Oliver ~ Octavia ~ Jill

Our long night

La cohue qui régnait dans le château n’augurait rien de bon. A ce qu’on disait, une attaque venait d’avoir lieu et certains élèves et professeurs étaient mal en point. Cette annonce me fit un choc et c’est avec une pointe d’angoisse que je suivis Octavia, direction la Grande Salle où nous étions tous tenus de nous rendre. La galère n’était pas finie ! La maison Serdaigle était déjà réunie dans la Grande Salle et chacun s’affairait à se prendre un matelas et à se trouver une petite place. La gorge un peu nouée, je n’avais pas vraiment adressé la parole à Octavia jusque là… Du moins, pas pour parler de l’attaque en question, mais bien pour les questions pratiques : nous avions emmené Bulle, Lilla et Gul (nos boursouflets respectifs) et il y avait fort à parier qu’Oliver arriverait avec La Chose…. Penser à Oliver me donna une sueur froide et c’est à ce moment là que je retrouvais ma langue pour dire à Octavia : « J’espère qu’il va arriver…. Qu’il ne s’est pas inscrit à ce foutu club sans nous le dire … » Parce que nous avions réussi à comprendre, au passage, que la catastrophe s’était produire en plein cœur de la salle de duels où le professeur Winslow avait ouvert des inscriptions pour un cours de Sortilèges. Octavia et moi ne nous étions pas inscrites et… aux dernières nouvelles, Oliver non plus !

Avec les trois sacs de couchage que nous avions réussi à extirper de la pile (un pour Octavia, un pour Oliver et le dernier pour moi), nous avions investi un petit coin de la Grande Salle, non loin d’un feu de cheminée et prêts à passer de longues heures assez incertaines, encore une fois coupés du monde et sans savoir si notre avenir à Poudlard était assuré. J’étais fatiguée de ce genre d’événements, de ces attaques qui, la plupart du temps, concernaient les nés-moldus. Était-il possible de savoir qui était visé, cette fois-ci ? Pas pour le moment, mais nous ne tarderions pas à avoir quelques bribes d’informations… En attendant, il fallait qu’Oliver arrive, mais je ne pouvais même pas guetter son arrivée, les boursouflets se mettaient dans une excitation pas permise et il allait falloir les faire taire. « Chuuut, Lilla, tais-toi, tout le monde vient là pour dormir …DOR-MIR ! » Et c’est avec beaucoup de panique que je fouillais mes poches pour voir si je n’avais pas oublié la nourriture…. Seule manière de les faire taire quelques instants. Elle était bien là ! J’enfonçais un petit morceau dans la petite bouche de mon boursouflet avant d’en faire de même avec Gul, le « gros jaune » d’Octavia. La nuit allait être longue…. Peut-être même stressante et sans sommeil, mais mes consignes étaient données, tous les élèves de l’école devaient se réunir pendant que le château serait fouillé.

