Je crois qu'on craignait tous plus ou moins de revenir à Poudlard. Même si j'ai passé une partie de mes vacances ici, j'ai malgré tout eu la boule au ventre en me levant le matin de la rentrée. Est-ce que tout va se passer correctement ? Est-ce qu'il va y avoir des changements ? Est-ce qu'on va encore être menacé ? Et si oui, comment cela va-t-il se passer ? Je ne vois pas comment le Ministère pourrait étouffer l'affaire et j'avoue que si nous sommes encore en insécurité, nos parents n'auront pas d'autres choix que de nous faire revenir chez nous. Non pas que j'aspire particulièrement à rentrer chez moi - bien au contraire - mais comment un parent digne de ce nom pourrait laisser son enfant vivre une nouvelle année de cauchemar ? Vous allez me dire, peu se sont vraiment affolés depuis le début de toute cette histoire, c'est à se demander s'ils nous aiment vraiment. Moi en tout cas je me pose cette question, mais mon cas est bien particulier. J'ai découvert récemment que mes parents me mentaient depuis très longtemps et j'avoue que depuis cette découverte, j'ai tendance à tout remettre en question quand il est question d'eux. Ils m'ont élevé avec certaines valeurs et ils n'ont pas hésité à les piétiner à la première occasion venue. Comment vivre au milieu de ce carnage après ? Ils m'ont toujours rabâché que mentir c'était mal et que cela n'apportait au final que des ennuis. Il faut croire qu'ils ont rapidement oublié tout ce qu'ils m'ont appris quand ils en ont eu besoin. Du coup je m'interroge, sur quoi m'ont-ils menti exactement ? Est-ce que ce n'est que sur leur mariage heureux ou est-ce que ça va au delà de ça ? J'ai envie de savoir et en même temps je suis terrifiée de le découvrir. Si tout ce que je pensais être ma vie jusqu'à présent, toutes les croyances que j'avais, étaient fausses, comment pourrais-je le supporter ?

Penchée sur mon devoir de sortilèges depuis deux bonnes heures maintenant, je suis en train d'arriver au bout de mon parchemin et de ma conclusion. Je me souviens de la difficulté que j'avais eu en fin d'année à rester concentrée sur mes devoirs. Au bout d'une dizaine de minutes, je me perdais dans mes réflexions et j'étais incapable de retrouver le file de mes réponses. C'était une véritable torture. Je savais que c'était lié au fait que j'avais failli mourir et que cet événement m'avait beaucoup affecté. J'ai mis quelques temps avant de vraiment pouvoir digérer toute cette histoire et pour être honnête, cela me réveille encore parfois la nuit. Mes rêves sont moins violent et mes angoisses moins présentes, mais ça m'arrive encore de faire quelques insomnies. J'imagine que comme tout le monde, je vais mettre du temps à totalement guérir de tout ce qui a pu m'arriver à Poudlard durant toutes ces années. Parfois je me demande pourquoi je m'acharne autant, je pourrais demander une dérogation pour faire des cours à la maison et ne venir à l'école que pour les examens importants. Mais cela signifierait passer mon temps chez moi et faire une croix sur mes amis, deux choses que je refuse catégoriquement. Ils m'aident à rester debout et à avancer, sans eux, je suis sûre que je ne mettrais pas longtemps avant de m'effondrer. Et puis l'idée de devoir vivre loin d'Ollie me retourne l'estomac. C'est incroyable la place qu'il a pris ces derniers mois dans ma vie, je n'imagine pas devoir faire marche arrière maintenant. Je mets un point final à ma copie et prends le temps de la relire. Je pense que j'aurai pu faire sincèrement mieux pour ce devoir mais je ne ressens aucune envie de le recommencer. Il n'est pas extraordinaire mais il reste tout à fait correcte. Je n'ai pas besoin d'avoir la meilleure note, la moyenne me conviendra bien pour une fois. Enroulant le parchemin, je le glisse dans mon sac et attrapant le livre que je lis en ce moment, je me dirige vers le canapé. J'ignore quelle heure il est exactement, mais on doit être facilement autour des 22h. Je n'ai pas vraiment sommeil et n'aspire pas à rentrer tout de suite dans ma chambre, je préfère donc traîner un peu dans ma salle commune. En m'installant sur le canapé, je remarque que je ne suis pas seule, Casey est là aussi. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu. “Oh salut ! Je ne t'avais pas vu, je pensais être seule ce soir !” Lui dis-je avec le sourire. Mon ton était sympathique, loin de moi l'envie de lui faire croire que j'aurai préféré être seule, ce serait totalement faux. “Ta rentrée c'est bien passée ?” Lui demandais-je pour démarrer la conversation, espérant silencieusement que je ne la dérangeais pas.

J'aime bien Casey. Je sais que certains la trouve un peu bizarre et qu'elle n'est pas du genre très sociale, mais moi je l'aime bien. Elle a toujours été très gentille avec moi et n'a jamais cherché à me blesser d'une quelconque façon. J'ignore si toutes les anecdotes que j'ai pu lui dire depuis qu'on se connaît les ont toutes intéressées ou si elle les a vraiment écouté, mais en tout cas elle ne m'a jamais envoyé bouler et j'avoue que j'apprécie. Je peux comprendre les gens qui ne l'apprécient pas, après tout on ne peut pas aimer tout le monde, mais je sais que derrière cette froideur apparente se cache un coeur en or. Je laisse les gens dire ce qu'ils veulent sur elle, moi je connais la vraie Casey ou en tout cas j'aime à le croire. Peut-être suis-je trop gentille ou naïve, mais jusqu'à preuve du contraire, elle ne m'a jamais donné tort. Du coup je suis plutôt contente de la retrouver ce soir dans la salle commune. Ce n'était pas prévu mais je suis contente de la croiser pour discuter un peu avec elle et rattraper le temps perdu. On se croise tous les jours mais il est vrai qu'en dehors d'un bonjour/au revoir et de quelques banalités balancées à la volée entre deux cours, on n'a jamais vraiment pris le temps de discuter toutes les deux. Et j'avoue que je trouve ça un peu dommage. C'est un peu comme avec Prudence, on se croise, on s'échange quelques mots mais on ne prend pas le temps de se poser quelque part pour discuter et j'avoue que ça me manque beaucoup. D'ailleurs, ça me donne envie de lui envoyer un message, histoire de voir comment elle va et si elle aurait une petite heure à m'accorder, un de ces jours, pour rattraper le temps perdu.

J'offre un beau sourire à Casey en la saluant. Un peu surprise de la voir, je lui avoue que je ne m'attendait pas à croiser quelqu'un ici ce soir. Je suis plutôt du genre à être déjà dans mon dortoir à cette heure-ci, il faut bien se le dire, du coup je ne sais pas exactement s'il y a beaucoup d'agitation à cette heure-ci dans le coin. Selon Casey, c'est plutôt calme en général et c'est pour ça qu'elle aime bien venir ici. Cela ne m'étonne pas trop, nous ne sommes pas vraiment connu pour faire beaucoup la fête, notre sérieux et notre soif de savoir nous caractérisent plus. Je hoche la tête pour toute réponse, gardant toujours mon sourire. Je lui demande comment s'est passé sa rentrée et visiblement ça a l'air de s'être plutôt bien passé. J'imagine qu'on est tous resté sur le qui-vive et la réserve, attendant de voir si quelque chose de dramatique allait encore se passer, mais au final ce fut une rentrée des classes des plus normales. J'imagine que ça ne signifie rien, l'an dernier aussi c'était assez tranquille, ce n'est qu'après, en octobre me semble-t-il que ça a commencé à se gâter un peu. Mais pas de nouveau club étrange qui a pointé le bout de son nez, j'aime à croire que c'est plutôt de bon augure ! “Très bien ! La 7ème année va être intense et il va nous être difficile d'oublier qu'on a nos ASPICs à la fin de l'année vu qu'ils commencent déjà à nous le rabâcher à toutes les sauces, mais au delà de ça, rien d'anormal à l'horizon.” Cela me fait tout bizarre de parler de mes ASPICs. Non pas que c'est la surprise du siècle, je m'y attendais évidemment, mais penser à cet examen me fait évidemment penser au fait que ça sera le dernier à Poudlard. L'an prochain, si tout se passe bien, je ne serais plus ici et dieu sait que c'est loin de m'enchanter. La plupart de mes amis sont en 6ème année, cela signifie que quand je partirai, je les laisserai derrière moi et je ne suis pas sûre d'être prête à ça ! “Tu as passé de bonnes vacances ?” Lui demandais-je pour chasser cette idée déprimante et très angoissante de mon esprit.

