Je jure de dire la vérité, rien que la vérité... un jour, peut-être. ♔ feat. Killian

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EXORDIUM.

Cela faisait trois fois de suite que Killian et moi avions « oublié » de rendre notre devoir d’Astronomie. Nous en étions parfaitement conscients mais nous avions préféré jouer avec le feu en espérant être épargnés par la clémence du professeur Yarah Soussa. Malheureusement, risquer ses nerfs ne nous avait pas porté chance. A la fin du cours, la veille au soir, elle nous avait convoqués tous les deux à son bureau pour nous parler de la priorité que nous devions mettre concernant les devoirs et les révisions. Et si Killian avait paru particulièrement détaché comme à son habitude, moi, j’avais fait mine de m’inquiéter réellement pour mes résultats. J’avais minaudé, m’étais faite passer pour une victime très atteinte par les derniers événements connus dans l’école, à savoir la Créature et le message horrible qui avait été écrit sur le Hall. Sans scrupules, j’avais joué du souvenir de ma torture auprès des mangemorts pour m’attirer la compassion du professeur mais si cette dernière s’était montrée légèrement plus douce à la fin, cela ne l’avait pas empêché de nous imposer une série de questions de cours à laquelle nous devions répondre sans quoi, nous risquerions un mois de retenue avec elle.

Nous avions quitté son bureau, la mine blasée. Il était désormais une heure du matin, jeudi, et nos camarades étaient déjà rentrés dans leur salle commune. Seule avec Killian, nous empruntions en silence l’escalier en colimaçon, sûrement fatigués de notre journée. Je ne pus m’empêcher de bailler alors que la descente semblait de plus en plus interminable.

« Des fois, j’ai envie qu’ils installent des ascenseurs dans l’école… Tu sais, ces trucs moldus qui montent et qui descendent. » Fis-je en brisant enfin le calme.

Ma voix raisonna légèrement entre les murs et je fixai les quelques chandeliers qui flottaient dans les airs et qui nous aidaient à nous repérer dans le château. La salle commune de Poufsouffle étant située près des cachots, j’en avais encore pour une bonne dizaine de minutes avant de pouvoir l’atteindre et surtout avec ce rythme de marche qui témoignait de mon manque d’énergie. Je désirais juste poser ma tête sur mon oreiller et dormir sans être réveillée par un réveil nommé Tessa Collins.

« Ce cours a été une vraie horreur. Je n’ai même pas envie de faire son fichu devoir, à celle-là ! Elle ne peut pas juste se contenter d’admirer le savoir des intellos de la classe et nous laisser tranquille ? C’est mieux de se la couler douce au fond de la classe. » Ajoutai-je en souriant à mon ami.

J’avais beau promettre à mes parents de devenir plus sérieuse en cours, de faire des efforts et de me montrer assidue, je ne respectais pas ces engagements. Les études n’étaient pas ce que j’aimais le plus, c’était même ma bête noire. Je ne m’imaginais même pas les continuer à l’Université. Je voulais juste être riche et populaire sans passer par la case du travail acharné. Je laissais ça à ceux qui n’avaient rien pour eux que la soif d’apprendre et l’envie de s’ennuyer toute leur vie. A mes yeux, se construire un grand réseau de relations, c’était la clé de la réussite et je comptais bien sur le piston ou sur mes fréquentations pour me faire une place de choix ! Je n’avais encore jamais pensé à mes perspectives d’avenir mais j’étais certaine que la chance serait de mon côté.

