dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR
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(#) Sujet: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mer 19 Fév - 23:48
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Jeu 20 Fév - 22:46
dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin
Je me laisse tomber sur mon lit dans un soupir accompagné d’un tourbillon de tissu rouge sang, les lèvres ourlées de carmin et d’une moue pensive. Cette écoeurante soirée était enfin terminée ! Une traversée d’un Enfer pavé de sourires abrutis et d’une décoration douteuse. L’impression d’avoir perdu mon temps subsistait néanmoins. Si j’avais planifié de passer cette soirée à me moquer allègrement des imbéciles transis d’amour qui espéraient déclarer leur flamme à l’élu de leur coeur, cette minable directrice avait réduit tout cela en poussière. Au lieu de m’amuser quelques heures en compagnie de Misha ou de mon frère adoré, à tourner en ridicule mes camarades, j’étais restée assise ces mêmes heures durant, en face d’un cavalier que le hasard avait choisi à ma place sans se montrer propice à quoique ce soit d’agréable. Dès que le dessert avait été terminé et le discours de remerciements fastidieux avec lui, je n’avais pas cherché à perdre une seconde de plus à la table partagée avec Lindberg. Je n’avais pas envie d’attendre que Finnbjörn termine son entrevue avec cette sang-de-bourbe incestueuse - nous n’aurions qu’à débriefer le lendemain si seulement il comptait partager quoique ce soit avec moi - mais j’avais retrouvé Misha en quittant la grande salle. Au moins ce dîner avait-il commencé et se terminait-il en compagnie plus plaisante que celle qui l’avait rythmé. Sa vulgarité et ma cruauté comparèrent leurs rendez-vous respectifs, comptant les points de celui qui avait le plus fait regretter à ses partenaires de se trouver à sa table. Rester dans la salle commune à entendre mes camarades piailler sur cette merveilleuse idée et sur les rencontres qu’ils avaient faites me donnant envie de vomir, j’avais rapidement laissé Misha à ses occupations pour trouver le silence de mon dortoir. En vérité, je me demandais à quoi Junior avait bien pu occuper ces heures qu’une partie du château avait passées en rendez-vous galants. L’arrivée bruyante de mes colocataires qui jacassait comme les poules qu’elles étaient me fit me redresser. Un sourire mauvais aux lèvres, je les suis du regard tandis qu’elles rentrent les unes à la suite des autres dans notre dortoir. Une lueur bleue accapare cependant bien vite toute mon attention. J’étais certaine que mon carnet était désespérément terne à mon arrivée dans la chambre. Je l’ouvre prestement, mes prunelles claires parcourant les quelques mots que venait de tracer la plume de mon meilleur ami. Les traits illuminés par la proposition qui m’était faite, je quitte mon matelas pour partir en quête de vêtements adéquats. Je n’avais pas besoin de réfléchir à deux fois à mon envie d’y aller ; cependant, j’allais lui en tenir rigueur, ça oui ! s’il s’était décidé à aller voir si la salle de bain des préfets était libre avant le début de cette soirée idiote, j’aurais bien moins perdu mon temps et nous serions déjà entourés de bulles et de mousses parfumées. Il n’était jamais trop tard pour retrouver notre réconfortant Royaume, mais il n’y avait pas non plus une minute à perdre. Mes mains fouillent ma malle à la recherche d’un maillot de bain et ne tombent que sur le tissu rouge que je m’étais approprié durant mon tête-à-tête avec Phoenix, au balcon du monde. Je le fourre rapidement entre les plis désordonnés d’un pull dont la poche ventrale est alourdie de ma cape d’invisibilité. Il était hors de question qu’une de mes camarades un peu trop zélée ne décide d’aller balancer à l’un des deux crétins qui nous servaient de préfets que Erin Sørensen venait de fuir le dortoir avec un maillot de bain entre les doigts. Ils ne respiraient pas l’intelligence, mais je soupçonnais qu’ils se montreraient particulièrement perspicaces s’il s’agissait de m’empoisonner la vie. Wheelerrr a un faible pour les femmes maturrres, Berrrckley est en couple avec une fille de Serrrpentarrrd et Rrrimes… a de plus hauts standarrrds que ça fais-je en tournant un regard dédaigneux accompagné d’un rictus moqueur en direction du trio d’imbéciles. Les évidences que je pointe du doigt se fraient lentement un chemin dans l’esprit lent de mes camarades qui écarquillent de grands yeux empreints d’un chagrin lourd de colère. Je vais prrrendrrre l’airrr, on étouffe sous la calamité ici. Sur ce, je referme ma lourde malle en bois précieux et amorce un départ. Juste avant de traverser mon dortoir pour le quitter, mes yeux se posent sur le bouquet de quarante roses offert par Junior ce matin même. Je les avais déjà enveloppées d’un sort les empêchant de faner et elles resplendissaient dans un vase onyx. Une pensée me traverse l’esprit, fait naître un sourire, et pousse mes doigts fins qui ne tiennent pas mon pull à se saisir d’une des fleurs, laissant les trente-neuf autres derrière. Je passe enfin entre les trois abruties qui m’observent sans être capables de répliquer quoi que ce soit et je m’évanouis dans l’obscurité du couloir.
La salle commune avait désempli et les quelques élèves restants étaient bien trop occupés à refaire le cours de leurs amours pour prêter attention à l’ombre écarlate qui traversa la pièce avant de disparaître. Les couloirs étaient vides de toute présence et j’atteins le quatrième étage sans rencontrer âme qui vive et sans avoir besoin de tirer ma cape d’invisibilité de son nid. Le plaisir de retrouver mon meilleur ami était rehaussé du lieu où il avait décidé de passer cette fin de soirée. Avec un murmure destiné au battant en bois qui me fait face, je pénètre silencieusement dans cet endroit dont les mérites sont tant vantés. Si Poudlard ne cessait de m’étonner par sa médiocrité, il me fallait reconnaître que cette pièce échappait à cette tradition. Tout n’était que marbre blanc voluptueusement éclairé par un lustre en cristal qui diffusait une douce lumière sur le bassin creusé à même le sol. Une centaine de robinets formaient un magistral bouquet de métal. C’était d’ailleurs ce qui accaparait toute l’attention de Junior au moment où je faisais glisser le loquet de la porte dans mon dos. Un coin de la salle de bain était empli de serviette dont le moelleux ne faisait aucun doute. C’était là un terrain de jeu à la hauteur de notre royaume. Je laisse glisser mon pull et ce qu’il enveloppe aux côtés de la cape du Serpentard lâchement délaissée au sol. Puis je le rejoins près du faisceau de robinets et pose doucement mon menton par-dessus son épaule. Est-ce que tu penses comme moi ? Il va falloirrr tous les essayer. Un à un. Je lève deux pupilles faussement candides en direction de son visage avant d’abandonner ce contact pour le contourner et lui faire face. Je suis rrravie de constater que tu utilises enfin la prrrécieuse inforrrmation que tu m’avais demandée de dénicher. Qu’est-ce qui t’a décidé à en fairrre usage maintenant ? Mon sourire amusé attend une réponse que mes yeux cherchent dans les traits anormalement renfermés de Junior. Quelque chose ne va pas ? Je m'inquiète évidemment : a-t-il été la proie de l’un de ses cauchemars nocturnes qui lui troublaient l’esprit ? Ou bien peut-être ne trouvait-il tout simplement pas le sommeil. Tiens fais-je subitement, ramenant la main qui maintenait cachée la rose derrière mon dos entre nos deux corps et la tendant vers lui avec un air espiègle. Voici mon carrrton d’invitation. Puisque son bouquet de quarante roses représentait désormais quarante propositions de rendez-vous, je me devais de ramener mon faire-part légitimant ma présence ici. Je n’avais, évidemment, pas besoin de ça pour être légitime à me trouver en compagnie de mon meilleur ami - je l’étais plus que n’importe qui - mais l’idée m’avait traversé l’esprit trop promptement pour que je ne puisse la réfléchir ou pire, la réfuter.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Lun 24 Fév - 15:51
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 25 Fév - 19:39
dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin
Le verrou coulisse sous mes doigts et mon regard croise brièvement celui de Junior. Il m’accueille d’un ton des plus neutres avant de reporter son attention sur le majestueux bouquet de robinets dorés qui surplombent une partie du bassin en marbre. Pas de taquinerie, ni de sarcasme, pas même un sourire. Frappée par ce visage aux traits absents, je ne m’en avance pas moins dans sa direction. Déjà ? Tu veux plutôt dirrre enfin. C’était l’Enferrr surrr terrre soufflé-je d’exaspération. Je détaille l’endroit du regard. Il pourrait bien parvenir à redonner de l’éclat à cette soirée ternie par le rose nauséeux qui avait achevé d’ôter toute magie à la grande salle. La magnificence de la pièce était relevée des matériaux nobles qui la composaient ainsi que de l’intimité dans laquelle elle nous plongeait. Un Royaume supérieur au dernier que nous avions foulé de nos pieds. La réserve n’avait pas que déçu ma soif de magie noire, elle avait également porté un coup vicieux à cette relation précieuse que nous partagions. Il n’y avait pas que les bibliothèques qui s’étaient écroulées ce soir-là. Le lendemain, pourtant, nous agissions de nouveau comme nous l’avions toujours fait. Il fallait bien plus qu’une expédition nocturne ratée pour entacher tout les sentiments que je portais à mon meilleur ami mais le doute s’était ancré ce soir-là. S’il n’avait pas repointé le bout de son nez, rien ne garantissait qu’il n’explose pas de nouveau. Ce soir pourtant, enfermés dans la salle de bain des préfets, il me semblait que rien ne pourrait nous atteindre. Comme un cocon sécurisant, semblable à celui qui nous avait accueilli le soir où nous fêtions nos anniversaires, nous redevenions un Roi et une Reine, dans un Royaume endormi. Cette goule d’Appleton avait orrrganisé des rrrendez-vous aléatoirrres entrrre tous les parrrticipants. J’avais prrrévu de me moquer allègrrrement des imbéciles trrransis d’amourrr qui venaient ce soirrr, au lieu de ça je suis rrrestée assise pendant une éterrrnité et j’ai dû me coltiner trrrois tête-à-tête désespérrrants lui raconté-je succinctement, le ton écoeuré par ces souvenirs désagréables. Mes bras se délestent des vêtements qu’ils portent et je rejoins Junior.
Mon menton appuyé sur son épaule, je me perds quelques secondes dans l’eau jaillissant du robinet qu’il venait d’ouvrir. Un parfum floral commençait doucement à flotter dans la pièce. Je lève deux prunelles faussement innocentes, mais surtout pétillantes de malice, en direction du visage de mon meilleur ami. Maintenant que nous étions ici, avec cette pièce d’eau rien que pour nous, il me semblait évident qu’il allait falloir essayer chacun des jets que nous offrait le florissant bouquet de métal. Seulement, Junior n’a pas l’air plus emballé par cette idée que ça et il hausse distraitement les épaules, me poussant à délaisser mon appui. Froissée par son manque d’enthousiasme flagrant je vais pour lui faire face tandis que le désagréable souvenir de la fois précédente se superpose au moment présent. La différence c’est qu’il m’a sciemment proposée de le retrouver ici ce soir, l’effet de surprise ne joue donc pas dans son absence évidente d’engouement. Je ne savais pas que tu avais des impérrratifs ce soirrr répliqué-je, légèrement vexée. Dans mon dos, mes doigts commencent à jouer mécaniquement avec la rose qu’ils tiennent toujours. Toute l’attention de Junior revient aux robinets tandis qu’il en essaie un nouveau. Pour quelqu’un réticent à les essayer, il semblait actuellement y mettre toute sa concentration. Un sourire moqueur étire mes lèvres alors que je constate les paillettes qui se déversent par flots entiers dans le bassin de marbre. Je m’interroge sur ce qui l’a poussé à faire usage du mot de passe que j’étais parvenue à glaner ce soir précisément et lui pose la question, à la recherche d’une réponse. Une nouvelle fois, il a l’air d’avoir oublié comment se montrer euphorique. Mes sourcils se froncent, ma fierté piquée un peu plus profondément. Depuis que j’étais entrée dans cette pièce, il ne m’avait pas dessiné le moindre sourire, je n’avais pas eu le droit au moindre surnom plein de miel dont nous nous entourons continuellement, il semblait ailleurs et pas franchement heureux de se trouver ici. Il ne prenait même pas la peine de m’amener à penser que nous nous retrouvions maintenant parce que je lui avais manqué ce soir.