Après quelques instants de réflexion, je hoche la tête en signe d'accord. Il est vrai que si on se réfère aux années précédentes, il faut bien avouer qu'elles ont toutes commencées de la même façon. Nos professeurs nous souhaitent une bonne rentrée, espèrent qu'on a passé de bonnes vacances et qu'on est prêt à bien rattaquer pour cette nouvelle année. Ils enchainent ensuite en expliquant que le programme sera plus difficile que les années précédentes et qu'ils attendent beaucoup de nous, et selon si nous sommes en 5ème ou 7ème année, nous rappellent gentiment et de façon récurrente que nous avons des examens importants et difficiles à la fin de l'année et qu'il faudra se montrer sérieux et appliqués. J'imagine que de toute façon il n'y a pas trente six milles façons de procéder. Même si tout le monde à l'air blasé d'entendre toujours le même discours, ils sont tous scandalisés quand un professeur ne se donne plus cette peine et rentre directement dans le vif du sujet. Il y a un moment où il faut savoir ce qu'ils veulent aussi. Après, nous ne sommes pas à leur place, difficile de savoir comment nous nous débrouillerions si les rôles étaient inversés. J'imagine que c'est une question sur laquelle je me pencherai si je persiste à vouloir continuer dans l'enseignement. Je n'envisage pas de devenir professeur dans une école, mais plutôt d'enseigner la médecine. C'est un domaine qui me passionne et dans lequel j'ai été bercé très tôt. Et on ne peut nier que j'ai toujours adoré offrir mon aide aux autres et j'ai l'impression que je ne suis pas si mauvaise professeur personnelle.

“J'ai l'impression que les choses se sont un peu calmées ces derniers temps. Peut-être aurons-nous enfin une année normale !” Je ne souhaite pas trop m'avancer sur le sujet. Je ne suis pas devin et ne suis donc pas capable de prédire ce qu'il va arriver. Je sais juste que les vacances ont été relativement calme et que cette rentrée également. Il faut donc espérer que les choses continueront. Je sais que les coupables de l'incendie n'ont pas été retrouvé, mais ne peut-on pas espérer qu'ils tentent de faire profil bas pour se faire oublier ? J'ignore combien de temps nous avons avant qu'ils sortent de leur cachette, mais profitons du répit qu'ils nous offrent. Le sujet dévie et nous voilà en train de parler de nos vacances. J'ai voulu changer de sujet pur chasser ce sujet déprimant et angoissant mais au final je ne suis plus sûre d'avoir fait le bon choix. On ne peut pas réellement dire que ces vacances ont été de tout repos et elles étaient loin d'être parfaites. Pourtant, dans un sens, elles ont été très bien. J'ai pu passé une semaine entière avec Ollie, chez lui. J'y ai rencontré sa maman et ses amis et il m'a fait découvrir sa ville et ses passions. J'ai vraiment passé une super semaine en sa compagnie et un peu honteusement, je repense à la fois où il s'est mis torse nue devant moi. Cela a fait chavirer tous mes sens et encore aujourd'hui, je sens mes joues rougir quand j'y repense. Ce garçon me fera perdre la tête un de ces jours. Mais à côté de ça, l'histoire avec mes parents a été un choc immense et une énorme déception pour moi. Encore aujourd'hui, j'ai bien du mal à passer au dessus et il est toujours hors de question de pardonner à qui que ce soit. J'ai beau être gentille et prête à tendre la main, cette claque que je me suis prise de leur part était bien trop violente pour moi. Mais je vois que je ne suis pas la seule à avoir passé des vacances moyennes. J'essaye de m'accrocher aux côtés positifs de son histoire, pour ne pas finir de la déprimer. “Si tu as pu te reposer c'est déjà une bonne chose. La santé passe avant tout !” Lui dis-je en lui offrant un sourire compatissant. Je ne m'attarde pas sur le reste, je doute que ce soit une si bonne idée que ça. Quand elle me retourne la question, je me sens pris au piège et mon sourire fond comme neige au soleil. “Disons qu'il était plutôt mitigé. J'ai pu passer une semaine chez mon ami Ollie, avant que nous partions pour Poudlard, afin d'aider à la reconstruction. C'était une très bonne semaine où j'ai rencontré sa maman, ses amis et son quotidien. Mais si je suis allé chez lui c'est parce que j'ai découvert que mes parents étaient séparés depuis de longues années et qu'ils m'ont menti durant tout ce temps...” Je ne suis pas quelqu'un qui fait beaucoup de mystères sur sa vie. Je dis les choses comme elles sont. Quand on me pose une question, j'aime y répondre le plus honnêtement possible et difficile de parler de ma semaine chez Ollie sans parler du pourquoi je me suis retrouvée chez lui. J'arrive à ne pas penser à ma famille en refoulant tout ce que je ressens, mais je sais que quand cette histoire revient au grand galop, je me sens perdre pied et totalement dépassé. Mon psy m'a dit de ne pas refouler mes sentiments, que ça ferait bien plus de dégâts qu'autre chose. Mais je suis lasse de pleurer, de me sentir trahie et d'être totalement perdue. Pour le moment c'est comme ça que je gère la situation, on refusant d'y penser. Mais j'imagine que je ne pourrais pas faire ça éternellement ...

J'imagine que la discussion est close sur le sujet. En même temps, je ne vois pas ce qu'on peut dire de plus dessus. Nous souhaitons tous passer enfin une année normale et nous avons beaucoup d'espoir pour cette année mais aucune certitude que nos prières seront exaucées. Nous avons un nouveau directeur et je dois avouer que j'en suis plutôt contente. Non pas que je détestais M. Londubat mais il est clair qu'il était dépassé par les événements et que certaines de ses décisions étaient loin d'être bonnes. Je suis prête à croire que c'est un homme bien, investit dans son travail et souhaitant vraiment faire de son mieux mais je ne suis pas persuadée qu'il était réellement fait pour ce travail et qu'il trouvera certainement sa place ailleurs. Maintenant, reste à savoir si notre nouvelle directrice sera meilleure que lui. Pour le moment, c'est un peu tôt pour le dire. Elle a l'air plutôt pro nés-molus, ce qui nous change vraiment de tout ces pro sang-purs que nous avons subi depuis toutes ces années. Mais j'ai peur que nous passions d'un extrême à l'autre et je ne vois sincèrement pas cela comme une bonne chose. Nous ne devrions pas juger les gens sur l'origine de leur sang, mais plutôt sur l'ensemble de leurs actions. Que nous soyons nés moldus, sang-mêlés ou sang-purs, nous sommes tous des sorciers et nous devrions tous nous soutenir, au lieu de nous diviser et de nous blesser. J'ai bien du mal à comprendre cette guerre et j'aimerai qu'un jour elle cesse, mais est-ce vraiment de l'ordre de l'envisageable ? Je ne saurai le dire. En attendant de voir ce que nous réserve l'avenir, j'attends de voir les décisions que va prendre notre nouvelle directrice et découvrir avec mes camarades l'axe pédagogique qu'elle va prendre pour cette nouvelle année. Espérons qu'il sera pertinent et voué à nous rassembler, plutôt que de nous diviser !

La discussion glisse sur les vacances scolaires et sur ce que nous avons fait chacune de notre côté. Visiblement, nos vacances, quoi que bien différentes, n'ont pas été des plus agréables. Mais j'espère sincèrement que malgré beaucoup de points négatifs, elle a réussi à y trouver un peu de bon malgré tout. Je sais, c'est mon côté positif qui parle. Je n'aime pas voir tout en noir, il existe toujours quelques traits de lumière dans l'obscurité, il faut simplement les trouver et en profiter. Quand elle me retourne la question, je lui avoue que j'ai passé une semaine chez mon ami Ollie, avant d'aller prêter main forte à la reconstruction de l'école. Je lui explique également que j'ai appris un vilain secret familial qui m'a beaucoup chamboulé. Je ne suis pas du genre à garder les secrets, surtout quand ils me concernent. Je ne suis absolument pas un livre fermé, surtout quand je me retrouve face à une personne que je connais et que j'apprécie. Quand elle me demande si Ollie est le préfet des Poufsouffle, je hoche la tête en souriant. “Oui, c'est lui !” Dis-je avec beaucoup de fierté. Je dois être bien ridicule d'être aussi fière pour pas grand chose, mais que voulez-vous, je trouve que c'est un excellent choix de la direction d'avoir choisit Ollie pour succéder à Milo. Je sais qu'il ne se pense peut-être pas à la hauteur de la tâche, mais je n'ai aucun doute sur le fait qu'il l'est bel et bien. Il va ressortir grandi de cette histoire et ce sera une merveilleuse expérience pour lui, qu'il pourra mettre en avant plus tard !

