Le week-end, c’est comme les vacances ; c’est fait pour se poser, se relaxer, décompresser, profiter du temps libre. Ce sont juste des très mini-vacances quoi ! Mais vous voulez un scoop qui n’en est pas un ? Le week-end, ça sert aussi à profiter de son temps libre pour bosser plus qu'en semaine. Et ça, ça craint. La fin d’après-midi approche, et je suis attablé dans la salle commune depuis environ une heure et demi maintenant. Les rageurs diront que je fais semblant de bosser, les naïfs me prendraient carrément au sérieux. La vérité dans tout ça ? Je fais les deux ! Faire semblant 5 minutes, ça me force en fait à réviser pendant 5 minutes. Une technique infaillible, je vous assure ! J’ai une bonne mémoire des choses que j’entends, ça c’est un atour sûr. Mais si je pouvais avoir le génie d’Hadley en plus d’avoir ma connerie, ce serait démentiel. Mais la perfection n’existe pas, c’est bien ça qu’on dit ? Ouais non, avant d’avoir la perfection il me faudrait un physique d’Apollon, et je me donne la mort avant d’y arriver. Une mort de vieillesse, à choisir. Les rides, la voix qui tremble, les lumbagos, tout ça... Ouais non, je ne me suis pas auto convaincu finalement.

Tapoter sur mon livre d’histoire de défense contre les forces du mal, en pleine relecture d’un vieux cours sur la lycanthropie. Je savais déjà plein de choses sur le sujet, vu la manière très précise et efficace qu’ont les moldus de les représenter. Moldus ou pas, ils savent viser juste, notez-bien ça ! Front collé contre ma main, coude à même une table qui a dû voir passer bon nombre de torturés des devoirs, j’hausse très soudainement la tête à l’entente d’un bruit de chaise. Poser les yeux sur une Artemisia qui pose un panier remplit de cochonneries délicieuses entre nous. Elle veut m’engraisser, ou c’est quoi ça ? Ah moi je dis pas non hein ! Recevoir des salutations et la suite qui va avec, afficher le réflexe d’un sourire amicale sur mes lèvres. « J'me poile, les révisions j'adore ça ! » Lui répondre avec une ironie évidente pendant qu’elle dépose un étui au sol et prend place à son tour sur une chaise à côté de moi. « Ça va pas toi ? Ce genre de paniers garnis à cette heure, c'est pas loin d'être synonyme de dépression. » Je lui jette un sourire taquin, clairement motivé aujourd'hui. Non, en fait, ça me fait juste du bien de sortir la tête de mon livre. Ça fait une heure que j'ai pas dis de conneries, il faut que ça sorte. Promis, ça durera pas longtemps ! Une main toujours à plat sur mon bouquin de cours, je fixe celle pour qui j’avais autrefois un intérêt fort. J’étais clairement à fond sur elle ouais, mais comme d’habitude, je n’ai pas su gérer. Au final j’ai lâché l’affaire il y a quelque temps, et nous sommes resté potes. Artemisia est une bonne amie, je m’y suis fait maintenant. La Friendzone ça pique au début, mais après je jure que ça descend tout seul. Il y'a autre chose qui risque de descendre tout seul : ce sur quoi je plante actuellement mon regard curieux et mon dévolu, enchaînant sans mal. « Tu sais qu'il faut pas mettre ce genre de trucs devant moi ?.. » Prendre un air et un ton innocent, fossettes follement apparentes, clairement entrain de lui demander si je peux lui piquer un petit sablé. Désolé, mon estomac est increvable !