Mon impatience commençait doucement à brûler toute la joie que j’avais de passer ce moment avec Junior. Je lui demande alors si quelque chose ne va pas. Peut-être avait-il été incapable de trouver le sommeil, maintenu éveillé par ces cauchemars qui ne le laissaient jamais tranquilles. Peut-être avait-il appris une grave nouvelle. Les suppositions allaient bon train mais aucune d’elle ne me donnerait la vérité et je n’avais pas envie de perdre du temps à deviner ce qu’il se passait. Il secoue négativement la tête et mon premier élan spontané est de le croire, inconditionnellement. Après tout, nous n’avions pas de secrets l’un pour l’autre, n’est-ce pas ? S’il y avait bien une personne dans ce satané château en qui je pouvais avoir une confiance aveugle, c’était Junior. Il allait sans dire que je confierais ma vie toute entière à Finnbjörn et sans hésiter une seule seconde, mais il avait une tendance psychopathique à me cacher à peu près tout. Je vais donc pour baisser les armes et accepter sa parole comme vérité absolue mais déjà son regard fuit le mien. Cette dérobade manque d’arrêter net mon geste et je ne prête pas la moindre attention à ce qu’il me désigne. Il s’empare de la rose que j’étale sous nos yeux et même ce geste est empreint d’indifférence désabusée. Et puis s’en soucier plus que ça, il casse la tige en deux. Le pincement que je ressens se reflète dans mon regard blessé. Une seconde à peine avant qu’une ombre ardente ne voile mes pupilles claires. J’ai envie de repousser ses doigts d’un geste violent et rageur mais je reste de marbre, écoutant sans réellement l’entendre affirmer qu’elle m’ira mieux à moi. Je serre les dents et je ravale la boule dérangeante qui monte le long de ma gorge, mélange de colère et de chagrin. Je n’y croyais même pas et je n’avais, en réalité, plus aucune envie d’y croire.
La raison derrière cette invitation m'échappe complètement. S’il ne voulait pas me voir et s’il préférait se montrer renfrogné, il pouvait très bien le faire tout seul : il n’avait pas besoin de moi pour cela. Une robe écarlate. Des lèvres vermeilles. Une rose flamboyante dans les cheveux. Et un regard bouillonnant. Le voilà qu’il me jette un dernier regard empreint d’une ombre indéfinie, comme si me voir ainsi coiffée le peinait immensément. C’était décidément à n’y rien comprendre et je n’aimais pas du tout ça. Il revient à la charge avec ces robinets comme s’il tenait plus que tout alors que quelques minutes plus tôt il s’en montrait encore parfaitement désintéressé. D’un geste rageur et brutal, j’en ouvre une rangée à la suite, ignorant la douleur piquante qui traverse ma paume. Je ne cherche même pas à savoir ce qui coule désormais dans le bassin et j’ignore donc la mousse dorée, les petits flocons, l’eau violette, je ne sens même pas les divers parfums qui viennent se mêler au premier. Je me contente de faire un pas pour capter le regard de mon meilleur ami et c’est deux pupilles étincelantes qui accrochent les siennes et refusent de les lâcher. Je ne sais pas ce qu’il se passe, Juniorrr, mais tu as intérrrêt à me le dirrre tout de suite. Je ne suis pas venue te rrretrrrouver à toute vitesse pourrr fairrre face à un murrr de glace. Je ne lui laisse, en fait, même pas le temps d’expliquer quoi que ce soit. Je repasse derrière lui et emporte avec moi mon égo blessée en direction du tas d’affaires au sol. Sauf si tu ne veux pas que je rrreste, et dans ce cas-là, il ne fallait même pas m’inviter. continué-je, acide. Peu importe ce qui lui passait par la tête, je n’aimais pas cette façon froide et indifférente qu’il avait d’agir avec moi. Mes gestes empressés fouillent le pull à la recherche du maillot de bain qui y était caché. J’ai quand même envie de profiter de cet endroit. Bien évidemment, si Junior s’avisait de me dire qu’il ne voulait pas me voir, je n’allais pas lui faire l’honneur de profiter de ma présence un peu plus longtemps, mais il pouvait être certain qu’il ne reverrait jamais le moindre trait de mon visage, sauf peint d’un désintérêt profond. Je le trouve et me redresse, le tissu rouge entre mes doigts serrés par l’agacement. Je fais de nouveau face à mon meilleur ami plus glacial que la banquise et croise mes bras sous ma poitrine. J'étais blessée mais mon orgueil touché préférait fixer sur lui un regard que la peine rendait empreint de colère et une moue franchement irritée par les ronces piquantes de son accueil. Le tableau personnifiant le mécontentement quelque peu gâcher par une bulle, probablement sortie de l'un des robinets que j'ai ouvert sans même y prêter attention, qui vient exploser sur le coin de ma pommette.
electric bird.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mer 26 Fév - 14:16
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Jeu 27 Fév - 12:14
dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin
Mon plaintif résumé de la soirée que je venais de vivre semble échouer à trouver un interlocuteur intéressé. Pas un sourire compatissant bien qu’un brin moqueur, ni même quelques mots tendrement empathiques. Je venais de traverser l’Enfer, et plutôt que de s’en plaindre avec moi ou de me taquiner sur ces pitoyables rendez-vous que j’avais été obligée d’honorer, Junior m’offre un simple regard flegmatique. Ma fiertée indignée annonçait déjà bruyamment la couleur de ce qu’il adviendrait si mon meilleur ami conservait cette indifférence insultante ; le seul bruit qui retentit cependant est celui de mes pas qui résonnent contre le marbre du sol tandis que je m’avance jusqu’à lui. Notre dernière échappée royale n’était pas qu’un bon souvenir, mais au milieu de cette escapade orageuse subsistait la douceur d’une étreinte imprévue. Ça avait été la première fois que je m’étais laissée aller à un besoin aussi impérieux que celui de sentir la présence physique de mon meilleur ami tout contre moi. Mon visage enfoui dans son pull, son délicat parfum que je connaissais par coeur, ses doigts qui jouaient distraitement avec mes cheveux, et quelques confessions étouffées dans cet enlacement. Les marques d’affection que j’avais à son égard étaient toutes des plus naturelles pour moi : des surnoms français mièvres aux furtifs baisers sur sa joue, notre proximité m’était familière et évidente. Pourtant, nos deux corps serrés l’un contre l’autre dans la réserve portaient une saveur en plus. Si j’avais aimé ces quelques instants tirés hors du temps, le moment était resté unique jusqu’à présent : je n’allais pas commencer à faire des câlins à tout-va à Junior. Toujours est-il que sa présence était des plus apaisantes et que je recherchais son contact sans même le faire consciemment. Ma tête posée sur son épaule en est une preuve suffisante. Ce qui avait toujours été naturel et évident se craquèle violemment alors qu’il me repousse d’un geste indifférent.
Le reste s’enchaîne assez rapidement et selon une logique prévisible. Son apathie est comme quelques sortilèges cuisants qui viennent réveiller mon impatience et mes prunelles s’assombrissent à mesure que mes tentatives échouent, les unes après les autres. Elles étaient semblables à des vagues, puissantes et invulnérable, qui s’écrasent contre une falaise encore plus solide et imposante. Elles pouvaient bien parvenir à creuser la roche pour gagner du terrain, mais cela prendrait des siècles. Je n’avais pas autant de temps devant moi et je ne comptais nullement lutter pour obtenir une marque d’attention de la part de Junior. Si monsieur s’était levé du pied gauche, ce n’était pas à moi de me prendre sa royale mauvaise humeur de plein fouet. L’agacement était décuplé par son invitation, raison de ma présence ici. S’il avait voulu ronchonner toute la soirée, il aurait aussi bien pu le faire dans son dortoir, seul. Ma présence, bien que grandement appréciable, n’était pas indispensable dans ce genre de situation. La rose que je lui tends malgré tout et qu’il casse en deux achève d’obscurcir mes traits. J’étais froissée et offensée, comme une Reine à qui l’on venait de faire subir un outrage. Les dents serrées, deux prunelles cristallines blessées par son geste, j’hésitai franchement à repousser son mouvement visant à coincer la rose rompue entre mes cheveux. Mais le temps que l’idée prenne vie, il avait déjà terminé son amer manège.
Toute son attention reportée sur les robinets et il lâche la parole de trop. D’un geste violent j’ouvre une rangée entière de robinet, sans même prêter attention à ce qui s’en écoule. C’était la dernière de mes préoccupations. Mon regard flamboyant accroche celui de Junior que je sens méfiant. C’en devenait presque insultant. Mon égo piqué s’exaspérait de la scène qui se jouait sous mes yeux. Mon ton devenu tranchant le somme de s’expliquer immédiatement sur ce qui le préoccupe et le rend aussi désagréable présentement, mais ma fierté blessée ne lui laisse pas le temps de le faire. Je m’éloigne déjà, mes gestes rendus brusques par la colère qui brûle de plus en plus fort. Provocante, je fouille mes affaires à la recherche du maillot de bain qui s’y trouve au moment où je laisse tomber l’idée menaçante qu’il ne fallait pas m’inviter s’il ne voulait pas me voir. Le tissu rouge entre mes doigts, je fais de nouveau face à Junior qui venait de refermer un à un les robinets que mon geste rageur avait déverrouillés. Une odeur entêtante me donnait envie de vomir et je n’arrivais pas à déterminer s’il s’agissait du parfum échappé des différents robinets ou bien de celui, plus cruel, de l’orage qui pointait le bout de son nez. Je voulais des réponses, et à la moindre qui serait insatisfaisante, je partirais sans me retourner. Qu’il se noie dans ses regrets et dans l’eau devenue violette !
Bras croisés sous ma poitrine, mon regard opalin le défie sans ciller. Une bulle grosse comme un souafle vint exploser sur le coin de ma joue, laissant éclater une senteur florale, mais je ne bouge pas. Il voulait un froid polaire ? Je pouvais le lui donner, même si le mien était plutôt du genre brûlant. Il ne fallait pas venirrr du tout dans ce cas-là répliqué-je du tac-au-tac. Le sens du devoir qui émanait de sa justification laissait un arrière-goût amer à toute la situation. En réalité, sa réponse me blessait encore plus alors que j’y décelais une obligation que son stupide honneur s’était vu forcé d’honorer. Je commençais même à supposer qu’il avait peut-être espéré que je ne viendrais pas, et cette simple idée me rendait aussi furieuse que triste. Mais après un bref regard en direction du bassin presque débordant, il rajoute qu’il comptait m’inviter plus tôt dans la soirée. Il jouait toujours les indifférents flegmatiques, mais je commençais - enfin - à déceler autre chose sous la surface. Rassurée de découvrir que mon meilleur ami n’était pas devenu un étranger entre cet après-midi et le moment présent, j’écoute d’une oreille un peu plus conciliante ce qu’il a à dire. Mes yeux s’agrandissent avant que mes sourcils ne se froncent tandis qu’il critique mes fréquentations. C’était quoi son problème ? Je l’écoute sans vraiment l’entendre balayer le sujet d’un peu importe absent de toute conviction, à croire qu’il a oublié comment se montrer éloquent et le suis du regard tandis qu’il revient, une nouvelle, à son sujet préféré - à savoir le bassin, les robinets, et toute la foutue eau qu’ils étaient capables de verser - en me rejoignant pour fouiller ses affaires. Donc, si je comprrrends bien, tu me boudes parrrce que je suis allée à la Saint-Valentin avec Brrradforrrd, aprrrès que tu aies décliné mon invitation pour m’y accompagner ? Mon ton franchement sarcastique appuie volontairement ce que je juge imbécile dans la situation. C’était lui qui n’avait pas voulu m’accompagner et être mon cavalier ce soir et il osait maintenant battre froid avec moi car j’y étais allée sans lui. Il ne méritait absolument pas que je lui avoue l’avoir cherché du regard en descendant jusque dans le hall d’entrée, espérant encore qu’il choisirait de pointer le bout de son nez et que nous pourrions passer une soirée tous les deux. Que ce soit parce qu’il me proposerait de m’enlever à ce ridicule théâtre d’échanges amoureux ou parce qu’il choisirait de participer à la soirée organisée par l’école. Surrrtout dis moi si je me trrrompe, Juniorrr, n’hésite pas poursuis-je sur le même ton, certaine de ne pas me tromper du tout. Néanmoins, mon meilleur ami était encore capable de se draper de sa mauvaise foi légendaire pour m’assurer que ça n’était pas ça du tout.
C’est pourrr éviter ça qu’il fallait essayer tous les rrrobinets. fais-je enfin, en réponse à son manque d’enthousiasme face à la couleur de l’eau. Couverte d’insolence hautaine, je lui tourne le dos pour aller me cacher sommairement derrière deux colonnes en marbre. Une intimité toute relative afin de pouvoir enfiler mon maillot de bain. Si Junior était de cette humeur uniquement parce que j’avais passé la soirée avec Misha - ce qui n’était pas le cas, au final - je ne doutais pas de pouvoir lui redonner le sourire rapidement. J’avais simplement envie de profiter de cette escapade avec lui : et par lui, j’entendais Junior dans toute sa splendeur et pas cette pâle copie grognon. Je t’ai cherrrché dans le hall. Mon aveu brise quelques secondes de silence. Balancé sans préavis, il est d’un ton neutre que j’ai royalement emprunté à mon meilleur ami. En même temps, dévêtue de ma robe rouge, j’enfile prestement le maillot de bain que je dois à Phoenix. Je reviens près du bassin, laissant tomber mes affaires avec les autres, récupérant au passage ma baguette à moitié cachée par la cape. Evanesco ! L’eau violacée et presque inquiétante du bassin disparaît en un clin d’oeil. Est-ce qu’on peut maintenant essayer tous les rrrobinets ? demandé-je à Junior, le regard lourd de provocation amusée, un début de sourire qui ne demandait pas grand chose pour s’agrandit.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Ven 28 Fév - 14:59
Spoiler:
1 & 2 — Mon geste fut plus précis que prévu et ma pauvre amie se retrouva rapidement trempée. Je ne pus m’empêcher de glousser, satisfait, et refermai le robinet.
