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Que s’est-il passé depuis 2022 ?

Isidore a passé six ans à Poudlard. Son parcours scolaire est relativement chaotique, ses résultats sont très moyens, et son caractère impulsif lui joue souvent des tours. Habitué des retenues, il forme un trio inséparable avec Savannah et Spencer, tous les deux nés-moldus, et compte un bon nombre d’amis à l’école. Il est toujours en contact avec la plupart d’entre eux, étant amené à côtoyer Victoire régulièrement quand il rentre en Europe, échangeant de temps à autre par courrier avec Cruz et Milo qui poursuivent leur scolarité, Anoushka qui est rentrée à Madagascar ou Liu qui est toujours à l’école.

Lorsqu’il est en cinquième année, Blackman prend la direction de l’école, et il se voit séparé de ses amis qui sont envoyés aux cachots. Il ne mettra bien sûr pas beaucoup de temps avant de rejoindre la révolution, dégoûté à l’idée que l’on puisse atteindre à leurs droits... Cet engagement lui coûtera cher, puisque lors de la dernière bataille contre les mangemorts, un maléfice lui fera perdre sa main droite. Au cours de l’année à suivre, Isidore vivra extrêmement mal ce handicap, voyant ses perspectives d’avenir - déjà pas bien nombreuses - s’effondrer. Sa relation avec Savannah en pâtira et même quelques unes de ses amitiés prendront un coup dans l’aile... Même si l’ombre de la menace pro sang-pur semble avoir momentanément cessé de planer, la sensation de voir son monde se tailler en pièces se fera lourdement ressentir. La mise en place d'une prothèse de main en métal à laquelle il a beaucoup de mal à s'habituer lui fera beaucoup douter de ses aptitudes magiques et de lui-même.

Agacé par les initiatives lancées par Neville Londubat, mis en colère par un Halloween de mauvais goût au cours duquel Cruz et lui se retrouveront en mauvaise posture, ainsi que par un bal de Noël douteux, Isidore prend la décision de quitter l’école lorsqu’il estime sa rééducation terminée après de nombreuses hésitations. Il prétend être en désaccord avec la politique d’éducation mise en place par le ministère, et n’approuve pas les méthodes de réinsertion des nés-moldus qu’il estime brutales et idiotes. Et puis, le temps de découvrir ce monde qu’il ne connait pas ou peu est peut-être venu… Une fois son permis de transplanage en poche, il part avec un sac à dos pour tout bagage, et un hibou grand duc sur l’épaule.

S’il s’arrêtera en chemin au Mexique, au Sénégal et en Afrique du Sud, c’est au Brésil qu’Isidore choisit de demeurer pendant un an. D’abord à la recherche d’un simple job alimentaire, il finit par travailler dans une écurie au sein d’un village magique. Il ne s’agit que de tâches assez basiques, comme nourrir les chevaux, les entraîner au vol, pratiquer le dressage sans les brusquer, nettoyer les box… Contre toute attente, la proximité avec les animaux le rend assez enthousiaste, et il arrive à s’adapter rapidement malgré le handicap causé par la perte de sa main. Il s’entend bien avec le reste de l’équipe et commence à sérieusement s’intéresser aux créatures magiques. Si les centaures et chevaux ailés restent son domaine de prédilection, les dragons attisent tout autant son intérêt…

Sa rencontre avec un Magizoologiste péruvien finit par le convaincre d’aller au bout de sa scolarité, ce qui n’est guère aisé avec le retard qu’il a pris dans les autres matières. S’inscrivant aux cours du soir de Castelobruxo, il obtient quatre ASPICs, dont un optimal en Soins aux créatures magiques qui achèvera de le convaincre de poursuivre dans cette voie. Il est invité à se joindre à des recherches concernant certaines espèces en voie de disparition, en tant qu’assistant, entreprise dans laquelle il s’investira pleinement malgré la maigre rémunération. Certes, les conditions de vie – dormir sous la tente, piqûres d’insectes, longues heures de marche -, ne sont pas idéales, mais c’est pour Isidore extrêmement stimulant. Il se joint à la rédaction de plusieurs thèses sur le Veaudelune, les Sombrals et les Grapcornes et milite contre la chasse visant ces espèces dans le milieu sorcier.