( Pando )

Le sujet sur lequel je bosse n’est pas vraiment barbant. C’est juste que je me sens obligé d’y plonger un peu d’intérêt, et se sentir obligé de quelque chose, c’est jamais bon. J’ai redoublé une fois, clairement pas à cause de ma volonté, alors c’est pas aujourd’hui que ça va commencer ! En fait, je passe plus de temps à me questionner à et enquêter sur les événements de l’école, que sur mes cours. Alors je m’assure de ne rien oublier, je me force à ouvrir de temps à autre mes bouquins et à lire. C’est pas spécialement barbant, c’est juste une nécessité qui ne fait pas vraiment partie de ma nature. Et je sais pas pourquoi, je pense souvent à Hadley quand je révise. Elle serait peut-être fier de savoir que, malgré mes allures de bougre rigolard, je puisse penser ainsi. Ouais bref, c’est pas important. « Non, en vrai c’est un sujet intéressant ! » Hausser des épaules parce que c’est vrai, c’est le cas. Pour une fois je ne blatère par plus sur le sujet comme le bavard que je suis. Parce que quelque chose attire mon regard.

Autrefois, je vous aurais dis que c’est la jolie Artemesia qui attirerait mon regard, me perturberait et me couperait dans mon élan. Mais il semblerait que de nos jours, mon dévolu soit plutôt posé sur la bouffe. Triste ou évident ? Je sais pas, j’ai un doute quand même. Une petite taquinerie sur la légende des femmes et leur manie à s’engraisser lorsqu’elles vivent des heures sombres, et par heures sombres, je parle surtout de peine de cœur. Oui c’est cliché à mort, je vous l’accorde. Y’a celles qui s’arrêtent de vivre aussi, et c'est exactement ce qu'elle précise à son sujet. Arte’ prend ceci-dit la peine de se justifier, et je me contente de l’écouter, souriant, sourcils haussés, fier de l’effet provoqué. Je me doute bien qu'elle n'est pas dépressive, et je me doute aussi que ses justifications sont une opportunité de critique gratuite envers cette catégorie de filles dont elle parle. Du moins c'est ma façon de voir les choses.

Mais cette vilaine blonde fait pire que moi dans le genre. Je la taquinais un peu et voilà que maintenant, assise à côté de moi, elle se languit de ses sablés glissés si délicatement dans sa bouche. Elle sur-joue, clairement. Je peux voir chaque expression satisfaite de son visage, sentir l'odeur de chaque miette qu'elle me glisse sous le nez. Oui, chaque miette ! Elle me cherche, tout simplement. Et moi je sourie, à la fois amusé, et pas. Je vais pas rager pour une tartelette, il faut peut être pas abuser ! Mais en vrai, je mérite vraiment ce muffin. Mamaaaaan, elle m'embête la madame ! Son comportement étire mes lèvres pincés qui s'accompagnent de légers hochements de tête de gauche à droite. « C'est très mal ce que tu es entrain de faire. » Je joue le jeu moi aussi, mais pas au point de pousser la petite larmichette au coin de l’œil bien sûr. Finalement elle me tend le muffin avec un petit clin d’œil en prime, et je lâche ma tête de déçu peu crédible. « Merci ! » Sourire amicalement en coin, glisser le muffin d'une traite dans ma grande bouche. Puis je reprends et m'exprime, la bouche presque encore pleine. « Alors ? Qu'est ce qui t’amène ? » Je mâche discrètement en évitant de créer la célèbre machine à laver. Tu m'étonne qu'elle n'ai pas voulu de moi ! En vrai, je suis content de la voir, aussi content qu'elle ai ramené ce panier garnis, mais est-ce qu'elle voulait me dire quelque chose de spécial ? Peut-être réviser, ou simplement papoter ? Je ne sais pas trop quoi lui dire en vérité. En fait, je crois que je n'ai jamais su trouver les mots avec elle, et c'était bien le problème. C'est encore pire maintenant qu'elle me donne beaucoup plus d'intérêt qu'avant. Je veux dire, autrefois, elle pouvait être très froide, aujourd'hui c'est carrément elle qui vient vers moi avec un grand sourire et des gâteaux. Y'a de quoi perdre la tête, non ?

