Checkpoint Ҩ Feat Casey (terminé)

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Casey Ҩ Jane

« Checkpoint. »

Des paravents, des lits faits au carré, des draps blancs, une douce lumière chaleureuse qui contrastait avec la morosité du temps extérieur. Le mois de janvier apparaissait souvent le mois le plus triste pour Jane. Le ciel semblait toujours triste et versait régulièrement des torrents de larmes sur les pensionnaires du château. Le vent venait parfois se mêler au jeu, tout comme la neige de temps en temps. Mais on était loin de la douce brise tiède qui réchauffait autant la peau que le cœur, loin des rayons du soleil qui illuminait la crinière de la blonde en tablier. Les étudiants malades foisonnaient à l’infirmerie, pas mal de syndromes grippaux, de gastro-entérites, et d’autres maladies qu’apportait l’hiver. Ce n’était rien de bien méchant, en soi, quelques potions permettaient généralement d’y remédier en quelques jours, d’apaiser au moins les symptômes les moins agréables.

Après s’être occupée de remettre la pimentine dans l’étagère, la jeune assistante pris un soin tout particulier à se laver les mains et à les désinfecter. Il n’était pas question de contaminer le prochain patient ou un éventuel proche qui passerait par-là, ou encore de se contaminer elle-même. Jane se félicitait de n’être jamais malade, ou très rarement en tout cas. Elle avait un système immunitaire des plus résistants, sans doute dû aux maladies étranges qu’elle avait contractée lors de sa jeune enfance. Ca l’avait renforcée, comme quoi, son corps lui rendait bien ses douloureux moments passés autrefois.

Jetant un œil par la fenêtre, Jane s’accorda quelques minutes de répit. Ses yeux se perdaient dans l’étendue d’arbres recouverts de neige. C’était, après les paysages automnales, ses paysages préférés. Ca la relaxait, permettait à son esprit de s’évader dans la nature et de se mettre un peu sur off. Elle se sentait en paix, reposée, tranquille. Le calme avant la tempête.

Les yeux bleus de l’infirmière se posèrent sur un groupe d’élèves en train de se lancer des boules de neiges. Un sourire étira les lèvres de Jane. C’était un temps pas si lointain pour elle, et une activité qu’elle prenait toujours à faire maintenant. Tout comme de se coucher dans la neige et de regarder le ciel et les flocons tomber. Ou encore de construire un grand bonhomme de neige. Elle regrettait un peu de ne pas pouvoir y participer, mais le travail passait avant le reste. Avant tout le reste, même. Elle avait même tendance à s’oublier parfois, souvent même. Mais elle était comme ça, on ne se refaisait pas.

Une des portes grinça, faisant s’éteindre le fil des pensées de Jane dans ses yeux. Elle lissa son tablier et quitta la fenêtre pour avancer vers la nouvelle venue. Ce n’était pas le premier passage de Casey entre ces murs depuis l’arrivée de Jane. L’infirmière avait déjà eu l’occasion de lui parler et de lui administrer certains soins. Elle avait également appris qu’elle était la sœur de Luca, son premier amour, et le seul, d’ailleurs. Un petit sourire affiché sur les lèvres, la jeune femme accueilli la brune d’un ton doux habituel.

« Bonjour, Casey. »

L’ancienne bleue n’avait pas vu l’heure passé, mais c’était elle qui avait contacté Casey via hibou pour qu’elle vienne lui rendre visite. Casey était venue pour soigner certains maux quelques temps auparavant, il était important de pouvoir faire le point sur l’avancée de son traitement et sur sa situation. Il fallait voir si le traitement était efficace et apportait des améliorations ou s’il valait mieux changer.
Dans un geste fluide, la jeune assistante lui indiqua son bureau d’un geste de la main, l’invitant à venir s’asseoir quelques instants. Elle ne voyait pas l’intérêt de l’installer immédiatement sur un lit pour lui faire un check-up, mieux valait d’abord ouvrir la discussion pour obtenir quelques réponses.

« Je suis contente que tu sois venue, viens t’asseoir quelques minutes. Ca ne prendra pas trop longtemps.»

