Juste le temps d'un devoir ? ♔ feat. Ollie

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A very cute boy

EXORDIUM.

Le mois de décembre était arrivé, apportant avec lui les premières traces de neige, souvent accompagnées de rafales de vent qui donnaient l’impression d’arracher les arbres de leurs racines. L’atmosphère chaude et agréable de l’été me manquait beaucoup car ce nouveau climat ne me donnait pas du tout l’envie de sortir dehors pour me les geler en cours de botanique. J’étais toujours tentée de sécher cette matière qui, à mes yeux, ne disposait d’aucun intérêt pour ma vie mais si sécher une fois de temps en temps pouvait passer, le faire de façon trop répétitive risquerait de me porter préjudice. Je n’avais aucunement l’intention de faire chuter le sablier de Poufsouffle, ni de me faire remarquer négativement par mes préfets ou ma directrice de maison. J’en avais suffisamment à faire avec cette histoire de badge et de lettres anonymes… J’avais tenté de faire reculer Milo vers une fausse piste pour qu’il me fiche la paix avec ses soupçons.

Quoi qu’il en soit, cette météo peu favorable aux sorties me contraignait à devoir me cantonner aux quatre murs du château. C’était dommage de ne pas pouvoir prendre l’air après un cours sans éviter d’attraper un coup de froid alors, généralement, on se détendait tous dans notre salle commune et les septième année connaissaient quelques moyens magiques capables de rendre cette pièce plus belle et attachante que d’habitude. Je m’y étais toujours bien sentie ici même si je me plaignais parfois de son manque de style, de sa trop grande simplicité qui était pourtant l’une des grandes qualités de notre maison. Dans le fond, je me demandais pourquoi j’étais à Poufsouffle alors que j’étais quelqu’un de très superficiel mais cela ne me déplaisait pas. Les gens les plus sociables et cool étaient soit à Poufsouffle, soit à Gryffondor alors je n’étais sûrement pas tombée si mal. Le pire aurait été d’être répartie à Serdaigle, là où l’humour n’existait pas, là où le travail était le seul mot que les élèves avaient en tête lorsqu’ils se levaient le matin et là où l’on préférait la solitude au rassemblement. Tracy devait bien s’ennuyer là-bas même si je devais reconnaître qu’il s’agissait de son élément. Elle y nageait paisiblement comme une sirène dans un océan.

Ramenant convenablement mon sac de cours sur mon épaule, je refermai derrière moi la porte circulaire qui menait à mon dortoir. Je balayai l’ensemble de la salle commune des yeux à la recherche de ma cible. En me déplaçant parmi les nombreuses tables en bois qui étaient occupées par de nombreux élèves, je finis par la trouver près d’une fenêtre. A partir de celle-ci, on pouvait contempler les flocons qui tombaient lentement du ciel jusqu’à se déposer doucement sur le sol déjà maculé d’une fine couche de neige. Le spectacle était beau quand il était vu de l’intérieur mais il ne me donnait pas l’envie d’aller y mettre les pieds. Je me rapprochai de mon ami Ollie qui, j’espérais, ne m’avait pas attendu depuis trop longtemps. Je lui avais donné rendez-vous ici à cette heure-là pour que nous réfléchissions ensemble à notre sujet de commentaire argumenté donné par le professeur MacDougall, plus tôt dans la semaine. Le sujet était libre mais il devait concerner une époque précise en lien avec le chapitre que nous étudions en classe ces derniers temps. Je ne m’en souvenais plus vraiment mais c’était sans nul doute parce que je n’étais pas du tout attentive à ce cours et que je préférais me marrer d’une énième bêtise sortie par l’imagination de Killian.

« Salut, Ollie ! » Dis-je joyeusement tout en tirant une chaise vers moi pour la ramener au niveau de sa table.

Je lui souris et posai mes affaires en face des siennes. Apparemment, il avait déjà ouvert ses cours de Botanique en attendant mon arrivée. Ollie était un garçon un minimum sérieux dans ses études mais il était également cool, drôle et surtout très beau. Un physique d’ange qui vous donnait l’envie de le séduire et de lui arracher un baiser. Mais chaque chose en son temps, je n’étais pas pressée de le surprendre de cette façon. Peut-être un jour ?

« Désolée pour le petit retard, Tessa avait besoin de moi en haut. »

Tessa Collins était une fille de ma classe et également une copine de mon dortoir. Posant mes fesses sur ma chaise, je tirai le contenu de mon sac hors de celui-ci.

« Bon, j’imagine que je n’ai pas le choix. Il va falloir que je lise ce cours affreux ! Repris-je en levant les yeux au ciel. Est-ce que le tien est complet ? Parce que regarde le mien… »

Je lui tendis mon parchemin presque vierge de cours et qui était avant tout rempli de petits dessins en tous genres allant des cœurs à des roses jusqu’à des croquis de robes et de mini-jupes. Des dessins de filles, en somme. Il y avait même une jolie petite contribution de Wendy sur l’un des quatre coins de la feuille et aussi des petits mots du style : « Ca sonne dans combien de temps ? », « Ca me saoule ce cours » ou encore « Il reste 15 minutes… 10 minutes… 5 minutes…0 !!!! ». En lui faisant découvrir tout ceci, je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire plein de malice.