( Pando )

Je trouve qu'elle prend du temps à me répondre. Je dévore le muffin comme un mal propre, fronçant finalement les sourcils alors qu'elle me fixe sans rien dire. Quoi ? Je mange si mal que ça ? Je devrais me refaire parfois, ça ne ferait pas de mal. Puis voilà qu’elle me répond en tirant la langue. Bon d'accord, ma question peut paraître bizarre à première vue, je lui accorde ! Je me doute bien qu'Artemisia a parfaitement sa place dans sa salle commune, mais ce que je voulais dire c'est, qu'est-ce qui l'amène vers moi ? Je suis le premier à allé vers les gens pour papoter, je trouve qu'il n'y a rien de plus sympa et naturel. Je trouve juste bizarre que ce soit elle qui face le pas. J'ai sûrement été trop habitué à me jeter sur elle dès que l'occasion se présentait. Dès que je la voyais en fait. Un gros lourd dingue ! Mais elle est trop joviale et taquine en ce moment, je me rends compte qu'elle ne m'attirait pas pour rien. Même si j'ai très peu de fois vu ce genre d’expressions sur son visage à mon égard, maintenant que je les vois, ça me plaît. Pourquoi elle n'était pas plus souvent comme ça avant ? Je pense que j'ai bien fais de lui lâcher la grappe. La distance doit se ressentir, sûrement qu'elle peut enfin respirer et être elle-même ? Non vraiment, j’étais si lourd que ça ?

Elle dit avoir voulu partager son panier avec quelqu'un qui saurait le déguster à sa juste valeur. Là y'a pas de doute, je suis son homme ! J'avale mon reste de muffin et je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit, qu'elle se lève de sa chaise et dit revenir dans deux minutes. Wut ? Elle va où ? Je la regarde s’éloigner, à la fois amusé et interrogateur. Lorsqu’elle quitte mon champ de vision, je regarde autour de moi dans la salle commune sans vraiment regarder. Perdu dans mes pensés, je plonge mes yeux sur mon cours sans vraiment lire non plus. Je sais pas trop ce que je fais. Je crois que j’attends, comme elle m’a dit, tout simplement. Puis voilà qu’elle revient avec deux gobelets, définitivement décidée à partager son panier avec moi. Je ne fais que ça, la regarder. Elle est très active aujourd’hui, plus active que moi lorsque je l’harcelais de mon petit bonheur. M’en voulez pas, j’étais pas prêt, c’est tout ! « Euh oui oui, carrément, merci ! » Dis-je en tenant du bout des doigts, le gobelet encore posé sur la table. Ajoutez du gazon sous nos pieds, une nappe sous nos fesses et un soleil au plafond, ça serait parfait ! C’est d’ailleurs une pensée qu’elle réitère tout haut, comme une idée projetée. Elle est entrain de me proposer un pique nique futur ? Je rêve pas ? Mais je rêvais de ça il y a encore un an, c’est quoi ce monde de fou ? Désirer quelqu’un que l’on arrive pas à avoir, au point de s’imaginer les scénarios les plus prâlineux et coulants du monde comme celui-ci, et voilà qu’aujourd’hui elle me propose un pique nique à deux, au bord du lac en plus ? Je ne suis pas réveillé en fait, c’est ça le truc ? Je ne me rends même pas compte que j’ai les yeux légèrement écarquillés. Je sourie en coin, à la fois nerveux et surpris. Ma tête, c’est un mélange bizarre qui n’existe que dans l'imagination. De la joie, de la nervosité, de l’incompréhension… « J’étais justement entrain de me dire qu’on se croirait à un pique nique ! Ouais je suis chaud, dès que les beaux jours reviennent, tu sais où me trouver. Je dis jamais non quand il s'agit de manger ! » Je ne dis pas non à la bouffe. Autrefois je lui aurais mielleusement dit "Je ne peux rien te refuser." A croire qu’un beef steak c’est devenu l’amour de ma vie maintenant.