— Oops.
5 & 6 — Mon geste fut plus précis que prévu et ma pauvre amie se retrouva rapidement trempée. Je ne pus m’empêcher de glousser, satisfait, et refermai le robinet.
— Oops.
Malheureusement, dans mon amusement, je bougeai légèrement, mon doigt ripa le long du bec et je m’arrosai bien plus que je ne l’avais fait avec elle. Ah mais non ! Ça ne faisait pas du tout partie du plan ça !
Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Ven 28 Fév - 14:59, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Ven 28 Fév - 14:59
Le membre 'C. Junior d'Archambault' a effectué l'action suivante : Le Hasard
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Sam 29 Fév - 17:35
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junior & erin
Je n’aimais pas ce que j’entendais ni ce que je percevais. Une mélodie émaillée de fausses notes qui se répercutaient brutalement contre le marbre de la salle de bain et écorchait violemment mes sens. Retrouver Junior n’était jamais qu’un plaisir exclusif qui me manquait bien vite aussitôt que nos instants à deux se terminaient. Depuis que je l’avais rejoint ici, ce n’était cependant rien d’autre qu’une chape de plomb qui pesait lourdement sur nos échanges et dont je ne comprenais pas l’origine. L’incompréhension était sur la liste des choses capables de m’agacer en un éclair ; d’autant plus lorsqu’elle naissait d’un échange avec mon meilleur ami. Le sentiment douloureux que toute la situation coulait entre mes doigts sans que je ne puisse la retenir m'énerve. L’attitude de Junior était blessante, vexante et offensante. Il n’avait pas l’air heureux, ni d’être ici, ni d’être avec moi. Ma fierté piquée à vif se charge de lui soumettre l’idée de ne pas venir du tout dans les cas où seule une obligation qu’il s’était lui-même imposée le poussait à me convier à le rejoindre. Je valais bien mieux que cette impression détestable d’être un fardeau pour l’une des rares personnes dans ce monde qui n’en était pas un pour moi. Je ne m’attendais plus à rien de sa part, néanmoins il parvient à écorcher un peu plus mon euphorie avant de l’arroser d’une amertume brûlante. Il ne niait rien du tout, admettant donc qu’il aurait mieux fait de ne pas venir ici, mieux fait de ne pas m’inviter à le retrouver.
La fin de cette catastrophique soirée - une de trop à notre actif - se dessinait sans mal sous mes yeux brillant d’un feu mécontent tiré de ma fierté éplorée. Ma patience avait des limites qui étaient très rapidement atteintes, quand bien même je me montrais d’une conciliation inégalable s’il s’agissait de Junior. Ce seuil franchit ne souffrirait pas que je reste une seconde de plus à subir l’affront de la sècheresse du Serpentard à mon égard. Ce dénouement est évité de justesse au moment où il explique avoir voulu m'inviter ici avant même que la soirée de Saint-Valentin ne débute. Je décelais de nouveau mon meilleur ami dans une inflexion de voix, dans l’ombre d’un regard. Ce n’était pas encore ça, mais comparé à quelques secondes plus tôt, c’était comme retrouver quelqu’un que l’on croyait mort. Je ne saisis pas immédiatement le rapport entre son désir de me tirer de cette réception infernale, ses considérations quant à mes fréquentations et son humeur capricieuse de l’instant. Mais la lumière éclaire rapidement les zones d’ombres et je reste ébahie face au culot dont il fait preuve. Mon ton sarcastique au possible le suit alors qu’il se rapproche de moi pour fouiller à son tour dans les affaires qui traînent au sol. Je baisse le regard, celui de mon meilleur ami m’échappant du fait de sa position accroupie.
Comment pouvait-il me reprocher mon cavalier du soir quand lui-même avait décliné mon invitation, sans négociation possible ? Ce n’était pas comme si je lui avais préféré Misha, bien au contraire. Délaissée par mon Roi, il m’avait bien fallu trouver de quoi m’amuser malgré tout, et mon camarade de maison avait cette faculté à ne pas brider ni ma violence, ni mes moqueries, les amplifiant même bien souvent. Mais je me trompais visiblement. Le regard de Junior me sembla malheureux durant le bref instant où il croisa le mien. Ses paroles parviennent à faire ressurgir un chagrin inattendu, bien vite balayé, cependant, par le rapide retour de son attention aux robinets. Je connaissais sûrement mieux que n’importe qui sa capacité à débiter les pires horreurs sans sourciller, je n’étais néanmoins pas habituée à en être la destinataire. Une moue suffisante masquant bien mal la peine que m’inspirait la situation, je lui tourne le dos pour disparaître bien malhabilement derrière des colonnes, faites de marbre elles-aussi. Jamais Junior ne m’avait affirmé être déçu de moi et la violence cachée de ces mots me laissait comme étourdie. Une faiblesse passagère mise à profit par les traits peinés de mon meilleur ami qui s'imposent à moi tandis que je change de tenue. Mon égo froissé se disputait l’ascendant avec les sentiments inconditionnels qui me liaient à Junior. Il ne méritait pas du tout que je m’abaisse à me montrer complaisante avec lui là tout de suite, mais il le méritait bien plus que n’importe qui.
Sans avertissement aucun, je lâche aussi neutralement qu’il ne l’avait fait juste avant que je l’avais cherché dans le hall, après que je sois descendue de ma salle commune pour me rendre devant les portes de la grande-salle. Je n’avais vu nulle part le visage de mon meilleur ami, et j’avais beau savoir qu’il ne viendrait pas, je n’en avais pas moins été contrariée sur l’instant. Me heurter à un mur commençait sérieusement à user même mes réserves de patience les plus profondes, celles que je n’utilisais en principe jamais, ne faisant pas souvent l’effort de ravaler mon envie de tout envoyer chier. Junior avait l’air d’avoir trouvé le chemin le plus court pour les attendre. C’est que tout ce rrrose m’a prrresque rrrendue aveugle répliqué-je, de mauvaise humeur, avant de réapparaître, vêtue d’un maillot de bain rouge que je tenais d’un tête-à-tête avec Phoenix au balcon du monde. Junior a eu le temps de se changer lui-aussi, mais je prête assez peu attention à son maillot bleu, préférant me pencher pour récupérer ma baguette. Nos doigts qui s’effleurent à cet instant me font douloureusement prendre conscience de la distance qui subsiste entre nous depuis que je suis entrée dans cette pièce, et je me redresse vivement pour me tourner en direction du bassin et cacher la lueur attristée qui trouble mon regard.
Je fais disparaître l’eau de cette mare violacée d’un tour de main. Le marbre réapparaît, étincelant. Blanc comme une nouvelle page que l’on pouvait peut-être réécrire avec un peu plus de bonne humeur que précédemment. L’amusement quelque peu revenu sur mes traits, j’avais envie de pouvoir profiter de mon meilleur ami malgré tout. C’était douloureux comme nos taquineries habituelles pouvaient me manquer si vite. Nos regards s’accrochent, et ses paroles me reviennent en mémoire. Je ne pouvais pas faire comme si je n’avais entendu sa déception à mon égard, je ne pouvais pas laisser passer ça. Mais il se dérobe déjà, fuyant une nouvelle fois, acceptant avec un enthousiasme encore bien pâle de se lancer à l’assaut des robinets. Va pourrr un final pailleté lui accordé-je d’un ton bien loin de sa splendeur coutumière. Encore immobile quelques secondes, je le laisse ouvrir un premier robinet avant de le rejoindre, le pas lourd de toute cette tristesse accablante. À mon approche, je suis accueillie par quelques gouttes qui viennent se perdre sur mon maillot et sur ma joue que je n’essuie pas. Un sourire féroce étire mes lèvres, mais il est tout aussi fugace que faible et est rapidement remplacé par une moue troublée. Rrraté. Je le nargue gentiment, mes doigts venant s’enrouler distraitement autour des vannes dorées qui se déploient sous nos yeux. Je voulais des bulles, de la mousse, des parfums agréables, mais je voulais surtout que disparaisse cette chape de plomb qui nous enveloppait, Junior et moi. Je fais coulisser l’une des dorures et de petites bulles de toutes les couleurs se forment rapidement. Ma main caresse d’autres de ces fleurs métalliques, mon esprit bien loin de tout ça, tandis que l’autre passe sous l’eau chaude citronnée qui coulait toujours du robinet ouvert par le Serpentard. D’un geste leste, je lui envoie à mon tour une gerbe d’eau en plein visage, le tout accompagné d’un sourire moqueur. C’est comme ça qu’il faut fairrre. Mon ton narquois ne tient pas la route très longtemps, mon sourire s’efface de lui-même, incapable de faire le poids face au reste. Tu ne peux pas dirrre que je te déçois. Je plante mes pupilles opalines dans les siennes, une ombre indéfinissable les obscurcissant. Je ne devrrrais même pas avoirrr à me justifier, fais-je, haussant les épaules, mais puisqu’on m’avait lâchement abandonnée pour cette soirrrée, il fallait bien que je m’occupe. Ne comprenait-il pas qu’il lui aurait suffit d’un mot pour que je laisse tomber le Poufsouffle pour le suivre où diable il l’aurait voulu ? Tant pis pour lui si c’était le cas, je n’allais pas écraser ma fierté au point de lui avouer sans détour. D’autant plus qu’il se satisfaisait parfaitement, de son côté, de laisser ses lèvres traîner avec ce que Poudlard faisait de plus pimbêche. Pourrrquoi est-ce que tu m’as invitée alorrrs que tu n’as visiblement aucune envie de me voirrr ? De nouveau je croise mes bras. J’étais éternellement guidée par mes émotions, mais j’étais bien trop peu habituée à celles-ci pour être parfaitement à l’aise avec elles aux commandes. Mais il était tout autant impossible de faire semblant. Au mieux pouvais-je m’en aller, la tête haute et drapée de ma fierté blessée, mais j’avais le pressentiment qu’il me fallait éviter cette fuite-là. Elle était où, notre belle complicité qui se satisfaisait si facilement de nos excuses informulées et capable de nous entraîner sur des royaumes n’appartenant qu’à nous
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 10 Mar - 1:53
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mer 11 Mar - 21:45
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Une eau aux parfums de citron et quelques bulles qui s’élèvent tout doucement sont tout ce qui constitue notre Royaume pour le moment. Nos piètres tentatives pour lui redonner sa splendeur passée échouent toutes, les unes après les autres. Mon sourire tendrement amusé par un Junior aux cheveux trempés qui s’essuie le visage se fane aussi vite que la flamme d’une bougie que l’on vient de souffler. Même cela ne pouvait résister au sérieux qui alourdissait mon coeur. Ce qui pesait sur nos esprits nous empêchait de retrouver la quiétude de notre paradis personnel. Comme si nous tentions d’ouvrir la porte nous y conduisait, en vain. La poignée tournait dans le vide, encore et encore. Chaque nouvelle tentative nous laissait croire que, enfin ! nous y parvenions ! puis se soldait par un énième échec. Et au milieu de ces déconvenues à répétition se trouvait sa déception à mon égard. Comme une ronce épineuse qui lacérait ma bonne humeur. Il ouvre la bouche, comme pour protester, mais rien ne vient et ses lèvres se referment, arrachant un peu plus de ma fierté au passage. Cela signifiait-il qu’il le pensait vraiment ? Ravalant le chagrin, je poursuis, plus vindicative. Il n’avait pas le droit de m’en vouloir pour cette soirée alors que lui-même n’avait pas voulu m’accompagner. Je n’avais pas choisi Bradford plutôt que lui et cela n’arriverait jamais. Finalement une réaction, instantanée. Son ton lourd de reproches semblait ne pas pouvoir souffrir la moindre contradiction alors je ne l’interromps pas, quand bien même l’envie est grande. Du moins jusqu’à ce que je perçoive ce bourdonnement qui faisait trembler sa voix. Un ton qui me donne l’impression que mon coeur vient de se briser tellement cet écho, qui me renvoie à mon propre chagrin, est douloureux. Une moue boudeuse, telle celle d’une enfant venant de se faire gronder, vient jouer avec mes lèvres et mon visage, mon regard opalin ne quittant pas celui de Junior et le soutenant. J’avais envie de lui dire d’aller voir ailleurs si Salazar y était mais je préférais me taire plutôt que d’échouer à conserver un ton égal et dénué de tremblements.
