Cela aurait dû être un petit-déjeuner comme les autres, simple et bruyant. Mais avec le temps, Wayde devrait savoir que Poudlard regorge de surprises rocambolesques. Aucun jour n’est le même. Parfois ils se ressemblent, quelques similarités donnent un cachet de normalité à une école aussi anormale. Les petites touches d’un train-train quotidien font du bien, lorsqu’elles ne sont pas surplombées par des pleurs, des cris ou des cendres. D’autres journées sont changées par les gens qu’on y croise. Une conversation avec Misha n’est forte heureusement pas quotidienne, et il en va de même pour les élèves les plus difficiles que le conseiller peut recevoir dans son bureau. Certain lui donnent tellement la migraine, qu’il se voit bien souvent forcé de prendre un cachet.

Cette mâtiné-ci, sera différente. A peine le petit-déjeuner avait commencé, les œufs et le bacon encore absents des tables, Evelyn Appleton s'était levée pour leur présenter à tous la venue d'un tout nouveau Professeur dans le corps enseignant. Wayde regrette fortement le départ de John Mandrake. Il regrette par dessus tout la décision qu'il a prise de laisser une pause à cette carrière plus désespérante qu'une autre. Il lui avait confié, autour d'un verre, tout le mal qu'il avait à transmettre tout ce qu'il savait aux élèves. Des élèves torturés, qui ont peur et n'ont plus soifs de rien d'autre que de haine. Il espérait donc que le Professeur qui le remplacera, saura maintenir ses convictions et apporter du bon à ses enfants. Et il ne savait quoi penser dès qu'il le vit. Le Professeur en question était une Femme, une grande blonde qui s'avançait strictement vers le devant de l'estrade. Il n'avait vu que son dos au départ. Il n'avait vu qu'une silhouette raide. Le pressentiment de l'avoir déjà vu un jour s'était concrétisé lorsqu'elle s'était tournée pour retourner à sa place. Le visage froid de la Femme du bar lui faisait à nouveau face. Elle ne regarda personne. Elle passa son petit-déjeuner entier dans le silence. Comble amusant lorsqu'on sait que la première que Wayde l'a vu, personne ne parvenait à la faire taire. Hystérique une première fois, calme et congelée la seconde. Cet hasard fit sourire en coin l'ex Auror qui, buvant une première gorgée de son café bien noir, ne se soucia plus d'elle pour le reste du petit-déjeuner. Jusqu'à ce qu'il se leva de sa chaise.

Rassasié, Wayde se prépare à sortir de la grande salle pour prendre la direction de son bureau. Marchant derrière une ligne de Professeurs attablés, une tête blonde se lève subitement et bouscule accidentellement Wayde dans la précipitation. Le visage se lève vers le sien, et force est de constaté que la vie voulait qu'ils se croisent une nouvelle fois, jamais dans la délicatesse. Délicatesse n'est d'ailleurs sûrement pas le mot d'ordre de la nouvelle Professeur de défense contre les forces du mal, car elle accueille son vieux sauveur inavoué avec une amabilité hors pair. « Il faut croire. » Employer un ton plus calme, ne pas se laisser prendre par la provocatrice blonde de caractère. Le visage ferme et inexpressif de Wayde Bradford n'empêche pas sa voix d'être parfaitement avenante et distinguée. Personne ne sait jamais ce qu'il pense vraiment. Et que pense-t-il en ce moment ? Cette Femme va traumatiser des mômes et rendre Wayde complètement dingue, il le sent bien. Quoiqu’il en soit, grâce aux présentations faites en début de buffet, Wayde connaît enfin le nom de la tueuse évitée de justesse. « Mais au moins cette fois, je peux mettre un nom sur votre visage. L’imperturbable guerrière à la pinte, ça ne sonnait pas très bien. » Faisant référence à ce jour où Wayde fut effectivement sur sa route, un jour dont il s'est inventé un surnom pour parler d'elle, il se permet enfin d'exprimer une part d'amusement fascinant. Lorsqu'elle lui demande s'il compte rester planter là toute la journée, le conseiller se voit prit d'une réponse évidente. « Non, j'allais dans la même direction que vous. Si vous me permettez de vous accompagner, j’ai mon bureau juste à côté de votre classe. » A partir du moment où elle ne cache pas de verre brisé dans sa chaussure, il ne risque rien à vouloir faire la causette avec cette nouvelle arrivante totalement intrigante. Il ne cherche rien de particulier d'ailleurs, mais il se doute bien que la Thorstein ivre de ce soir là, aimerait beaucoup savoir pourquoi un crétin s'est mit sur sa route. Il a empêcher cette Femme de faire une grave erreur, et il est persuadé qu'elle ne veut pas le voir. Il sait que l'escorte ne sera pas forcément de tout repos, mais c'est bien ce qu'il cherche à vérifier.