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( juste le temps d’un devoir )

Je suis un peu dégoûté. Il se pourrait bien que cette année, soit le premier Noël que je passe sans ma famille. J’ai entendu des rumeurs, des bruits qui courent comme quoi si un élève se décide à rentrer pour les vacances de Noël, c’est pas sûre qu’il puisse revenir. Ils rigolent nan ? Je veux dire, Londubat a abandonné son rôle de directeur pour se lancer dans l’humour ? Un comique, franchement ça expliquerait pas mal de trucs. Je veux pas dire, ce mec a beau être une "légende" paraît-il, il est aussi inutile que Waluigi du monde Nintendo. Il est là, tu kiffe bien sa gueule, mais t’as beau le voir partout, tu lui trouveras jamais aucun intérêt. Si j'abuse ? Carrément. C'est de mon directeur dont je parle quand même. Mais surtout, au fond, je comprends. Il s'agit de la sécurité de chacun et de celle de l'école. Mais la fin de l'année regroupe toutes mes fêtes préférées, sauf mon anniversaire, et c'est avec ma mère que je veux partager tout ça. Après, un réveillon avec les potes ça peut être cool. Mais je me vois mal recevoir une créature et des piques de pros sang purs snobs comme cadeaux de Noël. La Playstation c'est bien aussi. C’est peut-être à cause de tout ça que j’ai choisis cette table si proche de la fenêtre. Les premières neiges sont arrivées, et à défaut de ne pas traîner dehors, je peux au moins regarder les flocons tomber. C'est beau, nostalgique et assez mélancolique.

Mes affaires de cours déjà étalés sur la table, la plume entre mes doigts, le regard porté au dehors, pensif, j’attends mon amie Candice. Je suis complètement ailleurs, tellement que je manque presque de sursauter au moment où sa voix se fait entendre, au moment où les pieds de la chaise qu’elle pousse grincent sur le sol. Tu fais plus jamais ça jolie blonde ! Je tourne hâtivement la tête vers elle, et esquisse mes lèvres jusqu’aux oreilles, comme j'en ai l'habitude. « Pas d’souci, je comptais les flocons en t’attendant. Comme quoi j’devais vraiment me faire chier ! » Hausser les sourcils sur la fin, exprimer le désespoir que j'évoque à moi-même. Mais surtout, j'évite de passer pour ce mec mélancolique qui regarde pensif par la fenêtre. Quoique, ça aussi j'aurais pu l'avouer sans mal.

Réunis pour bosser sur un commentaire argumenté pour le Professeur MacDougall, Candice vient assez rapidement sur le vif du sujet. Botanique est l’un des seuls cours qui lie quelque fois les 4èmes aux 5èmes années. Alors nous avons décidé de le travailler ensemble. Tant mieux, parce que seul, je ne réussirais surement pas à me motiver suffisamment. Enfin, je réussirais surtout à me concentrer si Candice évite d’actionner le bouton séduction. Je rigole en voyant l’état de son cours qu’elle me tend. Je me penche sur les affaires posées n’importe comment sur la table, et j’en extirpe mes propres notes. Faut l’avouer, elles ne sont pas beaucoup plus propres et complètes que les siennes. J’ai la tendance du flemmard, celle de noter des tonnes de mots sans les lier, sans écrire la moindre phrase pleine de sens. L’idée c’est de laisser mon imagination faire le lien au moment de réviser, un moyen comme un autre de retenir les choses. Oui, c’est juste une excuse à ma fainéantise. Je suis pas le mec le plus sérieux du monde en cours. J’ai juste la chance d’avoir une bonne mémoire et d’avoir à entendre l’info une fois pour la retenir. Encore faut-il que j’écoute, et c’est là tout le comble. Alors je lui expose mon cours, lèvres pincés, une mine faussement embêté. « Une écriture de cochon, des infos n'importe comment un peu partout, et là… » De la plume que j’ai encore en main, je pointe un dessin au bord de la feuille. « … une pâquerette qui a la tronche de MacDougall. » C'est dit avec tant de faux sérieux, que je me pince les lèvres, désolé de lui offrir un tel spectacle. J'adore la Botanique, mais au bout de deux heures je pense qu’on a le droit de se lasser des récits sur les lilas et les pâquerettes. Je vais surtout me dispenser de vous préciser que la seule tête humaine du dessin a volontairement les yeux bridés. Tout ça pour montrer à Candice qu'elle n'a pas à s'en faire, il y a toujours pire que soi. Alors que je repose mon cours et que ma plume pointe à présent la Poufsouffle qui me fait face, je reste optimiste sur le bon courant de notre travail. « Avec les cours merveilleux qu'on a, je crois qu'on va laisser place au talent hein ! Mais si tu veux t'chercher un autre coéquipier, t'as encore le temps, j'te laisse 30 secondes. » Sourire en coin, avec sympathie et amusement, parfaitement conscient qu'elle n'ira pas chercher un autre coéquipier. Alors je ne m'embête pas à faire le décompte. On va peut-être pas abusé. En fait, je veux juste rendre l’atmosphère joviale en sachant qu'on va devoir faire place à un talent que nous n'avons pas. Ah putain ça va être drôle..!

( Pando )

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A very cute boy

EXORDIUM.

Ollie possédait ce brin d’humour qui avait le don de me plaire. C’était un garçon qui n’était pas prise de tête et avec lequel on pouvait passer de très bons moments. Je ne comprenais pas qu’il ne soit pas plus populaire que cela mais peut-être était-ce parce qu’il n’était pas du genre à attirer l’attention sur lui comme le faisait Killian ? En plus d’être fort charmant, il avait la modestie de ne pas trop se mettre en avant. Et justement, à sa remarque au sujet des flocons, je ne réprimai pas un petit rire amusé. Si nous pouvions travailler tous les deux la Botanique dans une atmosphère comme celle-là, cela ne me déplairait pas car cela rendrait le devoir bien plus agréable à effectuer. De manière générale, c’était toujours mieux de bosser en duo plutôt que seul… J’étais même quasiment certaine que je n’aurais rien fait du tout s’il n’avait pas accepté de le faire avec moi. Un commentaire argumenté, sérieusement… Pensez-vous réellement que j’avais la tête à pondre ce genre de choses ? J’aurais pu disserter sans problème au sujet d’un ingrédient additif magique mais toxique que l’on rajoutait dans des produits cosmétiques mais pas les plantes.