Je ne cesse de le fixer que lorsqu’il détourne le regard. Lentement, je cligne des yeux, effaçant une humidité gênante et désagréable. Incapable de me départir de mon orgueil, je relève le menton, fière. Comme pour compenser ce poids qui me donnait envie de baisser la tête et de courber les épaules. Dans le silence de notre échange, l’eau qui coulait résonnait avec trop de bruit. Comme une mélodie que l’on ne remarque pas jusqu’au moment où notre ouïe se focalise dessus et dessus uniquement. Incapable d’entendre autre chose, je la trouvais excessivement insoutenable. Je lui demande alors. Pourquoi m’avait-il invitée ici ? Pourquoi alors qu’il semblait à des siècles et des siècles de souhaiter ma présence ? Et je croise les bras, comme pour me protéger physiquement d’une réponse qui ne verra que des dommages invisibles à l’oeil humain. Junior referme le robinet et le silence nous cueille, assourdissant. Mon coeur battait trop fort, produisant une mélodie fort désagréable qui m’étourdissait. Sa nonchalance était vraiment ce qu’il pouvait y avoir de pire en cet instant où il haussa les épaules, comme si ma question l’indifférait au plus au point. La boule dans ma gorge ne cesse de grossir et déglutir n’y change plus rien. Mon meilleur ami se laisse alors glisser au sol, les jambes plongeant dans le peu d’eau que contenait le bassin à cet endroit précis, et me renvoie mon interrogation, légèrement reformulée. Parrrce que ces occupations ne valent rrrien sans toi fais-je après quelques secondes de silence, simplement le temps de retrouver une voix égale. Était-ce si compliqué à comprendre que jamais rien n’avait la même saveur sans sa présence et que je choisirais sans hésiter une soirée avec lui contre mille avec n’importe lesquels de nos camarades ?
Masquant mon visage sous un rideau de cheveux bruns, je me remets à jouer avec les robinets. Ce silence devenait étouffant, tant et si bien que le bruit de l’eau m’apparaissait, en fin de compte, des plus mélodieux. Je les ouvre une seconde à peine avant de les refermer aussitôt, jusqu’à tomber sur une mousse aux reflets bleutés que je laissais rejoindre l’eau du bassin. La dorure suivante fait s’échapper une eau dont les senteurs de myrtille m'arrachent un bref sourire. Le clapotis étouffé par la mousse devient bien plus agréable. Et toujours ces bulles que je contemple et qui continuent de s’envoler, une à une. Avec un léger soupir, je me laisse glisser à mon tour dans le bassin mais ne m’arrête pas à son rebord. L’eau n’arrivait pas bien haut, aussi fais-je quelques pas, comme si c’était là tout ce qui m’importait. Et son aveu vient me cueillir et m’immobiliser en même temps qu’il brise mes dernières défenses. Ce n’est pas l’imprrression que tu donnais lorrrsque je suis venue dans ton dorrrtoirrr. Ou presque. Mais enfin ! moi, en tort ? Pas cette fois-ci. Dernière tentative de me protéger avant d’abandonner complètement. Est-ce que tout avait commencé cette fois-ci ? De ce sentiment de ne plus être de la plus haute importance à ses yeux ? Ou venait-ce d’avant, d’après ? Au diable la fierté, il fallait peut-être que je m’en défasse quelques instants, de temps en temps. Junior le valait bien. Il valait tout, en réalité. Et au son de ces notes jouées pour la toute première fois, je me retourne et m’avance jusqu’à son niveau, levant les yeux pour croiser son regard clair. C’était la première fois qu’il le disait sans détour. La première fois qu’il avait besoin de le dire et probablement la première fois que j’avais besoin de l’entendre. À mon tour de prononcer ce qui aurait dû rester évident mais qui s’était perdu en chemin ? L’une de nos danses avait envoyé voltiger notre confiance mutuelle un peu trop loin et nous nous échinions à la récupérer, en vain. Jusqu’à présent ? Il me semblait que Junior était parvenu à accrocher la mienne du bout des doigts, je ne voulais plus qu’il la lâche et je voulais retrouver la douceur de la sienne.
Prinsen min fais-je, ma langue natale donnant une saveur toute particulière à ce surnom, avant de l’appeler par son prénom puisqu’il ne semblait pas réagir à l’interpellation. Juniorrr. J’aurrrais tout laissé tomber sans hésiter si tu m’avais demander de venirrr ici plutôt que de t’enfuirrr loin du hall. Si je le pouvais, je passerai chaque journée et chaque soirée avec mon meilleur ami. Nous ne le pouvions pas uniquement parce que nos maisons nous séparaient et nous comblions ce manque aussi souvent que possible. Mais il n’avait qu’un mot à dire pour que je choisisse de le retrouver là où il le désirait. Sans que le doute ne voile mon regard opalin une seule seconde. Brrradforrrd n’est qu’un diverrrtissement agrrréable. C’est amusant de se moquer de Sherrrwin ou des Brrrown avec lui. Mais rrrien de plus. Je ne voulais pas t’abandonner. Ce n’étaient pas des excuses car il aurait fallu pour ça que j’ai quoique ce soit à me reprocher. Disons qu’il s’agissait de rétablir une vérité en lui enlevant tous les non-dits sujets à interprétations. Misha était violent, brutal, et n’hésitait pas à foncer dans le tas. Cela m’amusait et me permettait de me défouler en sa compagnie. Ce n’avait cependant rien à voir avec cette relation si particulière que je n’échangerais contre rien au monde. Je plonge un peu plus mon regard dans celui de Junior. Je me colle contre le rebord du bassin, l’eau continuant de monter autour de mes jambes et me hisse sur la pointe des pieds pour me hisser au plus proche de son oreille. Je te l’ai dis : il n’y a qu’un seul Rrroi. Ce n’était pas les mots exacts que j’avais employés dans la bibliothèque, mais peut-être leur feraient-ils suffisamment écho pour lui rappeler notre promesse de ne jamais nous abandonner. Et il est indétrrrônable. Sur ce je m’écarte de nouveau, troublante sensation de briser une étreinte qui n’avait même pas lieu, et je capte de nouveaux ses prunelles, les miennes teintées d’un mélange indéfinissable : attente, chagrin, assurance, désarroi, confiance, et bien plus encore.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mer 11 Mar - 23:44
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Ven 13 Mar - 0:02
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L’eau clapote autour de moi, mélange vague d’ondulations provoquées par ce qui s’écoule du robinet et par les mouvements de Junior que je sentais dans mon dos. La mousse bleutée envahissait doucement tout l’espace, laissant sur le bout de mes doigts une caresse savonneuse. Pas celle dont j’avais besoin, cependant. Pas celle qui me manquait cruellement ce soir. L’aveu de Junior stoppe net tout mouvement. Dernière rébellion de mon égo trop profondément atteint avant que je ne me défasse de cette armure qui faisait de moi une reine, certes, mais une guerrière avant tout. Il me fallait cesser de vouloir panser à n’importe quel prix cette fierté blessée. Car, après tout, la meilleure manière - l’unique manière en réalité - de vraiment la réparer était de retrouver cette complicité qui m’était vitale. Une moue boudeuse réceptionne les paroles de Junior tandis que je me tourne vers lui. Je savais qu’il n’aimait pas les surprises. Ce soir-là je n’avais néanmoins pas pensé un seul instant qu’il pourrait se renfrogner en me voyant. C’était moi, c’était lui. J’avais l’habitude de cette certitude que ma présence lui était précieuse et qu’il ne se vexerait jamais de me voir. Tout comme la réciproque était vraie. Me rendre compte de ce tort m’avait plus profondément ébranlée que je ne l’aurais jamais cru. Sûrement car c'était impensable jusque lors. Je gardai cette écorchure pour moi. Mon meilleur ami tenait faiblement les derniers fils d’une confiance qui était toujours allée de soi et moi, je ne désirais rien de moins que retrouver l’autre extrémité.
Me rapprochant de lui, jusqu’à presque effleurer ses jambes, je l’appelle. Il ne réagit pas à mon norvégien, le regard obstinément braqué dans le vide. Alors je souffle son prénom, enlevant toute ambiguïté que ses tendances à la mauvaise foi pouvaient faire subsister : je m’adresse bel et bien à lui et à personne d’autre. Que lui dire et par où commencer ? Il m’avait manqué ce soir. Terriblement. Et s’il devait savoir une chose c’était bien que j’aurais échangé sans hésiter des heures de cette réception sans saveur car il en était absent, contre une seule minute avec lui. Son haussement d’épaules m’arrache un soupir mais un sourire se fraye malgré tout un chemin dans cette apparente exaspération. À quel moment avais-je oublié comment mon meilleur ami se comportait ? À quel moment, sur le long chemin que nous parcourions à deux, avais-je cessé de remarquer ce que je connaissais par coeur pour me laisser aveugler par des signes qui n’en étaient peut-être même pas ? Du moins l’espérais-je. Son doigt effleure ma joue et chasse une gouttelette, laissant derrière ce geste une douce sensation. J’incline mon visage pour prolonger un millième de seconde en plus ce contact, mes pupilles claires contre ses prunelles cristallines. J’en avais envie murmuré-je, comme si parler trop fort risquerait de briser le peu d’intimité que nous semblions retrouver enfin. J’ai pensé que tu ne voulais pas venirrr carrr tu avais autrrre chose de prrrévu... Quoique cela puisse être. Quoique mon esprit, aidé par les sous-entendus qu’il parsemait ici et là, puisse imaginer. Pourrrtant, Salazarrr sait que la prrroposition d’une soirrrée avec toi vaut bien plus que tout le rrreste. Si même ma franchise débarrassée de sa cuirasse orgueilleuse ne parvenait pas à lui faire entendre ce que ma voix tentait d’énoncer, je ne saurais plus quoi dire de plus. Est-il trrrop tarrrd ? Pour passer une soirée complice. Une soirée qui n’appartiendrait qu’à nous deux. Pour rattraper les heures gâchées à ne pas être l’un avec l’autre. Pour laisser les suivantes filer sans s’en préoccuper, uniquement intéressés par notre présence mutuelle.
Puis je poursuis. Bradford n’était rien. Une brindille sur un sentier qui en comportait des milliers. Insignifiant, remplaçable et mortel. Pas comme Junior. C’était avec lui que j’avançais, main dans la main. Que je dansais de longues valses uniques en leur genre. Il n’y avait bien qu’avec lui que je souhaitais le faire. Cependant, mes mots semblent produire l’effet inverse. Il reste de marbre alors que j’espérais un sourire. Il ne cille pas alors que j’espérais une lueur un peu plus vive au fond de son regard si détaché. Même son sourire était pâle et lointain. Une ombre dans le regard, une moue au bord des lèvres, j’insiste : Tu sais mais tu agis comme si ce n’était pas le cas... Je plonge un peu plus mon regard dans le sien, comme si je cherchais à y puiser quelque chose. Un signe, une force, un courage ? C’était idiot. Je n’avais pas besoin de ça avec lui, je n’en avais jamais eu besoin. Mon naturel fougueux était encore plus libre de s’exprimer en sa présence, rien ne m’avait jamais arrêtée. Réduisant la distance qui nous séparait à néant, je m’appuie contre le rebord sur lequel il est assis pour me hisser jusqu’à son oreille et lui rappeler notre promesse passée. Ses lèvres laissent une nouvelle caresse brûlante sur ma joue au moment où mes talons se reposent sur les dalles en marbre du bassin, faisant naître un sourire plus ardent que depuis le début de cet insoluble tête-à-tête.
Enfin Junior me rejoint dans l’eau qui remplissait désormais toute la surface de cette immense baignoire. Les longueurs de ma chevelure baignaient dans la mousse bleutée dont les parfums de citron et de myrtille ne cessaient de nous envelopper. Je ne trrrouverrrais pas plus dévoué ? répété-je, mon sourire se teintant d’un amusement chargé de tendresse. Je n’en doute pas. Je ne cherrrche pas, de toute façon. L’occupant actuel m’a prrromis qu’il n’abandonnerrrait jamais son poste. Et derrière ce ton légèrement moqueur se cachait un rappel dénué de subtilité concernant la promesse qu’il m’avait faite de ne jamais me laisser. Le trône était le sien, personne d’autre ne l’occuperait jamais. Ne me l’avait-il pas affirmé ?
Je le laisse faire quelques pas dans le bassin, contemplant son dos délesté de tout vêtement. Un léger sourire moqueur vient étirer mes lèvres. Je le suis à pas de fauve, mes mains se lestant de toute la légèreté de cette mousse bleutée. Ce n’est que lorsque mon souffle vient chatouiller son cou que mes doigts viennent plaquer cette écume d’intérieur sur sa joue et que mes bras l’entourent tandis que je grimpe sur son dos, mon poids rendu inexistant par l’eau qui nous entoure. Alorrrs comme ça, je suis agaçante ? J’attends, mon souffle continuant de danser près de sa peau. Ma tête posée sur son épaule, distinguant les traits de son profil, je me laisse alors à un dernier murmure aux accents de pénitence. Sieurrr d’Arrrchambault serrrait-il disposé à écouter une confession ? fais-je, la moquerie rendant mes mots chantants. Je pouvais bien rester là éternellement, à patienter qu’il daigne m’offrir sa réponse. Jamais mon impatience ne souffrirait de cette proximité retrouvée.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Dim 15 Mar - 0:47
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Lun 16 Mar - 18:50
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L’attention de Junior capturée, il n’était plus question de la laisser filer de nouveau. Sa caresse provoque un agréable frisson le long de mon dos, que je cherche à prolonger, visage incliné, pupilles claires plantées dans les siennes. Que dire de plus que la vérité, rien que la vérité ? celle dénuée de tout orgueil et qui ne laissait place qu’à la plus pure des sincérités ? Je ne faisais pas dans la demi-mesure, qu’il s’agisse de me draper de ma fierté pour masquer mon dépit ou de l’ôter complètement. Alors je lui avoue, dans un souffle murmuré, que j’avais envie de cette soirée avec lui. De cela, et de ce contact, et de cette intimité entre nous qui commençait tout doucement à reprendre forme. Comme pour ne pas la briser, je me contente de chuchotis caressants et continue sur le chemin des confessions. Qu’il ne souhaite pas venir avec moi laissait entendre qu’il avait mieux à faire ; et ça n’était pas certaines de nos dernières conversations qui pouvaient me rassurer sur ce point. Si je doutais des rumeurs le liant à Phoenix, qu’en était-il de toutes les autres ? Et des sous-entendus qu’il avait négligemment laissé tomber ici et là ? Une moue bougonne se pose sur mes lèvres tandis que je hausse les épaules, comme pour balayer cette information et la renvoyer loin de nous et de cet instant. Oui me contenté-je de répondre d’un ton renfrogné, l’envie d’épiloguer sur ce que mes pensées pouvaient bien se figurer étant parfaitement absente. Après tout, n’avais-je pas insisté autant que possible pour qu’il m’accompagne, prouvant par là que je souhaitais passer cette soirée avec lui et non pas avec quelqu’un d’autre ? Le fait qu’il refuse ne m’avait guère étonnée, mais il ne m’avait rien proposé en échange, comme si le refus ne venait pas tant de l’événement que de la personne qui le sollicitait. Comme s’il avait prévu quelque chose d’autre. Avec quelqu’un d’autre.