Son mépris est inébranlable. Sa colère est aussi vive que la première fois. Plus Wayde s’exprime avec respect et civisme, plus la blonde devient mauvaise. Voilà qui le ferait presque sourire si encore il tenait à ce que cette relation s’envenime un peu plus. Mais la raison de Wayde Bradord le pousse à entretenir une relation partiellement correcte avec ceux qui seront amenés à partager les mêmes couloirs, salles ou pièces que lui. Depuis qu’il n’est plus adolescent, les scandales ne sont plus vraiment les passe-temps du conseiller qui préfère largement sa discrétion à son goût du spectacle. Il n’a plus 15 ans. Mais visiblement Askja Thorstein est encore au collège. Stupidement rancunière ou simplement vide de confiance, il n’y a qu’un pas. Il ne la connaît pas, pas du tout même, mais le peu qu’il voit d’elle lui donne autant envie de creuser que de la laisser à son compte. Pourquoi s’emmerder si gentiment avec quelqu’un de pareil ? Disons qu’il sagit presque d’une danse, une provocation. Chercher la petite bête pour voir jusqu’où elle est prête à aller. Cette Femme est sur le point d’être responsable d’enfants que Wayde commence à connaître. Elle ferait mieux d’être à la hauteur de leurs souffrances et de leur besoin de reconnaissance. Et tout ce qu’il voit pour l’instant, c’est une ignare blondinette qui joue les gros durs.

Jamais Wayde n’a douté de sa force et de sa faculté à mettre à terre l’homme qu’elle confrontait. Bien justement, elle allait reprendre l’avantage, ce qu’il aurait parfaitement respecté et apprécié si encore elle ne risquait pas de mettre leurs deux vies en péril : le tuer lui, et gâcher sa vie à elle. Aujourd’hui encore, il ne doute pas de la rancœur qu’elle éprouve pour Wayde, sûrement qu’elle le pense aussi macho que le plus con des machos, ce qu’il n’est en rien. Simple sauveur de la veuve et de l’orphelin, du clochard et du désespéré. Alors il reste lui-même, légèrement désinvolte dans sa courtoisie. Le jeune homme fier, farceur, rebelle, populaire et apprécié n’est jamais bien loin de l’adulte stricte et intolérant. C’est pour cette raison qu’au moment où elle le traite d’inconscient rabat-joie, il ne peut finalement pas empêcher ses dents blanches de percer à travers ses lèvres, détournant vers le sol ses prunelles bleues amusées. Rabat-joie, c’est sûrement ce que pense son neveu de lui. Mais venant de la pire rabat-joie des deux, il ne peut s’empêcher de sourire.

Puis il a le droit à un regard suspect et une nouvelle remarque typique de rabat-joie. Le comble. Oui, malgré la taille que fait cette école, leurs quartiers sont voisins. Il savait, bien évidemment, qu’elle n’apprécierait pas la nouvelle. Le sourire qu’il avait précédemment devient peu à peu jaune, incapable d’en dire plus. Que voudrait-elle qu’il fasse ? Qu’il s’excuse ? Le hasard les a remit sur la route l’un de l’autre, c’est inexplicable. « Un malencontreux hasard. » Dit-il avant de finalement perdre toute trace de son sourire passé.

