Avec l’étouffante ambiance qui régnait au château ces temps-ci, impossible de se détendre et de respirer un bon coup. Entre la méfiance qu’accordait Lena à presque tous ses camarades, et les cours qui devenaient de plus en plus exigeants, sans parler de l’hiver qui était d’une rare rudesse, la Serdaigle ne savait plus quand ni comment prendre du repos. Certains de ses amis, si rares fussent-ils, lui accordaient un peu de temps dans la salle commune ou dans des coins tranquilles. Or, lorsqu’ils ne travaillaient pas sur les longs devoirs de Botanique, leur sujet de discussion tournaient souvent autour des badges rouge ou de la mystérieuse créature. Mais ils étaient indéniablement bienveillants avec elle. Même Hadley, à qui Lena n'avait presque pas parlé depuis la première année, l'avait rassurée un soir où elle était e profonde déprime. Bien qu’il soit important pour Lena d’être le plus possible au courant des moindres agissements au château afin d’être en mesure de prévenir ses frères s’il le fallait, car souvent les attaques à Poudlard visaient les nés-moldus. Même une simple promenade dans le parc enneigé s’avérait impossible. Le manque de temps pour la quatrième année et le vent glacial qui attaquait jusque dans les os n’étaient pas favorables à une balade. Bien que la jeune fille soit habituée à de très basses températures là-haut, à Bearpark, les Highlands d’Écosse conservaient leur redoutable réputation. Bref, le temps en dehors des quatre murs du château manquait cruellement à Lena. Mais ce n’était pas la détermination et la volonté qui allaient lui manquer.
Lena s'était réveillée de bonne heure ce jour-là. Elle avait décidé, avec son amie Solyne, de passer une journée hors de l'ambiance lugubre qui régnait à Poudlard. La Gryffondor était ce genre d’amie rassurante et avec qui Lena se sentait bien, et elle en avait particulièrement besoin ces temps-ci. Solyne avait ce côté intrépide et franc que Lena appréciait beaucoup. Passer du temps avec elle parvenait à faire oublier à Lena leur soucis. Les deux amies s’étaient préparées un programme anti-stress. Après une après-midi à flâner à Gaichiffon, à Honeydukes et à Zonko, comme deux adolescentes normales, elles s’étaient dirigées vers les Trois-Balais pour terminer la journée en beauté autour d’une boisson chaude.
Lena invita Solyne à prendre place à une table non loin de la cheminée, et se soulagea de ses sacs de courses. La taverne était remplie. De nombreux élèves et professeurs de Poudlard occupaient les lieux et bavardaient bruyamment, une chope de bièraubeurre à la main.
- Enfin, soupira Lena dès qu’elle se fût débarrassée de son manteau. Alors tu vas prendre quoi ?
En très peu de temps, un charmant serveur se présenta à leur table pour prendre leur commande. Lena fût la première à répondre.
- Un chocolat chaud s’il vous plaît.
La Serdaigle regarda en direction de son amie, attendant qu’elle passe sa commande. Cet après-midi avait été des plus rafraîchissante, en tous les sens du terme. Lena avait pu se vider entièrement la tête, elle avait totalement changé d'air et cela lui avait fait beaucoup de bien. Loin des problèmes du château, loin de la peur et de la pression des cours, la vie semblait suspendue. Elle espérait que pour son amie aussi, cette sortie eut été une parenthèse. À présent l'esprit léger, Lena sentait qu'elle pouvait affronter toutes ces question auxquelles il n'y avait pas encore de réponse d'un œil plus serein.
- Merci Solyne. J'ai passé une super journée, j'espère que toi aussi. Tu as acheté quoi déjà ?
Très vite, encore une fois, le serveur arriva avec les commandes des deux jeunes filles.
- Quel service ! Merci beaucoup.

À l'attention des NYLiens:

L'ambiance tamisée des Trois-Balais avec son joyeux brouhaha était tout aussi réconfortant que la salle commune des Serdaigles. Un feu de cheminée crépitait non loin d'elles et les fenêtres partiellement embuées laissaient percevoir les flocons de neige tomer à l'extérieur. La journée avait été fraîche et Lena était soulagée de s'être enfin posées dans un endroit chaud. Se débarrasser de toutes ses couches de manteau, écharpe et bonnet avait été pénible mais on se sentait mieux enfin libre de ses mouvements. À côté des deux amies, un tas non négligeable de leurs vêtements d'hiver et de paquets touts justes arrachés aux magasins encombrait le passage entre les tables. Les Trois-Balais pouvait se montrer exiguë à cette période de l'année, lorsque tous les clients ont des couches de manteaux et se pressent à l'intérieur afin d'échapper au froid. L'été, et surtout lorsque Poudlard n'organise pas de sortie à Pré-au-Lard, le restaurant ne devait pas du tout avoir la même allure. Mais tout cet encombrement plaisait à Lena. Le bruit, le mouvement. Même si d'habitude elle préfère les endroits calmes et reculés, un peu d'agitation hors des mystères du château s'avérait étonnamment rassurant.
