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dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR
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Message(#) Sujet: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMer 19 Fév - 23:48



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Au loin, la salle commune connut un regain de vitalité, se défaisant soudainement de son silence endormi pour faire savoir à tout Serpentard que la soirée idiote organisée par l’école était enfin terminée. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’on avait bien pu servir comme débilité pour cette occasion plus débile encore mais cela m’avait paru durer une éternité… Le temps avait commencé à se jouer de moi alors que je m’étais engouffré à la hâte dans l’humidité des cachots, pestant contre la Terre entière et bien plus encore. En réalité, c’était entièrement de la faute de cette insupportable Erin… comme souvent… Ses histoires d’invitations idiotes n’avaient eu de cesse de m’agacer toute la journée et s’il était certain que je ne mettrais pas les pieds à cette réunion des guimauves anonymes, probablement drapées dans tout ce qu’il y avait de plus rose et de sirupeux au monde, j’avais fini par supposer que, peut-être, nous aurions pu profiter de la désertification des couloirs pour commencer la longue liste des quarante moments rien qu’à nous qui semblait avoir découlé sans que je ne sache comment d’un bouquet ridicule. En y repensant, j’étais incapable de savoir ce qui m’était réellement passé par la tête au moment où cet envoi m’avait paru être une bonne idée… Le plan était simple : je l’attendrais devant la Grande Salle et lui demanderais d’oublier cette mascarade pathétique pour rejoindre notre Royaume je ne sais où. Ça n’était sûrement pas le plus merveilleux des programmes, j’en avais parfaitement conscience, mais j’avais eu jusque là le malheur de supposer qu’elle s’y rendait seulement pour se moquer de ceux qui s’y ridiculiseraient sans même le vouloir… Aussi je l’attendis un moment, observant avec un désintérêt presque total les silhouettes engoncées dans leurs vêtements des grands jours, espérant presque bêtement qu’elle se montrerait bien vite. Oh ! Elle le fit ! Il ne fallut qu’une petite poignée de minutes pour qu’un tourbillon de tissu d’un rouge profond la fasse apparaître dans mon champ de vision. Sa robe flattait son teint de porcelaine et lui allait à ravir. Même sans l’ombre d’une couronne, elle ne souffrait d’aucune concurrence. Je me redressai distraitement, prêt à l’enlever, lorsque le visage de Bradford se matérialisa dans son sillage, me coupant net dans mon élan. De ma vie, je ne m’étais sûrement jamais senti aussi pitoyable qu’à cet instant-là, alors que je les regardais descendre les marches du Hall comme s’il n’y avait plus qu’eux au monde. Je ne savais pas à quoi je m’étais attendu, en réalité, mais certainement pas à ce spectacle étrangement dérangeant. Pour la deuxième fois d’affilé, elle me faisait faux bond pour ce crétin à la réputation douteuse. J’aurais sûrement pu rester là des heures mais le vide froid qui s’installa douloureusement dans mon estomac me fit battre en retraite et prendre le chemin de mon dortoir.

La suite ne fut plus qu’une interminable succession d’heures qui ne servit à rien. Mon devoir d’Histoire gisait devant moi, ma plume suspendue au-dessus depuis une éternité, sans que jamais rien ne vienne. Ma concentration tenait ce soir de la légende et je ne faisais strictement rien pour changer la donne. J’en étais bien incapable, en réalité… Je fixais avec un intérêt limité la petite fenêtre qui donnait sur les profondeurs verdâtres du lac et attendais sans savoir véritablement quoi. Demain, sûrement ? Le tableau qu’ils avaient dessiné avait eu beau assassiner sauvagement mes espoirs d’une soirée agréable, il finirait bien par s’estomper après une bonne nuit de sommeil. Après tout, elle était bien libre de s’acoquiner avec qui elle voulait ! C’était à se demander si elle comptait approcher tous les représentants de la gent masculine des environs avant de rejoindre son seul et unique prétendant outre-Manche ! C’était bien loin des valeurs qu’on avait pu m’inculquer mais peut-être qu’elle y trouvait son compte. Je balançai ma plume un peu plus loin sur mon bureau dans un soupir agacé juste au moment où la porte du dortoir s’ouvrit en grand, laissant passer mes colocataires occupés à refaire leur soirée, étalant au milieu de la chambre ce qui ressemblait à leur palmarès du jour. S’il semblait que tout n’était pas parfaitement à leur goût, ils paraissaient néanmoins satisfaits de l’enchaînement féminin qu’ils y avaient connu. Je ne cherchai même pas à comprendre quoi que ce soit à leur blabla gloussant, assailli par les images d’une Reine déchue glissant d’une table à une autre. Ma main passa nerveusement devant mes yeux alors que derrière moi, une voix prit vaguement la peine de me demander si ça allait. J’acquiesçai sans réfléchir, prétextant un devoir abrutissant et l’envie de prendre l’air. Ils s’en contentèrent et entreprirent d’enfiler leur pyjama. De mon côté, je rangeai mes affaires avec la certitude étouffante d’avoir perdu mon temps. Je soulevai la couverture d’un bouquin pour y glisser mes brouillons presque vides lorsque mon regard tomba sur un morceau de parchemin sur lequel s’étirait un simple mot de la main de ma meilleure amie : le mot de passe de la salle de bain des préfets qu’elle avait récolté je ne savais comment suite à notre victoire. Je laissai retomber le carton sur les pages pour que personne ne le voit et hésitai une seconde. D’un côté, si la soirée venait vraiment de se terminer, il y avait peut-être une chance pour qu’il n’y ait personne… Ça n’avait pas vraiment fait partie de mes plans pour cette fin de soirée (comme si j’en avais eu !) mais ça n’était peut-être pas un hasard. J’allai pour me relever et récupérer discrètement mon maillot dans ma valise mais tout de même… On avait dit que ce serait notre prochaine escapade… La nôtre… Et si elle ne méritait en rien que je culpabilise de la sorte, j’étais bien incapable de m’en défaire. Je tirai alors d’un geste presque rageur notre moyen de communication privilégié et y griffonnai d’une écriture plus nerveuse que d’ordinaire :

Je vais voir si la salle de bain des préfets est libre. Si tu n’as rien à faire, n’hésite pas à m’y rejoindre. Il ne m’en restera plus que trente-neuf.


Je ne m’attendais plus à rien venant d’elle, ayant bien moins de mal à croire qu’elle flirtait outrageusement avec son camarade que d’envisager qu’elle puisse véritablement venir mais je serais au moins tranquille avec ma conscience. Je n’avais strictement rien à me reprocher : je le lui avais proposé, si elle déclinait ça n’était en rien de ma faute. Je fourrai mon maillot dans la poche de ma robe de sorcier, balançai à la hâte que j’allais faire un tour mais ils s’en fichèrent parfaitement, et disparus dans le couloir. Je ne prétendais pas qu’errer dans les couloirs après le couvre-feu serait sans risque ce soir mais avec la soirée qui venait de s’achever, j’aimais à croire que les tenants de l’autorité seraient plus laxistes encore que d’ordinaire. Le hasard n’eut visiblement pas le courage de pourrir ma soirée plus qu’elle ne l’était déjà puisque je ne croisais pas âme qui vive et arrivai au quatrième étage sans le moindre obstacle. Le couloir était tout aussi désert que le reste du château mais après une vague hésitation, je finis par choisir la sécurité. Attendre ici qu’elle débarque ne me semblait pas être l’idée du siècle, d’autant plus qu’elle ne viendrait sûrement pas… Alors je soufflai le mot de passe à l’oreille de la porte et me glissai à l’intérieur. Je lui laissais cinq minutes, le temps de faire négligemment le tour du propriétaire et je fermerais le verrou… Même si j’aurais pu le faire sans attendre. Elle était sûrement trop occupée à profiter de la suite de sa soirée avec son impur… Si elle avait pris la peine de venir visiter mon dortoir, pourquoi pas le sien…? Je secouai bêtement la tête avant de retirer ma cape que je laissai tomber sur le sol, rapidement rejointe par mon pull et d’aller jeter un oeil à l’orgue de robinet qui se dressait près de la baignoire géante creusée à même le sol. Plus que quatre minutes…

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 20 Fév - 22:46

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Je me laisse tomber sur mon lit dans un soupir accompagné d’un tourbillon de tissu rouge sang, les lèvres ourlées de carmin et d’une moue pensive. Cette écoeurante soirée était enfin terminée ! Une traversée d’un Enfer pavé de sourires abrutis et d’une décoration douteuse. L’impression d’avoir perdu mon temps subsistait néanmoins. Si j’avais planifié de passer cette soirée à me moquer allègrement des imbéciles transis d’amour qui espéraient déclarer leur flamme à l’élu de leur coeur, cette minable directrice avait réduit tout cela en poussière. Au lieu de m’amuser quelques heures en compagnie de Misha ou de mon frère adoré, à tourner en ridicule mes camarades, j’étais restée assise ces mêmes heures durant, en face d’un cavalier que le hasard avait choisi à ma place sans se montrer propice à quoique ce soit d’agréable. Dès que le dessert avait été terminé et le discours de remerciements fastidieux avec lui, je n’avais pas cherché à perdre une seconde de plus à la table partagée avec Lindberg. Je n’avais pas envie d’attendre que Finnbjörn termine son entrevue avec cette sang-de-bourbe incestueuse - nous n’aurions qu’à débriefer le lendemain si seulement il comptait partager quoique ce soit avec moi - mais j’avais retrouvé Misha en quittant la grande salle. Au moins ce dîner avait-il commencé et se terminait-il en compagnie plus plaisante que celle qui l’avait rythmé. Sa vulgarité et ma cruauté comparèrent leurs rendez-vous respectifs, comptant les points de celui qui avait le plus fait regretter à ses partenaires de se trouver à sa table. Rester dans la salle commune à entendre mes camarades piailler sur cette merveilleuse idée et sur les rencontres qu’ils avaient faites me donnant envie de vomir, j’avais rapidement laissé Misha à ses occupations pour trouver le silence de mon dortoir. En vérité, je me demandais à quoi Junior avait bien pu occuper ces heures qu’une partie du château avait passées en rendez-vous galants. L’arrivée bruyante de mes colocataires qui jacassait comme les poules qu’elles étaient me fit me redresser. Un sourire mauvais aux lèvres, je les suis du regard tandis qu’elles rentrent les unes à la suite des autres dans notre dortoir. Une lueur bleue accapare cependant bien vite toute mon attention. J’étais certaine que mon carnet était désespérément terne à mon arrivée dans la chambre. Je l’ouvre prestement, mes prunelles claires parcourant les quelques mots que venait de tracer la plume de mon meilleur ami. Les traits illuminés par la proposition qui m’était faite, je quitte mon matelas pour partir en quête de vêtements adéquats. Je n’avais pas besoin de réfléchir à deux fois à mon envie d’y aller ; cependant, j’allais lui en tenir rigueur, ça oui ! s’il s’était décidé à aller voir si la salle de bain des préfets était libre avant le début de cette soirée idiote, j’aurais bien moins perdu mon temps et nous serions déjà entourés de bulles et de mousses parfumées. Il n’était jamais trop tard pour retrouver notre réconfortant Royaume, mais il n’y avait pas non plus une minute à perdre. Mes mains fouillent ma malle à la recherche d’un maillot de bain et ne tombent que sur le tissu rouge que je m’étais approprié durant mon tête-à-tête avec Phoenix, au balcon du monde. Je le fourre rapidement entre les plis désordonnés d’un pull dont la poche ventrale est alourdie de ma cape d’invisibilité. Il était hors de question qu’une de mes camarades un peu trop zélée ne décide d’aller balancer à l’un des deux crétins qui nous servaient de préfets que Erin Sørensen venait de fuir le dortoir avec un maillot de bain entre les doigts. Ils ne respiraient pas l’intelligence, mais je soupçonnais qu’ils se montreraient particulièrement perspicaces s’il s’agissait de m’empoisonner la vie. Wheelerrr a un faible pour les femmes maturrres, Berrrckley est en couple avec une fille de Serrrpentarrrd et Rrrimes… a de plus hauts standarrrds que ça fais-je en tournant un regard dédaigneux accompagné d’un rictus moqueur en direction du trio d’imbéciles. Les évidences que je pointe du doigt se fraient lentement un chemin dans l’esprit lent de mes camarades qui écarquillent de grands yeux empreints d’un chagrin lourd de colère. Je vais prrrendrrre l’airrr, on étouffe sous la calamité ici. Sur ce, je referme ma lourde malle en bois précieux et amorce un départ. Juste avant de traverser mon dortoir pour le quitter, mes yeux se posent sur le bouquet de quarante roses offert par Junior ce matin même. Je les avais déjà enveloppées d’un sort les empêchant de faner et elles resplendissaient dans un vase onyx. Une pensée me traverse l’esprit, fait naître un sourire, et pousse mes doigts fins qui ne tiennent pas mon pull à se saisir d’une des fleurs, laissant les trente-neuf autres derrière. Je passe enfin entre les trois abruties qui m’observent sans être capables de répliquer quoi que ce soit et je m’évanouis dans l’obscurité du couloir.

La salle commune avait désempli et les quelques élèves restants étaient bien trop occupés à refaire le cours de leurs amours pour prêter attention à l’ombre écarlate qui traversa la pièce avant de disparaître. Les couloirs étaient vides de toute présence et j’atteins le quatrième étage sans rencontrer âme qui vive et sans avoir besoin de tirer ma cape d’invisibilité de son nid. Le plaisir de retrouver mon meilleur ami était rehaussé du lieu où il avait décidé de passer cette fin de soirée. Avec un murmure destiné au battant en bois qui me fait face, je pénètre silencieusement dans cet endroit dont les mérites sont tant vantés. Si Poudlard ne cessait de m’étonner par sa médiocrité, il me fallait reconnaître que cette pièce échappait à cette tradition. Tout n’était que marbre blanc voluptueusement éclairé par un lustre en cristal qui diffusait une douce lumière sur le bassin creusé à même le sol. Une centaine de robinets formaient un magistral bouquet de métal. C’était d’ailleurs ce qui accaparait toute l’attention de Junior au moment où je faisais glisser le loquet de la porte dans mon dos. Un coin de la salle de bain était empli de serviette dont le moelleux ne faisait aucun doute. C’était là un terrain de jeu à la hauteur de notre royaume. Je laisse glisser mon pull et ce qu’il enveloppe aux côtés de la cape du Serpentard lâchement délaissée au sol. Puis je le rejoins près du faisceau de robinets et pose doucement mon menton par-dessus son épaule. Est-ce que tu penses comme moi ? Il va falloirrr tous les essayer. Un à un. Je lève deux pupilles faussement candides en direction de son visage avant d’abandonner ce contact pour le contourner et lui faire face. Je suis rrravie de constater que tu utilises enfin la prrrécieuse inforrrmation que tu m’avais demandée de dénicher. Qu’est-ce qui t’a décidé à en fairrre usage maintenant ? Mon sourire amusé attend une réponse que mes yeux cherchent dans les traits anormalement renfermés de Junior. Quelque chose ne va pas ? Je m'inquiète évidemment : a-t-il été la proie de l’un de ses cauchemars nocturnes qui lui troublaient l’esprit ? Ou bien peut-être ne trouvait-il tout simplement pas le sommeil. Tiens fais-je subitement, ramenant la main qui maintenait cachée la rose derrière mon dos entre nos deux corps et la tendant vers lui avec un air espiègle. Voici mon carrrton d’invitation. Puisque son bouquet de quarante roses représentait désormais quarante propositions de rendez-vous, je me devais de ramener mon faire-part légitimant ma présence ici. Je n’avais, évidemment, pas besoin de ça pour être légitime à me trouver en compagnie de mon meilleur ami - je l’étais plus que n’importe qui - mais l’idée m’avait traversé l’esprit trop promptement pour que je ne puisse la réfléchir ou pire, la réfuter.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyLun 24 Fév - 15:51



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Mes doigts glissaient distraitement le long des becs dorés, effleurant les boutons sans jamais les tourner. Je ne savais pas vraiment ce que j’attendais, en réalité. Que les minutes passent, histoire de réaliser qu’elle ne viendrait définitivement pas ? Peut-être… Sûrement, en réalité. Attendre un moment pour n’avoir rien à me reprocher et découvrir cette antre interdite seul, comme une vengeance puérile à cet abandon. C’en était même pas un, en plus. Je savais pertinemment qu’elle ne me devait rien et qu’elle était libre d’aller roucouler avec tout ce que la Terre faisait d’imbéciles mais l’impression n’en était pas moins tenace. Pour la deuxième fois en deux mois, elle me préférait ce Poufsouffle ridicule. C’est qu’ils avaient l’air de parfaitement bien s’entendre, en plus ! J’étais incapable de dire ce qu’elle lui trouvait. Il semblait d’une éducation lamentable et son sang ne devait pas être d’une pureté incroyable. Pour elle qui se targuait de vouloir envoyer tous les impurs en Enfer, je la trouvais un peu trop agréable avec celui-ci… Au choix, il serait le premier à en passer les portes ! Il fallait bien commencer par quelqu’un, de toute façon. Je voyais peu à peu l’espoir d’une tranquillité retrouvée s’éloigner à grands pas. Même ici, ça ne changeait rien. La perspective d’heures entières passées là à me prélasser me laissait clairement de marbre. Il me semblait presque que j’étais mieux entouré des colocataires pathétiques que le destin m’avait imposé que dans cette solitude étouffante que ma meilleure amie m’offrait. Cela faisait largement plus de cinq minutes que j’étais entré (d’accord, peut-être que ça n’en faisait que sept en réalité) mais je n’avais toujours pas eu le courage de refermer le verrou derrière moi. Pourtant, il était évident qu’elle avait mieux à faire, ce soir, et je doutais même qu’elle ait vu mon message. Elle viendrait me trouver, le lendemain, au petit-déjeuner, et balancerait une excuse lamentable pour excuser son absence. Je feindrais de la croire et reprendrais le cours de ma journée comme si de rien n’était. Un soupir las m’échappa d’avance. J’en avais assez. Tant pis pour elle ! Je l’avais prévenue, attendue, je ne pouvais pas davantage ! Et alors que j’amorçais un geste pour faire demi-tour et assassiner tout risque d’être dérangé, la porte finit par grincer sur ses gonds. Durant une seconde, je craignis qu’il s’agisse d’un préfet. Je ne risquais pas grand chose sinon une heure de retenue pour être là où je ne devais pas mais toute l’autorité qui aurait pu venir troubler la fête laissa finalement place à la silhouette d’Erin, drapée du rouge de la robe que je lui avais vu un peu plus tôt.

Ta soirée est déjà terminée ?

Si ma question était d’une innocence parfaitement, comme si je ne savais pas que les élèves étaient déjà tous remontés dans les dortoirs, je cherchais à savoir ce qu’elle avait fait de Bradford. C’était presque si je ne m’attendais pas à le voir entrer derrière elle. Plus on est de fous, plus on rit, après tout… Mais la porte se referma sans l’ombre de notre camarade et je reportai mon attention sur les robinets, comme si je n’avais jamais été là que pour me donner l’impression de faire autre chose que de désespérer bêtement en l’attendant. Je me saisis finalement d’un robinet au hasard et le fis tourner dans une explosion de gouttelettes. Une eau limpide commença à se déverser dans la baignoire puis je glissai les doigts sous le jet. Elle était chaude et un parfum léger et fleuri s’en dégageait. Je le tournai dans le sens inverse juste au moment où ma meilleure amie arrivait à ma hauteur. Elle posa son menton sur mon épaule et son regard accrocha un instant le mien.

Est-ce que tu penses comme moi ?

Si elle pensait à ce qui avait bien pu se passer entre la fin de la soirée organisée par l’école et son arrivée ici, alors oui, nous pensions certainement la même chose. Il y avait à peine une demi-heure, j’en convenais, mais il pouvait s’en passer tellement en une demi-heure ! Tout-à-coup, notre proximité me dérangea et j’eus envie de la repousser. Évidemment, je n’en fis rien. Ça n’avait aucun sens de l’inviter pour la voir repartir, vexée et boudeuse, une seconde plus tard. Je me contentais de garder le silence et de lui offrir l’air le plus dubitatif du monde.

Il va falloirrr tous les essayer. Un à un.
Mais cela va nous prendre une éternité, soupirai-je en haussant distraitement les épaules. Et puis s’il y a autant d’odeurs que de robinets, ça va être une puanteur absolue.

Si j’étais prêt à en essayer quelques uns pour lui faire plaisir, je n’avais aucune envie de barboter dans une mélange nauséabond de parfums en tout genre. Celui que j’avais ouvert au hasard me convenait parfaitement. Il faisait certes un peu féminin mais je n’y accordais qu’une importance limite. Il ne sentait pas mauvais, le reste m’importait peu. Alors que je faisais preuve d’un semblant de mauvaise foi, seulement pour ne pas lui offrir si simplement ce qu’elle désirait alors qu’elle m’avait échappé au bras d’un étranger, elle s’était éloignée et plantée devant moi. Je ne pris pas la peine de soutenir son regard bien longtemps et accordai toute mon attention à un nouveau robinet. Je l’avais pris au hasard, je ne voyais aucune annotation ni différence entre deux, mais ça irait très bien. Il tourna en grinçant et laissa échapper ce qui ressemblait à une eau pleine de paillettes argentées. Sans l’ombre d’une odeur, cette fois-ci. Il fallait espérer qu’elles s’en aillent facilement parce que si nous sortions d’ici comme des boules à facette sentant la fleur des champs, je n’étais pas certain que notre virée interdite resterait secrète bien longtemps…

Je suis rrravie de constater que tu utilises enfin la prrrécieuse inforrrmation que tu m’avais demandée de dénicher. Qu’est-ce qui t’a décidé à en fairrre usage maintenant ?

Je sentais son regard clair qui me dévisageait, aussi souriant que son sourire lui-même. Elle avait l’air contente d’être là, sincèrement, et je l’aurais probablement été tout autant qu’elle le soit mais je n’arrivais pas à me défaire des images du couple mal assorti qu’elle avait formé quelques heures plutôt avec Bradford. Je me trouvais pitoyable, évidemment, mais commençais à m’agacer qu’elle puisse préférer la compagnie de n’importe qui à la mienne. Je n’attendais pas grand chose d’elle, bien sûr, mais la dispute de la Réserve avait laissé derrière elle assez de craintes pour me rappeler à elle à la moindre occasion. Ça ne durerait pas. Et tous les rapprochements du monde, toutes les étreintes ne suffisaient pas à faire taire cette évidence. La preuve en était qu’elle se satisfaisait du moindre garçon sur son passage. J’avais l’impression douloureuse qu’elle cherchait vaguement celui qui me remplacerait. Et j’étais outré que cela puisse tomber sur un gueux comme celui-là…

Seulement la coïncidence. Je rangeais quelques affaires quand je suis tombé sur le parchemin où tu l’avais écrit.

Je ne pris même pas la peine de tourner mon histoire de manière à ce qu’elle suppose que j’avais passé la soirée à flirter avec n’importe quelle Serpentard qui était restée dans la Salle Commune mais je ne cherchais pas non plus à lui faire savoir à quel point je m’étais ennuyé jusque là. Je revoyais mon devoir désespérément vide et l’improductivité évidente des heures qui s’étaient écoulées… Qu’elle pense au moins que son absence ne m’avait fait ni chaud ni froid ! Je finis par arrêter l’écoulement des paillettes que j’avais complètement oublié et retins un nouveau soupir. J’en venais à me demander si la culpabilité d’une vengeance ridicule n’aurait pas été préférable à l’impression troublante de ne pas être à ma place à ses côtés. Il était probable qu’elle puisse préférer la compagnie de son cher cavalier à la mienne. Elle me faisait penser à ces histoires de marins avec une femme dans chaque port… Elle avait prétendu qu’il n’y avait que ce pauvre Charles-Auguste mais de toute évidence, la concurrence était rude et il devait commencer à sentir pousser ses bois…

Quelque chose ne va pas ?

Je secouai doucement la tête, croisant brièvement son regard avant de jeter un oeil désintéressé à la baignoire encore bien vide. J’avais eu beau rajouter sans le vouloir une quantité impressionnante de paillettes, la partie la plus profonde, près du plongeoir, ne nous couvrait probablement même pas les hanches.

Non. Pourquoi ça n’irait pas ?

Sur quoi je lui désignai la pléthore de robinets d’un geste appuyé du menton. Si elle voulait que nous puissions nous baigner avant de rentrer, peut-être fallait-il se mettre à l’ouvrage. Après tout, c’était elle qui avait suggéré de tous les essayer. Nous étions seulement à deux et cela m’agaçait déjà. En réalité, je crois que c’était cette soirée toute entière qui m’agaçait. Je regrettais d’avoir eu l’idée stupide d’aller la chercher devant la Grande Salle et celle plus stupide encore de l’inviter à me rejoindre ici. Je savais pertinemment que je n’en avais pas réellement envie tout de suite, et si c’était flatteur de savoir qu’elle avait pu abandonner un énième prétendant pour me retrouver, cela ne suffisait pas à panser mon ego blessé. Mais au lieu de se mettre à l’ouvrage pour m’aider à remplir cette fichue piscine, elle me tendit une rose… Ce qui me laissa interdit. Je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir. Qu’est-ce qu’elle voulait que j’en fasse ?

Tiens, lâcha-t-elle alors que mes doigts s’enroulaient autour de la tige et que je la remerciais d’une voix incertaine. Voici mon carrrton d’invitation.

Probablement que dans d’autres circonstances, j’aurais trouvé ça mignon en réalité, mais ce soir, j’avais juste l’impression qu’elle se délestait d’un cadeau gênant sous couvert d’un humour sympathique. Elle aurait pu tout faire brûler comme elle l’avait suggéré sans que je ne m’en offusque mais me le voir ainsi retourner n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable. Néanmoins, j’avais bon espoir qu’elles meurent toutes avant la fin du quarantième rendez-vous. C’en était même pas un, de toute façon, c’était juste la mise en application d’une escapade prévue depuis longtemps. Rien ne supposait qu’il devait y en avoir d’autres. Je laissais à Misha et à qui le voulait le soin de se partager ses soirées. Je fixai la pauvre fleur d’un air résigné et finis par en casser promptement la tige. Je repoussai doucement les cheveux d’Erin et la coinçai entre ses mèches brunes. Qu’elle en fasse ce qu’elle voulait, moi je n’en voulais pas.

Elle te siéra mieux qu’à moi.

Elle était assortie à sa robe, en plus… À sa jolie robe… Il avait dû être satisfait de la voir arriver, le maraud ! Avoir à son bras une fille comme elle ne devait pas lui arriver tous les jours ! Je voyais d’ici son regard envieux glisser sur elle, ne voyant qu’en elle une simple courtisane tout en passant à côté de la Reine qu’elle était réellement. Comme ils devaient tous le faire, en réalité… Je supposais qu’elle devait s’en satisfaire pour continuer ainsi mais ça ne me regardait en rien. Qu’elle fasse donc ! Sa propre famille ne semblait pas avoir plus de considérations à son égard, de toute façon, vu la façon dont ils voulaient l’offrir à des pondeurs d’impurs… Je n’avais pas mon mot à dire. J’eus du mal à cacher l’ombre de déception qui voila soudainement mon regard et finis par reprendre mon exploration des robinets.

Si tu veux que nous les fassions tous, je ne serais pas contre un peu d’aide.

C’était un échappatoire ridicule mais je n’avais pas mieux pour l’instant. Tant que la piscine n’était pas pleine, je n’avais aucune raison d’être ailleurs alors… Un peu de nerf !
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 25 Fév - 19:39

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Le verrou coulisse sous mes doigts et mon regard croise brièvement celui de Junior. Il m’accueille d’un ton des plus neutres avant de reporter son attention sur le majestueux bouquet de robinets dorés qui surplombent une partie du bassin en marbre. Pas de taquinerie, ni de sarcasme, pas même un sourire. Frappée par ce visage aux traits absents, je ne m’en avance pas moins dans sa direction. Déjà ? Tu veux plutôt dirrre enfin. C’était l’Enferrr surrr terrre soufflé-je d’exaspération. Je détaille l’endroit du regard. Il pourrait bien parvenir à redonner de l’éclat à cette soirée ternie par le rose nauséeux qui avait achevé d’ôter toute magie à la grande salle. La magnificence de la pièce était relevée des matériaux nobles qui la composaient ainsi que de l’intimité dans laquelle elle nous plongeait. Un Royaume supérieur au dernier que nous avions foulé de nos pieds. La réserve n’avait pas que déçu ma soif de magie noire, elle avait également porté un coup vicieux à cette relation précieuse que nous partagions. Il n’y avait pas que les bibliothèques qui s’étaient écroulées ce soir-là. Le lendemain, pourtant, nous agissions de nouveau comme nous l’avions toujours fait. Il fallait bien plus qu’une expédition nocturne ratée pour entacher tout les sentiments que je portais à mon meilleur ami mais le doute s’était ancré ce soir-là. S’il n’avait pas repointé le bout de son nez, rien ne garantissait qu’il n’explose pas de nouveau. Ce soir pourtant, enfermés dans la salle de bain des préfets, il me semblait que rien ne pourrait nous atteindre. Comme un cocon sécurisant, semblable à celui qui nous avait accueilli le soir où nous fêtions nos anniversaires, nous redevenions un Roi et une Reine, dans un Royaume endormi. Cette goule d’Appleton avait orrrganisé des rrrendez-vous aléatoirrres entrrre tous les parrrticipants. J’avais prrrévu de me moquer allègrrrement des imbéciles trrransis d’amourrr qui venaient ce soirrr, au lieu de ça je suis rrrestée assise pendant une éterrrnité et j’ai dû me coltiner trrrois tête-à-tête désespérrrants lui raconté-je succinctement, le ton écoeuré par ces souvenirs désagréables. Mes bras se délestent des vêtements qu’ils portent et je rejoins Junior.

