis ma meilleure amie sur le devant de notre scène, cela s’était très mal terminé. Une rumeur la liant à Junior avait suffi pour menacer notre inébranlable complicité. Rien de tout ça aujourd’hui, mais la simple évidence que je préférais mille fois être soignée par le Serpentard que d’être abandonnée aux mains de ma meilleure amie. Je le vois lever les yeux au ciel, dans un mouvement bien trop affecté pour que je puisse le rater. Non, pourrr de vrrrai. Elle vivrrrait ça comme un affrrront que de rrremplacer le minable qui trrraîne dans mes pattes. Je n’avais pas menti en affirmant qu’elle ne voulait pas prendre sa place, puisqu’elle considérait que la sienne était loin de moi, loin de nous. Elle n’arrivait pas à saisir ce qui nous liait tous les deux, ni même à comprendre toute l’importance que revêtait Junior à mes yeux. Tant pis, elle n’avait pas besoin de ce savoir pour vivre, et tant que nous ne l’oublions pas, lui et moi, c’était tout ce qui avait de la valeur à mes yeux. J’adorais Phoenix, mais elle resterait à jamais incapable de m’éloigner de lui. Tout comme Junior pouvait toujours courir pour que je rompe tout contact avec elle, d’ailleurs. Elle ne saisit pas ce qui nous lie, ni que tu es l’opposé du misérrable qu’elle se plaît à dépeindrrre rajouté-je en guise de conclusion, simple vérité d’une évidence limpide, afin d’adoucir ma moquerie précédente et éviter que Junior n’en prenne trop ombrage. C’étaient les mots de Phoenix, mais il ne s’agissait pas de mes pensées, loin de là.

Ainsi, il était plus que certaine que la Gryffondor m’ait jeté un regard noir en me voyant m’enfuir du cours de métamorphose, main dans la main avec Junior. Néanmoins, elle n’était peut-être pas la seule et j’avais l’intuition que mon jumeau adoré n’avait pas été en reste. C’est qu’il essayait tant bien que mal de calmer mon impulsivité à grands renforts de sermons et de piques assassines ; et sa bienséance ne pouvait souffrir de voir le nom Sørensen se comporter aussi impoliment vis à vis d’un enseignant. Peu m’importait, je savais que cela n’était jamais éternel, avec Finn. Je pouvais toujours compter sur sa présence, même lorsque je l’irritais, même lorsqu’il m’agaçait. Il n’y avait pas à dire, pourtant : avoir mon jumeau à mes côtés m’était essentiel, quand bien même il était des plus doués pour porter mes nerfs à vif et me donner envie de lui jeter un Doloris sur le champ ; ce fait n’enlevait rien à celui qui rendait la présence de Junior tout autant indispensable.

Mon haussement d’épaules accompagne mon rire gentiment moqueur. Et dirrre que tu es censé êtrrre le plus sage de nous deux. Il était vrai que, la dernière fois qu’il avait pris la directive de notre expédition, j’avais bien failli glisser jusqu’en bas du toit et plus bas encore. Je me souvenais pourtant avec délice du froid mordant qui s’était emparé de mes pieds nus, des flocons qui dansaient autour de nos visages rougis par les basses températures, de ce ciel noir parsemé d’étoiles, de la nuit londonienne qui nous offrait un Royaume féérique. Mais aussi de nos silences alanguis, de nos fiertés froissées qui avaient manqué de ternir notre anniversaire par une fin catastrophique. Et finalement, sa couette nous recouvrant tout entiers et nos visages qui s’étaient faits face avant que nous ne sombrions dans un sommeil profond.

À sa demande, je lui dresse un compte-rendu de mon expérience de ce week-end, toute en demi-teinte qu’elle était. Il n’avait pas été à mes côtés, alors que je me réjouissais déjà de l’entraîner dans les méandres de la forêt interdite sous couvert d’une sortie scolaire. Il n’avait pas été là, et même si j’avais profité de Phoenix, même si j’avais découvert des chevaux ailés aussi sombres que magnifiques, il m’avait manqué. Lorsque je mentionne mon passage aux écuries, il m’avoue s’y être rendu également. L’idée que nous nous soyons manqués de peu semble le troubler, alors que je sais bien ce qu’il en était réellement. Mes doigts caressant ses cheveux, je me fends d’un aveu à mon tour, d’un ton indifférent, explicitant rapidement mes premiers mots lorsque je le vois froncer les sourcils. Une petite exclamation étonnée, et c’est tout. De quoi d’autre avions-nous besoin, en réalité ? Rien de plus qu’un court silence et que nos doigts persévérant dans les tendres caresses, avant que je ne lui détaille un peu plus mon rapide mais mémorable passage dans ce coin-là de la forêt. Evidemment, cela le fait rire et une moue contrariée vient froncer mes lèvres et les traits de mon visage. Si tu avais pu le voirrr, tu l’aurrrais vécu également, crrrois-moi fais-je d’un ton faussement boudeur. S’il avait été à mes côtés à ce moment fatidique, il pouvait être sûr que je l’aurais entraîné dans ma chute. Hors de question que je sois seule à me ridiculiser et que monsieur me contemple, debout, des larmes de rire perlant au coin de ses yeux. Je le connaissais trop bien pour ne pas douter un seul instant qu’il aurait fait en sorte que je n’oublie jamais, par Merlin, cet instant.

Mais nous n’étions pas ensemble alors, je n’étais pas tombée dans la boue malodorante qui recouvrait une partie du sol, et lui s’était éloigné, fier, sur son cheval volant. Je pouffe légèrement, retrouve mon sourire et mes yeux pétillants. Il n’y avait pas de meilleure manière pour Junior que de passer cette chasse aux trésors royalement juché sur un destrier, tandis que tous les autres gambadaient dans la boue. À mon tour de me moquer de lui ! S’il croyait s’en tirer à si bon compte parce que monsieur avait eu la présence d’esprit de s’assurer une monture pendant que je parcourais les bois à pied, c’était oublier le récit qui m’avait été fait sur son kidnapping par un singe maléfique. Son ton boudeur me renvoya le danger qu’il avait couru et la simple perspective d’avoir risqué de le perdre assombrit mon visage. Je n’y manquerrrai pas répliqué-je d’un ton assuré et abrupt. Personne n’avait le droit de m’enlever Junior, ni maintenant, ni plus tard. Pas avant au moins une éternité. Et certainement pas alors que nous étions encore brouillés à la suite d’une dispute qui avait trop durée.

Je le lui confesse sans détour ni surplus de fierté, que j’aurais tout abandonné pour venir le retrouver, qu’importe notre différend d’alors, si j’avais su plus tôt qu’il avait risqué bien plus que quelques égratignures. Ses paupières se soulève et son regard croise le mien, m’enveloppant tout entière plus efficacement encore que le silence qui suivit. Son sourire valait toutes les réponses du monde, je n’avais pas besoin de plus. Simplicité retrouvée, confiance inébranlable. Elle l’avait été, ébranlée, mais nous retrouvions doucement ce qui avait toujours été évidence. Mon sourire éclatant pour seule réponse, le sujet est clos et mes doigts sont ramenés là où ils se trouvaient la seconde d’avant : j’avais compris le message, et je m’employai donc, dans un gloussement que je ne cherche pas à contenir, à reprendre mes caresses sur le sommet de son crâne.

À son tour de me conter ses aventures dans la forêt interdite. Savoir qu’il avait passé cette soirée en compagnie de ma cadette m’irritait profondément, mais le naturel avec lequel il avoua qu’on ne pouvait me remplacer par ma benjamine atténua quelque peu l’air boudeur que je prends pourtant. Et je n’avais pas plus envie de parler d’elle que Junior n’avait eu envie de s’éterniser sur Phoenix. Judith n’était qu’un vague insecte dont le bourdonnement était agaçant, mais il me suffisait d’un geste de la main pour la chasser. Et de quelques mots de Junior pour l’enterrer vivante. Mon sourire abandonne tout mécontentement. Oui, il me suffisait de quelques paroles de sa part pour retrouver mon regard brillant, comme il suffisait de quelques mots pour l’assombrir. C’était comme ça depuis à peu près toujours, et je n’imaginais pas que cela puisse changer dans un futur plus ou moins lointain. Avant ou aprrrès la chute dans ses excrrréments ? fais-je d’un ton malicieux et un rire qui l’est tout autant.

Ce qu’il fallait retenir, c’est que j’avais bien moins mal vécu cette soirée que lui, finalement, et que le Serpentard semblait fermement décidé à ne plus jamais prendre part à quoi que ce soit que Poudlard pourrait bien organiser à l’avenir. Le témoignage de mon soutien indéfectible manque visiblement de crédibilité puisqu’il se redresse, le regard soupçonneux, mais le sourire amusé. Le mien se fait innocemment canaille et je prends un air des plus candides, trahi par mon regard espiègle. Je ne vois pas ce qui te fait dirrre ça répliqué-je en me laissant tomber négligemment sur son lit. Hé rrregarrrde, je suis déjà guérrrie. Un nouveau rire me secoue tandis que je lui tends ma paume pour preuve irréfutable de ma parfaite cicatrisation. Tu es décidément le meilleurrr de tous les médicomages. Flatterie tempérée par ce sourire qui ne cessait de s’élargir face à ce changement de sujet des plus grossiers.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyMar 7 Avr - 23:43



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Nous semblions sur la même longueur d’onde, cet après-midi là, d’accord sur le fait de nous séparer sous aucun prétexte et de profiter de ces tendres retrouvailles autant qu’il nous était possible de le faire. Je regrettai un peu que nous soyons à Poudlard, contraints par des règles et des gens, plutôt que dans nos antres respectifs où toute la vie nous aurait été allouée sans l’ombre d’une hésitation. Il nous fallait nous contenter de moins, presque de peu, quelques heures à peine abandonnées dans un quotidien écourté. Ça semblait presque dérisoire après quinze jours passés sans elle. Il aurait fallu au moins le double pour rattraper tout ce temps perdu et ne pas en perdre davantage !

Tu as rrraison, je me sens si faible.

Je hochai simplement la tête en retenant un rire amusé face à tant de talent de comédienne. Elle n’avait pas l’air mal pour une Noise, bien sûr, c’était bien pour cela que j’acceptais de jouer le jeu si facilement. Ma main se posa doucement sur son front, comme ces vieilles qui pensaient pouvoir prendre la température des enfants avec leur paume, et laissai glisser celle-ci sur sa joue avec une tendresse évidente.

Je le vois bien, oui.

Tout cela m’avait manqué. La sentir si proche, laisser mon regard se perdre dans le sien et la pulpe de mes doigts goûter à la douceur de sa peau. Heureusement, tout me revenait peu à peu et je ne boudais pas mon plaisir de le retrouver. L’ombre oppressante de Charles-Auguste n’était plus qu’un lointain souvenir et, inconsciemment, je profitais de sa disparition pour me rapprocher péniblement de la place qu’il avait un jour occupé. Si je n’étais pas certain de la convoiter réellement, il était évident que je ne voulais que personne ne la prenne. Si j’avais toujours été d’un naturel relativement possessif, celui-ci se retrouvait exacerbé concernant Erin. Je ne me faisais que peu d’illusions sur ce que seraient nos vies loin de Poudlard et savait presque avec certitude que nos chemins finiraient par s’éloigner du manière ou d’une autre mais je refusais qu’ils le fassent pour l’instant… Ni à cause d’un Charmant égaré, ni à cause d’une sorcière opportuniste…

Non, pourrr de vrrrai. Elle vivrrrait ça comme un affrrront que de rrremplacer le minable qui trrraîne dans mes pattes. Elle ne saisit pas ce qui nous lie, ni que tu es l’opposé du misérrable qu’elle se plaît à dépeindrrre.

Je ne pus retenir un sourire face à son compliment. Je n’avais jamais douté de ce qu’elles pouvaient bien penser de moi, l’une comme l’autre. Et que Reyes se rassure, je ne la voyais pas autrement. Je n’avais jamais compris l’intérêt que pouvaient lui porter les Sørensen. S’ils m’avaient toujours semblé d’un goût très sûr et d’une logique implacable, sur ce coup-là, c’en était à des années lumières. J’aurais aimé prétendre que j’avais bon espoir que cela finisse par changer mais, à dire vrai, je n’en avais strictement aucun. Elle avait su manipuler son monde à la perfection et s’attirer les faveurs de l’une des plus grandes familles de sorciers des environs… Si cela faisait mal de l’avouer, elle avait été brillante. Détestable, bien sûr, mais brillante.

Tout ce qui ne présente pas un intérêt direct pour son ascension ou qui refuse de servir ses desseins est forcément minable à ses yeux. Je m’en contente très bien.

Pour être parfaitement honnête, ça me paraissait même préférable à tout autre chose. Je n’avais aucune confiance en l’amitié qu’elle prétendait leur porter et supposais sans mal que ce pauvre Hannibal serait cocu bien des fois… Mais tout cela ne me regardait en rien. J’avais bien essayé, au tout début, de leur faire savoir que cette fille ne méritait en rien toute l’attention qu’ils lui offraient mais ça n’avait été qu’un pitoyable échec… Peut-être un jour viendraient-ils pleurer quand elle leur aurait planté un couteau dans le dos et s’en serait aller vers la vie de nanti dont elle pouvait bien rêver sans un regard pour ceux à qui elle devait tout. Au moins, je me passerais de la potentielle peine qu’un départ causerait. Phoenix s’en alla d’elle-même, débarrassant notre tête-à-tête de son ombre hideuse. À la place, les souvenirs de nos derniers moments londoniens se dessinèrent avec une précision incroyable… comme si c’était hier… Ma mémoire avait beau me faire parfois défaut (souvent, certes) c’était bien rare lorsqu’il était question de nous. Tout revêtait alors une telle importance qu’il m’était bien difficile de l’oublier. Et les risques délicieux que nous avions pris sur le toit, glissant avec indifférence vers ce qui aurait pu être une mort douloureuse n’y échappaient pas.

Et dirrre que tu es censé êtrrre le plus sage de nous deux.
Ma chère mère te le dira, mon amour, tu as une influence déplorable sur moi… Mais je ne m’en déferais pour rien au monde.

Si je n’avais jamais eu besoin d’elle pour faire des bêtises (sauf aux yeux de mes parents, bien évidemment), il était vrai qu’à son contact les choses ne s’étaient jamais arrangées. C’était un tel plaisir de la suivre dans ses incartades ! Il fallait croire que je finissais par faire éhontément fi du danger, comme je l’avais toujours vue le faire également. Il valait bien avouer qu’une mort probable, avec elle, après un moment magique comme celui passé sur les toits, n’aurait rien eu de dramatique… C’était même une jolie fin. Romantique. Dramatique. Théâtrale. Je finis par m’étendre sur mon lit avec toute la paresse du monde, gardant une main tendre sur Erin tandis que ses doigts se perdaient dans mes cheveux. J’avais l’impression que ces deux semaines n’avaient existé que pour ces retrouvailles là. C’était tout en douceur, incroyablement rassurant. J’aimais ces moments de calme plus que tout. J’aimais la suivre dans ces aventures, bien sûr, mais j’aimais plus encore n’avoir qu’à profiter de sa présence. J’écoutai le récit de son week-end au camping, m’abandonnant tout entier à ses caresses. J’étais prêt à l’écouter parler indéfiniment pour un peu qu’elle ne s’arrête jamais de me câliner ainsi. J’appris ainsi qu’elle m’avait rejoint aux écuries sans jamais se montrer et qu’elle était la cause de l’agitation des chevaux… et que ça avait failli lui coûter une chute mémorable ! Je ne pus m’empêcher de me moquer légèrement.

Si tu avais pu le voirrr, tu l’aurrrais vécu également, crrrois-moi.
Tu n’aurais pas osé !