Lorsque les boissons des deux filles arrivèrent, Lena s'empressa de coller ses mains contre sa tasse afin de réchauffer ses doigts. Le chocolat chaud du pub était l'un des meilleurs que Lena n'ait jamais goûté et son parfum avait ce pouvoir d'apaisement sur elle. Le serveur s’éloignait et Solyne détourna l'attention de la brune qui le regardait partir. Extirpée de ses pensées et un peu confuse, Lena bafouilla et rit nerveusement.
- Hein ? Euh... bien sûr, ça a été très rapide, dit-elle les yeux rivés sur sa tasse et en se sentant rougir. Il est mignon, quoi c'est tout.
Son regard dévia sur la tasse de son amie. Lena ouvrit grand les yeux en voyant la montagne de chantilly que le barman avait accordé à Solyne. Elle était impatiente de voir comment son amie allait s'y prendre pour ne pas se mettre de la crème partout.
- Ben dis donc ! Bon appétit ! s'exclama Lena dans un étouffement de rire.
Elle souleva sa tasse encore fumante et la tendit en direction de la Gryffondor pour trinquer. Elle se brûla légèrement la langue en buvant trop vite sa boisson. Elle refusait que cette journée ne finisse. Les deux amies avaient passé l'après-midi à faire ce que n'importe quelles autres filles de leur âge aurait fait. Lena n'est pas soucieuse de son apparence ni spécialement attirée par cette activité, mais de temps en temps, il faut avouer que cela fait du bien de se sentir normale. Passer du temps entre les rayons à admirer les couleurs et toucher les textures s'était révélé très relaxant. Si d'habitude elle préférait les activités en plein air et dépenser son énergie à une bonne course de luge ou une bataille de boule de neiges, c'était le calme des intérieurs des boutiques de Pré-au-lard qui avait gagné la partie. La plupart du temps, les deux amies s’adonnaient à ces activités dans le parc de l'école et Lena savait bien que Solyne aurait sans doute troqué le shopping pour une ballade dans la neige. Mais au moins, elle avait eu l'occasion de compléter sa garde robe.
- Ah oui, ce pull, j'avais oublié ! Il est super beau, il te va très bien. Moi aussi j'ai dépensé le plupart de mes sous pour les sucreries de Honeydukes. Il faut vraiment que je me calme avec les confiseries moi, dit-elle en jetant un œil à son paquet rempli de chocogrenouilles, caramels et autres dragées surprises. Et puis il y avait ce gilet en laine. Il est tout doux, touche.
Elle tendit son nouveau gilet gris à Solyne sans remarquer qu'il avait frôlé le bord de la chantilly de son amie. Une des manches avait maintenant une petite marque blanche.
- Mince ! Je suis désolée... Qu'est-ce que je suis maladroite.
Lena attrapa une serviette et la tapota contre la tâche mais rien n'y faisait. Ses habitudes moldues n'étaient d'aucun secours. Puis, elle se remémora cette fois au Chaudron Baveur où elle avait fait tomber sa bièraubeurre. Elle avait paniqué et demandé à sa voisine de bar quel était le sortilège pour nettoyer rapidement. Récurtout ? Récur... quoi déjà ?

Même si ce genre de sorties n'étaient pas les favoris de Solyne, elle acceptait avec bon cœur d'accompagner son amie Serdaigle faire les boutiques. Et puis ce n'était pas comme si elle avait totalement perdue son temps. Solyne avait pu compléter sa garde robe et, bonne chose ou non, avait fait le plein en douceurs de chez Honneydukes. La Gryffondor tenait un bon point: si elles se goinfraient de chocolats, leurs dépenses auraient été inutiles, en effet. Lena pouffa de rire à la répartie de son amie.
- Tu as raison, finit-elle par avouer. C'est une bonne idée de mettre une confiserie juste à côté d'un magasin de vêtements, ironisa-t-elle.