Mon menton appuyé sur son épaule, je me perds quelques secondes dans l’eau jaillissant du robinet qu’il venait d’ouvrir. Un parfum floral commençait doucement à flotter dans la pièce. Je lève deux prunelles faussement innocentes, mais surtout pétillantes de malice, en direction du visage de mon meilleur ami. Maintenant que nous étions ici, avec cette pièce d’eau rien que pour nous, il me semblait évident qu’il allait falloir essayer chacun des jets que nous offrait le florissant bouquet de métal. Seulement, Junior n’a pas l’air plus emballé par cette idée que ça et il hausse distraitement les épaules, me poussant à délaisser mon appui. Froissée par son manque d’enthousiasme flagrant je vais pour lui faire face tandis que le désagréable souvenir de la fois précédente se superpose au moment présent. La différence c’est qu’il m’a sciemment proposée de le retrouver ici ce soir, l’effet de surprise ne joue donc pas dans son absence évidente d’engouement. Je ne savais pas que tu avais des impérrratifs ce soirrr répliqué-je, légèrement vexée. Dans mon dos, mes doigts commencent à jouer mécaniquement avec la rose qu’ils tiennent toujours. Toute l’attention de Junior revient aux robinets tandis qu’il en essaie un nouveau. Pour quelqu’un réticent à les essayer, il semblait actuellement y mettre toute sa concentration. Un sourire moqueur étire mes lèvres alors que je constate les paillettes qui se déversent par flots entiers dans le bassin de marbre. Je m’interroge sur ce qui l’a poussé à faire usage du mot de passe que j’étais parvenue à glaner ce soir précisément et lui pose la question, à la recherche d’une réponse. Une nouvelle fois, il a l’air d’avoir oublié comment se montrer euphorique. Mes sourcils se froncent, ma fierté piquée un peu plus profondément. Depuis que j’étais entrée dans cette pièce, il ne m’avait pas dessiné le moindre sourire, je n’avais pas eu le droit au moindre surnom plein de miel dont nous nous entourons continuellement, il semblait ailleurs et pas franchement heureux de se trouver ici. Il ne prenait même pas la peine de m’amener à penser que nous nous retrouvions maintenant parce que je lui avais manqué ce soir.

Mon impatience commençait doucement à brûler toute la joie que j’avais de passer ce moment avec Junior. Je lui demande alors si quelque chose ne va pas. Peut-être avait-il été incapable de trouver le sommeil, maintenu éveillé par ces cauchemars qui ne le laissaient jamais tranquilles. Peut-être avait-il appris une grave nouvelle. Les suppositions allaient bon train mais aucune d’elle ne me donnerait la vérité et je n’avais pas envie de perdre du temps à deviner ce qu’il se passait. Il secoue négativement la tête et mon premier élan spontané est de le croire, inconditionnellement. Après tout, nous n’avions pas de secrets l’un pour l’autre, n’est-ce pas ? S’il y avait bien une personne dans ce satané château en qui je pouvais avoir une confiance aveugle, c’était Junior. Il allait sans dire que je confierais ma vie toute entière à Finnbjörn et sans hésiter une seule seconde, mais il avait une tendance psychopathique à me cacher à peu près tout. Je vais donc pour baisser les armes et accepter sa parole comme vérité absolue mais déjà son regard fuit le mien. Cette dérobade manque d’arrêter net mon geste et je ne prête pas la moindre attention à ce qu’il me désigne. Il s’empare de la rose que j’étale sous nos yeux et même ce geste est empreint d’indifférence désabusée. Et puis s’en soucier plus que ça, il casse la tige en deux. Le pincement que je ressens se reflète dans mon regard blessé. Une seconde à peine avant qu’une ombre ardente ne voile mes pupilles claires. J’ai envie de repousser ses doigts d’un geste violent et rageur mais je reste de marbre, écoutant sans réellement l’entendre affirmer qu’elle m’ira mieux à moi. Je serre les dents et je ravale la boule dérangeante qui monte le long de ma gorge, mélange de colère et de chagrin. Je n’y croyais même pas et je n’avais, en réalité, plus aucune envie d’y croire.

La raison derrière cette invitation m'échappe complètement. S’il ne voulait pas me voir et s’il préférait se montrer renfrogné, il pouvait très bien le faire tout seul : il n’avait pas besoin de moi pour cela. Une robe écarlate. Des lèvres vermeilles. Une rose flamboyante dans les cheveux. Et un regard bouillonnant. Le voilà qu’il me jette un dernier regard empreint d’une ombre indéfinie, comme si me voir ainsi coiffée le peinait immensément. C’était décidément à n’y rien comprendre et je n’aimais pas du tout ça. Il revient à la charge avec ces robinets comme s’il tenait plus que tout alors que quelques minutes plus tôt il s’en montrait encore parfaitement désintéressé. D’un geste rageur et brutal, j’en ouvre une rangée à la suite, ignorant la douleur piquante qui traverse ma paume. Je ne cherche même pas à savoir ce qui coule désormais dans le bassin et j’ignore donc la mousse dorée, les petits flocons, l’eau violette, je ne sens même pas les divers parfums qui viennent se mêler au premier. Je me contente de faire un pas pour capter le regard de mon meilleur ami et c’est deux pupilles étincelantes qui accrochent les siennes et refusent de les lâcher. Je ne sais pas ce qu’il se passe, Juniorrr, mais tu as intérrrêt à me le dirrre tout de suite. Je ne suis pas venue te rrretrrrouver à toute vitesse pourrr fairrre face à un murrr de glace. Je ne lui laisse, en fait, même pas le temps d’expliquer quoi que ce soit. Je repasse derrière lui et emporte avec moi mon égo blessée en direction du tas d’affaires au sol. Sauf si tu ne veux pas que je rrreste, et dans ce cas-là, il ne fallait même pas m’inviter. continué-je, acide. Peu importe ce qui lui passait par la tête, je n’aimais pas cette façon froide et indifférente qu’il avait d’agir avec moi. Mes gestes empressés fouillent le pull à la recherche du maillot de bain qui y était caché. J’ai quand même envie de profiter de cet endroit. Bien évidemment, si Junior s’avisait de me dire qu’il ne voulait pas me voir, je n’allais pas lui faire l’honneur de profiter de ma présence un peu plus longtemps, mais il pouvait être certain qu’il ne reverrait jamais le moindre trait de mon visage, sauf peint d’un désintérêt profond. Je le trouve et me redresse, le tissu rouge entre mes doigts serrés par l’agacement. Je fais de nouveau face à mon meilleur ami plus glacial que la banquise et croise mes bras sous ma poitrine. J'étais blessée mais mon orgueil touché préférait fixer sur lui un regard que la peine rendait empreint de colère et une moue franchement irritée par les ronces piquantes de son accueil. Le tableau personnifiant le mécontentement quelque peu gâcher par une bulle, probablement sortie de l'un des robinets que j'ai ouvert sans même y prêter attention, qui vient exploser sur le coin de ma pommette.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMer 26 Fév - 14:16



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Alors que je n’y croyais plus, la porte s’ouvrit sur Erin. Je peinais à comprendre pourquoi elle avait écourté sa soirée avec son impur et craignis l’espace d’une seconde qu’elle ait pu l’amener avec lui comme les vieilles dames le faisaient avec leur chien. Mais non… Aucune trace de Bradford dans son ombre. Il ne m’aurait pas été difficile de supposer que ce n’était qu’une question de temps, qu’il arriverait bientôt, mais ce qui restait de logique encore en place dans mon esprit ce soir se refusa de tomber si bas. À la place, je m’enquis à mi-mot de ce qu’elle en avait fait. Est-ce que la réponse m’intéressait réellement ? J’aurais aimé croire que non… Mais l’idée qu’il puisse l’attendre ou espérer la retrouver plus tard me filait la nausée. C’était fou qu’il ait suffi de quelques mois pour mettre à mal l’innocence parfaite qui régnait entre nous… La certitude d’un toujours rassurant, l’ignorance d’une existence dont je ne faisais pas partie… Peut-être qu’au fond, je le savais, ça n’était pas impossible, mais ça n’avait jamais pris la peine de faire surface et de m’inquiéter. Notre amitié se devait d’être éternelle, presque exclusive, et voilà qu’un battement de cil et une bibliothèque déserte avaient tout remis en question. Et il ne se passait depuis pas un jour sans que cela me revienne, sûrement grossi et étoffé par une imagination craintive.

Déjà ? Tu veux plutôt dirrre enfin. C’était l’Enferrr surrr terrre.

Si je ne dis rien, je n’en pensais pas moins. De ce que j’en avais vu, elle n’avait pas eu l’air si désespéré que ça ! Et les brefs retours que j’avais pu entendre de la soirée ne laissait pas supposer que c’était aussi horrible qu’elle le prétendait. Mais d’un autre côté, que son Pofsouffle idiot ait pu ne pas être à la hauteur de ses attentes avait ce petit quelque chose de rassurant. Qu’il s’enfonce donc, ça en ferait un de moins ! Les pas Erin résonnaient dans la pièce, résonnant sans mal contre le marbre impeccable qui nous entourait. Je dois bien admettre que je n’avais fait attention à rien en arrivant. Je me fichais finalement du luxe tant vanté de la célèbre salle de bain des préfets. Dans d’autres circonstances, il était probable que j’en profite à outrance mais là… C’était seulement le théâtre de ruminations pathétiques que j’aurais très bien pu faire dans ma chambre.

Cette goule d’Appleton avait orrrganisé des rrrendez-vous aléatoirrres entrrre tous les parrrticipants. J’avais prrrévu de me moquer allègrrrement des imbéciles trrransis d’amourrr qui venaient ce soirrr, au lieu de ça je suis rrrestée assise pendant une éterrrnité et j’ai dû me coltiner trrrois tête-à-tête désespérrrants.

Aussi donc ça n’était même pas du fait de Bradford… La brève lueur d’espoir que cette supposition m’avait offerte mourut aussitôt. Je retins un soupir et lui adressai un regard compatissant qui n’avait sûrement pas grand chose de convaincant alors qu’elle revenait vers moi. Son menton se posa sur mon épaule le plus normalement du monde mais, ce soir, je ne tenais pas à entretenir la proximité particulière qui nous avait toujours enveloppés. Je fais même plus ou moins inconsciemment tout mon possible pour la tenir à distance, appliquant un froid polaire à chaque réponse succincte que je pouvais bien lui adresser. J’en venais à me demander pourquoi je lui avais proposé de me rejoindre, finalement. Sa présence me mettait mal à l’aise et les images qui me revenaient assassinaient dans l’oeuf le moindre petit effort.

Je ne savais pas que tu avais des impérrratifs ce soirrr, répliqua-t-elle, visiblement vexée, alors qu’elle reprenait ses distances.

Si c’était exactement ce que j’avais pu vouloir, qu’elle s’éloigne me gêna. Comme si le fossé déjà profond qui s’étendait entre nous venait de se creuser bien davantage encore. C’était de toute façon ce qui nous attendait. Ça allait juste un peu plus vite que prévu. Mon regard s’accrochait aux éclats dorés des robinets sans parvenir à y trouver le moindre intérêt. C’était une mauvaise idée, tout ça. J’aurais mieux fait de m’acharner sur ce devoir maudit jusqu’à ce que je le termine enfin, ça m’aurait pris la nuit et nous aurait évité tout ça.

Excuse-moi d’avoir plus envie de me baigner que de jouer les organistes avec les robinets.

Ça n’était ni vrai ni faux. Je préférais profiter de la baignoire que d’essayer les centaines de valves mais l’envie n’était pas très présente pour autant… Et puis, c’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité ! Si quelqu’un avait des impératifs ce soir, ça n’était certainement pas moi ! Elle était à peine arrivée que déjà notre entrevue prenait des airs sombres. Je savais que c’était en grande partie de ma faute, bien sûr, mais je ne parvenais pas à faire taire la rancoeur et la déception que j’avais pu ressentir en la voyant descendre avec celui qu’elle m’avait déjà préféré une première fois… J’avais envie de croire que c’était l’identité du cavalier qui me posait problème plus que sa seule existence. Après tout, si elle y avait été avec Finnbjörn, comme je l’avais cru en m’y rendant, ça ne m’aurait pas dérangé le moins du monde. Qu’elle y aille donc avec qui elle voulait mais pas lui. Et puis, sans prévenir, elle me tendit l’une des roses reçues quelques heures plus tôt, prétendant qu’il s’agissait de son carton d’invitation. Mon coeur s’alourdit bêtement alors que mes doigts s’en saisirent. Je ne savais pas quoi en penser en réalité et toutes les hypothèses que j’étais en mesure de formuler n’avaient rien de très enthousiasmants. Je cassai la tige sans m’en soucier plus que ça, après tout ça n’était qu’une fleur, mais le regard d’Erin se troubla. Je me retrouvai bien bête avec la sensation d’avoir fait quelque chose de mal sans parvenir à trouver quoi. Où était le problème, hein ? Elle n’avait tout de même pas supposé que j’allais la garder ad vitam aeternam ?! Ce serait idiot. Sans m’inquiéter davantage, je coinçai ce qu’il restait de la rose dans ses cheveux. Ça lui allait bien. Tout lui allait bien, en réalité. Et je m’en voulus presque de le remarquer. Je rompis rapidement le fil désastreux de mes pensées en reportant mon attention sur les robinets délaissés. Je laissai entendre que nous ne serions pas trop de deux pour tous les ouvrir quand elle en tourna toute une rangée d’un geste si brusque qu’il me fit sursauter. Je relevai prudemment les yeux vers elle, presque sur la défensive.

Je ne sais pas ce qu’il se passe, Juniorrr, mais tu as intérrrêt à me le dirrre tout de suite. Je ne suis pas venue te rrretrrrouver à toute vitesse pourrr fairrre face à un murrr de glace, siffla-t-elle, le regard rivé au mien. Elle finit par se détourner, laissant derrière elle une nouvelle vague de culpabilité. Cependant, je n’eus même pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle reprenait déjà : Sauf si tu ne veux pas que je rrreste, et dans ce cas-là, il ne fallait même pas m’inviter.

Je l’observai chercher je ne savais quoi dans ses affaires avant de refermer les robinets ouverts et dont le déluge menaçait de faire déborder la baignoire. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je voulais, en réalité. Toute cette soirée m’avait échappé comme celle de la Réserve l’avait fait quelques semaines plus tôt. Bien sûr, elle venait d’avouer qu’elle s’était dépêchée de venir, comme si elle était pressée de me retrouver mais c’était difficile de faire abstraction du reste seulement parce qu’elle avait eu l’air plus enthousiaste que moi. Elle l’était aussi avec l’autre impur ! Elle sembla trouver ce qu’elle cherchait, j’aperçus un morceau de tissu aussi rouge que le reste entre ses mains et reporta son attention sur moi. Une bulle passa entre nous et s’éclata sur sa joue.

On devait faire ça tous les deux et je ne me voyais pas y venir sans toi.

Ça ne ressemblait pas à grand chose mais peut-être qu’elle y comprendrait que je n’avais pas envie qu’elle s’en aille… quand bien même je n’étais pas certain de vouloir qu’elle reste non plus. Si c’était pour supporter cette tension toute la soirée, non merci ! Est-ce que ça serait comme ça à chaque fois, maintenant ? Il n’y avait que les ombres des menaces qu’on savait réelles qui nous liaient, comme si tous les moments de complicités que nous connaissions encore n’était destiné qu’à exister lorsqu’il y avait du monde pour en profiter. Notre intimité rassurante, celle qui n’avait besoin de rien d’autre que de sa présence pour m’offrir une félicité parfaite, me semblait avoir disparu depuis des semaines. Depuis notre anniversaire, en réalité. En dehors d’une étreinte troublante et quelques instants bien vites écourtés dans un cagibi inconnu, il n’y avait plus rien eu d’aussi évident qu’avant… Les reflets violets de l’eau attirèrent brièvement mon regard. Ça ressemblait presque à une mare d’huile étrange, une odeur de pot pourri peu ragoutante enveloppant le tout. Je n’étais plus certain d’avoir envie d’y plonger.

Et puis pour être tout-à-fait honnête, j’avais l’intention de t’inviter plus tôt. Mais le début de ta soirée n’avait rien de l’Enfer que tu m’as décrit en arrivant alors je n’ai pas voulu tout gâcher, admis-je enfin d’un ton d’une indifférence parfaite, semblable à celui que j’aurais pu avoir pour résumer un livre qui ne m’aurait pas fait grande impression. Mais entre nous, on pouvait bien s’inquiéter des fréquentations de ton frère, je doute que les tiennes soient plus louables.

Doucement, mes doigts s’étaient crispés sur le métal doré qu’ils effleuraient jusque là, seul contraste avec mon attitude détachée. J’avais beau faire ce que je pouvais pour feindre de n’en avoir rien à faire, mon implication (quoi que seulement émotionnelle) était plus importante que je voulais bien le laisser paraître… Je secouai imperceptiblement la tête et finis par me redresser.

Enfin, peu importe.

Je ne lui avais volontairement pas laisser le temps de répondre quoi que ce soit, préférant reprendre le cours instable de notre soirée que de discutailler de ce que je pouvais reprocher à son harem ridicule.

J’espère que l’eau ne déteint pas, le violet ne va pas à grand monde…

Sur quoi, je rejoignis notre tas d’affaires à mon tour et entrepris de fouiller mes poches. Après tout, maintenant que nous étions là…
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 27 Fév - 12:14

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Mon plaintif résumé de la soirée que je venais de vivre semble échouer à trouver un interlocuteur intéressé. Pas un sourire compatissant bien qu’un brin moqueur, ni même quelques mots tendrement empathiques. Je venais de traverser l’Enfer, et plutôt que de s’en plaindre avec moi ou de me taquiner sur ces pitoyables rendez-vous que j’avais été obligée d’honorer, Junior m’offre un simple regard flegmatique. Ma fiertée indignée annonçait déjà bruyamment la couleur de ce qu’il adviendrait si mon meilleur ami conservait cette indifférence insultante ; le seul bruit qui retentit cependant est celui de mes pas qui résonnent contre le marbre du sol tandis que je m’avance jusqu’à lui. Notre dernière échappée royale n’était pas qu’un bon souvenir, mais au milieu de cette escapade orageuse subsistait la douceur d’une étreinte imprévue. Ça avait été la première fois que je m’étais laissée aller à un besoin aussi impérieux que celui de sentir la présence physique de mon meilleur ami tout contre moi. Mon visage enfoui dans son pull, son délicat parfum que je connaissais par coeur, ses doigts qui jouaient distraitement avec mes cheveux, et quelques confessions étouffées dans cet enlacement. Les marques d’affection que j’avais à son égard étaient toutes des plus naturelles pour moi : des surnoms français mièvres aux furtifs baisers sur sa joue, notre proximité m’était familière et évidente. Pourtant, nos deux corps serrés l’un contre l’autre dans la réserve portaient une saveur en plus. Si j’avais aimé ces quelques instants tirés hors du temps, le moment était resté unique jusqu’à présent : je n’allais pas commencer à faire des câlins à tout-va à Junior. Toujours est-il que sa présence était des plus apaisantes et que je recherchais son contact sans même le faire consciemment. Ma tête posée sur son épaule en est une preuve suffisante. Ce qui avait toujours été naturel et évident se craquèle violemment alors qu’il me repousse d’un geste indifférent.

Le reste s’enchaîne assez rapidement et selon une logique prévisible. Son apathie est comme quelques sortilèges cuisants qui viennent réveiller mon impatience et mes prunelles s’assombrissent à mesure que mes tentatives échouent, les unes après les autres. Elles étaient semblables à des vagues, puissantes et invulnérable, qui s’écrasent contre une falaise encore plus solide et imposante. Elles pouvaient bien parvenir à creuser la roche pour gagner du terrain, mais cela prendrait des siècles. Je n’avais pas autant de temps devant moi et je ne comptais nullement lutter pour obtenir une marque d’attention de la part de Junior. Si monsieur s’était levé du pied gauche, ce n’était pas à moi de me prendre sa royale mauvaise humeur de plein fouet. L’agacement était décuplé par son invitation, raison de ma présence ici. S’il avait voulu ronchonner toute la soirée, il aurait aussi bien pu le faire dans son dortoir, seul. Ma présence, bien que grandement appréciable, n’était pas indispensable dans ce genre de situation. La rose que je lui tends malgré tout et qu’il casse en deux achève d’obscurcir mes traits. J’étais froissée et offensée, comme une Reine à qui l’on venait de faire subir un outrage. Les dents serrées, deux prunelles cristallines blessées par son geste, j’hésitai franchement à repousser son mouvement visant à coincer la rose rompue entre mes cheveux. Mais le temps que l’idée prenne vie, il avait déjà terminé son amer manège.

Toute son attention reportée sur les robinets et il lâche la parole de trop. D’un geste violent j’ouvre une rangée entière de robinet, sans même prêter attention à ce qui s’en écoule. C’était la dernière de mes préoccupations. Mon regard flamboyant accroche celui de Junior que je sens méfiant. C’en devenait presque insultant. Mon égo piqué s’exaspérait de la scène qui se jouait sous mes yeux. Mon ton devenu tranchant le somme de s’expliquer immédiatement sur ce qui le préoccupe et le rend aussi désagréable présentement, mais ma fierté blessée ne lui laisse pas le temps de le faire. Je m’éloigne déjà, mes gestes rendus brusques par la colère qui brûle de plus en plus fort. Provocante, je fouille mes affaires à la recherche du maillot de bain qui s’y trouve au moment où je laisse tomber l’idée menaçante qu’il ne fallait pas m’inviter s’il ne voulait pas me voir. Le tissu rouge entre mes doigts, je fais de nouveau face à Junior qui venait de refermer un à un les robinets que mon geste rageur avait déverrouillés. Une odeur entêtante me donnait envie de vomir et je n’arrivais pas à déterminer s’il s’agissait du parfum échappé des différents robinets ou bien de celui, plus cruel, de l’orage qui pointait le bout de son nez. Je voulais des réponses, et à la moindre qui serait insatisfaisante, je partirais sans me retourner. Qu’il se noie dans ses regrets et dans l’eau devenue violette !

Bras croisés sous ma poitrine, mon regard opalin le défie sans ciller. Une bulle grosse comme un souafle vint exploser sur le coin de ma joue, laissant éclater une senteur florale, mais je ne bouge pas. Il voulait un froid polaire ? Je pouvais le lui donner, même si le mien était plutôt du genre brûlant. Il ne fallait pas venirrr du tout dans ce cas-là répliqué-je du tac-au-tac. Le sens du devoir qui émanait de sa justification laissait un arrière-goût amer à toute la situation. En réalité, sa réponse me blessait encore plus alors que j’y décelais une obligation que son stupide honneur s’était vu forcé d’honorer. Je commençais même à supposer qu’il avait peut-être espéré que je ne viendrais pas, et cette simple idée me rendait aussi furieuse que triste. Mais après un bref regard en direction du bassin presque débordant, il rajoute qu’il comptait m’inviter plus tôt dans la soirée. Il jouait toujours les indifférents flegmatiques, mais je commençais - enfin - à déceler autre chose sous la surface. Rassurée de découvrir que mon meilleur ami n’était pas devenu un étranger entre cet après-midi et le moment présent, j’écoute d’une oreille un peu plus conciliante ce qu’il a à dire. Mes yeux s’agrandissent avant que mes sourcils ne se froncent tandis qu’il critique mes fréquentations. C’était quoi son problème ? Je l’écoute sans vraiment l’entendre balayer le sujet d’un peu importe absent de toute conviction, à croire qu’il a oublié comment se montrer éloquent et le suis du regard tandis qu’il revient, une nouvelle, à son sujet préféré - à savoir le bassin, les robinets, et toute la foutue eau qu’ils étaient capables de verser - en me rejoignant pour fouiller ses affaires. Donc, si je comprrrends bien, tu me boudes parrrce que je suis allée à la Saint-Valentin avec Brrradforrrd, aprrrès que tu aies décliné mon invitation pour m’y accompagner ? Mon ton franchement sarcastique appuie volontairement ce que je juge imbécile dans la situation. C’était lui qui n’avait pas voulu m’accompagner et être mon cavalier ce soir et il osait maintenant battre froid avec moi car j’y étais allée sans lui. Il ne méritait absolument pas que je lui avoue l’avoir cherché du regard en descendant jusque dans le hall d’entrée, espérant encore qu’il choisirait de pointer le bout de son nez et que nous pourrions passer une soirée tous les deux. Que ce soit parce qu’il me proposerait de m’enlever à ce ridicule théâtre d’échanges amoureux ou parce qu’il choisirait de participer à la soirée organisée par l’école. Surrrtout dis moi si je me trrrompe, Juniorrr, n’hésite pas poursuis-je sur le même ton, certaine de ne pas me tromper du tout. Néanmoins, mon meilleur ami était encore capable de se draper de sa mauvaise foi légendaire pour m’assurer que ça n’était pas ça du tout.

C’est pourrr éviter ça qu’il fallait essayer tous les rrrobinets. fais-je enfin, en réponse à son manque d’enthousiasme face à la couleur de l’eau. Couverte d’insolence hautaine, je lui tourne le dos pour aller me cacher sommairement derrière deux colonnes en marbre. Une intimité toute relative afin de pouvoir enfiler mon maillot de bain. Si Junior était de cette humeur uniquement parce que j’avais passé la soirée avec Misha - ce qui n’était pas le cas, au final - je ne doutais pas de pouvoir lui redonner le sourire rapidement. J’avais simplement envie de profiter de cette escapade avec lui : et par lui, j’entendais Junior dans toute sa splendeur et pas cette pâle copie grognon. Je t’ai cherrrché dans le hall. Mon aveu brise quelques secondes de silence. Balancé sans préavis, il est d’un ton neutre que j’ai royalement emprunté à mon meilleur ami. En même temps, dévêtue de ma robe rouge, j’enfile prestement le maillot de bain que je dois à Phoenix. Je reviens près du bassin, laissant tomber mes affaires avec les autres, récupérant au passage ma baguette à moitié cachée par la cape. Evanesco ! L’eau violacée et presque inquiétante du bassin disparaît en un clin d’oeil. Est-ce qu’on peut maintenant essayer tous les rrrobinets ? demandé-je à Junior, le regard lourd de provocation amusée, un début de sourire qui ne demandait pas grand chose pour s’agrandit.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyVen 28 Fév - 14:59



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La patience dont Erin avait fait preuve jusque là semblait toucher à sa fin et la rudesse de ses questions n’en étaient que la preuve la plus flagrante. Je ne voyais pas vraiment quoi lui répondre. D’un côté, j’avais envie de passer cette soirée avec elle. J’en avais envie depuis un long moment déjà, assez en tout cas pour vouloir bêtement la retrouver avant que leur bal bizarre ne commence… Mais d’un autre… Je n’avais aucune envie de passer après l’impur qu’elle s’était choisie. Est-ce que c’était stupide ? Peut-être. Mais ça ne faisait rien, c’était plus fort que moi. Je ne voulais pas des sourires qu’elle lui avait offerts juste avant ni regarder passer les heures en me demandant ce qu’il y avait clairement entre eux. De toute façon, ça ne m’intéressait pas. Elle pouvait fricoter avec tout ce que Poudlard avait de plus indignes si le coeur lui en disait, c’était son affaire, pas la mienne ! Mais j’en espérais mieux d’elle… Quitte à vouloir s’acoquiner avec tous les garçons du coin, autant qu’elle le fasse avec ceux qui s’avéraient fréquentables ! Charles-Auguste avait beau être un parfait crétin, il n’en avait pas moins le sang-pur. C’était toujours ça… Celui-là n’avait strictement rien pour lui ! Ni la pureté ni l’esprit. C’était un imbécile d’une extraction douteuse qui ne devait sa réputation plus douteuse encore qu’à une absence totale d’éducation. Il me semblait qu’elle pouvait prétendre à mieux que cela…

Il ne fallait pas venirrr du tout dans ce cas-là.