Le rire qui m’échappa était des plus francs. Pris au dépourvu. Amusé. Heureux, en réalité. Je savais pertinemment que si, elle aurait osé ! Nous nous serions retrouvés dans la bouse tous les deux, ça aurait été parfaitement pitoyable mais je crois que cela aurait été préférable à la situation que nous avions connu là-bas. Je nous imaginais sans mal, sales et puants, aussi désespérés qu’hilares rien qu’à la vu de l’autre. Ça n’aurait pas été brillant, loin de là, mais j’aurais aimé qu’on puisse s’en rappeler… parce qu’on aurait été ensemble. Puis à son récit succéda le mien… Sans meilleure amie à rejoindre, seulement un primate psychopathe et un Serdaigle qui ne m’avait pas paru l’être moins. Si je faisais exprès d’en rajouter un peu aujourd’hui, je n’en avais pas été profondément traumatisé en réalité. Je m’étais préparé à plein de choses pour cette activité, je n’avais jamais supposé que ma vie pourrait frôler sa fin d’aussi près. Personne ne m’avait prévenu que ça n’était pas une sortie scolaire mais une tentative de meurtre de masse… Le visage d’Erin s’assombrit légèrement. J’aimais à croire qu’elle réalisait que derrière le tableau moqueur qu’on avait dû lui peindre, les choses auraient pu bien plus mal tourner, en réalité. Je n’avais pas assez confiance en cette école pour penser, le plus honnêtement du monde, que toute avait été sous contrôle. Un accident était bien vite arrivé, ici plus encore qu’ailleurs, et j’aurais pu en faire les frais. Mes caresses se font un peu plus appuyées, comme pour lui rappeler que tout allait bien.

Je n’y manquerrrai pas.

Et dans le fond, j’étais convaincu qu’elle l’aurait fait si elle avait eu ce maudit singe sous la main. Elle n’aurait jamais attendu qu’il décide de lui-même de me ramener sur la terre ferme et je n’avais aucun mal à l’imaginer batailler avec lui. Tout comme je ne doutais pas qu’elle m’aurait rejointe si elle avait appris qu’il y avait eu le moindre problème. J’avais toute confiance en ma meilleure amie. Même si ça n’avait pas été évident ces derniers jours et que j’avais eu un instant de doute après ses aveux concernant la soirée de Noël, je lui aurais confié ma vie sans la moindre hésitation. Et, malgré tout ce qui a pu se passer entre nous, j’espérais qu’elle le savait. Mes aventures s’achevèrent sur ma rencontre avec Judith et, de toute évidence, ce détail ne lui plut pas tant que cela. Je fis néanmoins tout mon possible pour dissiper la moue boudeuse apparut sur son visage. Une réussite ! Je n’avais aucune envie qu’elle croit que je pouvais la remplacer si facilement, ni par sa soeur ni par personne d’autre. Elle retrouva le sourire en un temps records et le mien s’agrandit davantage.

Avant ou aprrrès la chute dans ses excrrréments ?

Une fois de plus, sa bêtise me fit rire. Je crois que nous n’avions pas connu une telle légèreté depuis une éternité. C’était juste parfait. Tranquille. Je ne savais pas vraiment à quoi ressemblait de parfaites retrouvailles mais celles-ci en avaient tout l’air. Nous n’aurions pu mieux faire, sincèrement. Et je ne pourrais jamais la remercier assez pour ça. Un haussement d’épaules m’échappa, comme si la question se posait vraiment. Je n’étais pas sûr que ce pauvre cheval méritait que quelqu’un couvert de bouse lui grimpe sur le dos…

Hmm… Avant, après, quelle différence ? Je suis sûr que tu es toujours aussi délicieuse même maculée de crotte de cheval, ma Reine.

C’était aussi taquin que sincère, dans le fond. S’il avait fallu l’enlever après la chute, et bien soit ! On abandonnait pas sa Reine, qu’importe la situation ! Mais, en tout cas, je n’étais pas pressé de réitérer l’expérience et je ne me gênai pas pour le lui faire savoir, allant même jusqu’à prétendre qu’on ne m’y reprendrait plus. Ma meilleure amie resta fidèle à elle-même, bien sûr, et me laissa entendre qu’elle s’en fichait bien. Je la voyais d’ici m’entraîner dans d’autres aventures déplaisantes et je me voyais tout aussi bien la suivre sans trop poser de questions… parce que c’était elle et qu’il n’y avait rien que je pouvais vouloir davantage que de continuer à construire notre relation. Et si, pour ça, il fallait m’embarquer dans les autres bêtises de l’école, tant pis… Je me redressai d’un bond, outré qu’elle puisse me prendre si peu au sérieux. Outré, peut-être, mais avant tout amusé par ses bêtises.

Je ne vois pas ce qui te fait dirrre ça, s’étonna-t-elle d’un air innocent auquel je ne crus pas une seule seconde, Hé rrregarrrde, je suis déjà guérrrie. Tu es décidément le meilleurrr de tous les médicomages.

Elle se laissa tomber à son tour sur mon lit, agitant sa paume sous mon nez pour me montrer qu’elle n’avait plus la moindre trace. Son changement de sujet était tout pourri et je ne me laissai pas avoir par sa tentative. Je me penchai doucement au-dessus d’elle, le regard suspicieux, ma main se saisit de la sienne alors que l’autre s’aventurait sur son flanc, y laissant quelques chatouilles pour marquer un désaccord qui n’existait qu’à moitié.

Si tu crois que tu vas t’en tirer comme ça, tu te trompes ! Promets-moi que tu ne m’entraîneras plus dans les mauvaises idées de l’école, allez ! Je t'écoute !

Il était évident que je ne cherchais absolument pas à obtenir cette promesse en sachant qu’elle ne serait jamais tenue mais je refusais de lui laisser le dernier mot. Simple question de fierté…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 9 Avr - 19:29

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Heureusement pour nous deux et les heures qui nous attendaient encore, cet après-midi ne tenait pas à mes seuls talents de comédienne. Je n’avais jamais jugé bon d’apprendre à jouer la comédie, préférant le naturel de mon impulsivité au jeu surfait des émotions masquées. Junior joue le jeu de bonne grâce, témoignage de cette envie commune de profiter de ce moment tous les deux et uniquement tous les deux. Ses doigts prennent ma température et il affecte un air concentré à l’extrême, éveillant une flamme amusée au fond de mes prunelles. Puis ils se laissent glisser jusqu’à ma joue qui se plisse sous le tendre sourire que cette caresse me tire. Toutes les ombres que nous avions consciencieusement étendues au-dessus de notre royaume ces dernières semaines s’évanouissaient une à une. Est-ce que ces quinze jours de torture et d’éloignement avaient été nécessaires dans ce processus ? Peu m’importait désormais : tout ce qui comptait, c’était cette proximité retrouvée, cette bulle de complicité qui nous emmenait loin du monde des simples mortels. Comme elle l’avait toujours fait. Plus de Misha, plus de Charles-Auguste, plus aucune fille se dessinant comme potentielle remplaçante, rien que des égards emplis de douceur. Même ma meilleure amie ne peut ombrager bien longtemps notre tête-à-tête et nous nous évadons bientôt vers les souvenirs de notre expédition sur les toits londoniens.

Paresseux, le Prince de notre royaume qui s’allonge de tout son long sur son lit. Ses doigts se perdent dans mon dos, prolongeant un contact que nous ne souhaitions pas rompre. Nous ne faisons rien de plus que discuter, rattraper un temps passé loin l’un de l’autre et, pourtant, jamais l’ennui ou l’impatience ne s’étaient trouvés si loin de venir assombrir mon humeur. Il n’y avait bien que Junior qui soit capable de m’apaiser aussi facilement et d’endormir ce bouillonnement constant qui m’agitait en toutes circonstances. Pour une période donnée, du moins. Ce n’est pas que mon naturel nécessite de s’effacer en sa présence, bien au contraire. C’est qu’une autre facette de ce caractère impétueux s’exprimait uniquement lorsque j’étais avec lui. J’imaginais, amusée, Finnbjörn afficher un air sceptique s’il en venait à apprendre à quel point je pouvais être sage en compagnie de mon meilleur ami. Impossible à croire. Mais en même temps, qui d’autre que Junior pouvait faire d’un pauvre lit franchement peu glorieux un îlot de félicité, un sanctuaire où j’étais bien aise de me retrouver et d’où ne jamais bouger n’était pas pour me déranger le moins du monde ?

Un petit souffle moqueur vient ponctuer ses mots. Ça, mon ange, c’est uniquement parrrce qu’elle rrrefuse de voirrr à quel point tu peux êtrrre l’opposé de ces petits chérrrubins ailés. Je n’avais pas le sentiment d’avoir une quelconque mauvaise influence sur mon meilleur ami. Je ne faisais que lui offrir la possibilité de profiter autant que possible de cette jeunesse royale qui s’offrait à nous. Heurrreusement que tu ne comptes pas t’en défairrre, qu’est-ce que je ferrrais sans toi fais-je, levant les yeux au ciel. Des mots d’une évidence limpide mais qui pouvaient s’avérer porteurs d’un autre sens auquel je n’avais guère réfléchi. C’était néanmoins l’entière vérité : mon quotidien sans sa présence était bien fade, les couleurs bien moins vives, et tout mon entrain se teintait d’une morosité brûlante qu’il me fallait extérioriser sur ceux qui croisaient mon chemin. Autant dire que, pour la tranquillité des habitants de ce château, Junior n’avait pas intérêt à m’abandonner. Et, bien avant cette raison dont je n’avais rien à faire en réalité, il lui était simplement interdit de le faire car il était hors de question que je compose sans lui. Aujourd’hui ou dans une éternité.

Dans cette entente d’une légèreté qui m’avait manquée, nous racontons chacun notre ressenti de ce week-end. Si ces récits me rappelaient ce que nous avions raté - c’est-à-dire partager de nouveaux souvenirs en nous isolant de la plèbe - ils permettaient néanmoins de rattraper ces heures où son absence creusait un manque irremplaçable. Il se saisit évidemment de la première occasion pour se moquer espièglement de moi et de la situation dans laquelle j’aurais pu me retrouver. Ma moue boudeuse se charge de lui notifier qu’il n’aurait pas manqué de me rejoindre dans cette mésaventure s’il avait seulement été là pour y assister. Son rire le sait aussi bien que le mien : j’aurais parfaitement osé. Il parrrait que la bouse d’Ethonans à de merrrveilleuses prrroprrriétés adoucissantes pourrr la peau me moqué-je tendrement, en passant mes doigts sur sa joue. Je n’en savais rien, en réalité ; je doutais cependant que ce soit effectivement le cas. Ce serrrait crrruel de ma paaart de te prrriver d’un tel soin. Le sarcasme aurait pu lui faire froncer les sourcils d’un mécontentement surjoué mais mes doigts chassent bien vite les nuages de son front. Je le préférais souriant, même si je m’amuserais éternellement de le voir se vexer si facilement.

J’aimais bien moins découvrir que ce que Blaze m’avait seulement dépeint comme une légère mésaventure était en réalité bien plus que cela ; et que Junior avait manqué de terminer à l’infirmerie, ou pire, à cause d’un singe diabolique. Je ne savais pas vraiment contre qui mon irritation était le plus dirigée : cet imbécile qui n’avait pas jugé bon de me prévenir immédiatement de ce qu’il était arrivé à mon meilleur ami ; cet enseignant incompétent qui nous avait laissé nous promener sans inquiétudes alors que des créatures rôdaient au-dessus de nos têtes ; ou bien contre moi, tout simplement, qui n’avait pas pu être là pour m’assurer qu’il s’en sorte sain et sauf. Ce n’était assurément pas ma cadette qui aurait pu remplir ce dernier rôle ; ce n’était de toute façon pas celui qui lui était dévolu. Elle n’était qu’une pâle figurante dans nos vies, un substitut qui n’avait pas lieu d’être. Que Junior puisse l’apprécier en temps que personne m’était incompréhensible, mais nous ne nous étions jamais dicté quelles fréquentations nous pouvions ou non avoir - exception faite, peut-être, de Bradford qu’il ne pouvait vraiment pas supporter. Et encore, même là, jamais il ne m’avait demandé de cesser de me retrouver en sa compagnie. Je devinais simplement à quel point il préfèrerait que je ne lui adresse plus jamais la parole. L’ombrage disparaît rapidement en l’entendant affirmer qu’il aurait préféré m’emmener moi sur son cheval ailé. Sa taquinerie n’enlève rien à cette vérité qui se cache derrière ces mots. C’est d’une évidence telle qu’il est inutile de le prrréciser répliqué-je avec une suffisance qui m’était propre. Même si je le pensais, mon rire atténue tout de même grandement tout l’orgueil qui pouvait alourdir mon ton.

Je conserve le rire dans ma voix lorsqu’il m’assure qu’il ne participera plus jamais à rien que cette école pourrait organiser. Je prends bonne note de ne jamais en tenir compte, mais Junior est loin d’être dupe et sait bien que c’est exactement ce que je suis entrain de faire. Il se redresse, les traits de son visage offensés par un tel affront. À mon tour de me laisser choir sur son lit, le distrayant assez peu efficacement de ma main guérie. Il s’en empare mais pour mieux la rendre inefficace dans toute riposte de ma part à son encontre, et ses doigts libres se laissent aller à des chatouilles traîtres. Le rire qui en résulte bien me secouer toute entière tandis que je me débats légèrement, cherchant à échapper à ses doigts perfides. Je prrromets, je prrromets... lâché-je, le souffle court, l’oeil brillant, afin qu’il s’arrête. Je n’avais pas besoin de plus qu’un léger doute, même des plus méfiants, pour me saisir de cette main qui tentait de me voler ma dignité et des serments et l’empêcher de poursuivre. je ne prrromets rien du tout ! Et de le faire basculer pour qu’il me rejoigne sur sa couverture et cesse cette agression déloyale.

Je n’avais besoin de rien de plus présentement et mon esprit s’égare dans le silence paisible qui nous enveloppe après cette joute. Il se plaisait à vagabonder dans ce royaume retrouvé et à profiter de la présence de ce roi qui m’avait tant manqué. Et puis, alors qu’il repassait sur les sentiers de notre conversation, il s’arrêta sur ces silhouettes fines et sombres que Junior n’avait pas semblé remarquer. Dis-moi brisé-je le silence, me tournant sur le côté pour lui faire face. dans l’enclos des chevaux, tu n’as pas vu ces grrrandes crrréaturrres noirrres et squelettiques au milieu des autrrres, n’est-ce pas ? J’étais certaine que ce n’était pas le cas, car son regard ne s’était jamais arrêté là où je voyais moi des chevaux d’un noir plus sombre qu’une nuit dénuée de lune. Je n’avais pas eu le temps de vérifier qu’il s’agissait bien là des chevaux qui habitaient certaines légendes sorcières dont mon enfance avait été peuplée, mais la question me taraudait.
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 10 Avr - 1:36



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Notre danse habituelle avait repris comme si elle ne s’était jamais interrompue. De rires en railleries, de tendresses en vacheries, nous en connaissions la cadence par coeur et l’avions retrouvée comme si de rien n’était. Il n’y avait bien qu’avec elle que je pouvais ainsi passer de l’un à l’autre avec une telle facilité sans jamais véritablement prendre la mouche. Oh, bien sûr, il y avait parfois des moqueries plus blessantes et quelques bouderies enfantines mais ça ne durait pas. Ça ne durait jamais. Notre amitié valait, à mes yeux tout du moins, de passer au-dessus de tout ça. Et je finissais par croire qu’elle valait de passer au-dessus de tout tant il m’avait semblé évident, après quelques jours, de tourner la page sur ce que je lui reprochais. Je n’étais pas d’un naturel particulièrement rancunier mais je n’avais jamais éprouvé la moindre difficulté à renier purement et simplement tout auteur d’un affront que je n’étais en mesure d’accepter… sauf elle. Qu’importe qu’elle m’ait mis en danger, qu’importe qu’elle m’ait tenu à l’écart, qu’importe qu’elle me l’aurait probablement caché jusqu’à la fin des temps si Finnbjörn ne m’avait pas embarqué avec lui dans ses sombres affaires et qu’importe encore qu’elle ait bien d’autres secrets à mon égard, j’étais incapable d’imaginer un quotidien dont elle ne faisait pas partie… Ces quelques jours avaient eu le don de me faire réaliser combien elle était importante et à quel point je pouvais bien tenir à elle. Erin Sørensen était sûrement la meilleure amie la plus insupportable du monde, elle n’en était pas moins la mienne et je n’en voulais nulle autre.