C’était doux, mais sans réel appel, elle ne lui demandait pas si elle voulait s’asseoir, elle lui demandait de le faire. C’était quelque chose que Jane apprenait à utiliser. Ne plus demander et attendre le bon vouloir. Et cela ne l’empêchait pas de le faire avec son calme et sa douceur habituelle. Il était important que cela ne sonne pas comme une exigence, plutôt comme une invitation que l’on a pas envie de refuser. Elle l’espérait du moins.

« Avant que nous ne commencions, as-tu besoin de quelque chose ? A boire ou à manger ? »

Elle ne perdait pas ses manières tout de même, elle voulait prendre soin de ses patients, les mettre le plus à l’aise possible.
S’installant face à son interlocutrice, l’infirmière prit le dossier de Casey dans sa main et le mit devant elle.

« Je voulais te voir pour faire le point avec toi. Savoir comment tu te sens en ce moment, vis-à-vis de tes maux de tête, de ton sommeil. Comment ça se passe avec le traitement, les potions. Voir si éventuellement nous pourrions le stopper progressivement ou même définitivement. »

Son ton était doux mais son expression restait sérieuse, tout en étant aimable. Il n’y avait là aucun piège, juste un échange constructif, un briefing de la situation actuelle.

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checkpoint

jane & casey

L’invitation à se rendre à l’Infirmerie lui laissait un arrière-goût amer. C’était une convocation, Casey ne s’y méprenait pas. Depuis le début de l’année et son tout premier entretien avec l’assistante de Lennox, elle était déjà retourné plusieurs fois pour obtenir de nouvelles potions. Et fournir quelques hypocrites mensonges afin de se procurer les quelques fioles dont elle avait besoin en plus. Car pour tenir le rythme qui avait toujours été le sien et étudier comme elle l’avait toujours fait, les prescriptions de l’infirmière n’étaient pas suffisantes. Elle avait donc, avec le temps, ajusté la dose à ce qui lui convenait le mieux. Il arriverait assurément un moment où la jeune femme se retrouverait face à un mur, ses réserves s’épuisant petit à petit et les doses de l’infirmerie n’étant pas suffisante pour la cadence qui était la sienne. Casey aurait eu tout le temps d’y penser et de trouver un moyen pour passer outre, si ce n’était cette convocation à un entretien avec l’assistante de Lennox. Depuis la rentrée, elle n’avait jamais cherché à voir Casey en-dehors des rendez-vous qui lui servaient à obtenir les fioles. Qu’importe ce dont il s’agissait, la Serdaigle n’avait pas envie de se rendre dans ce lieu pour rien ; c’est-à-dire, pour autre chose que retirer sa prescription.

C’est à contrecoeur qu’elle quitta la salle des Capitaines où elle avait désormais pris l’habitude de travailler, profitant d’un calme et d’une sérénité qu’elle ne ressentait plus dans la Bibliothèque depuis l’incendie dont son esprit ne voulait rien se remémorer. Elle savait qu’il avait eu lieu, se souvenait de la sensation de la fumée qui remplit doucement vos poumons, pouvait encore sentir la chaleur des flammes, mais n’avait aucune image, aucune idée de la façon dont tout cela s’était déroulé ; rien d’autre qu’un traumatisme profondément ancré. Ses pas la conduisirent jusqu’à l’Infirmerie, devant les portes de laquelle elle s’arrêta quelques secondes. Le couloir était vide de toute autre présence que la sienne, aussi en profita-t-elle pour entrer dans un grincement que toutes les portes du Château, bien que récentes, semblaient produire. Gray ne tarda pas à pointer le bout de son nez, un sourire plaqué sur ses lèvres. Bonjour répondit la Serdaigle avec un hochement de tête poli.

Son visage impassible ne laissait rien filtrer de l’ennui qu’elle ressentait à se trouver ici au lieu de travailler son dernier devoir de potion et de terminer le grimoire de Runes qu’elle avait entamé. Chaque minute était précieuse, surtout lorsqu’une migraine pouvait encore surpasser les barrières érigées par les potions et la priver de toute concentration. Elles prirent place autour de son bureau, ce qui n’était pas pour lui plaire : cela signifiait que l’entretien allait durer suffisamment longtemps pour que rester debout soit inconfortable. C’était donc trop de temps de perdu ici. Casey déclina sa proposition de quelques mots neutralement polis : Non, je n’ai besoin de rien. Hormis celui de se retrouver en-dehors de cette endroit pour ne pas laisser plus de temps encore filer entre ses doigts. Elle n’aimait pas l’Infirmerie et elle n’aimait pas perdre du temps inutilement. Ici, les deux étaient réunis.