Ramener à moi le verre plein si gentiment prêté, boire une gorgée de cette Bièrauberre bien fraîche tandis que j’éloigne le livre grand ouvert un peu plus loin sur la table. Maladroit comme je suis depuis tout petit, j’ai appris à prendre des précautions. Mais je me fais encore piéger parfois, sinon c’est pas drôle. Retirer le bord du gobelet accroché à mes lèvres, relever les yeux vers la blonde qui me questionne au sujet de ma présence au prochain match de Poufsouffle ! « Oh mais oui, tu fais partie de l’équipe maintenant ! » Dis-je avec un entrain fou, tout en me redressant sur ma chaise. « Bien sûre, j’avais prévu d’y aller, j’adore le Quiddith et puis y’a les potes à soutenir. Pas trop stressée ? » Lâcher un clin d’œil très abusé sur la fin, car elle fait partie de ses potes là. Je suis vraiment content qu’elle soit dans l’équipe. J’aurais aimé moi aussi, mais les choses ne se sont pas tout à fait déroulé comme je l’aurais voulu. Pour personne d’ailleurs. En tout cas cette petite pause dans mes révisions tombe au bon moment, et elle est parfaite. Artemisia est une fille adorable, en plus d'être belle. Je l'ai toujours vu, toujours su. Alors pourquoi je trouve ça bizarre ?

( Pando )

C’est vrai, c’est leur deuxième match de l’année, le premier en ce qui la concerne, alors elle doit sûrement être stressée ! Elle prend d’abord un air nonchalant, détendu, faussement confiante. Mes lèvres s’élargissent peu à peu jusqu’à s’ouvrir à un colgate smile dès qu’elle m’avoue finalement le fond de sa frustration. Il ne s’agirait pas seulement de jouer le match, mais aussi de ses conditions et des troubles qui règnent dans l’équipe. J’ai pas entendu grand-chose à ce sujet, juste que ça râle beaucoup. Je pensais que c’était commun à chaque équipe, rien de plus normal, mais apparemment pas ! « Je le sens bien pour vous ! » Dis-je d’un air rassurant. Je sens la victoire de Poufsouffle, demandez pas pourquoi. Y’a eu des changements dans l’équipe il paraît, je pense que ça peut faire que du bien !

C’est après ses mots que la discussion se stop soudainement net. Elle me fixe, sans rien dire, et je ne peux pas m’empêcher de détourner le regard. Qu’est-ce qu’il y a ? Je passe discrètement un doigt contre le coin de ma bouche au cas où une miette sauvage traînerait. Mais non, une fois de plus, je ne vois pas. J'aurais tout donner à l'époque pour qu'elle me regarde comme ça, même si ça aurait voulu dire que j'avais de la salade coincé entre les dents. J'allais lui demander ce qu'il se passe, mais elle reprend la parole avant ça, m'interrogeant sur le Quidditch. « Oui j'adorais voler, je me débrouillais bien, mais j'ai dû mettre mes priorités ailleurs. Ça m'empêche pas de remonter sur un balai quand l'occasion se présente. Si on me propose d'allé sur le terrain et de jouer, juste comme ça, je suis le premier debout t'en fais pas ! » M'exprimer d'une petite déception au début, mais une plus grande motivation entraînante par la suite. Je ne sais pas si c’est vraiment permis pour de moi faire ça, mais je l’ai déjà fais. Et je ne le sais pas encore, mais bientôt, je tâterais de la batte avec Roxy pour nous sauver d’une mort à coup de cognards. Si si, je vous jure ! Même que je vais plutôt bien gérer, à ma futur grande surprise.

La regarder sortir un autre délice de son panier, une petite tarte qu’elle se propose de partager avec moi. Là par contre, même si c’est super alléchant, j’hésite. Je veux dire; elle est tranquillement allée chercher tout ça avec son petit panier, je vais pas tout lui piquer non plus. En plus on mange dans une heure non ? Oui bon, la deuxième raison ne m’a jamais arrêté. « Je t’avoue que ça a l’air super bon, mais t’es sûre que tu veux pas t’en garder un peu ? A ce rythme là, je vais tout te dévorer et j’arriverais dans la grande salle avec 2 kilos en plus ! Tu veux qu'je roule c'est ça ? » Hausser les sourcils, amusé et à la fois sincère. Artemisia n'a pas l'air d'être le genre de filles à prendre du poids facilement. Je veux dire, je l'ai toujours connu fine, et pourtant, elle mange pas mal ! C'est quoi son secret ?