Conscient que ça ne sera pas de tout repos, le conseillé -décidé à creuser- proposa à la remplaçante de John de l’accompagner jusqu’à sa classe. Vu les remarques accueillantes qu'elle a fait précédemment, il s’attendait à un refus certain. Bien au contraire. La nouvelle contourne Wayde et la chaise dont elle s’est levée avant de le percuter. Elle prend les devants, déjà en route pour sortir de la grande salle, déjà en route pour le premier étage. Puis une autre attaque gratuite sort d’un si joli minois, voilà ce que Wayde pense lorsqu’elle le traite de guide. Cela dit, elle n’a pas tout a fait tort, Wayde est bien un guide, et il compte en jouer, ignorant son ton condescendant. Peut-être ne s’interroge t’-elle pas seulement pour faire passer le temps, mais bien par envie ? On peut toujours espérer. « Ne soyez pas si condescendante, vous touchez juste. Je suis guide professionnel. Le conseiller d’orientation si vous préférez. Ça vous donne certainement une raison supplémentaire de reconsidérer mon emploi, mais si ça pouvait m’atteindre je me serais tu de vous le dire. » Dit-il sympathiquement, presque blagueur sans le moindre rire, passant à côté des élèves qui déjeunent encore. La fin des ses paroles lâchent une esquisse en coin, perdue entre la sympathie et la mesquinerie. Il reste poli -presque trop-, amusé, presque farceur à la recherche d’une appréciation sur le visage de son interlocutrice. Il aura toujours aimé ça, les défis.

Leurs pas vifs et rapides les mènent rapidement dans le hall. Son ancienne profession n’a pas lieu d’être dans cette conversation. Mais qui serait assez naïf pour croire qu’un conseiller d’orientations serait aussi observateur et fonceur que Wayde dans le bar ce soir là ? Qui pourrait croire qu’un simple guide professionnel puisse gérer avec tant de calme une situation comme celle du bal ? Il sait ce qu’il est, il sait ce qu’il fut. Les attaques d’une folle au verre brisé ne l’atteindront jamais, quand bien même autrefois, c’est lui qui provoquait. « Vous, qu’est ce qui vous amène ici ? Défoncer des sales types dans les bars commençait à vous ennuyer ? » Demande-t’il à son tour, alors qu’ils ont officiellement mis les pieds dans le hall du Château. Peut-être gagne-t'-elle tout le temps ses confrontations. Il n'en douterait même pas.

Plus il y pense, plus il trouve cela amusant. Non seulement ses deux têtes brûlées se retrouvent dans le même corps enseignant, mais en plus leurs bureaux sont voisins. Ajoutez à cela le fait que c’est contre son torse à lui qu’elle s’est percutée, et on serait forcer de croire que la main du destin les a mit là. Plus il y pense, plus il veut creuser. Plus il y pense, plus il veut savoir pourquoi cette rencontre a eu lieu ce soir, dans ce bar. Tout n’est pas toujours dû au hasard. C’est pourtant bien l’inverse qu’il déclara. Pour répondre à l’agacement de son interlocutrice, il se montra bien plus agaçant qu’elle.
Adorablement agaçant, voilà ce qu’il est. Poli et courtois, ne se montrant pas aussi piquant qu’elle, pas si ouvertement du moins. Il tente de briser la glace avec un humour léger, la preuve exacte de sa nonchalance face aux airs de gros durs qu’elle se donne à nouveau. Il prouve à cette Femme qu’il n’est pas son ennemi, que leur cohabitation dans le Château va devoir se faire, et qu’une bonne entente serait tout de même appréciable. Il sait cependant que si l’entente devient impossible, il saura faire avec. Alors c’est sans aucune honte qu’il lui avoue être le conseiller d’orientation, devenu plus un guide spirituel qu’un livre des métiers. C’est donc son utilité qui est reconsidérée, tout comme il s’y attendait. Alors il n’en fait rien. Car pour lui, personne dans une école aussi torturée ne saura trouver son utilité. Et il cherche encore celle d’Akja Thorstein. Comment va-t-elle conduire ses connaissances aux élèves ? Il lui tarde de le savoir.