N’ayant pas rédigé la totalité du cours récent du professeur MacDougall, je n’étais d’autant plus pas préparée à l’exécution du devoir, ce qui me poussa à vouloir emprunter celui d’Ollie qui, je l’espérais, devait être plus complet. Après avoir ri à la vue de mes dessins et de mes petits mots stupides, il plaça ses cours à ma vue et je dus plisser les yeux pour comprendre ce qu’il avait écrit. Son écriture brouillonne et pas très propre était assez difficile à comprendre mais la plupart des garçons avait ce problème. Etrangement, il n’y avait que nous, les filles, qui faisions un minimum d’efforts pour que le rendu final soit beau — même des dessins, ça fait beau !

« Une écriture de cochon, des infos n'importe comment un peu partout, et là… » Je relevai à nouveau les yeux vers lui, autant amusée par ce que je découvrais sur ses parchemins que par son second degré. « … une pâquerette qui a la tronche de MacDougall. » A cet instant, je pouffai de rire en détaillant de près la pâquerette possédant des yeux bridés.

« Heureusement qu’elle ne tombera jamais là-dessus, elle se poserait des questions ! » Dis-je avec un grand sourire.

Je ne pouvais pas le juger, moi-même n’étant pas mieux. Il était difficile de rester attentif dans la majorité des cours mais alors, la botanique… C’était un univers bien trop complet, trop riche pour nous maintenir éveillés trop longtemps. Je savais que Wendy et Killian décrochaient aussi de façon rapide lorsque nous étions dans les serres. Le professeur MacDougall était sans conteste une très bonne enseignante qui connaissait son domaine d’expertise mais c’était justement parce que ses connaissances étaient solides que cela rendait le cours plus chiant, plus long et compliqué à suivre. Il y avait presque autant de termes complexes qu’en Histoire de la Magie, entre les noms scientifiques des fleurs — pourquoi ne pas appeler une tulipe « une tulipe » par exemple ? — les noms des procédés qui permettait de s’occuper d’un végétal ainsi que la dénomination des outils… Bref, il y avait de quoi se perdre en moins de quinze minutes.

Ollie reposa son cours et me pointa ensuite de sa plume.

« Avec les cours merveilleux qu'on a, je crois qu'on va laisser place au talent hein ! Mais si tu veux t'chercher un autre coéquipier, t'as encore le temps, j'te laisse 30 secondes. »

Il avait raison ; nous n’aurions pas d’autre choix que d’y aller au talent en fouillant le manuel de Botanique. Mais je ne comptais pas aller me chercher un autre coéquipier : c’était Ollie que je voulais, là, maintenant. Certes, appeler Felicia, Bonnie ou Tracy m’assurerait indubitablement un Effort Exceptionnel mais je n’en avais que faire pour cette matière. Et puis, elles ne rendraient pas cette heure de travail aussi amusante et intéressante qu’avec le beau Poufsouffle.

« Tu sais très bien que j’aime les challenges qui nécessitent d’y aller au talent ! Pourquoi irais-je voir ailleurs ? C’est pas drôle d’obtenir Optimal sans se fouler à un devoir. Je crois que Piètre, ça nous conviendra, non ? » Répliquai-je malicieusement.

Et puis la note Piètre n’était pas si piètre que cela… C’était la note que l’on obtenait lorsque nous n’étions pas loin d’obtenir la moyenne. Personnellement, je savais aisément m’en contenter, c’était tout de même mieux que Troll ou Désolant ! D’autres ne seraient sûrement pas d’accord avec moi mais je considérais qu’il fallait chercher la perfection seulement dans le domaine de la mode et de la beauté.

« Bon, je vais ouvrir ce… ce gros bouquin. » Fis-je en esquissant une grimace à la vue du manuel assez ancien qui était posé devant nous. Je crois que je ne l’ai pas du tout ouvert depuis le premier jour de cours. Il y a peut-être des choses intéressantes dedans, qui sait ? »

C’était un livre, après tout. Je le pris entre mes deux mains et commençai à en feuilleter les premières pages jaunies.

« D’ailleurs, on fait sur quel sujet ? Je ne sais plus ce qu’on a étudié la dernière fois… Mmh, on en est toujours à la communication végétale ou un truc du genre, je crois ? »

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( juste le temps d’un devoir )

Candice est la preuve même qu’on a beau avoir tous les atouts du monde, on ne peut pas être parfait. Je veux dire, elle est belle, gentille, serviable, populaire, marrante et clairement investie. Mais malgré toutes ses qualités qui pourraient en bouffer plus d’un, il y’a un caractère qui nous est commun et qui nous pose sur la même marche du podium aujourd’hui : notre sérieux en cours. Je suis parfois gêné et intimidé par tous ses services et ses sourires qu’elle me donne, parce que je ne comprends pas toujours. Est-ce qu’il reste encore des gens pour qui la générosité est innée et injustifiée ? Perso j’ai arrêté de me poser des questions. Je vis chaque jour comme si c’était le dernier. Alors je m’y suis fais et je l’ai accepté. C’est bien d’être méfiant, mais parfois il faut s’y restreindre ou on arrête tout simplement d’avancer.