Enfin, Gray attrapa un dossier portant son nom. Elle ne laissa rien paraître quand elle lui demanda comment elle se sentait en ce moment, et rien non plus lorsqu’elle en arriva, plutôt rapidement en fin de compte, à l’objet de ce rendez-vous. Elle voulait réduire les doses de potion de Casey, voire même les arrêter. La jeune femme serra brièvement les dents mais conserva un air calme et marmoréen. S’humectant les lèvres, elle laissa tomber quelques mots soigneusement choisis. Elle n’aimait pas parler d’elle, qu’importe le contexte, mais il était essentielle que la jeune femme puisse continuer son traitement. Il en allait de ses études. Et de tout le reste. Les migraines sont toujours présentes mais les potions les calment efficacement. Le traitement ne les fait pas disparaître mais rend la douleur incapacitante bien plus tenable expliqua-t-elle succinctement, cherchant à souligner le fait que, sans les potions, elle serait tout bonnement à la merci de ces maux de tête fulgurants.

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Casey Ҩ Jane

« Checkpoint. »

Depuis que Jane était l’assistante infirmière de Poudlard, elle avait eu rarement l’occasion de prendre des élèves entre quatre yeux. Ce n’était pas à elle de le faire, normalement, mais elle était là pour apprendre et cela faisait aussi partie du métier. Le suivi des patients était obligatoire, elle n’y couperait pas dans sa vie future, surtout si elle avait la possibilité d’un jour être l’infirmière du château. Ici, il fallait tout avoir à l’œil. De celui qui venait pour un petit bobo à celui qui venait régulièrement pour une maladie ou un… état. Comme loup-garou ou vampire… Là aussi venait tout le côté psychologique du métier de la jeune femme. Ils n’étaient plus alors de simples patients comme les autres que l’on soignait et que l’on renvoyait en classe, il fallait prendre le temps d’analyser l’état d’esprit de la personne, ses ressentis par rapport à sa condition, ce qui n’était pas toujours simple. Et c’était d’autant plus compliqué de se montrer empathique sans connaitre l’exacte situation. Comment se mettre à leur place en même temps ? Jane imaginait mal se retrouver un jour dans cette situation. Enfin, eux non plus ne l’avaient sans doute pas imaginer avant de le devenir, bien sûr.

Si Jane avait accueilli Casey comme elle le faisait avec chaque personne qui franchissait ces portes, elle n’aurait cependant pas su dire l’état d’esprit dans lequel se trouvait Casey en arrivant. Elle ne montrait aucune intention, aucun émotion que Jane aurait pu lire sur ses traits ou dans son attitude. Elle semblait… neutre. L’infirmière lui avait proposé quelque chose à boire ou à manger, pour la mettre à l’aise, qu’elle avait poliment décliné. Même sa politesse était donnée d’un ton égal, neutre. Mais Jane n’y prêta pas vraiment attention. Au moins, elle n’était pas mal à l’aise, c’était déjà pas mal. Certains ne seraient même pas venu sur sa simple convocation, alors…

Dans un geste naturel, Jane avait pris le dossier de Casey devant elle, afin de pouvoir le parcourir des yeux si besoin mais aussi le compléter avec les informations que lui donnerait la jeune fille face à elle. Elle avait posé directement le cadre, la situation. Rien ne servait de trainer en banalité, Casey devait avoir d’autres choses à faire de son après-midi. Les yeux de la blonde étaient rivés sur la demoiselle qui lui faisait face. L’ancienne bleue et bronze aimait beaucoup le contact visuel avec les patients, sans forcer cela et que cela devienne malaisant. Il s’agissait là de l’écouter et de l’analyser, sans en avoir l’ai cependant.