En arrivant dans le hall, il était temps pour Wayde de demander à la nouvelle arrivante la raison de sa venue, l’occasion parfaite de faire à nouveau référence à ce fameux soir. Et enfin, il lui arrache un sourire. Certes léger et en coin, mais ses lèvres s’esquissent malgré tout. Il a aussi le droit a un début de réponse. Elle se rend là où le monde à besoin d’elle. Poudlard a besoin d’aide, c’est une certitude. Voilà que Wayde leur trouve finalement un point en commun. Venu pour se racheter une conscience ou rattraper du temps passer, l’ancien Auror est venu à Poudlard avec la conviction de pouvoir aider. Sa profession de cœur restera à jamais celle du soldat, qu’il le veuille ou non, qu’il ait ou non perdu sa Femme et sa fille pour cette raison. Et c’est bien ce qui le torture le plus. Il n'apprendra jamais à s'en défaire. « J'espère alors que vous saurez trouver votre utilité dans cet amas d'élèves perturbés. » Se référant à son soi disant "manque d'utilité", Wayde se demande encore quel rôle jouera la remplaçante de John. Comment compte-t'elle si prendre ? Remplacer les sales types par des élèves peut-être ? Espérons aussi qu'elle sache que frapper un élève est mal venu. Folle de tabassage et d'instruction, voilà deux caractères qu'il peut à présent noté sur son interlocutrice. C'est qu'il se moquerait presque d'elle au fond de lui, maintenant d'apparence cette attitude cordiale.

Leurs pas rapides les mènent rapidement en bas des escaliers. Ceux-ci n'en font qu'à leur tête, c'est bien connu. Wayde en viendrait presque à espérer qu'ils ne fassent pas de caprice et les mènent directement au premier étage. Puis elle s'exprime à nouveau d'une même politesse dans ses choix de mots, rapidement paradoxale en l'appelant à nouveau d'un surnom qui le fit rire précédemment. Askja demande indirectement le prénom du conseiller d'orientation. Il se fait alors un plaisir d'éloigner ce surnom bidon des lèvres de la grande blonde. « C’est vrai, au temps pour moi. Je suis Wayde, Wayde Bradford. » Le retiendra-t'-elle vraiment ? Il semble en tout cas que ça l’intéresse, un minimum. Elle n'a jamais oublié son visage, il semble alors ravi de la posséder une nouvelle fois en lui donnant son nom. Fierté masculine idiote.

Les deux personnels du corps enseignants mettent un pied sur la première marche de l'escalier. Grimper quelques marches jusqu'à ce que l'escalier se mette à bouger de lui-même. Une expiration forte s'extirpe de la bouche du conseiller, clairement face à ce qu'il redoutait. Il y avait seulement pensé, pourquoi doit-ce arriver ? L'escalier n'en fait qu'à sa tête et dévie leur trajectoire. Adossé au limon, les deux mains agrippées aux rampes en pierre de chaque côté de son corps, il se tourne alors vers la caractérielle, d'un air aussi désolé qu'amusé. « L'escalier n'en fait qu'à sa tête, il faudra qu'on redescende d'un étage. Alors, comment commence votre premier jour à Poudlard ? » Dis-il en la pointant du visage sur la fin. La question se veut tellement moqueuse que Wayde s'en voudrait presque, se mordillant la lèvre pour se retenir de rire. Asjka va devoir se coltiner Wayde plus longtemps qu'elle ne le voudrait, et il le sait bien.

Il sait. Il sait qu’elle ne veut pas se retrouver auprès de lui. Alors pourquoi accepter sa requête ? Pourquoi accepter qu’il l’accompagne jusqu’à ses quartiers ? Wayde se dit que leur sentiment est similaire. L’intrigue et la curiosité ne touchent pas que les jeunes. Deux adultes aussi peuvent se regarder d’un air suspicieux, plus ou moins amusé. La suspicion et la curiosité d'Askja se cachent derrière les regards vils et les remarques froides. Elle est ouvertement le genre de Femme que son ex Femme s’était cachée d’être. Croqueuse d’opportunité, dévoreuse d’âmes. Voilà qui ne le fait pas fuir pour autant. Voilà qu’il se laisse aisément prendre par cette attraction matinale, ignorant ses piques, déjouant ses mépris et usant d’une touche adorable des plus insupportable. Parvenant à mettre le sujet des enfants sur la table, Wayde lui fait savoir que leur état et leur santé lui importe beaucoup. Ça ne devrait alors pas étonner Thorstein de voir le conseiller accompagner les élèves à chaque sortie ou évènement organisé pour l’école. La dernière fois, sa présence fut fatidique. Il n’est pas étonnant non plus que le prénom dévoilé de Wayde ne provoque pas la moindre réaction transcendante. Pas de réponse, pas d’esquisse, simple réception, sûrement occupée à le garder dans un coin de sa tête. Thorstein, la désintéressée intéressée, mettant enfin un pied sur les escaliers, toujours plus proche de se retrouver à son bureau, seule avec elle-même.