Nos deux points de vue s’affrontent, aussi bornés que nous l’étions. Un petit soupir ponctue sa remarque, accompagné d’un haussement d’épaules d’une nonchalance démentie par mes paroles : J’y tenais bien moins qu’à un moment avec toi. Je ne cille pas, ne le lâche pas du regard, me contente d’une autre question. Est-ce qu’il était trop tard pour que cette soirée devienne enfin la porte ouverte sur notre Royaume qu’elle était censée être ? Son vague mouvement de tête tend à démentir cette éventualité mais je n’empêchai pas mon regard de s’assombrir. Malgré toute ma bonne volonté, Junior continuait de m’échapper. À chaque nouveau mot, il trouverait une parade pour se dérober. Et finalement, j’avais beau frôler ses jambes, j’avais la sensation que nous étions toujours aussi éloignés l’un de l’autre qu’au début de ce rendez-vous. Tout en lui n’est que détachement, bien loin de l’ardente implication qui me fait rire et bouder à tour de rôle en temps normal. Mes prunelles opalines ombragées, je suspends quelques mots qu’il interrompt aussitôt d’une supplique à peine soufflée.
Mon prénom murmuré m’appelle à lui et je hausse pour me rapprocher de son visage, ma joue effleurant la sienne, mes lèvres chatouillant son oreille. Aucune étreinte d’aucune sorte, pourtant cette proximité soudaine me ramena des soirs en arrière, dans une partie de la bibliothèque où nos deux corps enlacés avaient alors été le refuge le plus sûr et le plus agréable que je n’avais jamais connu. J’avais alors cédé à l’appel paniqué d’une confiance ébranlée. Elle ne l’était peut-être pas suffisamment cette fois-ci pour que je lui cède de nouveau. Malgré tout, je mourrais d’envie de sentir sa peau contre la mienne et de me jouer de lui de quelques sourires emplis de taquineries. Oui, d’accorrrd chuchoté-je, mon ton chantant une musique bien lourde qui trouvait ses trémolos dans les notes les plus profondes de ma voix. Je voulais juste que tu comprrrennes que Misha ne vaut rrrien alorrrs que toi tu vaut tout. C’était un Roi, le seul que je veuille et que je ne voudrais jamais ; un Roi dont le trône lui était éternel et que personne ne pourrait jamais lui ravir. Me détachant de lui, je sens ses lèvres glisser sur ma joue avant que nous ne finissions tous les deux dans le bassin. Je sentais enfin l’enthousiasme de Junior, teinté de sa prétention toute naturelle et qui m’arracha un sourire plein d’une tendresse qui m’avait manquée. Rappelant la promesse qu’il m’avait faite de ne jamais m’abandonner, je ne me préoccupe pas d’être subtile. Je ne compte pas laisser qui que ce soit rrravirrr cette place, répliqué-je avec une nonchalance impertinente. Il s’agissait de la sienne, bien mal avisé serait celui qui tenterait de le détrôner. Car il n’aurait pas à faire qu’à Junior, loin de là. J’étais prête à me battre pour qu’il la conserve. carrr elle n’apparrrtient qu’à une seule perrrsonne. Depuis que nous nous connaissions, elle était sienne. C’était, somme toute, des plus logiques : cette place était tout bonnement inexistante avant que mon meilleur ami ne débarque dans ma vie et ne devienne si rapidement si indispensable. Je n’aurais cherché à fuir un pays pour personne d’autre que pour lui, et nous ne nous connaissions que depuis quelques mois alors. Qui pouvait savoir de quoi je serais capable aujourd’hui ? Je saurrrai me montrrrer plus crrruelle que le monde terminé-je avec un sourire féroce. Une Reine ne laissait personne s’attaquer à son Roi en toute impunité. Nous devions être deux, pour régner. Et je n’avais ni besoin, ni envie de personne d’autre que lui.
Il barbote dans ce bassin mousseux et déjà un air mutin vient faire danser mon visage. Je me rapproche de lui, mes mains s’emplissant négligemment d’autant de mousse que possible. Attaque traîtresse qu’il ne voit pas venir et déjà je le déstabilise en lui sautant sur le dos et en lui barbouillant le visage de ces flocons de savon. Il manque de trébucher, équilibre affecté par mon arrivée soudaine, et je pouffe en m’accrochant un peu plus. Il se stabilise néanmoins, me laissant tout le loisir de serrer mes jambes autour de sa taille, ses mains dansant sur ma peau nue pour m’empêcher de glisser. Un contact aussi troublant qu’agréable. Je laisse ma tête se poser sur son épaule, mes bras passés autour de son cou et mon visage tourné dans sa direction, subitement plus paisible que jamais. Ce n’est pas pour autant que mes pensées, elles, se montraient plus calmes. Au contraire, elle poursuivait leur bouillonnement incessant, chevauchant mille sujets à la fois. Il y avait encore bien des choses que je souhaitais lui dire mais sa supplication précédente me freinait comme peu de choses étaient susceptibles de le faire. Cependant, je me devais de rétablir une dernière vérité avant de laisser cette soirée poursuivre son cours parfumé et mousseux. Junior m’offre une réponse pleine de sarcasme offensant. Bounder(Goujat) ! Avec un petit cri aussi amusé que outré, je me charge de lui faire ravaler son insolence d’une nouvelle gerbe d’eau, avant de reprendre ma place contre son épaule.
Quelques secondes s’écoulent dans un silence contemplatif, avant que mes doigts ne viennent dégager son front d’une mèche mouillée. La confession prenait forme dans mon esprit mais je m’affaisse, comme sous le poids de ce qu’il fallait dire. C’est que je pouvais déjà prédire de nombreuses réactions, toutes aussi probables les unes que les autres. Junior avait cette tendance merveilleuse à comprendre ce qu’il souhaitait de mes paroles ; bien souvent, c’était évidemment l’opposé de ce que je cherchais à lui dire. Continuant de jouer avec ses cheveux, mon regard se perdant dans le vide, je reprends avec une pointe de suffisance : Il n’est pas question de desserrrt mais de grrrossier perrrsonnage, justement. Je ne tarde pas à abandonner mon arrogance supérieure pour laisser un sourire désabusé. Je dois vous confesser un mensonge, mon Seigneur. Je retrouve ses pupilles claires et ne les lâche plus. Il est tout à fait possible que, horrrmis une rrrépugnante fois due à un jeu de trrrès mauvais goût, votrrre Altesse n’ait en fait jamais posé ses lèvrrres sur celle d’un quelconque fat. Je ne le lui laisse même pas le temps de répondre que mon visage se teinte d’une exaspération anticipée. Ne cherrrche pas comment mal interrrprrréter mes prrropos, mon amourrr. Je n’ai jamais embrrrassé Charrrles-Auguste, excepté pour ce jeu idiot, et parrr pitié je ne veux plus jamais rrrecommencer. Sur ce, j’étais prête à reprendre les caresses machinales de ses mèches de cheveux
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 0:41
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 10:59
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Seul Junior était capable d’effacer aussi rapidement une moue boudeuse de mon visage pour le remplacer par un sourire tendrement moqueur. L’inverse était vrai également : il parvenait bien facilement à faire disparaître tout amusement de mon visage pour le remplacer par une ombre boudeuse, mécontente, ou bien pire. La perspective d’une soirée torride passée en tête à tête avec son livre d’histoire de la magie était tout ce que mon enthousiasme voulait bien appréhender. Égoïsme fier de cette certitude que, loin de moi, personne ne tentait de ravir une place qui était mienne. Je pouvais souffrir que Finnbjörn s’acoquine avec ce que notre noblesse faisait de moins valeureux : il était responsable de ses actes, même des plus imbéciles, et notre lien indéfectible faisait que j’étais certaine de ne jamais perdre mon tendre frère. De toute façon, notre danse à tous les deux n’étaient pas de celle qu’il pouvait effectuer avec l’autre idiote de Sherwin. Elle était unique en son genre, bien trop endiablée pour que quiconque puisse nous suivre. Bien trop traîtresse, également. Un seul faux pas et nous tombions, mutuellement entraînés par les maladresses de l’autre. Mais je savais que je ne supporterai pas que Junior choisisse d’aller danser avec quelqu’un d’autre, dussé-ce être la reine d’Angleterre. Qu’importe la danse, qu’importe la personne. Ce que nous avions était unique pourtant. Je voulais bien lui accorder une soirée avec ses livres, mais le tableau de mon meilleur ami savourant des instants complices avec une autre me laisserait éternellement voilée d’un air boudeur. Absolument ! Ça, et ça uniquement lui réponds-je avec un sourire très légèrement teinté d’une victoire flamboyante. Restait néanmoins cette crainte exagérée qu’il préfère passer du temps avec une autre que sa Reine et qui faisait silencieusement vaciller la flamme de mon regard.
Haussement d’épaules détaché. J’avais eu tout ce qu’il était possible d’avoir ce soir mais rien de ce que je voulais réellement. Ce qui laissait à cette journée une finalité en demi-teinte. La réception de la Saint-Valentin n’avait comblé aucune de mes espérances et m’avait privée d’un moment avec Junior. Bien que nous y parvenions maintenant, trop de choses planaient et laissaient un goût étrange pour que je puisse savourer le tout pleinement. Je prrréfèrrre la qualité à la quantité marmonné-je. Ce n’était pas tout à fait exact : je pouvais multiplier les moments avec Junior, mais c’était uniquement car leur nombre ne changeait pas le plaisir que j’y prenais. Et puis j’ai gaspillé l’occasion rrrêvée de porrrter cette rrrobe. Considérations purement féminines. À quoi cela servait-il de porter une robe aussi indécemment sauvage si c’était pour rester assise sur une chaise des heures durant ? J’aurais eu l’air bien plus flamboyante au bras de mon meilleur ami. Même en restant des heures entières sur un siège inconfortable.
J’assassine toute la distance qui nous sépare encore, doux moment de frissons et de souffles caressants. Je ne craignais aucun contact dès lors qu’il s’agissait de lui, nos mains s’entrelaçaient régulièrement, mes lèvres plantaient de nombreux baisers sur ses joues lorsqu’il fallait lui dire au revoir, mais le tout était enveloppé d’une insouciance insolente. C’était tout autre chose cette fois-ci, comme à l’image de notre étreinte désespérée dans la réserve. Aucun désespoir ce soir, du moins pas de mon côté, mais le brusque besoin de le sentir près de moi. Ce n’était pas rationnel, pas même conscient, mais dicté comme bien souvent par mes simples émotions. Notre nudité partielle du fait des lieux rendait nos effleurements encore plus interdits. Et j’avais un goût tout particulier pour ce qui était de franchir les lignes nous séparant de ce qui était prohibé. Nos souffles chatouillent la peau de l’autre et je me fends de quelques confessions sincères. Je voulais voir l’entrain danser au fond de ses prunelles claires et retrouver cette suffisance teintée d’affection qu’il me dédiait en temps normal.
J’accueille son retour avec un sourire effronté tandis que nous nous retrouvons tous les deux au milieu du bassin. Mes pieds étaient encore posés sur le marbre qui couvrait le sol de toutes parts mais Junior s’éloignait doucement en direction de la partie plus profonde. Son rire se répercuta dans cette pièce qui continuait, lentement, de s’emplir de bulles aériennes, rendant mon sourire plus implacable encore. C’est qu’il n’y avait aucun doute possible sur les moyens que je serais prête à user dans le cas où quelqu’un tenterait de ravir son trône. Ou de me ravir à lui. Mon Prrrince désirrre-t-il que j’énumèrrre mille façons de de l’êtrrre encorrre plus ? Mon éclat doucement moqueur n’enlevait rien de la véracité féroce de mes mots. J’étais capable de beaucoup, pour ne pas dire de tout, si les situations l’exigeaient.Junior l’exigeant, assurément, éternellement.