Je haussais simplement les épaules en l’entendant. Ça avait au moins le mérite d’être clair et elle pouvait compter sur moi pour mettre son conseil en application. Il y avait des choses que je ne me voyais pourtant pas faire sans elle… Comme enfreindre éhontément le règlement et faire fi de toutes les sanctions du monde. Ou errer dans un château sans vie qui ne pouvait appartenir qu’à nous et régner sur le moindre couloir… Mais il aurait sûrement été plus judicieux d’apprendre à le faire et de la laisser roucouler avec son imbécile plutôt que de la convier à une découverte sur laquelle j’avais à peine poser les yeux. En réalité, j’avais avisé l’orgue imposant, jeter un oeil distrait à la baignoire mais n’avais pas consenti à m’extasier rien qu’une seconde sur la beauté luxueuse du lieu. Et je n’étais pas toujours enclin à le faire. Je m’en fichais, en réalité. Toutes mes pensées, depuis le début, étaient tournées vers le couple que j’avais surpris sans le vouloir et si j’enfouissais avec précaution la peine que leur image avait pu faire naître brutalement en moi sous toutes les excuses que j’étais en mesure de trouver, je ne lui en voulais pas moins…

J’y penserai pour la prochaine fois.

Il n’y en aurait sûrement pas. Nous avions donné, tous les deux. Il y avait quelque chose d’étrangement brisé et je ne voyais pas ce que nous pouvions faire pour essayer de recoller les morceaux. Peut-être rien, en réalité. Nous nous acharnions à continuer notre existence comme nous l’avions toujours fait mais nos tentatives restaient désespérément vaines. Sa présence me renvoyait à tous les moments qu’elle passait en compagnie de je ne savais qui et ternissait sans le vouloir les moments que nous aurions pu passer ensemble… Dans un élan de désespoir, je finis par avouer que mes plans avaient été différents et que j’en avais changé seulement parce qu’elle avait eu l’air de s’amuser. C’était sûrement ce que je pouvais faire de plus sincère pour l’instant. J’avais battu en retraite parce qu’elle semblait satisfaite de sa soirée et que toute la possessivité du monde ne m’avait pas suffi à l’arracher à ça. Et je lui en tenais plus rigueur que je l’aurais sûrement dû. Je rejoignis mes affaires sans entrain, conscient qu’il fallait avancer puisque nous étions là. Je n’avais pas eu l’indélicatesse de l’envoyer paître, aussi elle n’allait pas partir sur le champs. L’eau violacée qui nous attendait ne me disait rien qui vaille mais je n’avais pas le courage de m’en offusquer réellement. Elle était à l’image de notre soirée, finalement… Un savant mélange de choses sûrement agréables qui ne ressemblaient plus à rien et piquait le nez tant l’odeur avait tourné… C’était un peu comme nous. Tous les ingrédients pour les plus beaux moments de mon existence, comme nous en avions connus des tonnes, mais une mayonnaise qui ne prenait finalement pas et laissait derrière elle un goût amer dont je ne me défaisais pas.

Donc, si je comprrrends bien, tu me boudes parrrce que je suis allée à la Saint-Valentin avec Brrradforrrd, aprrrès que tu aies décliné mon invitation pour m’y accompagner ?

J’eus un pincement au coeur face à ce ton moqueur, presque méchant. Je ne prétendais pas qu’il y avait une logique derrière mon attitude puérile, on aurait clairement dit un enfant qui ne voulait pas prêté son jouet et peut-être qu’il y avait un peu de ça, dans le fond, mais je ne m’étais pas attendu à tant de violence de sa part. Qu’elle mette le doigt sur la bêtise de mon raisonnement, sans le moindre doute, mais qu’elle garde au moins ses sarcasmes. Je ne pris pas la peine de répondre, tirant seulement de ma poche le tissu bleu nuit que j’y avais fourré à la hâte.

Surrrtout dis moi si je me trrrompe, Juniorrr, n’hésite pas.

Je ne me relevais pas tout de suite, cherchant lâchement à éviter son regard et imaginant trop bien la peine qui devait voiler le mien. J’avais eu le malheur d’être honnête et qu’on se le dise, on ne m’y reprendrait pas !

Oui, répondis-je tant bien que mal d’une voix dénuée de toute émotion alors que je me redressais enfin, tu te trompes. Je ne boude pas, je suis seulement déçu. J’osais espérer que tes beaux discours valaient mieux que ceux des autres mais non… Ils n’étaient visiblement rien plus que des mots.

C’était une défense pathétique, j’en avais bien conscience, l’attaque désespérée d’un gamin acculé à sortir les griffes pour esquiver une situation qui lui échappait… Mais je n’étais pas en mesure de faire mieux pour l’instant. Elle y verrait ce qu’elle voudrait, de toute façon. Si ça avait été craché avec en tête tout le laxisme dont les plus grandes familles sorcières faisaient preuve ces derniers temps (la sienne en tête de liste, je ne me remettais toujours pas des invités présents à notre table ni de la volonté de l’offrir aux plus indignes d’entre nous), l’écho qui me revint me rappelait bien davantage la dispute que nous avions essuyée entre les hauts rayonnages de la Réserve… Elle avait promis qu’elle ne m’abandonnerait pas et j’avais eu l’impression douloureuse en la voyant descendre les marches au bras de Bradford qu’elle venait de le faire sans regret. Tout comme elle s’était enfuie pour le rejoindre à la soirée de Noël après m’avoir reproché de ne pas l’avoir invitée. Elle n’avait absolument pas besoin de moi dans ces mondanités ridicules et que j’y sois ou pas ne changeait rien à sa vie. J’en avais eu la preuve ce soir encore.

C’est pourrr éviter ça qu’il fallait essayer tous les rrrobinets.

Je mis un instant à comprendre où elle voulait en venir et hochai simplement la tête pour toute réponse. Il y avait finalement pire ce soir que de devoir plonger dans l’étendue presque huileuse qui nous attendait. Erin finit par me tourner le dos et s’éloigner. L’espace d’un instant, je me demandai si elle ne voulait pas me planter là et rentrer à Poufsouffle… et durant le même instant je sus sans le moindre doute que je ne la retiendrai pas si elle le faisait. Notre amitié prenait une tournure qui ne me plaisait pas et je n’avais aucune envie de me battre pour garder à flot quelque chose qui ne rimait à rien. J’étais sûrement plus blessé que je ne voulais bien me l’avouer, ce qui faussait mon jugement, mais qu’importe. À la place, elle disparut derrière quelque colonne de marbre et le bruit d’un tissu qu’on froisse me fit savoir qu’elle ne faisait que se changer. J’entrepris d’en faire de même sans toutefois m’entourer de la même pudeur. Je me contentai de tourner le dos à l’endroit où elle s’était retranchée et déboutonnai ma chemise.

Je t’ai cherrrché dans le hall.

Sa voix résonna un moment, renvoyée par les murs froids qui nous entouraient. L’ombre d’un sourire passa sur mes lèvres tandis que mon pantalon glissait négligemment le long de mes jambes. Je lui avais pourtant dit que je ne comptais pas mettre les pieds à cette soirée idiote.

Pas si bien que ça, il faut croire.

Je savais pertinemment que c’était faux. Enfin, je ne prétendais pas qu’elle m’avait véritablement cherché, je n’en savais rien, mais elle n’avait aucune chance de me trouver c’était certain. J’avais fait demi-tour dès qu’elle était apparue dans mon champ de vision, accompagnée de son maraud de cavalier. Je ne mis pas longtemps à achever de me changer et pliais soigneusement mes vêtements le temps qu’elle ne revienne jusque là. Ses doigts glissèrent près des miens alors qu’elle se saisissait de sa baguette et si je fus persuadé que son geste n’avait rien de volontaire, je ne pus m’empêcher de relever doucement les yeux vers elle. Je n’avais pas l’habitude de la voir si peu vêtue… et elle n’en était évidemment pas moins jolie. Je détournai rapidement les yeux, presque gêné. Je n’étais pas de ceux qui reluquaient éhontément tous les corps féminins qui passaient à proximité, j’avais été mieux élevé que ça, d’autant plus quand j’avais un respect infini pour la demoiselle en question. Elle était belle, c’était un fait, mais elle était bien davantage que de vulgaires courbes dévoilées ainsi.

Evanesco, prononça-t-elle en agitant sa baguette. L’eau à l’aspect douteux s’évapora en un rien de temps. Est-ce qu’on peut maintenant essayer tous les rrrobinets ?

Son regard accrocha le mien et j’appréciai l’amusement qui s’y lisait. Ça ne promettait rien, je savais très bien qu’il ne nous faudrait pas grand chose pour retomber dans une tension lourde et malaisante mais j’avais envie de m’en contenter pour l’instant.

Moui… Mais je tiens à ce qu’on garde les paillettes dans la version finale.

Je n’attendis pas la moindre réponse de sa part et m’enfuis vers les robinets qui accaparaient plus ou moins faussement mon attention depuis que j’étais arrivé. J’en ouvris un au hasard et regardais couler une eau claire dont le parfum de citron me parvenait sans mal. J’attendis sagement qu’Erin se rapproche à son tour et, avec un air parfaitement innocent, je posai mon doigt sur l’ouverture, juste assez pour faire gicler l’eau dans sa direction.

3 & 4 — Malheureusement, il ne devait pas y avoir beaucoup de puissance dans le jet puisqu’il n’y eut que quelques gouttes à peine qui l’attaquèrent. Une glissa doucement le long de sa joue, les autres tachèrent à peine le rouge de son maillot de bain… Dommage.

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Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Ven 28 Fév - 14:59, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyVen 28 Fév - 14:59

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptySam 29 Fév - 17:35

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Je n’aimais pas ce que j’entendais ni ce que je percevais. Une mélodie émaillée de fausses notes qui se répercutaient brutalement contre le marbre de la salle de bain et écorchait violemment mes sens. Retrouver Junior n’était jamais qu’un plaisir exclusif qui me manquait bien vite aussitôt que nos instants à deux se terminaient. Depuis que je l’avais rejoint ici, ce n’était cependant rien d’autre qu’une chape de plomb qui pesait lourdement sur nos échanges et dont je ne comprenais pas l’origine. L’incompréhension était sur la liste des choses capables de m’agacer en un éclair ; d’autant plus lorsqu’elle naissait d’un échange avec mon meilleur ami. Le sentiment douloureux que toute la situation coulait entre mes doigts sans que je ne puisse la retenir m'énerve. L’attitude de Junior était blessante, vexante et offensante. Il n’avait pas l’air heureux, ni d’être ici, ni d’être avec moi. Ma fierté piquée à vif se charge de lui soumettre l’idée de ne pas venir du tout dans les cas où seule une obligation qu’il s’était lui-même imposée le poussait à me convier à le rejoindre. Je valais bien mieux que cette impression détestable d’être un fardeau pour l’une des rares personnes dans ce monde qui n’en était pas un pour moi. Je ne m’attendais plus à rien de sa part, néanmoins il parvient à écorcher un peu plus mon euphorie avant de l’arroser d’une amertume brûlante. Il ne niait rien du tout, admettant donc qu’il aurait mieux fait de ne pas venir ici, mieux fait de ne pas m’inviter à le retrouver.

La fin de cette catastrophique soirée - une de trop à notre actif - se dessinait sans mal sous mes yeux brillant d’un feu mécontent tiré de ma fierté éplorée. Ma patience avait des limites qui étaient très rapidement atteintes, quand bien même je me montrais d’une conciliation inégalable s’il s’agissait de Junior. Ce seuil franchit ne souffrirait pas que je reste une seconde de plus à subir l’affront de la sècheresse du Serpentard à mon égard. Ce dénouement est évité de justesse au moment où il explique avoir voulu m'inviter ici avant même que la soirée de Saint-Valentin ne débute. Je décelais de nouveau mon meilleur ami dans une inflexion de voix, dans l’ombre d’un regard. Ce n’était pas encore ça, mais comparé à quelques secondes plus tôt, c’était comme retrouver quelqu’un que l’on croyait mort. Je ne saisis pas immédiatement le rapport entre son désir de me tirer de cette réception infernale, ses considérations quant à mes fréquentations et son humeur capricieuse de l’instant. Mais la lumière éclaire rapidement les zones d’ombres et je reste ébahie face au culot dont il fait preuve. Mon ton sarcastique au possible le suit alors qu’il se rapproche de moi pour fouiller à son tour dans les affaires qui traînent au sol. Je baisse le regard, celui de mon meilleur ami m’échappant du fait de sa position accroupie.

Comment pouvait-il me reprocher mon cavalier du soir quand lui-même avait décliné mon invitation, sans négociation possible ? Ce n’était pas comme si je lui avais préféré Misha, bien au contraire. Délaissée par mon Roi, il m’avait bien fallu trouver de quoi m’amuser malgré tout, et mon camarade de maison avait cette faculté à ne pas brider ni ma violence, ni mes moqueries, les amplifiant même bien souvent. Mais je me trompais visiblement. Le regard de Junior me sembla malheureux durant le bref instant où il croisa le mien. Ses paroles parviennent à faire ressurgir un chagrin inattendu, bien vite balayé, cependant, par le rapide retour de son attention aux robinets. Je connaissais sûrement mieux que n’importe qui sa capacité à débiter les pires horreurs sans sourciller, je n’étais néanmoins pas habituée à en être la destinataire. Une moue suffisante masquant bien mal la peine que m’inspirait la situation, je lui tourne le dos pour disparaître bien malhabilement derrière des colonnes, faites de marbre elles-aussi. Jamais Junior ne m’avait affirmé être déçu de moi et la violence cachée de ces mots me laissait comme étourdie. Une faiblesse passagère mise à profit par les traits peinés de mon meilleur ami qui s'imposent à moi tandis que je change de tenue. Mon égo froissé se disputait l’ascendant avec les sentiments inconditionnels qui me liaient à Junior. Il ne méritait pas du tout que je m’abaisse à me montrer complaisante avec lui là tout de suite, mais il le méritait bien plus que n’importe qui.

Sans avertissement aucun, je lâche aussi neutralement qu’il ne l’avait fait juste avant que je l’avais cherché dans le hall, après que je sois descendue de ma salle commune pour me rendre devant les portes de la grande-salle. Je n’avais vu nulle part le visage de mon meilleur ami, et j’avais beau savoir qu’il ne viendrait pas, je n’en avais pas moins été contrariée sur l’instant. Me heurter à un mur commençait sérieusement à user même mes réserves de patience les plus profondes, celles que je n’utilisais en principe jamais, ne faisant pas souvent l’effort de ravaler mon envie de tout envoyer chier. Junior avait l’air d’avoir trouvé le chemin le plus court pour les attendre. C’est que tout ce rrrose m’a prrresque rrrendue aveugle répliqué-je, de mauvaise humeur, avant de réapparaître, vêtue d’un maillot de bain rouge que je tenais d’un tête-à-tête avec Phoenix au balcon du monde. Junior a eu le temps de se changer lui-aussi, mais je prête assez peu attention à son maillot bleu, préférant me pencher pour récupérer ma baguette. Nos doigts qui s’effleurent à cet instant me font douloureusement prendre conscience de la distance qui subsiste entre nous depuis que je suis entrée dans cette pièce, et je me redresse vivement pour me tourner en direction du bassin et cacher la lueur attristée qui trouble mon regard.

Je fais disparaître l’eau de cette mare violacée d’un tour de main. Le marbre réapparaît, étincelant. Blanc comme une nouvelle page que l’on pouvait peut-être réécrire avec un peu plus de bonne humeur que précédemment. L’amusement quelque peu revenu sur mes traits, j’avais envie de pouvoir profiter de mon meilleur ami malgré tout. C’était douloureux comme nos taquineries habituelles pouvaient me manquer si vite. Nos regards s’accrochent, et ses paroles me reviennent en mémoire. Je ne pouvais pas faire comme si je n’avais entendu sa déception à mon égard, je ne pouvais pas laisser passer ça. Mais il se dérobe déjà, fuyant une nouvelle fois, acceptant avec un enthousiasme encore bien pâle de se lancer à l’assaut des robinets. Va pourrr un final pailleté lui accordé-je d’un ton bien loin de sa splendeur coutumière. Encore immobile quelques secondes, je le laisse ouvrir un premier robinet avant de le rejoindre, le pas lourd de toute cette tristesse accablante. À mon approche, je suis accueillie par quelques gouttes qui viennent se perdre sur mon maillot et sur ma joue que je n’essuie pas. Un sourire féroce étire mes lèvres, mais il est tout aussi fugace que faible et est rapidement remplacé par une moue troublée. Rrraté. Je le nargue gentiment, mes doigts venant s’enrouler distraitement autour des vannes dorées qui se déploient sous nos yeux. Je voulais des bulles, de la mousse, des parfums agréables, mais je voulais surtout que disparaisse cette chape de plomb qui nous enveloppait, Junior et moi. Je fais coulisser l’une des dorures et de petites bulles de toutes les couleurs se forment rapidement. Ma main caresse d’autres de ces fleurs métalliques, mon esprit bien loin de tout ça, tandis que l’autre passe sous l’eau chaude citronnée qui coulait toujours du robinet ouvert par le Serpentard. D’un geste leste, je lui envoie à mon tour une gerbe d’eau en plein visage, le tout accompagné d’un sourire moqueur. C’est comme ça qu’il faut fairrre. Mon ton narquois ne tient pas la route très longtemps, mon sourire s’efface de lui-même, incapable de faire le poids face au reste. Tu ne peux pas dirrre que je te déçois. Je plante mes pupilles opalines dans les siennes, une ombre indéfinissable les obscurcissant. Je ne devrrrais même pas avoirrr à me justifier, fais-je, haussant les épaules, mais puisqu’on m’avait lâchement abandonnée pour cette soirrrée, il fallait bien que je m’occupe. Ne comprenait-il pas qu’il lui aurait suffit d’un mot pour que je laisse tomber le Poufsouffle pour le suivre où diable il l’aurait voulu ? Tant pis pour lui si c’était le cas, je n’allais pas écraser ma fierté au point de lui avouer sans détour. D’autant plus qu’il se satisfaisait parfaitement, de son côté, de laisser ses lèvres traîner avec ce que Poudlard faisait de plus pimbêche. Pourrrquoi est-ce que tu m’as invitée alorrrs que tu n’as visiblement aucune envie de me voirrr ? De nouveau je croise mes bras. J’étais éternellement guidée par mes émotions, mais j’étais bien trop peu habituée à celles-ci pour être parfaitement à l’aise avec elles aux commandes. Mais il était tout autant impossible de faire semblant. Au mieux pouvais-je m’en aller, la tête haute et drapée de ma fierté blessée, mais j’avais le pressentiment qu’il me fallait éviter cette fuite-là. Elle était où, notre belle complicité qui se satisfaisait si facilement de nos excuses informulées et capable de nous entraîner sur des royaumes n’appartenant qu’à nous
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 10 Mar - 1:53



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La silhouette d’Erin disparut derrière une colonne et le bruissement d’un tissu qui s’écrase au sol me laissa comprendre qu’elle se changeait. Sans entrain, j’entrepris d’en faire de même… Je n’étais plus certain du bien fondé de tout ça, je n’avais plus vraiment envie d’être là mais aucune envie d’être ailleurs pour autant… Je détestais cet entre-deux plus que tout et je me languissais bêtement de retrouver notre intimité habituelle sans même savoir si elle existait encore… Depuis des semaines, il y avait quelque chose d’étrange entre nous… quelque chose de gênant… quelque chose qui nous ressemblait en rien. Je voulais des sourires complices, des discours qui n’avaient besoin d’aucun mot pour être clair, je voulais qu’on retrouve notre royaume et les souvenirs géniaux qu’on y ajoutait à tout va… Je voulais retrouver ma meilleure amie, en réalité, et me défaire des images troublants que j’y associais trop souvent par sa faute ces derniers temps… Sa voix s’éleva dans mon dos dans un aveu aussi rassurant que surprenant : elle m’avait cherché dans le Hall. J’aurais aimé que ma compagnie vaille davantage à ses yeux qu’un bal stupide. Je n’avais jamais refusé de passer la soirée avec elle, loin de là, j’avais seulement dit que je ne voulais pas aller à cette fête. Je me passais toujours très bien des mièvreries de la Saint-Valentin mais plus encore lorsqu’elles se superposaient aux traumatismes d’un Noël catastrophe… Pourtant, elle n’avait pas cherché plus loin. Puisque je ne voulais pas jouer les moutons de Panurge alors elle pouvait me remplacer sans gêne ! Mais tout de même… elle avait eu un vague espoir de me voir. Parce que j’aurais changé d’avis, probablement, mais qu’importe. Au point où nous en étions, je me contentais de peu.

C’est que tout ce rrrose m’a prrresque rrrendue aveugle.

Je roulais des yeux tandis que ses pas se faisaient entendre derrière moi. Je n’avais pas souvenir que Bradford ait porté quoi que ce soit de cette couleur… Après, il était certain que je n’avais pas pris la peine de l’étudier bien longtemps… Elle avait mieux à faire que de chercher un cavalier qui ne l’accompagnerait pas, c’était tout. Madame avait envie de parader au milieu de la plèbe et c’était entièrement ma faute si elle l’avait fait au bras d’un autre. Qui étais-je, après tout, pour lui refuser quoi que ce soit, hein ? L’impression de n’être qu’un jouet entre ses mains habiles me noua la gorge et m’empêcha de répondre quoi que ce soit. Ça n’était pas si grave, de toute façon… Qu’est-ce que je pouvais bien répondre à ça ?! Ses doigts effleurèrent les miens alors qu’elle attrapait sa baguette. Bien sûr, c’était involontaire, et je le savais, mais qu’elle détourne les yeux si rapidement et s’éloigne comme si c’était un geste honteux accentua le poids logé dans mon estomac. On en était donc là… Si elle se demandait pourquoi je l’avais invitée, je commençais à me demander pourquoi elle restait. Elle avait de toute évidence aussi peu envie d’être ici que moi… Ce fut le bassin qui obtint toute l’attention qu’elle venait de me refuser. Un geste et il se vida, se délestant de son eau violâtre et peu ragoûtante. Il fallait tout recommencer… et elle me le proposa avec une lueur à peine amusée. Nous avions connu infiniment mieux mais c’était en même temps infiniment mieux que ce que nous connaissions depuis son arrivée… Est-ce que c’était la promesse d’une suite meilleure…? Je l’espérais sans y croire vraiment.

Va pourrr un final pailleté.

Je hochai la tête et rejoignis à nouveau l’orgue de robinets. L’entrain n’était pas vraiment là, cependant. L’air était lourd et étouffant. J’avais envie de fuir plutôt que d’affronter le fossé qui nous séparait toujours davantage. Est-ce qu’elle aussi elle avait envie de fuir ? Peut-être que son impur l’attendrait dans leur salle commune et qu’ils passeraient le reste de leur soirée à refaire le monde comme nous l’avions fait si souvent ? Égoïstement, je préférais qu’elle passe un mauvais moment en ma compagnie qu’un bon en la sienne. C’était ma meilleure amie. Il n’avait pas le droit de se dresser entre nous comme il le faisait depuis quelques temps… Lui, les autres… Tous en réalité. Qu’il était loin le temps où j’avais eu l’impression que ce lui nous liait lui suffisait ! Je supposais que c’était seulement parce que nous grandissions mais si c’était cela qui nous attendait par la suite, je préférais ne jamais avoir à quitter l’adolescence ! Chaque jour, je craignais qu’elle ne finisse par me dire qu’elle m’abandonnait pour quelque soupirant pathétique, plus désireuse de se soumettre aux affres de l’amour que de perpétuer ce que nous construisions ensemble… Ça arriverait, c’était certain ! Dans le fond, ça arrivait peut-être même déjà… Je n’en savais rien et je ne préférais même pas savoir… L’ignorance m’allait autant qu’elle m’angoissait. Parfois, je me disais que ce que j’imaginais était bien pire que la réalité mais, à d’autres moments, ce soir par exemple, j’avais l’impression de me voiler la face plus que de raison. Machinalement, sans d’autres buts que celui de retrouver l’insouciance qui nous liait d’ordinaire, je tentai de l’arroser alors qu’elle revenait jusqu’à moi. Le résultat fut des plus mitigés et Erin ne manqua pas de me le faire remarquer…

Rrraté, lâcha-t-elle en ouvrant un autre robinet. Quelques bulles s’échappèrent en silence, attirant mon regard clair sans que je n’y oppose la moindre résistance. Grossière erreur ! Un jet d’eau m’arriva en plein visage, me faisant toussoter. C’est comme ça qu’il faut fairrre.
Ce n’est pas du jeu, je n’étais pas prêt !

Mais mon indignation toute enfantine était trop superficielle pour ne durer plus d’un instant. Je m’essuyai grossièrement le visage avec ma main, toute aussi mouillée d’ailleurs, et croisai le regard d’Erin lorsque je rouvris les yeux. Elle avait retrouvé un sérieux que je ne lui connaissais pas souvent et dont j’aurais préféré me passer ce soir…

Tu ne peux pas dirrre que je te déçois.

J’ouvris la bouche pour répondre mais me ravisai avant d’avoir prononcé le moindre mot. Je n’en savais trop rien… Je n’avais jamais vraiment eu l’intention de dire cela, c’était elle qui m’y avait forcé en se moquant cruellement de moi alors que je faisais ce que je pouvais pour m’ouvrir à elle ! Mais d’un autre côté, je le pensais un peu. J’étais déçu. Vexé. Blessé… Peut-être que ça n’était que de la jalousie, peut-être que je ne voulais juste pas partager ma meilleure amie, c’était possible… mais c’était affreusement douloureux malgré tout. Je n’étais pas habitué à cela. Bien sûr, je faisais des caprices comme tout enfant roi, mais j’avais que peu d’attache pour ceux qui m’entouraient. Je me faisais très bien de l’absence de mes parents, de mes cousins, des quelques amis que je pouvais avoir de l’autre côté de la Manche… Je n’avais pas mal vécu l’éloignement d’avec Aisling au moment où nos avis avaient divergé… Je me fichais pas mal que Finnbjörn passe son temps avec tout ce que Poudlard compter d’élèves… Mais elle, elle n’était pas tous ces gens. Elle était bien au-dessus… Et j’aurais peut-être voulu que la réciproque soit vraie. Oui, j’aurais aimé que ma présence soit plus appréciable que celle de ces imbéciles qu’elle côtoyait ces derniers temps.

Je ne devrrrais même pas avoirrr à me justifiermais puisqu’on m’avait lâchement abandonnée pour cette soirrrée, il fallait bien que je m’occupe.
Oh, à d’autres Erin, répliquai-je d’une voix rendue un peu plus aigüe que d'ordinaire par la boule qui m’obstruait la gorge mais restant néanmoins sans appel, la dernière fois je ne t’avais pas abandonnée et cela ne t’avait pas empêchée d’avoir eu « à t’occuper » malgré tout ! Tu es libre de faire ce qu’il te chante mais cesse de mentir, je t’en prie. Tu apprécies la vermine, soit, mais ne m’en rends pas responsable.

Mon regard soutint le sien quelques secondes de plus mais je fus bien incapable de le faire très longtemps. Je le vivais bien plus mal que je voulais bien l’admettre et je refusais de le lui montrer. L’eau qui continuait de couler faisait un bruit de fond gênant. J’avais l’impression de n’entendre que ça. Ça et les battements douloureux d’un coeur stupide qui s’acharnait à battre trop fort.

Pourrrquoi est-ce que tu m’as invitée alorrrs que tu n’as visiblement aucune envie de me voirrr ?

Sa question m’arracha un frisson désagréable. Mes doigts refermèrent le robinet. La salle de bain retomba dans un silence total. Lentement, mes épaules se haussèrent d’elles-mêmes, sans que je ne le réalise vraiment.

Pourquoi est-ce que tu es venue alors que tu avais visiblement trouvé de quoi t’occuper ?