Je n’ai jamais honte de rien. Même lorsque mes blagues sont franchement à craindre et génératrices de grands silences, je m’en fiche, parce que la prochaine sera sûrement meilleure. Je n’ai donc même pas honte de ma feuille de cours que je lui montre avec autant d’amusement. Alors bien que j'étais désolé de lui offrir un tel spectacle, au fond de moi j'avais vraiment envie qu'elle rigole. Et c'est ce qu'elle fait. Elle pouffe de rire alors que je pose ma feuille sur la table, souriant à mon tour lorsqu'elle déclare que Liu ferait mieux de ne pas le voir. Elle me prendrait pour un fou, si elle ne me traite pas carrément de grand con. Pourquoi une pâquerette sérieux ? Rien qu'à le voir, rien qu'à l'entendre, je comprendrais qu'elle ne veuille pas bosser avec un boloss pareil. Pourtant je sais que nous ferons ce boulot ensemble, avec nos moyens et notre bonne humeur. Parce que c'est le but d'une plaisanterie en fin de compte.

Je lui propose le talent, et Candice me propose de viser un bon petit Piètre. Yes bella, ça je sais faire ! Je note son malice, son amusement, mais surtout ce que je pensais : Le fun, avant le sérieux ! Hocher de la tête, pleinement satisfait de ses propos, laisser apparaître les fossettes de chaque côté de mes joues. « Ouais, faut pas vouloir viser la lune quand on sait pas construire une fusée. On devrait pouvoir s’en contenter ! » Une autodérision qui nous amuse, une autodérision qui nous motive. Je fais surtout passer cette expression inventée de toute pièce, comme une expression purement commune au monde moldu. Voir les choses de cette manière, comme un challenge à relever, ça ne peut que nous pousser à le faire. C’est comme un jeu finalement. C’est se voiler la face aussi, mais positivement et pour la bonne cause. Et encore, ce n’est pas si voilé que ça. Je suis habitué à la note Piètre, et je ne pense pas que Candice en soit totalement épargnée non plus.
La regarder tendre ses bras et chopper le bouquin comme elle prendrait un caisson fragile. Ou pire, comme s’il était toxique et qu’elle pouvait se blesser avec. Elle se demande même s’il peut y avoir des infos intéressantes dedans. C’est le principe d’un livre de cours Candice ! Je vais pas les présenter l’un à l’autre quand même ? "Candice, le livre. Le livre, Candice. Le livre répondra à sa nature et te donnera toutes les infos dont tu as besoin. Quant à toi le livre, tu peux être tranquille et dormir sur ta quatrième page de couverture, Candice t'ouvrira pas souvent !" Sourire, laisser mes dents si droites percer entre mes lèvres, décidé à me taire pour une fois, et à ne rien dire. Mes pensés sont suffisamment moqueuses. Alors je me contente d’adopter la tête du stupide, celle qui pince les lèvres en souriant, des yeux qui se ferment sur un visage acquiesçant de haut en bas. Oui ma p’tite, le livre te dira tout ce que tu as besoin de savoir ! D'ailleurs, je vais devoir faire face à un talent de Candice qui n'a rien comprit, ou qui n'a juste rien suivi au risque que ce soit pire ?

Puis je la regarde feuilleter les pages. Poser mon coude sur la table, poser ma tête dans ma main, la partie droite de mon visage qui s’écrase contre ma peau. Comme si j’attendais que notre commentaire argumenté tombe du ciel, comme si ça pouvait vraiment se produire ! Au même moment Candice s’interroge sur le sujet de notre rendu. Ah bah on est pas sorti de l’auberge ! Hocher de la tête, les yeux rivés sur les pages du livre qu’elle a ouvert, lâcher finalement cette pose de fainéant que j’orchestrais si bien. Je tends ce même bras vers le livre pour en tourner plusieurs pages à la recherche du sujet de note réunion. « Ouais la communication végétale ! On avait rendu un truc au premier cours tu sais, mais là c’est vraiment un résumé final de tout ce qui a été dit, avec une petite analyse personnel aussi. » Lever les yeux vers la blonde, à ses mots un air un peu plus sérieux au visage. J’adore le cours de Liu, mais elle est si pro, qu’elle ne se rend pas compte à quel point il est facile de nous perdre. Un enchaînement de mots compliqués qui ne veulent rien dire pour nous, à moins de les décortiquer, et c’est fini, on est largué. Ses mots si indéchiffrables font d’ailleurs parties de mes notes, et même si j’ai pu retenir la définition de quelques uns d’entre eux, les situer dans leur contexte ça va être une autre partie de plaisir. Mes yeux semblent voir "mycose" écrit sur mes notes, alors que je suis incapable de me relire, et donc de me rappeler le nom exact. "Mycorize" peut-être ? Bref, le délire maintenant, c'est de savoir par quoi commencer. Renvoyer mon regard vers le bouquin, m'exprimer à nouveau. « Bon, par quoi on commence mamz'elle ? J'arrive même pas à relire mes notes sans y voir des infections dégueulasses par champignon, alors je pense que rien qu'aujourd’hui, t'auras rentabilisé le livre pour l'année ! » Elle ne comprendra pas la moitié de ma phrase. Je m'en fiche, c'est sûrement mieux comme ça. « Oh t’aurais un brouillon à me filer d’ailleurs ? Je sais pas où j’ai foutu le mien ! » Je viens de me rappeler que j’en cherchais un avant qu’elle n'arrive. Je devrais commencer par ça. Le talent je vous dis, le talent. 3 heures ? Non plus que ça. On va passer plus de temps que ça sur ce travail.

( Pando )

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EXORDIUM.

« Ouais, faut pas vouloir viser la lune quand on sait pas construire une fusée. On devrait pouvoir s’en contenter ! »

Je haussai les sourcils, étonnée par cette expression. Je la trouvais bien utile dans ce contexte puisque nous étions loin de savoir construire des fusées capables de nous donner des bonnes notes en Astronomie.

« Wouah, je ne connaissais pas cette expression ! Tu peux être très poétique quand tu veux. » Lui lançai-je sur le ton de la plaisanterie.