“Oui, à chaque fois que je rentrais de Poudlard, mon père revenait à la maison pour jouer son rôle. L'avantage, c'est que nous passons plus de temps à Poudlard que chez nous, cela ne devait pas vraiment lui coûter de quitter sa ... maitresse ? Est-ce vraiment une maîtresse, s'il n'est plus avec ma mère ? ” Demandais-je, même si la question m'était plus destinait qu'elle ne l'était à Casey. “Mes parents ont toujours mis leur carrière avant leur famille. Du plus loin que remonte mes souvenirs, ils ont toujours énormément travaillé. Alors quand mon père prétextait des réunions urgentes et tardives ou des heures supplémentaires, je n'en étais pas plus étonnée que ça, c'était presque la routine. Selon eux, ils ont décidé de me cacher la vérité pour me protéger, me pensant trop fragile pour le comprendre. Ils ne voulaient pas me perturber et risquer de troubler mes études.” Evidemment, il faut savoir que mes parents ont énormément d'attentes envers moi, le seul vrai génie de la famille. Ils fondent de grands espoirs en moi et ne veulent pas que je lâche tout du jour au lendemain à cause d'eux. Ils me savent différente et sensible et ont eu peur de ma réaction. Ne comprenant pas que les mensonges seraient bien pire que la vérité. Pourtant cette évidence, c'était eux qui me l'avaient apprise, dommage qu'ils ne s'en soient pas souvenus. Je sais que toute cette histoire peut paraître un peu folle, j'ai moi-même du mal à le croire. Je me demande comment j'ai pu être aussi naïve, comment je n'ai pas vu les signes, pourtant si évident maintenant que j'y pense, qui se trouvaient juste sous mon nez. Et j'avoue que je ne comprends pas comment ils ont pu penser que c'était une si bonne idée. J'imagine qu'au début, ils ont cru bien faire, puis ensuite, se sont fait piéger par leurs propres mensonges, de plus en plus nombreux.

Quand Casey me demande si Ollie est mon meilleur ami, j'avoue ne pas savoir quoi lui répondre. Inconsciemment, je sens mes joues rougir. Pourtant la question est simple et réclame une réponse tout aussi simple. Techniquement parlant, il l'est. Déjà parce que je n'ai pas forcément beaucoup d'amis garçon et ensuite parce qu'il est celui qui me connaît le mieux, alors j'imagine que la définition du meilleur ami s'applique à lui. Mais mes sentiments pour lui sont bien différents pourtant. Au delà de cette amitié, je suis amoureuse de lui et je doute que meilleur ami et amour font bon ménage, maintenant je peux me tromper. “Heu ... oui ... Disons que c'est quelqu'un auquel je tiens beaucoup !” Dis-je un peu timidement. Cela fait bizarre de parler d'Ollie à Casey. D'ordinaire, je n'en parle qu'avec Artemisia et c'est déjà assez perturbant. La seule autre personne avec qui j'ai parlé d'Ollie, c'est Cruz et on sait tous ce qui a résulté de cette discussion.

Comment ai-je découvert la supercherie ? C'est une excellente question. Je n'ai pas surpris mon père dans les bras de sa nouvelle compagne - ce qui aurait été un réel choc pour moi il faut bien se le dire, je doute que je m'en serai remise facilement - c'est un peu plus compliqué que ça. Il existait des signes, depuis très longtemps maintenant que j'y pense. Mais il faut croire que je n'étais pas assez attentive ou que je n'avais pas de raison de chercher plus loin. Mais quand je suis sortie de l'infirmerie, j'étais en colère contre ma mère et j'imagine que je cherchais par tous les moyens de comprendre sa décision. Me sentant trahie, je n'étais plus prête à la croire aveuglément et c'est là que j'ai tout découvert. Enfin, non, je n'ai pas réellement tout découvert, j'ai plutôt senti que quelque chose ne tournait pas rond et j'ai commencé à poser des questions. Quelque chose cloché, il y avait une fausse note dans la mélodie que me jouaient mes parents et j'étais incapable de savoir quoi. J'imagine qu'ils ont vu là le temps de tout me révéler, ne voulant plus continuer à me mentir et pensant que j'étais assez grande pour comprendre. Ont-ils bien fait ? Je ne saurai le dire, pour le moment je me remets de la claque de la nouvelle. Je hausse les épaules, détournant le regard et cherchant à expliquer tout ça à Casey. “Quand je suis sortie de l'infirmerie, j'étais en colère contre ma mère. C'est une grande médicomage à Sainte-Mangouste et elle a choisi de ne pas se porter volontaire pour venir nous soigner. Je ne comprenais pas cette décision et je l'ai vraiment très mal pris. Tout ce que je voyais, c'était qu'elle préférait faire encore passer ses patients avant moi, alors que j'avais vraiment besoin d'elle. J'imagine que je n'étais plus dans les bonnes dispositions pour rester aveugle à leur cinéma. Quand ils sont venus me voir, je les ai vu pour la première fois d'un tout autre oeil et j'ai pu observer que leur histoire sonnait faux, sans être capable de savoir pourquoi ça sonnait faux. Ce n'est qu'une fois que je suis rentrée à la maison que j'ai posé des questions. Je sentais qu'il se passait quelque chose sans savoir quoi. Ils ont fini par me dire la vérité.” Même encore aujourd'hui j'ai l'impression que toute cette histoire n'est que le fruit de mon imagination tellement cela me semble rocambolesque. Et j'avoue que je ne comprends toujours pas. Ce qui était peut-être une solution raisonnable quand toute cette histoire a commencé à pris des proportions ridicules. Cela aurait été tellement plus simple de m'expliquer les choses, j'aurais compris j'en suis sûre.

Je me sens trahie, c'est une évidence. J'ai l'impression que mon monde s'est écroulée et je n'arrive plus à savoir ce qui est vrai et faux dans ma vie maintenant. Je remets tout en question. Que dois-je croire ? En quoi dois-je croire ? Ils ont écrasé tous ce qu'ils m'ont appris. Soit disant qu'il est mal de mentir et de manipuler les autres, pourtant ils n'ont eu aucune pitié pour le faire avec moi. Tout ça pour quoi ? Pour des bonnes notes et l'avenir qu'ils souhaitent pour moi. Soit disant pour mon bien, mais où est-il ? Combien de temps pensaient-ils jouer encore cette comédie ? Je ne les comprends pas et je n'ai pas envie de les comprendre ou de leur pardonner. Ils m'ont tous menti et pour ça, je leur en veux amèrement. Alors peut-être qu'un jour, je serai capable de passer au dessus et de revenir vers eux mais jamais ils n'auront ma confiance. “Je me sens trahie ... et perdue. Je ne sais plus en quoi je dois croire, ma vie est un vrai champ de ruines.” A cause d'eux, j'arrive même à douter des autres maintenant. Si mes parents ont réussi à me prendre pour une débile durant toutes ces années, pourquoi les autres se seraient-ils gêné ? Après tout, c'est facile avec moi, je suis tellement naïve que le premier mensonge qui passe, je le crois sur parole. Pourquoi mettrais-je en doute les propos des autres ? Je suis toujours partie du principe que mentir c'est mal et qu'il n'y a aucun intérêt à ça. Je dis toujours la vérité, j'aimais à croire que c'était le cas pour tout le monde. Maintenant je vois le monde d'une toute autre façon et si je me laissais allée à ma peine, je serai capable de douter de tout le monde, de n'accorder ma confiance en personne, de me fermer aux autres et surtout de ne plus être cette Hadley souriante et ouverte que j'ai toujours été. Mais en ai-je vraiment envie ? Qui suis-je vraiment ? Je ne sais plus.

La discussion change et j'avoue qu'il est plus agréable de parler d'Ollie que de parler de mes parents. Avec toute cette histoire, j'ai réussi à trouver refuge chez lui et grâce à lui, j'ai pu, non pas forcément me relever, mais surtout oublier cette histoire, le temps d'une semaine. J'ai remis en question quelques fois ses propos ou ce que je ressentais, mais j'ai choisi de lui faire confiance, ne voulant pas tomber dans la paranoïa. Et jusqu'à présent, je ne le regrette pas. Objectivement, depuis que je connais Ollie, il a toujours été là pour moi, sans rien demander en retour. J'aime à croire que c'est un véritable ami et un appui solide dans ma vie. Et j'espère sincèrement que je ne fais pas fausse route parce que si j'apprends qu'il m'a menti ou s'est servi de moi, je ne m'en relèverai jamais. “On se connait depuis ... notre première année, mais on est devenu ami durant votre ... troisième année il me semble... Blackman nous a rapproché et depuis, on est toujours resté proche, même si j'ai l'impression que notre ... amitié c'est vraiment renforcé depuis l'an dernier ! ” C'est l'an dernier que je me suis rendue compte que j'étais amoureuse de lui, grâce - ou à cause - de Cruz. Mais même avant de le réaliser, déjà on s'était rapproché. Rien que l'idée qu'il ne nous reste que quelques mois à vivre cette amitié à Poudlard, cela me retourne l'estomac. En tout cas j'aime l'idée qu'il tienne à moi autant que je peux tenir à lui, même si je doute que mon amour soit partager. Mais j'imagine qu'il faut se contenter de ce que l'on a et apprécier les moments passés ensemble. “Et toi ? ... c'est vrai ce que l'on dit ? ... que tu es proche du capitaine de Quidditch de Serpentard ? Vous vous connaissez depuis longtemps ?” Je ne veux pas trop m'avancer mais j'ai entendu beaucoup de rumeurs sur leur compte et sur le fait qu'ils seraient très proches. Si elle me dit qu'ils ne sont qu'amis, alors je la croirais. Mais peut-être qu'elle va me dire que ces rumeurs sont infondées et qu'ils ne se connaissent pas.