L’eau n’avait pas rempli toute la baignoire mais je glissai malgré tout les jambes à l’intérieur. Mes chevilles effleuraient à peine la surface mais cela suffisait à me donner l’impression de faire ce pourquoi j’étais là : me baigner. L’illusion ne durerait probablement pas, comme celle de notre amitié, mais tant qu’elle tenait, j’avais l’intention d’en profiter… Une habitude, à croire…

J’ai toujours envie de te voir… quand bien même tu m’agaces… Et là je voulais être avec toi, c’est tout.

J’avais passé des heures à ne penser qu’à elle, qu’à sa soirée, qu’à son cavalier, qu’à son absence, qu’à son abandon… Elle m’avait manqué. Elle ne pouvait pas me reprocher d’avoir été assez bête pour vouloir la retrouver, tout de même, si ? Si, il fallait croire…
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMer 11 Mar - 21:45

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Une eau aux parfums de citron et quelques bulles qui s’élèvent tout doucement sont tout ce qui constitue notre Royaume pour le moment. Nos piètres tentatives pour lui redonner sa splendeur passée échouent toutes, les unes après les autres. Mon sourire tendrement amusé par un Junior aux cheveux trempés qui s’essuie le visage se fane aussi vite que la flamme d’une bougie que l’on vient de souffler. Même cela ne pouvait résister au sérieux qui alourdissait mon coeur. Ce qui pesait sur nos esprits nous empêchait de retrouver la quiétude de notre paradis personnel. Comme si nous tentions d’ouvrir la porte nous y conduisait, en vain. La poignée tournait dans le vide, encore et encore. Chaque nouvelle tentative nous laissait croire que, enfin ! nous y parvenions ! puis se soldait par un énième échec. Et au milieu de ces déconvenues à répétition se trouvait sa déception à mon égard. Comme une ronce épineuse qui lacérait ma bonne humeur. Il ouvre la bouche, comme pour protester, mais rien ne vient et ses lèvres se referment, arrachant un peu plus de ma fierté au passage. Cela signifiait-il qu’il le pensait vraiment ? Ravalant le chagrin, je poursuis, plus vindicative. Il n’avait pas le droit de m’en vouloir pour cette soirée alors que lui-même n’avait pas voulu m’accompagner. Je n’avais pas choisi Bradford plutôt que lui et cela n’arriverait jamais. Finalement une réaction, instantanée. Son ton lourd de reproches semblait ne pas pouvoir souffrir la moindre contradiction alors je ne l’interromps pas, quand bien même l’envie est grande. Du moins jusqu’à ce que je perçoive ce bourdonnement qui faisait trembler sa voix. Un ton qui me donne l’impression que mon coeur vient de se briser tellement cet écho, qui me renvoie à mon propre chagrin, est douloureux. Une moue boudeuse, telle celle d’une enfant venant de se faire gronder, vient jouer avec mes lèvres et mon visage, mon regard opalin ne quittant pas celui de Junior et le soutenant. J’avais envie de lui dire d’aller voir ailleurs si Salazar y était mais je préférais me taire plutôt que d’échouer à conserver un ton égal et dénué de tremblements.

Je ne cesse de le fixer que lorsqu’il détourne le regard. Lentement, je cligne des yeux, effaçant une humidité gênante et désagréable. Incapable de me départir de mon orgueil, je relève le menton, fière. Comme pour compenser ce poids qui me donnait envie de baisser la tête et de courber les épaules. Dans le silence de notre échange, l’eau qui coulait résonnait avec trop de bruit. Comme une mélodie que l’on ne remarque pas jusqu’au moment où notre ouïe se focalise dessus et dessus uniquement. Incapable d’entendre autre chose, je la trouvais excessivement insoutenable. Je lui demande alors. Pourquoi m’avait-il invitée ici ? Pourquoi alors qu’il semblait à des siècles et des siècles de souhaiter ma présence ? Et je croise les bras, comme pour me protéger physiquement d’une réponse qui ne verra que des dommages invisibles à l’oeil humain. Junior referme le robinet et le silence nous cueille, assourdissant. Mon coeur battait trop fort, produisant une mélodie fort désagréable qui m’étourdissait. Sa nonchalance était vraiment ce qu’il pouvait y avoir de pire en cet instant où il haussa les épaules, comme si ma question l’indifférait au plus au point. La boule dans ma gorge ne cesse de grossir et déglutir n’y change plus rien. Mon meilleur ami se laisse alors glisser au sol, les jambes plongeant dans le peu d’eau que contenait le bassin à cet endroit précis, et me renvoie mon interrogation, légèrement reformulée. Parrrce que ces occupations ne valent rrrien sans toi fais-je après quelques secondes de silence, simplement le temps de retrouver une voix égale. Était-ce si compliqué à comprendre que jamais rien n’avait la même saveur sans sa présence et que je choisirais sans hésiter une soirée avec lui contre mille avec n’importe lesquels de nos camarades ?

Masquant mon visage sous un rideau de cheveux bruns, je me remets à jouer avec les robinets. Ce silence devenait étouffant, tant et si bien que le bruit de l’eau m’apparaissait, en fin de compte, des plus mélodieux. Je les ouvre une seconde à peine avant de les refermer aussitôt, jusqu’à tomber sur une mousse aux reflets bleutés que je laissais rejoindre l’eau du bassin. La dorure suivante fait s’échapper une eau dont les senteurs de myrtille m'arrachent un bref sourire. Le clapotis étouffé par la mousse devient bien plus agréable. Et toujours ces bulles que je contemple et qui continuent de s’envoler, une à une. Avec un léger soupir, je me laisse glisser à mon tour dans le bassin mais ne m’arrête pas à son rebord. L’eau n’arrivait pas bien haut, aussi fais-je quelques pas, comme si c’était là tout ce qui m’importait. Et son aveu vient me cueillir et m’immobiliser en même temps qu’il brise mes dernières défenses. Ce n’est pas l’imprrression que tu donnais lorrrsque je suis venue dans ton dorrrtoirrr. Ou presque. Mais enfin ! moi, en tort ? Pas cette fois-ci. Dernière tentative de me protéger avant d’abandonner complètement. Est-ce que tout avait commencé cette fois-ci ? De ce sentiment de ne plus être de la plus haute importance à ses yeux ? Ou venait-ce d’avant, d’après ? Au diable la fierté, il fallait peut-être que je m’en défasse quelques instants, de temps en temps. Junior le valait bien. Il valait tout, en réalité. Et au son de ces notes jouées pour la toute première fois, je me retourne et m’avance jusqu’à son niveau, levant les yeux pour croiser son regard clair. C’était la première fois qu’il le disait sans détour. La première fois qu’il avait besoin de le dire et probablement la première fois que j’avais besoin de l’entendre. À mon tour de prononcer ce qui aurait dû rester évident mais qui s’était perdu en chemin ? L’une de nos danses avait envoyé voltiger notre confiance mutuelle un peu trop loin et nous nous échinions à la récupérer, en vain. Jusqu’à présent ? Il me semblait que Junior était parvenu à accrocher la mienne du bout des doigts, je ne voulais plus qu’il la lâche et je voulais retrouver la douceur de la sienne.

Prinsen min fais-je, ma langue natale donnant une saveur toute particulière à ce surnom, avant de l’appeler par son prénom puisqu’il ne semblait pas réagir à l’interpellation. Juniorrr. J’aurrrais tout laissé tomber sans hésiter si tu m’avais demander de venirrr ici plutôt que de t’enfuirrr loin du hall. Si je le pouvais, je passerai chaque journée et chaque soirée avec mon meilleur ami. Nous ne le pouvions pas uniquement parce que nos maisons nous séparaient et nous comblions ce manque aussi souvent que possible. Mais il n’avait qu’un mot à dire pour que je choisisse de le retrouver là où il le désirait. Sans que le doute ne voile mon regard opalin une seule seconde. Brrradforrrd n’est qu’un diverrrtissement agrrréable. C’est amusant de se moquer de Sherrrwin ou des Brrrown avec lui. Mais rrrien de plus. Je ne voulais pas t’abandonner. Ce n’étaient pas des excuses car il aurait fallu pour ça que j’ai quoique ce soit à me reprocher. Disons qu’il s’agissait de rétablir une vérité en lui enlevant tous les non-dits sujets à interprétations. Misha était violent, brutal, et n’hésitait pas à foncer dans le tas. Cela m’amusait et me permettait de me défouler en sa compagnie. Ce n’avait cependant rien à voir avec cette relation si particulière que je n’échangerais contre rien au monde. Je plonge un peu plus mon regard dans celui de Junior. Je me colle contre le rebord du bassin, l’eau continuant de monter autour de mes jambes et me hisse sur la pointe des pieds pour me hisser au plus proche de son oreille. Je te l’ai dis : il n’y a qu’un seul Rrroi. Ce n’était pas les mots exacts que j’avais employés dans la bibliothèque, mais peut-être leur feraient-ils suffisamment écho pour lui rappeler notre promesse de ne jamais nous abandonner. Et il est indétrrrônable. Sur ce je m’écarte de nouveau, troublante sensation de briser une étreinte qui n’avait même pas lieu, et je capte de nouveaux ses prunelles, les miennes teintées d’un mélange indéfinissable : attente, chagrin, assurance, désarroi, confiance, et bien plus encore.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMer 11 Mar - 23:44



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Si je n’étais jamais contre l’idée de me lancer dans des explications à rallonge souvent là seulement pour essayer de noyer le poisson et de me sortir innocent de tout ce que je pouvais faire de travers, je détestais cela avec elle. Nous n’en avions jamais eu besoin. D’aussi loin que je me souvienne, presque le jour même de notre rencontre, tout n’avait été qu’une évidence incroyable. Nos regards parlaient pour nous et il ne fallait rarement plus d’un sourire pour que nous puissions nous comprendre clairement. Pourtant, je n’avais pas l’impression que nous étions tant en commun mais cela n’avait jamais entravé la complicité évidente qui me liait à elle. Je n’avais jamais connu ça avec qui que ce soit d’autres… et dans le fond, j’étais persuadé que ça n’arriverait jamais plus. Elle s’était toujours posée comme une sorte d’âme soeur, la personne que je devais absolument rencontrer dans ma vie. Et ça l’avait été pendant des années… Je ne comprenais pas ce qui avait changé si rapidement. Pourquoi tous ces liens si étroits que nous avions tissé au fil du temps se défaisaient un à un…? C’était arrivé presque d’un coup, brusquement, et nos tentatives toutes plus désespérées les unes que les autres de rattraper ces morceaux qui se délitaient me semblaient affreusement vaines. L’évidence n’existait plus. La compréhension semblait rompue. Nous ramions, drapés dans toute la fierté qui pouvait nous caractériser, cajolant nos egos blessés plutôt que de veiller sur notre amitié… Et quand nous le faisions enfin, c’était sûrement trop tard, le mal était fait et les plaies bien profondes. Et ces plaies, j’avais toutes les difficultés à les contempler. Voir la distance qui nous séparait ce soir me donnait la nausée et la tristesse qui voilait par instant le regard d’Erin que je fuyais pourtant ravivait en moi l’envie de l’enlacer, comme la dernière fois. Mais il restait derrière ce geste une lueur gênante qui me tenait à distance et que je ne pouvais m’expliquer. Comme si, malgré l’intimité presque totale que nous partagions, celle-ci était trop intime pour pouvoir m’y risquer à nouveau. C’était l’objet d’une fois, d’un égarement troublant, il n’y avait aucune raison de réitérer l’expérience. L’innocence qui pouvait l’estomper une fois ne le ferait jamais une seconde. Je finis par m’asseoir sur le bord sur bassin, profitant de sa hauteur pour me soustraire définitivement à son regard.

Parrrce que ces occupations ne valent rrrien sans toi.

Je ne sus vraiment quoi répondre à ça… ni même comment le prendre en réalité. D’un côté, j’y voyais avec soulagement tout le positif du monde mais d’un autre… Est-ce que cela sous-entendait « qu’avec moi » elles pouvaient valoir quelque chose ? Que c’était seulement parce qu’elle avait eu à faire un choix qu’elle était là ? Il était évident que je cherchais à analyser des signes qui n’existaient probablement pas mais c’était plus fort que moi. Égoïstement (jalousement ?) je n’avais aucune envie qu’elle puisse y trouver le moindre intérêt, quel qu’il soit. Il était question d’un parfait demeuré ! Il n’y avait rien à en tirer et je ne voyais toujours pas ce qu’il pouvait bien lui apporter… Sûrement quelque chose, pourtant… quelque chose hors de ma portée… J’entrevoyais péniblement les manques encore invisibles de notre relation. Qu’est-ce que je pouvais bien faire pour lutter contre quelque chose qui m’échappait en tout point ? Près de moi, les robinets se remirent à déverser leurs eaux. Heureusement qu’ils étaient là pour accaparer toute l’attention que nous nous refusions ce soir. Il me semblait qu’une vie s’était écoulée depuis que nous nous étions affalés sur mon lit, avec pour seule occupation que la parfaite suffisance de la présence de l’autre. C’était bien… C’était mieux que bien, même… Sentir les secondes qui filaient et réaliser avec justesse le bonheur que c’était d’en avoir encore tant d’autres à passer avec elle… juste comme ça… sans rien faire… seulement parce qu’elle était là… Si j’avais su, j’en aurais sûrement profité bien davantage. Tous nos tête-à-têtes, pour un peu qu’ils se fassent loin du monde, avaient été un cuisant échec depuis ce soir-là… Et je devais bien avouer que ça me manquait. Elle me manquait. J’aurais donné cher, probablement n’importe quoi en réalité, pour retrouver cette insouciance délicieuse et me blottir dans sa chaleur rassurante. Une mousse bleutée se posa à la surface tandis qu’une odeur de myrtille qui me rappelait les goûters à la maison venait me chatouiller les narines. En ce moment, la maison aussi me manquait… Oh, bien moins que notre complicité, c’était évident ! Mais c’était un cocon tranquille dans lequel rien ne pouvait vraiment m’atteindre et ces derniers temps, j’étais bien incapable de retrouver ça ici. La Poufsouffle se laissa aller dans l’eau et s’éloigna de quelques pas. Je la regardais faire sans comprendre, peut-être plus blessé que je l’aurais pensé. Elle accentuait la distance entre nous, comme si celle-ci en avait besoin. J’agitai doucement les jambes et préférai me perdre dans l’observation dénué d’intérêt des ondulations que cela provoqua. Est-ce que c’était la peur qu’elle s’éloigne davantage qui me fit admettre sans détour que je chérissais chaque instant en sa compagnie, qu’importe la mauvaise foi, qu’importe les disputes, qu’importe l’incompréhension qui était nôtre ces derniers temps ? Probablement.

Ce n’est pas l’imprrression que tu donnais lorrrsque je suis venue dans ton dorrrtoirrr.

Et comme la première fois, le retour à la réalité fut brutal. J’étais prêt à faire un pas vers elle, à essayer de calmer ses craintes… Je voulais qu’elle sache que je tenais à elle et qu’elle comptait plus que tout pour moi… mais à chaque fois que j’avais le malheur de m’y risquer, elle semblait se braquer et je me renfermais immanquablement. Ma mère m’avait toujours trouvé un peu maso de traîner avec elle (soi-disant que son influence était déplorable et qu’il y avait bien des filles qui méritaient davantage mon attention) mais je ne l’étais pas assez pour me laisser rembarrer ainsi bien longtemps. Si elle ne voulait pas que je dise ce qu’elle semblait pourtant vouloir m’arracher, je ne le dirais simplement plus.

Mais tu sais très bien que j’ai horreur d’être pris au dépourvu…

C’était ce que je pouvais faire de mieux pour laisser planer un doute inexistant sur la question… Ça n’était pas que je ne voulais pas la voir mais tout était sa faute. Et si ça ne lui allait toujours pas, et bien tant pis ! Je ne pouvais pas dire tout et son contraire avec la même justesse. Si je savais mentir sans mal quand cela le nécessitait, je n’avais aucune envie de le faire pour qu’elle soit insatisfaite quoi qu’il arrive. Néanmoins, elle se retourna et revint sur ses pas avant de s’arrêter près de moi, ses yeux cherchant à nouveau les miens. Je ne savais plus sur quel pied danser avec elle et préférai ne m’attendre à rien. Après tout, cela risquait d’être désagréable…

Prinsen min, commença-t-elle sans parvenir à m’arracher la moindre réaction. Je n’étais pas trop idiot et dégageais de ces deux mots quelque rapprochement de ceux dont j’usais quotidiennement mais je craignais seulement la suite… C’était toutefois la première marque de la tendresse à la fois sincère et exagérée qui pointait ce soir. Juniorrr. J’aurrrais tout laissé tomber sans hésiter si tu m’avais demander de venirrr ici plutôt que de t’enfuirrr loin du hall.

J’avais peur d’apercevoir un reproche sous les caresses de son assurance. De quel droit l’aurais-je arrachée à quelque chose qu’elle semblait apprécier ? Bien sûr que je l’aurais voulu, bien sûr qu’il m’aurait été bien plus simple de composer vaguement avec la culpabilité de lui avoir fait louper une soirée à laquelle elle semblait tenir plutôt que de supporter les images détestables et les doutes oppressants ! Mais ça n’était pas là ma vision de l’amitié. Ni de rien d’autre en réalité. J’aurais préféré qu’elle me laisse entrevoir la possibilité de le faire plutôt que de glisser dans nos lettres seulement la déception de ne pas m’avoir convaincu… Comme si l’important était le lieu et non la compagnie. Quoi qu’on puisse parfois prétendre, je n’étais pas devin et devais me contenter des signes qu’elle m’envoyait… J’essuyai du bout du doigt une gouttelette accrochée à sa joue et haussai maladroitement les épaules.

Brrradforrrd n’est qu’un diverrrtissement agrrréable. C’est amusant de se moquer de Sherrrwin ou des Brrrown avec lui. Mais rrrien de plus. Je ne voulais pas t’abandonner.

Il me fallut toute la volonté du monde pour rester de marbre face à ses premiers mots mais je crois que j’y parvins à peu près. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, son divertissement prenait parfois le pas sur le reste… Je n’avais jamais cherché à savoir ce que Finnbjörn en pensait mais la vexation laissée par leurs retrouvailles en plein bal, seulement excusé d’un « je reviens » balancé à la hâte, peinait à s’estomper. Je doutais très franchement qu’elle ait pu le vivre mieux que moi. Elle avait eu l’air si pressé, presque enjouée… Et elle s’était juste enfuie, comme ça, sans un regard en arrière… et sans revenir. La suite fut heureusement plus douce… mais toutes mes barrières ne cédèrent pas pour autant. C’était facile de dire ce que l’on pouvait vouloir, après coup, cela n’empêchait pas l’enchaînement et ce qu’il pouvait bien laisser entendre. Je ne savais pas réellement ce qui les liait, je savais seulement que c’était plus important qu’elle ne voulait bien le dire. Je l’aurais plantée pour une amie, et encore, pour quelqu’un à qui j’aurais pu tenir… mais je ne l’aurais jamais plantée pour un divertissement, fut-il agréable. Je fis le choix de pas nous enfoncer davantage. Elle faisait des efforts, il était normal d’en faire également. Qu’importe si ça voulait dire laisser l’ombre d’un mensonge s’installer entre nous. Est-ce que nous étions réellement à ça près, de toute façon ?

Je sais, soufflai-je enfin, un sourire à peine esquissé sur les lèvres.

Le poids qui pesait dans mon estomac ne s’allégea pas, bien au contraire. Rares étaient les fois où je lui dissimulais si honteusement la vérité. Mais si nous voulions aller de l’avant et retrouver ce que nous avions jusque là, je ne voyais d’autres solutions. Inutile de rester coincés sur quelque chose d’inébranlable, ça ne mènerait à rien. Elle effaça le peu de distance qui la séparait encore du bord et y prit appui, se hissant sur la pointe des pieds. Son visage se colla presque au mien et cette proximité me renvoya presque aussitôt au trouble de la bibliothèque.

Je te l’ai dit : il n’y a qu’un seul Rrroi.

Son souffle me fit bêtement frissonner si bien qu’il me fallut un instant pour prendre en compte ce qu’elle avait bien pu prononcer… et réaliser que ça n’était pas tout à fait ça. Ma mémoire avait beau me jouer parfois des tours, la tristesse amère que notre conversation m’avait laissée ne souffrait d’aucun oubli. Il n’y avait qu’un seul vrai roi, c’était ce qu’elle avait dit ce soir-là… Et la différence était immense. Je me fichais bien de la légitimité de ma place si mille et un autres se la partageaient pour de faux ! Je hochai doucement la tête, ses cheveux effleurant ma joue sous mon geste. Je n’avais plus envie de lutter et d’essayer de démêler le vrai du faux ce soir. Elle voulait aller dans mon sens alors j’irais également. Mais au fond de moi, l’incertitude demeurait vivace. Je gardais en tête les noms et les images qu’elle m’en avait laissés. Je savais qu’elle tenait à moi, je n’avais jamais vraiment remis en cause sa sincérité, mais je peinais à savoir vraiment ce qu’elle pouvait en attendre. L’exclusivité presque parfaite de notre relation chancelait, la bulle délicieuse et rassurante qui nous avait toujours enveloppés avait éclaté… Je ne savais pas quelle place j’avais dans sa vie ni si elle me convenait vraiment. Je n’avais pas envie d’être un de plus. Et tous les surnoms, tous les titres du monde n’y changeaient rien tant le reste ne suivait plus ces derniers temps.

Et il est indétrrrônable.

Mes lèvres se posèrent furtivement sur sa joue avant qu’elle ne reprenne ses distances. Dans le bassin, l’eau terminait sa course. J’étendis le bras et cherchai à tâtons les robinets ouverts pour éviter que tout ne déborde.

J’espère bien, oui, répliquai-je avec une prétention surjouée alors que je me laissais à mon tour glisser à l’intérieur. Tu ne trouverais pas plus dévoué au poste, de toute façon.

Et sous mes airs un peu capricieux, comme si je réclamais vraiment le trône, c’était sûrement l’une des déclarations les plus sincères que je ne lui avais jamais faites. Ça n’était pas envers mon royaume que se portait mon dévouement, ça n’était pas envers mon titre… c’était envers ma Reine. Et c’était sûrement pour ça que la présence de rapaces lui tournant autour était si difficile à accepter… Parce que qu’importe les autres, pour moi, il n’y avait toujours eu qu’elle.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyVen 13 Mar - 0:02

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


L’eau clapote autour de moi, mélange vague d’ondulations provoquées par ce qui s’écoule du robinet et par les mouvements de Junior que je sentais dans mon dos. La mousse bleutée envahissait doucement tout l’espace, laissant sur le bout de mes doigts une caresse savonneuse. Pas celle dont j’avais besoin, cependant. Pas celle qui me manquait cruellement ce soir. L’aveu de Junior stoppe net tout mouvement. Dernière rébellion de mon égo trop profondément atteint avant que je ne me défasse de cette armure qui faisait de moi une reine, certes, mais une guerrière avant tout. Il me fallait cesser de vouloir panser à n’importe quel prix cette fierté blessée. Car, après tout, la meilleure manière - l’unique manière en réalité - de vraiment la réparer était de retrouver cette complicité qui m’était vitale. Une moue boudeuse réceptionne les paroles de Junior tandis que je me tourne vers lui. Je savais qu’il n’aimait pas les surprises. Ce soir-là je n’avais néanmoins pas pensé un seul instant qu’il pourrait se renfrogner en me voyant. C’était moi, c’était lui. J’avais l’habitude de cette certitude que ma présence lui était précieuse et qu’il ne se vexerait jamais de me voir. Tout comme la réciproque était vraie. Me rendre compte de ce tort m’avait plus profondément ébranlée que je ne l’aurais jamais cru. Sûrement car c'était impensable jusque lors. Je gardai cette écorchure pour moi. Mon meilleur ami tenait faiblement les derniers fils d’une confiance qui était toujours allée de soi et moi, je ne désirais rien de moins que retrouver l’autre extrémité.

Me rapprochant de lui, jusqu’à presque effleurer ses jambes, je l’appelle. Il ne réagit pas à mon norvégien, le regard obstinément braqué dans le vide. Alors je souffle son prénom, enlevant toute ambiguïté que ses tendances à la mauvaise foi pouvaient faire subsister : je m’adresse bel et bien à lui et à personne d’autre. Que lui dire et par où commencer ? Il m’avait manqué ce soir. Terriblement. Et s’il devait savoir une chose c’était bien que j’aurais échangé sans hésiter des heures de cette réception sans saveur car il en était absent, contre une seule minute avec lui. Son haussement d’épaules m’arrache un soupir mais un sourire se fraye malgré tout un chemin dans cette apparente exaspération. À quel moment avais-je oublié comment mon meilleur ami se comportait ? À quel moment, sur le long chemin que nous parcourions à deux, avais-je cessé de remarquer ce que je connaissais par coeur pour me laisser aveugler par des signes qui n’en étaient peut-être même pas ? Du moins l’espérais-je. Son doigt effleure ma joue et chasse une gouttelette, laissant derrière ce geste une douce sensation. J’incline mon visage pour prolonger un millième de seconde en plus ce contact, mes pupilles claires contre ses prunelles cristallines. J’en avais envie murmuré-je, comme si parler trop fort risquerait de briser le peu d’intimité que nous semblions retrouver enfin. J’ai pensé que tu ne voulais pas venirrr carrr tu avais autrrre chose de prrrévu... Quoique cela puisse être. Quoique mon esprit, aidé par les sous-entendus qu’il parsemait ici et là, puisse imaginer. Pourrrtant, Salazarrr sait que la prrroposition d’une soirrrée avec toi vaut bien plus que tout le rrreste. Si même ma franchise débarrassée de sa cuirasse orgueilleuse ne parvenait pas à lui faire entendre ce que ma voix tentait d’énoncer, je ne saurais plus quoi dire de plus. Est-il trrrop tarrrd ? Pour passer une soirée complice. Une soirée qui n’appartiendrait qu’à nous deux. Pour rattraper les heures gâchées à ne pas être l’un avec l’autre. Pour laisser les suivantes filer sans s’en préoccuper, uniquement intéressés par notre présence mutuelle.

Puis je poursuis. Bradford n’était rien. Une brindille sur un sentier qui en comportait des milliers. Insignifiant, remplaçable et mortel. Pas comme Junior. C’était avec lui que j’avançais, main dans la main. Que je dansais de longues valses uniques en leur genre. Il n’y avait bien qu’avec lui que je souhaitais le faire. Cependant, mes mots semblent produire l’effet inverse. Il reste de marbre alors que j’espérais un sourire. Il ne cille pas alors que j’espérais une lueur un peu plus vive au fond de son regard si détaché. Même son sourire était pâle et lointain. Une ombre dans le regard, une moue au bord des lèvres, j’insiste : Tu sais mais tu agis comme si ce n’était pas le cas... Je plonge un peu plus mon regard dans le sien, comme si je cherchais à y puiser quelque chose. Un signe, une force, un courage ? C’était idiot. Je n’avais pas besoin de ça avec lui, je n’en avais jamais eu besoin. Mon naturel fougueux était encore plus libre de s’exprimer en sa présence, rien ne m’avait jamais arrêtée. Réduisant la distance qui nous séparait à néant, je m’appuie contre le rebord sur lequel il est assis pour me hisser jusqu’à son oreille et lui rappeler notre promesse passée. Ses lèvres laissent une nouvelle caresse brûlante sur ma joue au moment où mes talons se reposent sur les dalles en marbre du bassin, faisant naître un sourire plus ardent que depuis le début de cet insoluble tête-à-tête.

Enfin Junior me rejoint dans l’eau qui remplissait désormais toute la surface de cette immense baignoire. Les longueurs de ma chevelure baignaient dans la mousse bleutée dont les parfums de citron et de myrtille ne cessaient de nous envelopper. Je ne trrrouverrrais pas plus dévoué ? répété-je, mon sourire se teintant d’un amusement chargé de tendresse. Je n’en doute pas. Je ne cherrrche pas, de toute façon. L’occupant actuel m’a prrromis qu’il n’abandonnerrrait jamais son poste. Et derrière ce ton légèrement moqueur se cachait un rappel dénué de subtilité concernant la promesse qu’il m’avait faite de ne jamais me laisser. Le trône était le sien, personne d’autre ne l’occuperait jamais. Ne me l’avait-il pas affirmé ?