C’était sûrement une phrase inventée par les moldus puisque les fusées n’avaient rien de magique. Je ne l’avais encore jamais entendue mais ce n’était pas si surprenant ; je connaissais du vocabulaire uniquement quand il s’agissait de convaincre ou de séduire un public. Le reste était trop peu intéressant pour moi, j’imagine. Ceci dit, j’avais tout de même du mal à imaginer Ollie être quelqu’un de poétique quand on regardait sa façon d’écrire. Ce n’était pas soigneux et il faisait des fautes d’orthographe de temps à autres. Je ne pouvais pas prétendre être irréprochable non plus mais au moins, j’avais le mérite d’avoir une écriture lisible. Était-ce si important que cela, néanmoins ? Pas vraiment. Je me fichais bien que son cours soit dégoûtant, tant que lui restait attirant. Ce n’était pas donné à tout le monde d’être beau et d’avoir de quoi apparaître dans le classement des plus magnifiques garçons de l’école. J’ignorais s’il y en avait un pour les filles mais j’espérais bien y apparaître. On ne pouvait certes pas être des génies en classe mais contrairement à des personnes comme Felicia Williams ou bien les sœurs Caldwell, on s’en sortirait mieux juste parce que nous possédions du charisme. L’apparence avait toujours été la clé. Est-ce que vous avez déjà vu un Roi ou une Reine physiquement répugnants ? Non. Ils étaient un minimum apprêtés.

Sur ces dernières pensées, je me mis à feuilleter le vieux bouquin qui trainait sur la table et qui était donc censé nous apprendre des choses. Ollie avait également les yeux rivés sur les pages que je tournais et il attendait, dans une posture désinvolte, que je ne trouve les bonnes informations. Apparemment, il s’agissait bien du sujet de la communication végétale et il serait question de faire un grand résumé de tout ce que nous avions dit en classe, en plus d’une analyse personnelle. A cette annonce, je quittai le manuel des yeux et les posai sur mon ami d’une manière perplexe.

« Un résumé, très bien. Mais une analyse personnelle ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? Il n’y a rien à analyser dans les plantes… Des plantes... bah.. c’est des plantes, quoi. Je ne savais même pas que ça pouvait parler avant que MacDougall ne nous parle de ce chapitre. »

Je secouai légèrement la tête, franchement sceptique devant ce cours qui, selon moi, n’avait pas beaucoup de sens. Qui se préoccupait de savoir ce que les végétaux pouvaient se dire ? Ils pouvaient se nourrir de la pluie, du soleil ou de la terre mais au point de se demander comment ça allait la journée, s’ils se l’étaient coulés douce jusqu’au soir… Il y avait une limite ! C’était du charabia. On osait prétendre que la Divination était la matière du mensonge mais très honnêtement, le professeur MacDougall pouvait également se prétendre chaman des arbres à ce rythme.

« Bon, par quoi on commence mamz'elle ? J'arrive même pas à relire mes notes sans y voir des infections dégueulasses par champignon, alors je pense que rien qu'aujourd’hui, t'auras rentabilisé le livre pour l'année ! »

Je jetai un coup d’œil à ses notes, cherchant les fameuses infections par champignon mais il n’y avait rien. J’étirai un sourire, venant à la conclusion qu’il blaguait tout simplement.

« J’aurais préféré rentabiliser autre chose, personnellement, glissai-je avec malice. Enfin bon, commençons… par le commencement ? »

C’était un peu tendancieux mais j’aimais bien ça avec Ollie ! Il n’avait qu’à pas me tendre des perches, aussi. Je lui tendis par la suite un brouillon qui trainait dans le fond de mon sac puisqu’il avait apparemment perdu le sien. Prenant une petite inspiration, je plissai légèrement mes yeux à la recherche d’un sujet utile dans le livre. La communication végétale était un chapitre plutôt colossal qui tenait sur une vingtaine de pages, ce qui ne constituerait guère une tâche facile pour décortiquer les informations et sélectionner les meilleures. En réalité, je ne comprenais même pas la moitié de ce que je lisais…

Les plantes agressées par des prédateurs produisent plus de tanin pour lutter contre les prédateurs en un premier temps, puis envoient un signal chimique sous forme d’émission de gaz d'éthylène qui se disperse dans l'air afin de « prévenir » les autres plantes qui produiront elles aussi des tanins en plus grande quantité.

Je poussai un profond soupir. Tanin, signal chimique, éthylène... Pourquoi fallait-il donner des termes super techniques pour décrire des phénomènes ?

« Tout ça me donne déjà un peu mal à la tête, pour être honnête. C’est écrit vachement petit, tu vois… Tu ne veux pas y jeter un coup d’œil ? »

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( juste le temps d’un devoir )

C’est passé comme une lettre à la poste. Je savais que mon don de l’improvisation et que mon talent de comédien porteraient ses fruits un jour. Comment faire passer une expression inventée de toute pièce pour une expression bien connue des forces de l’humour et de la langue ? Demandez-moi. Peut-être aussi que Candice est la spectatrice parfaite pour ce genre de bidouillages pourris et inutiles. Bon, ça m’aura au moins fait rire quelques secondes, c’est déjà ça de prit. Par contre, pour ce qui est de mon côté poétique, je sens qu’elle se fou clairement de ma gueule. Moi ? Tu vas voir si je peux pas être poétique. Je la pointe du doigt et lui offre un ton clairement pas crédible. « Un jour tu verras ! » Je devais y répondre, défendre ce que je ne suis clairement pas. Non, je ne suis pas poétique. Pourquoi je parle alors ? Si je devais écrire un poème, il serait blindé de fautes en plus d’être illisible. "Tu es la fleure de mon jardin, la plantation adorée de Martin mon nain de jardin". Ça serait un truc du genre pour commencer. Non seulement la rime est nulle, mais le compliment l’est encore plus. Bref, au boulot.