Attentive, Jane regardait la brune avec intérêt. Lorsqu’elle eut terminé, Jane prit une plume et entreprit de noter ce que venait de lui dire Casey dans son dossier. Cela lui permis également de réfléchir un instant. Après un hochement de tête pensif, la blonde reprit la parole.

« Je suis contente de savoir que les potions t’aident à avoir moins de douleurs. »

Elle parlait lentement, analysant la situation.

« Les migraines ne sont pas plus espacées ? Pas moins fortes ? A quelle fréquence apparaisse-t-elle en moyenne ? »

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jane & casey

Assises l’une en face de l’autre, de part et d’autre de ce bureau sur lequel reposait quelques dossiers dont, à n’en pas douter, le sien, Casey et l’assistante de Lennox s’observèrent quelques secondes dans un étrange silence. La jeune femme n’avait pas l’habitude de se montrer plus que polie avec ceux en qui elle n’avait pas la moindre confiance ni la moindre proximité - autant dire une bonne partie de Poudlard et le reste du monde entier - mais elle n’avait pas non plus l’habitude que ses interlocuteurs soient aussi sereins que l’étaient Jane Gray. Elle ne broncha pas face au regard polaire de la Serdaigle, pas plus qu’elle ne s’étonna de son ton dénué de toute inflexion. Peut-être avait-elle l’habitude des élèves réticents à se trouver ici ? Ou peut-être était-elle tout simplement aussi imperturbable que Casey. Cette dernière déclina poliment son offre de boire ou de grignoter quelque chose : elle ne voulait pas s’éterniser en ces lieux et ne comptait donc pas perdre son temps en mondanités et tasses de thé.

Cette étape de passée, elles entrèrent directement dans le vif du sujet et Casey se força à ne rien laisser paraître de ce qu’elle pensait des paroles de l’assistante. Toute sa volonté s’exprima dans une mâchoire qui se serra brièvement. Parler de ses soucis de santé était une chose qu’elle détestait par-dessus tout, l’expression d’une faiblesse qu’elle préférait garder chaudement secrète. Mais elle s’y attendait : être convoquée à l’Infirmerie signifiait forcément qu’elle allait devoir aborder la chose. Cependant, la Serdaigle avait imaginé un rendez-vous de contrôle, l’occasion de récupérer de nouvelles fioles, de faire un point rapide et évasif, rien de plus. Elle n’avait pas envisagé que Gray puisse vouloir l’amener vers un arrêt progressif puis total de ces médicaments. Prenant le soin de choisir ses mots avec précaution, elle exposa brièvement tout le bienfait que ces potions lui apportaient, en insistant sur le fait que les douleurs ne disparaissaient pas, jamais, mais que le traitement permettait de les rendre plus supportables. S’emparant de sa plume, l'assistante de Lennox entreprit de noter les propos de la Capitaine, probablement accompagnés de quelques annotations personnelles.

Quelques secondes de silence s'étirent de nouveau. Déjà, Casey chercher les possibilités qui s’offrent à elle. Si son interlocutrice décidait d’interrompre le traitement, ou même de le réduire, il lui faudrait trouver un autre moyen de se procurer les potions. Car il était évidemment hors de question qu’elle arrête un traitement qui lui permettait de garder l’esprit clair quoiqu’elle fasse. Certes, sa consommation avait graduellement augmenté depuis la rentrée, mais les moments où elle se retrouvait obligée de plonger dans un noir reposant, incapable de lire un mot de plus, de réfléchir à ses cours, de s’entraîner à un sortilège, de faire tout cela, ces moments-là étaient devenus quasi-inexistants. L’un dans l’autre, elle préférait s’accrocher à ces minuscules fioles que de revivre cette sensation terrible que son esprit ne suivait plus le rythme.

