JOURNAL INTIME D'AVENTURE de Garry
08/10/2024

J'ai trouvé refuge dans une vieille salle de classe du 4ème étage. Je comprends toujours pas pourquoi toutes ces pièces existent. Elles sont pleines de poussière, personne ne semble y faire de ménage, ça sent mauvais, mais c'est parfait pour se cacher quand on veut y voir personne. Je crois que tout le monde était dans la grande salle à cette heure-ci, mais j'avais franchement pas faim. Toute cette histoire m'a coupé l'appétit, alors que j'adore manger. Je savais plus quoi penser, ni quoi faire. Alors je me suis faufilé dans une salle de classe où mes chaussures laissaient des empruntes carrément visibles tant la couche de poussière était épaisse. Je suis pas allergique, alors je m'en moquais un peu. Je me suis glissé dans un coin de la pièce en restant dans l'obscurité, et je me suis assis, jambes repliées contre mon ventre. Je fixais l'obscurité en me remémorant ce qu'il venait de se passer.

Milo, il a essayé de me retenir. Mais j'en avais pas envie. On s'était tout dit, lui et moi. Il m'avait trahis, comme jamais personne ne l'avait fait auparavant. Cette histoire ne faisait pas que me concerner qu'il disait, mais concernait la totalité de l'école. Et alors ? Qu'est ce que ça peut bien me faire ? Dans l'immédiat, la seule personne qui souffre, c'était moi ! Pas lui, pas Géraldine Ducoin, non, moi ! Il aurait pu m'en parler à moi avant d'en parler à d'autres. C'est tout, point à la ligne. Je serrais mes jambes fortement contre moi alors qu'une nouvelle vague de larmes se mettait à saler mes joues. J'aime pas pleurer. C'est humide, ça devient vite froid, et ça colle. En plus, je pouvais en parler à personne.

Pourquoi tu vas me demander hein Journal ? Et bien parce que ça impliquerait de parler de Milo, hors moi, je tiens mes promesses, alors même si lui il l'a rompu, je comptais pas en parler, moi. Parce que de un : je suis loyal. De deux : si ce qu'il dit est vrai, alors il serait en danger pour m'avoir aidé, ou même juste être au courant. De trois : je voyais pas à qui en parler.

Je dirais que je suis passé par plusieurs stades durant mon isolement là bas. D'abord, j'étais perdu. Vu que je savais pas quoi faire. Je savais juste que je voulais être seul, et surtout, plus jamais revoir Milo. Ensuite, j'ai eu froid, et mal au cœur. C'est douloureux, la déception ! J'avais l'impression qu'un crabe de feu tenait mon cœur dans sa pince et serrait, serrait, toujours plus. Ça m'a arraché des sanglots, et j'ai encore beaucoup pleuré. Je n'ai aucune idée du temps qu'il a bien pu se passer pendant que j'étais seul là haut... J'avais aucune envie de rentrer dans ma salle commune de toute façon. Après avoir longuement pleuré, je me suis mis à me poser des questions. Notamment sur le pourquoi du comment j'en étais arrivé là. Pourquoi je pleurais, déjà ? Est-ce que c'était parce que j'étais blessé ? En colère ? Effrayé ? Et qu'est ce qui a bien pu pousser Milo à faire ce qu'il a fait ? Est-ce qu'il regrettait vraiment ? Est-ce qu'il était véritablement méchant ? Est-ce que moi, j'étais un méchant ? Est-ce que j'étais aussi fautif que lui dans cette histoire ? Qu'est ce qu'il se serait passé s'il m'avait prévenu à temps ? Mais surtout, surtout : qu'est ce qu'il allait se passer, maintenant.