Prétendre qu’il a quitté Poudlard sans se retourner serait un mensonge. Au fil de son voyage et malgré son engouement pour son nouveau projet, le sentiment de perdre sa place se fait vivement ressentir, et il ne supportera que difficilement l’éloignement avec ceux qu’il considérait comme sa seconde famille. Moyens moldus et magiques sont employés pour entretenir le contact, mais transplaner depuis un autre continent est trop difficile pour lui permettre de nombreux allers-retours. Aussi, il finit par avertir son équipe qu’il a pris la décision de rentrer en Europe.

A peine est-il rentré au Pays de Galles, que c’est comme s’il n’en était jamais parti : les engueulades avec sa mère reprennent au même rythme que leurs réconciliations, il reprend la pâtisserie, et il est le premier à se précipiter sur les places de premier rang lors des matchs de Quidditch, même si reprendre l’habitude de la magie occidentale n’est guère chose aisée. Fier de son statut de "traître à son sang", il suit de près les derniers évènements dans les journaux sorciers, et déclare même qu’il "les emmerde, ces putains de puristes".

En Décembre 2025, il est sûr de sa décision : il souhaite retourner à l’école, d’autant plus que le terrain y est favorable pour l’élevage de bien des animaux magiques. A son âge, et au vu de son piètre dossier scolaire, difficile d’avoir de grandes ambitions… Mais il choisit malgré tout de ne pas se satisfaire de la fonction de garde-chasse, et de prétendre au titre d’assistant du professeur de soins aux créatures magiques. Il décroche début Janvier un entretien avec la directrice, pour lequel il se prépare, tant bien que mal.

C’est avec une certaine nostalgie qu’Isidore passe à nouveau ces portes. Lorsqu’il était élève, que ce soit en fuguant ou en faisant le mur, il a très souvent pensé à partir pour ne jamais revenir… Il connait le contexte actuel, et sait que ce retour s’apparente presque à du suicide ; malgré tout, il est tenté de donner une chance à cette nouvelle direction, et la perspective de revoir une amie très chère aujourd’hui enseignante le motive. Deux ans après, à peine remet-il les pieds dans la Grande Salle qu’il a une forte certitude : il est de nouveau chez lui.

Cosima Vayne - Il l’aime, sa mère, à n’en pas douter ! Mais prétendre que les relations qu’il entretient avec elle sont idylliques serait mentir. Aujourd’hui âgée de trente-trois ans, seules les dernières années l’ont bien vieillie, si bien que son apparence physique laisse désormais croire qu’elle en a vingt de plus. Elle n'est certes pas très intelligente, et a toujours préféré se cantonner à un petit rôle au sein d'un foyer dans lequel elle établirait une zone de confort, plutôt que d'aspirer à de trop grandes responsabilités qui lui échapperaient. Ancienne Oubliator, elle est hypersensible, et tente de retrouver aujourd'hui un semblant de stabilité, qu'elle a totalement perdu lorsque l'impensable s'est produit. Son écart d'âge avec Izzie est moins élevé que celui avec son ex-mari. La garde de son fils lui a déjà été retirée après les évènements de 2013, et elle craint bien trop que la même chose ne survienne à nouveau si elle se montre trop fragile. Elle a bien trop besoin de lui, malheureusement sûrement bien plus que lui n'a besoin d'elle… Leurs disputes sont nombreuses, mais ils restent malgré tout très attachés l’un à l’autre, elle a d’ailleurs très mal vécu son départ à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, elle vit toujours dans leur petit appartement à Porthaethwy, et travaille dans une boutique moldue. Mais depuis trois ans, elle a commencé à fréquenter un autre homme, Andrew Gardner-Oaken, malgré les nombreuses mises en garde de son fils qui désapprouve absolument cette union. Aidé par Victoire – qui pourrait bien se retrouver à être sa demi-sœur s’ils ne font rien -, saboter définitivement ce couple est sa nouvelle résolution 2026 !