Je jure de dire la vérité, rien que la vérité

Candice & Killian

L’Astronomie… Mais qui a décidé que ce devrait être un cours obligatoire ? Je veux un nom, maintenant, parce que sérieusement depuis toutes ces années que je dois me taper ce cours qui se passe à des heures incongrues, je trouve sérieusement que je serai bien mieux dans mon lit ou dans ma salle commune à glander. Non mais sérieusement, en quoi ça peut me servir de savoir que Saturne est en communion avec Mars et que cela annonce de grand changement ? Ça se saurait si ma vie était déterminée par des boules lumineuses ! Aux dernières nouvelles, c’est moi qui suis l’acteur de mes actions et de mon futur, pas quelques entités mystiques… Enfin bref. Bailey s’est montré très clair. Je me dois d’être sérieux et d’avoir de bons résultats cette année. Je ne peux pas rater mon coup. J’essaie du mieux que je peux dans la majorité des matières mais il y en a, faut pas déconner. Astronomie, non mais vraiment. Pour moi, la seule raison qui vaille vraiment la peine de passer une nuit à la belle étoile c’est quand on veut choper une gonzesse … Même si Soussa ne ternit pas l’image de sa famille et qu’elle s’avère être une professeure avec de nombreux atouts, ce n’est pas pour autant que j’ai planché sur le devoir qu’elle demande depuis la semaine dernière. Trois fois elle a accepté de repousser l’échéance pour Candice et moi qui mettions un point d’honneur à ne pas gâcher notre parchemin pour ça. Aujourd’hui, ce n’est pas passé. Alors on s’est retrouvé convoqué après le cours, comme si il n’était pas déjà assez tard… Elle nous a servi le speech habituel des professeurs mécontents qui estiment que nous devrions prendre nos études plus au sérieux et blablabla. Je crois que j’ai décroché après 1min30 et je me suis contenté de mater la prof plutôt que de comprendre le sens de ses paroles. Candice m’a sorti de mon espèce de transe lorsqu’elle s’est mise à faire sa comédie. J’ai dû me faire force pour ne pas lâcher un ricanement et éviter de réduire à néant les efforts de mon amie. Je la connais assez bien pour savoir qu’elle ne pense pas un mot de ce qu’elle dit et qu’elle ne fait ça que pour sauver sa peau. Et potentiellement la mienne en même temps. Elle y met vraiment du sien, elle va jusqu’à reparler de sa torture d’il y a 2 ans. Cela semble en tout cas faire son effet car Soussa, visiblement touchée par le récit de la blonde, décide de nous imposer seulement quelques questions de cours. C’est mieux qu’une dissertation, mais ça me fait quand même bien chier étant donné qu’on ne puisse pas dire que j’écoute en cours.

Il est plus d’1h du matin lorsque la professeur d’Astronomie nous laisse enfin repartir. Il y en a qui n’en ont manifestement pas grand-chose à cirer du couvre-feu. Heureusement, comme je suis préfet, même si nous venions à croiser un prof, nous n’aurions pas de soucis. Je laisse machinalement mes pas pendre le chemin familier des escaliers, mais on ne peut pas dire que j’y mette vraiment de l’entrain. Après une journée de cours comme celle-ci, je suis totalement exténué. Et la seule optique d’avoir à me lever dans une poignée d’heures à peine me met déjà de mauvaise humeur. Je conseille à tout le monde de ne pas venir me faire chier demain. « Des fois, j’ai envie qu’ils installent des ascenseurs dans l’école… Tu sais, ces trucs moldus qui montent et qui descendent. » Il me faut quelques instants pour comprendre le sens des paroles de Candice tant je suis pris dans mon râlement intérieur. « Je sais ce qu’est un ascenseur. » Après tout, j’ai vécu quelques années au milieu des moldus et je suis assez familier avec leur mode de vie. Néanmoins, je me retiens de lui rappeler tout ça. Ce n’est pas le lieu ni le moment. Je lui lance donc un sourire sarcastique pour atténuer mon ton un peu revêche avant de continuer. « Ce serait pas une mauvaise idée… Mais tu imagines le nombre d’obèses qu’on aurait dans l’école ! » Parce que le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne meurt pas de faim dans cette école. Au moins, les escaliers ont le don de faire faire un minimum d’effort à tous ces étudiants fainéants.