J'ai quitté ma position de bébé pleurnichard et j'ai étendu mes jambes devant moi. Ketordu dormait. Je le dérangeais pas. J'ai décroché le pin's de ma robe de sorcier et je l'ai regardé. Il faisait vachement sombre, mais mes yeux s'étaient habitués. C'était juste une espèce de broche en forme de goutte d'eau rouge. Goutte de sang, plutôt. En fer, normal. Y avait rien de particulier. C'était juste... Un pin's. Mais c'était surtout un pin's qui signifiait pleins de choses, notamment que j'étais une saleté de sang-pure, et qu'en plus, je voulais plus des nés-moldus dans l'école. Parce que oui, c'était bien ça que ces fichus courriers voulaient dire. Je suis passé de la phase questionnement à la phase colère. J’étais en colère de m'être si bêtement laissé entraîné, par ces inconnus, par ma bêtise, par Milo. Je pleurais de nouveau, mais de rage plus que de tristesse. Je m'en voulais d'avoir été aussi naïf. Maman dit que c'est ce qui fait mon charme, mais je crois plutôt que c'est ce qui fera ma perte, moi ! Je suis un idiot, je fais confiance à tout et tout le monde trop facilement...

-Tout ça c'est de ta faute !

J'ai crié ça en jetant le pin's. Je sais que c'était pas forcément vrai, mais j'avais besoin d'un coupable. Le pin's en lui même était assez inoffensif, mais la personne, ou les personnes, qui se cachent derrière, c'est elles les vrais fautifs. Le pin's a traversé la pièce, rebondit deux trois fois sur le sol, et est sortit jusque dans le couloir. Pourtant je croyais avoir au moins rabattu la porte derrière moi, mais là, elle était à demi-ouverte. J'en avais rien à faire, j'étais énervé, terriblement blessé, et je commençais à fatiguer de pleurer comme ça. Je me suis remis dans ma position, jambes resserrées sur mon ventre et bras autour, et je me suis remis à sangloter. Je n'arrivais pas à visualiser la suite.

Hein ? Et maintenant, j'allais faire quoi moi ? Je venais de déposer un ingrédient qui allait sûrement servir de mauvaises intentions. Je voulais tellement croire que tout ça n'était qu'une mauvaise blague ! Mais Milo avait l'air tellement sérieux... J'avais personne à qui en parler. Je voulais en parler à personne. Je savais tellement pas quoi faire....

JOURNAL INTIME D'AVENTURE de Garry
08/10/2024

J'ai sursauté. Et j'ai retenu un cris de surprise. Je ne m'attendais à voir quelqu'un ici, à cette heure. Je ne l'avais surtout pas entendu rentrer dans la salle de classe ! Ce garçon était vachement discret quand même... Sur le moment, j'ai pas trop su quoi répondre. Il avait l'air gentil, à s'inquiéter comme ça pour moi, à avoir prit la peine de venir me demander ce qui n'allait pas. Mais je le connaissais pas du tout, il était carrément plus vieux que moi. Je le fixais, les yeux tout humides, les bras toujours croisés autour de mes jambes, je savais pas trop ce qu'il voulait. Après ma mésaventure dans le parc, j'avais l'impression que tout le monde autour de moi était méchant, ou me voulait du mal... Comme si je méritais plus qu'on soit gentil avec moi, qu'on s'inquiète pour moi, qu'on m'apporte de l'attention.

Je le voyais pas trop trop bien vu que j'avais choisis exprès une salle de classe sombre et j'avais fait en sorte d'être tout seul dans le noir, comme pour me punir, me cacher. Et la seule source de lumière était dans son dos alors je le voyais pas trop bien quoi. Mais je voyais combien il avait l'air grand, même s'il était accroupi. Sans le blason vert et gris sur sa robe, je n'aurais pas deviné tout seul que c'était un élève, de serpentard qui plus est. Je connais pas beaucoup de serpentard. Ni de serdaigle d'ailleurs...