Ça, mon ange, c’est uniquement parrrce qu’elle rrrefuse de voirrr à quel point tu peux êtrrre l’opposé de ces petits chérrrubins ailés.

Sa réplique me fit rire alors que je secouai négligemment la tête en signe de désaccord. J’étais un de ces petits chérrrubins ailés, comme elle le disait si bien ! Tout le monde s’accorderait à le dire, qu’elle essaye ! Toujours poli et bien élevé, toujours calme et mesuré, toujours prêt à aller faire la conversation aux vieilles chouettes maniérées qui venaient prendre le thé à la maison ou à faire danser des petites filles gloussantes en soirée… Un véritable petit ange, c’était un fait ! Ce qu’il se passait derrière les regards de la bonne société était autre chose. Tant pis pour les caprices, tant pis pour le manque éhonté de respect dont je faisais preuve parfois et les quelques larcins dans les trop nombreuses affaires de mes parents… Ce qui avait lieu derrière les portes closes de notre appartement n’existait pas et je savais ma mère assez éprise de l’image de gendre idéal que je renvoyais à la perfection pour ne jamais me tenir rigueur de mes travers. Elle n’y accordait probablement pas plus d’un instant, tout juste le temps de les réprimander, et les oubliait au profit de mes si nombreuses qualités… Ce qui m’avait toujours parfaitement été, bien sûr.

Heurrreusement que tu ne comptes pas t’en défairrre, qu’est-ce que je ferrrais sans toi.

Je la vis qui levait les yeux au ciel mais n’y fis guère attention, trop occupé à me draper de ce compliment délicieusement inattendu. Il m’aurait été facile de le lui retourner, de lui faire savoir que ces quinze interminables jours m’avaient ôté toute envie de recommencer et que son absence était la chose la plus intolérable qui m’ait été donné de côtoyer… Et elle aurait sans nul doute mérité de le savoir… encore que je lui avais peut-être dit durant notre conversation silencieuse mais déjà les mots fuyant ma plume devenaient flous… Mais à la place, je me fendis d’un sourire trop fier et ouvris un oeil malicieux que je dardais sur elle, mes doigts stoppant momentanément sur ballet dans son dos.

Fais attention, mon chaton, à ce train-là, je vais finir par croire que je te suis indispensable.

Dans le fond, je l’espérais. J’avais envie de l’être autant qu’elle l’était pour moi. J’aurais aimé comprendre, un jour, pourquoi c’était cette fille-là qui était à ce point devenue tout alors que j’en avais croisé des dizaines d’autres avant elle, une myriade de gamins bien nés qui ne m’avaient jamais tant marqués. Pourquoi elle, cette étrangère qui sortait de nulle part et maltraitait notre langue, avait éclipsé l’humanité toute entière au point qu’elle me manque plus que ma propre famille alors que j’étais exilé loin des miens quelques semaines après notre rencontre ? Ça n’avait jamais eu aucun sens et pourtant rien ne m’avait jamais semblé plus évident. Les années avaient beau passer, rien ne changeait vraiment. C’était même de pire en pire. Je savais, aujourd’hui, que jamais je ne tiendrais une année entière sans la voir, qu’importe les lettres que nous pourrions échanger… Les vacances se faisaient parfois compliquées et, sur la fin, il me tardait toujours de rentrer pour la retrouver. Je plaignais d’avance la pauvre fille qui aurait à partager mon lit un jour en sachant pertinemment que mon coeur ne lui appartiendrait jamais. Je ne me faisais aucune illusion sur ce point : il n’y aurait jamais de place pour une autre tant l’affection que j’avais pour elle était immense. Même si elle menaçait de me traîner dans la bouse et me raillait sans relâche…

Il parrrait que la bouse d’Ethonans à de merrrveilleuses prrroprrriétés adoucissantes pourrr la peau, déclara-t-elle en me caressant la joue. Tandis que je bougeais imperceptiblement la tête pour en profiter davantage, elle reprit : Ce serrrait crrruel de ma paaart de te prrriver d’un tel soin.

Je lui tirai la langue avec toute la maturité du monde et affichai un air trop supérieur pour être parfaitement crédible.

Je sais que tu es jalouse de cette peau parfaite mais cesse donc de dire n’importe quoi, tu seras gentille.

En réalité, si l’adolescence n’était pas trop cruelle avec moi (moins qu’elle pouvait l’être avec certains de nos camarades par exemple), la perfection n’avait pas quitté mon enfance… Mais qu’importe. Je ne m’offusquai pas de son manque de délicatesse et laissai la conversation reprendre ses droits sur nous. De nos récits respectifs il ne resta finalement que l’ombre de Judith qui passait furtivement entre nous, assombrissant le regard d’Erin. Je ne savais que trop bien l’inimitié qu’il y avait entre les deux soeurs et je devais bien avouer que je ne le comprenais pas. La benjamine me paraissait bien agréable. Discrète, intelligente, aussi élégante que ses aînés… On ne l’entendait jamais mais c’était toujours un plaisir de la croiser au détour d’un couloir ou de m’enquérir négligemment de sa journée. Non pas que cela m’intéressait réellement, bien sûr, mais il me paraissait normal de me comporter gentiment avec elle. Peut-être que je m’en voulais de ne pas pouvoir raisonner la Poufsouffle à son sujet ? Ça n’était pas follement impossible. Ce serait seulement un peu surprenant. Mais ça n’en restait pas moins dommage. C’était une gamine qui, j’en étais sûr, méritait plus d’attention qu’elle n’en obtenait et avait sûrement bien des choses à dévoiler. Mais vivre dans l’ombre des trois autres Sørensen n’était pas chose aisée. Hannibal relevait de la perfection incarnée, les jumeaux semblaient avoir des liens qui dépassaient le simple entendement et qui n’incluaient sûrement pas les deux autres, ajouté à l’amnésie de Finnbjörn et aux frasques d’Erin… Je pouvais comprendre qu’elle peinait à trouver sa place. Mais je ne cherchai pas davantage et laissai mourir l’image de la petite Judith sur l’autel de nos retrouvailles.

C’est d’une évidence telle qu’il est inutile de le prrréciser.

Je hochai simplement la tête avant de lui faire savoir combien je refusais de me laisser avoir aussi bêtement une prochaine fois. Les animations proposées par l’école étaient toujours une catastrophe… Et cette année, non contentes d’être dangereuses, elles étaient souvent entachées d’une aura moldue particulièrement repoussante dont je me passerais fort bien. Malheureusement, ma meilleure amie ne fit pas preuve du soutien espéré, bien au contraire. Son ton ne cachait rien de ce qu’elle en pensait réellement et derrière ses paroles visant à endormir ma vigilance se dressait un futur embobinage en règle dont je ferais immanquablement les frais. Mes doigts se mirent alors à courir sur elle pour venger cet affront, lui arrachant un rire merveilleux qui avait dû faire savoir à l’école toute entière que je la tenais prisonnière dans mon dortoir. Ça n’avait aucune importance. Je n’avais pas l’impression que nous faisions quoi que ce soit de mal. Bien sûr, elle n’était pas vraiment autorisée à être ici, ni à Serpentard et encore moins dans ma chambre, mais que risquions-nous, dans le fond ? Qu’on nous tape sur les doigts en nous renvoyant, elle à Poufsouffle et moi en cours ? J’étais prêt à le prendre tant cet instant valait toutes les punitions du monde. Il y avait quelque chose de troublant, un délice presque interdit, à parcourir ainsi son corps si près du mien.

Je prrromets, je prrromets…

Mes gestes se suspendirent, le temps aussi. Le regard suspicieux mais le sourire aux lèvres, j’attendais de voir quel sale coup elle était en train de préparer. Erin ne renonçait jamais si facilement et ça n’était pas quelques fourbes chatouilles qui pouvaient changer cela.

… je ne prrromets rien du tout !, rectifia-t-elle en attrapant ma main pour me repousser sur la couverture.
Eh ! Ce n’est pas juste !

Mais mon air outré ne tint pas plus d’une seconde avant que je ne me mette à glousser, sa main toujours dans la mienne. Le calme retomba tranquillement sur nous, comme s’il ne nous avait jamais quittés. Les yeux rivés sur le tissu tendu au-dessus de nos têtes, je me laissai bercer par sa respiration rassurante. J’espérais que personne ne viendrait jamais nous chercher et que le temps cesserait enfin de s’écouler. Je n’avais plus envie de rien d’autre que de profiter de cette bulle parfaite qu’elle m’offrait pour la première fois depuis bien longtemps. Pourtant, elle rompit doucement le charme en bougeant, se tournant vers moi. Je lui accordai péniblement mon attention en sentant son regard sur moi et me noyai un instant dans le bleu envoûtant de ses yeux.

Dis-moi dans l’enclos des chevaux, tu n’as pas vu ces grrrandes crrréaturrres noirrres et squelettiques au milieu des autrrres, n’est-ce pas ?

Je fronçai légèrement les sourcils alors que je secouais la tête.

Il n’y avait que des Gronians et des Ethonans… Et le Porlock qui les surveillait…

Je me redressai légèrement, mon coude se plantant dans le matelas, et me perdis un instant dans la contemplation absente de son visage pâle.

Ça n’est jamais très bon signe de voir des choses que les autres ne voient pas, tu sais ?

Même si j’essayais de garder un ton badin, je n’en prenais pas sa question moins au sérieux pour autant. J’avais beau essayé de remémorer aussi bien que je le pouvais cet enclos, rien de plus ne me venait. Il n’y avait rien eu de grand, de noir et de squelettique sous mes yeux, je l’aurais forcément remarqué.

Tu en as parlé à Vayne ? Il doit bien savoir ce qu’il y avait dans cette forêt…

À mes yeux, ça ressemblait seulement à un mauvais présage, un peu comme on croiserait le Sinistros… Et, bêtement, ça fit écho à autre chose. Je me levai d’un bond, et sautai presque sur mon bureau, repoussant quelques manuels qui traînaient là. Je revins avec, entre les mains, un exemplaire de Présages de mort : que faire lorsque l'on sent venir le pire, le gros chien noir trônant funestement sur la couverture. Je ne doutais pas qu’Erin se moquerait de moi pour garder un tel livre dans mes affaires mais ça n’avait guère n’importance.

Ça regorge de trucs noirs et squelettiques, là-dedans…

Je me réinstallai à plat ventre sur le lit, l’ouvrage entre nous, et me mis en quête du vague souvenir d'un cheval inquiétant. Je faisais très certainement fausse route mais cela ne nous coûtait rien d’essayer…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 10 Avr - 12:55

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Il nie évidemment mes propos : comme s’il pouvait être autre chose que le parfait petit ange que sa chère mère voyait en lui ! Si je ne connaissais pas chacune des facettes de sa personnalité, je partagerais sans aucun doute cet avis et me serais faite avoir par ces traits d’une pure innocence qu’il savait si bien manier pour obtenir ce qu’il désirait. Cornelius Junior d’Archambault était assurément le fils idéal et le gendre rêvé de toute la noblesse sorcière londonienne. Je plaignais par avance celle qui aurait le bonheur de partager sa vie maritale tout en la détestant alors qu’elle n’existait même pas encore. Cette pauvre fille imaginerait avoir mis la main sur le mari parfait : beau, intelligent, riche, poli, sportif. Oh, il l’était, assurément. Mais que penserait-elle de ses tendances capricieuses, moqueuses, égoïstes, son exigence à toute épreuve ? Pour ma part c’était ce qu’il y avait sous le vernis de la bonne société que je préférais. La perfection m’ennuyait profondément même si, à mes yeux, rien n’allait de travers chez mon meilleur ami. À part peut-être cette facilité qu’il avait de retenir ce qui l’arrangeait le plus dans mes paroles et le tourner à son avantage avec une prétention magistrale.

Son regard railleur me fait cesser un instant mes caresses dans sa chevelure châtain. Ma paume glisse jusqu’à ses paupières, forçant cette lueur narquoise à disparaître. Un souffle dédaigneux m’échappe tandis que je me pare à mon tour d’une suffisance hautaine. C’était effectivement ce que j’avais laissé sous-entendre. Comme s’il ne savait pas déjà que c’était le cas. Mais je n’allais pas le lui rappeler aussi simplement, ce serait gonfler son orgueil d’une force qu’il ne se priverait pas d’afficher. Et si j’avais pu clore ses yeux de nouveau, pour son sourire plein de fierté, en revanche, je ne pouvais rien. Hors de question de lui donner une raison supplémentaire de se montrer suffisant. Quand bien même mon silence était aussi éloquent que toute réplique que je pourrais formuler. Pensait-il être autre chose qu’indispensable à mes yeux ? Si je n’étais pas particulièrement rancunière, mes humeurs allant et venant aussi facilement que le vent changeait de direction, je n’avais aucune difficulté à rayer purement et simplement de mon quotidien ceux dont les actions me déplaisaient. N’importe qui m’ignorant comme il l’avait fait aurait depuis longtemps rejoint le rang des invisibles inopportuns. N’importe qui, sauf lui. Même Finnbjörn aurait eu à subir plus qu’une simple hostilité couchée sur un bout de papier s’il avait eu le malheur de m’éviter à ce point. Et pourtant, nous étions là, comme si nous n’avions jamais cessé de l’être pendant deux longues semaines. Oui, j’imagine que cela voulait tout dire.

Je préfère les railleries aux mièvres confessions. Exception faite de ces surnoms idiots dont nous nous affublons à tour de rôle, je n’étais vraiment pas portée sur la sensiblerie. Le dessin moqueur d’un Junior recouvert de bouse offre un prétexte à mes doigts pour effleurer sa joue. Sa peau n’avait assurément guère besoin d’un quelconque soin. Je m’y attarde un peu, laissant mes doigts divaguer quelques secondes sur son visage qui fait montre de la plus grande maturité possible en me tirant la langue. Une parrrfaite peau de chérrrubin. Comment dis-tu, en frrrançais ? demandé-je, lui souhaitant de ne pas me renvoyer vers cet affreux dictionnaire comme la dernière fois s’il ne voulait pas être privé des caresses que ma main ne se lassait pas de lui prodiguer. Voyons, tu sais bien que gentille n’est pas ce qui me carrractérrrise le mieux. Je laisse planer le doute sur ce que mon manque de gentillesse serait capable de lui faire. Jamais rien de très méchant, ce n’étaient que des taquineries d’adolescent. Des jeux qui n’étaient jamais foncièrement méchants, même si je me plaisais à le piquer et l’entraîner dans des aventures toujours plus mémorables. Les dernières fois ne s’étaient pas exactement passées comme je l’avais alors espéré, mais il nous restait encore toute une éternité pour nous rattraper. C’était bien pour cela que je n’allais pas prendre en compte sa décision de ne plus jamais participer à ce que l’école pouvait organiser. C’était pourtant une source inépuisable d’amusement et de distractions !