« Ce cours a été une vraie horreur. Je n’ai même pas envie de faire son fichu devoir, à celle-là ! Elle ne peut pas juste se contenter d’admirer le savoir des intellos de la classe et nous laisser tranquille ? C’est mieux de se la couler douce au fond de la classe. » Je lève les yeux en écho à ses paroles. Je ne sais vraiment pas pourquoi les profs s’obstinent avec nous. N’ont-ils pas compris après tout ce temps que nous sommes des causes perdues et que ce ne sont pas leurs remontrances qui feront le moindre effet ? « Tu m’en diras tant… Je comprends pas pourquoi ils perdent leur temps avec nous après toutes ces années. » Je dis dans un soupir dramatique. Ce n’est pas comme si on avait montré le moindre intérêt pour leur cours en plus. « J’ai hâte de pouvoir abandonner des matières ! Tu peux être sûre que l’Astronomie en fera partie. » J’en garderai pas beaucoup, juste le strict minimum et celles qui m’intéressent le plus. Mais bon, nous ne sommes qu’en Décembre, j’ai le temps de repenser à tout ça. « Alors comme ça tu as été ébranlée par les évènements récents ? Ce n’est pas vraiment ce que tu semblais me dire dans ta lettre l’autre jour. Si je me souviens bien, tu considérais plutôt ça comme une farce, non ? » Je lui demande avec un regard malicieux. C’est une bonne occasion de remettre sur le tapis ce rapide échange que nous avions eu Candice et moi après cette réunion des préfets. Je m’étais inquiété pour la jeune Poufsouffle, pour pas grand-chose selon elle, mais vu son aptitude à mentir, on n’est jamais vraiment sûr avec elle.

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EXORDIUM.

Il était vrai que Killian avait déjà été familier avec le monde des moldus mais c’était sûrement la fatigue qui m’avait ôté cette information hors de mon esprit. En tout cas, sa blague à propos des obèses ne manqua pas de me faire rire. A Poudlard, ce n’était clairement pas la bouffe qui était en pénurie au vu de la tonne d’aliments qui peuplaient les tables de la Grande Salle. Je m’étais souvent demandée comment les elfes parvenaient à cuisiner ces centaines de repas en quelques heures seulement. Certes, la magie devait les aider et leur grand nombre également mais cela restait un travail colossal. Moi-même je prenais déjà quatre heures à faire un gâteau dans les cuisines alors je n’imaginais même pas le temps que cela me prendrait de préparer plusieurs repas, d’autant plus que je n’étais pas douée en sortilèges.

« Ahahah, ce serait tous des boules et on aurait qu’à les pousser de l’escalier pour les faire rouler plus rapidement que s’ils prenaient l’ascenseur ! » Répondis-je en ricanant.

J’étais méprisante à cet instant et adepte d’un très mauvais humour mais avec Killian, je pouvais parfaitement l’assumer. De toute façon, qu’est-ce qu’on y pouvait, nous ? Si des gens ne savaient pas faire attention à tout ce qu’ils mangeaient, c’était de leur faute, pas la nôtre. Ils n’avaient qu’à faire du jogging le matin autour du terrain de Quidditch afin de perdre leurs kilos en trop ! Personnellement, je n’avais heureusement pas besoin de cela et c’était tant mieux puisque je détestais le sport en général — sauf la danse.

Tout en descendant les escaliers, nous parlions du fameux cours d’Astronomie qui ne m’intéressait pas le moins du monde et qui me donnait presque l’envie d’aller me jeter du haut d’une tour. Killian répondit exactement ce à quoi je pensais : nous ne manifestions aucune attention pour certaines matières alors pourquoi ces professeurs insistaient tant sur le fait de vouloir nous captiver avec des chapitres aussi ennuyants qu’un rat mort ? Il était évident que ni lui, ni moi n’avions envie de faire carrière là-dedans. C’était un peu comme la botanique, il s’agissait d’un domaine qui touchait seulement les gens suffisamment étranges pour s’en passionner. Nous, nous étions pas étranges. Simplement au-dessus de ça.