Je détourne légèrement mon regard. En effet, c'est une histoire digne d'un roman, d'un mauvais roman si vous voulez mon avis. Evidemment, je dis ça parce que je suis la victime dans l'histoire, j'imagine qu'une personne extérieure à tout cela pourrait trouver ce roman divertissant. Moi ce qui m'intéresse dans cette histoire c'est de savoir comment ça va se finir. Est-ce qu'il y a une fin heureuse à mon histoire ? Vais-je pouvoir me remettre de cette mésaventure, si on peut appeler ça comme ça ? Dans 5 ans, est-ce que ma relation avec mes parents sera revenue à la normale ou est-ce que je leur en voudrais toujours ? Et quel impact cela va-t-il avoir sur moi ? Est-ce que je vais ressortir grandie de cette histoire ou juste meurtrie ? Pour le moment je ne vois rien de positif à tout cela et je me sens plus blessée qu'autre chose. Mais j'imagine que c'est encore trop tôt pour voir réellement les effets que cela va avoir sur moi. Peut-être que ça va me pousser à grandir plus vite, à voir le monde différemment. Mais cela voudrait dire que ma façon actuelle de voir le monde n'était pas bonne et je ne vois pas en quoi. Pourquoi est-ce si mal de vouloir voir le bon dans ce monde ? Pourquoi devrais-je me méfier des autres ? Comment peut-on vivre heureux si on se méfie de tout le monde ? Ce n'est pas comme ça que j'aspire à vivre, mais je me demande si je ne vais pas finir par adhérer à cette idée, dégoûter du monde qui m'entoure. “Un mauvais roman...” Murmurais-je avant de soupirer un peu. Quand Casey reprend la parole, j'avoue que je suis presque surpris par ses propos. Je ne l'avais jamais entendu aussi optimiste, c'est presque déroutant. Agréable, cela va s'en dire, mais étrange. Son discours est assez rassurant, même si pour le moment, le doute plane dans mon coeur. Je m'accroche à l'idée que mes amis sont fiables et que je peux leur faire confiance, mais je ne peux nier que le doute plane parfois en moi. Ils sont si géniaux et je suis si banale, pourquoi tiennent-ils tant à moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter des amis pareils. Mais en même temps, qu'est-ce qu'ils gagneraient à jouer la comédie ? Je ne suis personne et en dehors d'une aide ponctuelle parfois dans certaines matières ou autres, je ne leur apporte pas grand chose. “C'est agréable de t'entendre être aussi positive !” Lui dis-je seulement en esquissant un sourire complice. J'ai toujours apprécié Casey et j'aime à croire que c'est réciproque. Mais je ne me suis jamais fait de fausses idées sur elle et je n'ai jamais attendu plus qu'elle ne pouvait m'offrir. Mais j'aime voir qu'elle grandit aussi de son côté et s'épanouie à sa façon. Je hoche la tête en l'écoutant continuer. Je ne l'avais jamais vu s'ouvrir autant et même si elle ne me raconte pas vraiment sa vie à proprement parler, j'ai l'impression de faire un pas de plus dans son monde et mine de rien, avec ce que j'ai pu vivre cet été, c'est plutôt agréable et rassurant de voir que je compte pour certains, même si évidemment, Casey n'a jamais prétendu que je faisais partie des gens en qui elle a confiance, mais bon, j'imagine que si elle me parle, c'est déjà qu'elle ne me déteste pas, ce qui est déjà ça de pris. “Je vais essayer de garder ça en tête. J'aime à croire que si les gens sont là avec moi, c'est pour une bonne raison. Après tout, je ne suis personne, ils n'ont rien à gagner avec moi !” Répondis-je en toute honnêteté, sans chercher à vouloir me faire plaindre ou autre. Etre personne ne me dérange pas, en tout cas ce n'est pas dit d'une façon négative, c'est juste le reflet de la réalité, rien de plus.

De quelle manière notre amitié c'est renforcée ? C'est une excellente question, même si j'avoue que dans les détails, je n'y ai jamais vraiment pensé. On s'est beaucoup rapproché, on passe plus de temps ensemble, on partage des choses, il me pousse à sortir de ma zone de confort, j'ai l'impression qu'on est vraiment plus proche maintenant qu'on ne l'était avant. Mais j'ai peur de ne pas savoir comment l'expliquer. “Ben ... disons qu'on passe plus de temps ensemble. Je ne sais pas trop comment l'expliquer mais j'ai l'impression qu'on partage plus de choses aujourd'hui qu'on ne le faisait avant.” Et puis j'ai failli mourir dans ses bras, j'aime à croire que ça a créé un lien entre nous que personne ne peut briser. J'ai bien cru que j'allais mourir et au début, j'étais toute seule. Et vivre cette expérience seule, c'est la pire chose qui puisse exister. Mais grâce à Prue, Ollie m'a retrouvé et il est resté avec moi jusqu'au bout, me portant presque dans ses bras pour me sortir de cet enfer. Je lui en serai toujours reconnaissante et j'ai une dette éternelle envers lui. Mais tout ça, ça n'a pas vraiment de mot. Parce qu'au fond, tout s'emmêle dans ma tête. Tout ce que je sais, c'est que ça m'a fait l'aimer encore plus. Je peux douter de tout, mais comment douter de lui ? Il a toujours été là, il s'est battu pour moi, il a risqué sa propre vie pour sauver la mienne. Si ça c'est pas avoir un ami en or, je ne sais pas ce que c'est. Même si entre nous, je préférerai qu'il soit bien plus. En parlant de bien plus, j'aborde assez innocemment le sujet de Brooklyn. J'ai entendu parlé de Casey et lui, sans vraiment savoir ce qui les unissait tous les deux. Je les ai déjà croisé tous les deux, j'aime donc à croire qu'ils se connaissent, mais ça ne me dit pas vraiment comment. Selon Casey, ils sont amis d'enfance. Je ne m'y attendait pas à cette là et j'écarquille les yeux de surprise. “Amis d'enfance ? Je ne savais pas ! Alors tu connais les Caldwell depuis longtemps !” Dis-je naïvement, oubliant complètement que Brooklyn avait été adopté. Après, vu que de toute façon on ne sait pas quand exactement il a été adopté, ça aurait très bien pu remonter à son enfance. “Les rancunes ? Pourquoi vous vous en vouliez ?” Je ne m'attendais pas non plus à celle-là. Moi qui m'attendais plutôt à ce qu'ils soient contents de se revoir, ce n'était visiblement pas ça.

Pendant un instant, je m'en veux sans trop savoir pourquoi. Nous étions tranquillement en train de discuter et soudainement, l'attitude de Casey change radicalement. Je la vois fuir mon regard, gênée, sans vraiment comprendre d'où pouvait venir cette gêne. Est-ce de ma faute ? Qu'est-ce que j'ai dit que je n'aurai pas dû ? J'ai beau cherché, je ne trouve pas la potentielle source de ce malaise et cela me gêne encore plus. Il faut croire que malgré les nombreux conseils que j'ai obtenu ces dernières années, je ne sais toujours pas parler aux gens sans les blesser ou les mettre mal à l'aise, c'est un comble. Il faut peut-être que je finisse par comprendre que je ne suis juste pas faite comme tout le monde et que la sociabilisation ne vient pas naturellement chez moi. Je me mords légèrement la lèvre, voulant presque tenter de rattraper le coup en m'excusant. J'ignore de quoi mais j'imagine que Casey le saura elle et cela suffira ? Pourtant je me ravise, ce serait comme mentir. Si je ne sais pas pourquoi je dois m'excuser alors autant ne pas le faire et assumer ses paroles qui l'ont blessé sans le vouloir. La discussion continue et selon Casey, c'est le principe d'une amitié pure et désintéressée. Je prends quelques instants pour réfléchir à tout cela et je finis par hocher de la tête “Oui, j'imagine que tu as raison.” lui accordais-je sans mal. Mais même si cela paraît être une évidence, à mes yeux cela le devient bien moins. J'ai l'impression de ne pas les mériter, d'être une imposteur, même si pourtant, je n'ai jamais menti sur qui j'étais. Même la confiance que j'avais en moi est ébranlée avec toute cette histoire.