Il ne semble pas le prendre avec la même philosophie dont je fais preuve et sa riposte perfide me secoue d’un rire involontaire. Tout à notre bulle, plus belle, plus ronde, plus protectrice que jamais, nous n’imaginions même pas que quelqu’un puisse pénétrer dans le dortoir et la faire exploser. Mes éclats de rire n'attirent personne cependant, et je suis bien obligée de m’en sortir toute seule. Il attendant une promesse de ma part, je laisse la possibilité d’un serment flotter dans l’air, quelques secondes, le temps pour Junior de cesser le ballet de ses doigts sournois et chatouilleurs, dans l’attente que je termine mon engagement à son égard. Je le fais basculer sur la couverture à mes côtés, ignorant sans mal cette injustice qui semblait l’affecter à ce point. Mon sourire victorieux, mes yeux opalins brillant d’amusement, je reprends le souffle qu’il avait rendu saccadé avec chatouilles traîtres.

Mes doigts restent entrelacés aux siens sans qu’il ne cherche non plus à les séparer. Et nous restons là, nos visages à quelques centimètres à peine, nos souffles se mêlant, formant une berceuse apaisante. Le tissu verdâtre était idéal pour projeter les images qui se dessinaient dans mon esprit. Et quand le spectre des chevaux noirs qui m’avaient tant marquée s’y forment, je me tourne en direction de Junior, brisant le calme indolent qui nous enveloppait. Je me perds dans les deux ciels ronds que forment ses pupilles, jusqu’à ce qu’ils s’assombrissent d’un froncement de sourcils. Je secoue à mon tour la tête, vague reflet de son geste à lui, mes cheveux balayant mon dos. Non, pas que. J’étais sûre de moi : je les avais vu, cinq ou six chevaux immenses, ailés, et aussi noirs que la nuit. J’en avais approché un, je lui avait même arraché un crin que je conservais dans mon dortoir, preuve irréfutable que je n’avais pas rêvé. Il se redresse à moitié et je me relève à mon tour, de nouveau assise en tailleur, faisant face au sérieux qui voilait son regard. Haussant les épaules, je roule légèrement des yeux. Je n’étais pas comme mon frère ou comme mon meilleur ami, à faire attention à ces soit-disants présages. C’est fascinant, au contrrrairrre. Bien évidemment, le monde sorcier regorgeait de légendes de ce genre, la plus connue étant le Sinistros. Quiconque apercevait cet immense chien sombre avait la faux de la Mort au-dessus de sa tête. C’étaient des histoires de vieilles personnes superstitieuses et rien de plus. De toute façon, ce que j’avais vu là-bas n’avait rien avoir avec un canidé quelconque, j’en étais certaine.

J’avais pourrr prrrojet de rrretourrrner les voirrr réponds-je en secouant de nouveau légèrement la tête. pas de questionner Vayne. Tu n’as aucune idée de ce que ça pourrrait êtrrre ? Je pourrrais lui demander, c’est vrrrai... Songeuse, je me perds un instant dans les traits de Junior. Je ne suivais pas les cours de soins aux créatures magiques, mais si Vayne était comme tous les autres professeurs, il se ferait une joie de recevoir une élève curieuse de sa matière, heureux de pouvoir transmettre ses connaissances. Connaissances dont je n’avais rien à faire en temps normal, mais cette créature m’intriguait bien trop pour que je n’y réfléchisse pas sérieusement.

Junior s’agite, m’abandonne d’un bond. Il récupère un grimoire sur son bureau et me le tend en revenant s’installer à mes côtés. Mes doigts pâles s’emparent du livre et mon regard opalin parcourent le titre avant de se relever, teintés de défiance. Présages de mort : que faire lorsque l’on sent venir le pire ? Sérrrieusement ? C’est de notorrriété publique que ce manuel est rrrempli d’idioties en tout genrrre. Cela démontrait tout le sérieux des cours de divination qu’ils suivaient à Poudlard, lui, Finnbjörn et Phoenix. Je vois que les courrrs de divination sont d’une qualité incrrroyable fais-je, railleuse au possible. Mais que risquions-nous à le feuilleter ? Junior ouvre l’ouvrage devant lui et je le rejoins, à plat ventre sur son lit, mon visage reposant dans mes paumes relevées. En silence, nous parcourons les pages, la tranquillité de la lecture seulement troublée par quelques phrases que je relève à haute voix avec un mépris narquois. Jusqu’à ce que l’image assez fidèle d’un cheval ailé squelettique me fasse poser mon doigt sur la page. C’est ça ! Un Sombrrral ? Je lis les quelques lignes relatives à la créature. Elles sont pauvres en informations et se résument à Le Sombral est un cheval ailé squelettique à la tête de dragon et aux ailes de chauve-souris. Ses yeux blancs brillent d’un vide annonciateur de mort. Seuls ceux porteurs de la mort sont capables de les voir. Ils sont invisibles au reste des mortels. Un souffle dédaigneux vient conclure ma rapide lecture. Porrrteurrrs de la morrrt ? Ça peut vouloirrr tout et rrrien dirrre. Pourtant, un vague sentiment monte en moi. L’écho des paroles de Finnbjörn vient résonner dans mon esprit. Nous étions des meurtriers, selon lui. Responsables des événements de l’année passée. Était-ce pour cela que j’étais capable de voir les Sombrals ? Il nous faudrrrait un vrrrai livrrre pourrr vérrrifier ces inforrrmations conclus-je abruptement, peu convaincue parce que ce grimoire-ci pouvait bien nous révéler.
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 10 Avr - 17:48



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Alors que j’avais pris soin de relever d’un ton presque prétentieux tous les sous-entendus qu’elle n’assumait pas, la main d’Erin vint se poser sur mes yeux, cachant ainsi la lueur satisfaite qui y brillait ardemment. Je ne pus m’empêcher de rire à son geste, sans jamais chercher à m’en défaire. Qu’est-ce qu’elle était bête, parfois ! Mais qu’est-ce qu’elle m’amusait ! Il n’y avait jamais eu le moindre jeu d’image et d’apparence avec elle, nous n’en avions jamais eu besoin. Je me fichais de n’avoir l’air que d’un gamin idiot et hilare, profitant plus que de raison d’un beau temps enfin revenu. Je n’avais jamais craint le moindre jugement de la part de ma meilleure amie et n’avais jamais hésité à lui ouvrir toutes les portes de mon existence, des moments les plus triviaux aux secrets qu’elle pouvait receler. Il n’y avait bien qu’avec elle que j’étais capable d’être ainsi sans fard ni masque, qu’importe les circonstances. Même avec son frère, il y avait toujours eu une certaine retenue, des non-dits, une face à garder constamment. Si confiance il y avait (parce que c’était bel et bien le cas), elle n’avait rien de totale et je n’avais jamais su sortir complètement de ma réserve. Il y avait chez lui quelque chose de gênant, qui me fascinait presque autant que cela me mettait mal à l’aise. Après des années, j’étais toujours incapable de dire clairement qui était Finnbjörn Sørensen et, parfois, je me demandais s’il le savait lui-même. Malheureusement, le temps des confidences silencieuses ne s’éternisa pas et il me fallut abandonner la félicité particulière que cette conversation avait pu faire naître en moi. Je me promis de réaborder le sujet, un jour, ne serait-ce que pour lui faire savoir combien je n’étais rien sans elle. Je ne doutais pas qu’elle puisse en avoir conscience, bien sûr, mais avec toutes les tempêtes que nous avions traversé, il n’était sûrement pas de trop d’être certain qu’elle ne l’oublie pas. Ses doigts s’abandonnèrent sur ma joue et je ne pus qu’en profiter éhontément. J’aimais toutes les attentions qu’elle m’offrait aujourd’hui, toutes les caresses, tous les mots tendres à peine esquissés, comme si rien ne s’était jamais passé. J’aurais donné cher, vendu père et mère pour la promesse que le restant de nos jours ne ressemble qu’à ça. Il était évident que ma pauvre Erin aurait fini par se lasser mais moi, j’en doutais.

Une parrrfaite peau de chérrrubin. Comment dis-tu, en frrrançais ?
Laisse ces pauvres chérubins tranquilles, soufflai-je non sans amusement avant de me délester d’une traduction sommaire de sa phrase.

Il était bien plus drôle de voir son regard assombri pas un odieux refus mais il n’y avait rien que je ne voulais moins que prendre le risque de la fâcher pour l’instant. Nous étions trop bien pour tout briser maintenant. D’ici un jour ou deux, quand notre quotidien aurait repris ses droits et que tout serait à nouveau d’une normalité rassurante, je me permettrai à nouveau de contrarier ses caprices comme elle contrarierait certainement les miens mais aujourd’hui ça n’avait pas d’importance. Je voulais bien céder à tout ce qu’elle pouvait désirer pour un peu qu’elle reste là, si près de moi, ses doigts glissant dans mes cheveux et sa chaleur enlaçant la mienne.

Voyons, tu sais bien que gentille n’est pas ce qui me carrractérrrise le mieux.

Un haussement d’épaules laissa entrevoir l’incertitude que je ressentais face à cette déclaration. Il était sûrement vrai que Tout Poudlard serait d’accord avec elle, bien sûr, et elle devait en être fière, faire tout son possible pour conserver cette réputation-là mais j’étais bien incapable d’en dire autant. Il n’y avait qu’à la voir là, affalée sur mon lit, à me câliner depuis une éternité en riant pour comprendre pourquoi. Jamais Erin ne m’avait paru véritablement méchante. Parfois, ses moqueries étaient un peu blessantes, certes, mais tout comme les miennes pouvaient l’être aussi, cela ne voulait rien dire. Elle était tout le contraire, la plupart du temps. Présente, attentionnée, à l’écoute, d’une douceur que beaucoup ne devaient même pas soupçonner… Elle était absolument tout ce qu’on pouvait espérer trouver un jour.

Moui… Peut-être… Je sais pas trop…

Et comme si elle avait voulu me le prouver, Madame fit preuve d’un manque de considération à la limite du vexant ! Comme si ce que je disais n’avait aucune espèce d’importance et que ses envies d’autre chose valaient forcément mieux que les traumatismes que cela risquait de me laisser ! Bonjour l’amitié ! Si je ne lui en tins pas rigueur, je ne pus laisser un tel affront impuni et lâchai sur elle une horde de chatouilles enragés. Nos rires ne mirent qu’un instant à emplir la pièce, mettant le secret de sa présence à bien rude épreuve. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne semblions nous en soucier. Il n’y avait qu’elle et moi, le reste du monde disparu pour nous laisser profiter de ces instants délicieux. Il dut le comprendre puisqu’il ne vint pas s’immiscer entre nous et il n’y eut que la fourberie de la Poufsouffle pour faire cesser l’attaque. Je roulai à nouveau sur le lit et me perdis sans mal dans l’espèce de bonheur tranquille qui m’enveloppait alors. Sa main toujours attachée à la mienne, son souffle assez près pour être perceptible… Je n’osais vraiment penser au tableau étrange que nous devions offrir, ainsi étendus sur les draps, le souffle court, dans une osmose qui me paraissait alors parfaite. Mais celle-ci ne dura qu’un instant, tout juste le temps qu’Erin reprenne ses esprits et les rênes de notre conversation. Son visage se tourna dans ma direction, je profitai un instant de sentir son regard me détaillant sans un mot et finis par lui faire doucement face. Sa question était troublante. Non contente de ne faire suite à rien, elle me paraissait inquiétante. Je n’avais pas la prétention de tout savoir, loin de là, mais il était évident qu’il n’y avait rien d’autre que quelques chevaux dans cet enclos. Du moins, rien d’autre qui ne m’ait été visible…

Non, pas que, me reprit-elle d’un ton catégorique. C’est fascinant, au contrrrairrre.

Je ne remettais même pas ses dires en doute, si elle disait qu’elle avait vu quelque créature étrange au milieu du reste, je la croyais sur parole… mais ça ne me disait rien qui vaille pour autant. J’avais eu l’occasion de lire une pléthore d’articles et d’ouvrages sur tous les signes et présages qui pouvaient nous arriver et rares étaient les fois où ce qui rappelait la Mort ne l’appelait pas par la même occasion… Après, il restait bien la possibilité que ça ne soit qu’un délire de son imagination mais mieux valait voir avec Vayne avant de s’intéresser à Sainte-Mangouste… Je n’y voyais rien de fascinant pour ma part. On trouvait de nombreuses histoires de sorciers qui s’étaient moqués des signaux laissés par le destin et qui avaient péri dans des conditions tragiques… J’espérais seulement qu’elle ne ferait pas cette bêtise-là.

J’avais pourrr prrrojet de rrretourrrner les voirrr, pas de questionner Vayne. Tu n’as aucune idée de ce que ça pourrrait êtrrre ? Je pourrrais lui demander, c’est vrrrai…

Elle était drôle, elle… Je n’y connaissais déjà pas grand chose en créatures que je pouvais voir (sinon les quelques nuisibles que l’on trouvait dans toutes les maisons anciennes), comment pourrai-je savoir quoi que ce soit sur celles que je ne voyais pas ? Même espérer faire la moindre recherche était compliqué vu la description qu’elle m’en avait fait : grande, noire et squelettique, ça pouvait être absolument n’importe quoi… Un détraqueur aurait très bien pu faire l’affaire ! Je me contentai de hocher la tête à ses derniers mots afin de l’encourager à se renseigner. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire de toute façon, mieux même que d’y retourner… Qui savait sur quoi d’autres elle pouvait tomber ? Cependant, je fus pris d’une espèce d’illumination soudaine et ramenai jusqu’à mon lit un ouvrage qui pouvait potentiellement nous en dire davantage. Je ne prétendais pas que nous apprendrions de grand chose sur le sujet mais au moins un nom, une image, quelque chose de quoi partir pour la suite…

Sérrrieusement ? C’est de notorrriété publique que ce manuel est rrrempli d’idioties en tout genrrre.

Je haussai les épaules et lui arrachai presque le livre des mains pour le poser sur ma couverture, l’ouvrant distraitement. Je n’attendais rien d’autre d’Erin, en toute honnêteté, et je la connaissais assez railleuse pour savoir qu’elle ne me louperait pas sur ce genre de bouquins mais je ne pus m’empêcher d’être un peu vexé malgré tout. Peut-être que ça n’était pas l’ouvrage le plus sérieux du monde, peut-être qu’il n’y avait pas grand monde pour le prendre pour référence et qu’on y perdait son temps plus qu’autre chose mais pour une fois, j’aurais aimé qu’elle garde ses réflexions pour elle. Et loin de le faire, elle reprit de plus belle, toujours plus moqueuse :

Je vois que les courrrs de divination sont d’une qualité incrrroyable.
Oui, ils le sont, répliquai-je d’un ton boudeur, le professeur Kendrick sait de quoi elle parle et elle est de loin la meilleure enseignante que nous avons au château. Et pour ta gouverne, ce livre ne fait pas partie de la bibliographie du cours, c’est une lecture personnelle.

Je savais qu’elle n’accordait aucun crédit à tout ça et qu’elle ne voyait dans ces cours qu’un tissu d’inepties… Pourtant elle savait que j’y accordais une véritable importance et que ma condition m’obligeait à réaliser qu’il y avait bien des choses vraies derrière ces bêtises pour bigotes superstitieuses. Mais non… C’était trop lui demander que faire preuve d’un minimum de respect, sinon pour la matière au moins pour mes croyances, qui n’en étaient finalement même pas tant que ça puisqu’il s’agissait seulement d’une réalité vérifiable et vérifiée. Les pages se tournaient lentement, les présages s’amoncelaient en silence, seulement troublés par les répétitions sarcastiques de ma voisine qui lui valaient un coup de coude à chacune d’entre elles… mais rien. Pas de trace de la créature en question… Jusqu’à ce que son doigt ne se plaque brusquement sur une image.