« Moi aussi, si tu savais ! L’Astronomie… qu’est-ce qu’on s’en fiche de savoir la différence entre une planète gazeuse ou tellu-truc, répliquai-je dans un nouveau soupir. Avec ça, je laisserai tomber aussi l’histoire, la botanique, la métamorphose, les sortilèges, la déf… Est-ce que ce serait pas mieux de dire que j’ai juste envie de garder la Divination ? »

J’affichai un nouveau petit sourire. Je n’étais douée que dans cette matière alors forcément, c’était la seule qui me donnait l’envie de m’investir. Malgré tout, je n’étais pas sûre qu’il soit possible de ne conserver qu’une seule matière pour mon passage en sixième année même si cela ferait de mon emploi du temps un planning de touriste qui me donnerait de quoi pouvoir m’investir pleinement dans mes loisirs. Ca, c’était la belle vie !

Killian changea par la suite de conversation. Il fit écho à ma comédie de tout à l’heure qui visait à adoucir le professeur Soussa et il me demanda si je me sentais réellement ébranlée par les derniers événements alors que je ne lui avais pas donné cette impression l’autre jour dans ma lettre. Si je me souvenais bien, j’avais effectivement pris le message du mur pour une blague ou tout du moins, c’était ce que je lui avais dit tout en supposant que Bonnie n’était sûrement pas la coupable. Mmh, il fallait que je continue à aller dans ce sens pour rester crédible mais j’ignorais si je faisais bien de faire semblant de ne pas prendre la situation au sérieux. Il y avait cette histoire de créature ou d’attaques bizarres qui avaient été subies par certains membres du corps professoral… Que dire à Killian ? Les yeux rivés vers les marches que je descendais, je pris une petite inspiration.

« C’est vrai, je pensais vraiment que c’était une blague, dis-je en prenant un air soudainement sérieux. Mais il se trouve que j’étais à côté de la plaque ou plutôt que je ne voulais pas admettre que cela puisse être sérieux. »

Je n’ajoutai rien et me contentai de rassembler quelques idées pour bien construire mon mensonge d’une façon parfaite dont il ne pourrait pas douter ou démentir. Je n’étais pas prête de lui avouer la vérité car je savais qu’il n’approuverait pas et qu’il chercherait tout de suite à avertir ses pairs de la nature des lettres anonymes que je recevais. Moi, je voulais juste voir la suite… comment cela allait se passer ! C’était amusant.

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Candice & Killian

Ma petite blague sur les obèses ne manque pas de faire rire ma camarade. C’était un peu l’effet escompté à dire vrai. Candice et moi avons le même type d’humour noir et méprisant qui ne plait pas à tout le monde, surtout quand d’autres personnes sont touchées par nos moqueries. Personnellement, je m’en fous si les autres sont trop susceptibles pour pas capter le sens d’une bonne blague, tant que je me marre, c’est tout ce qui compte. « Ahahah, ce serait tous des boules et on aurait qu’à les pousser de l’escalier pour les faire rouler plus rapidement que s’ils prenaient l’ascenseur ! » Je lâche un petit rictus amusé. J’imagine tellement la scène, c’est excellent ! Des boules roulant dans les couloirs de Poudlard, bouffies et prêtes à exploser. Des boules qui n’attendent qu’à se convertir en balle de football ou de bowling. Oh Merlin, je crois que je m’amuserai tellement si cela venait à arriver ! Je transformerai Poudlard en un terrain de foot géant et je ne me lasserai jamais de leur shooter dedans. « Ca ne serait pas pour me déplaire ! Tu imagines la multitude de nouveaux jeux qu’on pourrait inventer ? Courses de boules dans les escaliers ! Footboules ! Billes à boules ! Roule Gros Lard! » Je commence à énumérer en me marrant. Les possibilités sont infinies et Poudlard serait une véritable cours de récréation permanente pour moi. Je suis presque tenté de trouver un maléfice qui fait gonfler les gens juste pour faire de mon nouveau rêve une réalité. Parce que attendre qu’ils gonflent à force de se goinfrer, ça peut prendre une éternité.