( Pando )

Voler au dessus du lac, puis faire un pique-nique, avec Hadley en plus ? Oui, là par contre, je la reconnais bien. Une sortie à deux qui finit en sortie entre potes. Des trucs comme ça, j’en ai bouffé aussi en tant qu’expert de la Frienzone. Alors ça lui ressemble pour le coup. Mais ça n’explique toujours pas son regard insistant, et maintenant, ses lèvres qu’elle mordille comme si ça pouvait lui faire du bien. Mon analyse de son comportement commence à durer sur la longue et je pense que c’est pas anodin. Y’a quelque chose qui se trame dans sa caboche, mais je me vois mal lui faire remarquer. Ça ne se fait pas de dire à quelqu’un qu’il est bizarre, si ? Je garde ça dans un coin de ma tête, on sait jamais. « Oui j’adore Hadley, elle est géniale ! » Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus à son sujet en fait. Unique et géniale, ça va bien ensemble je trouve. Bizarroïde aussi, d’une certaine manière. Tout comme moi je le suis à ma manière. J'ai d'ailleurs un sourire très admiratif qui se dessine soudainement sur mes lèvres, pensant à la blonde, ma petite bombe de tristesse mise à l'abris un peu plus tôt dans l'année.

Refuser à manger, c’est pas vraiment dans mes habitudes. Jusqu’à aujourd’hui, je pensais même que ce n’était pas dans mes cordes. Mais j’ai eu une part de raison il faut croire. En vrai, sans déconner, quelqu’un veut me tuer, il s’en prend en empoisonnant de la bouffe et c’est réglé ! Concernant plein de choses, je peux être très très faible. Je pourrais d’ailleurs très facilement être faible face à ses jolis yeux qui se rapprochent de moi, face à ce sourire taquin qui lui colle à la peau. C’est un nouvel ensemble qui me rend plus perplexe que joviale. Oh oui je suis gêné, légèrement intimidé, un peu nerveux parce que c’est inédit, mais aussi parce j’ai une jolie fille en face de moi. N’importe qui à notre place sentirait l’atmosphère spéciale qui règne entre nous. Mais elle a quoi aujourd’hui ? Elle a mangé un truc qu’il fallait pas ? Bon là c’est trop. Je rigole à sa petite taquinerie, parce que c’est carrément pas faux et bien placé. « C'est pas faux ! » J’offre des petits hochements de tête approbateurs avant de m’exprimer finalement sur le sujet, maintenant mon visage où il est, transformant la taquinerie en petit moment de confidence. « Tu vas bien Arte ? Je veux dire c’est cool de te voir aussi souriante, heureuse, pleine d’appétit.. mais, t’as gagné au loto ? Rencontré le christ ? Avalé un laxatif ? Je te trouve bizarre. » Oula, l’utilisation du mot bizarre, ça va peut-être pas lui plaire.. Vite, action réaction ! J’enchaîne directement en reculant un peu mon visage. « Enfin bizarre non, t’es pas bizarre, c’est juste pas normal ! Enfin non, je dis pas que t’es pas normale, mais que ça change de l’ordinaire, ou alors c’est moi qui débloque, ou je peux fermer mon clapet aussi si tu veux ? Bref, je pense que t’as compris… » Et voilà. J’ai paniqué. J'ai tout enchaîné sans respirer. Comme d’habitude. Garry, sors de ce corps ! Oui, des fois je suis con comme ça. Je panique pour rien lorsque je sais que je suis sur le point de dire une connerie, si je suis pas carrément déjà entrain d’en dire une. C’est comme ça que j’ai perdu les faveurs d’Artemisia, si encore je les avais eu une fois dans ma vie. Je tiens pas à lui plaire, plus maintenant. Là, je veux juste garder mon amie. Mais pourquoi elle le prendrait mal ? Elle pouvait être super vache à l’époque, je vous jure, vous la connaissiez pas !