Il est difficile d'expliquer ce qu'il peut y avoir entre Ollie et moi. Parce qu'entre ce qu'il existe et ce que je désire, il y a un fossé et j'ignore s'il sera comblé un jour. Je ne voudrais pas influencer Casey d'une quelconque façon en prenant mes rêves pour une réalité. Je ne voudrais pas qu'elle pense qu'Ollie a des sentiments pour moi juste parce que j'en ai pour lui et que je pense que chacun de ses gestes ou chacune de ses paroles sont destinées à me déclarer sa flamme. Ca n'arrivera jamais, il faut que je me fasse une raison, même si parfois j'en viens à me demander si Ollie ne tient pas à moi plus qu'il ne le dit. Parfois je me perds dans son regard et je me demande si ce que j'y vois, c'est une réelle attirance ou juste l'envie que ça en soit une. Tout est si confus et je n'ose tellement pas lui en parler. Selon Artemisia, j'ai toutes mes chances avec Ollie, mais est-ce qu'elle a raison ou est-ce qu'elle le pense, sans vraiment en être sûre. J'ai tellement peur d'y croire et de finir par me rendre compte qu'il n'en est rien. Et si je lui avoue mes sentiments et qu'ils ne sont pas partagés, on fait quoi ? Est-ce qu'il acceptera de tout oublier pour qu'on garde ce lien qui nous unie ? Mais est-ce que j'aurai la force de faire comme si je n'avais rien dit ? La vie est si compliquée, parfois je regrette le temps où je ne vivais qu'au travers de mes livres. Au moins les sentiments que je lisais n'étaient pas les miens. “Oui ... j'imagine qu'on peut dire ça ...” Mais on pouvait sentir que ce n'était pas suffisant, pas pour moi en tout cas. Théoriquement, je pense qu'on pouvait dire qu'il était mon meilleur ami. Déjà parce que des amis garçons, je n'en ai pas à foison et ensuite parce qu'on sentant vraiment bien et qu'il est celui qui me connaît le mieux. Mais en même temps, me limiter à cela serait mentir à moi-même. “Mais ... Je ne le vois pas QUE comme mon meilleur ami ... En fait depuis quelques mois je ... je crois que j'éprouve quelque chose pour lui.” Repris-je un peu honteuse de m'ouvrir autant. Mais en même temps, j'en ressentais le besoin. Actuellement, la seule personne à qui j'en avais parlé, c'était Arte et c'était délicat puisqu'elle était aussi amoureuse de lui. Là au moins, Casey serait neutre dans cette histoire et peut-être qu'elle m'aidera à y voir plus clair, même si je doute qu'elle ait des réponses à mes interrogations.

La discussion glissa sur Casey et Brooklyn. Je savais qu'ils se connaissaient mais j'ignore totalement ce qui les uni vraiment. J'ai entendu certaines rumeurs parler d'une relation amoureuse ou d'au moins de sentiments amoureux l'un envers l'autre, mais peut-on vraiment se fier aux rumeurs ? J'en doute. Selon elle, ils se connaissent depuis longtemps et cela remonte même à avant l'adoption de Brooklyn par les Caldwell. Je la fixe un peu bêtement, avant que les informations que j'avais sur cette histoire me reviennent en mémoire. J'ai en effet entendu dire qu'il avait été adopté, mais je n'ai pas le souvenir de l'époque où cette adoption remonte. Après, je suis totalement d'accord pour dire que cela ne nous regarde pas et que s'il ne souhaite pas en parler, il faut respecter son choix. Je hoche la tête et lui demande “C'était il y a longtemps ?” Elle me connaissait assez pour savoir que si elle ne souhaitait pas répondre à une de mes nombreuses questions, elle avait le droit, je ne le prendrais pas mal. En tout cas, il était amusant de constater que même sans jamais vraiment lui avoir parlé, je commençais à un peu mieux le connaître. Ils étaient donc amis d'enfance et quand il est parti de chez lui, il n'a plus donné signe de vie à Casey ? La pauvre ! Elle précise malgré tout qu'ils n'étaient que des enfants, ce qui est assez vague mais cela donne quand même un ordre d'idée. Visiblement ce n'était pas l'an dernier mais bien avant Poudlard. Et s'il n'a pas donné signe de vie, c'était même peut-être quand ils étaient vraiment jeunes ? Encore qu'elle ne lui en aurait peut-être pas voulu s'ils avaient eu 5 ans, mais j'imagine qu'autour de 8 ou 9 ans, ça pourrait se tenir. En vérité, je n'en sais rien du tout, j'ai du mal à prendre vraiment la pleine mesure de cette histoire sans temporalité. “Mais ses parents sont morts ?” Lui demandais-je, aussi curieuse qu'étonnée. Je ne penche pas pour un simple déménagement sinon il n'y aurait aucune raison que les Caldwell l'adopte par la suite. C'est forcément que soit il a été retiré de la garde de ses parents, soit ils sont morts et il est devenu orphelin. A moins que l'un des deux soit mort et le second ne se sente pas dans la capacité de l'élever ou qu'il a été décidé qu'il ne pourrait pas l'élever. Mais ce serait bien cruel si vous voulez mon avis. Je préfère pencher pour la solution la plus évidente, la mort des deux parents. “C'est triste que vous ayez gardé vos distances, mais j'imagine que vous aviez chacun vos raisons.” Je ne comprenais pas, entendons nous bien, mais je n'étais pas ici pour les juger. Sans connaître tous les détails de cette histoire, il m'est bien difficile de toute façon de pouvoir arrêter un jugement. Je préfère donc ne rien en faire plutôt que de laisser autant de variables inconnues biaiser mon jugement. “Mais le plus important c'est qu'aujourd'hui vous vous entendiez bien !” Comme avant...

Je ne pensais pas que ce soir je parlerai d'un sujet aussi important pour moi que celui du mensonge de ma famille. En même temps je n'avais pas particulièrement prévue de passer la soirée avec Casey. Est-ce que je le regrette ? Pas le moins du monde. Je suis contente de la voir et de pouvoir passer un peu de temps en sa compagnie. Elle a toujours été une personne que j'estimais et que j'appréciais et cela fait bien trop longtemps qu'on n'a pas passé un peu de temps ensemble. On n'a jamais été ultra proche, qu'on s'entende, mais il n'empêche que le courant est toujours bien passé entre nous et qu'elle fait partie des rares personnes avec qui j'ai gardé contact après mon saut de classe. Et ce n'est pas facile, qu'on se le dise. On n'a plus les mêmes horaires, on ne partage plus le même dortoir et on ne fréquente pas forcément les mêmes gens. On se croise juste régulièrement au détour d'un couloir ou dans la salle commune. Au début on se fait un point d'honneur de prendre le temps de venir aux nouvelles, de manger ensemble quand on le peut. Mais avec le temps, on devient moins disponible et on finit par juste se saluer dans les couloirs quand le temps nous le permet. C'est un peu triste, mais c'est la vie. Avec Casey, on a toujours réussi à se trouver un peu de temps dans l'année pour se donner des nouvelles. Cela restait assez rare, certes, mais on y parvenait. J'imagine que jouer au Quidditch nous aidait un peu, avec nos entrainements on était amené à se voir un peu plus. Mais maintenant que j'ai quitté l'équipe, c'est plus difficile on dirait.

Bref, tout ça pour dire que je ne m'attendais pas à ce que j'en vienne à parler de ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment mais il faut croire que ça devient presque inévitable. J'imagine que c'est en partie parce que j'en ressens le besoin, que j'en parle à autant de monde. J'ai besoin qu'on me rassure. Est-ce que c'est moi le problème ou est-ce que cette situation est bien anormale ? Jusqu'à présent, je suis plutôt dans mon bon droit, ce qui me rassure un peu. La discussion dévie sur Ollie et sur ce qui me lie à lui. J'avoue ne pas trop savoir comment exprimer tout ça, alors je tente de l'expliquer à ma façon, sans pourtant parler de sentiments amoureux. Pourtant c'est la conclusion que fait Casey, à raison bien entendu. Je mets quelques instants avant de lui répondre en hochant la tête. “Oui, je crois qu'on peut dire ça en effet.” Les questions qui suivirent étaient pertinentes et je pris un nouveau moment pour y réfléchir. Je sais comment je m'en suis rendue compte. Maintenant comment je peux être sûre que c'est ça, c'est encore une autre histoire. “C'est une discussion avec mon amie Cruz, au nouvel an, qui m'a fait me rendre compte qu'Ollie n'était pas qu'un simple ami à mes yeux. Avant elle, je dois avouer que je n'y pensais même pas.” J'étais assez honnête, sans Cruz, j'aurai pu passer le reste de ma scolarité sans même me poser la question. Maintenant à savoir si ça aurait été préférable, je dois avouer que je ne sais pas. “Je n'en suis pas sûre à 100% mais ...ça ressemble quand même beaucoup à ce que j'ai pu lire sur le sujet. Et il est le seul avec qui je ressens tout ça. Même Oliver, pour qui je craquais, ça n'avait rien à voir. Je crois même qu'inconsciemment, j'avais eu envie de craquer pour Oliver afin de me sentir "normale" mais qu'au fond, il ne me plaisait pas tant que ça.” J'y avais longuement réfléchie, il faut bien l'avouer et c'était la conclusion qui s'était imposée à moi, comme une évidence. Il était charmant, je ne remets pas ça en question, mais nous n'avions rien en commun. Et même quand il me rejetait, cela ne me faisait pas grand chose, au delà d'un léger coup à l'égo. Alors que si Ollie devait me rejeter, je ne suis pas sûre d'être capable de m'en remettre.