Malheureusement, avant de s’amuser il faut également penser aux cours. Si je pouvais sauter cette étape, ça m’arrangerait grandement ! Je ne comprends pas pourquoi il faut qu’on se tape autant de matières si c’est pour qu’on les oublie aussi vite dès qu’on aura fait le tri après nos BUSES. Non mais quoi. Ils s’attendent quand même pas à ce que je me souvienne de tout ce que j’ai vu lors de mes premières années en Botanique ou en Astronomie quand même ? Qu’est-ce que j’en ai à cirer du système reproducteur d’une plante ou de la durée de vie d’une comète ? « Moi aussi, si tu savais ! L’Astronomie… qu’est-ce qu’on s’en fiche de savoir la différence entre une planète gazeuse ou tellu-truc » J’hoche la tête, parfaitement d’accord avec elle. « Avec ça, je laisserai tomber aussi l’histoire, la botanique, la métamorphose, les sortilèges, la déf… Est-ce que ce serait pas mieux de dire que j’ai juste envie de garder la Divination ? » Pour le coup, je lui lance un regard railleur. Au début, je pensais que la divination serait amusant mais finalement je suis bien content de ne l’avoir jamais choisi en option (merci mon poil dans la main) parce que ça ne vaut pas mieux que l’astronomie. Au lieu de lire dans les étoiles, on lit dans les feuilles de thé ou dans une boule enfumée. Génial. « Faut que je t’appelle Madame Irma dès maintenant ? » Je demande moqueur. « Faudra que je te paie combien pour que tu me révèles mon brillant avenir ? » Je continue sur ma lancée. Je ne comprends pas vraiment ce qu’elle trouve à cette matière. Peut-être qu’elle lui permet juste d’assouvir sa curiosité !

J’enchaîne ensuite sur un sujet sur lequel je veux assouvir ma propre curiosité. J’observe avec attention la réaction de mon amie à ma question au cas où je puisse déceler le moindre petit indice mais ses talents d’actrices sont au point. Je note cependant qu’elle regarde le sol un peu plus que nécessaire, comme si elle réfléchissait à ce qu’il convenait de dire. « C’est vrai, je pensais vraiment que c’était une blague. Mais il se trouve que j’étais à côté de la plaque ou plutôt que je ne voulais pas admettre que cela puisse être sérieux. » Sa réponse me surprend. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle admette son erreur et à ce qu’elle change d’avis. Soit ça cache quelque chose de louche, soit la situation est vraiment inquiétante. Je ne sais pas vraiment sur quel pied danser pour être honnête. Tout cela me prend de court et ne pas être dans le feu de l’action m’agace. Bien décidé à avoir plus d’éléments, je me poste devant Candice, posant ma main sur le mur des escaliers de sorte que mon bras et mon corps forment un barrage pour la Poufsouffle. Arrêtés de la sorte, je la fixe, attendant qu’elle relève la tête pour plonger mes yeux dans les siens. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Tu en sais plus que moi pas vrai ? Qu’est-ce que tu me caches ? » Je lui demande le plus sérieusement du monde. Je me compose un regard dur, de ceux qui intimident et qui poussent les gens à me dire ce que je veux savoir. Enfin ça, c’est en temps normal. Mais Candice ne réagit pas en ma présence comme les autres personnes. Je n’ai pas exactement le même pouvoir sur elle que sur d’autres et même si dans ce genre de moment ça ne m’arrange pas, c’est ce qui fait que je l’apprécie beaucoup.

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EXORDIUM.