Mon cerveau s'était éteint. Je revivais nos vieux démons. Ceux qui me bouffaient de l'intérieur. À chaque fois que je pensais que quelque chose était fini, terminé, clôturé, scellé ; cela me revenait comme un ouragan. Je ne vais pas dire que ça me détruisait plus que la première fois, mais j'étais juste lasse de ces aventures qui me laissaient sur les rotules. J'aurais bien soufflé. J'aurais bien voulu qu'on accepte de me laisser vivre, telle que je suis, telle que je suis ne, telle que j'ai grandi, au fur et à mesure des âges, sans qu'on ne me juge ni sur mes origines, ni sur mon sang, ni sur mes aptitudes, ni sur mes croyances. Je grandissais encore et toujours dans la haine, à contre-flot de ce mouvement hérétique. Parqués dans la Grande Salle, nous étions rassemblés comme des moutons à l'abattoir. C'était l'image que j'en avais, du moins. Je sentais mon boursouflet se blottir dans le fond de la poche de ma robe tandis que je serais le manche de ma baguette, prête à dégainer si le moindre danger viendrait nous perturber. De l'autre côté, je me rapprochais de Jill, quitte à m'accrocher à son bras instinctivement, par pur réflexe défensif. Nous avions toujours affronté chacune des épreuves ensemble et malheureusement, nous avions souvent été séparées. Si ça venait à se reproduire encore une fois aujourd'hui, inutile de vous dire que je céderai à la panique une fois de plus. « J’espère qu’il va arriver…. Qu’il ne s’est pas inscrit à ce foutu club sans nous le dire … » J'espérais aussi. J'étais soulagée, parce que j'avais hésité à m'y inscrire, mais que le manque de temps à consacrer à mon entraînement à la baguette m'y avait pourtant fait renoncer. Un coup de chance, j'aurais été au cœur des événements. Maintenant, qui avait choisi de s'inscrire ? Felicia ? Elijah ? Jade ? Je craignais le pire, forcément. J'étais soulagée de ne pas être seule à attendre, mais j'aurais voulu attendre que moins de gens qui ne me tiennent à cœur viennent rompre le suspense. « T'inquiètes, il va arriver ... C'est pas son genre de s'inscrire à des cours supplémentaires ... à moins qu'il ait changé depuis la dernière fois .. » Une plaisanterie noire au milieu de tout ça, je dis oui. Est-ce que ça se voulait rassurant ? Oui. Est-ce que c'était rassurant ? Pas vraiment. Ma voix tremblait légèrement, signe que je n'étais pas certaine de mes paroles. Pour tout dire, j'étais dans ce même état d'annonce. J'espérais. Je priais. Il devrait arriver, bien sûr ! C'était impossible autrement !

Notre camp de fortune me ramenait deux ans en arrière, lorsque nous occupions les cachots sans voir la lumière de la lune, sans savoir si notre avenir était certifié. Je me mordais la lèvre en plongeant ma main dans la poche de Gull pour le ressortir et le caresser entre ses deux oreilles, me distrayant comme je pouvais par l'indispensable présence de ces petites boules colorées. Ces dernières furent soudainement prises d'un mouvement d'hystérie en remuant et commençant à couiner sans raison. Je tentai de rassurer Gul en lui proposant mes mains comme cachette. « Chuuut, Lilla, tais-toi, tout le monde vient là pour dormir …DOR-MIR ! » Je souris légèrement. Je sais d'expérience que peu y arriveront vraiment. Je n'étais même pas certaine d'avoir envie d'essayer, d'ailleurs. Je voulais voir si Oliver arrivait, je voulais comprendre cette situation, je voulais arrêter de subir sans jamais rendre les coups, sans jamais être maître de mon avenir pourtant bien tracé. Gull se tut alors qu'il recevait un morceau de nourriture dans sa bouche. Il resta immobile un instant, comme s'il tentait de reconnaître le goût de ce morceau de pain sec. « Vous inquiétez pas les boules, on s'en sort toujours ! Le plus dur, c'est de passer le mauvais moment ! » Je le laissai se reposer dans le creux de mon cou comme habituellement et ramenai mes genoux à mon visage, guettant la porte et les nombreux élèves qui entraient dans la Grande Salle suite à leur éparpillement aux quatre coins du Château. « Tu veux qu'on s'imagine les choses les plus probables - donc improbables - qu'Oliver pourrait être entrain de faire pendant qu'on est là à s'inquiéter pour lui ? » Je lance un petit sourire à Jill, ouvrant le jeu volontiers. Je fis semblant de réfléchir avec attention avant de lancer avec enthousiasme. « Il pourrait clairement être ... dans la salle de bain des préfets, à lire une bande dessinée depuis une demi-heure ! » Je commençais évidemment sur les chapeaux de roue, histoire d'éviter de trop stresser. L'image me faisait rire et je lançai un regard à Jill pour qu'elle s'y perde également.