C’est ça ! Un Sombrrral ?

Je lui lançai un regard vaguement supérieur l’air de dire « qui avait raison ? » et reportai mon attention sur les quelques lignes qui accompagnaient le portrait peu flatteur de l’animal. Annonciateur de mortPorteur de la mort… Je ne pus réprimer un frisson alors qu’Erin se contentait de souffler dédaigneusement. Si elle prenait tout cela à la légère, ça n’était pas mon cas. J’espérais seulement qu’il n’y avait pas là les signes d’une catastrophe imminente. Après tout, le match les opposant à Serdaigle allait avoir lieu bientôt et rien ne nous disait qu’il n’y aurait là aucun accident.

Porrrteurrrs de la morrrt ? Ça peut vouloirrr tout et rrrien dirrre.

Qu’importe, il allait falloir trouver. Il était hors de question de laisser un tel doute en suspens juste parce que le terme était vague. Peut-être qu’il nous était possible d’éviter le pire, après tout, non ? Kendrick passait son temps à répéter que les signes que nous pouvions voir n’annonçaient rien d’immuable… C’était un point qui m’avait toujours laissé perplexe, bien sûr, mais pour une fois j’étais prêt à la croire sur parole. J’en venais presque à regretter d’avoir loupé l’heure du cours, j’aurais pu lui poser la question directement et lui demander son aide…

Il nous faudrrrait un vrrrai livrrre pourrr vérrrifier ces inforrrmations.

Je dardai sur elle un regard courroucé et refermai mon manuel d’un geste sec avant de me lever pour le remettre sur mon bureau. J’hésitai une seconde à la laisser se débrouiller avec son histoire de mort planant au-dessus de sa tête… mais je craignais bien trop que quelque chose ne lui arrive, en réalité. Mon regard glissa sur les bureaux en désordre de mes colocataires… en vain. Je retins un soupir agacé et m’arrêtai devant la malle de mon voisin de droite. Je l’ouvris toute grande et m’agenouillai devant, fouillant dans ses affaires comme s’il s’agissait des miennes.

Fouille l’autre, il y a peut-être un manuel de Soins, je crois qu’ils suivent cette matière… Sinon, nous serons bons à finir l’après-midi à la bibliothèque.

Ça n’était pas tout-à-fait ce que j’avais prévu en acceptant de faire sauter mon cours pour rester à ses côtés mais il fallait croire que le programme était chamboulé par une urgence… Tant pis pour le farniente au soleil, ce serait pour une autre fois…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyVen 10 Avr - 22:04

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Il n’y avait rien de préférable à mes yeux que les instants magiques que nous dessinions à deux. Peut-être car, d’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais rien tant aimé que les heures indolentes passées l’un en compagnie de l’autre. Il me semblait que nos caresses avaient toujours fait partie de la mélodie, mais en étais-je bien sûre ? Notre proximité complice, qu’elle soit physique ou spirituelle, faisait partie des fondements de ce lien unique qui vibrait entre nous. Mais et ces tendres cajoleries dont nous comblions l’autre ? Quoiqu’il en soit, laisser mes doigts se perdre dans ses cheveux ou effleurer sa joue un peu plus longtemps que nécessaire m’apparaissait d’un naturel bien simple, là où de brèves étreintes passées, que nous pouvions comptabiliser sur les doigts d’une main, semblaient être les égarements de deux esprits agités de nombreuses tempêtes. Un égarement répété, certes, et contre lequel je ne parvenais à dresser aucun inconvénient, mais qui restait, jusqu’à preuve du contraire, un trouble passager. Comment pourrais-je jamais m’ennuyer de nos taquineries amusées, de nos sourires complices, et de cette danse à la fois entraînante et apaisante ? C’était plutôt son absence, qui me lassait et m’irritait.

Mon chérrrubin défend les siens ? Comme c’est mignon me moqué-je outrageusement avec un sourire fier. Le mot français ressemblait assez à celui de l’anglais que nous utilisions pour communiquer, aidant ma prononciation à rester aussi assurée que lorsqu’il s’agissait d’autres surnoms plus usuels - même si mon accent était bien loin du pompeux que les français affectent, Junior en tête. J’avais dans l’idée que celui-ci pourrait prendre place dans le lot des sobriquets courants, parce que mon intuition me soufflait que mon meilleur ami en serait bien moins flatté que certains autres. Entre un prince ou un roi et un petit chérubin ailé, il y avait un fossé à combler de tendres sarcasmes. Et pourtant, Junior semblait hésiter à admettre que le qualificatif de gentille ne me collait pas vraiment à la peau. Est-ce qu’il essayait de se convaincre que, s’il me voyait ainsi, je pourrais cesser mes éternelles moqueries à son égard ? Il serait bien en peine de l’espérer, rien ne m’amusait plus que de le voir froncer les sourcils, vexé, avant que son sourire ne revienne prendre possession de ses lèvres. Puisqu’il me voyait comme un parangon de bonté - au moins ça - j’en profitais pour en jouer éhontément et obtenir un arrêt de ces chatouillis qui visaient à m’arracher une promesse que je ne pouvais me résoudre à formuler. Ça aurait été tirer un trait sur de trop nombreuses aventures qui pouvaient s’avérer délicieuses.

Finalement, Junior semble s’en accommoder et me rejoint sur le lit. Mes pensées désordonnées sautaient d’un point à un autre sans aucune logique apparente, si ce n’était celle que mon esprit suivait. Je retrouvais ce qui m’avait manqué ces deux dernières semaines, que pouvait-il demander de plus ? Il avait enfin tout le loisir de s’évader ailleurs, loin de cette cage dorée que l’éloignement de Junior avait apposé au-dessus de lui. Maintenant il était là, à mes côtés. Ou plutôt, j’étais de retour dans son dortoir, comme si je ne l’avais jamais quitté. Et mes pensées avaient tout le loisir d’explorer d’autres contrées puisqu’elles étaient certaines, à leur retour, qu’il me suffirait de tourner légèrement la tête pour me perdre dans l’océan des prunelles de mon meilleur ami. Nos mains entremêlées, nos souffles qui se rejoignaient au-dessus de nos visages contemplatifs, tout contribuait à former cette bulle qui avait purement explosé ces derniers temps. Est-ce que c’était cela, que sous-entendait Finnbjörn par passer du bon temps avec Junior ? Si oui, alors je continuerais de m’en octroyer le droit sans souffrir la moindre remarque. Il n’y avait rien de plus normal, au fond, que lui et moi nous retrouvant après les cours pour laisser les dernières heures de la journée se diluer dans un tête-à-tête complice. Comment pourrais-je vouloir autre chose quand tout paraissait fade à côté ?

Je me tourne vers mon meilleur ami, mon bras replié contre moi, mes pupilles détaillant sans vergogne son visage. Et je lui demande, alors, question rhétorique qui n’attend pas vraiment de réponse autre que celle dont j’étais convaincue, s’il n’a vraiment rien aperçu d’autre dans cet enclos que les chevaux, somme toute banals, parmi lesquels il avait choisi un spécimen pour s’enfuir. Junior était bien plus superstitieux que moi, c’était probablement dû à son don de voyance qui lui conférait une sensibilité que je ne possédais pas. Là où je souriais, intouchable face à de vagues présages qui n’avaient rien à voir avec ces chevaux que j’avais croisés, il fronçait les sourcils, son regard agité d’une lueur préoccupée. Doucement, je passe mon pouce sur les plis formés sur son front. Qu’il fasse disparaître ces nuages qui assombrissent son regard ! Il me demande si j’ai pensé à aller question Vayne, puisqu’il était certainement le mieux placé pour me dire de quoi il retournait, et j’avoue ne pas avoir un seul instant envisagé l’idée. Pourquoi pas, après tout. Mais cela devrait attendre un autre jour, je ne comptais pas mettre un terme à ce moment pour aller vagabonder auprès de la forêt interdite dans l’espoir de croiser l’enseignant. Pas sans Junior, en tout cas. Et tout portait à croire qu’il allait éviter comme la peste cet endroit dans les jours, voire les semaines, à venir.

Et puis, brusquement, il me délaisse pour aller farfouiller sur son bureau. Je me redresse, l’observe vaguement faire, me demandant ce qu’il espérait trouver puisqu’il ne suivait plus les cours de soins aux créatures magiques. Le temps pour lui de revenir auprès de moi, pour moi de lire le titre et de faire une remarque sur ce qu’il m’inspirait, et le voilà qui reprend son grimoire d’un geste sec. Ce mouvement, plus son ton boudeur qui ne répugna pas à couvrir d’éloges la nouvelle professeur en divination me fit froncer les sourcils, une moue mécontente agitant mes lèvres pour la première fois depuis que nous nous étions littéralement enfuis du cours de métamorphose. Le prrrofesseurrr Kendrrrick est incrrroyable, géniale, parrrfaite, et la meilleurrre enseignante de tout Poudlarrrd fais-je, adoptant un ton faussement enjoué, avant de laisser l’ombrage prendre définitivement possession de mon visage. Boudeuse et piquée au vif, je me laisse glisser à plat ventre face au livre sans intérêt qu’il ouvre sur ses couvertures. Maussade, je plonge mon visage dans mes paumes. Si Kendrrrick n’a pas intégrrré ce bouquin à sa liste, c’est qu’elle est effectivement suffisamment éclairrrée. Je n’y connaissais rien, en divination, rien d’autre que ce que mes amis voulaient bien m’en dire, mais j’étais prête à parier qu’il existait nombre d’ouvrages plus qualifiés que cette sorte de légende urbaine qui traînait la réputation de n’être qu’un tissu d’âneries. Mais soit, si Junior espérait y trouver la moindre information, nous n’avions qu’à commencer à tourner les pages !

Ce que nous fîmes, mon mutisme boudeur laissant bientôt place à des remarques narquoises quand mon regard opalin se posait sur l’idiotie de trop. Junior se chargeait de me faire savoir son mécontentement d’un coup de coude à chaque fois, élargissant de plus en plus mon sourire jusqu’à ce qu’un petit rire m’échappe. Et puis, la page suivante, j’oubliais de me moquer pour laisser mon doigt retomber sur une image. C’était là, sous mes yeux, le dessin plutôt ressemblant des créatures fascinantes qui avaient éveillé ma curiosité durant la chasse aux trésors. Je ne savais guère à quoi m’attendre, mais je fus quand même déçue. Evidemment, il ne détaillait que des imbécilités de plus. Annonciateur de mort, porteur de mort… Malgré moi, mes pensées s’envolent vers les paroles de mon tendre jumeau. Était-ce pour cela que j’étais capable de les voir ? Avec un dernier sarcasme envers cet ouvrage inintéressant, je me retourne, ignorant délibérément le regard appuyé de mon meilleur ami.

Il quitta de nouveau le lit, reposant les présages de mort sur son bureau et je le suivais du regard, nonchalamment allongée à ma place. Pris d’un élan subit, presque un sursaut, il se dirige vers un coffre qui n’est pas le sien… et entreprends de le fouiller. M’admonestant au passage pour que j’en fasse de même. Par Salazar, où était passée toute sa tendre amabilité ? Visiblement, bien loin de nous. Je lui tire la langue, bien qu’il ne puisse pas me voir dans sa position, et obtempère, non sans me fendre d’une remarque : S’il te plaît ? Je me dirige jusqu’à la malle et entreprend de l’ouvrir d’un geste plein de mépris. Tu es cerrrtain que nous pouvons toucher leurrrs affairrres ? Et je ne parlais pas de politesse, ni de convenance. Je contemple vaguement le fatras accumulé avant de pousser un soupir, l’envie d’y fourrer les mains étant parfaitement absente. Pourrr quelqu’un qui n’aime pas que l’on fouille dans ses affairrres, tu sembles le fairrre trrrès bien quand il s’agit de celle des autrrres. Ma voix étouffée par le couvercle relevé au-dessus de ma tête laisse cependant parfaitement entendre le sourire moqueur qui étire mes lèvres. Ce n’était pas moi qui allait éprouver le moindre scrupule à farfouiller dans les affaires d’un autre, quand bien je n’y voyais pas grand intérêt.

Me redressant après de trop longues secondes, je laisse claquer le toit du coffre dans un bruit sec. Je n’ai rrrien. Et toi ? Je le rejoins au moment où il extirpe un manuel, un sourire victorieux accroché aux lèvres. Parfait, je retourne m’étaler sur son lit. Tu me fais la lecturrre ? demandé-je avec une impertinence qui brillait jusque dans mon regard, retenant un rire qui pourrait le vexer définitivement. Enfin, ma retenue ne dura que quelques secondes, puis l’accueillit tandis qu’il me rejoignait.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptySam 11 Avr - 18:55



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Les moqueries d’Erin n’étaient jamais très loin. Derrière les tendres cajoleries dont je profitais avec un plaisir que je ne prenais pas la peine de cacher se tapissaient quelques railleries piquantes dont elle avait le secret. Jamais rien d’offensant, rien de particulièrement méchant, non, seulement là pour titiller mon ego fidèle et le renvoyer dans ses retranchements. Elle était douée pour ça. Affreusement douée. Il aurait été si facile de prendre la mouche à chaque instant et de faire de nos entrevues qu’une interminable bouderie. Mais ç’aurait été beaucoup de gâchis pour pas grand chose et je n’étais pas prêt à renoncer aux moments délicieux que notre amitié nous offrait. Je tenais à nos rires complices et à ses regards qui me donnaient l’impression d’être le centre du monde, et j’étais prêt à sacrifier un peu de fierté pour la promesse que cela dure encore. À sa demande, je me défis de quelques mots de français, m’attendant sans l’ombre d’un doute à ce que cela me retombe rapidement dessus. J’avais un mal fou à imaginer ma meilleure amie avec la seule intention de s’intéresser à la langue sans avoir d’autres desseins en tête. Et dans un sourire qui n’annonçait rien de bon, Madame me donna raison :

Mon chérrrubin défend les siens ? Comme c’est mignon.

Son attaque m’avait tout l’air de celles d’Orpheus, tout chaton, qui montrait les crocs en se croyant lion. Dans le fond, c’était bien plus mignon qu’autre chose et j’eus bien du mal à avoir l’air outré rien qu’une seconde. Mes efforts furent rapidement réduits à néant par un rire amusé. On était loin du prestige de certains autres surnoms, bien sûr, et la virilité de celui-ci devait avoir péri depuis bien longtemps… Mais c’était à la hauteur de toute le pathétisme de ce jeu mielleux au possible !

Évidemment, je suis toujours mignon, répliquai-je d’un ton prétentieux, comme s’il n’y avait rien de ridicule dans ces angelots grassouillets.

La suite nous échappa un instant, alors que nous nous lancions, par ma faute je l’avoue, dans une bataille de chatouilles sans merci. Nous devions avoir l’air de deux enfants mais je n’y accordai qu’une importance somme toute limitée. C’était drôle, c’était tout ce qui comptait. Si elle tâchait de se soustraire à ma perfide attaque, elle ne sembla pas vouloir me repousser pour autant. Le combat se termina par une fourberie de sa part et un silence tendre pour nous envelopper. Du moins… Jusqu’à ce qu’Erin ne décide de changer de programme. N’étions-nous pas bien, là, installés tranquillement sur mon lit ? Ne pouvions-nous pas seulement en profiter un moment avant de tout mettre en pièces pour des présages douteux dont elle se fichait bien ? Il fallait croire que non… Elle se redressa et laissa échapper quelques mots qui mirent à mal la bulle merveilleuse dans laquelle nous évoluions jusque là. D’abord l’inquiétude de ce que sa vision troublante pouvait bien signifier… Quelques questions vaguement soufflées, sa main glissant doucement sur mon front comme pour en chasser les ombres qu’elle avaient elle-même créées…Puis l’amusement qui se fit la malle alors qu’elle s’attaqua à un sujet trop sensible. Je me fichais bien qu’elle prenne ces histoires à la légère, elle était bien assez grande pour faire ce que bon lui semblait, mais j’aurais aimé qu’elle ait la décence de ne pas s’en moquer ouvertement. Je posai mon livre sur mon lit et m’installai avec lui, défendant tant bien que mal ce à quoi je pouvais croire.