Lena jeta un œil au manche de son nouveau pull en laine, un air de déception sur le visage. Heureusement que Solyne a toujours le mot pour positiver les choses. Même si avoir un pull sucré n'était pas le but premier de Lena, elle rit au commentaire de son amie. Laissant tomber les torchons en papier de la taverne qu'elle tapotait sur la laine en vain, elle se dit qu'elle pourrait toujours trouver un moyen de le rendre comme neuf en rentrant au château. La magie ça peut régler ce genre de dégâts normalement, je n'aurais qu'à chercher dans un livre de sorts, se dit-elle en haussant les épaules. Alors qu'elle s’apprêtait à remettre son pull dans l'emballage de Gaichiffon, Lena entendit résonner une voix qui lui était familière. Elle tourna la tête en sa direction et reconnut Tracy, une de ses amies de Serdaigle. Cela faisait un bon moment qu'elle ne lui avait pas parlé, entre les cours, ses obligations de préfète, ce qui peinait légèrement Lena. Les deux filles n'avaient pas énormément en commun au premier abord, ni des amis, et encore moins leurs cours, mais elles s'appréciaient tout de même beaucoup. Lena adorait se confier à sa préfète, cela la rassurait qu'elle soit en charge de sa maison. Et puis, elle retrouvait en Tracy la grande sœur qu'elle n'avait jamais eu. Son visage s'illumina alors d'un sourire en la voyant s'approcher de leur table.
- Tiens, salut Tracy ! Ça fait un bail dis donc. Oui, mes vacances étaient super, et les tiennes alors ? Oh, j'ai maladroitement trempé mon pull dans la chantilly et j'arrive pas à l'enlever. Ne t'en fais pas, je le nettoierai en arrivant à Poudlard.
Voyant la tâche sur le vêtement neuf, la préfète avait eu la gentillesse de proposer un coup de main à Lena. Et refusant d'avouer qu'elle avait oublié une formule de probablement deuxième année, Lena déclina la proposition. Au plus grand soulagement de la brunette, Tracy changea de sujet et se présenta à Solyne. Les voir se rencontrer pour la première fois sous ses yeux lui arracha un sourire. Elle était sur le point de proposer à la Serdaigle de se joindre à elles, après avoir jeté un rapide coup d’œil d'approbation à Solyne, quand une nouvelle voix familière les interpella. Lena ne l'avait pas tout de suite reconnue, avec toute cette agitation dans la taverne, mais Ariel se tenait derrière Tracy, une tasse remplie d'une boisson chaude à la main.
- Salut Ariel ! Merci, oui je viens de l'acheter à Gaichiffon, précisa Lena, son pull gris toujours entre ses mains.
La Gryffondor parut lire dans les pensées de Lena et invita les deux Serdaigles debout à s'asseoir à leur table. Pendant que Solyne et Ariel prenaient des nouvelles l'une l'autre, Lena tira une chaise vide afin que Tracy y prenne place.
- Une chance que tu sois tombée sur moi, confia-t-elle à cette dernière. Ça faisait longtemps qu'on voulait se voir en plus.

Ariel savait toujours rajouter du positif dans tout ce qu'elle voyait. C'était pourquoi Lena adorait autant passer du temps avec elle. Lorsqu'elle sentait son moral dans les chaussettes, rien de mieux que de retrouver la Serdaigle autour de confiseries d'Honeydukes ou d'un cours de vol improvisé. Bien sûr que le pull gris était mieux sans tâche, et bien sûr qu'Ariel taquinait son amie, mais Lena ne put s'empêcher de renter dans son jeu en riant.
– Merci Ariel. Tu verras je vais lancer une nouvelle mode !
Lena ne répondit rien à la proposition de sa préfète. Elle n'avait pas la moindre intention de se ridiculiser en laissant quelqu'un de plus expérimenté nettoyer son pull à sa place. Non, elle tenterait de le nettoyer avec du savon ou bien de jeter le sortilège adéquat une fois arrivée dans son dortoir, à l'abri des regards. Ses lacunes en sortilèges lui faisaient honte et elle avait horreur de s'essayer à jeter un sort devant d'autres personnes de peur d'échouer. Elle se contenta de sourire à Tracy, lui faisant comprendre que ce n'était gère la peine. Elle enfouit le vêtement dans son sac et préférait ne plus y penser. La Serdaigle était rarement aussi fière, mais depuis qu'elle avait été privée de sa baguette, elle avait beaucoup de peine à la faire obéir. Le lien qui l'unissait à la sorcière avait grandement été endommagé. Elle avait gardé en travers de la gorge les moqueries et les insinuations que lui faisaient les sang-purs de son année dans le cours de Winslow.