Je crois que je commence à trouver la réponse. Si mon expression est passée crème, c’est parce qu’elle possède la moitié d’un cerveau. Je ne sais pas à quoi est occupée l’autre moitié, surement à la mode ou au maquillage. Roh non, je suis pas vilain, je rigole ! Mais avouez quand même qu’elle y est allé fort là ? Franchement j’adore, ça me fait triper ce genre de choses. Elle pense que la communication végétale, c’est des plantes qui parlent. Mais qui, qui pense ça en 2024 ? Bon oui, techniquement elles parlent, mais pas comme elle l’évoque, j’imagine. Alors oui, je me permets de rire d’un raclement de gorge, à presque en oublier ses questions sur l’analyse personnelle. On est dans la merde pour ce devoir, vraiment. Si on en est là, on est fini, cramé, douillé. Enfin, heureusement que j'y comprends un minimum quelque chose et que le rendu que j'avais fais au Professeur MacDougall semblait lui plaire. Allé, on va essayer de lui répondre sans débordement. J'ai pas envie de la vexer non plus. « Euh.. Candice. Quand les plantes communiquent, c’est pas en parlant comme moi j’te parle. C’est… une image, elles communiquent à leur manière, avec leurs énergies.. » "Peut-être qu'elle rigolait Ollie", vous-vous dîtes. Les gars, je vous jure que non. Je sais pas comment lui expliquer ça. J’ai l’impression de parler à un gosse et c’est ce qui me fait sourire comme ça. Je sourie, un peu gêné, mais franchement amusé. Si au moins ça, ça peut être clair pour elle, on aura peut-être une chance de rendre un truc potable. Avec notre imagination, je suis sûre qu’on serait capable de foutre des interrogations pas si connes que ça à Liu, comme j’avais fais au sujet de la mort. Oui, j’avais parlé de la mort dans mon devoir. C’est vrai quoi, peut-être qu’elle a pas la science inée notre prof’, et que nos analyses seront pas si débiles. Qui sait si ça parle une plante ? Peut-être que c’est inaudible pour nous ? Peut-être qu’elles se taisent quand on est là et qu’elles chuchotent une fois qu’on s’est barré. Vous avez déjà entendu des voix venir depuis l’écho de la forêt ? Moi non plus. "Sur la tête de mes feuilles Roséphine, y'a un sale poilu de médeuh qui m'a pisser sur la branche !" Non, franchement non.

Je vais devoir décortiquer mes notes, en plus du livre et des parcelles exploitables de son cerveau. On ne sait pas par quoi commencer. Si on faisait simple et qu’on commençait par une définition ? Parce que commencer par le commencement, c’est un peu… flou. Mais j’aurais sûrement dit la même connerie puisque c’est totalement de mon calibre. Par contre j’ai pas compris ; qu’est ce qu’elle voulait rentabiliser d’autre ? Parce que je n’ai absolument pas réagis à ça. J’ai laissé mes notes de côté, j’ai eu l’illumination concernant le brouillon que j’ai oublié, et j’ai franchement pas trop percuté. Rentabiliser quoi.. ? C’est quoi cette private joke que je peux pas comprendre ? Fais croquer, partage, je sais pas, parce que là ça m’est passé au dessus de la tête. Moi je rentabilise un jeu, ou un chinois à volonté. C’est une référence au maquillage ? C’est sûrement ça. Je n’ai rien cerné, même pas sa malice. Je lui ai juste demandé ce brouillon que je n’ai pas. Puis elle me demande de plonger mes boucles brunes dans le bouquin. Si ça lui donne déjà mal au crâne, ça va être comment au moment de rédiger ? Mais je prends le livre, et je lie exactement la même chose que ce qu’elle a lu.

Les plantes agressées par des prédateurs produisent plus de tanin pour lutter contre les prédateurs en un premier temps, puis envoient un signal chimique sous forme d’émission de gaz d'éthylène qui se disperse dans l'air afin de « prévenir » les autres plantes qui produiront elles aussi des tanins en plus grande quantité.

Je ne sais pas ce que veulent dire la moitié des mots, et j’en tire d’ailleurs une tronche détériorée par le mal de crâne que ça procure effectivement. « Ah ouais c’est puissant comme migraine ! » Tourner la tête vers la blonde, franchement pas confiant sur notre capacité à le faire. Pour autant, j'offre une tape légère et amicale de ce poing contre son épaule. En soit, j’ai compris le message. La communication végétale se fait par des signaux, des émissions qu’elles partagent entre elles. Donc oui, je confirme qu'on va commencer par une définition. « T’sais quoi Candy-doll ? On va commencer par mettre la définition de la communication végétale, au moins t’es sûre de pas t'planter de sujet. Ensuite on peut faire l’analyse… » Je l'embête un peu, franchement pas cool pour quelqu'un de pas plus intelligent qu'elle. Mais surtout, je réfléchis. Qu’est ce qu’on peut foutre dans cette analyse personnelle... Je tourne sur ma chaise de je sais pas combien de degrés pour lui faire face, mes jambes y compris. J’ai d’ailleurs l’une d'elle qui vient se nicher sur la chaise, sous mon autre cuisse. Damn it, j'ai trouvé, je sais comment on va procéder ! C'est idiot hein, mais ça devrait pas vous étonner. Vous voulez rigoler ? On va rigoler. « Oh j'ai une idée ! Pour faire une analyse faut des questions, et donc trouver les réponses à ses questions ?! Jusque là tu m'suis ? » Hausser les sourcils, mes deux mains posés entre nous, doigts écartés. Reprendre ma plume en main, sans m'en rendre compte, pointer la blonde de celle-ci, souriant à mort, motivé comme jamais à rendre le devoir le plus chelou du siècle. « Alors vas y, poses-toi des questions, n’importe quoi ! » Genre, est-ce que les plantes parlent quand on est pas là ? On passera à la théorie et à la partie cours plus tard. Laissons nous un peu de temps pour les mots chelou et incompréhensibles.