Phyllias Hawthorne – Appartenant à un groupe extrémiste, cet ancien Serpentard a toujours été un garçon, qui même enfant, savait ce qu'il voulait, et ne laissait nulle part au doute ou à l'hésitation. A l'époque, ni rien ni personne ne laissait présager de la manière dont il tournerait ce fameux mois de Décembre 2013, commettant l'Irréparable. Même s'il ne l'a pas été, il demeurait pour le Professeur McGonagall l'un des candidats au poste de préfet, ses notes étaient exemplaires, et son avenir prometteur. Il est devenu par la suite secrétaire au Magenmagot, profession dans laquelle il excellait sur tous les plans. Bon nombre de ses clients ont vanté le professionnalisme avec lequel il traitait chacune des demandes, et combien il prenait à coeur toutes les affaires qui lui étaient confiées. Dix-huit années durant, il a exercé son activité sans qu'il n'y ait à y redire. Certes, il y a eu ces affaires étranges auxquelles il était mêlé, des groupuscules de personnes aux aspirations douteuses, et il y a eu des ennuis avec le ministère pour cette photo sur laquelle il apparait en compagnie d'activistes se faisant appeler les "néo-mangemorts" selon leurs tatouages. De là, a suivi une mise à pied, en attendant sa propre audience. Entre temps, il a épousé cette sorcière, de presque dix-huit ans plus jeune que lui, encore élève à Poudlard il y a peu, qu'il a aidée au tribunal quand il exerçait encore ses fonctions au ministère. Ils ont même eu un fils, Isidore, qu'ils ont élevé ensemble et dans les meilleures conditions possibles. Et au fil des années, tout a commencé à devenir de plus en plus étrange. Les secrets, les faux alibis, les rentrées d'argent suspectes… Jusqu'au jour où la justice magique s'est présenté à leur logement pour annoncer l'arrestation de Phyllias Hawthorne, pour meurtres avec préméditation, et attentat qui a coûté de la vie de douze sorciers et enfants sur le Chemin de Traverse. Il peine depuis ce jour de la prison à vie à Azkhaban, et a reçu le baiser du détraqueur. L'annonce a été un choc, et depuis Isidore et Cosima peinent à se reconstruire. Isidore a changé de nom pour prendre celui de sa mère, et sait qu'il ne lui pardonnera jamais.