Heureusement qu’il n’y avait personne en surpoids autour de nous puisqu’on aurait tôt fait de nous catégoriser de racistes des obèses, moi et Killian. Venant de nous, gens populaires, cela mettrait à mal notre réputation. Mais entre nous, on pouvait se permettre ce genre de blagues surtout à cette heure de la soirée où nous étions fatigués. Une dose de rire ne faisait absolument pas de mal. Mon idée de faire rouler les obèses sur les escaliers plut à mon ami qui renchérit aussitôt sur le nombre de jeux que l’on pourrait inventer grâce à eux : de Courses de Boules à Footboules en passant par Roule Gros Lard. J’étais littéralement en train d’éclater de rire sous ces suggestions farfelues mais vraiment hilarantes ! Qu’est-ce qu’on était mauvais, nous deux… Si le Karma existait, nous risquerions vite de finir au purgatoire.

« Ce serait énorme ! Parvins-je à dire une fois que j’eus contrôlé mon fou rire. Par Merlin, il y a moyen de se faire de l’argent en organisant des tournois de Footboules ! Que chacun ramène son obèse ! »

Ma main se posa sur l’épaule de Killian, me stabilisant alors que j’étais presque en larmes sous l’euphorie. J’adorais ce genre de moments. Cela me faisait carrément oublier le professeur Soussa et son ignoble devoir à rendre. Si seulement il y avait des cours de rire, je m’y serais inscrite avec plaisir, histoire de remonter ma moyenne générale avec un petit Optimal des familles pour blagues débiles mais efficaces ! Cependant, je n’étais pas sûre que cela soit au goût des autres élèves, ni même de la direction. Stigmatiser les gros, ce n’était pas dans les mœurs de l’opinion public. Je trouvais ça très hypocrite de leur part alors qu’on savait tous que les gros n’étaient jamais les plus populaires, ni les plus admirés. Au bout d’un moment, il fallait se faire une raison et entamer un régime le plus tôt possible ! A leur place, je ne mangerais que des pommes jusqu’à perdre beaucoup de poids. Peut-être même que je ne boirais que de l’eau.

En parlant de cours, je fis part à mon acolyte mon désir de ne conserver qu’une seule matière pour m’assurer plus de facilité en sixième année et également du temps libre, ce à quoi il ne tarda pas à suggérer de m’appeler Madame Irma. C’était plutôt flatteur bien que cela soit avant tout ironique. Je lui rendis son air moqueur :

« Pour le préfet de Gryffondor, c’est gratuit. Alors, mmh… — je fis mine de me concentrer pour lire dans ma boule de cristal invisible — je vois… un mec tellement populaire qu’il va abandonner les cours en pleine année d’ASPIC pour…euh… s’afficher en tant que mannequin pour une pub d’un produit anti-rides ! »

Je rouvris les yeux tout en lui souriant malicieusement. Bah quoi ? Il s’attendait à ce que je lui révèle un avenir ministériel ? Il se mettait le doigt dans l’œil. En vrai, il avait de quoi avoir un boulot de ce genre mais j’espérais bien que s’il finissait mannequin, il ferait de la pub pour toutes sortes de produits sauf ceux anti-rides…

Le sujet suivant s’enchaina bien rapidement. Le ton avait changé, devenant plus sérieux qu’au début. J’avais espéré pouvoir échapper à ces interrogations pour encore quelques temps mais Killian en avait décidé autrement. Je ne pouvais pas me permettre de tout lui dire alors même si j’en savais effectivement plus que lui sur le sujet, je me devais de feindre un minimum l’ignorance. C’était sur ça que je comptais baser mon mensonge afin de m’en tirer sans être coupable de quoi que ce soit. Pour l’heure, je n’avais fait que porter le pin’s et apporter l’ongle de Winslow dans la salle sur demande mais je me doutais que ces actes me mouillaient déjà dans un plan pas légal. C’était trop tard pour reculer, je ne pouvais qu’avancer en toute discrétion comme un caméléon.