Je le laisse faire quelques pas dans le bassin, contemplant son dos délesté de tout vêtement. Un léger sourire moqueur vient étirer mes lèvres. Je le suis à pas de fauve, mes mains se lestant de toute la légèreté de cette mousse bleutée. Ce n’est que lorsque mon souffle vient chatouiller son cou que mes doigts viennent plaquer cette écume d’intérieur sur sa joue et que mes bras l’entourent tandis que je grimpe sur son dos, mon poids rendu inexistant par l’eau qui nous entoure. Alorrrs comme ça, je suis agaçante ? J’attends, mon souffle continuant de danser près de sa peau. Ma tête posée sur son épaule, distinguant les traits de son profil, je me laisse alors à un dernier murmure aux accents de pénitence. Sieurrr d’Arrrchambault serrrait-il disposé à écouter une confession ? fais-je, la moquerie rendant mes mots chantants. Je pouvais bien rester là éternellement, à patienter qu’il daigne m’offrir sa réponse. Jamais mon impatience ne souffrirait de cette proximité retrouvée.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyDim 15 Mar - 0:47



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

La distance se réduisait doucement à mesure qu’Erin s’avançait. Je la regardai faire, un mélange d’envie et de crainte se disputant le poids qui restait encore dans mon estomac. Bien sûr, je restai un minimum sur la défensive, ne sachant trop comment la suite pourrait bien se passer, mais d’un autre côté, j’étais rassuré de la voir me revenir. Je détestais la distance qui nous séparait toujours davantage ces derniers temps et refusais qu’on en rajouter la moindre physique par dessus. Ses paroles se firent plus caressantes, comme la promesse de soirées plus agréables. Mais j’étais incapable de ne pas envisager qu’il puisse y avoir des reproches à peine voilés sous la couche rassurante. Et si elle m’en voulait de ne pas avoir fait l’effort de l’enlever à cette soirée, comme j’en avais eu l’intention ? Non… Ça n’avait pas grand sens. Elle avait eu beau dire que ça n’avait pas été à la hauteur de ses attentes, quand je l’y avais vue, elle ne semblait pas attendre qu’on vienne l’arracher à son destin ! Je l’aurais fait sans la moindre hésitation si ça avait été le cas, croyez-moi ! Je tendis machinalement la main, laissant mon doigt glisser sur sa joue pour effacer l’humidité qui s’y trouvait mais je ne m’étais pas attendu à ce qu’elle penche un peu la tête, comme pour que ce contact s’éternise un peu. Je me sentis bête à son geste. Agréablement bête peut-être mais bête quand même. Son regard planté dans le mien, je me surpris presque à prier de n’avoir pas rougi sans vraiment savoir ce qu’il en était en réalité. L’ignorance me convenait parfaitement et j’espérais qu’on ne viendrait pas m’enlever ça.

J’en avais envie.
Moi aussi, répondis-je sur le même ton, à peine soufflé, sans même savoir exactement de quoi elle parlait…

D’abandonner le reste du monde pour nous retrouver ici bien plus tôt ? De ce moment ensemble ? De retrouver ce que nous avions toujours eu ? De… de ce contact aussi infime soit-il ? Je n’en savais rien mais j’étais prêt à répondre positivement à chacune de ces propositions.

J’ai pensé que tu ne voulais pas venirrr carrr tu avais autrrre chose de prrrévu…

La surprise me tomba brutalement dessus. Autre chose de prévu ? Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? J’avais juste dit que je ne voulais pas aller à cette soirée… Je n’avais pas non plus été à celle d’Halloween. C’était seulement que la nouvelle directrice ne m’inspirait rien qui vaille et passer ma soirée à jouer les apprentis moldus ne me faisait guère rêver. Il ne me semblait pas avoir laissé entendre que ma soirée ait pu être programmée…

Autre chose de prévu ? Ce soir…?

J’aurais au mieux pu envisager faire mes devoirs ou continuer quelque lecture mais en aucun cas avoir réellement le moindre programme à tenir. Cette soirée était affreusement connotée et je ne voyais aucune raison de la passer avec une demoiselle pour laquelle je ne ressentais rien… Pour faire comme tout le monde ? Très peu pour moi. M’encombrer de n’importe qui n’avait jamais fait partie de mes habitudes et je ne tenais pas à faire changer cela. Elle n’aurait eu qu’à me laisser entendre qu’elle était prête à abandonner le simulacre de bal organisé par la direction pour que nous trouvions de quoi nous occuper loin du monde.

Pourrrtant, Salazarrr sait que la prrroposition d’une soirrrée avec toi vaut bien plus que tout le rrreste.
Tu avais l’air de tenir à celle-ci…

Après tout, elle avait essayé de me convaincre un moment avant de renoncer sans laisser entendre que ma compagnie lui importait davantage que la perspective de se moquer de nos camarades. Ou de passer la soirée au bras de son impur… Elle avait beau prétendre le contraire, il m’était difficile (impossible ?) d’oublier que cela faisait deux fois et qu’il commençait à prendre des airs de cavalier attitré. Oh, il le pouvait, je ne réclamais pas le titre, mais cela me peinait un peu malgré tout.

Est-il trrrop tarrrd ?

Je secouai imperceptiblement la tête. Il fallait croire que non. Nous étions là tous les deux et le pire, pour l’instant, semblait derrière nous. Je ne doutais pas que cela reviendrait un jour sur le tapis et que cela finirait par me lasser mais en attendant, la perspective d’un moment agréable avec ma meilleure amie était des plus alléchantes. Mais plutôt que de changer simplement de sujet et de laisser notre soirée dérouler son fil, Erin trouva judicieux de reprendre une fois encore. Je sais que c’était sûrement dans l’espoir d’apaiser mes craintes ! Mais elle ne parvint qu’à faire l’inverse… Dans tous les cas, il y avait quelque chose de blessant. Soit elle ne me disait pas tout, soit « un divertissement » suffisait à l’éloigner de moi. Je ne savais pas lequel des deux était le pire mais, dans tous les cas, je n’en aimais aucun. Je fis tous les efforts du monde pour ne pas laisser entrevoir la moindre tristesse mais il fallait croire que ça ne suffisait pas.

Tu sais mais tu agis comme si ce n’était pas le cas…
Erin, soufflai-je d’une voix suppliante dans l’espoir qu’elle arrête enfin.

Elle sembla heureusement le faire puisqu’à la place, elle assassina la distance, se collant presque à moi, et se hissa sur la pointe des pieds. Sa joue était presque collée à la mienne, sa chaleur se mêlait à la mienne… Le retour en arrière fut presque immédiat et je nous revis lovés l’un contre l’autre dans les allées obscures et interdites de la bibliothèque. Quelques mots de plus passèrent ses lèvres, son souffle m’arracha un frisson. Son discours n’était plus le même et il était difficile de savoir quelle version croire mais je fermerais les yeux pour ce soir. Tant pis. Elle faisait des efforts, il m’était normal d’en faire aussi. Surtout avec elle… Seulement avec elle, en réalité… Je n’étais d’ordinaire pas véritablement connu pour exceller dans l’art des concessions… Mes lèvres effleurèrent sa joue alors qu’elle se reculait, et il ne me fallut qu’un instant pour consentir enfin à me jeter à l’eau.

Je ne trrrouverrrais pas plus dévoué ?

Une fois de plus, je secouai la tête. Non, elle ne trouverait pas. Je ne pouvais pas affirmer grand chose avec certitude mais ça je le pouvais sans l’ombre d’une hésitation. Il me semblait qu’il n’y avait rien que je n’étais prêt à faire pour elle et elle était probablement la seule dont l’intérêt passait avant le mien. Les liens étroits que nous avions tissés depuis les années n’avaient de cesse de se resserrer encore et encore au fil du temps, au point qu’elle m’apparaissait aujourd’hui comme essentielle. Tous les amis du monde (je n’en avais de toute façon pas tant que ça) ne faisaient pas le poids face à ma Reine.

Je n’en doute pas. Je ne cherrrche pas, de toute façon. L’occupant actuel m’a prrromis qu’il n’abandonnerrrait jamais son poste.
On dit qu’il compte s’y tenir… à moins qu’on ne finisse tout de même par le lui ravir, bien sûr. Le monde est cruel, on est à l’abri de rien.

Pourtant, je m’y étais toujours senti à ma place. Nous ne nous ressemblions pas vraiment, Erin et moi, nos caractères étaient relativement opposés et nous étions très souvent en désaccord mais je ne connaissais personne auprès de qui je pouvais me sentir aussi libre. Nos disputes récurrentes ne m’avaient jamais fait craindre le moindre jugement et même si elle se moquait souvent, je n’y avais jamais vu une once de méchanceté. Avec le reste du monde, sans le moindre doute, mais pas avec moi. Comment pourrais-je avoir à l’idée d’abdiquer dans de telles circonstances ? Mais, quoi qu’elle prétende, je savais pertinemment qu’arriverait un jour où un autre finirait par m’arracher à mon trône et régnerait avec elle sur ce qui avait toujours été mon royaume. C’était la vie, aussi affreuse qu’elle soit. J’irais m’asseoir sur un autre trône, auprès d’une autre reine et, sans nul doute, je regretterais pendant des années cette adolescence bénie. J’en étais là de mes réflexions peu enjouées, avançant dans le bassin dans l’espoir de voir où nous n’aurions plus pied, lorsqu’on m’attaqua fourbement. Erin se rapprocha à pas de loup et me sauta sur le dos, m’étalant de la mousse sur la joue et manquant de nous faire tomber tous les deux. Je ne pus m’empêcher de lâcher une exclamation surprise et désapprobatrice massacrée par un rire avant d’essayer de la tenir tant bien que mal pour ne pas qu’elle glisse. La proximité soudaine et totale, sa peau nue glissant contre la mienne, avait ce goût d’interdit qu’on ne s’explique pas, de ceux qu’il faudrait éviter mais qu’on n’empêche pas.

Alorrrs comme ça, je suis agaçante ?
La pire d’entre toutes, votre Altesse !

Loin de la repousser, je resserrai légèrement mon étreinte. Elle posa sa tête sur mon épaule et son regard sur moi. Le temps se suspendit brièvement et mes yeux se perdirent dans les siens. Son souffle s’écrasa à nouveau sur ma joue alors qu’elle reprenait :

Sieurrr d’Arrrchambault serrrait-il disposé à écouter une confession ?

Si je voulais bien admettre que j’étais un ange, je n’avais pas encore pris la direction des ordres. Il y avait des gens bien plus aptes à recevoir les confessions des pêcheresses dans son genre ! Je haussai tant bien que mal les épaules et ne pus retenir un sourire outrageusement taquin.

S’il est question de la double ration de dessert que tu as dû avaler ce soir, n’aie crainte, je la sens bien !

Je me délestai d’un rire amusé alors que la soirée reprenait un cours plus agréable. Et s’il fallait en passer par les confidences pour qu’elle continue sur cette voie, alors qu’elle se rassure, j’étais prêt à recevoir les siennes…
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyLun 16 Mar - 18:50

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


L’attention de Junior capturée, il n’était plus question de la laisser filer de nouveau. Sa caresse provoque un agréable frisson le long de mon dos, que je cherche à prolonger, visage incliné, pupilles claires plantées dans les siennes. Que dire de plus que la vérité, rien que la vérité ? celle dénuée de tout orgueil et qui ne laissait place qu’à la plus pure des sincérités ? Je ne faisais pas dans la demi-mesure, qu’il s’agisse de me draper de ma fierté pour masquer mon dépit ou de l’ôter complètement. Alors je lui avoue, dans un souffle murmuré, que j’avais envie de cette soirée avec lui. De cela, et de ce contact, et de cette intimité entre nous qui commençait tout doucement à reprendre forme. Comme pour ne pas la briser, je me contente de chuchotis caressants et continue sur le chemin des confessions. Qu’il ne souhaite pas venir avec moi laissait entendre qu’il avait mieux à faire ; et ça n’était pas certaines de nos dernières conversations qui pouvaient me rassurer sur ce point. Si je doutais des rumeurs le liant à Phoenix, qu’en était-il de toutes les autres ? Et des sous-entendus qu’il avait négligemment laissé tomber ici et là ? Une moue bougonne se pose sur mes lèvres tandis que je hausse les épaules, comme pour balayer cette information et la renvoyer loin de nous et de cet instant. Oui me contenté-je de répondre d’un ton renfrogné, l’envie d’épiloguer sur ce que mes pensées pouvaient bien se figurer étant parfaitement absente. Après tout, n’avais-je pas insisté autant que possible pour qu’il m’accompagne, prouvant par là que je souhaitais passer cette soirée avec lui et non pas avec quelqu’un d’autre ? Le fait qu’il refuse ne m’avait guère étonnée, mais il ne m’avait rien proposé en échange, comme si le refus ne venait pas tant de l’événement que de la personne qui le sollicitait. Comme s’il avait prévu quelque chose d’autre. Avec quelqu’un d’autre.

Nos deux points de vue s’affrontent, aussi bornés que nous l’étions. Un petit soupir ponctue sa remarque, accompagné d’un haussement d’épaules d’une nonchalance démentie par mes paroles : J’y tenais bien moins qu’à un moment avec toi. Je ne cille pas, ne le lâche pas du regard, me contente d’une autre question. Est-ce qu’il était trop tard pour que cette soirée devienne enfin la porte ouverte sur notre Royaume qu’elle était censée être ? Son vague mouvement de tête tend à démentir cette éventualité mais je n’empêchai pas mon regard de s’assombrir. Malgré toute ma bonne volonté, Junior continuait de m’échapper. À chaque nouveau mot, il trouverait une parade pour se dérober. Et finalement, j’avais beau frôler ses jambes, j’avais la sensation que nous étions toujours aussi éloignés l’un de l’autre qu’au début de ce rendez-vous. Tout en lui n’est que détachement, bien loin de l’ardente implication qui me fait rire et bouder à tour de rôle en temps normal. Mes prunelles opalines ombragées, je suspends quelques mots qu’il interrompt aussitôt d’une supplique à peine soufflée.

Mon prénom murmuré m’appelle à lui et je hausse pour me rapprocher de son visage, ma joue effleurant la sienne, mes lèvres chatouillant son oreille. Aucune étreinte d’aucune sorte, pourtant cette proximité soudaine me ramena des soirs en arrière, dans une partie de la bibliothèque où nos deux corps enlacés avaient alors été le refuge le plus sûr et le plus agréable que je n’avais jamais connu. J’avais alors cédé à l’appel paniqué d’une confiance ébranlée. Elle ne l’était peut-être pas suffisamment cette fois-ci pour que je lui cède de nouveau. Malgré tout, je mourrais d’envie de sentir sa peau contre la mienne et de me jouer de lui de quelques sourires emplis de taquineries. Oui, d’accorrrd chuchoté-je, mon ton chantant une musique bien lourde qui trouvait ses trémolos dans les notes les plus profondes de ma voix. Je voulais juste que tu comprrrennes que Misha ne vaut rrrien alorrrs que toi tu vaut tout. C’était un Roi, le seul que je veuille et que je ne voudrais jamais ; un Roi dont le trône lui était éternel et que personne ne pourrait jamais lui ravir. Me détachant de lui, je sens ses lèvres glisser sur ma joue avant que nous ne finissions tous les deux dans le bassin. Je sentais enfin l’enthousiasme de Junior, teinté de sa prétention toute naturelle et qui m’arracha un sourire plein d’une tendresse qui m’avait manquée. Rappelant la promesse qu’il m’avait faite de ne jamais m’abandonner, je ne me préoccupe pas d’être subtile. Je ne compte pas laisser qui que ce soit rrravirrr cette place, répliqué-je avec une nonchalance impertinente. Il s’agissait de la sienne, bien mal avisé serait celui qui tenterait de le détrôner. Car il n’aurait pas à faire qu’à Junior, loin de là. J’étais prête à me battre pour qu’il la conserve. carrr elle n’apparrrtient qu’à une seule perrrsonne. Depuis que nous nous connaissions, elle était sienne. C’était, somme toute, des plus logiques : cette place était tout bonnement inexistante avant que mon meilleur ami ne débarque dans ma vie et ne devienne si rapidement si indispensable. Je n’aurais cherché à fuir un pays pour personne d’autre que pour lui, et nous ne nous connaissions que depuis quelques mois alors. Qui pouvait savoir de quoi je serais capable aujourd’hui ? Je saurrrai me montrrrer plus crrruelle que le monde terminé-je avec un sourire féroce. Une Reine ne laissait personne s’attaquer à son Roi en toute impunité. Nous devions être deux, pour régner. Et je n’avais ni besoin, ni envie de personne d’autre que lui.

Il barbote dans ce bassin mousseux et déjà un air mutin vient faire danser mon visage. Je me rapproche de lui, mes mains s’emplissant négligemment d’autant de mousse que possible. Attaque traîtresse qu’il ne voit pas venir et déjà je le déstabilise en lui sautant sur le dos et en lui barbouillant le visage de ces flocons de savon. Il manque de trébucher, équilibre affecté par mon arrivée soudaine, et je pouffe en m’accrochant un peu plus. Il se stabilise néanmoins, me laissant tout le loisir de serrer mes jambes autour de sa taille, ses mains dansant sur ma peau nue pour m’empêcher de glisser. Un contact aussi troublant qu’agréable. Je laisse ma tête se poser sur son épaule, mes bras passés autour de son cou et mon visage tourné dans sa direction, subitement plus paisible que jamais. Ce n’est pas pour autant que mes pensées, elles, se montraient plus calmes. Au contraire, elle poursuivait leur bouillonnement incessant, chevauchant mille sujets à la fois. Il y avait encore bien des choses que je souhaitais lui dire mais sa supplication précédente me freinait comme peu de choses étaient susceptibles de le faire. Cependant, je me devais de rétablir une dernière vérité avant de laisser cette soirée poursuivre son cours parfumé et mousseux. Junior m’offre une réponse pleine de sarcasme offensant. Bounder (Goujat) ! Avec un petit cri aussi amusé que outré, je me charge de lui faire ravaler son insolence d’une nouvelle gerbe d’eau, avant de reprendre ma place contre son épaule.

Quelques secondes s’écoulent dans un silence contemplatif, avant que mes doigts ne viennent dégager son front d’une mèche mouillée. La confession prenait forme dans mon esprit mais je m’affaisse, comme sous le poids de ce qu’il fallait dire. C’est que je pouvais déjà prédire de nombreuses réactions, toutes aussi probables les unes que les autres. Junior avait cette tendance merveilleuse à comprendre ce qu’il souhaitait de mes paroles ; bien souvent, c’était évidemment l’opposé de ce que je cherchais à lui dire. Continuant de jouer avec ses cheveux, mon regard se perdant dans le vide, je reprends avec une pointe de suffisance : Il n’est pas question de desserrrt mais de grrrossier perrrsonnage, justement. Je ne tarde pas à abandonner mon arrogance supérieure pour laisser un sourire désabusé. Je dois vous confesser un mensonge, mon Seigneur. Je retrouve ses pupilles claires et ne les lâche plus. Il est tout à fait possible que, horrrmis une rrrépugnante fois due à un jeu de trrrès mauvais goût, votrrre Altesse n’ait en fait jamais posé ses lèvrrres sur celle d’un quelconque fat. Je ne le lui laisse même pas le temps de répondre que mon visage se teinte d’une exaspération anticipée. Ne cherrrche pas comment mal interrrprrréter mes prrropos, mon amourrr. Je n’ai jamais embrrrassé Charrrles-Auguste, excepté pour ce jeu idiot, et parrr pitié je ne veux plus jamais rrrecommencer. Sur ce, j’étais prête à reprendre les caresses machinales de ses mèches de cheveux
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 0:41



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je n’avais jamais supposé que quelqu’un puisse envisager que j’avais eu d’autres projets pour ce soir et Erin encore moins que les autres. D’accord, nous n’étions pas aussi proches que d’ordinaire ces derniers temps mais je passais néanmoins l’essentiel de mes journées avec elle. N’avait-elle pas imaginé qu’elle aurait été la première au courant s’il y avait eu qui que ce soit pour m’accaparer durant toute une soirée de Saint-Valentin ? Quand bien même je n’aurais rien dit, elle l’aurait très certainement remarqué ! Elle était la première personne que je retrouvais, chaque matin, et immanquablement la dernière que je quittais, chaque soir. Entre les deux, je m’installais à côté d’elle à chaque cours que nous passions ensemble et l’abandonnais seulement lorsque je n’avais pas d’autres choix… Mais le temps passé loin d’elle restait minoritaire par rapport au reste et généralement utilisé à bon escient, qu’il s’agisse de faire mes devoirs ou de rejoindre mes coéquipiers pour les entraînements de Quidditch. Il n’y avait que très peu de place pour un potentiel flirt et je ne cherchais absolument pas à faire changer la donne. Est-ce qu’elle avait regardé ce qui nous entourait, à Poudlard ?! Mais d’un autre côté, il y avait quelque chose de rassurant à la voir craindre pour son territoire comme je pouvais bien craindre pour le mien. Malgré toutes ces relations douteuses qui finissaient par filer la nausée, elle gardait plus ou moins un oeil sur les miennes… Ou du moins s’en inquiétait assez pour me prêter des projets qui ne m’avaient même pas traversé l’esprit. Le seul espoir que j’avais eu pour la soirée avait largement souffert quand j’avais voulu le rendre réel et elle en savait tout désormais.

Oui.
J’ai passé une soirée torride avec mon livre d’Histoire… est-ce que ça faisait partie de ce que tu envisageais ?

Même si j’en aurais eu toutes les raisons, il n’y avait aucune moquerie dans ma voix, seulement quelque chose qui se voulait rassurant. Je n’étais pas elle. Je n’allais pas voir à droite à gauche dès que l’occasion se présentait, je ne me cherchais pas des conquêtes dans tous les pays d’Europe… Et quand bien même ça ne la regardait en rien, j’étais parfaitement libre d’aller m’acoquiner avec tout Poudlard tous les soirs de l’année et celui-ci en particulier, je n’avais pas envie qu’elle ait cette image de moi…

J’y tenais bien moins qu’à un moment avec toi.

Si cela avait été aussi évident qu’elle le laissait entendre, je l’aurais arraché des griffes de son impur pour que nous profitions de ce luxe perdu en plein Poudlard ! Mais, Merlin m’en soit témoin, ça ne l’avait été en rien… Je ne comprenais décidément pas grand chose à la gent féminine… Mais quand on me disait qu’on allait à une soirée, qu’on y arrivait au bras d’un cavalier, dans une robe magnifique et qu’on avait l’air content d’être là, je supposais qu’on tenait à ce moment. Et je pense que n’importe qui au monde y aurait cru tout autant que moi ! Tous les signaux allaient dans un seul et même sens, il n’y avait pas beaucoup d’erreurs d’interprétation à commettre… Sauf face à Erin Sørensen visiblement, puisque Madame n’avait jamais rien fait comme tout le monde…

Tu auras finalement eu les deux.

Finalement, elle se rapprocha, assassinant presque le moindre centimètre. C’était étrange de l’avoir là, si près, si peu vêtue. Si nous n’avions jamais rechigné à quelques contacts, laissant sans l’ombre d’une hésitation nos mains s’enlacer à tout va, il y avait des limites que nous ne franchissions que rarement… et là elle jouait éhontément sur la frontière. Dire que cela me dérangeait aurait été mentir, bien sûr, après tout ça ne faisait que raviver les sensations troubles de notre soirée interdite dans la Réserve et l’envie brûlante d’en retrouver la chaleur. Mais comment ? De quel droit ? La dernière fois, c’était le désespoir le plus total qui nous avait ainsi poussé dans les bras l’un de l’autre, nous ne l’avions pas atteint cette fois-ci… Après tout, nous ne nous déchirions plus, nous tentions maladroitement de mettre des mots rassurants sur une situation tendue. Et cela fonctionnait à peu près. Assez bien en tout cas pour que la nécessité de prouver physiquement l’attachement évident que nous avions l’un pour l’autre n’existe pas. Elle tenta de me faire admettre que je ne croyais pas un mot de ce qu’elle me racontait mais je la suppliai presque de lâcher l’affaire. Je n’avais pas envie de batailler. Plus, en tout cas. Nous pouvions seulement profiter d’une bonne soirée, non ? À moins que ça soit trop demandé ? J’étais prêt à faire des efforts, sincèrement, alors qu’elle ne me pousse pas à le regretter…

Oui, d’accorrrd. Je voulais juste que tu comprrrennes que Misha ne vaut rrrien alorrrs que toi tu vaux tout.

Dans sa voix, masqué à moitié par son accent prononcé, quelque chose semblait plus grave encore. Il était difficile, pour ne pas dire impossible, à rester indifférent à des déclarations comme celle-ci. J’avais seulement envie de la croire. D’oublier les liens qui semblaient l’unir à Bradford et me concentrer uniquement sur ceux qui nous unissaient, elle et moi. Mais c’était difficile… pour ne pas dire clairement impossible… Combien de temps avant qu’elle ne finisse par réapparaître au côté de son divertissement attitré sans se soucier du reste ? Néanmoins, mes lèvres se posèrent sur sa joue et mes pieds sur le fond de marbre de la baignoire. L’ambiance se fit un peu plus légère. Et à l’assurance de lui être le plus loyal s’ajouta la crainte qu’on finisse par m’évincer. Depuis l’autre nuit, peut-être même avant, c’en devenait presque une certitude. Arriverait un jour, tôt ou tard, où elle me ferait savoir qu’il était temps de passer au second plan, qu’un autre méritait toute l’attention qu’elle m’accordait d’ordinaire… peut-être qu’elle rajouterait que ça ne changeait rien et qu’on se verrait encore, nous saurions tous les deux qu’il n’en serait rien. Je n’avais aucune envie de la partager et, si j’étais prêt à lutter contre le monde entier pour ses beaux yeux, je ne le ferais jamais si ça devait aller à l’encontre de ses propres choix.

Je ne compte pas laisser qui que ce soit rrravirrr cette place carrr elle n’apparrrtient qu’à une seule perrrsonne, m’assura-t-elle avec toute l’impertinence que je lui connaissais. Je saurrrai me montrrrer plus crrruelle que le monde.

Je ne pus m’empêcher de rire en l’entendant promettre un mauvais moment à quiconque s’approcherait un peu trop près de mon trône. Si seulement ! Est-ce qu’elle sortait ainsi les crocs avec son impur ? Est-ce qu’elle le ferait avec son cher Charles ? Je n’en avais pas vraiment l’impression…

Hmm… J’aime quand tu deviens menaçante…

Si ce n’était guère plus qu’une taquinerie, il était évident qu’il y avait une part de vrai dans ce cas précis. J’avais envie qu’elle défende ma légitimité envers et contre tout, qu’elle impose cette évidence à tous ceux qui pourraient envisager, un jour, de lui tourner autour. C’était notre règne et je refusais de le partager avec qui que ce soit. De la partager, en réalité… Je ne cherchais pas davantage et laissais mes pensées divaguer alors que je prenais mes aises dans le bassin. Je supposais que nous aurions toute la nuit devant nous, aussi pouvais-je profiter d’un petit tour du propriétaire. Mais ça, c’était avant qu’Erin ne s’en mêle, bien évidemment ! Le plus fourbement du monde, elle vint me sauter sur le dos, m’étalant au passage un tas de mousse sur la joue. Et c’est qu’elle avait l’air satisfaite, en plus ! Je ne pus m’empêcher de rire face à sa bêtise avant d’essayer de la tenir tant bien que mal. Ses jambes autour de ma taille, ses bras autour de mon cou, il était affreusement difficile de faire abstraction de ce corps tout contre le mien. Sa chaleur n’était entravée par aucune barrière et ses mains sur ma peau nue me forçaient à lutter pour ne pas frissonner à chacun de leurs gestes. C’était délicieusement troublant. Puis sa tête se posa sur mon épaule et il ne resta plus de cet instant qu’un intimité parfaite. Cette soirée piscine ne semblait plus alors qu’être un prétexte à un nouveau rapprochement… et si je ne l’avais pas vu comme ça de prime abord (et j’étais presque sûr qu’elle ne l’avait pas fait davantage) il fallait bien reconnaître que ça n’était pas vraiment pour me déplaire.

Bounder ! s’exclama-t-elle après ma grossière taquinerie, sa main fracassant la surface de l’eau pour m’asperger copieusement.

Si je n’avais pas la moindre idée de ce que cela voulait dire, je n’avais pas besoin de dictionnaire pour comprendre globalement l’idée. Ce qui eut le don de me faire rire davantage.

Attention, à la prochaine attaque, je te noie !

Mon emprise sur son corps fin se resserra comme pour la mettre au défi de me chercher encore des ennuis. Bien sûr, il était évident que je n’en ferais rien, mais tout de même ! S’il fallait essayer de lui faire boire la tasse pour qu’elle cesse enfin de me maltraiter ainsi, c’était envisageable ! Doucement, elle reprit sa place sur mon épaule et le temps recommença à se suspendre. Elle semblait bien, là, et je l’étais tout autant. Ses doigts vinrent repousser une mèche mouillée qui me tombaient sur le front, m’arrachant sans le moindre mal un sourire attendri. C’était sûrement surprenant, quand on ne la connaissait pas, de la voir capable de faire preuve d’une telle douceur… et j’aimais à croire que j’étais le seul à connaître cette part de sa personnalité. La fougueuse et volcanique Erin, la violente et diabolique Erin… qui jouait les demoiselles tendres et attentionnées tout contre moi… L’idée me plaisait et j’étais prêt à la laisser faire tant qu’elle voudrait.