9h22 - Bureau de la Directrice

Le malaise qui s’était installé dans le bureau après qu’Isidore s’y soit installé semblait perdurer. L’expression de la directrice faisait savoir qu’elle n’était ni là pour plaisanter, ni pour perdre son temps... voilà qui n’aidait pas son syndrome de l’imposteur. Il était déjà venu dans ce bureau par le passé, en compagnie de Snow Shiver, illégalement qui plus était… Mais le jeune homme savait pourquoi il était là aujourd’hui : certes, prétendre à un poste d’enseignant à son âge – et surtout, au vu de son parcours scolaire assez chaotique – était risqué. Toujours était-il qu’après avoir trouvé sa voie et en affirmant son projet, il était plus confiant que jamais. Et puis, contrairement aux sortilèges ou aux potions qui exigeaient une main de maître, la matière qu’il avait choisie était défendable… « C’est une lettre de recommandation... de la part du professeur MacDougall. » commença-t-il en tendant le morceau de parchemin plié. Heureusement qu’il pouvait encore compter sur Liu pour lui sauver la mise, devant cette nouvelle directrice qui avait des allures d’inquisitrice. Au vu des circonstances, il n’allait pas cracher sur l’appui de son amie… Il ne se leurrait pas, seul le départ précipité du professeur Armstrong et le manque de candidats pour un possible recrutement pourrait favoriser cet entretien. « Eh bien... je sais ce que vous devez vous dire, j’ai pas l’air bien plus vieux qu’une bonne partie des septièmes années actuels. Et vous avez raison. » Nouveau silence, nouvelle gêne. Pour autant, Isidore avait bien l’intention de faire de son jeune âge une force : il savait se montrer proche des élèves, et c’était peut-être ce qui lui permettrait de gérer au mieux la discipline en classe. Après avoir accumulé les retenues, fait de son mieux pour rattraper ses propres difficultés scolaires, il était peut-être le mieux placé pour savoir comment prendre en charge les éléments perturbateurs qu’il aurait peut-être l’occasion de rencontrer en cours. « Mais j’ai passé l’intégralité de ces deux années à me perfectionner en connaissance des créatures magiques, et à bosser dans une écurie d’Abraxans au Brésil. Croyez-moi, je commence à bien connaître ces bêtes, on a un bon feeling elles et moi... » C’était vrai. S’occuper de créatures magiques était ce qui lui avait rendu foi en son avenir, à une heure où son handicap lui laissait croire qu’il n’était plus bon à rien. « Je me suis vraiment impliqué à fond dans ce boulot. Et je suis probablement pas l’élève le plus scolaire que vous aurez rencontré de votre carrière, mais il y a parmi les créatures magiques des ressources insoupçonnées, et j’ai envie de partager ça avec avec les plus jeunes. Surtout en ces circonstances. » Ce n’était pas parce qu’il avait passé un an et demi hors d’Europe qu’il n’était pas informé sur ce qui s’y passait… L’an dernier, de sombres évènements s’étaient à nouveau déroulés entre les murs de ce château, et l’éloignement ne l’aidait manifestement pas à les ignorer. « Je suis même plutôt calé en serpent géant si ça vous intéresse. » tenta-t-il d’un rire nerveux, avant de se reprendre aussitôt. « Non, non, mauvaise blague, oubliez... » Quel con Isidore, quel con putain. Il avait déjà l’impression de passer sous la guillotine, et c’était à croire qu’il se tirait lui-même des balles dans le pied… Appleton se remit à consulter les éléments qui témoignaient de son parcours scolaire au château. « Je sais, mon dossier a tendance à laisser croire que je me suis barré en cours de cursus et sans passer mes ASPICs, mais... » Il sortit de sa poche et déplia un diplôme étranger, délivré par l’école de Castelobruxo, relativement peu en bon état. « … j’ai changé d’avis en fin d’année dernière. Je me suis inscrit aux cours du soir, et j’ai pu obtenir ceux de botanique, de métamorphose, et de sortilèges. » Quatre ASPICs au compteur, ça ne faisait pas beaucoup… Il n’était pas franchement nécessaire d’avoir une solide formation théorique pour enseigner ce cours, aussi Isidore espérait que la pratique l’aiderait à changer l’opinion de la directrice. « Et soins, aussi, bien sûr. Évidemment. » s’empressa-t-il de rajouter en se retenant de fourrer son visage dans des mains. C’était même le seul optimal qu’il était parvenu à rafler au milieu de deux efforts exceptionnels et un acceptable… Ça, si ça ne donnait pas l’impression d’être un sacré touriste… La directrice devait déjà probablement avoir dans l’idée de le reléguer au rang de garde-chasse, mais Isidore refusa d’en démordre, poursuivant l’entretien. « Et j’ai passé ce semestre en stage à assister un enseignant magizoologiste, vous trouverez les détails le concernant ici. On est partis ensemble au Sénégal à la recherche d’une espèce particulière de Veaudelune. On a commencé une thèse là-dessus, depuis la mi-Mars... Et on cartographie les endroits où il est susceptible d’apparaître. C’est notre avancée pour le moment, et sensibiliser les élèves aux problématiques liées aux espèces protégées fait partie de mon projet. » décrit-il en montrant les parties du dossier qu’ils avaient commencé à monter. C’était un travail relativement prenant, mais tout de même passionnant… Et ce poste de professeur de soins aux créatures magiques pourrait lui permettre de le poursuivre. Il laissa à la directrice Appleton tout le loisir de feuilleter les pages susceptibles de l’intéresser, avant de joindre ses mains sur le bureau, d’un geste nerveux, incapable de sonder l’esprit de cette femme qui avait son avenir entre ses mains. « Ce n’est pas tout... Je suis aussi personnellement impliqué dans la lutte visant à promouvoir l’acception des nés-moldus à l’école, et contre les préjugés dont ils peuvent souffrir. » Certes, ce qui s’était passé en Décembre dans cet orphelinat moldu était encore bien obscur, mais Isidore prenait tout à fait cette affaire au sérieux… « Enfin, je sais que ça a certainement pas grand chose avoir avec ma fonction... Mais ça m’a paru important de le dire. Surtout en ce moment. » se justifia-t-il. Certes, la motivation d’enseigner était sa première ambition, mais le combat qu’il souhaitait mener au côté des élèves et professeurs concernés n’était pas à négliger pour autant : il ne serait jamais revenu à Poudlard avec Neville Londubat à sa tête… Mais avec une directrice qui favorisait l’intégration des nés-moldus, l’enjeu en valait la chandelle. « Écoutez, je comprends que vous doutiez. Mais pourquoi ne pas simplement me prendre à l’essai... ? C’est sûrement le meilleur moyen pour que vous vous fassiez une idée de ce que je peux faire. » conclut-il, tandis que la directrice l’invitait à se diriger vers le couloir.