Revenant à elle, Gray plongea derechef son regard dans celui de Casey, qui le soutint sans ciller et sans rien laisser paraître de plus. Elle aimait assez l’aplomb de l’apprentie infirmière, qui bien que d’une douceur qui n’atteignait pas Casey, savait se rendre ferme et sûre d’elle. Il fallait espérer que cela ne jouerait pas en sa défaveur. La jeune femme hocha doucement la tête, dans un geste approbateur. Elle aussi était satisfaite que ces potions réduisent les douleurs. Si elles étaient d’accord sur ce point, pouvaient-elles passer rapidement à la fin de cet entretien et poursuivre les prescriptions ? Il aurait été étonnant qu’elle la laisse partir si rapidement, aussi Casey prit-elle son mal en patience en l’entendant lui poser de nouvelles questions. S’accordant quelques secondes de réflexion, comme si elle cherchait à calculer exactement leur degré d’apparition et le degré de douleur, la Serdaigle laissa finalement tomber quelques précisions : C’est difficile à dire. Il n’y a pas de fréquence établie, leur apparition dépend surtout de ce que je fais. Plus j’étudie, réfléchis, lis, travaille, plus je suis susceptible d’en avoir une. C’est-à-dire, à peu près tout le temps. Maintenant qu’elle avait trouvé de quoi augmenter son stock de potions, elle pouvait se permettre d’en prendre avant chaque grande période de travail, et elle évitait ainsi des maux de tête paralysants. Et plus je vais poursuivre ce que je suis entrain de faire, plus la douleur sera forte. Gray ne pouvait sûrement pas comprendre toute l’importance qu’accordait Casey à ses études, scolaires et extra-scolaires. Mais il était tout simplement impensable pour elle d’alléger sa charge de travail afin d’éviter les migraines. Non, l’unique solution était ces potions.

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Casey Ҩ Jane

« Checkpoint. »

Le dossier de la brune entre les mains, Jane prenait le temps de noter de son habituelle écriture soignée les différentes choses que lui disait l’adolescente. Notamment, elle inscrivit que les migraines étaient toujours présentes, en soulignant que les potions étaient efficaces lors de l’apparition de celles-ci, rendant le mal moins pénible bien que toujours présent. C’était déjà pas mal. Mais ça inquiétait tout de même l’infirmière. Elle l’en montra rien, cependant. Rien en servait en plus d’inquiéter la jeune fille. Elle aurait tout le temps d’y réfléchir à tête reposée ensuite, dès que Casey aurait quitté les lieux.

Sans en avoir l’air, Jane continua ses investigations. Elle avait besoin d’éclaircissements. Et dans les explications de la jeune fille, il fallait faire un tri. Était-elle véritablement honnête avec l’infirmière ? Comment était-il possible pour une adolescente d’avoir toujours son air… égal ? Ca ne devait pas être la sœur de Luca pour rien. Ils avaient au moins ça en commun. Encore que Casey restait bien plus courtoise que son frère aîné. Jane nota dans un coin de sa tête que Casey prenait le temps pour répondre à ses questions. Était-ce un temps de réflexion ou un temps pour peser ses mots ? Jane n’aurait su le dire. Elle ne remettait pas spécialement en doute l’honnêteté de Casey, mais au cours des différents mois qu’elle avait passé aux côtés des adolescents du château, Jane avait appris qu’il fallait rester méfiante quant à leurs dires. Les apparences restaient souvent trompeuses. Et la naïveté de Jane ne jouait pas en sa faveur, malheureusement. Alors, même si elle n’avait aucune raison de ne pas croire Casey sur parole, il lui fallait rester vigilante.

L’infirmière hocha la tête à la réponse de la jeune fille. Elle prit note une nouvelle fois et marqua une courte pause avant de poser une nouvelle question.

« Je vais poser la question dans l’autre sens dans ce cas. Quelle est ta fréquence de travail ? Combien de temps par jour y consacres-tu en dehors des heures de cours dispensés ? Et qu’en est-il des périodes de cours ? »

Si Jane ne pouvait avoir de réponse assez claire dans un sens, il fallait qu’elle retourne le problème dans un autre sens. Casey était une Serdaigle, comme elle l’avait été avant elle. Jane n’avait jamais ménagé ses efforts scolaires, elle avait toujours travailleé très dur et elle avait passé tellement d’heures dans la bibliothèque qu’elle n’aurait pas su les compter. Peut-être que la sœur de Luca était comme elle, un bourreau de travail. Après tout, n’était-ce pas la maison des érudits ? Des avides de savoirs ? Les temps avaient quelque peu changés, mais à ce point ? Jane n’aurait su le dire.

