Guitare électrique magique à la main, Augustus hurlait littéralement la chanson phare de son dernier album avalant à moitié son micro face à une foule en délire. Du haut de son mètre quarante, le petit bonhomme galvanisait la foule. Au premier rang de jeunes sorcières adolescentes tombaient dans les pommes, envoutées par le charme dévastateur des taches de rousseur qui peinturluraient le visage poupon du gamin de onze ans en transe. Poussant des grands cris, Augustus projeta sa guitare en l’air révélant un faux tatouage sur son bras et cassa sa guitare sur la scène avec violence dans un immense fracas, il passa ensuite sa main dans son iroquois châtain, vérifiant que sa mèche était toujours aussi impeccable qu’à l’accoutumé.

Les musiciens du groupe dont il était le leader, les fameux « You can Kiss me I have no teeth » l’acclamaient. Ivre de bonheur, un immense sourire qui remontait jusqu’à ses oreilles décollées était peint sur ses traits d’enfant. Le petit garçon sauta de tout son long dans la foule se laissant transporter par une armée de bras jusqu’au bout de l’immense salle. Puis il la vit, cette fille, LA fille qu’il admirait depuis le premier jour de sa première année à Poudlard, son amour pour elle n’avait aucune limite et il serait allé défier même le plus grand des sorciers pour conquérir son cœur. Elle portait un t-shirt à son effigie sur lequel était inscrit « Augustus mon héros, tu es le plus beau » et lui souriait tendrement en tendant les bras vers lui, presque droguée par le parfum de sa jeunesse et n’attendant plus qu’une langoureuse étreinte. Augustus tendit lui aussi les bras vers elle. Le mouvement de foule le guidait vers sa promise. Il pourrait bientôt l’embrasser et avec la langue !

Bien que d’un naturel plutôt extraverti et sans aucun complexe, le petit punk officiel de Poudlard n’avait jamais osé l’aborder. Faire l’idiot, ne rien écouter en cous, être aussi bruyant que possible et draguer sans vergogne d’autres filles n’avaient jamais réussi à attirer son attention jusque-là. Elle s’approchait de lui certainement envoutée par sa petite cicatrice sur le menton.

Cette marque lui avait été laissée par son idiote de grande sœur en dernière année chez Serdaigle lors d’une partie de Quidditch. En dépit de cet incident, Augustus savait qu’il pouvait compter sur ses nombreuses sœurs. Au nombre de 5, la famille Huxley avait l’honneur d’être représentée dans les quatre maisons de la prestigieuse institution magique. La fratrie entière faisait toujours tout pour Augustus, il avait toujours été le chouchou, le plus couvé, l’enfant roi, le petit dernier le plus protégé de tous et tout le monde l’aimait. En tant que seul garçon, il avait toujours eu le meilleur rôle. Son père était convaincu qu’il fallait laisser la créativité s’exprimer et lui passait à peu près tout, l’encourageant même à défier l’autorité et la bonne morale.

Sa promise était à présent à quelques centimètres à peine de lui et elle tendit ses lèvres rosées prêtes à se glisser au travers de celles de son jeune prétendant. Plus que quelques centimètres les séparaient. Les grands yeux bleus océans du garçon se fermèrent alors qu’il plongeait sa langue inexpérimentée tout entière dans celle de sa princesse. Il était plutôt chétif, pas très grand pour son âge et avait oublié de prendre de kilos avec les années mais enfin ! Enfin ! Il venait de conquérir le cœur de sa bienaimée.

Il rouvrit les yeux pour découvrir Apolline Huxley, troisième du nom, penchée sur son lit à quelques centimètres de lui.

- Debout ! Augustus Huxley ! C’est la rentrée demain et tu as encore plein de choses à faire !

Rugit la somptueuse maîtresse de maison, tourmenteuse en chef, Directrice de Cabinet de l’adjoint du Ministre de la Magie et génitrice de la famille le faisant sursauter alors qu’il émergeait à peine du royaume des rêves.


Le cœur battant la chamade, il chercha son amour disparue du regard voulant se blottir dans ses bras chauds. A la place sa mère arracha les draps laissant son fils en caleçon totalement vulnérable à la fraîcheur du petit matin. Sans demander son reste, la dragonne quitta la chambre qu’Augustus partageait avec sa petite sœur de 8 ans. Cette dernière dormait paisiblement. La matriarche de famille n’ayant pas jugée bon de la réveiller avec la même douceur. En baillant aux corneilles, il alla se regarder dans la glace songeant qu’il entamerait demain sa troisième année à Poudlard. Il ajusta la crête dont il était si fier et se frotta les yeux. Un regard de désespoir sous son aisselle lui apprit qu’il n’avait toujours pas de poil ! Il entendit son prénom au rez-de-chaussée. Il le détestait ce prénom, il ne l’avait jamais aimé.