Il n’est pas question de desserrrt mais de grrrossier perrrsonnage, justement.

Ses doigts continuèrent leur danse dans mes cheveux humides tandis que son regard se faisait absent. J’aurais aimé savoir à quoi elle pensait, ce qui se cachait derrière ses prunelles claires… Qu’est-ce qui nécessitait de rompre la complicité légère et amusée que nous venions à peine de retrouver ? Ses lèvres s’étirèrent d’un sourire qui n’avait plus rien d’enjoué.

Je dois vous confesser un mensonge, mon Seigneur.
Et bien… je t’écoute mon enfant, soufflai-je incertain, alors que son regard trouvait le mien et devait y lire tout le malaise qui était le mien.

Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’avais jamais supposé qu’elle ait pu me mentir. Bien sûr, nous ne nous disions probablement pas tout (je ne lui disais pas absolument tout en tout cas) mais je faisais tout mon possible pour ne pas lui mentir réellement. Au mieux, je n’abordais pas le sujet mais je n’allais pas la regarder dans les yeux en proférant n’importe quoi… Mais elle, si ?

Il est tout à fait possible que, horrrmis une rrrépugnante fois due à un jeu de trrrès mauvais goût, votrrre Altesse n’ait en fait jamais posé ses lèvrrres sur celle d’un quelconque fat.

Bien malgré moi, je sentis chaque muscle se crisper un peu. Pourquoi me balançait-elle ça maintenant ? D’un côté, je me disais qu’elle cherchait à remuer le couteau dans la plaie, à m’agiter sous le nez toutes les aventures qu’elle avait pu avoir, comme pour attiser un peu plus cette possessivité que je peinais affreusement à cacher… Mais d’un autre… quelque chose au fond de moi avait envie de croire qu’elle faisait seulement ça pour effacer l’image d’un prétendant qu’elle s’était attitrée… comme si tout ça n’était pas seulement le fruit du plus grand des hasards… Mais ça n’avait strictement aucun sens et je ne comprenais même pas d’où pouvait me venir une idée pareille ! C’était forcément pour me pousser dans mes retranchements et me faire regretter d’avoir osé sous-entendre qu’un régime lui ferait du bien. Mais là encore, j’avais du mal à en comprendre l’intérêt… Elle ne me laissa pas le temps d’ouvrir la bouche et reprit aussitôt :

Ne cherrrche pas comment mal interrrprrréter mes prrropos, mon amourrr. Je n’ai jamais embrrrassé Charrrles-Auguste, excepté pour ce jeu idiot, et parrr pitié je ne veux plus jamais rrrecommencer.
Mais… mais pourquoi tu… bredouillai-je bêtement alors que les images de cet échange indécent me revenait en tête comme si j’y avais assisté.

D’ailleurs, pourquoi n’y avais-je pas assisté s’il était question d’un jeu ? Depuis quand ils se voyaient sans que je ne sois convié ? Mon coeur loupa un battement en réalisant qu’Erin, mon Erin avait visiblement une vie dont je ne faisais pas partie et que celle-ci avait l’air licencieuse. C’était parfaitement ridicule, j’en convenais, je vivais quelques semaines loin d’elle tous les ans alors que je quittais l’Angleterre et ne m’étais jamais posé la moindre question à ce sujet puisque ça m’avait toujours paru parfaitement normal… qu’importe mes fréquentations et mes activités. Mais là, je m’en sentais presque trahi. Je la lâchai enfin, lui faisant comprendre sans un mot qu’il était temps de descendre. Si je ne cherchais pas à m’éloigner, je préférais tout de même qu’elle se trouve un autre perchoir que celui-ci.

Pourquoi tu m’as menti…? Je veux dire… Tu semblais vivre quelque chose avec lui… tu… tu as dit que c’était ton seul et unique soupirant. Pourquoi tu inventerais tout ça ?

Je ne pris même pas la peine d'avoir l'air réprobateur ou vexé qu'elle se soit ainsi joué de moi, non, il n'y avait qu'une incompréhension pleine et blessée qui transparaissait dans mon regard fixé sur elle. Je ne comprenais pas... et je n'osais même pas croire que cela puisse être le seul mensonge proféré depuis tant d'années...
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 10:59

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Seul Junior était capable d’effacer aussi rapidement une moue boudeuse de mon visage pour le remplacer par un sourire tendrement moqueur. L’inverse était vrai également : il parvenait bien facilement à faire disparaître tout amusement de mon visage pour le remplacer par une ombre boudeuse, mécontente, ou bien pire. La perspective d’une soirée torride passée en tête à tête avec son livre d’histoire de la magie était tout ce que mon enthousiasme voulait bien appréhender. Égoïsme fier de cette certitude que, loin de moi, personne ne tentait de ravir une place qui était mienne. Je pouvais souffrir que Finnbjörn s’acoquine avec ce que notre noblesse faisait de moins valeureux : il était responsable de ses actes, même des plus imbéciles, et notre lien indéfectible faisait que j’étais certaine de ne jamais perdre mon tendre frère. De toute façon, notre danse à tous les deux n’étaient pas de celle qu’il pouvait effectuer avec l’autre idiote de Sherwin. Elle était unique en son genre, bien trop endiablée pour que quiconque puisse nous suivre. Bien trop traîtresse, également. Un seul faux pas et nous tombions, mutuellement entraînés par les maladresses de l’autre. Mais je savais que je ne supporterai pas que Junior choisisse d’aller danser avec quelqu’un d’autre, dussé-ce être la reine d’Angleterre. Qu’importe la danse, qu’importe la personne. Ce que nous avions était unique pourtant. Je voulais bien lui accorder une soirée avec ses livres, mais le tableau de mon meilleur ami savourant des instants complices avec une autre me laisserait éternellement voilée d’un air boudeur. Absolument ! Ça, et ça uniquement lui réponds-je avec un sourire très légèrement teinté d’une victoire flamboyante. Restait néanmoins cette crainte exagérée qu’il préfère passer du temps avec une autre que sa Reine et qui faisait silencieusement vaciller la flamme de mon regard.

Haussement d’épaules détaché. J’avais eu tout ce qu’il était possible d’avoir ce soir mais rien de ce que je voulais réellement. Ce qui laissait à cette journée une finalité en demi-teinte. La réception de la Saint-Valentin n’avait comblé aucune de mes espérances et m’avait privée d’un moment avec Junior. Bien que nous y parvenions maintenant, trop de choses planaient et laissaient un goût étrange pour que je puisse savourer le tout pleinement. Je prrréfèrrre la qualité à la quantité marmonné-je. Ce n’était pas tout à fait exact : je pouvais multiplier les moments avec Junior, mais c’était uniquement car leur nombre ne changeait pas le plaisir que j’y prenais. Et puis j’ai gaspillé l’occasion rrrêvée de porrrter cette rrrobe. Considérations purement féminines. À quoi cela servait-il de porter une robe aussi indécemment sauvage si c’était pour rester assise sur une chaise des heures durant ? J’aurais eu l’air bien plus flamboyante au bras de mon meilleur ami. Même en restant des heures entières sur un siège inconfortable.

J’assassine toute la distance qui nous sépare encore, doux moment de frissons et de souffles caressants. Je ne craignais aucun contact dès lors qu’il s’agissait de lui, nos mains s’entrelaçaient régulièrement, mes lèvres plantaient de nombreux baisers sur ses joues lorsqu’il fallait lui dire au revoir, mais le tout était enveloppé d’une insouciance insolente. C’était tout autre chose cette fois-ci, comme à l’image de notre étreinte désespérée dans la réserve. Aucun désespoir ce soir, du moins pas de mon côté, mais le brusque besoin de le sentir près de moi. Ce n’était pas rationnel, pas même conscient, mais dicté comme bien souvent par mes simples émotions. Notre nudité partielle du fait des lieux rendait nos effleurements encore plus interdits. Et j’avais un goût tout particulier pour ce qui était de franchir les lignes nous séparant de ce qui était prohibé. Nos souffles chatouillent la peau de l’autre et je me fends de quelques confessions sincères. Je voulais voir l’entrain danser au fond de ses prunelles claires et retrouver cette suffisance teintée d’affection qu’il me dédiait en temps normal.

J’accueille son retour avec un sourire effronté tandis que nous nous retrouvons tous les deux au milieu du bassin. Mes pieds étaient encore posés sur le marbre qui couvrait le sol de toutes parts mais Junior s’éloignait doucement en direction de la partie plus profonde. Son rire se répercuta dans cette pièce qui continuait, lentement, de s’emplir de bulles aériennes, rendant mon sourire plus implacable encore. C’est qu’il n’y avait aucun doute possible sur les moyens que je serais prête à user dans le cas où quelqu’un tenterait de ravir son trône. Ou de me ravir à lui. Mon Prrrince désirrre-t-il que j’énumèrrre mille façons de de l’êtrrre encorrre plus ? Mon éclat doucement moqueur n’enlevait rien de la véracité féroce de mes mots. J’étais capable de beaucoup, pour ne pas dire de tout, si les situations l’exigeaient.Junior l’exigeant, assurément, éternellement.

Une légèreté nouvelle flottait dans la pièce, une facilité bienvenue. Sans bruit, je fonds sur mon meilleur ami pour le couvrir d’une mousse parfumée, parfaitement fière de le voir ainsi couvert. Cramponnée à lui, je noue mes bras et mes jambes autour de son corps, le laissant retrouver un équilibre bienvenu pour éviter que nous ne tombions tous les deux à l’eau. La stabilité revenue, je me laisse aller contre lui, ne me préoccupant pas du trouble étrange que cette proximité totale faisait naître en moi. L’insolence rustre de mon meilleur ami ne pouvait pas suffire à briser cette intimité totale. Au contraire, elle la renforçait, nos jeux habituels étant bien plus que de simples taquineries. Notre complicité retrouvait enfin sa place centrale et nécessaire. Un sourire impertinent vient jouer sur mes lèvres et démentir sans aucune difficulté la lueur chagrine que mon regard opalin tente d’arborer. Tu pourrrais me noyer ? fais-je d’une voix dont les tremblements sont moins dus à la tristesse qu’au rire qui menace de me secouer toute entière. Junior me serre un peu plus contre lui, preuve s’il en fallait une qu’il ne comptait pas me jeter à l’eau. Un ton plus bas, je souffle : C’est qu’à m’étrreindrrre comme tu le fais, nous serrrions deux à plonger. Et puisque je ne comptais pas le lâcher, il fallait imaginer une fin commune dans les eaux citronnées adoucies de notes de myrtille pour notre inséparable duo.

Mes doigts en perpétuel mouvement trouvent une merveilleuse occupation dans les mèches humides de la chevelure de mon meilleur ami. Notre complicité retrouvée était tout ce dont j’avais rêvé depuis son accueil presque glacial de tout à l’heure. C’était déjà oublié, bien loin de nous maintenant, remplacé par une proximité rêveuse. Restait néanmoins cette sensation que mon meilleur ami enfouissait certaines choses et je n’aimais pas cette sensation que subsistent entre nous deux des mensonges, quand bien il ne pouvait s’agir que d’omissions involontaires. Mes mots défient mes pensées et mon accent roulant apporte avec lui l’idée d’une confession. Je plonge dans son regard pour y lire une incertitude qui teinte le mien d’un tourment désolé. Je n’avais pas envie de le faire douter de quoique ce soit. C’était pourtant ce désir là qui m’avait fait formuler ce mensonge des semaines plus tôt. Mais nous étions dans une toute autre situation, et ce soir, je ne voulais rien d’autre entre nous que notre complice intimité. J’espérais qu’il comprendrait, qu’il saurait ne pas se formaliser de la surface mais qu’il comprendrait mon intention. Cependant, je sais que je me suis fourvoyée quand je sens ses muscles se tendre sous ma peau collée à la sienne. Je décide alors de balayer aussitôt toute tentative d’incompréhension de sa part. Junior était doué pour cela. Il fallait croire que ça n’était pas suffisant car il me lâcha, me laissant rejoindre l’eau du bassin loin de lui.

Un air effronté et froissé se dessine aussitôt sur les traits de mon visage. Heureusement, il ne rajouta pas un éloignement supplémentaire à ce geste de maltraitance. Disparaître sous me l’eau ne me semblait plus être une si mauvaise idée au regard de la situation. Faire face à un mensonge que j’avais proféré parce que je l’avais moi-même décidé est bien moins évident que je ne l’aurais cru. Pourtant, j’avais confessé quelque chose, n’était-ce pas suffisant pour faire amende honorable ? Peut-être était-ce pour ça que je ne le faisais jamais en temps normal : on ne reconnaissait pas mes aveux à leur juste valeur. Est-ce qu’il aurait préféré que je continue à dessiner Charles-Auguste comme un réel prétendant ? Ce n’était pas ce qu’il m’avait laissé croire jusqu’ici. J’étais même étonnée qu’il m’ait cru : nous parlions tout de même d’un fat de la pire espèce et dont la noblesse de ses titres était proportionnellement inverse à celle de ses traits et de son comportement. Je n’ai pas menti j’ai inventé une vérrrité. répliqué-je avec un air où la suffisance masquait bien mal l’outrage qui n’avait toujours pas cicatrisé. Parrrce que tu avais affirrrmé que j’embrrrassais bien mal et que je n’avais aucune rrréalité tangible pourrr te dirrre d’aller au Diable. Alorrrs j’en ai constrrruite une. Je croise les bras, geste éternellement boudeur en ce qui me concerne, et laisse mon regard contempler avec une attention profonde les volutes mousseuses de l’eau. Tu te serrrais montrrré moins vexant, je n’aurrrais pas été obligée de le fairrre. Je relève mes pupilles sur lui et jauge la situation avant d’envoyer une nouvelle gerbe d’eau, bien faible comparée à la précédente, dans sa direction. Je préférais encore être noyée que de subir ce regard peiné.
electric bird.



Dernière édition par Erin B. Sørensen le Mar 17 Mar - 15:35, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 15:22



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Il y avait quelque chose de flatteur à l’idée qu’elle puisse s’inquiéter de ce que je faisais loin d’elle, comme si elle craignait, elle aussi, qu’une autre finisse par prendre sa place. Pourtant, en dehors de quelques sous-entendus ridicules concernant Reyes, sous-entendus que personne au monde ne pouvait prendre au sérieux tant ils ne tenaient pas la route, je ne me souvenais pas avoir prétendu la moindre liaison. Il aurait été de bon ton de laisser planer le doute, qu’elle pense que je sortais à peine de quelque rendez-vous galant et que c’était seulement pour cela que je l’avais invitée si tard (encore que ça ne tenait plus vraiment étant donné mon honnêteté précédente) mais je ne savais que trop bien combien cela pouvait devenir blessant. Je ne le lui souhaitais pas, quand bien même, elle, elle ne s’était jamais gênée pour me l’infliger. Sa place n’appartenait qu’à elle et, pour l’instant, je craignais qu’elle le reste encore malgré ses histoires ici ou là, comme si notre règne ne pouvait souffrir d’aucune autre présence que la sienne. C’était idiot, en soi, j’aurais dû aller papillonner ici ou là avec tout ce que Poudlard faisait d’impur ou d’inintéressant, ne serait-ce que pour lui rappeler qu’elle n’était pas la seule à pouvoir jouer à ce jeu-là ! Mais c’était affreusement contraire à mes habitudes. S’il m’était déjà arrivé de flirter vaguement en sachant pertinemment qu’il n’y aurait pas véritablement de suite, ça me semblait presque inconcevable de le faire uniquement dans l’espoir d’attiser quelque jalousie qui ne viendrait peut-être jamais.

Absolument ! Ça, et ça uniquement.
Voyez-vous qui dit ça…

Sur quoi je levai exagérément les yeux au ciel. Il n’y avait sûrement pas à faire beaucoup d’efforts pou imaginer ce qu’aurait été sa soirée si Poudlard n’avait pas décidé de faire encore n’importe quoi. Je devais bien reconnaitre que, pour une fois, j’étais particulièrement reconnaissant à cette direction douteuse d’avoir mis des bâtons dans les roues de ses élèves aux espoirs un peu trop flamboyants. Elle aurait été là, pendant des heures, accrochée à cet imbécile pathétique, profitant de sa présence sans intérêt sous couvert de moqueries sans fond. Comme si elle avait eu besoin d’être accompagnée pour cela ! Comme si Finnbjörn ne pouvait pas la contenter ! Heureusement, de ce qu’elle avait laissé vaguement entendre, ça n’était pas tout à fait comme ça que les choses s’étaient déroulées et le Bouffon Bradford n’avait fait qu’un court passage dans son existence…

Je prrréfèrrre la qualité à la quantité. Et puis j’ai gaspillé l’occasion rrrêvée de porrrter cette rrrobe.

Il fallait croire qu’elle devait se contenter de quantité ce soir… Après tout, c’était toujours mieux que rien… Sa première partie de soirée n’avait pas eu l’air de l’enthousiasmer et la seconde était en dents de scie. Dès que nous parvenions à trouver quelque chose d’agréable à mettre entre nous, il fallait l’assassiner dans la seconde de crainte que nous nous retrouvions. C’était épuisant… Si je ne regrettais pas sa présence, loin de là, je regrettais le tour étrange que ça avait pris. Bien sûr, je reconnaissais entièrement mes torts mais elle se montrait affreusement douée pour m’enfoncer toujours davantage…

Elle t’allait magnifiquement bien, avouai-je dans un haussement d’épaules maladroit, et tout Poudlard a pu le voir, il n’y a eu aucun gaspillage.

Erin avait le don d’être toujours délicieusement belle. Qu’il s’agisse de robes de soirée, de pulls volés ou de ce maillot outrageusement dénudé. Même l’uniforme qui pourtant ne mettait absolument aucune demoiselle en valeur ne parvenait pas à l’enlaidir. C’était un talent rare dont elle avait toujours su profiter… Avec cette négligence insolente qui lui allait à merveilles. Dans le fond, même si c’était un trait familial, ils étaient tous d’une noblesse et d’une élégance rares qui attiraient les regards sans avoir à les recherches, elle était immanquablement celle qui en avait hérité de la majeure partie. Elle avait tout pour elle… trop pour elle en réalité…

Finalement, après quelques échanges plus ou moins rassurants, plus ou moins sincères peut-être aussi, la tension s’allégea et les rires revinrent. L’intimité que nous procurait la salle et son immensité qui donnait l’impression d’être seuls au monde me convenait parfaitement. Je n’avais aucune envie de partager cette soirée avec quelqu’un d’autre qu’elle. Les clapotis de l’eau suivaient chacun de nos mouvements et même mon arrivée dans le bassin, bien loin du rebord auquel elle s’était collée pour se rapprocher inexorablement de moi, n’avait pas réussi à nous éloigner réellement. Bien sûr, il restait quelques centimètres là pour faire bonne impression et garder entre nous toute l’innocence qui nous seyait de moins en moins bien, mais il ne faudrait guère plus d’un geste ou deux pour que la douceur de sa peau ne revienne s’étendre sur la mienne.

Mon Prrrince désirrre-t-il que j’énumèrrre mille façons de de l’êtrrre encorrre plus ?
Oui, s’il te plaît.

Un air d’ange se peignit sur mes traits, un de ceux pour lesquels on m’aurait donné le bon Dieu sans confession, et tous ses Saints également. Pourtant, il n’y avait rien de plus lointain ce soir. Entre la jalousie évidente mais inavouée qui me prenait pour cible, la chaleur agréable qui commençait à palpiter dans mes veines à chaque fois que son corps frôlait le mien et cette proposition amusée de violence gratuite, c’était plus probablement l’Enfer qui m’attendait… et j’en avais déduit sans mal, alors que nous étions sur les toits du monde, que cela me convenait parfaitement… Comme si ça ne suffisait pas, Madame abandonna sur le marbre blanc du sol pour me grimper sur le dos. Si je n’avais rien demandé et ne m’y étais pas même attendu, il aurait été mentir que de prétendre que cela me dérangeait. C’était une sensation troublante, je ne le nierai pas, mais au combien agréable. S’il n’y avait là qu’un amusement évident, cela me rappelait sans le moindre mal l’étreinte interminable qui n’avait toujours pas cessé de me manquer. Je continuais d’espérer, presque conscient de la vanité de la chose, que nous connaitrions d’autres égarements comme celui-ci. Mais au nom de quoi ?! Je n’avais pas envie que nous nous déchirions, ni que nous risquions l’amitié vitale qui nous liait.

Tu pourrrais me noyer ?

Je hochai la tête avec tout le sérieux dont j’étais capable. Bien sûr que je pourrais la noyer ! Je n’aurais qu’à la garder sous l’eau un moment, le plus discrètement du monde, et fuir avant que quelqu’un ne me surprenne ici… Cela passerait pour un banal accident…

C’est qu’à m’étrreindrrre comme tu le fais, nous serrrions deux à plonger.
J’ai dit que je pouvais te noyer, pas que je pouvais vivre sans toi.

Balancée sur le ton de l’évidence, cette déclaration me surprit moi-même par sa sincérité. La noyer, sans l’ombre d’un doute, mais j’en ferais sûrement de même rapidement. Après tout, un Roi ne pouvait faire sans sa Reine. Malheureusement, la tranquillité complice qui suivit, ses doigts dans mes cheveux, son regard accroché au mien, l’envie que jamais ne passent les heures, ne fut bientôt plus qu’un lointain souvenir. L’annonce de la confession d’un mensonge jeta le trouble sur notre duo et il n’y avait plus entre nous que le gouffre à peine rebouché qui menaçait de nous engloutir à nouveau. Je ne comprenais pas pourquoi elle avait été inventé cette histoire d’amour avec ce simple de Charles… Certes il avait du sang royal, du moins disait-on, mais cela n’en faisait pas un imbécile pour autant. J’étais désolé de ne pouvoir lui offrir le moindre titre encore en activité mais pouvais au moins me targuer de faire preuve d’un minimum d’esprit. Mais il fallait croire qu’elle préférait le sang bleu… Mes doigts s’éloignèrent de sa peau laiteuse et la laissèrent retomber sur le sol. Il n’y avait plus l’ombre d’un amusement, seulement la déception d’avoir été ainsi trompé.

Je n’ai pas menti j’ai inventé une vérrrité.
Quelle différence ? répliquai-je plus froidement que je ne l’aurais voulu.

J’aurais pu comprendre s’il avait été question d’une injonction parentale pour faire mousser cette famille mise à mal par un fils devenu ignare et amnésique et des fréquentations qui laissaient à désirer, ou pour faire valoir un mariage en devenir sans qu’il ne semble sortir de nulle part à quelqu’un qui la connaissait bien, ou du moins qui le croyait… Mais il n’en était rien…

Parrrce que tu avais affirrrmé que j’embrrrassais bien mal et que je n’avais aucune rrréalité tangible pourrr te dirrre d’aller au Diable. Alorrrs j’en ai constrrruite une.

Elle croisa les bras d’un air boudeur alors que j’essayais tant bien que mal d’encaisser l’aveu. Elle avait inventé cette histoire parce que j’avais eu le malheur de la piquer un peu…? Elle m’avait laissé plusieurs mois en étant quasi-certain qu’elle me délaisserait bientôt parce que je l’avais taquinée un jour !? Et ça lui semblait parfaitement normal d’admettre qu’elle me mentait pour me faire taire… C’était vrai que c’était bien plus simple que de me voler dans les plumes ou de trouver quelques détails sur lesquels appuyer en retour !

Tu te serrrais montrrré moins vexant, je n’aurrrais pas été obligée de le fairrre.

Un rire incrédule, sans une ombre de joie ni d’amusement, m’échappa à son ultime provocation. Elle se risqua à m’éclabousser comme elle l’avait fait un peu plus tôt mais je ne relevai pas. Si elle croyait pouvoir me raconter n’importe quoi et s’en sortir avec quelques gouttelettes, elle se trompait lamentablement ! Notre relation avait toujours été houleuse, nous n’avions jamais eu de mal à nous critiquer plus ou moins tendrement, à se montrer parfois blessants sous couvert d’un humour douteux et j’étais capable d’accepter beaucoup d’elle de ce côté-là, encaissant ses remarques sans trop ciller, préparant seulement quelque vengeance à la hauteur de l’affront… Mais depuis quand elle se permettait de se jouer de la confiance que je lui offrais ?! À quel moment c’était devenu un nouveau terrain de jeu…?

Porte-moi responsable de tous tes mensonges si le coeur t’en dit mais tu ne pourras t’en prendre qu’à toi quand je cesserai de vous croire, eux et toi.

Je lui tournai le dos le plus fièrement du monde, ramassant péniblement notre tendre insouciance en morceaux, et m’éloignai sans un mot. L’envie de sortir du bassin et de rejoindre le bord fut immense mais je savais pertinemment que je signerai là la fin de notre soirée. Et quand bien même c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, je craignais qu’elle ait besoin de « se divertir » après une conclusion aussi abrupte.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 16:52

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J’étais bien aise de savoir que sa soirée n’avait été consacrée qu’à l’étude d’un vieux bouquin poussiéreux et non pas à un tête-à-tête avec une pimbêche ne le méritant même pas. Mon sourire se fait largement moqueur mais la tendresse qu’il revêt également vient adoucir le tout. L’idée de ma possessivité à son égard effleurait les contours de notre conversation. Caresse lointaine que j’espérais qu’il saurait saisir. Je n’allais pas non plus avouer de but en blanc que l’ombre des prétendantes qui lui tournaient autour ombrageait ma bonne humeur. Il n’avait suffit que de quelques mots lorsque j’étais apparue dans son dortoir pour ancrer ce doute en moi. Et de quelques paroles m’assurant qu’il n’avait pas partagé la moindre minute avec l’une d’elle ce soir pour l’éloigner, au moins pour cette fois. Junior avait cette faculté à faire naître la pluie ou le beau temps dans mon esprit soumis à la tempête de mes émotions. Un don qui s’avérait, une fois sur deux, une malédiction tant il est capable de taquiner ma susceptibilité - qui n’était jamais autant exacerbée qu’en sa présence. Mes pupilles papillonnent jusqu’au tissu rouge que l’on distingue vaguement au sol. Un magnifique gâchis puisqu’elle avait été portée au cours d’une occasion ratée. Le compliment de mon meilleur ami étire fougueusement mes lèvres. Le gaspillage est justement là souligné-je, un geste de la main accompagnant mes paroles. Poudlard ne méritait pas que je me pare de mes plus belles tenues, pas pour une occasion aussi médiocre. J’imagine que je pourrrais la rrremettrrre si elle m’allait si bien que tu le dis fais-je, mon regard étincelant de malice. L’approbation des autres n’était assurément pas quelque chose que je recherchais, mais les flatteries de Junior avait quelque chose en plus qui faisaient immanquablement flamboyer un peu plus chaleureusement mes pupilles si claires.

Mon impétuosité naturelle ne souffrit pas plus longtemps de se tenir éloignée de lui. Une étreinte aussi vague qu’intense, brève mais accentuée d’une caresse de ses doigts le long de ma joue. J’avais enfin l’impression de retrouver l’une de nos danses, lascive et effrontée, tout en frôlements et frissons, mais une danse malgré tout. Tel un prince attiré par une sirène, il glisse finalement dans le bassin et me rejoint dans l’eau. J’étais Viviane et il était Merlin et nous étions bien trop occupés à nous jouer de l’eau d’une rivière pour nous préoccuper de pauvres occupations secondaires. Tout comme cette nymphe, j’étais bien décidée à garder ce sorcier-là sur le trône qui lui était dévolu. L’air de pure innocence qu’il prit fit naître un énième sourire. Je ne connaissais que trop bien la capacité qu’avaient son visage à devenir aussi vertueux que celui d’un ange. Qu’il s’en serve pour débiter les pires horreurs ou pour obtenir ce qu’il désirait sans qu’on ne puisse lui opposer la moindre résistance, c’était quoiqu’il en soit une expression d’une diablerie profonde. Après tout, Merlin était l’enfant du Diable. Dans ce conte qui n’appartenait qu’à nous, et s’il en prenait la figure, elle lui seyait à merveille. Je pourrrais te fairrre mon prrrisonnier, constrrruirrre la plus haute des tourrrs pourrr te garrrder pourrr moi uniquement. Je pourrrais sinon me charrrger de fairrre disparrraîtrrre n’imporrrte quel idiot suffisamment imbécile pourrr tenter de te rrravirrr cette place. Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Les maudirrre de la dague que Finnbjörrrn m’a offerrrte. L’air fauve qui peignait mes traits ne laissait pas de place au doute : ce n’était pas quelque chose que je craignais de faire. Au contraire, ce serait même divertissant. Je doutais néanmoins que quiconque soit assez imprudent pour tenter de voler une place que nous étions deux à défendre.