( Pando )

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A very cute boy

EXORDIUM.

Visiblement, Ollie semblait en savoir plus que moi au sujet de la communication végétale. Il m'observa d'un air gêné et un peu amusé tout en me disant que les plantes ne parlaient pas de la même façon que nous. C'était une image, une communication au sens figuré et qui s'établissait avec leurs énergies. Je lui jetai un regard un peu étonné et sceptique à la fois.

« Leurs énergies ? Mais comment on peut les voir ? A ce que je sache, elles ne dégagent pas de magie, non ? »

Cela me semblait tellement improbable qu'elles puissent parler ou communiquer avec une sorte de chakra ou d'auras autour d'elles... Par Merlin, il ne s'agissait que de tiges, de matière organique et de pétales ! Elles n'hurlaient pas lorsque l'on se mettait à les arracher de la terre, elles ne pouvaient pas souffrir comme un humain ou un animal. Je trouvais cette question plutôt intéressante et c'était dommage que le professeur MacDougall ne nous ait jamais rien dit à ce sujet. Ou alors, si elle l'avait fait, peut-être n'avais-je pas été suffisamment attentive pour le noter dans mon cours. C'était probable vu mon manque d'intérêt pour sa discipline. Enfin bref, ce n'était pas avec mes connaissances que nous allions nous en tirer pour ce devoir mais je comptais quand même m'y investir un minimum... un minimum, hein.

J'avais essayé de comprendre les termes du livre mais le premier paragraphe s'était avéré très décourageant. J'ignorais comment ce manuel pouvait avoir sa place dans une école. Nous n'étions pas des ingénieurs ayant plus de vingt ans, nous n'étions pas en mesure de pouvoir saisir la complexité de tous ces mots. C'était de la folie ! J'espérais bien qu'Ollie puisse y voir plus clair mais je n'y croyais pas vraiment. C'était un garçon adorable mais il n'était pas un intello pour autant. Il fallait s'appeler Felicia Williams pour y saisir quelque chose.

« Ah ouais c’est puissant comme migraine ! »

Je lui souris tristement, consciente que cela ne nous aiderait pas à obtenir notre Piètre. Je demeurai muette, attendant qu'il ne propose quelque chose. En général, je n'avais pas à trop me creuser la tête puisque les autres trouvaient rapidement une idée pour nous sortir d'un guêpier. J'aurais pu essayer de le faire mais je n'en ressentais pas l'envie. M'investir, c'était un verbe qui faisait de mon vocabulaire pour des trucs qui me passionnaient vraiment et pas par contrainte. Heureusement pour moi, mon camarade en avait un peu dans la tête ! Comme quoi, on pouvait être mignon et astucieux à la fois ! Bon, peut-être qu'il aurait tout de même pu réagir à ma petite plaisanterie tendancieuse... Mmh, je devais admettre qu'il m'avait un peu déçue sur le coup.

Ollie tourna ensuite la tête vers moi, m'administrant une tape légère sur mon épaule. Je lui jetai un coup d'oeil curieux, sentant qu'il venait de trouver une suggestion ou deux pour nous faire avancer. D'après lui, il valait mieux commencer par mettre une définition de la communication végétale pour que je sois certaine de ne pas oublier le sujet du jour. Je pouffai de rire avant de prendre un air vexé. Non mais franchement ; comme si j'allais oublier ça !

« Hé, je ne suis pas idiote non plus ! Bien sûr que je me souviendrai du sujet dans six semaines. »

Non, évidemment que non. Je me souviendrai de chaque froufrou ajusté par Tracy sur l'une des robes qu'elle créait, certes, mais je n'aurai aucune mémoire pour les cours. Et cela, il était hors de question de l'avouer.

« D'ailleurs, je vais l'écrire tout de suite cette définition,ajoutai-je en saisissant ma plume et notre parchemin. Alors, euh... La communication végétale, c'est... Attends, passe-moi ce bouquin. Je vais recopier ce qui est écrit dessus. »

Je n'étais pas consciente qu'il s'agirait de plagiat, ni que c'était sanctionnable. A mes yeux, une définition restait une définition. Je tournai la page qui traitait de l'introduction du chapitre et commençai à copier les dix premières lignes qui décrivaient le concept. Bien sûr, je ne comprenais rien de ce que j'inscrivais mais le but était que la professeure comprenne et peu importait que nous ayons assimilé les mécanismes ou non de ces plantes tant que la note suivait.
Pendant ce temps, Ollie semblait avoir trouvé une idée : afin de procéder à la fameuse analyse requise par les consignes, nous devions trouver des questions auxquelles trouver des réponses. Je ne voyais pas vraiment où il voulait en venir alors face à mon air douteux, il me demanda de me poser n'importe quelles questions. Prise de court, je fronçai des sourcils tout en haussant les épaules et en écartant les doigts de mes mains dans une posture de type : "Mais qu'est-ce que tu me dis, mon pote ?"

« Euh, très bien... Euuuuh... Est-ce que les plantes souffrent quand on les arrache du sol ? Si oui, pourquoi on ne les entend pas hurler ? J'te jure que je me suis posée la question tout à l'heure ! C'est plutôt important à savoir ça, non ? Mais imagine-les si elles communiquent avec des énergies, du chakra ou je ne sais quoi... qu'est-ce que ça donne quand elles ont mal ? Tu crois qu'elles saignent du chakra ? »

L'index sur la lèvre inférieure, j'entrai dans une profonde phase de réflexion sérieuse.