Ou peut-être pas. Wayde ne savait pas pourquoi le destin s’acharnait à ce point sur eux, pourquoi ses escaliers avaient ressentis le besoin de n’en faire qu’à leur tête, leur faisant perdre des minutes de préparation. Les escaliers ont dû sentir toute la négativité qui fait rage dans cette Femme. Ils on dû sentir sa réticence et son mépris dévorant. Il n’y est pour rien, que les choses soient claires. C’est entièrement sa faute, qu’elle le veuille ou non. Du moins c’est ce qu’il pense. Il pense aussi que la situation est amusante, s’empêchant de sourire d’avantage en se mordillant la lèvre inférieur. Mais voilà qui l’a fait sortir de ses gonds plus facilement qu’en un claquement de doigt. Elle n’apprécie pas, elle n’apprécie pas du tout. Donnerait-elle le sentiment de ne pas croire aux coïncidences ? C’est pourtant ce qu’elles sont, rien de plus. Aucune machination n’a été mise en place par Wayde pour lui imposer une telle situation désobligeante. Il serait presque désolé pour elle si encore ça ne l’amusait pas. Voir un visage froid se congeler sur place à la moindre contrariété est satisfaisant pour lui. « Ça fait beaucoup, je vous l’accorde, même pour moi. » Voilà tout ce qu’il trouve à répondre, lèvres pincées, embêté, soudainement défait de tout amusement visible, incapable de donner une solution à ses coïncidences barbantes. Appelons un chat un chat. Il ne sait pas.

Puis sa moquerie légère et bon enfant semble avoir agacer la fierté de la nouvelle professeur de défense contre les forces du mal. La voilà qui croise les bras sur la poitrine, une image qui rappel celle d’un enfant boudeur ou d’une institutrice contrariée. Ses deux visages lui vont bien. Ajoutez celui de l’ivrogne violente et sanguinaire, et vous aurez un personnage à part entière. « Je peux m’arrêter de sourire si vous voulez mais je serais bien moins conciliant et ma compagnie vous serait d'avantage désagréable. » Un fait certain, un fait auquel il ne sourie pas cette fois, malgré le sourire enjoué plutôt jaune de son interlocutrice. Se contenter de fixer Asjka, les sourcils légèrement haussés. Il pourrait cependant bien les froncer en se retrouvant comparé à un cafard. A-t’elle seulement conscience de ce qu’elle dit ? Wayde n’est ni son ami, ni son ennemi. A partir de ce jour, il est son collègue, inconnu en phase de connaissance. Une chance pour elle, la tolérance de Wayde est de bonne humeur ce matin. Il sait qu’à agir de la même manière, rien n’en découlerait de bien. Alors il fait un nouvel effort, faisant taire son intolérance et sa fierté. « Les cafards sont increvables. » Dit-il d'un air mesquin. Wayde devient cependant légèrement plus froid, déjà éloigné de toute esquisse bon enfant. Il veut bien jouer les gentils garçon quelques temps, s’efforcer de maintenir un respect nécessaire entre deux adultes, il y a des limites. Il ne se serait pas permis de la traiter de mégère. Il ne montre pas son agacement plus que ça, lui tournant finalement le dos pour monter quelques marche supplémentaires en attendant que les escaliers se décident à les mener dans le hall du premier étage. « Si ça peut vous rassurer, nous y sommes presque. Il était question d'une petite minute de contretemps. Vous pourrez bientôt vous délecter de votre solitude. » Dit-il d'une esquisse désinvolte se reflétant parfaitement dans sa voix, montant les escaliers en mouvement pour gagner plus de temps. Cette femme est seule dans sa vie, il en mettrait sa main à couper. Wayde, toujours aussi courtois, même en pleine désinvolture. Un contrôle sur lui-même. Un contrôle sur les autres.