Mon trône n’avait plus aucune saveur si Junior ne siégeait pas sur le second. J’adorais cependant qu’il me fasse une place sur le sien. Me perchant sur son dos, je n’avais aucune intention de le quitter de si tôt, me satisfaisant plus que jamais de cette proximité charnelle et de mes doigts qui se perdaient dans des caresses sans volonté de retrouver leur chemin. Je retrouvais cette parfaite sensation lascive qui me donnait envie de ne jamais plus bouger de là où je me trouvais, à l’instar de notre soirée d’anniversaire. Un bien-être suspendu dans le temps, entrecoupé de taquineries bienvenues et de tendres mots qui s'accumulent entre quelques rires et des silences complices. Son sérieux m’arracha un petit cri offusqué et je serre un peu plus mes bras autour de lui : très bien, s’il comptait me noyer, qu’il coule avec moi. Je n’étais peut-être pas la sirène des deux, tout compte fait. Le sourire qui naît à sa déclaration si spontanée vient briller jusque dans le regard que j’accroche au sien. Cette réponse me convenait très bien. Ça me va approuvé-je avec une pointe de suffisance qui était bien contrebalancée par toute la tendresse qui devait illuminer en cet instant mes prunelles. Mais enfin, quitte à ne pas vivrrre sans toi, j’adorrrerrrais continuer de le fairrre vivante, justement. Je ne vivais déjà pas sans lui, cela ne changerait rien. Hormis nous assurer qu’il ne céderait jamais à la tentation de me noyer pour faire taire cette impertinence moqueuse qui le faisait sourire, quoiqu’il en dise.

Et tout aussi soudainement que son aveux cajoleur, la situation est de nouveau submergée par une séparation bien trop nette. Il me laisse retomber dans l’eau et me fait face, les traits agités de consternation et de quelque chose d’autre que je n’aime pas beaucoup. Ainsi donc, c’était comme cela qu’il accueillait une tentative de rédemption ? On ne m’y reprendrait plus. S’il y avait une prochaine fois, je la laisserai prendre plus de place encore, plutôt que de chercher à rétablir la vérité. Son ton froid et cassant acheva de me renfermer complètement et de me retrancher derrière une fiertée protectrice. Je pense que tu ne saisirrrais pas la différrrence répondis-je, vexée du froid polaire qu’il dégageait de nouveau. C’est que j’estimais un mensonge volontaire et conscient là où cette vérité inventée n’avait eu pour but que de me défendre face à une pique. Elle avait ensuite pris des proportions que je n’avais pas envisagées mais il n’avait jamais été question de le faire sciemment endurer une peine quelconque. Son rire sans joie rend le tout un peu blessant. Double coup de grâce qui achève d’éteindre toute lumière dans mon regard cristallin et je l’observe, incrédule et froissée, me tourner le dos. Tu n’aurrras plus grrrand chose à crrroirrre à ce rrrythme-là répliqué-je, de nouveau sur la défensive, c’est à dire brandissant mes attaques mordantes. De toute façon tu n’entends que ce que tu as bien envie de comprrrendrrre. Il s’offusquait de ce mensonge qu’il avait avalé sans demi-mesure, mais ne faisait pas le moindre effort pour accepter sans conditions mes paroles lui affirmant qu’il était le seul Roi. Il choisissait sciemment les vérités qu’il avait envie de garder dans son esprit et occultait les autres. Et bien tant pis. J’avais bien assez mis mon ego de côté ce soir pour lui dessiner ce que je concevais comme immuable : à savoir que j’avais eu envie de passer cette soirée avec lui ; et pour lui avouer un mensonge que je n’avais pas délibérément voulu. Enfin, il ne me serait jamais venu à l’esprit s’il n’avait pas sauvagement attaqué quelque chose dont il devait à peine se rappeler ! Il s’éloigne de moi, se rapprochant du bord du bassin, sûrement déterminé à en sortir et le pincement qui me serre le coeur est bien plus violent que jamais. Je faisais face à sa mauvaise humeur depuis que j’avais pénétré cet endroit et j’étais encore là. Il me tournait déjà le dos pour quelque chose que j’avais tenté d’effacer. N’oublie pas les lambeaux de tes belles prrromesse quand tu parrrtirrras. J’étais dépitée, désabusée et attristée. Je n’avais aucune envie de le voir prendre ses affaires et quitter cette salle de bain alors je me détourne à mon tour, mes bras se dépliant machinalement pour laisser mes doigts jouer avec la surface de l’eau.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 18:26



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ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Après s’être inquiétée de ce à quoi avait servi ma soirée, laissant doucement entendre que l’ombre menaçante d’une demoiselle avait pu planer sur ses pensées, Erin se plaignit du gâchis de sa robe… Je dois bien avouer que je ne le voyais pas. Elle lui allait à ravir, sincèrement, et elle avait pu en faire profiter tout Poudlard. Où était le problème ? Ça n’était pas exactement ce qu’elle était censée faire avec ? Il y avait sûrement quelque chose qui m’échappait sans que je ne parvienne à mettre le doigt dessus. À quoi bon s’obstiner à acheter des vêtements dignes de ce nom si ça n’était pas pour en jeter le luxe et l’élégance à la face de l’école ? Bien sûr, il était plus agréable de le faire lorsqu’il y avait tout le gratin sorcier du pays mais on se contentait finalement de ce que l’on pouvait lorsque l’on était ici… Mais visiblement, elle ne partageait pas mon point de vue. …le contraire aurait été étonnant…

Le gaspillage est justement là.

Mon regard suivit le sien jusqu’au tissu rouge dont j’apercevais faiblement la couleur, prise entre le reste de ses affaires et les miennes. Il fallait se dire que Bradford en avait au moins profité, c’était toujours ça… La simple idée de son regard pervers posé sur elle me donna la nausée. Moui… Peut-être que je percevais finalement le gâchis… Un mufle pareil ne méritait en aucun cas un tel spectacle. Elle était infiniment trop bien pour lui…

J’imagine que je pourrrais la rrremettrrre si elle m’allait si bien que tu le dis.
Ce serait dommage de t’en priver, oui.

Même si c’était quand même dommage d’être obligé de porter une tenue de soirée deux fois… Ça gâchait tout le plaisir de la soirée en question. Il y avait bien quelques pro-moldus qui s’offusquaient de telles pratiques en supposant que c’était une catastrophe écologique et un gaspillage (un vrai pour le coup) énorme, mais j’aimais à croire qu’ils disaient cela seulement parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de le faire eux-mêmes. La suite se fit tout aussi agréable que les quelques moments passés l’un contre l’autre… Bien sûr, tout ce qu’elle disait n’était pas aussi caressant que son souffle ou ses cheveux sur ma peau mais j’avais pu composer avec malgré tout.

Je pourrrais te fairrre mon prrrisonnier, énuméra-t-elle d’une voix qui me donnait envie d’accepter sur le champ, constrrruirrre la plus haute des tourrrs pourrr te garrrder pourrr moi uniquement. Je pourrrais sinon me charrrger de fairrre disparrraîtrrre n’imporrrte quel idiot suffisamment imbécile pourrr tenter de te rrravirrr cette place. Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Les maudirrre de la dague que Finnbjörrrn m’a offerrrte.

Je l’écoutais religieusement, hochant doucement la tête à chaque proposition. J’aimais la voir admettre sans détour qu’elle était aussi peu partageuse que moi. Peut-être comprenait-elle mieux qu’il y paraissait ma réticence à la voir en train de roucouler avec tout ce que la Terre faisait de plus pathétique ! Qu’elle ait au moins la décence de roucouler avec quelqu’un à sa hauteur. Je sais d’avance qu’on prétendra qu’aucun ne trouverait grâce à mes yeux et dans le fond peut-être que ça n’est pas si faux que ça, je l’admets, mais c’est qu’Erin était trop bien pour la plèbe qui l’entourait d’ordinaire. Ils seraient tous là à vouloir l’asservir, à en faire une douce compagne bien sous tout rapport, j’étais convaincu qu’il s’agissait avant tout d’un défi idiot pour faire d’un animal sauvage un chaton sans défense ou de l’espoir dégradant de se pavaner auprès de l’une des plus jolies filles de l’école… Ça n’avait aucun sens. Elle devait être au-dessus de ça ! Elle n’était pas juste un trophée ou un dragon à dresser, elle était… elle était tout, en réalité.

Si tour il y a, sache que je ne ferai pas l’impasse sur mon confort habituel.

Le sourire que je lui offris oscillait entre provocation et amusement. Quoi qu’il en soit, elle ne me laissa pas composer avec ma liberté bien plus longtemps. À peine eus-je le temps de tourner le dos que, déjà, elle s’y installait comme si elle était chez elle. Pendant un instant, notre présence ici prit tout son sens. Je crois que c’était exactement pour ça que je l’avais invitée à me rejoindre, pour retrouver le tableau étrange et séduisant qui se peignait parfois contre toute attente. Une étreinte par-ci, un rapprochement vaguement ludique par-là… Force était de constater que je me sentais à ma place chaque fois qu’elle était tout contre moi. Je n’irais pas parler d’une évidence, c’était affreusement cliché, mais il n’y avait rien qui me dérangeait moins que ça et je commençais presque à quoi qu’inconsciemment je recherchais ces instants-là… Mais malheureusement, une confidence vint tout à mettre à mal. Elle tenta vaguement de s’accrocher alors que mes mains l’abandonnaient mais finit néanmoins par renoncer et termina sa course dans le bassin à quelques centimètres de moi.

Je pense que tu ne saisirrrais pas la différrrence.

Une espèce de hoquet surpris et outré m’échappa alors qu’elle me balançait ses horreurs au visage. Non seulement elle pouvait me mentir éhontément mais en plus j’étais le dernier des imbéciles ! J’avais décidément bien fait de venir ! J’étais bien plus blessé par son attitude que je ne voulais bien le reconnaître. Elle ne pouvait pas me balancer de but en blanc qu’elle m’avait menti pendant des semaines et espérer que j’accueille la nouvelle avec un grand sourire ! Alors pourquoi attaquer ainsi en plus ? Ça n’était qu’une question ! Oh, peu encline à entendre n’importe quelle réponse vu la mauvaise foi dont Erin avait pu faire preuve jusque là, peut-être, mais elle n’en était pas moins légitime !

Tu n’aurrras plus grrrand chose à crrroirrre à ce rrrythme-là. De toute façon tu n’entends que ce que tu as bien envie de comprrrendrrre.

Évidemment, tout était de ma faute. C’était à moi qui l’avais obligée à mentir, moi qui ne comprenais rien, moi qui ne voulais d’ailleurs rien comprendre… Bientôt elle m’accuserait de l’avoir poussé à embrasser cet abruti ou d’être pour quelque chose dans ses fréquentations impures ! C’était n’importe quoi ! Et je ne savais même plus pourquoi je discutais avec elle. Si j’avais eu des remords à partir, craignant qu’elle puisse m’échapper après une fin aussi catastrophique, elle eut le don de me convaincre. Je lui jetai à peine un regard déçu et filai vers le rebord.

N’oublie pas les lambeaux de tes belles prrromesses quand tu parrrtirrras.

Je me retournai d’un geste brusque, l’eau s’agitant tout autour de moi et dardai sur elle des yeux assassins.

Je n’ai jamais promis d’être ton jouet, m’écriai-je alors, toute la tristesse de ma voix me revenant par écho. Je suis peut-être stupide au point de ne rien comprendre mais mes neurones fonctionnent encore assez bien pour m’indiquer quand tu vas trop loin ! Si tu n’acceptes pas que tes mensonges ne passent pas comme une lettre à la Poste, tu n’avais qu’à rien dire au lieu de t’en prendre après moi ! Après tout, nous n'étions plus à quelques semaines, n’est-ce pas ?

S’il n’était pas rare que mon ton laisse voir mon agacement, surtout en sa présence, j’avais toujours plus ou moins su garder mon calme… Un débit posé, parfois cinglant certes mais sans avoir à s’élever pour faire passer quelque message… Mais là, il n’en restait plus rien. Toute ma nonchalance habituelle s’était envolée face à l’avalanche d’accusations injustes qu’elle me balançait sans discontinuer.

Si tu crois que le trône que je briguais était celui de Roi des Abrutis, sache que tu te trompes. Mais je ne doute pas que tu trouveras un petit-ami imaginaire à qui le refourguer… Encore faut-il qu’il puisse supporter tes sarcasmes puérils.
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 20:23

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Un amusement sauvage faisait vibrer les inflexions de ma voix tandis que j’énumère - avec un plaisir que je ne masque pas - les cruautés dont je pourrais faire preuve pour empêcher quiconque de ravir ce trône. Un trône qui était dédié à Junior et à lui uniquement. Ses hochements de tête approbateurs ne font qu’exalter cette joie fougueuse qui faisait briller mes yeux. J’accueille sa revendication avec un rire qui résonne contre les murs de marbre. Tout ce qu’il te faut lui accordé-je, mon sourire grandissant, avant que je ne réduise de nouveau toute la distance qui nous éloignait. La présence de Junior m’était indispensable depuis aussi longtemps que nous nous étions rencontrés. La proximité s’était faite physique, dans une douce candeur enfantine qui ne nous avait jamais totalement abandonnés. Toutefois, ainsi juchée contre lui, ses mains retenant mes jambes nues autour de lui, il y avait une saveur qui me rappelait celle de l’étreinte dans la réserve. Un contact frémissant qui me donnait envie d’en avoir encore un peu plus. Je me voyais parfaitement rester à cette place qui me comblait et passer ainsi de longues heures au moins à renouer les fils de notre Royaume.

Cette bien étrange soirée prit soudainement un tour abrupt. Au fil des aléas, j’avais été entraînée des heures durant de déceptions chagrines en plaisirs indicibles. Et alors que je pensais la porte de notre empire personnel enfin ouverte, mon aveu vint claquer le battant imaginaire au moment où nous nous apprêtions à le franchir. Un tremblement sec, violent, annonciateur de terribles nuages. La tour que nous avions projetée de construire s’effondrait avant même que nous n’ayions réellement commencé à en empiler les pierres et j’étais en même temps lâchement abandonnée dans l’eau. C’était bien là toute la beauté et la tragédie de ce lien unique que nous partagions. D’une caresse il pouvait apaiser mes émotions volcaniques ; d’une oeillade courroucée il pouvait les faire éclater. Je tente maladroitement de rattraper les fils de cette confession, essayant tant bien que mal de lui faire comprendre que tout cela n’était qu’une réaction défensive à une pique mesquine de sa part. Mais aussitôt qu’il annonce une confiance sur le point d’être perdue, je me renferme et me retranche, la fierté offensée reprenant le dessus. L’air boudeur se transforme en mécontentement flamboyant et ce n’est plus d’une chaleur bienveillante que brûlent mes pupilles.

La situation s'envenime en un temps record. Lui, froid comme un glaçon. Moi, brûlante comme un brasier. Mon ego en miettes et mon coeur étranglé s’écrasent un peu plus alors qu’il me tourne le dos et prend assurément la direction de la sortie. Ne souhaitant pas assister à son départ, cette boule dans la gorge ne faisant que grossir, je lui tourne le dos à mon tour, le gratifiant d’une dernière pique assassine qu’il pourrait emporter jusque dans son dortoir où il pourrait aller retrouver son livre d’histoire, son chat, ou bien n’importe quelle fille pour ce que j’en savais.

Son éclat de voix qui se répercute brutalement sous le haut plafond de la salle de bain me fait sursauter et me retourner. Junior me faisait de nouveau face et j’écoute, clouée sur place, ses paroles proférées d’un ton étranglé mais accusateur. Il ne masquait jamais son agacement quand celui-ci se réveillait mais j’étais bien plus habituée à le voir cynique et distant que dans un emportement de cette sorte qui me laisse pantoise. Son regard assassin dardait sur moi des éclairs meurtriers. Je tente sans succès d’avaler la pilule qui a bien du mal à passer et qui enfle et obstrue chaque seconde un peu plus ma gorge. Je n’avais jamais aucun regret, agissant instinctivement, certes, mais toujours convaincue de bien faire. En éprouver pour avoir énoncé une vérité me laissait un noeud des plus désagréables dans l’estomac. C’était certain : on ne m’y reprendrait plus de si tôt. Je sens mes épaules s’affaisser au moment où mon visage se baisse en direction de l’eau et de cette mousse bleuâtre. Le temps d’une seconde à peine avant que je ne relève le menton, dans une tentative de retrouver une suffisance qui me paraissait être déchiquetée en lambeaux et que je ne pouvais guère évaluer n’ayant aucun miroir auquel me confronter. J'espérais au moins que mes lèvres ne tremblaient pas trop, ruinant par là-même la belle prétention que je tentais d’afficher. Malgré mes espoirs je sentais bien que cela ne fonctionnait guère.

La tristesse que j’avais perçue dans ses paroles me bouleversait, mais le manque de considération porté aux miennes depuis que j’avais débarqué dans ces lieux m’empêchait tout bonnement de le montrer. J’étais fatiguée et lasse. Junior m’avait demandée de venir ici pour m’accueillir avec autant d’enthousiasme que si j’avais été une impure venue le déranger. Mes tentatives pour le dérider m’avait demandées bien des concessions à une fierté d’ordinaire férocement brandie. Mais il le valait tant. J’avais voulu une dernière confession - bien mal m’en avait pris. Et il me reprochait maintenant de le traiter comme un pantin, lui que je considérais autant que les membres de ma famille, voire plus que certains ? Tu dois avoirrr une bien piètrrre image de moi si tu penses un seul instant que je te considèrrre comme un dukketeater (pantin), un jouet. fais-je, d’un ton aussi vacillant que la flamme de mon regard, mon norvégien en première ligne face au trouble qui agitait ma voix. Un mensonge aurrrait été planifié, une vérrrité arrrangée faisait office de rrréponse à un sarrrcasme såret, blessant. Machinalement mes bras se détachent et mes mains retombent dans l’eau, mes doigts s’agitant à ce contact. Je m’étais trop ouverte ce soir pour laisser une nouvelle fois tomber cette armure qui me seyait si bien. J’aurais pensé mon meilleur ami capable de lire entre les lignes, surtout quand celles-ci étaient si brutalement effacées pour lui exposer une vérité sans fard, mais il n’avait envie de comprendre que ce qui l’arrangeait. Tu m’écrrris de venirrr, tu m’accueilles comme si j’étais la derrrnièrrre perrrsonne que tu avais envie de voirrr, j’essaie depuis des dizaines et des dizaines de minutes de te dérrrider et de te fairrre entendrrre que j’aurrrais prrréférrré passer toute ma soirrrée avec toi plutôt qu’à cette rrréception pathétique débile, tu trrrouves encorrre le moyen de me dirrre que j’avais l’airrr de bien m’y amuser. J’essaie de t’expliquer que Misha ne t’arrrives pas à la cheville, que tu es le seul Rrroi que je veux surrr ce faen (putain) de trrrône mais tu te perrrsuades qu’on compte te le rrravirrr. Et visiblement que je laisserrrai fairrre avec joie. Puisque tout semblait ruiné, je n’avais plus besoin de faire preuve d’aucune retenue. Pensait-il que je venais de m’en prendre à lui ? Il pouvait peut-être commencer à apercevoir à quel point je retenais mon impulsivité naturelle pour lui depuis que j’avais mis un pied dans cette maudite salle de bain. Je n’avais même pas besoin de crier. Pour une fois, les rôles étaient inversés : Junior en ébullition, et moi d’un calme qui ne laissait rien présager de bon. Mes sarrrcasmes puérrrils sont au moins à la hauteurrr de ton hostilité apathique de ce soirrr. Mais ne t’en fais, je ne ferrrai pas deux fois la folie de vouloirrr fairrre amende honorrrable.

Je m’avance jusqu’à son niveau, prise d’un besoin foudroyant de me soustraire à son regard et de laisser éclater les émotions qui tempêtaient en moi, bien qu’une bonne partie se lisent déjà sur mon visage. C’est que je n’allais pas lui faire l’affront de dévoiler plus que le chagrin qui faisait briller douloureusement mon regard clair. Regarde que je plante d’ailleurs dans celui de Junior, bien que l’aplomb l’a déserté et qu’il ne reste qu’une lueur tremblotante et parsemée de petites tâches humides. Je décroche la rose qu’il avait glissée dans mes cheveux, attrape son poignet pour retourner sa paume et je l’y pose sans ménagement. Tiens. Garrrde-la. Tu l’as déjà maltrrraitée en la sectionnant en deux tout à l’heurrre, tu peux bien en fairrre ce que tu en veux. Piétine la, mange la, brrrûle la si ça te fait plaisirrr. D’un geste agacé, je chasse une bulle importune venue flotter autour de moi. Plus rien ne me semblait plus répugnant désormais que cette eau mousseuse et ces odeurs douceâtres.

Je relâche son poignet et me soustrais à son regard, mon corps fendant l’eau en deux en direction des marches qui me libéreraient de cette sensation étouffante qui oppressait ma poitrine. Tu n’as pas besoin de parrrtirrr. Je te laisse ton fief, je n’étais qu’une invitée de trrrop de toute façon. Je battais en retraite. Je n’aimais pas me battre contre lui, c’était pire que contre quiconque. Si je trouvais du plaisir à pousser Finnbjörn à bout et à taquiner Junior, ce genre de conflit qui explosait avec tant de violence ne m’amusait pas. Pas avec lui. Ce n’était pas quelqu’un contre qui j’avais envie de me défouler et de laisser déborder ma violence naturelle. Penser à mon frère adoré me fit violemment prendre conscience que j’aurais bien envie d’un chocolat chaud épicé à la cannelle, des plus réconfortants. Mais il manquerait la présence de mon tendre jumeau pour que le tableau soit complet. Cela faisait une éternité que je n’avais pas eu besoin de Finnbjörn. Et que cela survienne à cause de Junior me désappointait au plus haut point.
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMar 17 Mar - 22:49



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Il ne fallut qu’un instant pour que de nos bêtises complices il ne reste plus rien. Une confidence, une seule, avait suffi à mettre le feu aux poudres. Je m’étais offusqué, elle s’était braquée et tout était en train de s’effondrer. Notre agréable proximité et les projets idiots d’une tour rien qu’à nous… Plus un sourire, plus un geste tendre… plus rien. Tout ça parce qu’elle n’acceptait pas que je puisse mal prendre qu’elle m’ait menti. Comment avait-elle pu croire le contraire rien qu’une seule seconde ?! Je finis par m’éloigner, encore sous le choc de ses révélations. Je n’avais pas véritablement envie de partir, pas assez pour le faire en tout cas, j’avais juste besoin de reprendre mes distances. Cette fille était tout ce qu’il y avait de plus insupportable au monde ! Elle trouvait normal de me rendre responsable de tous les maux du monde seulement parce qu’elle ne savait pas comment faire pour se défaire des conséquences de ses propres actes. Je n’avais rien fait qui nécessite qu’elle me mente. Rien. Et encore moins rien qui ne l’oblige à s’inventer une vie comme elle l’avait fait ! Mais comme si ça ne suffisait pas, Erin m’interpella de plus belle. Et qu’elle puisse me reprocher de mettre sa confiance en péril alors qu’elle n’avait visiblement que faire de la mienne me fit immanquablement perdre mon calme. Elle se fichait du monde et c’en devenait vraiment vexant. Je ne savais pas à quoi elle jouait mais ça ne m’amusait pas. Tout ça parce qu’elle avait eu le malheur de me mentir !

Tu dois avoirrr une bien piètrrre image de moi si tu penses un seul instant que je te considèrrre comme un dukketeater, un jouet.

Je n’avais jamais pensé cela jusqu’à ce soir. Jusqu’à ce qu’elle s’amuse à me faire tourner en bourrique et à me lapider de reproches qui ne m’étaient en rien destinés ! Je n’étais pas aussi insensible qu’elle semblait bien vouloir le croire… Et la voir s’acharner ainsi pour quelque chose que je n’avais pas fait, et pire encore pour quelque chose dont j’étais victime, commençait à me faire douter de ses intentions. S’il avait juste été question de mettre à plat cette histoire, de confier son mensonge, elle aurait très bien pu m’en expliquer les raisons sans m’en faire porter le chapeau. J’avais juste cherché à comprendre… Mais de toute évidence, mieux valait s’énerver immédiatement puisque j’étais trop bête pour comprendre quoi que ce soit.

Un mensonge aurrrait été planifié, une vérrrité arrrangée faisait office de rrréponse à un sarrrcasme såret, blessant.
Un sarcasme blessant ?! Mais je te taquinais, Erin ! C’est comme si je m’étais moqué de la robe que tu portais le jour de notre rencontre des années plus tard ! Ça avait rien de particulièrement méchant et même rien de vrai ! On avait neuf ans. Neuf ans ! Par Merlin, j’en ai aucun souvenir de ce baiser ! Tu as été t’inventer toute une histoire, ça a duré des semaines, juste parce que j’ai eu le malheur de faire exactement comme on fait tout le temps !

C’était un mensonge, qu’importe le nom qu’elle voulait lui donner. Elle avait délibérément raconté n’importe quoi dans le seul but de répondre à une attaque qui n’en était pas vraiment une. Elle m’avait traité de pervers et sous-entendait que je voyais en notre isolement l’occasion de lui sauter dessus, ce à quoi j’avais répliqué sur le même ton. Ou quelque chose comme ça. Je ne me souvenais plus du déroulé intégral de notre soirée mais ça n’avait été qu’un enchaînement de piques habituelles et qui n’avaient d’habitude pour conséquence que quelques bouderies pas bien longues… Je ne comprenais pas ce qui avait pu changer cette fois-ci… Comment pour une bêtise pareille, on en était arrivés là…

Tu m’écrrris de venirrr, tu m’accueilles comme si j’étais la derrrnièrrre perrrsonne que tu avais envie de voirrr, j’essaie depuis des dizaines et des dizaines de minutes de te dérrrider et de te fairrre entendrrre que j’aurrrais prrréférrré passer toute ma soirrrée avec toi plutôt qu’à cette rrréception pathétique débile, tu trrrouves encorrre le moyen de me dirrre que j’avais l’airrr de bien m’y amuser.

Je savais que je n’avais pas été irréprochable sur ce plan et qu’elle avait eu une patience d’ange avec moi aujourd’hui, j’en étais parfaitement conscient mais ça n’excusait pas tout pour autant ! Ça n’était pas ce que j’avais fait une bêtise à son arrivée qu’elle était obligée de tout gâcher quelques minutes plus tard ! C’était ça, son but ? Me faire regretter de ne pas l’avoir accueillie comme il aurait fallu ?

J’essaie de t’expliquer que Misha ne t’arrrives pas à la cheville, que tu es le seul Rrroi que je veux surrr ce faen de trrrône mais tu te perrrsuades qu’on compte te le rrravirrr. Et visiblement que je laisserrrai fairrre avec joie.

L’entendre me parler si froidement, presque distante, sans l’ombre d’un éclat de voix, sans qu’elle ne s’emporte, exactement comme je le faisais d’ordinaire à sa place, me faisait affreusement bizarre… Je n’aimais pas ça. J’avais l’impression, presque, qu’elle s’en fichait alors qu’au fond, je ne doutais pas que c’était seulement l’expression d’un déception attristée… Je baissai les yeux presque machinalement, son calme marchant bien plus que ses reproches.

Tu peux pas me reprocher d’avoir peur que tu me remplaces alors que ça fait des semaines que tu fais tout pour ce que je le crois, soufflai-je comme un enfant pris en faute, c’est injuste. Tu dis tout ça maintenant, mais à Noël, tu avais mieux à faire que de me tenir compagnie deux minutes, à notre anniversaire, tu me racontais que tu avais une idylle avec l’autre imbécile, qu’il était merveilleux ou je ne sais quoi, il y a quelque jour c’était l’homme de ta vie et c’était presque si tu m’annonçais pas votre mariage…

Un frisson me parcourut sans que je ne parvienne à savoir si c’était l’eau qui s’était refroidie ou seulement tout ce que m’inspirait la situation. J’avais intégré un message qu’elle m’avait fait passer à plusieurs reprises, c’était bien trop simple de revenir maintenant en me disant que non, c’était n’importe quoi, il fallait tout oublier sur le champ. Je retins un soupir et repoussai un tas de mousse.