Je ne sais pas si j'ai répondu vraiment aux questions de Casey. Pour être honnête il est assez difficile de pouvoir y répondre en quelques phrases, c'est plutôt une histoire de ressentis. Avec Ollie, je me sens bien, je peux être moi-même sans être jugé, je me sens gauche, rougissant souvent, le coeur qui palpite tout le temps et plus que jamais, j'aime quand il me prend dans ses bras, alors que je ne suis pas forcément la personne la plus tactile du monde. Le sujet dévie sur Brooklyn et j'en apprends un peu plus sur le capitaine des Serpentard. Visiblement ils se connaissent depuis qu'ils sont gamins, ce qui est incroyable à mes yeux. Vous comprenez, avant Poudlard, je n'avais qu'une amie et cela me convenait très bien, je n'ai jamais été très porté sur les relations sociales avant il y a quelques années. Parfois je me demande si je n'ai pas raté mon enfance. Leur séparation date de quand ils avaient 7 ou 8 ans. Ca reste assez jeune, qu'on se le dise. Mais Brook aurait pu demander de garder contact avec Casey, j'en suis sûre. Quand elle m'avoue que ses parents à lui sont toujours en vie mais qu'il a été retiré de leur garde, j'avoue que j'en reste sans voix. Que s'est-il donc passé ? J'ouvre la bouche mais rien n'en sort. J'imagine le pire et je déteste ça. Je fronce les sourcils, j'ai vraiment du mal à me faire à tout ça. Pourtant, quand j'ouvre de nouveau la bouche, aucune question n'en sort, il y en aurait trop et je doute d'obtenir quoi que ce soit comme raison. “J'espère qu'il a trouvé son bonheur chez les Caldwell.” Je ne connais pas la famille Caldwell mais je sais qu'Avalon est quelqu'un de sympathique, j'ai du mal à croire que le reste de sa famille ne l'est pas. Il n'est certes pas quelqu'un de très ouvert mais il ne me paraît pas si malheureux, j'ose espérer donc qu'il est mieux là où il est. Mais j'avoue que dans ma tête, j'ai mille et un scénarii se mettent en place et je doute qu'aucun ne soit à la hauteur de la réalité. Je m'accroche au reste de la discussion. J'avoue ne pas trop savoir quoi répondre à tout cela. Encore une fois, il ne faut pas rester sur le passé mais profiter du présent et de ce que peux offrir l'avenir, même si c'est plus facile à dire qu'à faire. “Tu crois que ce sera une personne qui restera toujours à tes côtés ?” C'était quelque chose qui me turlupinait depuis quelques semaines. Certainement parce qu'à la fin de l'année, je quitte Poudlard et mes amis en même temps. Et je me demande constamment si nous resterons en contact. Est-ce qu'au début, on s'enverra des lettres et qu'à la fin, on oubliera l'existence de l'autre ? Il ne faudra attendre qu'un an, évidemment, mais quand même, c'est long une année, il peut arriver n'importe quoi. Ollie peut rencontrer une fille qui lui plait et me la présenter comme l'amour de sa vie. Et là, je me sentirai bien bête et certainement trahie par mon ami, alors qu'il n'aura rien fait de mal. Je crois qu'on espère tous continuer à se voir après Poudlard, mais combien le feront vraiment au bout du compte ? Peu, j'en ai peur ...

Est-ce que je l'ai dit à Ollie ? Quelle drôle d'idée. Non, évidemment que non. Pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en manque, soyez-en sûr, mais quand je me décide à le faire, je perds contenance et je suis incapable de rien. J'aimerai lui ouvrir mon coeur, cela me soulagerais, mais j'ai tellement peur de ce qui adviendra après de notre amitié. Il est fort peu probable que la réciproque soit vrai et j'ai peur de tout gâcher. J'aurai peut-être un poids en moins sur le coeur, mais très certainement un ami en moins aussi et ça, je doute de le supporter. Ollie est un garçon super et je sais qu'il fera son possible pour faire comme si cette révélation ne soit pas grave, mais au fond, je sais qu'il y aura quelque chose de cassé entre nous. C'est bête à dire mais j'ai peur qu'en m'ouvrant vraiment à lui, je le perde à jamais. Ca sera tellement étrange de faire comme si je ne lui avais rien dit. Je suis persuadée que je pourrais faire une croix sur ses câlins ou pire encore, qu'il le fasse mais mêlé de gêne. Plus rien ne sera naturel et d'avance, je déteste ça. Et si ce n'est pas lui qui prendra ses distances, ce sera moins, bien trop honteuse de lui faire subir ça. Et j'imagine que mon départ de Poudlard règlera une bonne fois pour toute l'histoire, je n'oserai jamais le contacter et j'imagine qu'il sera bien trop soulagé de me voir partir pour m'écrire. “Non.” Dis-je, aussi gênée que rougissante. Je détourne le regard, balayant le sol d'un air gêné avant de relever le regard vers mon amie et d'hausser les épaules. “En fait j'ai eu envie plus d'une fois mais ... mais je suis morte de trouille. Il est peu probable que ça soit partagé, j'ai peur de tout gâcher en lui avouant mes sentiments.” Evidemment, si je ne dis rien, je ne saurai jamais si c'est partagé ou pas, mais pour le moment le courage me manque pour affronter ma peur. Je me déteste, croyez le, mais c'est plus fort que moi. Je tiens trop à lui pour le perdre bêtement. “Tu es déjà tombée amoureuse toi ?” Lui demandais-je innocemment. Je ne sais pas grand chose de la vie de mon amie. Je dois bien avouer que si elle est sortie avec des garçons, je n'en ai rien su, soit parce qu'elle a été discrète, soit parce que je n'ai pas fait attention. Vive l'amie en carton que je suis. Mais peut-être qu'elle est tombée sous le charme d'un garçon et qu'elle n'a jamais osé le lui dire. Ou peut-être est-ce le cas aujourd'hui. Le hasard serait fort cocasse, deux amies qui se rendent compte qu'elles sont dans la même situation. Mais au moins je me sentirai moins seule.

La situation de son ami a l'air d'être assez compliquée et peu enviable. J'espère de tout coeur que les choses se sont arrangées avant le temps. J'imagine que si on l'a retiré de la garde de ses parents, c'est qu'ils étaient inaptes à s'occuper correctement de lui. C'est donc plutôt une bonne chose qu'il vive loin d'eux aujourd'hui. Et si on en croit Casey - qui a l'air de quand même pas mal le connaître - il a une vie meilleure chez les Caldwell. Bon, j'imagine qu'en soit, ça ne doit pas être bien compliqué, mais quand même, Casey ne serait pas aussi assurée si cette famille n'était vraiment pas bien. On ne se connait pas par coeur mais s'il y a bien une chose que j'ai retenu de mon amie, c'est qu'elle ne se lie pas avec beaucoup de gens, mais quand elle est proche de quelqu'un, elle prend son bien être à coeur. En tout cas c'est comme ça que je l'ai toujours vu. Alors j'imagine que si elle dit qu'il est bien tombé chez les Caldwell, c'est que c'est vrai. Je ne pousse pas plus la conversation plus loin, ne voulant pas paraître indiscrète. La vie de ce garçon ne me regarde pas, surtout que je ne le connais pas plus que ça, ça serait vraiment déplacée de ma part de m'intéresser à lui juste parce qu'il a eu une enfance difficile. Je sais que certains sont comme ça, mais pas moi.