Heureusement, la préfète Serdaigle n'insistait pas plus que cela et elle prit place avec plaisir aux côtés de Lena, lui faisant part de ses vacances. Sa confession fit sourire la quatrième année qui comprenait parfaitement la situation. Certaines familles moldues pouvait mettre leur maison sens dessus dessous pour accueillir de la famille ou tout simplement pour respecter au mieux la tradition. De son côté, les fêtes de Noël étaient plutôt calmes. Les Chasemane passaient un temps très précieux en famille à lire, discuter, jouer, tout cela dans la plus grande simplicité.
– Je comprends tellement ! Pour la famille du côté de ma mère c'est l'événement de l'année et ils chamboulent tout ! Ça peut être étouffant. Mais quand on reste à Bearpark tous les cinq, on est plus du genre à se reposer dans le calme et profiter d'être tous ensemble, confessa Lena le regard mélancolique.
Cela faisait du bien à Lena d'échanger sur des banalités propres à sa chère communauté moldue. Bien sûr, Noël se fêtait également chez les sorciers, mais les traditions restaient relativement différentes. Et Tracy vivait sans doute cette période de la même manière que Lena, avec les mêmes genres d'histoires, au vu de son statut sanguin. Même si elle l'avait renié pendant la période dictatoriale de Blackman, Lena savait que c'était pour éviter les cachots et son geste était légitime. Enfin, sans compter les insultes qu'elle avait faites aux nés-moldus afin de parfaire sa couverture. Beaucoup d'autres personnes auraient réagit pareil si c'était par réflexe de survie. Du moment que cela n'avait pas affecté sa propre situation, Lena ne voyait pas pourquoi elle lui en voudrait. Et puis, depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et elle a largement purgé sa peine infligée par des nés-moldus trop rancuniers.
En tant que préfète, il était naturel que Tracy s'enquiert du moral de la Serdaigle. Comment vivait-elle les récents événements au château ? Pas très bien. Elle ne voulait pas inquiéter son amie, mais il était absolument inutile de lui mentir. Tracy était sa préfète et elle devait connaître les sentiments de sa maison pour protéger au mieux les élèves.
– J'essaye de ne pas y penser, surtout, et je compte les jours jusqu'aux vacances prochaines à chaque rentrée si tu veux tout savoir. Mais, tu sais, je ne fais pas trop de soucis, les aurors sont h/24 dans les couloirs, il n'y a aucune raison pour qu'il y ait une attaque, non ?
Lena essayait en vain de se persuader que rien ne se passerait, mais elle gardait tout de même un terrible présentiment. Elle comptait sur sa préfète pour confirmer ses espoirs et l'aider à enfin penser à autre chose. Même si les chances que cela se produise étaient minces.
– Je veux dire, s'il y avait vraiment un danger, ils nous auraient renvoyés chez nous, pas vrai ?
Malgré le brouhaha du pub, les tristes aveux de Solyne volèrent jusqu'aux oreilles de Lena qui tourna légèrement la tête en sa direction. Elle comprenait tout à fait les sentiments de la Gryffondor, car elle-même rêvait parfois de vivre recluse dans sa campagne à préparer des remèdes avec les plantes de sa future serre. Elle accorda un sourire compatissant à son amie.
– T'en fais pas, encore deux ans et demi et tu pourras faire ce que tu veux.
Lena ravala sa salive difficilement. Elle, avait encore trois années avant d'obtenir son diplôme. Et tout cela pourquoi ? Parce qu'elle avait lamentablement été enfermée dans un cachot pendant presque un an. Si seulement elle avait pu suivre les cours afin de valider sa troisième année, elle n'aurait pas eu autant de retard. Voir ses amies et anciennes camarades de classe partir de Poudlard alors qu'elle sera encore à sa septième année sera très difficile. La Serdaigle secoua la tête essayant de chasser ces sales pensées de son esprit. Elle était entourée de bonnes copines loin du château dans un pub chaleureux, ce n'était pas le moment de se prendre la tête.