Le prrrofesseurrr Kendrrrick est incrrroyable, géniale, parrrfaite, et la meilleurrre enseignante de tout Poudlarrrd.

Cela avait suffi à faire naître en nous de nouveaux désaccords et son imitation puérile acheva de me vexer. Je n’avais jamais prétendu qu’elle était parfaite, juste que je savais qu’elle n’était pas là pour nous offrir des théories fumeuses et nous vendre des prédictions à la pelle pour la simple beauté du geste.

Arrête ça, Erin.

Sur quoi j’ouvris l’ouvrage et tournai les pages avec une lenteur affectée, à la fois dans l’espoir vain qu’elle remarque qu’il ne s’agissait pas que d’un ramassis de n’importe quoi que dans celui plus crédible qu’elle mette le doigt sur ce qu’elle avait vu. Je ne me faisais pas d’illusions sur ce qui constituait ce livre en réalité, il y avait beaucoup de choses à prendre avec des pincettes et rien ne servait de se plonger dedans comme s’il était question de paroles saintes, loin de là, mais tout n’était pas à jeter et il faisait une assez bonne liste des mauvais présages les plus courants. Mais c'était évidemment bien trop lui demander que d’en prendre conscience…

Si Kendrrrick n’a pas intégrrré ce bouquin à sa liste, c’est qu’elle est effectivement suffisamment éclairrrée.

Un soupir m’échappa. Je ne rajoutai rien, conscient que ça ne ferait que mettre le feu aux poudres et il n’y avait rien que je souhaitais moins aujourd’hui que de connaître le même enchaînement pathétique que lors de nos dernières escapades… À la place, je passai seulement à la double page suivante. Bien sûr, elle ne put s’empêcher de faire part de ses remarques idiotes, ce qui lui valut plusieurs coups de coude qui ne parvinrent qu’à l’amuser. Merlin qu’est-ce que j’avais pu faire pour mériter une telle meilleure amie ?! Avais-je donc été si peu sage dans une vie antérieure pour qu’on me punisse à ce point dans celle-ci ?! Il fallait bien avouer que son rire finit par me dérider légèrement. Elle était bête, lorsqu’elle s’y mettait, mais je ne l’aurais changée pour rien au monde. Elle finit néanmoins par mettre le doigt sur une image et plus largement sur ce que nous cherchions. La description qui accompagnait les traits inquiétants du cheval n’avait rien de plus rassurant. Je n’aimais pas l’idée qu’elle puisse être associée à la mort de n’importe quelle manière que ce soit. J’aurais aimé pouvoir prendre cette nouvelle avec indifférence, comme elle, et continuer ma vie le plus normalement du monde mais il s’agissait d’Erin et j’en étais bien incapable. Sa légèreté m’agaçait et il m’était de plus en plus difficile de le cacher. Ne pouvait-elle pas rester sérieuse une minute ? Ne se rendait-elle pas compte qu’il était sûrement question de plus que d’une vaste plaisanterie ? Ça n’était pas un hasard si elle avait été la seule à voir cette créature dans l’enclos, et qu’elle se trouve dans ce fichu bouquin n’avait rien d’une coïncidence ! Mais c’était visiblement trop lui demander que de comprendre cela… Je finis par me relever, reposant mon livre où je l’avais pris. Il fallait trouver un « vrai » manuel, comme elle le disait si bien… Sauf que je n’avais jamais eu la stupidité de prendre des cours de Soins… Il ne me fallut pas longtemps pour réaliser que mes colocataires, eux, étaient assez stupides pour ça. Je me jetai presque sur une malle, que j’ouvris dans la foulée, enjoignant Erin d’en faire de même avec la seconde.

S’il te plaît ?
Quoi ? soufflai-je en relevant la tête sans comprendre ce qu’elle voulait. Puis la lumière se fit. Oh… Oui… S’il te plaît…

Voilà qu’après s’être fichue de moi de la manière la plus incorrecte qui soit, elle se permettait de me reprendre sur la politesse. C’était clairement Sainte-Mangouste qui se fichait de la charité ! Et c’était parfaitement erinien… Je la vis ouvrir la seconde malle et retournai alors à ma fouille. Je n’avais aucune envie de quitter ce dortoir pour l’instant, aucune envie de partager nos retrouvailles avec tout ce que Poudlard comptait de rats de bibliothèque mais peut-être que nous n’en aurions pas le choix.

Tu es cerrrtain que nous pouvons toucher leurrrs affairrres ?
Tu n’auras qu’à te laver les mains ensuite.

Je ne fis pas tant de cinéma pour retourner tout le contenu qu’il pouvait bien y avoir. C’était pour la meilleure des causes, je me fichais bien des possibles horreurs moldues que je pourrais y trouver tout comme des conséquences qu’il pourrait potentiellement y avoir lorsqu’ils s’en apercevraient.

Pourrr quelqu’un qui n’aime pas que l’on fouille dans ses affairrres, tu sembles le fairrre trrrès bien quand il s’agit de celle des autrrres.

Je levai les yeux au ciel et repoussai quelques vêtements oubliés. C’était l’après-midi leçon de morale et personne ne m’avait prévenu ? Si j’avais su ce qui m’attendait, j’aurais pris le chemin des salles de classe plutôt que de rester là à l’écouter se prendre pour ma mère avec ses remontrances ridicules. Parce que Madame était irréprochable, peut-être ? Et elle semblait oublier que c’était pour elle que je faisais ça.

Je veux en savoir plus sur cette histoire de Sombral, déclarai-je simplement, et ne va pas croire qu’ils ont l’habitude de se gêner de leur côté.

J’avais seulement pris mes dispositions très tôt dans ma scolarité et mon père avait eu la bonne idée de m’offrir une malle avec un double fond enchanté, ce qui me permettait de garder quelques affaires bien à l’abri des mains et des yeux indiscrets. Puis, derrière une réserve de parchemins, le Graal.

Je n’ai rrrien. Et toi ?

Je lui agitai sous le nez le manuel tant espéré et laissai retomber lourdement le couvercle de la malle avant de me redresser. Peut-être que nous en saurions plus dans celui-ci…? Il fallait espérer. Je voulais qu’on me dise qu’elle ne risquait rien et qu’il y avait une bonne excuse au fait que je ne voyais rien. Je me fichais s’il fallait apprendre que seuls les sorciers de grand talent pouvaient les apercevoir ou que c’était une question de pureté quelconque, je m’en fichais. Je voulais bien remettre en question toute ma vie, jusqu’à la perception que je pouvais avoir de celle-ci pour un peu que la mort imminente qui semblait planer au-dessus d’elle soit rapidement dissipée.


Tu me fais la lecturrre ?

Je la regardai retourner s’étaler sur mon lit et finsi par lui emboîter le pas. Le rire qui m’accueillit ne put que me convaincre de céder à son caprice, si bien que je la poussai un peu pour m’octroyer la place tout contre les oreillers et tapotai à côté de moi comme le faisaient mes parents pour me faire venir avant la lecture du soir. J’ouvris l’ouvrage, fis glisser mon doigt le long du sommaire et cherchai la page correspondant à notre recherche. L’image du cheval squelettique réapparut presque aussitôt dans mon champ de vision, inquiétante. Je m’installai plus confortablement et m’exécutai docilement.

L’origine des Sombrals est un peu floue, ils sont originaires principalement des îles britanniques et irlandaises mais ils ont également été vus dans certaines régions françaises et dans la péninsule ibérique.

Je continuais ainsi tranquillement, débitant des informations sans intérêt, sur l’habitat de la créature ou son alimentation. Nous nous en fichions pas mal, j’en avais parfaitement conscience, mais je supposais que plus nous en saurions mieux cela pourrait être.

Les Sombrals ne sont visibles que par des personnes ayant vu la mort…

Je m’arrêtai un instant, fixant la page presque sans la voir. Le choc sourd de ces quelques mots me laissa interdit. Je peinais à comprendre… ou du moins, je crois que j’avais peur de ce que cela pouvait signifié. Je finis par m’éclaircir maladroitement la gorge et repris presque comme si de rien n’était.

… et l'ayant ressentie sur le plan émotionnel. En effet, une personne qui n'arrive pas à faire le deuil de la mort d'un proche ne peut pas voir les Sombrals. Il faut également connaître la signification de la mort d'une personne ce qui peut exclure les jeunes enfants. De plus, ils ne sont visibles qu’à ceux ou celles qui ont vu quelqu'un se faire tuer, pas seulement un cadavre.

Mon regard glissa prudemment jusqu’au visage d’Erin, le détaillant sans un mot. Je savais que ma meilleure amie n’avait pas toujours eu la vie simple et douce qu’elle méritait pourtant mais qu’est-ce qu’elle avait pu traverser que j’ignorais…? Je n’étais pas sûr que l’absence de mauvais présage était plus heureuse que cela, après tout, il y aurait eu quelque chose à faire. Là, ça me semblait bien exclu… J’ouvris bêtement la bouche et la refermai dans la foulée. Rien ne sortit. Dans ma tête, tout se bousculait. Et dans ma bouche, les mots venaient à manquer…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyDim 12 Avr - 14:21

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Arrête ça, Erin. Cela sonnait comme une réprimande d’un parent envers son enfant. Légèrement sonnée par le ton que Junior venait d’adopter, je reste interdite quelques secondes tandis qu’il ouvre le grimoire sur son lit et commence à en tourner les pages. Je fronce les sourcils, les prunelles enflammées de mécontentement. S’il suffisait que je critique sa très chère enseignante pour qu’il se vexe, il n’avait qu’à la rejoindre et me laisser seule. Je retournerais voir les chevaux squelettiques pour m’assurer qu’ils étaient encore là, en chair (peu) et en os (beaucoup). Je n’avais pas besoin qu’il sorte ce ramassis d’idioties et de présages tous plus farfelus les uns que les autres si c’était pour monter sur ses grands chevaux. Je n’avais cependant aucune envie de le quitter si vite, quand bien même cette offense tirait mes traits dans une moue outrée. Je le rejoins sur sa courtepointe, à plat à ventre à ses côtés, me fendant d’une autre remarque sur ce livre auquel il semblait accorder un tel crédit. Un soupir pour seul réponse, il continue de tourner les pages et je persiste dans des remarques sarcastiques lorsque des propos trop gros sots pour être réellement tenus me sautent aux yeux. Je savais bien que, de par son don de voyance, Junior était plus sensible que moi à toutes ces choses-là. Mais enfin, il devait bien y avoir des ouvrages plus intelligents et éclairés que ce vague manuel que les vieilles sorcières un peu folles conservaient précieusement pour se faire peur et effrayer leurs invités ? Ses coups de coude ponctuent chacune de mes observations et ce qui était au départ l’expression de mon orgueil piqué se transforma petit à petit en amusement malicieux, mon sourire s’agrandissant jusqu’à ce qu’un rire s’en échappe.

Je pose finalement le doigt sur le dessin d’une créature qui représente assez fidèlement ce que j’avais vu dans cet enclos. Les quelques phrases qui accompagnent l’image sont évidemment porteuses de mauvais présage. Sans une autre source pour infirmer ou confirmer ces propos, je me contente d’hausser les épaules avec une indifférence parfaite. Ce n’était évidemment pas le genre de bouquin qui allait nous annoncer que croiser ces chevaux ailés invisibles était signe de grande richesse ou de félicité. Tout était dans le titre, n’est-ce pas ? Junior ne l’entend pas de cette oreille et quitte son lit pour aller fouiller la malle de son voisin de chambrée, m’enjoignant à en faire de même. Avec toute la mauvaise volonté du monde, j’obtempère, non sans souligner son manque de politesse à mon égard. Il faisait preuve d’une rudesse vraiment vexante. Ouvrant la malle, je m’interroge sur les risques à mettre les mains dans des affaires qui appartenaient à je-ne-savais-qui. Junior ne se tracasse pas cette considération et me répond avec une indifférence qui me pousse à lui tirer la langue. Geste mature qu’il ne peut voir, la tête perdue dans une malle qui n’est pas la sienne.

Avec un soupir, je poursuis mes recherches. Si Junior voulait en savoir plus sur ces Sombrals, et bien soit. Est-ce qu’il le faisait par curiosité ou pour s’assurer qu’aucun présage de mort ne planait au-dessus de ma tête ? Peu importe, dans le fond. Ne lui avais-je pas dit que je lui laissais les rênes de cet après-midi ? S’il désirait fouiller tous les coffres massifs présents dans ce dortoir pour mettre la main sur un manuel possédant des informations un peu plus fiables et moins superstitieuses, je pouvais m’y plier encore quelques minutes. Je ne trouve rien de ce que nous cherchons et laisse retomber le couvercle avec un bruit sourd qui résonne entre nous. Mon meilleur ami avait eu plus de chance puisqu’il se redressa en faisant danser le livre qu’il tenait dans sa main. Alors je retourne m’allonger sur son lit, lui demandant de me faire la lecture dans un rire qui ne tarde pas à m’échapper.

Je me pousse de bonne grâce pour lui faire un peu de place avant de revenir près de lui m’allonger sur le ventre, mes bras croisés sur l’oreiller de libre, mon visage tourné dans sa direction. Je l’observe avec un doux sourire tandis que ses yeux et son doigt glissent le long du sommaire, à la recherche de notre mystérieuse créature. Sa voix s’élève, agréable, et je ferme les yeux pour me laisser bercer par sa lecture. Je ne m’attendais pas à ce que nous trouvions quoi que ce soit de bien transcendant. Une fois toutes les informations récoltées, Junior accepterait peut-être d’accepter que ce n’était rien de grave, une créature magique de plus dans un monde qui en recelait des milliers. Pas un seul instant je ne m’étais posé la question de lui cacher ou non cette apparition intrigante. Il était normal que je partage cela avec lui, après tout. Mais je n’avais pas pour autant envie que cela menace notre bulle retrouvée ni les prochaines heures qui nous attendaient encore. Les premières informations, factuelles au possible - à l’inverse de celles trouvées dans son livre de divination - m’assoupissent doucement mais sûrement. Je n’avais jamais eu aucun intérêt pour les soins aux créatures magiques, et la voix apaisante de Junior avait un effet lénitif. Quitte à faire la sieste ensemble, je préférais encore que nous nous évadions dans le parc pour profiter du soleil printanier. Pour l’instant, c’était néanmoins très bien ainsi.

Les Sombrals ne sont visibles que par des personnes ayant vu la mort… Et voilà, on revenait à ces histoires de sinistres présages. Un soupir menace de franchir mes lèvres au moment où le sens des mots lus par Junior m’apparaît pleinement. Vu la mort. Je me fige. Nous ne parlions plus de sinistres prédictions sur ce qui pourrait m’arriver dans le futur mais d’un passé. Et cela me ramenait à quelque chose de bien précis. Parfaitement alerte, je garde toutefois mes paupières closes, attendant la suite, sentant l’hésitation dans le silence de mon meilleur ami. La suite confirma ce que je pensais. Ce manuel était théoriquement fiable. Et la coïncidence était trop grosse pour en être une. Je n’avais jamais entendu parler de ces Sombrals avant aujourd’hui, mystérieux chevaux ailés que seuls les personnes ayant vu quelqu’un mourir sous leurs yeux pouvaient discerner. Je sens le regard appuyé de Junior sur moi et je relève précautionneusement le mien, me perdant quelques secondes dans ses prunelles bleues. Puis je me redresse, hésitante. Je m’humecte les lèvres, prise d’une incertitude rarissime. Parce qu’aucun mensonge suffisamment convaincant ne me venait, qu’il était hors de question de lui dire la vérité et qu’il était trop tard pour jouer la carte de la nonchalance. Il ne me croirait pas et voudrait en découvrir plus sur ces animaux pour vérifier ce que nous venions d’apprendre.