Je la comprends assez bien sur ce coup là. On ne peut pas réellement dire qu'on pense beaucoup à l'après. J'imagine parce que ça reste assez incertain et que c'est un peu effrayant. Pour moi qui ne reste que quelques mois encore à Poudlard, je suis terrifiée à ce fameux "après". Que vais-je devenir ? En soit j'en ai ma petite idée. A la rentrée de janvier, je vais commencer à postuler à l'université, en médecine. Mon but ne sera pas de devenir médecin, mais plutôt chercheuse. J'aimerai me spécialiser dans le cerveau, mais mon idée reste encore un peu vague. Je sais que mes parents auraient adoré me voir intégrer le Ministère et monter les échelons jusqu'à pourquoi pas, devenir Ministre. Mais ça n'a jamais été vraiment ma tasse de thé. Et aujourd'hui, plus que jamais, je refuse de me plier à leur volonté. Je vais pousser le bouchon en postulant et à l'université sorcière de Londres et à l'université moldue. Mais j'avoue que je ne sais pas trop comment cela fonctionne dans le monde moldu. C'est plus par provocation qu'autre chose. Après je ne dis pas, une année là bas pourrait être fort intéressant, mais j'aime trop la magie et me sens trop sorcière pour couper totalement les ponts avec le monde qui m'a vu naître et grandir. D'ailleurs en pensant à mon propre avenir, je me demande si Casey sait ce qu'elle va faire plus tard et c'est tout naturellement que je lui pose la question. “Tu sais d'ailleurs ce que tu veux faire plus tard ?” Je sais que certains ne le savent pas encore. J'avoue que j'ai longuement douté pour ma part, mais c'est suite à plusieurs discussions sur le sujet que j'ai fini par me rendre compte que la recherche serait vraiment quelque chose qui me plairait et le cerveau étant un domaine des plus passionnant, je me dis que je pourrais commencer par là. Quitte à dévier par la suite sur autre chose ou à m'offrir une double spécialisation, pourquoi pas. Après tout, ce n'est pas comme si les études me faisaient peur ou que je n'étais pas douée pour ça. “Tu penses qu'il ne voudra pas garder contact avec toi ? Pourquoi ?” Lui demandais-je étonnée. S'ils sont amis, pourquoi ne voudrait-il pas continuer à l'être après Poudlard ? Après peut-être dit-elle ça pour se rassurer, parce que ce n'est pas ce qu'elle souhaite. Après tout, on est tous envahie par le doute quand il est question des autres. On sait ce que l'on veut nous mais il est bien difficile de savoir ce que pensent les autres. Mais il n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'amis, je ne vois pas pourquoi il romprait les ponts avec elle plus tard. Maintenant, je n'en sais rien, on ne peut pas réellement dire que je le connaisse particulièrement. “Je veux vraiment garder contact avec lui, c'est évident. Mais ... je ne sais pas si ça sera possible. Ollie n'est qu'en 5ème année, il lui faudra encore deux ans avant de quitter Poudlard et on sait toutes les deux qu'il peut se passer beaucoup de choses en deux ans.” Que ce soit des attaques ou de nouvelles rencontres. Qui me dit qu'une fois que je serais partie, il ne rencontrera pas quelqu'un ? Je ne serais pas vraiment là pour le voir et je ne pourrais que prétendre être ravie pour lui. Et même si cela me paraît bien improbable, je serais également sujette à faire de nouvelles rencontres. Et s'il ne se passe rien avec mon ami d'ici mon départ, je ne sais pas si j'aurai envie de l'attendre, certainement en vain, pendant deux ans ou si je déciderais pas de profiter de ma vie. Me connaissant, j'attendrais très certainement, mais le doute peut-être permis.

Visiblement seule je le suis. Casey n'est jamais tombée amoureuse d'un garçon, en tout cas c'est ce qu'elle dit et je ne vois pas pourquoi je remettrais en doute sa réponse. C'est vrai, quel intérêt aurait-elle à me mentir ? Préserver son secret ? Ca signifierait que soit elle ne s'est jamais confiée au garçon en question, soit ils ont préféré que cela reste secret. Mais ce serait bête de le garder pour elle, c'est vrai, elle sait que je n'en parlerai jamais à personne et ça nous ferait un point en commun, une aide peut-être même. Je ne dis pas que je serais une aide précieuse, mais rien que d'en parler, ça peut aider parfois et écouter, je sais faire. Je peux lui partager mes doutes et mes craintes et elle peut faire de même. Non, définitivement, je ne vois pas pourquoi elle me mentirait, sauf si elle a fait la promesse de ne rien n'en dire et dans ce cas là, je peux comprendre son mensonge. Bref, tout ça pour dire que du coup, je prends pour acquis sa réponse, elle n'est jamais tombée amoureuse d'un garçon ou de quelqu'un en général. Après tout, peut-être qu'elle n'aime pas les garçons mais les filles. J'ai souvent entendu dire qu'il ne fallait jamais dire qu'on n'aime pas sans avoir essayé. Mais j'avoue que je n'ai jamais rencontré de filles qui me donnaient envie d'essayer. Mais sait-on jamais, peut-être qu'un jour j'en rencontrerai une. Je n'ai pas hâte personnellement, non pas que j'ai quoi que ce soit contre les relations homosexuelles, mais j'ai déjà bien du mal à vivre d'être amoureuse d'un garçon, si je dois rajouter une fille en plus, je ne vais pas m'en sortir. Quand elle reprend la parole, elle m'explique qu'elle s'est toujours méfiée de tout le monde, alors tomber amoureuse était visiblement inconcevable. Mais sur ce point là, je ne suis pas totalement d'accord “Je ne me suis jamais intéressée aux garçons, ni jamais eu un grand attrait pour les autres, bien trop occupée à avoir le nez dans un livre. Et pourtant ...” Après je ne dis pas que sa méfiance ne va pas jouer une barrière dans ses potentielles futures relations amoureuses, mais comme je l'ai réalisé moi-même, l'amour ne prévient pas toujours et peut prendre plusieurs formes. Peut-être qu'au final, elle a déjà rencontré l'amour mais ne l'a pas identifié comme tel et peut-être attend-t-il encore. Bon après, je ne suis pas une experte dans le domaine, je ne peux pas non plus prétendre que ça va forcément lui arriver un jour, surtout si elle ne le veut pas. Mais je pense en tout cas que ce n'est pas incompatible. Quant à savoir comment savoir si on est amoureux, c'est une toute autre paire de manches. “Je ne sais pas trop comment ça a été pour les autres, moi je sais que je m'en suis rendue compte qu'une fois que Cruz m'a mis le nez devant l'évidence. Et encore, il m'a fallu du temps pour accepter l'idée, ce qui n'a pas été facile. J'avoue que j'ignore si c'est pareil pour tout le monde, je sais que pour ma part, je me sens vraiment bien quand je suis avec Ollie. Je me sens en sécurité, je peux être moi-même, sans avoir peur d'être jugé. Je sais que je peux tout lui dire. Il me connaît mieux que personne et il n'est pas parti en courant... J'aime l'idée qu'il m'accepte comme je suis, sans avoir envie de me changer. Et puis ... je le trouve beau, mon coeur rate un battement à chaque fois qu'il me sourit ou qu'il rit.” C'est difficile d'expliquer quelque chose qu'on ne maitrise pas. J'ai mis du temps à réaliser et accepter que je l'aime, mais de là à être capable d'expliquer comme je le sais, c'est encore plus difficile. C'est un tout. C'est bête à dire, mais c'est lui et c'est ça que j'aime. C'est un garçon gentil, souriant, serviable, amusant - selon les dires de certains - qui me donne la sensation d'être en sécurité et surtout, en vie. Je lui ai confié ma vie, littéralement parlant et je suis toujours là, ça signifie que malgré les difficultés qu'on a traversé, il a tout fait pour que je m'en sorte. Est-ce qu'elle se reconnait dans ça ?

La discussion dévie sur un tout autre sujet. C'est tout moi ça, je suis capable de parler de plein de choses à la fois. Je ne vais pas la saouler avec ma relation amoureuse certainement pas partagée avec Ollie et visiblement elle n'aime personne, donc j'imagine que le sujet va vite être clos. J'en sais beaucoup plus sur ce Brooklyn qu'au départ et même si ça ne me servira jamais à rien, c'est toujours plaisant de connaître un peu nos camarades, après tout on passe une partie de notre adolescence avec eux. Et puis c'est un ami proche à Casey et je tiens à elle, c'est bien de savoir de qui elle s'entoure, c'est intéressant pour mieux la connaître. Et en parlant de mieux la connaître, je lui demande si elle sait ce qu'elle va faire plus tard, ce qu'elle me répond sans hésiter que oui. Le Département des Mystères. Envie intéressante, même si pour ma part, étrangement, ce lieu ne m'a jamais vraiment intéressé. Je crois que j'ai besoin de savoir dans quoi je m'embarque avant de signer. Et là clairement, ce n'est pas le cas. Après tout, le nom de ce département n'est pas anodin, il illustre parfaitement bien le travail des gens qui y sont. Mais néanmoins, cela reste assez intéressant. J'imagine que si on se recroise plus tard, elle ne pourra pas me dire ce qu'elle y fait là bas. Ce qui est dommage, parce que j'aurai bien voulu en savoir plus. “Intéressant ! Et tu sais comment intégrer ce département ?” Lui demandais-je, curieuse. Vu que ce n'est pas un futur qui m'intéresse, vous imaginez bien que je ne me suis jamais penchée sur le sujet. “Oui, j'aimerai me spécialisée en médicomagie, mais plus du côté de la recherche. Je voudrais étudier le cerveau, comprendre comment nous fonctionnons et comment la magie peut aider à guérir certaines maladies.” Ca reste encore assez vague, mais plus les mois passent et plus j'arrive à affiner mon idée. Evidemment, je ne veux pas me braquer sur quelque chose, surtout si ce n'est pas réalisable. Je suis un fil conducteur et je verrais où il me mènera. Peut-être que dans 10 ans, je ne serais absolument pas là où je pensais être.