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( juste le temps d’un devoir )

Est-ce que j’ai vraiment bien fait de lui parler d’énergie ? J’ai vraiment un doute là. Y’avait sûrement un mot plus simple et plus juste pour définir la communication végétale. Bon je lui ai expliqué vite fait, bateau, mais j’y peux rien si tout ce qu’elle a retenu c’est qu’elles dégagent de l’énergie. Je crois qu’ora, ou émission aurait été plus juste. Y’a pas de mot qui définisse vraiment leur communication, alors comment vous voulez qu’on comprenne aussi ! Je suis dedans jusqu’au bout, et je sourirais jusqu’au bout aussi. Parce que c’est trop fort, pare que c’est trop drôle. Tenter d’apporter une réponse convaincante, au moins un minimum. « Je…La vérité, je sais pas ! » Ah oui c’était très clair comme réponse. C’était surtout super innocent et dépassé. Je suis dépassé, je sais pas quoi lui répondre. Toutes les plantes ne sont pas magiques, et encore, ma culture est limitée, donc je pense pas que je les connais toutes. Et qu’est ce que j’en sais au final ? Qui me dit que la communication végétale n’est pas une forme de magie, même dans le monde moldu ? La science ? Ça tombe bien, je suis pas scientifique.

Les plantes sont vivantes, et elles ont leur propre moyen de communication, c’est tout ce qu’on doit savoir. Lire ses premières lignes du bouquin nous donne des infos juste incompréhensibles, mais n’aident pas vraiment à comprendre. D’accord, je comprends déjà un peu mieux que Candice, mais je suis pas un génie non plus. J’ai juste décidé qu’il serait au moins bien de noter la définition et s’assurer du sujet du jour. Candice rigole, un air peut-être faussement vexé. Sur le coup je dois avouer que je fronce les sourcils. Ah, j’ai dis un truc qu’il fallait pas ? Je m’en suis même pas rendu compte. Bon, mouais, quand j’y repense, ça peut être vexant ce que j’ai dis. Elle pense que dans six semaines, elle se souviendra encore du sujet. Perso je m’en souviendrais toute ma vie, mais chacun son truc. Je me contente de sourire, sourcils toujours froncés, toujours agréablement scotché devant ses manies et ses réflexions. Lui glisser le livre, la laisser noter la définition, la laisser recopier les lignes du livre en espérant qu’elle puisse comprendre au fur et à mesure. On retient mieux les choses lorsqu’on les écrit, il paraît.

Je vous ai déjà dis que je suis pas un génie ? A tel point qu’il m’est venu une idée complètement dangereuse et stupide. Sûrement le seul moyen d’avancer notre devoir. Tant pis si c’est piètre, au fond c’est un peu la note visée nan ? Tourné vers elle, fraîchement motivé, je lui propose une technique de travail complètement loufoque. Pose-moi une question, et on y répond. Mais vous pensez qu’elle aura des questions super intelligentes ? Non. Par contre, elles seront super pertinentes, j’en suis sûre. Des fois, plus c’est idiot, plus il y a de mystère. Vous me croyez pas ? Vous allez voir.
C’est après qu’elle ait cherché à comprendre où je voulais en venir, qu’elle se décide finalement à franchir le pas. Elle me pose ses premières questions. Pour le coup, c’est moi qui ai envie de saigner du chakra. Yeux grands ouverts, fixés sur elle, un visage figé de perplexité, je me remémore tout ce qu’elle vient de dire. Woaw. C’est puissant comme seconde migraine. Mais je suis pas ce mec qui va lui dire qu’elle est stupide. Je suis celui qui va utiliser ses défauts, si je puis dire, pour en faire une force. Après un silence, lèvres entre-ouvertes, je déclare finalement à voix basse, hésitant de perplexité au début. « Euh ouais. Ce genre de question.. » Retenir le sourire en coin tremblotant au bord des mes lèvres, lâcher du regard ce doigt significatif qu’elle a posé sur ses lèvres, réfléchir à une réponse qui pourrait donner une analyse pas trop fausse. Mais surtout, je pose à mon tour mon index sur mes lèvres, réactif au même geste de réflexion stupide que le sien. Il me faut une motivation enfantine pour répondre à ça. « On à qu’a dire que … Comme les plantes ont leur propre moyen de communication, qui n’est pas celui de la parole et des cordes vocales, on ne peut pas les entendre crier si on les arrache du sol ? On pourrait penser que leurs voix sont inaudibles pour l’homme, sauf qu’elles communiquent entre elles par leur chakra, et comme le chakra c’est pas matériel, ça peut pas saigner ? Par contre si tu coupe une tige, y'a de la sève qui coule, ça c'est un peu comme du sang nan ? » C'est pas faux. C'est carrément vrai, avouez-le, c'est pas bête comme technique d'analyse.

Etre pris d'une illumination à la fin de mes mots, reprendre le livre, relire d'un doigt furtif, les lignes chiantes que nous avons tous deux lus précédemment. "Les plantes agressées par des prédateurs produisent plus de tanin", la vérité, ça commence à devenir plus clair. Alors j'enchaîne. « L'homme produit des hormones par exemple, eh bah les plantes produisent d'autres trucs qui leur serrent de parole ? Genre le tanin qui repousse les prédateurs, c'est comme ton oncle qui traite son ennemi de sac à merde ! C'est une émission verbale, alors que les plantes ont des émissions chimiques, invisibles, comme c'est écrit là. Bordel je commence à comprendre ! Pose moi d'autres questions ! »

Voilà, stupide, mais pas si con. Je sens que je vais me donner mal au crâne tout seul. Quit à ce que je me casse le cul, faudrait peut-être écrire nan ?

( Pando )

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