Mes sarrrcasmes puérrrils sont au moins à la hauteurrr de ton hostilité apathique de ce soirrr. Mais ne t’en fais, je ne ferrrai pas deux fois la folie de vouloirrr fairrre amende honorrrable.
Je suis désolé de m’être comporté comme un mufle à ton arrivée… et un peu après aussi… Mais je ne suis pas le seul responsable de cette fin chaotique ! Tu mens, tu t’étonnes que je le prenne mal et en plus tu me cloues au pilori comme si j’y étais pour quelque chose… C’est complètement stupide.

Elle ne pourrait pas me reprocher, au moins, de ne pas assumer mes torts… Même s’il y avait de fortes chances que ça soit trop tard. Si cela ne suffisait pas, tant pis, je ne m’abaisserais pas davantage. Nous en resterions sur cette note négative… et sûrement pire encore. La Poufsouffle s’avança droit sur moi et je dus me retenir pour ne pas faire un pas en arrière. Je soutins son regard du mieux que je pus et n’opposai pas la moindre résistance alors qu’elle attrapait mon poignet et retournait ma main. Mon coeur se fit plus lourd alors qu’elle retirait la rose de ses cheveux et la fourrait d’un geste brusque dans ma paume.

Erin…
Tiens. Garrrde-la. Tu l’as déjà maltrrraitée en la sectionnant en deux tout à l’heurrre, tu peux bien en fairrre ce que tu en veux. Piétine la, mange la, brrrûle la si ça te fait plaisirrr.
Non mais…

Garde-la… Mais je ne terminai jamais ma phrase. Les yeux rivés sur cette fleur à l’agonie, j’évitai de voir ma meilleure amie qui s’échappait. J’étais prêt à faire la même chose une poignée de secondes plus tôt mais c’était douloureux de savoir qu’elle m’abandonnait déjà. …à nouveau ?

Tu n’as pas besoin de parrrtirrr. Je te laisse ton fief, je n’étais qu’une invitée de trrrop de toute façon.

Lorsque je reposai les yeux sur elle, elle me semblait déjà affreusement loin. Je marchai dans ses pas, l’eau remuant de plus belle alors que j’essayai d’accélérer le pas. La fleur dans une main, l’autre se tendant bêtement en avant, je finis par enrouler mes doigts autour de son bras et arrêter maladroitement sa progression.

Je me fiche d’un fief sur lequel tu ne règnes pas avec moi.

Les murs me renvoyèrent un souffle dénué de tout espoir, bredouillé comme une excuse pathétique qui n’excusait finalement rien. Je pris le risque de remettre la rose là où elle avait été un peu plus tôt, coincée dans ses mèches sombres, et d’en repousser une alourdie par l’eau dans laquelle elle avait trempé.

Laisse-moi au moins te raccompagner…
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyMer 18 Mar - 0:34

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Le temps suspendu laissait tout le loisir à nos paroles de se répercuter encore et encore, alourdissant une atmosphère déjà saturée. Autour de nous, l’eau renvoyait nos reflets troublés, images d’un monde parallèle où toutes les tours que nous tentions de construire tenaient peut-être encore debout. Dans celui-ci, malheureusement, notre tentative avait lamentablement échouée, et si nous écartions la mousse teintée de bleue, peut-être verrions-nous les ruines funestes se dessiner à nos pieds. Junior ne se défend pas alors que je l’accuse de me voir comme une manipulatrice qui avait fait de lui sa marionnette et l’épine de ses dures paroles se plante un peu plus dans mon coeur. Je consens à dévoiler toute la différence que je mets entre un mensonge et une vérité arrangée. Non pas que j’espère encore pouvoir arranger la situation : une fois mon esprit délesté de ce trop plein qui devait être évacué, je ne me voyais pas faire long feu dans cette pièce où l’on ne voulait pas de moi.

Mes doigts laissent des sillons dans la mousse qui recouvre le bassin au moment où je hausse les épaules. Je laisse mon regard divaguer sur les milliers de minuscules bulles la composant et qui explosent une à une dans un silence qui pourrait être bruyant si je m’approchais suffisamment d’elles. Seul le ton outré de Junior me parvient, mes prunelles délaissant ce spectacle hypnotisant pour retrouver les siennes. Je ne m’expliquais pas pourquoi cette pique précisément m’avait suffisamment vexée pour que j’invente une idylle chimérique avec un imbécile de première classe. Aussi ne pouvais-je pas lui fournir de plus amples précisions. C’était comme ça. Nous nous taquinions pourtant sur à peu près tout et rien, mais cette moquerie-là m’avait poussée à dérouler le fil d’une vérité altérée. Je n’avais cependant pas non plus voulu, ni même imaginé, qu’elle prendrait des proportions telles que celles-ci et que mon invention empiéterait à ce point sur la réalité. C’était la raison pour laquelle j’avais voulu ôter cette ombre de notre tableau quelques minutes plus tôt, avant que tout ne foires lamentablement. Il convenait vraisemblablement de lui dire ça, mais je n’en avais pas envie. J’avais déjà trop tiré sur la corde de ma patience et trop muselé ma fierté pleine d’orgueil pour le faire alors qu’il m’accusait de tous les maux et ne me considérait plus que comme une vile marionnettiste. Ainsi donc, il semblerrrait que nous soyons deux à mentirrr. Une bravade que je savais être déloyale, mais pour une fois, je pouvais aussi jouer avec son arme préférée qu’était la mauvaise foi. Une bravade qui n’allait pas être sans conséquences, aussi relevais-je la tête dans un air de suffisance mêlée de défi que tout le reste de mon visage démentait pitoyablement.

La suite n’est qu’un épanchement de mon ego froissé et d’un chagrin qui prenait désormais bien de la place. Je n’avais même pas envie d’hausser le ton, comme soufflée par l’éclat de voix violent dont avait fait montre Junior. Il n’avait jamais élevé la voix en ma présence,, alors sur moi ? c’était sans précédent et cela créait un sentiment bien étrange au fond de ma poitrine. Une douleur sourde et mal identifiée avec laquelle je ne savais comment composer. Je préfère donc l’ignorer et poursuivre, sur le même ton. Je n’aimais pas le voir désemparé, le visage ainsi baissé. Mais je détestais le savoir en colère contre moi. Je ne savais plus ce que je voulais en ce moment, hormis retrouver la douce complicité qui était habituellement la notre et me sentir au plus proche de mon meilleur ami, quand bien même il avait ce don d’enflammer mes sentiments dans leur entièreté. Ses paroles, sans empirer la situation, n’aident pas vraiment à me décider. Ce n’était qu’une ronde incessante de reproches que nos deux esprits bornés ne parvenaient pas à unir jusqu’à leur donner du sens. Tu as dis beaucoup de choses injustes toi aussi. Toutes les reproches formulées ce soir étaient maintenant rassemblées en quelques phrases à peine. Misha, Charles-Auguste, pourquoi ne voyait-il pas la place qu’ils occupaient dans mon quotidien comparée à celle qui était sienne ? J’avais beau le lui répéter, encore et encore, cela ne semblait rien changer à sa perception de sa réalité. Je ne peux rrrien fairrre de plus que d'étaler les faits avec exactitude. Je ne vais pas te supplier de me crrroirrre. Si tu veux penser que je me joues de toi, aucun de mes mots n’aurrra d’effet puisque tu ne sembles plus avoirrr la moindrrre confiance en moi. J’affecte un air détaché mais cette idée me peine bien plus que tout le reste et dessine les contours d’un bien triste futur au fond de mes pupilles claires.

Il m’envoyait me promener avec un petit-ami imaginaire, me repoussant loin de lui, une nouvelle fois. Une fois de trop. Ses excuses me paraissent bien lointaines et je ne retiens finalement que la stupidité de mon comportement. Il allait falloir se lever tôt, à l’avenir, pour entendre Erin Sørensen proférer les moindres excuses visant à rattraper une situation qui s’enlisait. Voire même ne pas se coucher du tout. Me rapprochant de Junior, je lui redonne la rose qu’il m’avait offerte le matin même. L’une du bouquet qui en comptait encore trente-neuf. Qu’il en fasse ce qu’il désire, ma joie de les recevoir au réveil s’était envolée à tire d’ailes. Mon prénom prononcé par Junior avait l’éternelle conséquence de me faire frissonner et d’avoir envie de plonger mon regard dans le sien. Ce que je fis. Mais au lieu de réduire définitivement toute la distance qui nous séparait encore, bien plus importante qu’une simple notion physique, je me détournais pour m’en aller. J’étais lasse de me disputer avec mon meilleure amie, lasse de ces reproches et de cette danse dont les variations étaient diamétralement opposées. Je voulais une valse au rythme changeant mais où la complicité restait immuable et où la fin n’en était jamais vraiment une.

Je lui tourne le dos sur quelques derniers mots. Mon esprit chagrin rêvait de rejoindre Finnbjörn et de perdre quelques heures en sa compagnie et celle d’un chocolat chaud. Avant de prendre violemment conscience que désirais que retrouver Junior. Je me plaindrais de la soirée catastrophique que je venais de passer et il se moquerait tendrement de moi avant de m’entraîner dans une danse bienvenue. J’avais à peine posé le pied sur la première marche pour me hisser hors de ce bassin que je sens les doigts de Junior s’enrouler autour de mon poignet pour me forcer doucement à me retourner vers lui. Ma moue se fit mélancolique alors qu’il me soufflait ne pas vouloir d’un royaume où je n’étais pas. Déjà son autre main se mettait en mouvement, replaçant la rose parsemée de gouttelettes à la place qu’elle venait juste de quitter puis replaçant une mèche alourdie par l’eau à la place qui lui était dévolue. Ma fierté le détestait en cet instant précis d’être si facilement capable de mettre à mal toutes les armures que je pouvais enfiler. Tout ça d’un simple geste. Mollement, je me laisse retomber au fond du bassin. Je n’ai jamais voulu que mon mensonge prrrenne une telle place. Je ne pensais même pas que celui puisse jamais arrriver. Je veux dirrre : on parrrle d’un mufle de la pirrre espèce. Il dépasse, et de loin, ton accueil. Ma tentative de moquerie n’atteint pas mon regard qui ne se détache pas une seule seconde de celui de Junior. Je souhaitais juste le rrramener à sa place en te confessant cela : aux oubliettes. Un haussement d’épaules vient mettre un point final ce qui a tout de la forme d’excuses même si je n’avais pas explicitement prononcé les mots magiques. Je n’ai pas envie de parrrtirrr comme ça. La flamme au fond de mes prunelles se fait plus dense. Evidemment, demain, nous serions comme à notre habitude. Qu’importe : je ne voulais pas retrouver mon lit sans avoir comme dernière sensation celle de notre proximité retrouvée. Ou bien rêvais-je juste de ressentir de nouveau la délicieuse intimité d’une étreinte volée ?
electric bird.

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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 19 Mar - 1:24



dis-moi ce qui cloche au fond de nous
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Je ne comprenais pas comment nous avions pu si vite en arriver là… Quelques minutes plus tôt, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, nous nous retrouvions enfin et semblions même repousser, sous couvert de chamailleries enfantines, les limites que nous gardions stables. Et voilà qu’un rien avait suffi à tout faire voler en éclats. Nos rires s’étaient tus, remplacés par des haussements de voix et un froid polaire. De notre complicité, il ne restait plus désormais que des regards assassins et une distance respectables… Notre règne était sur le point de s’effondrer, soufflé par un vent de contestation que nous ne devions qu’à nous-mêmes… Tout ça pour une petite moquerie qui datait de Noël… Je peinais à prendre pleinement conscience de cette aberration. Qui faisait ça, sérieusement ? Qui tenait vivant un mensonge pour si longtemps pour une taquinerie ? Et elle s’étonnait que je l’ai cru, elle s’étonnait qu’aujourd’hui encore subsiste le doute qu’elle m’avait offert pendant des semaines juste parce qu’elle se rétractait… Mais pourquoi je croirais plus son changement d’avis que le mensonge en lui-même ? Pourquoi je la croirais, elle, tout simplement…? Si cette question était légitime, je me connaissais bien assez pour savoir qu’il me faudrait davantage qu’une histoire de petit-ami imaginaire pour lui ôter toute confiance. Je lui en voulais de m’avoir raconté n’importe quoi, je lui en voulais d’avoir gardé vivaces pendant si longtemps les images de ce couple inexistant… Je lui en voulais d’avoir tout fait pour que ma place à ses côtés me semble si branlante… Mais il ne faudrait qu’un moment, quelques heures, la nuit peut-être, pour que tout ne redevienne comme avant. Elle avait rétabli ce qui ressemblait à la vérité (je voulais sûrement que ça le soit de toute façon), il n’y avait pas de raison de lui en tenir rigueur éternellement. Mais je ne voulais pas qu’elle recommence. Notre amitié n’avait jamais été basé sur des mensonges et je ne voulais pas qu’elle commence. Nous valions mieux que ça… Enfin… Encore fallait-il que nous passions au travers de cette énième crise. Elles étaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus orageuses et je craignais malgré moi qu’un jour nous ne nous en relevions pas.

Ainsi donc, il semblerrrait que nous soyons deux à mentirrr.

J’accusai le coup. Je ne voyais pas le mensonge. Je l’avais embêté ! Je ne lui reprochais pas d’avoir balancé que son si cher Charles ait pu apprécier ses baisers, qu’importe s’il ne l’avait jamais dit, juste pour me faire taire et remporter notre joute, je m’en fichais éperdument, je lui reprochais de l’avoir fait perdurer jusque là ! Il y avait une différence entre balancer quelque chose sans importance au beau milieu d’une querelle joueuse et de faire grossir l’histoire pendant des mois jusqu’à le présenter comme son prétendant pas plus tard qu’hier ! Où était le jeu…? Quel en était l’intérêt…? Elle n’avait pas pu réellement être vexée au point de vouloir me le faire payer ainsi ! Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça pouvait me faire, à moi, qu’elle s’entiche du premier imbécile venu ?! C’était elle qui s’humiliait de la sorte, je n’avais rien à voir dans cette affaire ! Je préférai ne pas répondre à son attaque, elle n’attendait probablement que cela… La suite, si elle se fit plus calme, ne parut pas moins affectée. J’avais un mal fou à cacher le tourment de mes sentiments, bien plus de mal que j’en avais d’ordinaire. Elle touchait trop de choses à la fois pour que je puisse rester de marbre. Tant de choses en réalité qu’elle mettait le doigt sur certaines que je refusais encore d’entrevoir. Cela n’était pas moins douloureux pour autant. Je détestais cette impression de n’être qu’une pauvre petite chose fragile, heurtée par les mots durs et violents qu’elle balançait à tout va.

Tu as dis beaucoup de choses injustes toi aussi.

Je haussai les épaules, dans une indifférence qui ne ressemblait à rien. Je n’avais rien dit qu’elle ne méritait pas. Ou, du moins, j’aimais à le croire. Et puis, ça n’était pas parce que je le faisais qu’il fallait en faire autant. Elle me reprochait ce qu’elle avait attendu de moi pendant des jours… C’était stupide. Et je me fichais que ça soit injuste de le dire ou de le penser. C’était vrai, point.

Je ne peux rrrien fairrre de plus que d'étaler les faits avec exactitude. Je ne vais pas te supplier de me crrroirrre. Si tu veux penser que je me joues de toi, aucun de mes mots n’aurrra d’effet puisque tu ne sembles plus avoirrr la moindrrre confiance en moi.

C’était faux, bien sûr. J’avais confiance en elle… j’avais juste du mal à digérer le flot d’informations qu’elle me balançait en continu, fracassant au passage toutes les certitudes qu’elle avait elle-même bâties. J’étais humain, je ne pouvais pas oublier tout ça d’un claquement de doigts. Pour l’instant, il était vrai que je n’en croyais pas grand chose… mais si elle me prouvait qu’elle disait vrai… Il était évident que si elle continuait de parler de son prétendant pathétique et de partir se divertir alors même que j’étais avec elle, je continuerais de penser qu’elle se joue ouvertement de moi… mais sinon… Je n’étais pas plus bête qu’un autre, ça finirait par rentrer.

Tu m’agaces à raconter des sottises à tout bout de champ.

Elle y verrait ce qu’elle voudrait, tant pis. Si elle avait envie de penser que je ne faisais que lui reprocher une fois de plus ses mensonges, qu’elle fasse ! Si elle préférait entrevoir l’ombre d’une trêve et la contradiction de ses croyances idiotes, et bien je ne l’en empêcherais pas… Mais connaissant Erin et vu le déroulé chaotique de cette soirée, il y avait fort à parier qu’elle prendrait la mouche et retournerait cela contre moi. Je n’étais de toute façon plus à ça près. La lassitude commençait sérieusement à poindre. Il n’était pas bon la retrouver ainsi. À chaque fois, cela se terminait exactement de la même manière ! Nous passions un bon moment, ça explosait pour une raison souvent douteuse, et nous remettions tout en question… systématiquement… et elle s’éloignait immanquablement… Sa rose dans la main, les remous qu’elle créait s’écrasant contre mes jambes, elle fuyait. Il aurait sûrement été de bon ton de la laisser faire. Laisser passer la nuit et tout reprendre demain, au calme, sur des bases plus saines… Ça ne durait jamais de toute façon. Mais c’était trop me demander. Elle râlerait sans le moindre doute si elle avait été Légilimens, mais je refusais de la laisser rejoindre son impur. Ni lui ni personne d’autre… Ça devait être notre soirée… Et quand bien même c’était idiot d’y accorder la moindre importance, je refusai qu’elle se termine ainsi. Alors j’entrepris de la rattraper et l’arrêtai avant qu’elle ne quitte la baignoire. Je ne savais pas vraiment quoi faire après ça, craignant d’aggraver la situation ou qu’elle ne finisse par me repousser. Au lieu de cela, elle revint sur le fond et laissa son poignet reposer entre mes doigts.

Je n’ai jamais voulu que mon mensonge prrrenne une telle place, m’avoua-t-elle doucement, je ne pensais même pas que cela puisse jamais arrriver. Je veux dirrre : on parrrle d’un mufle de la pirrre espèce. Il dépasse, et de loin, ton accueil.

Sa plaisanterie ne trouva pas la réaction amusée qu’elle cherchait sûrement. Mon regard rivé au sien, je me contentai de hausser péniblement les épaules. Qu’est-ce que cela changeait ? Les filles ne préféraient-elles pas généralement les pires garçons qui soient ? Charles-Auguste avait beau être un mufle, je ne doutais pas un seul instant que cela pouvait en charmer certaine… et rien ne m’avait jamais dit que ça n’était pas le cas d’Erin. Elle semblait s’échiner à tout faire pour s’éloigner des chemins balisés qu’une fille de bonne famille se devait de suivre, un tel prétendant l’y aurait grandement aidée…

Je souhaitais juste le rrramener à sa place en te confessant cela : aux oubliettes.
J’aurais préféré que tu ne l’en sortes jamais. Ça fait des semaines que je songe à comment ruiner votre mariage…

Elle me reprocherait un nouveau mensonge et n’aurait pas particulièrement tort… du moins pas sur toute la ligne… Peut-être y avais-je vaguement réfléchi en revenant de la bibliothèque, alors qu’elle venait de le poser sur un véritable piédestal. Il était le seul, l’unique, celui à abattre… Je refusais qu’on me la vole. Nous n’avions pas passé des années à bâtir notre royaume pour qu’un autre n’arrive pour tout m’ôter… Tant ma Reine que mes Terres…

Je n’ai pas envie de parrrtirrr comme ça.

Un sourire attristé se posa brièvement sur mes lèvres alors que mes doigts ne resserrèrent leur étreinte sur son poignet. Je tirai dessus avec une douceur infinie pour la rapprocher un peu.

Personne ne t’y oblige, mon ange.

Ma main quitta la sienne et glissa autour de sa taille, l’autre l’y rejoignant bien vite. En un instant, toute la distance avait disparu et je retrouvais les sensations troublantes de l’autre nuit. Peut-être que le désespoir était le même, peut-être que nous l’avions un peu cherché aussi… Sans un mot, j’enfouis mon visage dans l’ébène de ses cheveux et retins tant bien que mal un soupir satisfait…
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Message(#) Sujet: Re: dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR dis-moi ce qui cloche au fond de nous — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 19 Mar - 13:17

dis moi ce qui cloche au fond de nous
junior & erin


Tout doucement ; je commençais tout doucement à entrevoir par quels détours et quels faux pas nous en étions arrivés à cette situation. Par quels malhabiles coups du sort nous ne cessions de nous déchirer alors que tout ce que je désirais, en rejoignant Junior, était de retrouver cette bulle parfaite qui nous enveloppait et ne laissait plus que notre complicité guider les heures qui suivaient. Charles-Auguste avait pris une place que je n’avais jamais voulu lui dédier. Telle une épine empoisonnée, il s’était profondément enfoncé et je n’avais même pas remarqué qu’il faisait lentement pourrir ce qui l’entourait. Mais tout de même : que mon meilleur ami me croit réellement capable de m’enticher à ce point d’un imbécile pareil, et surtout qu’il pense être de ceux que l’on remplace… C’était offensant. C’était bien mal me connaître. J’étais bien contente qu’il croit ma rebuffade lorsqu’il avait affirmé que j’étais de celles que l’on ne souhaite plus jamais embrasser ; c’était de bonne guerre. Néanmoins, qu’il puisse aussi facilement se persuader que notre relation ne tenait à pas grand chose de plus que l’absence d’autres personnes était vexant. Bien moins, cependant, que de constater que tous mes mots ne pouvaient lui faire entendre raison. Où était passée cette confiance aveugle qui nous unissait depuis toujours ? Visiblement, elle aussi avait pourrie avec tout le reste.

En réalité, ça ne faisait qu’empirer. Ce n’était pas simplement qu’il me connaissait visiblement bien mal ; ni-même qu’il avait perdu toute confiance en moi ; c’était en plus qu’il me considérait comme une manipulatrice hors-pair prête à jouer de mes fils pour le faire aller où bon me semblait. J’aimais Finnbjörn de toute mon âme malgré nos nombreux désaccords, mais que l’on me confonde ainsi avec mon jumeau, et sur l’un de ses traits de caractères qui m’agaçait le plus chez lui, c’était blessant. Il me disait injuste, il l’était au moins autant. Son indifférence n’avait jamais été aussi piquante et ses haussements d’épaules nonchalants, insultants. J’avais beau conserver un air indifférent et que je voulais détacher, les tâches de chagrin dans mes prunelles étaient bien facilement lisible. Encore fallait-il qu’il soit capable de se souvenir de comment je fonctionnais au quotidien, c’était une notion qui lui avait apparemment échappée ces derniers temps.

Puisque la simplicité de notre lien semblait rompue et que toute confiance n’était désormais qu’un vague souvenir, il était inutile que je m’éternise ici. Les parfums agréables étaient devenus capiteux, l’eau semblait glaciale, et le regard de mon meilleur ami pesait lourdement au fond de ma poitrine. Je comptais bien partir la tête haute cependant, et laisser derrière moi les traces de ma fierté blessée. Mes prunelles flottent jusqu’aux siennes, mes lèvres entrouvertes pour lui dire ce que j’en pensais, moi, de ce qu’il nommait des sottises. Mais finalement mes doigts enroulés autour de son poignet se détachent, je ne prononce pas un mot, et je m’éloigne. Qu’il reprenne sa rose dont il n’avait pas saisi le message symbolique, qu’il reprenne son invitation et son accueil glacial, je lui laissais ce royaume au sein duquel je n’avais pas ma place. Quant à ces sottises… eh bien ! il ne les entendrait plus de si tôt. Parlait-il de ce mensonge qui siégeait sur les ruines de notre tour, telle une mauvaise herbe ? Ou bien de mes mots assassinant toute confiance qu’il avait jamais eue à mon égard ? Je préférais bien évidemment cette seconde option, cela voulait dire qu’il n’en était rien, et décidai donc de ne conserver que cette perspective.

J’étais déjà bien loin, mes pensées volant à tire d’aile loin du chaos que je laissais derrière moi, quand Junior m’arrêta et me força délicatement à lui faire face. Mes pieds retrouvent le fond du bassin, délaissant les marches annonciatrices de notre séparation. Ainsi, il ne voulait pas de ce royaume aquatique si je n’y étais pas ? C’était bien facile de déclarer cela après tout l’éloignement qu’il avait maintenu une bonne partie de la soirée entre lui et moi. Mon mécontentement fondit cependant comme une neige tardive face à un soleil déjà printanier. Se rendait-il compte qu’il lui suffisait de ces quelques caresses pour apaiser un ego révolté ? J’espérais bien que non : le pantin ne serait alors plus celui qu’il pensait. C’était un triomphe trop facile pour lui et son regard dans lequel je recommençais à me perdre. Je n’avais malgré tout aucune envie de le lui contester et j’allais même jusqu’à formuler ce qui ressemblait bien à des excuses. Toutes Sørensen, c’est à dire enveloppées d’une noble suffisance, mais tout de même. Les oubliettes étaient la seule place que méritait l’autre fat, Junior l’entendrait-il ? La perspective d’un mariage m’arracha un rictus écoeuré. Oh, bien sûr, il était essentiel que notre nom se poursuive sur des générations et des générations : toute la grandeur des Sørensen ne devait subir les affronts du temps. Mais enfin, Hannibal était le premier de nous tous qui devrait faire face à ce devoir, et il semblait avoir déjà choisi son chemin ; c’était presque une morale chez Finnbjörn de perpétuer notre noble nom et je ne doutais pas qu’il avait déjà décidé de choisir pour épouse une fille qui soit suffisamment à la hauteur de notre famille après une évaluation rigoureuse ; je pouvais donc bien prendre tout mon temps avant d’envisager de me lier à vie à qui que ce soit, premièrement, et je ne comptais certainement pas lier mon destin à un abruti de cette trempe, deuxièmement. J’espèrrre au moins que toutes les solutions incluent à minima une fuite avec toi. Autant rendre l’idée d’un mariage avec Charles-Auguste des plus agréables avec la perspective de voir le tout brutalement ruiné puis d’une évasion en compagnie de Junior.

L’envie de fuir les lieux avait finalement laissé place à celle de rester. Encore un peu. Juste quelques secondes pour que toute cette soirée ne soit pas une entière catastrophe et que nous nous séparions sur une note plus joyeuse. Non, je n’avais aucune envie de partir ainsi, sur ce regard peiné et ce sourire triste, sur tout ce chagrin qui flottait autour de nous. La pression pleine de tendresse sur mon poignet est une invitation à fendre l’eau en sens inverse. Je n’avais pas attendu grand chose de plus que cette légère impulsion pour réduire à néant le vide nous séparant. Je retrouvais tout le réconfort d’une étreinte aux saveurs particulières aussitôt que nos corps se collent l’un à l’autre. Je pouvais croire jusqu’alors que mes souvenirs exagéraient toute la tendresse de cette proximité, cela m’était désormais impossible. Je ne connaissais rien de plus apaisant que d’être enveloppée au creux des bras de Junior. Son souffle chatouillait mes cheveux et un fin sourire étira mes lèvres. Tout comme l’autre nuit, j’avais bien envie de laisser le temps s’écouler à l’infini, puisqu’à cette place précise il me semblait que rien ne pouvait réellement nous atteindre. Je vais rrrester encorrre un peu alorrrs. Nous aurions tout le loisir de faire comme si rien ne s’était passé. Plus tard.

Au bout d’un moment malgré tout, nous fûmes forcés de sortir de ce bassin dont l’eau avait considérablement refroidie. Confortablement réchauffée par la serviette dans laquelle Junior m’avait emprisonnée, je récupère simplement ma robe et ma cape d’invisibilité du bout des doigts, enfilant sans me préoccuper de l’allure que je devais avoir le pull que j’avais ramené avec moi. Les couloirs sont encore vides, aucun préfet ni adulte ne vient interrompre notre paisible retour. Le drapeau blanc d’une trêve bienvenue flottait légèrement au-dessus de mes doigts qui ne lâchaient pas ceux de mon meilleur ami. Ma salle commune arriva trop rapidement à mon goût mais puisqu’il avait tenu à m’y raccompagner, c’était ici que nous nous souhaitions une bonne soirée. Passe une bonne nuit lui souhaité-je avant de me hisser jusqu’à sa joue pour y déposer le frôlement d’un baiser d’au revoir. Tiens fais-je enfin en lui tendant le tissu fluide de ma cape d’invisibilité pour qu’il puisse rentrer sans encombres jusqu’aux cachots. Puis sur un dernier sourire, de ceux qui avaient bien trop manqué ce soir, je disparais sur le chemin de mon dortoir.
electric bird.

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