Une légèreté nouvelle flottait dans la pièce, une facilité bienvenue. Sans bruit, je fonds sur mon meilleur ami pour le couvrir d’une mousse parfumée, parfaitement fière de le voir ainsi couvert. Cramponnée à lui, je noue mes bras et mes jambes autour de son corps, le laissant retrouver un équilibre bienvenu pour éviter que nous ne tombions tous les deux à l’eau. La stabilité revenue, je me laisse aller contre lui, ne me préoccupant pas du trouble étrange que cette proximité totale faisait naître en moi. L’insolence rustre de mon meilleur ami ne pouvait pas suffire à briser cette intimité totale. Au contraire, elle la renforçait, nos jeux habituels étant bien plus que de simples taquineries. Notre complicité retrouvait enfin sa place centrale et nécessaire. Un sourire impertinent vient jouer sur mes lèvres et démentir sans aucune difficulté la lueur chagrine que mon regard opalin tente d’arborer. Tu pourrrais me noyer ? fais-je d’une voix dont les tremblements sont moins dus à la tristesse qu’au rire qui menace de me secouer toute entière. Junior me serre un peu plus contre lui, preuve s’il en fallait une qu’il ne comptait pas me jeter à l’eau. Un ton plus bas, je souffle : C’est qu’à m’étrreindrrre comme tu le fais, nous serrrions deux à plonger. Et puisque je ne comptais pas le lâcher, il fallait imaginer une fin commune dans les eaux citronnées adoucies de notes de myrtille pour notre inséparable duo.
Mes doigts en perpétuel mouvement trouvent une merveilleuse occupation dans les mèches humides de la chevelure de mon meilleur ami. Notre complicité retrouvée était tout ce dont j’avais rêvé depuis son accueil presque glacial de tout à l’heure. C’était déjà oublié, bien loin de nous maintenant, remplacé par une proximité rêveuse. Restait néanmoins cette sensation que mon meilleur ami enfouissait certaines choses et je n’aimais pas cette sensation que subsistent entre nous deux des mensonges, quand bien il ne pouvait s’agir que d’omissions involontaires. Mes mots défient mes pensées et mon accent roulant apporte avec lui l’idée d’une confession. Je plonge dans son regard pour y lire une incertitude qui teinte le mien d’un tourment désolé. Je n’avais pas envie de le faire douter de quoique ce soit. C’était pourtant ce désir là qui m’avait fait formuler ce mensonge des semaines plus tôt. Mais nous étions dans une toute autre situation, et ce soir, je ne voulais rien d’autre entre nous que notre complice intimité. J’espérais qu’il comprendrait, qu’il saurait ne pas se formaliser de la surface mais qu’il comprendrait mon intention. Cependant, je sais que je me suis fourvoyée quand je sens ses muscles se tendre sous ma peau collée à la sienne. Je décide alors de balayer aussitôt toute tentative d’incompréhension de sa part. Junior était doué pour cela. Il fallait croire que ça n’était pas suffisant car il me lâcha, me laissant rejoindre l’eau du bassin loin de lui.
Un air effronté et froissé se dessine aussitôt sur les traits de mon visage. Heureusement, il ne rajouta pas un éloignement supplémentaire à ce geste de maltraitance. Disparaître sous me l’eau ne me semblait plus être une si mauvaise idée au regard de la situation. Faire face à un mensonge que j’avais proféré parce que je l’avais moi-même décidé est bien moins évident que je ne l’aurais cru. Pourtant, j’avais confessé quelque chose, n’était-ce pas suffisant pour faire amende honorable ? Peut-être était-ce pour ça que je ne le faisais jamais en temps normal : on ne reconnaissait pas mes aveux à leur juste valeur. Est-ce qu’il aurait préféré que je continue à dessiner Charles-Auguste comme un réel prétendant ? Ce n’était pas ce qu’il m’avait laissé croire jusqu’ici. J’étais même étonnée qu’il m’ait cru : nous parlions tout de même d’un fat de la pire espèce et dont la noblesse de ses titres était proportionnellement inverse à celle de ses traits et de son comportement. Je n’ai pas menti j’ai inventé une vérrrité. répliqué-je avec un air où la suffisance masquait bien mal l’outrage qui n’avait toujours pas cicatrisé. Parrrce que tu avais affirrrmé que j’embrrrassais bien mal et que je n’avais aucune rrréalité tangible pourrr te dirrre d’aller au Diable. Alorrrs j’en ai constrrruite une. Je croise les bras, geste éternellement boudeur en ce qui me concerne, et laisse mon regard contempler avec une attention profonde les volutes mousseuses de l’eau. Tu te serrrais montrrré moins vexant, je n’aurrrais pas été obligée de le fairrre. Je relève mes pupilles sur lui et jauge la situation avant d’envoyer une nouvelle gerbe d’eau, bien faible comparée à la précédente, dans sa direction. Je préférais encore être noyée que de subir ce regard peiné.
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Mar 17 Mar - 15:35, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 15:22
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 16:52
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J’étais bien aise de savoir que sa soirée n’avait été consacrée qu’à l’étude d’un vieux bouquin poussiéreux et non pas à un tête-à-tête avec une pimbêche ne le méritant même pas. Mon sourire se fait largement moqueur mais la tendresse qu’il revêt également vient adoucir le tout. L’idée de ma possessivité à son égard effleurait les contours de notre conversation. Caresse lointaine que j’espérais qu’il saurait saisir. Je n’allais pas non plus avouer de but en blanc que l’ombre des prétendantes qui lui tournaient autour ombrageait ma bonne humeur. Il n’avait suffit que de quelques mots lorsque j’étais apparue dans son dortoir pour ancrer ce doute en moi. Et de quelques paroles m’assurant qu’il n’avait pas partagé la moindre minute avec l’une d’elle ce soir pour l’éloigner, au moins pour cette fois. Junior avait cette faculté à faire naître la pluie ou le beau temps dans mon esprit soumis à la tempête de mes émotions. Un don qui s’avérait, une fois sur deux, une malédiction tant il est capable de taquiner ma susceptibilité - qui n’était jamais autant exacerbée qu’en sa présence. Mes pupilles papillonnent jusqu’au tissu rouge que l’on distingue vaguement au sol. Un magnifique gâchis puisqu’elle avait été portée au cours d’une occasion ratée. Le compliment de mon meilleur ami étire fougueusement mes lèvres. Le gaspillage est justement là souligné-je, un geste de la main accompagnant mes paroles. Poudlard ne méritait pas que je me pare de mes plus belles tenues, pas pour une occasion aussi médiocre. J’imagine que je pourrrais la rrremettrrre si elle m’allait si bien que tu le dis fais-je, mon regard étincelant de malice. L’approbation des autres n’était assurément pas quelque chose que je recherchais, mais les flatteries de Junior avait quelque chose en plus qui faisaient immanquablement flamboyer un peu plus chaleureusement mes pupilles si claires.
Mon impétuosité naturelle ne souffrit pas plus longtemps de se tenir éloignée de lui. Une étreinte aussi vague qu’intense, brève mais accentuée d’une caresse de ses doigts le long de ma joue. J’avais enfin l’impression de retrouver l’une de nos danses, lascive et effrontée, tout en frôlements et frissons, mais une danse malgré tout. Tel un prince attiré par une sirène, il glisse finalement dans le bassin et me rejoint dans l’eau. J’étais Viviane et il était Merlin et nous étions bien trop occupés à nous jouer de l’eau d’une rivière pour nous préoccuper de pauvres occupations secondaires. Tout comme cette nymphe, j’étais bien décidée à garder ce sorcier-là sur le trône qui lui était dévolu. L’air de pure innocence qu’il prit fit naître un énième sourire. Je ne connaissais que trop bien la capacité qu’avaient son visage à devenir aussi vertueux que celui d’un ange. Qu’il s’en serve pour débiter les pires horreurs ou pour obtenir ce qu’il désirait sans qu’on ne puisse lui opposer la moindre résistance, c’était quoiqu’il en soit une expression d’une diablerie profonde. Après tout, Merlin était l’enfant du Diable. Dans ce conte qui n’appartenait qu’à nous, et s’il en prenait la figure, elle lui seyait à merveille. Je pourrrais te fairrre mon prrrisonnier, constrrruirrre la plus haute des tourrrs pourrr te garrrder pourrr moi uniquement. Je pourrrais sinon me charrrger de fairrre disparrraîtrrre n’imporrrte quel idiot suffisamment imbécile pourrr tenter de te rrravirrr cette place. Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Les maudirrre de la dague que Finnbjörrrn m’a offerrrte. L’air fauve qui peignait mes traits ne laissait pas de place au doute : ce n’était pas quelque chose que je craignais de faire. Au contraire, ce serait même divertissant. Je doutais néanmoins que quiconque soit assez imprudent pour tenter de voler une place que nous étions deux à défendre.
Mon trône n’avait plus aucune saveur si Junior ne siégeait pas sur le second. J’adorais cependant qu’il me fasse une place sur le sien. Me perchant sur son dos, je n’avais aucune intention de le quitter de si tôt, me satisfaisant plus que jamais de cette proximité charnelle et de mes doigts qui se perdaient dans des caresses sans volonté de retrouver leur chemin. Je retrouvais cette parfaite sensation lascive qui me donnait envie de ne jamais plus bouger de là où je me trouvais, à l’instar de notre soirée d’anniversaire. Un bien-être suspendu dans le temps, entrecoupé de taquineries bienvenues et de tendres mots qui s'accumulent entre quelques rires et des silences complices. Son sérieux m’arracha un petit cri offusqué et je serre un peu plus mes bras autour de lui : très bien, s’il comptait me noyer, qu’il coule avec moi. Je n’étais peut-être pas la sirène des deux, tout compte fait. Le sourire qui naît à sa déclaration si spontanée vient briller jusque dans le regard que j’accroche au sien. Cette réponse me convenait très bien. Ça me va approuvé-je avec une pointe de suffisance qui était bien contrebalancée par toute la tendresse qui devait illuminer en cet instant mes prunelles. Mais enfin, quitte à ne pas vivrrre sans toi, j’adorrrerrrais continuer de le fairrre vivante, justement. Je ne vivais déjà pas sans lui, cela ne changerait rien. Hormis nous assurer qu’il ne céderait jamais à la tentation de me noyer pour faire taire cette impertinence moqueuse qui le faisait sourire, quoiqu’il en dise.
Et tout aussi soudainement que son aveux cajoleur, la situation est de nouveau submergée par une séparation bien trop nette. Il me laisse retomber dans l’eau et me fait face, les traits agités de consternation et de quelque chose d’autre que je n’aime pas beaucoup. Ainsi donc, c’était comme cela qu’il accueillait une tentative de rédemption ? On ne m’y reprendrait plus. S’il y avait une prochaine fois, je la laisserai prendre plus de place encore, plutôt que de chercher à rétablir la vérité. Son ton froid et cassant acheva de me renfermer complètement et de me retrancher derrière une fiertée protectrice. Je pense que tu ne saisirrrais pas la différrrence répondis-je, vexée du froid polaire qu’il dégageait de nouveau. C’est que j’estimais un mensonge volontaire et conscient là où cette vérité inventée n’avait eu pour but que de me défendre face à une pique. Elle avait ensuite pris des proportions que je n’avais pas envisagées mais il n’avait jamais été question de le faire sciemment endurer une peine quelconque. Son rire sans joie rend le tout un peu blessant. Double coup de grâce qui achève d’éteindre toute lumière dans mon regard cristallin et je l’observe, incrédule et froissée, me tourner le dos. Tu n’aurrras plus grrrand chose à crrroirrre à ce rrrythme-là répliqué-je, de nouveau sur la défensive, c’est à dire brandissant mes attaques mordantes. De toute façon tu n’entends que ce que tu as bien envie de comprrrendrrre. Il s’offusquait de ce mensonge qu’il avait avalé sans demi-mesure, mais ne faisait pas le moindre effort pour accepter sans conditions mes paroles lui affirmant qu’il était le seul Roi. Il choisissait sciemment les vérités qu’il avait envie de garder dans son esprit et occultait les autres. Et bien tant pis. J’avais bien assez mis mon ego de côté ce soir pour lui dessiner ce que je concevais comme immuable : à savoir que j’avais eu envie de passer cette soirée avec lui ; et pour lui avouer un mensonge que je n’avais pas délibérément voulu. Enfin, il ne me serait jamais venu à l’esprit s’il n’avait pas sauvagement attaqué quelque chose dont il devait à peine se rappeler ! Il s’éloigne de moi, se rapprochant du bord du bassin, sûrement déterminé à en sortir et le pincement qui me serre le coeur est bien plus violent que jamais. Je faisais face à sa mauvaise humeur depuis que j’avais pénétré cet endroit et j’étais encore là. Il me tournait déjà le dos pour quelque chose que j’avais tenté d’effacer. N’oublie pas les lambeaux de tes belles prrromesse quand tu parrrtirrras. J’étais dépitée, désabusée et attristée. Je n’avais aucune envie de le voir prendre ses affaires et quitter cette salle de bain alors je me détourne à mon tour, mes bras se dépliant machinalement pour laisser mes doigts jouer avec la surface de l’eau.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 18:26
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 20:23
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Un amusement sauvage faisait vibrer les inflexions de ma voix tandis que j’énumère - avec un plaisir que je ne masque pas - les cruautés dont je pourrais faire preuve pour empêcher quiconque de ravir ce trône. Un trône qui était dédié à Junior et à lui uniquement. Ses hochements de tête approbateurs ne font qu’exalter cette joie fougueuse qui faisait briller mes yeux. J’accueille sa revendication avec un rire qui résonne contre les murs de marbre. Tout ce qu’il te faut lui accordé-je, mon sourire grandissant, avant que je ne réduise de nouveau toute la distance qui nous éloignait. La présence de Junior m’était indispensable depuis aussi longtemps que nous nous étions rencontrés. La proximité s’était faite physique, dans une douce candeur enfantine qui ne nous avait jamais totalement abandonnés. Toutefois, ainsi juchée contre lui, ses mains retenant mes jambes nues autour de lui, il y avait une saveur qui me rappelait celle de l’étreinte dans la réserve. Un contact frémissant qui me donnait envie d’en avoir encore un peu plus. Je me voyais parfaitement rester à cette place qui me comblait et passer ainsi de longues heures au moins à renouer les fils de notre Royaume.