Doucement, je m’empare du livre et le referme, quitte le lit pour le reposer dans la malle de son propriétaire, puis je reviens jusqu’à son lit, m’appuyant contre la colonne en bois. Ce n’est finalement pas un prrrésage de morrt fais-je d’un ton badin trop lourd pour avoir l’effet escompté. Il était impossible que je lui confie le pourquoi du comment je parvenais à voir ces créatures invisibles pour tant d’autres. Grand-Père et Grand-Mère ne tarderaient pas à le savoir et je refusais de mettre Junior en danger. Il était le fils d’une bonne famille, il était donc peu probable qu’ils s’en prennent à lui comme ils auraient les moyens de le faire. Mais savait-on jamais. L’honneur de notre famille était plus important que tout et mes aïeux avaient bien trop à perdre si certaines choses venaient à être connues en-dehors du cercle restreint des Sørensen. Et je ne risquerai pas de placer mon meilleur ami dans une situation inconfortable. Il y avait certaines limites que même moi je ne pouvais me permettre de franchir. Celle-ci au-dessus de toutes les autres. Oublions les Sombrrrals. D’accorrrd ? Mon ton redevenait plus assuré, plus erinien également, pourtant, il recelait une supplique silencieuse. Enfin, je me doutais que Junior ne se contenterait pas de ça, alors je me fends d’une semi-explication. Qu’il comprendrait, je l’espérais. Je ne peux pas t’en parrrler, Juniorrr. Si mes mots n’avaient pas l’effet escompté, peut-être que le sérieux qui reprenait possession de mes traits l’alerterait sur la dangerosité de la question. Ce n’est pas que j’ai envie de te cacher quoi que ce soit, mais ce serrrait fairrre planer une menace au-dessus de ta tête. Je reviens me glisser sur le lit, essayant de déceler ce que pouvait bien penser mon meilleur ami.
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyDim 12 Avr - 18:10



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Mettre la main sur un manuel de Soins ne fut qu’une formalité. Je craignais cependant de ce que nous pourrions y trouver. Et si, quoi qu’en dise Erin, tout n’était pas qu’un tissu d’inepties ? Et s’il y avait vraiment un mauvais présage derrière ces chevaux malaisants ? Je n’avais jamais vraiment craint pour la vie de ma meilleure amie, c’était idiot dans le fond, elle connaissait plus de lendemains incertains que toute cette école réunie… Mais je crois que je la savais trop battante et trop tenace pour que cela me semble particulièrement concret… Il y avait forcément des solutions, je le supposais du moins, et la magie faisait parfois quelques miracles… Mais là…? Si quelque chose qui nous dépassait tous planait réellement au-dessus d’elle…? Et si elle continuait de le prendre ainsi à la légère ? Kendrick avait beau prétendre que rien n’était écrit, qu’il était toujours possible de contrer les signes et les prédictions, cela ne me rassurait en rien. Après tout, encore fallait-il savoir ce à quoi elle devrait faire face… Et encore fallait-il qu’elle admette que tout n’était pas qu’une plaisanterie douteuse inventée pour effrayer les ménagères idiotes… Elle retrouva rapidement le sourire, réclamant que je lui fasse la lecture, et s’installa confortablement à mes côtés dès que je fus installé. Mes doigts repoussèrent doucement une mèche qui lui tombait devant les yeux et s’intéressèrent enfin à l’ouvrage. Les pages défilèrent sans que je n’y accorde la moindre importance jusqu’à ce que la funeste silhouette équine se dessine sous nos yeux. Je reposai le dos du livre sur ma jambe pliée et m’exécutai sagement. Les premières phrases étaient d’une banalité affligeante et n’annonçaient finalement qu’un article quasiment scientifique, seulement là pour donner des informations triviales mais essentielles pour quiconque avait l’intention de s’occuper de ces créatures. Peut-être n’y trouverions-nous rien…? Est-ce que cela voudrait forcément dire que les présages inquiétants que nous avions lu dans le premier ouvrage ne valait rien ? J’en doutais. Rares étaient les sorciers qui admettaient la divination comme quelque chose de sensé, aussi cela ne m’aurait pas étonné qu’ils évincent tout rapport quand bien même ils existaient. Je jetai un bref regard en direction d’Erin, qui paraissait somnoler à moitié. Cette vision tira un sourire attendri et me rappela bêtement sa présence sous mes draps, s’endormant paisiblement à mes côtés. Ça semblait si loin… Je dus me faire violence mais repris finalement ma lecture… C’était sûrement une des plus grosses erreurs de cette journée. Les mots se détachèrent un à un, prenant doucement sens à mesure que l’écho de ma voix me les renvoyait. Il n’était plus question de suppositions futures et sujettes à débat… pourtant je crois que je l’aurais largement préféré. L’air de ma chambre devint lourd tandis que les contours d’un passé dont j’ignorais tout se dessinait lentement.

Mon attention se focalisa sur la Poufsouffle, toujours étendue près de moi. J’aurais voulu dire quelque chose, n’importe quoi, ne serait-ce que prétendre avec détachement que tout ça n’était que des balivernes… mais j’en étais incapable. Alors j’attendais qu’elle bouge, qu’elle m’explique. Je n’espérais même pas le récit plein et sans tache de son existence toute entière, juste qu’elle se déleste d’une information ou deux, afin de lever le brouillard opaque qui s’était posé sur tout ça. Après tout, c’était elle qui avait commencé à me parler de tout ça, il me semblait légitime de souhaiter qu’elle termine. Elle finit par se redresser, visiblement en proie à une hésitation que je ne lui connaissais pas souvent. Le silence s’étendit, s’étira. J’avais envie de croire qu’elle cherchait juste ses mots mais, dans le fond, j’imagine que je n’étais pas vraiment dupe. On se connaissait depuis des années, presque depuis toujours en réalité… S’il y avait des choses importantes de sa vie sur lesquelles elle ne s’était jamais épanchée, ça n’était sûrement pas une coïncidence. Elle récupéra le livre et le reposa à sa place. Le couvercle de la malle se referma dans un bruit sec et la colonne de mon lit grinça lorsqu’elle s’y appuya. Je n’avais pas esquissé le moindre geste, je me contentai de la suivre des yeux, sonné par les mots qui dansaient toujours sous mon nez.

Ce n’est finalement pas un prrrésage de morrt.

Son ton qui sonnait faux, la distance qu’elle avait remise entre nous, tout me donnait l’impression d’être revenu des jours en arrière, avant que nous tâchions de recoller les morceaux. Je m’efforçai de hocher la tête, m’accrochant avec un désespoir pathétique à un récit qui ne venait pas.

Oublions les Sombrrrals. D’accorrrd ?

Ma gorge se noua douloureusement en l’entendant. Elle ne pouvait pas clore la discussion comme ça, comme si nous n’avions rien lu, comme si cela ne sous-entendait rien ! C’était injuste ! Elle n’avait qu’à faire ses recherches toute seule plutôt que de venir me les agiter devant les yeux de la sorte ! J’ouvris la bouche malgré moi, prêt à m’y opposer, mais elle me prit de court.

Je ne peux pas t’en parrrler, Juniorrr.

Durant une seconde, la violence de cette déclaration me fit perdre toute contenance et mon regard clair se voila d’une déception infinie. Nous étions bien revenus au point de départ. Le même silence, la même impression d’être gardé à l’écart de sa vie… Je me mordis la lèvre pour en arrêter le tremblement nerveux.

Ce n’est pas que j’ai envie de te cacher quoi que ce soit, mais ce serrrait fairrre planer une menace au-dessus de ta tête.

J’acquiesçai péniblement, un poids énorme et douloureux logé au creu de mon estomac. Je n’avais pas été si loin de la vérité quand, des jours plutôt, j’en étais venu à me demander ce qu’elle pouvait bien me cacher encore. Visiblement, c’était toute sa vie qu’elle tenait sous silence. Elle était belle notre amitié ! Des années passées à ses côtés pour apprendre, chaque jour, que je n’en savais finalement rien… Et dire que j’avais cru que c’était Finnbjörn que j’avais du mal à cerner !

Je comprends soufflai-je en détournant les yeux alors qu’elle revenait sur mon lit.

L’intimité qui nous liait me semblait oppressante. J’étouffai, ici ! Je jetai un regard à ma montre, le cours de Divination avait commencé depuis un moment maintenant, il y avait bien peu de chance de croiser un potentiel camarade de classe. Et, sans crier gare, je remis entre nous les distances qu’elle venait d’effacer et me relevai avant de m’étirer sans un bruit.

Oublions les Sombrals.

Il m’avait fallu quelques interminables secondes, plusieurs minutes peut-être je n’en savais trop rien, mais j’avais fini par retrouver l’indolence placide qui était mienne d’ordinaire. Une voix douce, posée, un sourire tranquille et cordial… Je cachais difficilement l’inquiétude et la déception sous le masque que j’offrais à n’importe qui qui n’était pas elle.

Nous devrions avoir champ libre à présent... et il serait indécent de ne pas sortir profiter du beau temps.

Et si pour beaucoup il n’aurait été question que de lézarder au soleil, pour moi cela ressemblait affreusement à une fuite. Laisser le monde reprendre ses droits entre nous et faire exploser la bulle que nous connaissions. Je mettais un terme à nos retrouvailles de la plus fourbe des manières… C’était à la hauteur de ma meilleure amie et je ne doutais pas une seule seconde qu’elle le comprendrait assez bien pour ne pas m’en empêcher…
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyDim 12 Avr - 22:11

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Le claquement du livre que je referme, le claquement du couvercle de la malle que je laisse retomber, le grincement du bois contre lequel je m’appuie : il n’y avait plus d’autres bruits que ceux-là, assortis d’un imposant silence étouffant. Ma tentative d’alléger l’atmosphère échoue lamentablement, mon ton bien trop lourd pour que cet essai puisse fonctionner. Il a beau hocher la tête comme pour me donner raison, je ne perçois rien d’encourageant là-dedans. Ce qui dessine me laisse une sensation étrange au creux du ventre, et je reprends tant bien que mal, demandant à ce que nous puissions oublier les Sombrals, espérant sans vraiment y croire que ça pouvait être aussi simple que cela. Lorsque je lui annonce ne pouvoir lui en dire plus, je vois son regard océan se voiler, comme un soir de tempête, comme si les vagues se reculaient pour mieux se soulever ensuite. Et ce que je vois remue et augmente ce poids qui me pèse à l’intérieur. Un poids inconnu, qu’il ne me semblait pas avoir jamais connu. Quelque chose de difficilement maîtrisable, difficilement mesurable aussi. Je me rassied sur le lit, reviens à ses côtés, la distance physique m’apparaissant soudainement suffocante.

Junior me dit qu’il comprend mais détourne les yeux au moment où je reprends ma place près de lui. Le rapide coup d’oeil qu’il jette à sa montre ombrage mes prunelles d’un mécontentement blessé. J’avais la désagréable sensation de revenir à ce soir-là, dans la salle de bain des préfets. Chacune de ses paroles d’alors contrastait avec son attitude, son ton, son comportement. Comme présentement. Le visage tourné dans la direction opposé, il cherche la fuite. Et il la trouve, quittant son lit, oubliant les Sombrals et ses promesses au passage. N’avait-il pas écrit noir sur blanc qu’il ne comptait plus quitter son trône, à peine une heure plus tôt ? Je lui faisais toute confiance, ne caressant l’idée de faire appel à un quelconque Enchaîneur que pour appuyer toute la considération que je portais à sa présence. Il faisait déjà marche arrière ? Il lui avait fallu de longues secondes, de trop longues secondes en réalité pour que ce soit naturel, afin de se relever, de s’étirer de tout son long, et de prendre de nouveau la parole tout en composant un sourire de façade qui me laissait un goût amer. Je lui porte un regard brillant de chagrin que je ne cherche même pas à cacher, contrairement à lui qui efface je-ne-sais-trop-quoi derrière cet air d’une cordialité violente.

Tout avait basculé si rapidement. Pour une histoire si sotte. Je maudissais mon indifférence qui m’avait poussée à ne rien demander à Vayne lorsque j’en avais l’occasion et qui avait conduit cette pensée à s’immiscer dans un moment d’une complicité chérie. Non, il était hors de question que je le laisse s’échapper de cette manière. Probablement qu’à un tout autre moment, j’aurais été capable de mieux jouer la comédie ; de me montrer plus assurée pour faire disparaître l’ombre maudite de ces créatures porteuses d’un sens bien lourd ; mais le souvenir de ces quinze derniers jours était encore trop prégnant. C’était dangereux, je le savais : je jouais avec un feu que je ne maîtrisais pas, mais ne me délectais-je pas depuis toujours du goût du risque ? S’il y en avait un que je n’étais pas prête à prendre, cependant, c’était celui de ressentir ce douloureux sentiment d’abandon. J’avais confiance en Junior, plus qu’en n’importe qui en-dehors des membres de ma famille.

Non ! Je délaisse ce qui avait été un îlot sur lequel nos tendres caresses rattrapaient des journées entières passées loin l’un de l’autre et je me plante entre Junior et la porte de son dortoir. Le regard flamboyant d’une assurance impulsive. C’était irréfléchi, c’était ma fougue naturelle qui tenait les rênes, c’était volcanique, c’était tout moi. Je tire ma baguette et me tourne vers le battant en bois, lançant d’un geste vif un sortilège d’Impassibilité pour nous assurer d’être à l’abri des oreilles indiscrètes. Hannibal m’avait appris il y a bien longtemps comment être certain que cet enchantement était bien apposé : lancer un objet quelconque en direction de la porte dont il était question. S’il repartait dans l’autre sens sans la toucher, l’entrée avait été Impassibilisée. Je cherche quoi jeter sur le battant et finis par ôter ma chaussure droite. Faen juré-je en allant récupérer mon soulier qui venait de prouver mon lamentable échec* en rebondissant comme si de rien n’était. Je le repasse à la place qui est la sienne et me rapproche de Junior jusqu’à pouvoir lui chuchoter au creux de l’oreille des mots qui seraient inaudibles pour quiconque voudrait risquer d’écouter.

J’ai vu trrrois impurrrs insignifiants mourrrirrr. Finnbjörn allait me tuer. Ou s’évanouir, contacter Grand-Père et ce dernier me tuerait. Ou mourir, revenir à la vie et me tuer. Dans d’atroces souffrances. Est-ce que cela valait la peine ? Si c’était pour ne pas perdre Junior, assurément. J’imagine que c’est pourrr cela que je vois les Sombrrrals. Lui, il était le fils d’une bonne famille, il ne pourrait rien lui arriver de trop grave, n’est-ce pas ? Grand-Père ne risquerait pas ses relations avec les d’Archambault pour un secret à moitié avoué ? Il y avait bien d’autres solutions plus paisibles. Ils sont morrrts pourrr me prrrotéger. Cerrrtains maux ne se soignent pas avec du baume, tu sais fais-je en me reculant d’un pas, tentant de croiser le regard de Junior, refusant le moindre contact physique car je savais que je ne pourrais pas tolérer un nouveau rejet de sa part. Ce n’était pas pour autant que je ne mourrais pas d’envie d’effacer ce masque d’une caresse. J’étais sincèrrre quand je te disais que je n’ai pas envie de te cacher quoi que ce soit mais que t’expliquer tout cela serrrait dangerrreux pourrr toi. Ce pourrrait êtrrre un Oubliettes, un Serrrment Inviolable, que sais-je. Ce n’était pas que moi je ne lui faisais pas toute confiance, c’était que les Sørensen devaient se protéger et que mes aïeux n’avaient jamais reculé devant rien pour ce faire. J’arrrête de décider à ta place, c’est comme tu veux. Soit il désirait que je lui raconte tout, et je n’avais aucune idée précise des mesures que Grand-Père et Grand-Mère prendraient - à mon égard et au sien ; soit ce que je lui avais déjà avoué lui suffisait à saisir un fil, même ténu, d’explication, et il voudrait s’en contenter.