( Pando )

Je manque vraiment de délicatesse par moments. En fait je suis juste quelqu’un qui ne sait pas cacher à quel point il peut être embêté, amusé, énervé, gêné. J’exprime toujours tout sans penser aux conséquences. Parce que des fois on a le sentiment de bien faire, d’être juste soi-même, mais rien qu’en parlant, on peut perturber quelqu’un. Avec des inconnus je suis naturel à souhait, alors avec les amis, c’est encore pire. Toutes ses petites choses me rendent plutôt maladroit, et j’imagine qu’ils m’aiment ainsi. J’ai quand même eu la jugeote de me demander si Artemisia apprécierait ma question. Au final je l’ai posé, de manière encore plus bizarre que le bizarre dont je l’accuse, mais je crois qu’on commence à avoir l’habitude maintenant non ? Réaliser ses mots après les avoir dit, dans la seconde d’après, il faut croire que c’est totalement mon kiffe. La regarder s’éloigner d’une tête, soudainement un peu gênée, comme j’aurais dû m’en douter. Pourquoi j'ai paniqué vous croyez ? Je savais que j'avais dis une connerie ! Je me mords l’intérieur de la joue, mais je me retrouve vite à sourire, rassuré, lorsqu’elle fait de même. Elle se justifie en déclarant qu’il n’a rien de plus normal que de vouloir passer du temps avec un ami. Alors oui, je suis totalement d’accord avec elle. C’est plutôt le temps que j’ai pris pour devenir son ami qui rend les choses bizarres. Bon d’accord, au début c’est autre chose que je voulais, mais une fois qu’on te classe dans la catégorie des relou, dur de changer la donne. Mais oui, Artemisia est mon amie, et je suis très content qu’elle soit venue me voir aujourd’hui, si souriante, si sincère, si affective.

Voilà ensuite qu’elle s’exprime de mots que j’aurais aimé entendre autrefois. Elle est désolé pour son comportement passé, m’apprécie et espère qu’on soit bien amis à mes yeux. Alors je sourie de cet habituel sourire satisfait, hochant la tête comme une évidence. Au fond de moi, je suis touché, je vous assure. Ça me fait super plaisir ce qu’elle me dit, elle ne pouvait pas faire mieux, et ça se lie sur mon visage. « Oh tu sais, je devais pas être facile à vivre non plus, mais.. Merci, l’ami, vraiment. Amis pour longtemps j’espère ! » Plein de sincérité au début, mon regard touché rivé dans le sien. Puis un énième sourire amicale qui s’étend à cette friendzone officielle et définitive à laquelle je m’étais déjà fait depuis un bail. Bien sûre qu’elle est mon amie. Artemisia est une fille très bien au fond d’elle, je le savais bien, et ça, c’est toujours bon à prendre !

Lorsqu'elle évoque des retrouvailles autour de la bouffe, c'est à mon tour que je recule ma tête tombante vers l'arrière, amusé. « Ça c'est bien dit ma p'tite dame ! C'est que tu me connais bien. » Pour l'occasion je tends mon bras pour lui piquer un autre sablé que j'enfile dans ma bouche la seconde d'après. Ils sont délicieux ! « Le pire c'est que t'es venue me perturber au milieu de mes révisions, moi, pauvre redoublant passé en quête de savoir et de succès. Mais ça n'a pas la moindre importance à côté du fait que tu sois venue avec ta bonne humeur ET de la nourriture ! » Dis-je avec énormément d'amusement et d'ironie du début jusqu'à la fin. C'est surtout très auto-dérisoire aussi, en sachant que je ne suis pas un gros bosseur destiné à beaucoup de succès et de savoir. Tout le monde sait que quand j'apprends, c'est en faisant semblant de bosser. C'est un talent, un don, ça s’explique pas.