Cette bien étrange soirée prit soudainement un tour abrupt. Au fil des aléas, j’avais été entraînée des heures durant de déceptions chagrines en plaisirs indicibles. Et alors que je pensais la porte de notre empire personnel enfin ouverte, mon aveu vint claquer le battant imaginaire au moment où nous nous apprêtions à le franchir. Un tremblement sec, violent, annonciateur de terribles nuages. La tour que nous avions projetée de construire s’effondrait avant même que nous n’ayions réellement commencé à en empiler les pierres et j’étais en même temps lâchement abandonnée dans l’eau. C’était bien là toute la beauté et la tragédie de ce lien unique que nous partagions. D’une caresse il pouvait apaiser mes émotions volcaniques ; d’une oeillade courroucée il pouvait les faire éclater. Je tente maladroitement de rattraper les fils de cette confession, essayant tant bien que mal de lui faire comprendre que tout cela n’était qu’une réaction défensive à une pique mesquine de sa part. Mais aussitôt qu’il annonce une confiance sur le point d’être perdue, je me renferme et me retranche, la fierté offensée reprenant le dessus. L’air boudeur se transforme en mécontentement flamboyant et ce n’est plus d’une chaleur bienveillante que brûlent mes pupilles.
La situation s'envenime en un temps record. Lui, froid comme un glaçon. Moi, brûlante comme un brasier. Mon ego en miettes et mon coeur étranglé s’écrasent un peu plus alors qu’il me tourne le dos et prend assurément la direction de la sortie. Ne souhaitant pas assister à son départ, cette boule dans la gorge ne faisant que grossir, je lui tourne le dos à mon tour, le gratifiant d’une dernière pique assassine qu’il pourrait emporter jusque dans son dortoir où il pourrait aller retrouver son livre d’histoire, son chat, ou bien n’importe quelle fille pour ce que j’en savais.
Son éclat de voix qui se répercute brutalement sous le haut plafond de la salle de bain me fait sursauter et me retourner. Junior me faisait de nouveau face et j’écoute, clouée sur place, ses paroles proférées d’un ton étranglé mais accusateur. Il ne masquait jamais son agacement quand celui-ci se réveillait mais j’étais bien plus habituée à le voir cynique et distant que dans un emportement de cette sorte qui me laisse pantoise. Son regard assassin dardait sur moi des éclairs meurtriers. Je tente sans succès d’avaler la pilule qui a bien du mal à passer et qui enfle et obstrue chaque seconde un peu plus ma gorge. Je n’avais jamais aucun regret, agissant instinctivement, certes, mais toujours convaincue de bien faire. En éprouver pour avoir énoncé une vérité me laissait un noeud des plus désagréables dans l’estomac. C’était certain : on ne m’y reprendrait plus de si tôt. Je sens mes épaules s’affaisser au moment où mon visage se baisse en direction de l’eau et de cette mousse bleuâtre. Le temps d’une seconde à peine avant que je ne relève le menton, dans une tentative de retrouver une suffisance qui me paraissait être déchiquetée en lambeaux et que je ne pouvais guère évaluer n’ayant aucun miroir auquel me confronter. J'espérais au moins que mes lèvres ne tremblaient pas trop, ruinant par là-même la belle prétention que je tentais d’afficher. Malgré mes espoirs je sentais bien que cela ne fonctionnait guère.
La tristesse que j’avais perçue dans ses paroles me bouleversait, mais le manque de considération porté aux miennes depuis que j’avais débarqué dans ces lieux m’empêchait tout bonnement de le montrer. J’étais fatiguée et lasse. Junior m’avait demandée de venir ici pour m’accueillir avec autant d’enthousiasme que si j’avais été une impure venue le déranger. Mes tentatives pour le dérider m’avait demandées bien des concessions à une fierté d’ordinaire férocement brandie. Mais il le valait tant. J’avais voulu une dernière confession - bien mal m’en avait pris. Et il me reprochait maintenant de le traiter comme un pantin, lui que je considérais autant que les membres de ma famille, voire plus que certains ? Tu dois avoirrr une bien piètrrre image de moi si tu penses un seul instant que je te considèrrre comme un dukketeater (pantin), un jouet. fais-je, d’un ton aussi vacillant que la flamme de mon regard, mon norvégien en première ligne face au trouble qui agitait ma voix. Un mensonge aurrrait été planifié, une vérrrité arrrangée faisait office de rrréponse à un sarrrcasme såret, blessant. Machinalement mes bras se détachent et mes mains retombent dans l’eau, mes doigts s’agitant à ce contact. Je m’étais trop ouverte ce soir pour laisser une nouvelle fois tomber cette armure qui me seyait si bien. J’aurais pensé mon meilleur ami capable de lire entre les lignes, surtout quand celles-ci étaient si brutalement effacées pour lui exposer une vérité sans fard, mais il n’avait envie de comprendre que ce qui l’arrangeait. Tu m’écrrris de venirrr, tu m’accueilles comme si j’étais la derrrnièrrre perrrsonne que tu avais envie de voirrr, j’essaie depuis des dizaines et des dizaines de minutes de te dérrrider et de te fairrre entendrrre que j’aurrrais prrréférrré passer toute ma soirrrée avec toi plutôt qu’à cette rrréception pathétique débile, tu trrrouves encorrre le moyen de me dirrre que j’avais l’airrr de bien m’y amuser. J’essaie de t’expliquer que Misha ne t’arrrives pas à la cheville, que tu es le seul Rrroi que je veux surrr ce faen(putain) de trrrône mais tu te perrrsuades qu’on compte te le rrravirrr. Et visiblement que je laisserrrai fairrre avec joie. Puisque tout semblait ruiné, je n’avais plus besoin de faire preuve d’aucune retenue. Pensait-il que je venais de m’en prendre à lui ? Il pouvait peut-être commencer à apercevoir à quel point je retenais mon impulsivité naturelle pour lui depuis que j’avais mis un pied dans cette maudite salle de bain. Je n’avais même pas besoin de crier. Pour une fois, les rôles étaient inversés : Junior en ébullition, et moi d’un calme qui ne laissait rien présager de bon. Mes sarrrcasmes puérrrils sont au moins à la hauteurrr de ton hostilité apathique de ce soirrr. Mais ne t’en fais, je ne ferrrai pas deux fois la folie de vouloirrr fairrre amende honorrrable.
Je m’avance jusqu’à son niveau, prise d’un besoin foudroyant de me soustraire à son regard et de laisser éclater les émotions qui tempêtaient en moi, bien qu’une bonne partie se lisent déjà sur mon visage. C’est que je n’allais pas lui faire l’affront de dévoiler plus que le chagrin qui faisait briller douloureusement mon regard clair. Regarde que je plante d’ailleurs dans celui de Junior, bien que l’aplomb l’a déserté et qu’il ne reste qu’une lueur tremblotante et parsemée de petites tâches humides. Je décroche la rose qu’il avait glissée dans mes cheveux, attrape son poignet pour retourner sa paume et je l’y pose sans ménagement. Tiens. Garrrde-la. Tu l’as déjà maltrrraitée en la sectionnant en deux tout à l’heurrre, tu peux bien en fairrre ce que tu en veux. Piétine la, mange la, brrrûle la si ça te fait plaisirrr. D’un geste agacé, je chasse une bulle importune venue flotter autour de moi. Plus rien ne me semblait plus répugnant désormais que cette eau mousseuse et ces odeurs douceâtres.
Je relâche son poignet et me soustrais à son regard, mon corps fendant l’eau en deux en direction des marches qui me libéreraient de cette sensation étouffante qui oppressait ma poitrine. Tu n’as pas besoin de parrrtirrr. Je te laisse ton fief, je n’étais qu’une invitée de trrrop de toute façon. Je battais en retraite. Je n’aimais pas me battre contre lui, c’était pire que contre quiconque. Si je trouvais du plaisir à pousser Finnbjörn à bout et à taquiner Junior, ce genre de conflit qui explosait avec tant de violence ne m’amusait pas. Pas avec lui. Ce n’était pas quelqu’un contre qui j’avais envie de me défouler et de laisser déborder ma violence naturelle. Penser à mon frère adoré me fit violemment prendre conscience que j’aurais bien envie d’un chocolat chaud épicé à la cannelle, des plus réconfortants. Mais il manquerait la présence de mon tendre jumeau pour que le tableau soit complet. Cela faisait une éternité que je n’avais pas eu besoin de Finnbjörn. Et que cela survienne à cause de Junior me désappointait au plus haut point.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mar 17 Mar - 22:49
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Mer 18 Mar - 0:34
dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin
Le temps suspendu laissait tout le loisir à nos paroles de se répercuter encore et encore, alourdissant une atmosphère déjà saturée. Autour de nous, l’eau renvoyait nos reflets troublés, images d’un monde parallèle où toutes les tours que nous tentions de construire tenaient peut-être encore debout. Dans celui-ci, malheureusement, notre tentative avait lamentablement échouée, et si nous écartions la mousse teintée de bleue, peut-être verrions-nous les ruines funestes se dessiner à nos pieds. Junior ne se défend pas alors que je l’accuse de me voir comme une manipulatrice qui avait fait de lui sa marionnette et l’épine de ses dures paroles se plante un peu plus dans mon coeur. Je consens à dévoiler toute la différence que je mets entre un mensonge et une vérité arrangée. Non pas que j’espère encore pouvoir arranger la situation : une fois mon esprit délesté de ce trop plein qui devait être évacué, je ne me voyais pas faire long feu dans cette pièce où l’on ne voulait pas de moi.
Mes doigts laissent des sillons dans la mousse qui recouvre le bassin au moment où je hausse les épaules. Je laisse mon regard divaguer sur les milliers de minuscules bulles la composant et qui explosent une à une dans un silence qui pourrait être bruyant si je m’approchais suffisamment d’elles. Seul le ton outré de Junior me parvient, mes prunelles délaissant ce spectacle hypnotisant pour retrouver les siennes. Je ne m’expliquais pas pourquoi cette pique précisément m’avait suffisamment vexée pour que j’invente une idylle chimérique avec un imbécile de première classe. Aussi ne pouvais-je pas lui fournir de plus amples précisions. C’était comme ça. Nous nous taquinions pourtant sur à peu près tout et rien, mais cette moquerie-là m’avait poussée à dérouler le fil d’une vérité altérée. Je n’avais cependant pas non plus voulu, ni même imaginé, qu’elle prendrait des proportions telles que celles-ci et que mon invention empiéterait à ce point sur la réalité. C’était la raison pour laquelle j’avais voulu ôter cette ombre de notre tableau quelques minutes plus tôt, avant que tout ne foires lamentablement. Il convenait vraisemblablement de lui dire ça, mais je n’en avais pas envie. J’avais déjà trop tiré sur la corde de ma patience et trop muselé ma fierté pleine d’orgueil pour le faire alors qu’il m’accusait de tous les maux et ne me considérait plus que comme une vile marionnettiste. Ainsi donc, il semblerrrait que nous soyons deux à mentirrr. Une bravade que je savais être déloyale, mais pour une fois, je pouvais aussi jouer avec son arme préférée qu’était la mauvaise foi. Une bravade qui n’allait pas être sans conséquences, aussi relevais-je la tête dans un air de suffisance mêlée de défi que tout le reste de mon visage démentait pitoyablement.