La grande maison des Huxley en plein cœur de Mayfair était en effervescence ce matin. La salle à manger-cuisine était noire de monde et annonçait la fin des vaçances. Éléonore, sa plus grande sœur qui rentrait en dernière année avait préparé le petit déjeuner pour son petit frère qui posa ses fesses sur un tabouret engloutissant son musli bio en lisant Rock’n’roll Magazine.
Xavier, le père d’Augustus passa soudainement la porte. Il portait une veste en cuir. L’homme dégingandé entra et tapa sur l’épaule de son fils lui disant qu’il avait écouté son dernier morceau et que vraiment ça déchirait ». Son père comme lui était musicien et son degré de maturité frôlait le zéro absolu. Il était l’inverse de sa mère.

Si Xavier avait toujours été pile, Apolline, elle, était face. Augustus s’était toujours demandé comment ils avaient pu se rencontrer et surtout comment ils avaient pu s’aimer au point de fonder un foyer. Elle venait d’une famille de sorciers proche de l’aristocratie, il était bohème et poète sans un sou et avait grandi dans une communauté de sorciers du voyage.
Elle était sérieuse et stricte, croulant sous le poids des responsabilités depuis les tristes épisodes Blackman et le groupuscule de Néo-Mangemorts qui avaient défrayés la chronique. Résolument moderniste et progressiste malgré sa haute naissante, elle avait été au front lors des attaques à Poudlard, décorée par le Ministère de la Magie pour sa participation à la Bataille de Poudlard ayant conduit à la chute de Voldemort, Apolline était une femme de poigne. Une mère dragon que rien ne pouvait arrêter. Xavier était le seul à savoir la faire rire, elle avait été la seule à le considérer autrement que comme un raté.
Il l’avait mise en enceinte dès sa dernière année à Poudlard, elle avait gravi les échelons du Ministère de la Magie, il s’occupait d’enfants défavorisés. Des années après elle accoucha d’Augustus. Le seul et unique garçon de la famille : le petit Prince ; l’idole de son père. Le chouchou de ses sœurs !

Augustus avait passé ses premières années à la course du soleil, choyé et bercé par l’amour de son père mais écartelé avec l’extrême sévérité de sa mère. À mesure que les années s’écoulaient, Augustus avait vu ses sœurs partir à Poudlard les unes après les autres, ll entretenait l’école dans une sorte de mythe raconté par le prisme de ses sœurs qui s’y plaisaient tant. Seul à la maison la plupart du temps, il s’était rapproché de son père et avait mimé son comportement sur le sien. Immature, frondeur, grande gueule, indomptable et refusant de se taire si il avait quelque chose à dire.

La musique elle aussi l’avait très vite bercée. Mélomane et aussi très sensible, le poids de ses doigts sur une guitare ou sur un piano parvenait à le guérir de toutes ses peines enfantines.

Dès son plus jeune âge son père insista pour qu’il se fasse un Iroquoi en souvenir de sa propre crête bien des années auparavant. C’était une sorte de rite de passage, le signe qu’il était le fier descendant de son père et que si lui avait échoué à monter un groupe de rock, cette charge serait à présent la sienne. Xavier avait toujours estimé que son fils était rusé et avait du mal à baisser les bras même s’il avançait contre le vent. Augustus possédait une vraie âme de leader et pour une fois : ses deux parents étaient d’accord.

Seul garçon de la maison, il grandit plus vite que prévu. Très proche de ses sœurs malgré qu’elles vivent à Poudlard, il joua malgré lui le rôle de confident et de protecteur pendant les grâces et les disgrâces de la vie adolescente de toute la petite fratrie. Peines de cœur, mauvaises notes, tracas du quotidien. La peur qui se lisait dans les hiboux envoyés par ses sœurs racontant les traitements inhumains qu’on infligeait aux enfants de moldus, les sévices de l’abject Blackman trouvaient refuge dans les touches polies d’un piano ou d’une guitare. Ses précieuses sœurs se confiaient toujours à lui. Ses frêles épaules trouvaient toujours la force pour soutenir et consoler les peines et les maux, ce travers ne le quitta jamais et il parvenait souvent à être plus inquiet que ses sœurs lorsqu’elles passaient leurs BUSE.

Espiègle et innocent, sa mère n’était pas suffisamment présente à la maison – retenue par toutes sortes de réunion auxquelles le garçon n’avait jamais rien compris - pour lui imposer un travail sérieux et régulier. Dès ses neuf ans, sous l’impulsion de son père, il créa son groupe de musique et enrôla trois copains d’école. Les “You Can Kiss Me I Have No Teeth” étaient nés. Le petit groupe répétait dans le garage et si la première représentation n’accueillit pour seuls spectateurs les parents et frères et sœurs des membres du groupe, cette étape représenta une première victoire pour Augustus, une première victoire qu’il n’avait pas à partager avec le reste de la famille, une immense victoire quand sa mère se mit à applaudir, même timidement.

Un matin la lettre tant attendue arriva. Poudlard lui tendait les bras. Il ferait sa rentrée en septembre.