( Pando )

Qui n’apprécie pas un petit compliment une fois de temps en temps ? J'aime bien, c'est sûr, mais je n’en tiens pas tout le temps rigueur. C’est flatteur c’est sûr, mais je suis trop modeste pour vraiment l’accepter. Artemisia me défini comme étant extraordinaire, y’a pas plus flatteur comme mot, mais y’a surtout pas plus inacceptable. Etre extraordinaire, c’est en partie sortir de l’ordinaire. Certains apprécieraient de se savoir différent, d’autres trouveraient ça louche. Quand on décompose le mot, ça semble définir quelqu’un de bizarre, et pourtant, il est toujours utilisé par admiration. Je ne comprendrais jamais la langue ! Alors je réagis modestement à son compliment, secouant un peu la tête et les épaules, un sourire gêné de flatterie aux lèvres. Non sérieux, c’est trop pour moi ! « Arrêtes.. » Dis-je sans fausse modestie, une voix très basse, conscient que je n’ai pas une super grande estime de moi-même. Conscient aussi que tant de sincérité venant de cette blonde dont je rêvais, ça me touche.

S’échapper de tout ça en usant d’ironie, exposer le mensonge puissant de mon activité de bosseur. Arte sait parfaitement que je ne bosse pas souvent, que je me contente de ce que j’ai retenu. Bon c’est un peu générale comme observation. En vérité je bosse un peu tous les jours, pas toujours au même niveau de concentration. Mais bon, c’est toujours marrant d’utiliser les "on-dit" et d’en jouer. Sourire, laisser percer le bout de ma langue, amusé par sa réaction. C’est qu’elle se moquerait presque de moi, hein ? Et je rie de moi aussi, je rie de nous. Alors que j’avais écarté mon bouquin, Artemisia s’interroge justement sur ce que je révisais si faussement sérieux. Tendre le bras, poser ma paume de main sur les pages encore ouvertes, des pages que j’ai précédemment éloignés de nos deux gobelets pleins. « Défense contre les forces du mal, un vieux cours de lycanthropie et vampirisme. » Dis-je en tapotant sur le bouquin. « Ça va t'inquiète, je me débrouille ! Je sais pas mal de trucs sur le sujet, mais si déjà je me motive à réviser en détail, autant que ça soit quelque chose qui m’emballe ! » Hausser les épaules, sans partir dans les détails, comme le fait que les moldus connaissent beaucoup de choses sur ses créatures, sans même se douter qu’elles existent. C’est à se demander d’où ça leur vient ? Nos deux mondes ne sont peut-être pas si différents en fin de compte. Certains pensent que les non mages deviendraient fous en découvrant le monde sorcier, que ça le dépasse. Moi je pense que pour la plus part d’entre eux, ça serait le rêve. Y’a qu’à voir mes yeux s’illuminer à chaque fois que j’apprends quelque chose de nouveau. Si vous-voulez mon avis, Loup Garou tueur ou simple être humain, les deux sont des monstres. Puis je fais glisser le livre vers nous, oubliant déjà totalement la raison pour laquelle je l’avait éloigné : Les gobelets plein de Bièauberre.

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Je voulais pas choisir :

1 - 3 - 5 : Maladroit comme toujours, le geste brusque de mon livre rapporté vers nous, percute le verre d'Artemisia qui se renverse sur mes genoux. Yes, bien sûr ! Je réagis à peine, j’écarte juste mes bras de mon corps, regard blasé, maudissant mon talent. « Ah bah ouais, bien sûr. C’est pas drôle sinon. » Qu'est ce qu'elle disait déjà ? Extra-quoi ? Ah oui, ordinaire.
2 - 4 - 6 : Maladroit comme toujours, le geste brusque de mon livre rapporté vers nous, percute mon verre qui se renverse sur Artemisia. Oh la loose ! Si je fais des trucs comme ça, tu m’étonne qu’elle voulait pas de moi ! Je prends un air follement désolé, scrutant partout autour de moi pour trouver une serviette, de quoi essuyer. « Mais quel couillon ! Je suis désolé, attend..! » Qu'est ce qu'elle disait déjà ? Extra-quoi ? Ah oui, ordinaire.