« Comment est ton sommeil ? Il y a-t-il un changement avec la prise de potion ? Tu ne souffres pas d’insomnies ? »

Ca faisait beaucoup de questions, mais Jane ne voulait pas priver la jeune fille trop longtemps de son temps libre. Elle était venue, c’était déjà pas mal.

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jane & casey

L’Occlumancie avait énormément appris à Casey : trier son esprit, ranger les pensées indésirables, cadenasser au plus profond d’elle-même les souvenirs qu’elle ne souhaitait pas se remémorer. Cette prédisposition lui avait également permis de raffermir cet air impénétrable qui était le sien depuis des années maintenant. Mais en cet instant précis, la jeune femme aurait tout autant aimé être Legilimens : pouvoir savoir ce que pensait l’Infirmière tandis qu’elle parcourait, pour la énième fois, son dossier et avoir accès à ce qu’elle se disait tout en prenant des notes ; oui, elle aurait donné cher pour en être capable. Ce n’était malheureusement pas quelque chose qu’elle était capable de faire à l’heure d’aujourd’hui. Aussi se contenta-t-elle d’un air égal qui ne trahissait pas les interrogations qui l’agitaient. Ce rendez-vous ne lui disait rien qui vaille, et ce, depuis qu’elle avait reçu la convocation de l’Infirmière. Cela lui donnait l’impression que cette dernière souhaitait anticiper sur une baisse des prescriptions qui n’était pas pour plaire à Casey. C’est pourquoi la jeune femme articula ses réponses de manière à laisser pointer l’évidence qu’elle en avait encore besoin. Car si elle avait trouvé un moyen efficace pour augmenter ses réserves, ce n’était que provisoire, et sans les doses journalières prodiguées par Poudlard, elle ferait face à certaines difficultés.

Gray avait toujours de nouvelles questions soulevées par les réponses de la Serdaigle. Sans la considérer comme une imbécile, Casey n’avait pas spécialement noté qu’elle était particulièrement attentive aux vérités cachées et aux demi-mensonges qui pouvaient être proférés. Visiblement, elle l’avait sous-estimée. Si elle avouait sans détour passer tout son temps libre, ou presque, à travailler les cours - et pas que, là était toute l’importance de ces heures d’études - l’Infirmière en déduirait rapidement qu’elle prenait bien plus que les doses accordées de potion. J’ai un emploi du temps assez chargé puisque j’ai pris le nombre maximal d’options pour une sixième année fit-elle d’un air imperturbable, cogitant malgré tout ce qu’elle pouvait dire ensuite. Elle n’aimait guère cette sensation d’être prise en faute alors qu’elle ne faisait, au fond, rien de mal. Elle utilisait tout simplement les moyens à sa portée pour pouvoir continuer d’étudier et réussir à obtenir son diplôme avec brio, comme elle le faisait depuis toujours. Ce n’était pas comme si elle se droguait et était devenue accro à une substance illicite. Il s’agissait d’un médicament ! Refusant de voir, évidemment, que les médicaments pouvaient et avaient, dans ce cas précis, les mêmes effets qu’une drogue puissante. En dehors des cours… C’est difficile à estimer. Pieux mensonge. Le temps nécessaire pour réaliser les devoirs demandés. Et bien plus encore. Bien moins qu’avant, c’est une certitude. Les migraines sont assez incapacitantes si je travaille trop longtemps. Laisser entendre qu’elle était toujours soumise à leur force traîtresse et qu’il lui était, de ce fait, bien impossible de s’en passer. Si elle travaillait déjà moins longtemps avec les potions, qu’en serait-il sans ? Bien sûr, Gray ne savait pas qu’avec les doses élevées que Casey prenait désormais, elle était capable de travailler jusqu’à des heures tardives. Pour s’écrouler ensuite de fatigue.