Comment fait-il ? Comment fait-il pour rester aussi calme et contrôlé face à quelqu'un de si fermé. Ce n'est pas tant qu'elle est fermée, c'est surtout qu'elle maintient une défensive parfaitement inutile. Mais il entend bien que la rancune de la jeune Femme s'apitoie sur Wayde et leurs retrouvailles. C'est sûrement pour cette raison qu'il accepte si facilement les choses, n'éloignant pour autant pas de lui une défense nécessaire. Il parle poliment, elle remballe. Il ne peut pas sourire, la fierté de la Dame est bafouée. La conversation qu'il a entamée pour mieux connaitre sa future collègue le conforte dans son idée de base. Elle va être dure à supporter.

Alors le conseiller perd un peu de sa patience, et le caractère d'Askja déteint sur son visage et sa voix. Le peu d'amusement qu'ils avaient est mort. Il fait alors savoir à son interlocutrice que ses efforts commencent à faiblir, que son sens de l'honneur et sa maturité lui dictent d'abandonner la décence. Il n'agit que par convenance, mais elle le met au défi continuellement. Cherche-t-elle a tester ses limites, ou le déteste-t-elle tant que ça ? Ce doute le pousse à garder un minimum de raison encore, et à maintenir la marche jusqu'à la pièce promise à Askja. Il ne répond même pas aux mots qui méprisent sa conciliance et préfère défendre le cafard et sa résistance. C'est ce qu'il est, résistant et increvable. Bon nombre de personnes ont déjà essayé de mettre l'ex Auror à bas. Aucun n'y est parvenu. Et si ses mots sont des menaces, la situation est bien pire qu'il ne pensait. Mais elles n'en sont pas. Thorstein se joue de lui et se vente d'une poigne de fer, ce qui lui esquisse un sourire mesquin alors qu'il lui tourne le dos pour ne plus avoir à regarder son visage détestable, à la fois avancer plus vite au sommet des escaliers. Fuite qu'il justifie bien par le temps gagné, démarche qu'il défend d'un pique légèrement désagréable, visé avec choix sur la recherche de solitude adorée par la nouvelle. Wayde subitement désinvolte se voit suivre de près par Askja. Elle lui fait confiance malgré tout, et le suivra par tous les étages s'il le fallait, il en est sûr.

Finalement, c'est la bière qu'elle préfère à la solitude. Une bière en solidaire alors ? Pas avec Wayde en tout cas, ça c'est certain. Quoiqu'il en soit, cette boisson le réfère au soir de leur rencontre et sa réponse va alors de soi. « Vous faîtes bien ce que vous voulez. Tant que vous ne cherchez pas à frapper les élèves après coup. » A ses mots, il se tourne enfin vers elle à nouveau, désinvolte mais amusé. Il ne pouvait s'en empêcher.

Puis voilà qu'elle retourne ses mots contre lui. C'est quoi ça ? Une tentative d'humour ? Cela fait plutôt lever un sourcil intrigué à Wayde. Se faire comparer à un cafard le reste de l'année ne va pas lui plaire. Mais c'est ça ou elle se goure volontairement de prénom. Le deuxième choix est sûrement moins pire. Toujours plus enfantine. « Donc si j'entends des enfants crier je n'ai pas besoin de m'alerter, ce sera parfaitement normal d'après vous, Natasha ? » Demande-t'il un peu moins froid, presque sincère dans sa question, tout autant moqueur. Ça ne le sera évidemment pas. Cette femme a un grain. Mais il ne s’intéresse pas plus que ça à ce qu’elle a prévu. Si vraiment elle compte faire du bruit, il le saura tôt ou tard. Puis les voilà qui arrivent enfin au début du premier étage, comme il l’avait convenu. Plus que quelques portes, et ils seront débarrassés l'un de l'autre. Il veut à peine lui poser plus de questions. Il a eu sa dose d'Askja pour aujourd'hui. Oh il s'amuse bien, oui, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Elle pourrait bien lui donner mal au crâne.