Tout ce qui pouvait me contenter, personnellement, c’était que cette lueur fermée disparaisse de son beau regard et que la bulle se reforme, nous enveloppe de nouveau, et que l’ombre des Sombrals disparaisse. Prinsen min. Je n’utilisais le norvégien qu’en présence de ma famille, et lorsque nous étions à Poudlard ou dans un milieu international, comme c’était souvent le cas, c’était ou bien synonyme de mystère que je souhaitais faire planer sur mes paroles, ou bien, comme présentement, ou bien synonyme d’une sincérité désarmante. Ma langue natale, ses intonations pures, nobles, qui constituaient toute mon enfance et toutes mes racines, comme gage d’une foi désarmante dénuée de toute moquerie. Ne fais pas ça encorrre une fois. Je savais qu’il comprendrait très bien où je voulais en venir. Ou s’il peinait à saisir les contours de ma demande, il lui suffirait de croiser mon regard clair pour les cerner un peu mieux. Il avait la même attitude que dans la salle de bain, ou que dans la grande salle, juste avant qu’il ne se lève pour partir. Et nous savions tous les deux où cela nous avait mené. J’étais prête à accepter ma part de responsabilité dans cette histoire et à ne plus recommencer des cachotteries d’aucune sorte - même celle-ci - mais pas s’il était incapable de tenir cette promesse qu’il m’assurait éternelle quelques heures plus tôt.

* dé lancé dans le flood
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyLun 13 Avr - 0:48



Le goût de la vie
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Comme souvent, il n’avait suffi que d’un instant pour que la complicité rassurante qui nous enveloppait ne fonde comme neige au soleil. Tout n’était qu’un éternel recommencement… Et nous nous acharnions sans relâche, sans que rien jamais ne change. J’en arrivais à avoir hâte d’arrêter le massacre. Ne pas enchaîner les fausses notes et tenter, désespérément, de garder à flots les moments tendres qui avaient composé cet après-midi. Je savais pertinemment que c’était peine perdue… Il n’y aurait que cette fin malheureuse pour marquer les esprits et je ne doutais pas qu’elle saurait me la reprocher… Elle dirait sûrement que je ne comprenais rien, que je ne retenais que ce que je voulais bien retenir ou que je ne faisais pas le moindre effort, peu importe, elle ne prendrait pas la peine de voir qu’il n’y avait probablement pas que moi… Je pris le parti de continuer cette journée comme nous l’avions prévu, sans heurt supplémentaire. Je n’en pensais pas moins, bien sûr, et la déception s’était fait une place tenace dans le creux de mon estomac. Nous improviserions par la suite. J’abandonnai mon lit derrière moi, partagé. D’un côté, j’y voyais tous les regrets de cette relation qui ne tenait plus… Nous retenions les morceaux avec des pansements inefficaces et nous courions malgré nous à sa perte… Et d’un autre, j’avais la sensation d’abréger temporairement mes souffrances. C’était lâche, égoïste sûrement, mais je ne m’étais jamais prétendu autrement. Quelques mots détachés passèrent mes lèvres alors que j’esquissais un geste vers la porte. Je savais qu’Erin ne serait jamais dupe de la façade presque absente que je lui offrais mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle s’insurge.

Non ! tonna-t-elle en quittant mon lit pour venir me barrer le chemin jusqu’à la sortie.

Je ne savais pas à quoi elle jouait mais je craignais de ne pas apprécier. Voulait-elle réellement que nous nous disputions une fois de plus ? N’en avait-elle pas assez des conflits idiots dans lesquels nous nous embourbions à la moindre occasion ? Je n’avais aucune envie de laisser mes mots dépasser ma pensée sous le coup de la déception. Nous en reparlerions un jour, sûrement… Pas maintenant. Je ne voulais pas que l’on se quitte sur des horreurs, nous avions assez donné ces derniers temps… Son regard déterminé, presque féroce, m’abandonna pour la porte alors qu’elle dégainait sa baguette. Son poignet s’agita, ses lèvres se défirent d’une formule… Je l’observais sans ciller, suivant le moindre de ses gestes avec une attention presque obsessionnelle. Durant un instant, elle sembla chercher quelque chose, presque perdue, et finit par ôter l’une de ses chaussures pour la jeter sur la porte. J’avais perdu le fil et restai là, interdit, à l’écouter jurer. C’était sûrement l’un des rares mots de Norvégien que j’avais fini par intégrer à force de l’entendre le répéter sans même en savoir la signification exacte… Je doutais d’en avoir besoin, le sens devenait limpide. C’était sûrement la seule chose qui l’était avec elle ces derniers temps… Elle récupéra son bien, le remit et me revint. Toute la distance mourut d’un seul coup, son visage si proche du mien que son souffle s’écrasait sur ma peau sans le moindre mal. Ça me rappelait notre soirée aquatique… Les quelques millimètres qui nous séparaient encore ne m’avaient jamais semblé aussi infranchissables…

J’ai vu trrrois impurrrs insignifiants mourrrirrr.

Je ne compris pas tout de suite où elle voulait en venir. Enfin… Si, bien sûr, le rapport m’était évident… Mais pourquoi tout ce mystère ? Elle était encore jeune, ça devait sans nul doute être traumatisant, mais dans une famille comme la sienne, il n’y avait rien de particulièrement surprenant. C’était le genre de choses qu’on ne criait pas sur tous les toits mais de-là à en faire un secret d’état… Surtout avec moi… On savait bien, tous autant que l’on était, que nos droits avaient un prix et que c’était celui du sang. Il y avait quelque chose qui m’échappait sans que je parvienne à trouver quoi.

J’imagine que c’est pourrr cela que je vois les Sombrrrals.

Je hochai imperceptiblement la tête. Jusque là, le raisonnement me paraissait clair, je parvenais à la suivre. Les zones d’ombres étaient encore nombreuses cependant. S’il n’y avait que ça, j’étais prêt à la rassurer autant que possible, il n’y avait aucun mal à se débarrasser des nuisibles. Bien sûr, il ne fallait pas que ça s’ébruite, question de principe, mais il n’y avait rien de particulièrement dramatique… Mais je trouvais cela étonnant qu’Erin puisse faire des cachoteries sur un détail aussi trivial et surtout prétendre qu’il y avait la moindre menace pour planer au-dessus de moi. Notre famille était connue, ici et en France, pour avoir gonflé les rangs des plus extrémistes des sorciers et j’étais convaincu que les Sørensen étaient trop bien renseignés sur leurs fréquentations pour ne pas en avoir connaissance… Il y avait quelque chose qui ne collait pas.

Ils sont morrrts pourrr me prrrotéger. Cerrrtains maux ne se soignent pas avec du baume, tu sais.

Les contours de ce qu’elle cachait si bien se découpaient difficilement… Je comprenais sans comprendre. Tandis que ces derniers mots me firent baisser honteusement les yeux. Oui… Je le savais… Enfin… Peut-être pas, je n’en savais trop rien, je n’y avais jamais vraiment réfléchi en réalité. Je ne m’étais jamais senti aussi idiot qu’à cet instant précis. J’avais passé ma vie dans une cage dorée, bien à l’abri du monde réel. Bien sûr, nous avions connu quelques soucis, comme tout le monde, et quelques temps difficiles qu’il avait fallu traverser mais… Ma place de petit privilégié, celle dont j’avais passé ma vie à être si fier, cette vie tranquille sans vraie ombre ni grand mal, m’apparut soudainement écoeurante. Je fus même incapable de m’offusquer d’être ainsi pris de haut tant cela me sembla légitime. Qu’avait-elle pu endurer, elle, pour en arriver là ? Par quoi avait-elle bien pu passer…? Lorsqu’elle se recula, je ne fis rien pour la retenir. Mon regard se contenta de trouver le sien, s’y accrochant plus ardemment qu’il ne l’avait jamais fait. J’aurais voulu savoir ce qu’il cachait encore…

J’étais sincèrrre quand je te disais que je n’ai pas envie de te cacher quoi que ce soit mais que t’expliquer tout cela serrrait dangerrreux pourrr toi. Ce pourrrait êtrrre un Oubliettes, un Serrrment Inviolable, que sais-je.

Je m’en voulais de l’avoir forcée à parler… Bien sûr, concrètement, je n’avais rien fait mais qu’elle soit revenue sur sa décision si brusquement n’avait sûrement rien d’un hasard. Je ne me sentis pas plus léger après ses confidences… bien au contraire… Pour autant, pour la première fois, les risques n’effrayaient pas. La cause me semblait bien les valoir… Valoir bien davantage peut-être aussi.

J’arrrête de décider à ta place, c’est comme tu veux.

Je ne pus m’empêcher de secouer doucement la tête. Il était évident que j’aurais aimé qu’elle me raconte tout, qu’elle n’ait plus l’ombre d’un secret pour moi… Après tout, qui n’avait jamais eu envie de se dire « je la connais par coeur » en pensant à la personne la plus importante de son existence ? Mais ça me dépassait sûrement bien trop. Et d’un côté, ça la dépassait sûrement aussi. Si elle supposait que ça pouvait être un problème pour moi, qu’en serait-il pour elle alors qu’elle avait sûrement déjà rompu la confiance qu’on lui accordait sur ce point…? Je n’avais pas envie qu’elle se fende de nouvelles confidences, l’ignorance me convenait sûrement. Je composerais avec les suppositions, imaginant probablement pire encore que ce qui avait été fait…

Je… je suis désolé…

Ça ne répondait pas à grand chose, et je le savais bien, mais c’était tout ce qui me venait pour l’instant. Je n’aurais pu être plus sincère, je crois. J’étais désolé de l’avoir poussée à en arriver là, j’étais désolé de n’avoir rien supposé tout seul, j’étais désolé pour tout ce qu’elle avait pu traverser et de n’avoir jamais rien pu faire pour elle…

Prinsen min.

Un sourire à peine esquissé flotta sur mes lèvres. Déboussolé… Attristé… Je regrettais les langueurs apathiques dont nous étions victimes alors étalés sur mon lit… Je regrettais les rires francs qui se mêlaient à chaque instant… Je regrettais l’innocence de ces retrouvailles pourtant si méritées… C’était injuste. Je ne savais trop quoi pourtant… Tout, je crois. Cette vie partagée tout comme la sienne…

Ne fais pas ça encorrre une fois.

Sans que je m’en rende compte, ma tête s’agita à nouveau, refusant même cette possibilité. Je n’avais jamais eu l’intention de faire quoi que ce soit… Enfin… Pas vraiment… Je ne l’aurais pas abandonnée, pas encore, pas déjà. Je le lui avais promis. … et je n’en avais pas même envie. J’avais juste espéré mettre un terme à cette conversation blessante, à ces secrets oppressants. Il aurait finalement mieux valu, sûrement… Un dernier dodelinement inconscient et j’effaçai la distance qui nous séparait à nouveau. Ma meilleure amie me paraissait presque fragile, à se laisser aller ainsi entre ordre et supplication. J’avais plus que jamais envie de la protéger tout en sachant que j’en étais bien incapable. Cette impuissance me tomba brutalement dessus mais je parvins à ne rien en laisser paraître. Ma main glissa sur sa joue avec une douceur infinie comme si cela pouvait effacer tout le mal qui existait. La compensation était infime, dérisoire même.

Je n’en ai pas l’intention, Erin, murmurai-je alors que mes doigts glissaient jusqu’aux siens. Je te le jure.
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Message(#) Sujet: Re: Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR Le goût de la vie — ERIN & JUNIOR EmptyLun 13 Avr - 13:02

le goût de la vie
n'est pas le même sans lui


Les mots sortent naturellement, faisant fi de mes pensées agitées et des conséquences terribles qui pourraient en découler. Je savais déjà qu’il me faudrait contacter mon tendre jumeau pour le prévenir de ce que je venais de faire et qu’il ne serait pas aussi conciliant que je pouvais l’espérer. Néanmoins, le risque était pris et je l’assumerai jusqu’au bout. Il ne s’agissait pas d’un geste inconsidéré guidé par mon impulsivité. Enfin, si, c’était totalement le cas. Mais j’étais certaine que même des heures de longue réflexion m’auraient menées à la même conclusion : je ne pouvais pas continuer de cacher des secrets à Junior alors que le dernier en date nous avait si longtemps éloignés l’un de l’autre. Le comprendraient-ils ? Ce sont là tous les doutes qui subsistent. Je laisse le choix à mon meilleur ami, précisant de nouveau à quels dangers il pourrait s’exposer si j’en disais plus encore. Je ne pensais pas que Grand-Père ou Grand-Mère puissent lui faire foncièrement du mal : il était le fils d’une famille noble et partageant nos idéaux. Mais un Oubliettes était si vite arrivé et avec les dernières révélations de Finnbjörn, nous pouvions en constater les dramatiques aléas.

Il secoue négativement la tête et je pousse un soupir. De soulagement ou de déception ? je ne sais pas vraiment. Tout dépendait s’il s’agissait d’un nouveau refus d’entendre ce que je lui disais, ou plutôt de la conscience qu’aller plus loin serait dangereux. Sur la défensive, je ne savais pas à quoi m’attendre, sûrement pas à ce qu’il s’excuse. Je relève un regard surpris dans sa direction avant de l’appeler, doucement, par un surnom norvégien empreint d’une sincérité qui n’était jamais aussi forte qu’avec lui. Le sourire qui naît faiblement sur ses lèvres n’est plus l’un de ceux qu’il utilise en société, lorsqu’il s’agit de porter le masque du parfait petit sang-pur fils de bonne famille, mais il est loin d’être aussi satisfaisant qu’espéré. Finalement il réduit toute la distance qui nous sépare à néant, ses doigts caressant ma joue avant de s’emparer des miens tandis qu’il me réassurait sa promesse. Me servis-je de cette parfaite excuse pour me lover contre lui comme j’en avais eu l’envie depuis que nous nous étions étalés en riant sur son lit, ou bien était-ce tout simplement la manière la plus sûre à mes yeux de m’assurer sa présence, de lui jurer la mienne ?

Je trrrouverrrai le moyen de tout te dirrre, un jourrr. Un serment à ne pas prendre à la légère, je n’avais pas pour habitude de donner ma parole futilement, encore moins à Junior. Un jour, je serai en mesure de pouvoir tout lui raconter, sans craindre pour son esprit. Il restait à trouver quand et comment, mais la promesse n’en était pas moins inaliénable. Ma main de libre vient trouver refuge dans son dos et mon visage contre son torse. On peut rrrester ici ? Je suis rrrapidement sujette aux coups de soleil. Médiocre justification dont l’insignifiance ne pouvait que prouver mon envie de ne pas quitter ce dortoir et de demeurer là. J’étais bien. Je regrettais peut-être nos rires et notre insouciance d’il y a quelques minutes à peine, mais je préférais ce que nous avions actuellement à une balade dans le parc où nous pourrions retrouver toute la distance du monde. Jeg er mye bedre her med deg enn andre steder fais-je, un ton en-dessous, à peine un murmure.
electric bird.

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