Ce qui était étonnant, c’est que la jeune femme avait toujours été sujette aux cauchemars et aux insomnies, depuis son plus jeune âge. Cela n’était pas allé en s’arrangeant avec les divers événements qui avaient eu lieu à Poudlard. Mais depuis quelques mois, depuis que les doses de potion étaient allées crescendo, elle sombrait dans des nuits noires sans rêves et sans interruption. Un élément de plus lui laissant penser que ces médicaments n’avaient que des effets bénéfiques. Il est profond. Je faisais énormément d’insomnies et de terreurs nocturnes par le passé, cela n’arrive plus. Si Casey aurait préféré cacher ce fait, elle était à peu près certaine que c’était inscrit dans son dossier. Lennox avait appris de nombreuses choses sur elle, qu’elle cachait habilement au reste du Château. Il y avait fort à parier que Gray avait donc accès à ces mêmes informations. Est-ce que nous avons terminé ? demanda-t-elle enfin, pressée de quitter cet endroit qu’elle haïssait. Je vais bientôt avoir cours.

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Casey Ҩ Jane

« Checkpoint. »

C’était dingue qu’il faille user presque de ruse pour avoir des réponses claires à des questions pourtant simplissimes. Fort heureusement, il n’y avait probablement pas de personne plus patiente dans ce château que Jane. A force de travailler aux contacts d’adolescents pas toujours des plus bavards ou des plus honnêtes, la blonde avait du apprendre à tourner ses questions parfois de manière bien différente pour obtenir quelques éléments de réponse qui n’étaient pas bateau. Sa trop grande naïveté la desservait un peu trop, elle le savait. Mais elle avait toujours pensé que chacun avait assez de consciente pour s’exprimer de manière claire et précise. Hors, les adolescents de l’école avaient l’art de lui donner des réponses vagues, ou de vouloir changer de sujet. Si cela embêtait l’infirmière, elle n’en montrait rien cependant. Elle estimait qu’ils avaient leurs raisons et qu’elle parviendrait tôt ou tard à obtenir les réponses voulues. Dans le cas de Casey, Jane ne pouvait pas se permettre d’attendre plus longtemps que l’étudiante se confie sincèrement à elle. Les enfants du château redoutaient l’infirmerie, n’aimaient pas si rendre et encore moins les questions qu’on leur posaient. Et au vu des événements qui s’étaient produits ici, elle ne pouvait pas les blâmer, seulement tenter de les comprendre.

Lorsque la Serdaigle lui répondit, Jane la regarda attentivement, hochant la tête. Elle comprenait que la jeune fille ait choisi toutes les options qu’il lui était possible de prendre. Ainsi, son horaire de travail devait être chargé en conséquence. Et ce n’était pas une bonne nouvelle. La suite ne fut pas non plus des plus réjouissantes. Mais Jane ne cessé d’écouter attentivement ce que la jeune brune lui disait. Lorsqu’elle eut fini, Jane prit enfin note de ce que venait de lui dire Casey. Elle n’y mis pas encore ses impressions personnelles, ni son sentiment d’urgence sur la situation présente. Peut-être qu’elle dramatisait. Il valait mieux qu’elle prenne le temps d’y penser et qu’elle mette tous les éléments sur la table avant de tirer des conclusions hâtives.

Alors, Jane avait posé d’autres questions encore. Sur le sommeil cette fois-ci. Une nouvelle fois, elle se montra à l’écoute de la demoiselle et attendit qu’elle finisse de parler pour noter ce qu’elle lui avait dit. Au moins, elle passait de bonnes nuits, c’était déjà ça. Mais quel en était le réel prix ? Il en allait de sa santé, aussi physique de mentale. Il fallait donc prendre toutes les précautions nécessaires. Et Jane avait déjà un petit avis sur la future marche à suivre. Cela n’allait pas être de tout repos, mais il fallait ce qu’il fallait. La santé passait avant le travail, c’était comme ça, même si elle était à même de comprendre que ça puisse être difficile à digérer.

Adressant un nouveau sourire doux à la jeune fille, elle hocha une nouvelle fois la tête.

« Oui, c’est terminé, tu peux y aller. »

Elle se leva de sa chaise et entreprit de raccompagner Casey jusqu’à la porte de l’infirmerie.

« Merci encore d’être venue et d’avoir répondu à mes questions. A bientôt, passe une belle journée. »

Nouveau sourire avant de refermer la porte derrière la jeune fille. Pfiou, ça n’allait pas être simple.

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