Tom Ҩ Jane

« Help ! I need somebody help !»

Une folie. Une pure folie. C’était à se demander ce qu’il avait bien pu se passer aujourd’hui. En dehors du mois de février et des maladies hivernales qui apportaient leurs lot de patients quotidiens, il y avait eu un problème avec une potion de furoncle qui avait touché plusieurs élèves lors d’un cours. Aussi, les habituels casse-cous avaient pointés le bout de leur nez avec quelques blessures et égratignures légères, mais qu’il fallait tout de même désinfecter et soigner. Il y avait aussi l’un ou l’autre petits bobos à faire soigner. Mais c’était à croire que les élèves s’étaient tous donné le mot aujourd’hui pour se rendre à l’infirmerie. C’était une grosse journée, Jane ne cessait de s’agiter en tous sens, courant d’un bout à l’autre de la pièce pour prendre le matériel, panser une plaie, donner une potion, accueillir un patient ou un visiteur. Elle ne s’arrêtait pas.


Le départ de Blake la laissait dans l’embarra à certains niveaux, les journées à deux simplifiait souvent la tâche. Mais il n’était plus là. Et jusqu’à ce que la directrice lui trouve un ou une remplaçante, elle allait devoir se débrouiller comme elle pouvait. S’arrêtant à son bureau entre une boursouflure et des vomissements de limace, Jane avait gribouillé d’une écriture peu soignée sur un bout de parchemin un mot à la hâte. Elle n’avait pas le temps de s’éterniser, on la hélait de nouveau. Elle fourra le parchemin entre les mains d’une jeune rouge et or.


« Trouve-moi Tom Chasemane s’il te plait, donne-lui ceci au plus vite, c’est réellement important. »


C’était la seule option qu’elle avait eu en tête. Le jeune homme était déjà venu à l’infirmerie, il avait émit le souhait de devenir médicomage ou quelque chose dans le genre, il avait déjà eu quelques moments avec la jeune infirmière pour qu’elle lui montre des soins de base, des choses un peu élémentaires. Mais s’il y avait bien quelqu’un qui pourrait faire la petite main pour l’aider, ce serait bien lui. Il était appliqué et attentif, il ferait les choses correctement, elle en était sûre.


Et elle espérait sincèrement que la jeune fille à qui elle avait confié le bout de papier trouverait Tom au plus vite. Si elle pouvait se décharger des petits choses et les confier à une personne de confiance comme Tom, tout en supervisant d’un œil quand même, elle gagnerait du temps pour renvoyer les étudiants en classe ou en salle commune.


Jane n’aurait su dire s’il avait été rapide pour arriver ou non, et elle s’en fichait d’ailleurs. Il venait tout juste de passer les portes que la demoiselle arrivait droit sur lui avec un petit sourire et quelques mèches rebelles sorties de son chignon habituellement si parfait.


« Tom ! Je suis vraiment ravie que tu sois là, merci d’être venu ! »


Elle jeta un œil aux patients de l’infirmerie, histoire de lui montrer qu’elle ne l’avait pas fait venir de manière si urgente sans raison.


« J’espère que je ne t’ai pas trop dérangé, mais c’est un peu compliqué aujourd’hui d’être seule, au vu du monde. Voudrais-tu bien m’apporter ton aide ? Je te montrerai et te dirai ce qu’il faut faire et je ne serai jamais loin, mais ça me soulagerait d’avoir deux mains en plus, jusqu’à ce que ça se calme. »


Elle avait conscience d’en demander beaucoup, et elle en était tout à fait désolée, mais elle ne voyait pas vraiment quel autre possibilité s’offrait à elle dans un temps aussi court.


« J’essayerai de ne pas te prendre trop de temps, c’est promis. »

Tom Ҩ Jane

« Help ! I need somebody help !»