HJ:

Visiblement, il n’y avait pas que Lena qui déchantait ces derniers temps. La présence des aurors se voulait rassurant, d’une certaine manière. C’est vrai, s’ils sont là, rien de très grave ne pouvait arriver au château. Mais s’ils sont là, cela voulait aussi dire qu’ils soupçonnent quelque chose. Lena observait le regard de ses trois amies et chez toutes elle pouvait y lire la peur. Bien sûr, aucun danger imminent n’était à envisager. Mais en plus de cette angoisse perpétuelle, la fatigue, l’épuisement, même. Cela faisait des mois depuis ce message sur le mur et depuis, aucune nouvelle. Toute l’école savait qu’une bête rôdait dans les canalisations depuis l’attaque de MacDougall, mais aucun indice sur son origine, ses intentions. Les moins aveugles d’entre eux savaient que la créature n’avait pas été placée là par hasard et qu’encore une fois, les “impurs” seraient sa cible lorsqu’elle décidera de passer à l’action.
Encore au chaud dans leurs Salles Communes, à rédiger des devoirs comme si de rien était, les élèves vivaient avec une épée de Damoclès au dessus de leur tête. Ce qui était le plus fatiguant, c’était d’être dans l’attente d’une attaque qui pouvait arriver à tout moment, et par n’importe quel moyen. Le corbeau pouvait s’incruster furtivement dans une fête de l’école et empoisonner les boissons, tout comme il pouvait débarquer avec une armée à la manière de Blackman deux années auparavant. Être dans l’inconnu, le brouillard était insupportable pour tout le monde et les nerfs commençaient à lâcher. Lena pensait que les vacances d’hiver feraient du bien à tout le monde, relâcherait cette pression accumulée durant l’automne, mais à peine rentrés à Poudlard en Janvier, les élèves sombraient encore peu à peu dans une profonde inquiétude. Beaucoup se demandaient pourquoi l’école ne fermait tout simplement pas, comme Aisling le suggérait parfois.
Tracy n’avait pas tort, il était inutile pour des adolescents encore dans l’apprentissage de sortilèges de défense de se dresser contre une armée de néo-mangemorts, si néo-mangemorts il y a.
– J’espère qu’on en arrivera pas jusqu’à là, mais si c’est notre seul moyen, je te suis avec plaisir. Je suis sûre qu’ils ont des pistes, personnellement. Mais arriveront-ils seulement à dénouer ce mystère avant qu’il ne soit trop tard ?
Quel soulagement d’avoir une préfète à ses côtés. Et de sa propre maison qui plus est. Non seulement Tracy était une très bonne amie pour Lena, mais elle pourrait aussi être en mesure de lui donner des informations sur ce qu’il se tramait au château. L’ennui c’était que visiblement, personne ne semblait avoir trouvé quoi que ce soit. C’est ce qu’Ariel souligna, de manière directe certes, mais de sa voix douce et innocente. Elle était perdue, comme tout le monde dans cette école, même les préfets. Lena lança un sourire au visage embarrassé d’Ariel. Elle pouvait se montrer un peu rude, mais n’avait jamais de mauvaises intentions. Et puis, elle n’avait pas forcément tort. Tracy semblait aussi déboussolée que tous les autres.
Lena eut un petit rire en entendant la fin de la tirade de Solyne. Elle n’était pas obligée d’utiliser ce qualificatif, bien que cela adoucit la Serdaigle. Lena tourna la tête en sa direction et lui offrit un sourire plutôt autant gratifiant qu’amusé. Elle préférait ne pas répondre et se contenta d’acquiescer doucement à ses dires.
– C’est vrai, il faut continuer de se battre, même si ça ne consiste qu’à aller en cours et vivre notre vie comme si de rien était. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on finisse par leur abandonner Poudlard pour que leurs familles… euhm… “pures” soient tranquilles. Faut pas abandonner. Je sais pas pour vous mais moi j’ai pas envie d’abandonner la magie.
Lena s’efforça à ce qu’il n’y ait aucune intonation qui pourrait inspirer de la pitié à ses amies. Elle avait parlé le plus naturellement possible, comme si elle avait parlé de la pluie et du beau temps. Certes, elle était née-moldue à la différence d’Ariel et Solyne, mais elle n’était pas faible pour autant. Elle avait autant de raison de détester Blackman que les autres et avait autant de raisons de se battre pour ses droits. Enfin, elle osait croire que les sang-mêlés et sang-purs tolérants préféraient une école diversifiée et sans violentes discriminations.
– C'est sûr qu'on ne sait rien de ce — ou même ces — agitateurs. Faut continuer à vivre, quoi. Tout en ayant une sortie de secours, dit-elle en regardant Tracy. Elle n'y avait pas pensé mais connaître les passages secrets du château ne serait pas négligeable. Jusqu'ici tout va bien, comme on dit en France..., conclut-elle le regard dans le vide et prenant une gorgée de chocolat chaud.