« Non, je ne te cache rien. En fait, je pensais que quelqu’un avait écrit ce message pour déconner et qu’il y avait mêlé Bonnie pour ne pas se faire avoir. Mais quand j’ai su pour la créature… Je me suis dit que ça devait forcément être lié au message. Certains disent que les gens qui ont porté le pin’s ont aussi un rapport avec ça mais même si j’ai porté le badge, il ne s’est rien passé pour moi, Killian. » Répondis-je d’un air très sérieux.

Je m’arrêtai dans ma descente, fixant mon ami droit dans les yeux. Il fallait que je le persuade tout en conservant mon assurance.

« En fait, repris-je à voix basse comme si je craignais être entendue. Le pin’s que j’ai mis ne m’appartenait pas. Je l’ai piqué à quelqu’un et je ne lui ai pas rendu. Je l’ai mis en pensant que ça serait cool de suivre une nouvelle mode mais rien n’a changé dans ma vie depuis que je l’ai mis. »

Ma main gauche vint se loger au niveau de l’une des mèches de mes cheveux blonds et je me mis à la tortiller, à jouer avec elle tout en attendant une réponse du préfet.

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Candice & Killian

Le rire mélodieux de Candice me conforte dans ma bêtise et me donne envie de continuer d’en rajouter. Faire rire la gallerie n’est pas mon objectif premier, je laisse cette stupide mission a des boulets comme Oliver. Mais faire rire Candice est une autre histoire. Je ne saurais expliquer pourquoi exactement mais disons que de sa part, je prends ça comme un espèce d’encouragement teinté d’assentiment. « Ce serait énorme ! Parvins-je à dire une fois que j’eus contrôlé mon fou rire. Par Merlin, il y a moyen de se faire de l’argent en organisant des tournois de Footboules ! Que chacun ramène son obèse ! » J’acquiesce avec un immense sourire, tandis que je la regarde essayer de contrôler le fou rire que je lui ai provoqué. Sa main se pose soudainement sur mon épaule et une vague de frisson incontrôlable s’empare de moi alors que je ne m’attendais pas le moins du monde à ce contact. Bien sûr cela ne signifie rien, elle a juste besoin de garder son équilibre devenu précaire à cause de sa crise de rire. Ce n’est bien évidemment pas non plus la première fois qu’elle me touche. Après tout, nous sommes amis. Pourtant, je n’explique pas ce trouble. C’est n’importe quoi. Ca doit juste être un courant d’air. Désireux de ne rien laisser paraître et d’oublier cette légère perturbation, je renchérit à l’idée lancée. « Je sens qu’on tient un truc ! C’est bon, on peut abandonner Poudlard et lancer notre business dans les jeux de ‘Gros’. » Si seulement c’était aussi facile. De toute évidence, je ne pourrai jamais quitter Poudlard si je veux rester dans la famille Knight. Néanmoins … On a le droit de rigoler de temps en temps, et de lancer des idées dans le vent. Ca n’a jamais tué personne.

Bien sûr, mon futur est tout ce qu’il y a de plus obscur. J’ai toujours ignoré de quoi il sera fait dans la mesure où je n’ai jamais vraiment vécu dans un environnement stable. Je ne me vois pas faire de grandes études mais si je veux rester chez les Knight et profiter de leur renom, je pense que je ne vais pas y couper. Je vois la catastrophe venir à grand pas mais… Il faut ce qu’il faut à ce qu’on dit. Demander à Candice de me prédire mon avenir relève de fait du comique de situation. J’ai l’impression que je n’ai pas de véritable avenir et si on me le révelait vraiment, j’ai peur de ce que je pourrai découvrir. « Pour le préfet de Gryffondor, c’est gratuit. Alors, mmh… je vois… un mec tellement populaire qu’il va abandonner les cours en pleine année d’ASPIC pour…euh… s’afficher en tant que mannequin pour une pub d’un produit anti-rides ! » J’hausse un sourcil évaluateur et fais mine de jauger cette annonce. En soit, abandonner les cours ça me ressemble pas mal. Mais est-ce que j’aurai vraiment le cran de le faire avec tout ce qui est en jeu? Et est-ce que j’ai la fibre d’un mannequin? Rien n’est moins sûr. Cependant, il faut avouer qu’elle a de l’imagination la petite. « Intéressant… Mais j’ai toujours sû que la Divination c’était des balivernes. Je suis destiné à un futur plus glorieux quand même. Tu t’adresses au grand Killian Knight, après tout ! » Je lâche en prenant un air faussement hautain en réponse à son regard malicieux. En réalité, la Divination est à mes yeux aussi utile que l’Astronomie. Mais tant qu’on ne me force pas à suivre ce cours de charlatan, tout va pour le mieux. « T’as encore des progrès à faire, Irma ! » Je la taquine, bien évidemment. Et elle le sait pertinemment.