( Pando )

Je sais qu'Artemisia adore tout autant que moi le cours de défense contre les forces du mal. J'ai appris à la connaître, et à la connaître vraiment bien. Je sais donc parfaitement que si jamais j'ai besoin d'aide, elle n'aura aucun mal à le faire. Même si le sujet me passionne, je suis certain que son devoir serait toujours meilleur que celui que je pourrais faire. Alors je me vante de pouvoir me débrouiller, je me vante d'être au taquet alors que je faisais clairement semblant de lire, retenant un mot sur deux, un paragraphe sur trois. Qui fait le malin tombe dans le ravin, ou là plutôt, c'est le verre qui tombe. Karma ma biche ! J'ai simplement voulu rapporter le livre vers moi et voilà que je me renverse un verre sur les genoux. Pire encore, ce n'est pas mon verre que je renverse, mais celui de quelqu'un d'autre, celui d'Artemisia ! Alors ouais, là je mérite la palme d'or du trouffion. Y'a rien de plus bête au monde que ça; se renverser du liquide dessus. Je suis la résurrection d'un enfant des années 2000 c'est ça ? Je dois faire des coup de maladresse vieux comme le monde tel que celui-là ? Artemisia rigole, mais moi je rougis, lèvres pincées, incapable de dire quoique ce soit. J'ai malgré tout les lèvres étirées en un sourire fermé, gêné, clairement honteux. En général il m'en faut beaucoup pour avoir honte, et vu le nombre de fois où je me suis chier la honte devant Artemisia, ça ne devrait même plus me faire d'effet. Eh bah là.. j'étais pas prêt, voilà ! Alors j'hoche la tête, approbateur, lorsqu'elle déclare que je suis aussi extraordinairement maladroit. « Je l'ai toujours dis ! » Dis-je avec un amusement qui peine à cacher ma gêne, mes deux mains en l'air en parfaite esquive du liquide qui goutte sur le sol et me détruit le pantalon. Je la regarde prendre des serviettes de son panier magique de Mary Poppins et essuyer ce qu'elle peut. Moi je suis immobile, encore pétrifié par la froideur du liquide. C'est un zéro pointé pour la réactivité. Un peu plus haut et c'était l'hiver. Habla boules de neige !

Le réflexe suivant d'Arte me sauve le froc. Elle jette le sort Recurvite pour nettoyer les tâches gisantes sur le tissu, et j'ai l'impression de faire face à ma mère. Sauf que ma mère ne rirait pas. Je vous assure qu'au bout de 15 ans, on arrête de rire. On peut juste prier Dieu d'éloigner Satan de ma vie, comme elle l'a fait à la première manifestation de mes pouvoirs. « Merci tu gères ! » Je passe d'un réflexe mes mains sur mon pantalon, et je constate que c'est parfaitement sec. Je lui jette un sourire affectif, malgré tout content de l'avoir fait rire. C'est si je lui avais foutu la honte que je ne serais déjà plus de ce monde. Je jette un regard autour de nous car je ne sais plus où me mettre. Un petit silence qui me fait entendre le bourdonnement de mon ventre affamé, et ça me donne une idée. Une idée des plus simples, mais des meilleures. « On descend déjà dans la grande salle ? Tu m'as ouvert l'appétit avec tes gâteaux ! » L'heure du repas approche. La voilà la meilleure idée du monde : manger, encore et encore. Je n'ai plus envie de bosser de toute façon. Je veux à la limite oublier l'épisode catastrophe, mais pas celui où Artemisia s'ouvre à moi. Elle s'est ouverte de la sorte pour la première fois. Et franchement, ça fait bizarre.

( Pando )