11h03 - Abords de la forêt interdite

Cette fois, la pression devenait réelle : trois ans auparavant, il se tenait à la place de ces élèves… et cette fois, il prétendait à une toute autre fonction. Ayant tout juste rasé sa barbe de trois jours, Isidore, vêtu d’un large blouson en cuir, et un gant noir revêtant sa prothèse de main, s’avança vers le petit groupe, à l’orée de la forêt interdite. S’il n’y avait plus d’élève de sa promotion, il en reconnaissait toutefois quelques uns, qui entamaient leur scolarité pendant que lui la terminait… L’absence de Spencer, de Milo, de Savannah, Cruz et Victoire se faisait ressentir, mais il finit par se convaincre qu’une page s’était tournée dans cette école. « Bonjour à tous ! Je suis... enfin, j’espère bientôt devenir le professeur Vayne. On m’appelle généralement Izzie, mais hésitez pas à me vouvoyer ou à m’appeler "monsieur le spécialiste", ça me va très bien ! » Il jeta un coup d’œil un peu plus loin, échangeant un regard avec la directrice qui avait accepté de le mettre à l’épreuve. Tout se jouerait sur le cours qui allait se dérouler… « On va commencer, si vous voulez bien me suivre ! Restez bien sur le sentier, je ne veux voir personne s’éloigner. Ok tout le monde ? » s’assura-t-il d’une voix forte et bien audible, avant de désigner le chemin qui longeait la cabane du garde-chasse. C’était à peu près comme ça qu’Armstrong s’y prenait avec eux, non… ? Mince, il aurait dû s’entraîner auprès de Liu avant de se lancer là-dedans. Mains dans les poches pour se protéger du froid de l’hiver, il finit par finalement les retirer, craignant que cela ne lui donne trop l’air négligeant auprès de la directrice… Une fois parvenu près de la clôture, il lança un Sonorus en désignant sa gorge, et attendit que le groupe forme un demi-cercle autour de lui. « Bien ! Approchez-vous de l’enclos. Des amateurs de courses de chevaux, ici ? » Il ouvrit le petit portail qui le séparait des trois splendides créatures qui se tenaient près d’eux : un avait une belle robe dorée, l’autre grise, et le dernier un magnifique pelage brun. Il leur caressa le museau tour à tour, avant de sortir de sa vieille sacoche de cuir trois énormes pommes trop mûres. Il eut à peine le temps de les lancer, que déjà les chevaux se cabraient et ouvraient grand leur mâchoire pour les réceptionner, dans un hennissement audible. « Voici trois spécimens de chevaux ailés. Et je parie que l’un de ces trois gaillards va surpasser les autres en terme de vitesse si on les lance au galop. J’ai raison, d’après vous ? Miss Shepherd, vous pourrez peut-être nous le dire quand vous aurez fini de glousser avec votre voisine. » ajouta-t-il d’un ton réprobateur à la petite Poufsouffle qui était manifestement en pleine conversation avec la plus si petite Joanne, qu’il connaissait bien. Heureusement qu’il pouvait compter cette boule d’énergie dans le lot, on ne lui avait pas dit beaucoup de bien des quatrièmes, et il commençait à comprendre pourquoi… « Evidemment que j’ai raison. Alors, qui parmi vous peut me dire qui de l’Abraxan, de l’Ethonan ou du Gronian remportera cette petite compétition ? Levez le bras bien haut pour l’Abraxan, allez ! Qui pour l’Ethonan… ? » Quelques timides bras commencèrent à se lever, et il les compta attentivement, avant de séparer les élèves en trois groupes, selon le cheval qu’ils avaient choisi de supporter.