En revanche, je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux lorsque je lui demande de me dire ce qu’elle sait sur les évènements étranges qui se produisent dans l’école. Je sais au fond de moi qu’elle en sait beaucoup plus que moi, mais pour une raison que j’ignore elle me cache la vérité. Je ne suis pas bête. Je sais qu’elle est parfaitement capable de se défendre si elle était en danger, mais cette situation ne concerne pas qu’elle. Et puis, je déteste être dans l’ombre et ne pas savoir ce qu’il se passe. Comment je fais pour mettre les choses à mon avantage si je suis en retard ne serait-ce que d’un wagon? « Non, je ne te cache rien. En fait, je pensais que quelqu’un avait écrit ce message pour déconner et qu’il y avait mêlé Bonnie pour ne pas se faire avoir. Mais quand j’ai su pour la créature… Je me suis dit que ça devait forcément être lié au message. Certains disent que les gens qui ont porté le pin’s ont aussi un rapport avec ça mais même si j’ai porté le badge, il ne s’est rien passé pour moi, Killian. » Je lève les yeux au ciel, absolument pas persuadé par ses dires. Comment est-ce qu’on peut penser que ce message était une blague? Je suis le roi des conneries et je n’irai pas jusque là. Alors à moins que quelqu’un ai réellement tenu à me détrôner, ce serait vraiment de mauvais goût, après tout ce que nous avons déjà traversé. « En fait. Le pin’s que j’ai mis ne m’appartenait pas. Je l’ai piqué à quelqu’un et je ne lui ai pas rendu. Je l’ai mis en pensant que ça serait cool de suivre une nouvelle mode mais rien n’a changé dans ma vie depuis que je l’ai mis. » Je sais que mentir est pour elle comme une seconde nature. Elle n’enjôlerai pas aussi facilement la gallerie sans quelques bobards bien sortis. Aussi, je me méfie. Je trouve que c’est trop facile. Trop enfantin. Même si la mode doit réellement l’intéresser, je ne prends pas. Et le fait qu’elle se mette à se toucher les cheveux me pousse encore plus à penser qu’elle invente. « Tu crois vraiment que je vais avaler ça ? Je suis pas aussi bête, et je sais que tu ne l’es pas non plus. Un pin’s en forme de goutte de sang rouge, à la mode ? Peut-être pour les vampires mais ça s’arrête là. A moins que tu ne veuilles afficher que tu es sang-pur ? » Je laisse la question en suspens mais je sais parfaitement que la pureté du sang ne l’importe pas. Pas avec une Tracy dans sa famille. Je prends une grande inspiration avant de poursuivre. « Je sais que t’es assez grande pour te défendre et que t’as pas besoin que j’te protège. Mais j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe. Et j’ai besoin de savoir que je peux compter sur toi et que tu ne me mens pas. » Autant jouer avec la sensibilité des gens autant que possible. Même si je doute que ça touche autant Candice que d’autres filles telles que Megan, peut être que ça peut l’émouvoir un peu et la faire se remettre en question.

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