La peur, voilà ce qui nous habite toutes les deux. Mais pas la peur que nous rompions les ponts avec l'autre, mais plutôt que l'autre ne veuille plus de nous. Difficile de la juger alors que je crains la même chose, même si, quand elle le dit, cela me semble si étrange. C'est incroyable comme une même situation, pour deux personnes différentes, peut nous apparaisse totalement différente. Pour moi, il est possible qu'Ollie en ait marre de m'écrire, de prendre du temps durant ses quelques vacances pour venir me voir, alors qu'il préférerait profiter de sa mère ou de ses amis. Alors que je trouve ça étonnant que son ami ait envie de couper les ponts avec elle, surtout s'ils sont si proches aujourd'hui. Tu peux vivre dans deux mondes différents, ça ne signifie pas que ça te condamne à abandonner l'autre. Chacun peut faire l'effort de venir à l'autre, de donner des nouvelles et en recevoir. L'amitié, ça ne demande pas grand chose, juste un peu de temps et une envie de la voir se préserver. “Ce n'est pas parce que vous vivrez peut-être dans deux mondes différents que cela signifie que vous allez forcément arrêté de vous voir. Cela ne vous empêchera pas de garder contact, de vous écrire, de vous voir, si vous le voulez vraiment. Mais faut-il encore que vous en ayez envie. Et j'aime à croire qu'une amie qui dure depuis aussi longtemps, comme la votre, à toutes les chances de continuer.” Mais encore faut-il qu'ils le veuillent vraiment. Après je comprends, deux mondes différents, deux vies différentes, deux emplois du temps différents, du temps, parfois c'est ce qui manque le plus. “En tout cas je croise les doigts pour vous.” Lui dis-je en lui offrant un sourire rassurant. Et tout comme moi, elle voit le tableau que j'ai dépeint beaucoup moins noir que je ne le vois moi-même. Oui, peut-être qu'au fond elle a raison, peut-être que la distance ne nous sera pas fatale. Mais dieu qu'il me manquera, quand je serais loin...

Ca a l'air si simple ? Je ne suis pas vraiment sûre qu'on puisse réellement dire que l'amour est simple. Peut-être qu'il l'est mais l'être humain ne l'étant pas, aimant tout compliquer, il arrive à le rendre extrêmement compliqué. Cela dit c'est intéressant comme réflexion. De l'extérieur, on pourrait croire en effet que l'amour est simple. Quand une personne sait qu'elle en aime une autre, le plus gros est fait, c'est évident, il ne manque plus que de se déclarer et le tour est joué. Mais on ne pense pas à tout ce qu'il se passe en amont. Parce qu'avant de le réaliser, il y a toute une période d'incertitude et avant l'incertitude, il y a l'ignorance. Les signes sont peut-être évident pour un oeil extérieur, mais croyez moi, ils ne le sont absolument pas pour les principaux intéressés. Sans Cruz, j'aurai pu continuer longtemps avant de réaliser que j'aimais Ollie. J'aurai même été capable de ne même pas le savoir. Je suis un boulet au niveau social, je vous le rappelle. Je mets quelques secondes avant de lui répondre, ressentant le besoin de peser tout ce que je vais dire et tout ce que ça implique afin d'être la plus proche de la vérité. “En toute honnêteté, ça ne l'est pas tant que ça. Pas quand ça nous concerne en tout cas. D'un point de vu extérieur, peut-être que les signes sont évidents et on ne comprend pas comment les gens peuvent passer à côté, mais quand tu es l'un des concernés, c'est loin d'être si flagrant. Sans Cruz, je serais peut-être encore à croire qu'Ollie est juste un bon ami. C'est elle qui m'a posé les bonnes questions et m'a orienté vers la vérité. C'est vrai, se sentir bien avec quelqu'un, ça ne signifie pas automatique que tu l'aimes, parce que t'aimes bien passer du temps avec tes amis et que tu te sens bien avec eux. Mais il existe des subtilités et quand tu ne les connais pas, tu peux passer à côté. En tout cas c'était mon cas, maintenant je suis peut-être un cas à part !” J'admets sans mal que je suis un cas particulier. Peut-être qu'il n'y a que moi qui ne comprend rien à tout ça et les autres sont nés avec le manuel de l'amour dans leur berceau. En tout cas, je suis presque rassurée de savoir que Casey est dans le même cas que moi et que son couffin était aussi vide que le mien. “Merci !” Fut la seule réponse que je lui fis quand elle me souhaita de découvrir que mes sentiments étaient réciproque. Je ne vois pas trop ce que j'aurai pu rajouter. J'accompagne évidemment cette réponse d'un sourire chaleureux et d'une forte envie de croiser les doigts très fort, pour que le destin nous entende.

Le choix de carrière de Casey est loin d'être anodin mais fort intéressant. J'avoue que je ne me suis jamais penchée sur la question car ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse vraiment. Mais je suis ravie d'en savoir un peu plus dessus. Bon, c'est loin d'être énormément de choses mais quand même, c'est un début. Il faut donc passer une série de tests, qui sont évidemment tenu secret. Même le lieu en lui même est tenu secret, mais par je ne sais quel hasard, elle le connaît. Comment le sait-elle ? “Comment tu sais tout ça ?” Lui demandais-je, curieuse. “Je te souhaite en tout cas de réussir ces épreuves et de t'épanouir dans ton travail !” Ce qui est très important à mes yeux. Mes parents ne sont pas des gens épanouis dans leur travail et ça se voit. Je pense que ma mère aimait ce qu'elle faisait, à une époque, mais avec cette histoire avec mon père, ça a un peu terni sa joie d'aller travailler. C'est une professionnelle appliquée et très sérieuse, mais je me demande si elle aime toujours ce qu'elle fait. Quant à mon père, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il fait vraiment au Ministère et je ne crois pas avoir vraiment envie de le savoir aujourd'hui. Il s'épanouie dans les bras de sa maitresse, qui ne l'est certainement plus vraiment vu que mes parents sont séparés. Mais j'ai du mal à la voir autrement que comme "L'autre femme". “Merci, je l'espère sincèrement. Après peut-être qu'au cours de mes études je me découvrirais une passion pour autre chose, mais pour le moment c'est le cerveau qui attire vraiment mon attention. Nous verrons bien !” Comme je l'ai dit, je ne suis pas fermée à la possibilité de me diriger vers d'autres domaines, même si je sais qu'ils auront toujours un lien avec la médecine. Peut-être que je finirais épidémiologiste ou alors aurais-je envie de trouver des remèdes pour certaines créatures magiques ou quelque chose dans ce genre là. Qui peut savoir de quoi est fait notre avenir ?

Je suis en tout cas ravie d'avoir eu cette discussion avec mon amie. Autant parce que cela faisait une éternité que nous ne nous sommes pas parlé que parce que j'en apprends beaucoup sur elle. Et j'aime constater que malgré l'éloignement, nous restons malgré tout toujours proche. Pas au point de nous considérer comme les meilleurs amis du monde mais en tout cas comme des amies, qui apprécient de passer du temps ensemble quand l'occasion se présente. Et j'aime à croire qu'elle se sente suffisamment en confiance avec moi pour se permettre quelques confidences. Elle a vraiment l'air de beaucoup tenir à ce garçon. Dois-je y voir un quelconque signe ? L'aime-t-elle sans oser se l'avouer ? Ou peut-être ne s'en rend-t-elle pas compte ? Après tout, ils se connaissent depuis longtemps, c'est fort possible qu'elle ne le voit que comme son meilleur ami, alors qu'au fond son coeur attend plus. Mais peut-être pas, peut-être que c'est juste une sincère amitié qui les lie et c'est très bien comme ça aussi. Le tout c'est qu'ils arrivent à rester en contact une fois Poudlard loin et à préserver leur lien. “Je trouve ça beau, de tenir autant à une personne !” Lui dis-je avec un sourire sincère. Elle me connait, elle sait que je n'ai aucune arrière pensée et que je pense vraiment ce que je viens de dire. C'est une belle amitié qui les lie et je trouve ça beau et important. Et j'aime à croire qu'elle sera suffisamment solide pour durer toute leur vie ! En tout cas je croise les doigts pour eux.