Toute une piste, étalée sur cent cinquante mètres, avait été aménagée par Isidore un peu plus tôt dans la matinée pour permettre aux chevaux de faire leurs preuves. Si l’occasion de donner de prochains cours lui était donnée, il avait déjà commencé à réfléchir à de potentielles courses d’obstacles, ou courses d’orientation sur les sentiers praticables de la forêt… « C’est parti au coup de baguette ! Trois, deux, un… » lança-t-il avant qu’une gerbe d’étincelles orangées ne jaillisse, et qu’au signal, les trois chevaux ne se lancent à pleine vitesse. Ils étaient tous si rapides qu’il était relativement peu aisé de les suivre, mais l’un des trois se distingua tout particulièrement. Le spectacle était assez fascinant à suivre, et les élèves avaient l’air plutôt attentifs, c’était un bon début… Restait à savoir ce qu’en penserait la directrice, toujours en train d’évaluer ses compétences. « Et en effet, c’est bien *vous pensiez pas que j’allais filer la réponse ici* qui l’emporte ! Son sprint lui permet de prendre aisément la tête, et de rivaliser avec les avions moldus. Ceux qui ont plutôt misé sur *bien essayé, je le dirais pas* n’ont pas spécialement tort. Grâce à la force prodigieuse qui anime ses extenseurs latéraux, il peut atteindre la vitesse de 612 km/h, et donc tenir davantage sur la durée. » expliqua-t-il, avant de sortir de son sac trois nouvelles pommes, qu’il projeta à nouveau et dont les équidés se saisirent presque instantanément, leurs ailes bien étendues. Il avait de la chance, les chevaux étaient plutôt coopératifs aujourd’hui : il les avait connus bien plus capricieux ! Aux écuries, ces derniers pouvaient n’en faire qu’à leur tête, et n’obéir que selon leur bon vouloir ou leur humeur du jour. « Cinq points pour ceux qui ont trouvé. Vous pouvez l’approcher, mais respectez une certaine distance pour ne pas le brusquer, je pense qu’aucun d’entre nous n’a envie d’aller voir Mr. Lennox pour s’être fait déboîter la mâchoire avec un coup de sabot. On commence avec un groupe de deux… ! » proposa-t-il. Personne n’avait franchement l’air déterminé à se lancer… Aussi, il finit par choisir un garçon et une fille parmi ceux qui semblaient un peu hésitants. Il ouvrit précautionneusement l’enclos, et se tint tout près, baguette en main au cas où les chevaux se montraient un peu plus nerveux que prévu. Bien évidemment, aucune offensive n’était à prévoir, seulement de quoi les calmer un peu pour éviter qu’ils ne s’emballent… « Très bien, monsieur Brown. Doucement, très doucement, et bien sur le flanc surtout, évitez de toucher ses ailes. Monsieur a ses zones sensibles ! » plaisanta-t-il tandis qu’il surveillait de près chaque mouvement de l’Abraxan. Sa queue ne remuait pas, et il semblait relativement serein… Super, les chevaux étaient de son côté, le soulagement était total. Il étudia les expressions faciales de la directrice en quête d’un possible signe d’approbation, qui ne vint malheureusement pas… Bon, peut-être qu’elle ne souhaitait pas perturber le déroulement du reste du cours. Il frappa dans ses mains, à l’adresse des élèves : « Bien, cinq minutes de pause avant la course d’obstacles ! ». Si tout le monde restait coopératif, il avait peut-être encore une chance de faire bonne impression… Il n’était pas encore près d’être titularisé, mais ce cours convaincrait peut-être Appleton de lui laisser une chance pour donner le prochain.