Enfin bref, je le fixais sans rien dire et je le regardais en tentant d'adapter ma vue à l'obscurité. Je crois que je donnais l'impression d'être un boursouf apeuré, avec mes grands yeux mouillés et ma tête toute triste. Il avait un visage vachement carré, et il se tenait droit, comme un soldat. Il a sortit sa baguette et j'ai pas tout compris, je l'ai à peine entendu murmuré mais je sais pas trop quoi et y a un truc qui est arrivé dans la pièce en volant. Il l'a récupéré comme s'il savait exactement à quel moment ça allait arriver et tout ! De toute façon ça devait être lui qui l'avait fait venir. Ce truc, il me l'a tendu. C'était une tablette de chocolat. Pourquoi il me donnait du chocolat... ? Pour me consoler sans doute... Sur le moment j'ai vraiment, mais alors vraiment pas compris la tournure que prenaient les événements. Je l'ai pas récupéré tout de suite, je me suis mouché dans ma manche parce que, si on peut au moins lui accorder quelque chose, c'est que son intervention a eu pour effet de me faire arrêter de pleurer. J'ai donc récupéré le chocolat après un petit moment, et après m'être essuyé le nez, et je l'ai pas quitté des yeux. Je parlais pas trop trop, mais je pense que mon regard en disait long. Sourcils légèrement froncés, j'essayais de comprendre les motivations du monsieur... Je commençais à me dire qu'il voulait sûrement juste consoler un première année. Je voyais as beaucoup de grands comme lui aussi gentils avec les petits nouveaux. En général ils restent plutôt entre eux et tout.

Y a un truc dont je me rappelle d'ailleurs, il a utilisé cette expression là : par la barbe de Merlin. J'aime beaucoup cette expression moi, elle est assez rigolote ! Comme si la barbe de Merlin était super impressionnante ! Mais je l'ai jamais vue en vraie, vu que Merlin il est vachement vieux, c'était l'enchanteur de Arthur, le Roi de Bretagne je crois, et que bin ils sont morts depuis longtemps, bien avant ma naissance ! Mais par contre je l'ai vu sur les cartes de chocogrenouilles. Mais Albus Dumbledor avait la même barbe, donc pourquoi on dit pas : par la barbe de Dumbledor ? Longue, blanche, même Papi leur arrive pas à la cheville niveau barbe !

Parenthèse mise à part (je sais pas si ça se dit), quand j'ai récupéré la tablette, j'ai pas dis de suite merci. Je l'ai ouverte et j'ai croqué dedans, sans même prendre la peine de couper un carré, et en vrai, ça m'a trop fait plaisir. J'avais pas spécialement faim, mais je suppose que le sucre guérit les bobos du cœur... J'étais toujours collé contre mon mur avec les jambes serrées contre mon ventre quand j'ai enfin osé lui répondre, à ce monsieur aussi bizarre que gentil.

-Merci...

Je savais pas trop quoi dire. Déjà, je pleurais plus à chaudes larmes. J'ai d'ailleurs essuyé le reste de mon visage toujours avec ma manche, histoire d'avoir l'air un peu moins misérable, mais j'avais toujours le nez qui coulait alors je reniflais pas mal. J'avais posé mon menton sur mes genoux et je le regardais, curieux de savoir ce qu'il faisait ici. En fait, sa présence avait vraiment eu le don de me faire un peu penser à autre chose. Genre, j'avais plus toutes ces questions horribles en tête, comme, est ce que les mange-morts allaient venir ? Ou est ce que mes amis vont mourir ? Non, là, je me demandais juste qui c'était, et qu'est ce qu'il faisait ici.

-Tu es qui ?

Du coup, je lui ai demandé entre deux reniflements. J'étais pas vraiment sur la défensive, sa présence ne me faisait pas peur, elle me rassurait. J'étais pas non plus forcément amical, après le coup bas que je venais de subir, j'avais un peu de mal à me montrer joyeux ou juste enjoué de quoi que ce soit. Mais, en même temps, il avait l'air d'être là en ami, donc j'allais pas le traiter comme un ennemi...

-Tu m'as entendu de dehors ? J'ai fais trop de bruits c'est ça... Désolé, je voulais déranger personne...