Il faut avoir la fierté douce pour qu’elle ne ressemble pas à l’orgueil, disait Anne Barratin. Dans la situation présente, Jane n’avait aucun mal à repousser une quelconque fierté ou un quelconque orgueil qu’elle n’éprouvait de toute façon pas du tout en ce moment. Il y avait du monde dans l’infirmerie, bien trop pour qu’elle ait le temps de se poser des questions. Il lui fallait un coup de main. Une paire de bras supplémentaires. Et n’ayant pas la possibilité de s’en faire pousser incessamment sous peu, la jeune demoiselle n’avait pas eu d’autre choix que d’intercepter une élève de la maison d’un de ses… amis. On pouvait le dire comme ça, oui. C’est ce qui s’y apparentait le plus, en tout cas. Et elle avait assez confiance en son « apprenti » pour le faire venir pour qu’il l’aide. Elle ne voyait pas autre chose. Elle aurait pu demander à Wes mais… Non, elle n’allait pas le déranger pour ça. En plus, il avait mieux à faire, il devait gérer la bibliothèque. Et elle ne pouvait pas se permettre de l’appeler au secours au moindre problème. De plus, qu’avait-il comme connaissances médicales ? Elle n’en savait rien. Savait-il ne serait-ce que bander un membre ? Elle n’en était pas sûre et elle ne voulait prendre aucun risque.

Après un laps de temps certain qu’elle n’aurait pu identifier, le jeune homme avait passé les portes. La poitrine de la jeune femme se gonfla d’un air nouveau, il était une petite bouffée d’oxygène dont elle avait cruellement besoin en ce moment. A deux, ils auraient tôt fait de traiter une partie des patients. Elle l’accueillit comme toujours, le sourire aux lèvres. Elle s’était délaissée de sa tâche en cours – vider la bassine de limaces – pour aller le saluer. Il a l’air surpris du monde présent à l’intérieur, elle ne pourrait pas le blâmer, elle aussi, elle a été surprise à chaque nouvelle entrée dans son antre.

C’est à la jeune assistante infirmière d’écarquiller les yeux, lorsque la main de Tom s’approche de son visage. Il remet une mèche rebelle derrière son oreille, ce qui déclenche un rougissement immédiat chez la demoiselle. Il sait pertinemment que son geste doit la mettre mal à l’aise, à croire que ça l’amuse… Mais il prend déjà la parole, pour lui dire de relâcher un peu la pression et de lui procurer un motif de présence sur les lieux. Ah oui ! Dans toutes ces occupations, il faudrait bien protéger Tom de ses professeurs. Après tout, elle l’empêchait d’aller en classe. Elle eut une vague de remords, s’apprêtant presque à lui dire d’aller en classe sur le champs. Mais il était venu, il était conscient des risques et il les acceptait. Et elle avait cruellement besoin de ses mains et de son cerveau…


« Crois bien que je m’en veux de te faire manquer la classe. Nous prendrons du temps ce soir pour te remettre à jour au niveau des cours que tu pourrais manquer. J’ai étudié ici avant toi, je devrais pouvoir t’aider, puisque c’est pour moi que tu es ici. »


Un nouveau rougissement s’empara des joues de la jeune femme, alors elle s’empressa d’ajouter quelques mots.


« Enfin, pour m’aider… Euh… Je veux dire… Tu m’as compris. »


Elle le regarda enfiler une blouse tandis qu’elle réfléchissait au premier cas duquel il devrait s’occuper. Un petit air de malice dans les yeux, elle eut un demi sourire.


« Je vais faire sortir tous ceux qui n’ont rien pour qu’on puisse y voir un peu plus clair. J’ai horreur de faire ça habituellement, mais nous aurons besoin que personne ne soit dans nos pieds. »


D’une voix forte, autoritaire et assurée qu’on ne lui connaissait pas, ou trop peu, Jane intima à tous les accompagnants de sortir au plus vite afin de libérer l’espace pour les soignants. Quelques protestations se firent entendre ci et là, mais, de nouveau concentrée sur son rôle d’infirmière, Jane pointa un doigt sur la porte.


« Dépêchez-vous, ne m’obligez pas à vous enlevez des points à tous. Dehors, les visites sont terminées ! »


Elle ne plaisantait pas. Elle n'aimait pas utiliser la menace, pourtant, mais il leur faudrait du calme pour pouvoir s'entendre. Il n'y avait donc pas d'autre choix.
Jetant un œil à l’infirmerie, Jane identifia les quelques patients les plus urgents.


« Alors, je vais m’occuper de celui qui a le poignet cassé, juste ici à gauche. Peux-tu t’occuper de la demoiselle qui se trouve au troisième lit sur la droite ? Elle et deux de ses camarades juste à côté ont été touché par une potion de furoncles. Tu sauras quoi faire ? »