La suite n’est qu’un épanchement de mon ego froissé et d’un chagrin qui prenait désormais bien de la place. Je n’avais même pas envie d’hausser le ton, comme soufflée par l’éclat de voix violent dont avait fait montre Junior. Il n’avait jamais élevé la voix en ma présence,, alors sur moi ? c’était sans précédent et cela créait un sentiment bien étrange au fond de ma poitrine. Une douleur sourde et mal identifiée avec laquelle je ne savais comment composer. Je préfère donc l’ignorer et poursuivre, sur le même ton. Je n’aimais pas le voir désemparé, le visage ainsi baissé. Mais je détestais le savoir en colère contre moi. Je ne savais plus ce que je voulais en ce moment, hormis retrouver la douce complicité qui était habituellement la notre et me sentir au plus proche de mon meilleur ami, quand bien même il avait ce don d’enflammer mes sentiments dans leur entièreté. Ses paroles, sans empirer la situation, n’aident pas vraiment à me décider. Ce n’était qu’une ronde incessante de reproches que nos deux esprits bornés ne parvenaient pas à unir jusqu’à leur donner du sens. Tu as dis beaucoup de choses injustes toi aussi. Toutes les reproches formulées ce soir étaient maintenant rassemblées en quelques phrases à peine. Misha, Charles-Auguste, pourquoi ne voyait-il pas la place qu’ils occupaient dans mon quotidien comparée à celle qui était sienne ? J’avais beau le lui répéter, encore et encore, cela ne semblait rien changer à sa perception de sa réalité. Je ne peux rrrien fairrre de plus que d'étaler les faits avec exactitude. Je ne vais pas te supplier de me crrroirrre. Si tu veux penser que je me joues de toi, aucun de mes mots n’aurrra d’effet puisque tu ne sembles plus avoirrr la moindrrre confiance en moi. J’affecte un air détaché mais cette idée me peine bien plus que tout le reste et dessine les contours d’un bien triste futur au fond de mes pupilles claires.
Il m’envoyait me promener avec un petit-ami imaginaire, me repoussant loin de lui, une nouvelle fois. Une fois de trop. Ses excuses me paraissent bien lointaines et je ne retiens finalement que la stupidité de mon comportement. Il allait falloir se lever tôt, à l’avenir, pour entendre Erin Sørensen proférer les moindres excuses visant à rattraper une situation qui s’enlisait. Voire même ne pas se coucher du tout. Me rapprochant de Junior, je lui redonne la rose qu’il m’avait offerte le matin même. L’une du bouquet qui en comptait encore trente-neuf. Qu’il en fasse ce qu’il désire, ma joie de les recevoir au réveil s’était envolée à tire d’ailes. Mon prénom prononcé par Junior avait l’éternelle conséquence de me faire frissonner et d’avoir envie de plonger mon regard dans le sien. Ce que je fis. Mais au lieu de réduire définitivement toute la distance qui nous séparait encore, bien plus importante qu’une simple notion physique, je me détournais pour m’en aller. J’étais lasse de me disputer avec mon meilleure amie, lasse de ces reproches et de cette danse dont les variations étaient diamétralement opposées. Je voulais une valse au rythme changeant mais où la complicité restait immuable et où la fin n’en était jamais vraiment une.
Je lui tourne le dos sur quelques derniers mots. Mon esprit chagrin rêvait de rejoindre Finnbjörn et de perdre quelques heures en sa compagnie et celle d’un chocolat chaud. Avant de prendre violemment conscience que désirais que retrouver Junior. Je me plaindrais de la soirée catastrophique que je venais de passer et il se moquerait tendrement de moi avant de m’entraîner dans une danse bienvenue. J’avais à peine posé le pied sur la première marche pour me hisser hors de ce bassin que je sens les doigts de Junior s’enrouler autour de mon poignet pour me forcer doucement à me retourner vers lui. Ma moue se fit mélancolique alors qu’il me soufflait ne pas vouloir d’un royaume où je n’étais pas. Déjà son autre main se mettait en mouvement, replaçant la rose parsemée de gouttelettes à la place qu’elle venait juste de quitter puis replaçant une mèche alourdie par l’eau à la place qui lui était dévolue. Ma fierté le détestait en cet instant précis d’être si facilement capable de mettre à mal toutes les armures que je pouvais enfiler. Tout ça d’un simple geste. Mollement, je me laisse retomber au fond du bassin. Je n’ai jamais voulu que mon mensonge prrrenne une telle place. Je ne pensais même pas que celui puisse jamais arrriver. Je veux dirrre : on parrrle d’un mufle de la pirrre espèce. Il dépasse, et de loin, ton accueil. Ma tentative de moquerie n’atteint pas mon regard qui ne se détache pas une seule seconde de celui de Junior. Je souhaitais juste le rrramener à sa place en te confessant cela : aux oubliettes. Un haussement d’épaules vient mettre un point final ce qui a tout de la forme d’excuses même si je n’avais pas explicitement prononcé les mots magiques. Je n’ai pas envie de parrrtirrr comme ça. La flamme au fond de mes prunelles se fait plus dense. Evidemment, demain, nous serions comme à notre habitude. Qu’importe : je ne voulais pas retrouver mon lit sans avoir comme dernière sensation celle de notre proximité retrouvée. Ou bien rêvais-je juste de ressentir de nouveau la délicieuse intimité d’une étreinte volée ?
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Jeu 19 Mar - 1:24
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR Jeu 19 Mar - 13:17
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Tout doucement ; je commençais tout doucement à entrevoir par quels détours et quels faux pas nous en étions arrivés à cette situation. Par quels malhabiles coups du sort nous ne cessions de nous déchirer alors que tout ce que je désirais, en rejoignant Junior, était de retrouver cette bulle parfaite qui nous enveloppait et ne laissait plus que notre complicité guider les heures qui suivaient. Charles-Auguste avait pris une place que je n’avais jamais voulu lui dédier. Telle une épine empoisonnée, il s’était profondément enfoncé et je n’avais même pas remarqué qu’il faisait lentement pourrir ce qui l’entourait. Mais tout de même : que mon meilleur ami me croit réellement capable de m’enticher à ce point d’un imbécile pareil, et surtout qu’il pense être de ceux que l’on remplace… C’était offensant. C’était bien mal me connaître. J’étais bien contente qu’il croit ma rebuffade lorsqu’il avait affirmé que j’étais de celles que l’on ne souhaite plus jamais embrasser ; c’était de bonne guerre. Néanmoins, qu’il puisse aussi facilement se persuader que notre relation ne tenait à pas grand chose de plus que l’absence d’autres personnes était vexant. Bien moins, cependant, que de constater que tous mes mots ne pouvaient lui faire entendre raison. Où était passée cette confiance aveugle qui nous unissait depuis toujours ? Visiblement, elle aussi avait pourrie avec tout le reste.
En réalité, ça ne faisait qu’empirer. Ce n’était pas simplement qu’il me connaissait visiblement bien mal ; ni-même qu’il avait perdu toute confiance en moi ; c’était en plus qu’il me considérait comme une manipulatrice hors-pair prête à jouer de mes fils pour le faire aller où bon me semblait. J’aimais Finnbjörn de toute mon âme malgré nos nombreux désaccords, mais que l’on me confonde ainsi avec mon jumeau, et sur l’un de ses traits de caractères qui m’agaçait le plus chez lui, c’était blessant. Il me disait injuste, il l’était au moins autant. Son indifférence n’avait jamais été aussi piquante et ses haussements d’épaules nonchalants, insultants. J’avais beau conserver un air indifférent et que je voulais détacher, les tâches de chagrin dans mes prunelles étaient bien facilement lisible. Encore fallait-il qu’il soit capable de se souvenir de comment je fonctionnais au quotidien, c’était une notion qui lui avait apparemment échappée ces derniers temps.
Puisque la simplicité de notre lien semblait rompue et que toute confiance n’était désormais qu’un vague souvenir, il était inutile que je m’éternise ici. Les parfums agréables étaient devenus capiteux, l’eau semblait glaciale, et le regard de mon meilleur ami pesait lourdement au fond de ma poitrine. Je comptais bien partir la tête haute cependant, et laisser derrière moi les traces de ma fierté blessée. Mes prunelles flottent jusqu’aux siennes, mes lèvres entrouvertes pour lui dire ce que j’en pensais, moi, de ce qu’il nommait des sottises. Mais finalement mes doigts enroulés autour de son poignet se détachent, je ne prononce pas un mot, et je m’éloigne. Qu’il reprenne sa rose dont il n’avait pas saisi le message symbolique, qu’il reprenne son invitation et son accueil glacial, je lui laissais ce royaume au sein duquel je n’avais pas ma place. Quant à ces sottises… eh bien ! il ne les entendrait plus de si tôt. Parlait-il de ce mensonge qui siégeait sur les ruines de notre tour, telle une mauvaise herbe ? Ou bien de mes mots assassinant toute confiance qu’il avait jamais eue à mon égard ? Je préférais bien évidemment cette seconde option, cela voulait dire qu’il n’en était rien, et décidai donc de ne conserver que cette perspective.
J’étais déjà bien loin, mes pensées volant à tire d’aile loin du chaos que je laissais derrière moi, quand Junior m’arrêta et me força délicatement à lui faire face. Mes pieds retrouvent le fond du bassin, délaissant les marches annonciatrices de notre séparation. Ainsi, il ne voulait pas de ce royaume aquatique si je n’y étais pas ? C’était bien facile de déclarer cela après tout l’éloignement qu’il avait maintenu une bonne partie de la soirée entre lui et moi. Mon mécontentement fondit cependant comme une neige tardive face à un soleil déjà printanier. Se rendait-il compte qu’il lui suffisait de ces quelques caresses pour apaiser un ego révolté ? J’espérais bien que non : le pantin ne serait alors plus celui qu’il pensait. C’était un triomphe trop facile pour lui et son regard dans lequel je recommençais à me perdre. Je n’avais malgré tout aucune envie de le lui contester et j’allais même jusqu’à formuler ce qui ressemblait bien à des excuses. Toutes Sørensen, c’est à dire enveloppées d’une noble suffisance, mais tout de même. Les oubliettes étaient la seule place que méritait l’autre fat, Junior l’entendrait-il ? La perspective d’un mariage m’arracha un rictus écoeuré. Oh, bien sûr, il était essentiel que notre nom se poursuive sur des générations et des générations : toute la grandeur des Sørensen ne devait subir les affronts du temps. Mais enfin, Hannibal était le premier de nous tous qui devrait faire face à ce devoir, et il semblait avoir déjà choisi son chemin ; c’était presque une morale chez Finnbjörn de perpétuer notre noble nom et je ne doutais pas qu’il avait déjà décidé de choisir pour épouse une fille qui soit suffisamment à la hauteur de notre famille après une évaluation rigoureuse ; je pouvais donc bien prendre tout mon temps avant d’envisager de me lier à vie à qui que ce soit, premièrement, et je ne comptais certainement pas lier mon destin à un abruti de cette trempe, deuxièmement. J’espèrrre au moins que toutes les solutions incluent à minima une fuite avec toi. Autant rendre l’idée d’un mariage avec Charles-Auguste des plus agréables avec la perspective de voir le tout brutalement ruiné puis d’une évasion en compagnie de Junior.
L’envie de fuir les lieux avait finalement laissé place à celle de rester. Encore un peu. Juste quelques secondes pour que toute cette soirée ne soit pas une entière catastrophe et que nous nous séparions sur une note plus joyeuse. Non, je n’avais aucune envie de partir ainsi, sur ce regard peiné et ce sourire triste, sur tout ce chagrin qui flottait autour de nous. La pression pleine de tendresse sur mon poignet est une invitation à fendre l’eau en sens inverse. Je n’avais pas attendu grand chose de plus que cette légère impulsion pour réduire à néant le vide nous séparant. Je retrouvais tout le réconfort d’une étreinte aux saveurs particulières aussitôt que nos corps se collent l’un à l’autre. Je pouvais croire jusqu’alors que mes souvenirs exagéraient toute la tendresse de cette proximité, cela m’était désormais impossible. Je ne connaissais rien de plus apaisant que d’être enveloppée au creux des bras de Junior. Son souffle chatouillait mes cheveux et un fin sourire étira mes lèvres. Tout comme l’autre nuit, j’avais bien envie de laisser le temps s’écouler à l’infini, puisqu’à cette place précise il me semblait que rien ne pouvait réellement nous atteindre. Je vais rrrester encorrre un peu alorrrs. Nous aurions tout le loisir de faire comme si rien ne s’était passé. Plus tard.
Au bout d’un moment malgré tout, nous fûmes forcés de sortir de ce bassin dont l’eau avait considérablement refroidie. Confortablement réchauffée par la serviette dans laquelle Junior m’avait emprisonnée, je récupère simplement ma robe et ma cape d’invisibilité du bout des doigts, enfilant sans me préoccuper de l’allure que je devais avoir le pull que j’avais ramené avec moi. Les couloirs sont encore vides, aucun préfet ni adulte ne vient interrompre notre paisible retour. Le drapeau blanc d’une trêve bienvenue flottait légèrement au-dessus de mes doigts qui ne lâchaient pas ceux de mon meilleur ami. Ma salle commune arriva trop rapidement à mon goût mais puisqu’il avait tenu à m’y raccompagner, c’était ici que nous nous souhaitions une bonne soirée. Passe une bonne nuit lui souhaité-je avant de me hisser jusqu’à sa joue pour y déposer le frôlement d’un baiser d’au revoir. Tiens fais-je enfin en lui tendant le tissu fluide de ma cape d’invisibilité pour qu’il puisse rentrer sans encombres jusqu’aux cachots. Puis sur un dernier sourire, de ceux qui avaient bien trop manqué ce soir, je disparais sur le chemin de mon dortoir.
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(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR
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