Sa première année fut plutôt agitée. Elève plutôt doué mais partisan du moindre effort option poil dans la main. La principale préoccupation de sa première année étant de devenir l’élève le plus populaire de l’école. Osant à peu près tout et n’importe quoi y compris envers ses ainés et ne réfléchissant aux conséquences qu’après coup. Il multiplia les fracas et les retenues et occupa son temps à chercher comment reformer son groupe de musique. En parallèle des Kiss Me I have No Teeth en hiatus, il forma un autre groupe, une bande de première année les « Pisse sur Némésis », il s’autoproclama chef et mit en place une contrebande de Cartes de Chocogrenouilles et d’autres activités peu recommandables pour une bande de gamins de onze ans, activités qui auraient pu leur valoir de sacrés problèmes.

Sa première année achevée sans trop de soucis ou de blessures trop graves. Les « Pisse sur Némésis » contribuèrent à la résistance farouche contre le Ministère de la Magie du mieux qu’ils le purent du haut de leurs douze ans. Augustus de sang pur, fut relativement épargné par cette terrible année. Témoin de plusieurs excitations, il perdit une part de son enfance cette année. Confronté à tout ce que son âme bienveillante haïssait. Soumis plusieurs fois à la question et par deux reprises au sort du Doloris, Augustus se jura qu’il mettrait toute sa musique et son courage pour l’égalité de tous. Les Pisse sur Némésis ayant naturellement rejoint la résistance.
Sa deuxième année plus tranquille, il ne garda que peu de traumatisme des diverses péripéties organisées par le Directeur Londubat.

Sa mère avait été déchue de son poste de directrice au Ministère de la Magie, ayant osé afficher divergent du nouveau Maître des Lieux. Faisant bonne figure, Augustus savait au fond de lui qu’elle dépérissait. Reléguée à des tâches subalternes, elle se taisait et endurait n’osant rien dire qui puisse la mettre elle ou sa famille en danger.

Il attendait à présent impatiemment la rentrée. Deux objectifs principaux devraient jalonner cette année : trouver une copine si jolie qu’il rendrait jaloux tous les autres tocards de sixième et septième année, reformer complétement son groupe de musique.

Mais Apolline ne l’entendait pas de cette oreille et lorsqu’il eut finit son petit déjeuner. Elle entra en hurlant qu’il était hors de question qu’il se fasse encore remarquer avec cet « immonde » coiffure. Et que la troisième année à Poudlard était importante. Qu’il avait beau être devenu un beau jeune homme avec de l’allure, il devait encore faire honneur à la famille. Que personne n’irait nulle part tant qu’il ne serait pas un peu plus présentable.

Quelques heures plus tard, il était à bord du Poudlard Express pour une troisième année dans cette école qu’il aimait tant. Le regard triste, il se regarda dans la vitre du compartiment retenant les larmes de ses prunelles océans. Sa mère avait osé ! A l'aide d'un sortilège elle avait rasé son iroquois et lui avait fait repousser ses cheveux pour qu'enfin "il ne soit plus un immonde petit voyou avec une crète de délinquant". Même l'intervention de son père n'avait pas suffit à raisonner Apolline qui lui avait juré que si elle apprenait qu'il avait tocuhé à ses cheveux, elle lui enverrait trois beuglantes par jour jusqu'à la fin de l'année.

Le mois de novembre arriva rapidement, Augustus profitant de cette année plus tranquille pour partir à la recherche de la femme de sa vie !

Xavier Huxley : sorcier de sang pur, anciennement membre d’une communauté de sorciers du voyage (l’équivalent de nos gens du voyage). Poète dans l’âme, fou de rock, poète et auteur, il quitte la communauté après son mariage avec Apolline Huxley, sa femme.

Apolline Huxley, sorcière de sang pure issue de la noblesse britannique. Apolline est une femme de caractère, anciennement Directrice de Département au Ministère de la Magie elle est reléguée à des tâches subalternes en raison de ses idées contraires à Blackman. Mère louve de sept enfants, elle est particulièrement autoritaire.

Diane, Mérédith, Sarah et Persephone Huxley : Les sœurs et les plus grandes admiratrices d’Augustus. Réparties dans les quatre maisons de Poudlard, elles sont respectivement en 4, 5, 6 et 7ème année. Bien que très différentes, elles adorent leur petit frère et se réjouissent de son arrivée à Poudlard.

Nan mais tu vois vieux, les groupes de rock moldus franchement tout n’est pas bon à jeter, y a deux trois trucs qui claquent bien les ziggouilles si tu vois ce que je veux dire mon pote. Au fait moi c’est Gus. Serein ? Bah, franchement j’ai des sœurs dans chaque maison donc je ne serai pas perdu. Tu ne joues pas de la basse toi, je cherche…

Un grognement agacé d’un professeur interrompit la tirade d’un Augustus déjà très à son aise parmi ses petits camarades dont la plupart étaient anxieux en vue de la répartition imminente. Le dernier né de la famille Huxley était pour sa part plutôt confiant voir terriblement excité. Poudlard lui avait été comté par ses sœurs depuis des années. Enfin, il mettait de réelles images sur les lieux décrits par sa famille, enfin, il pouvait respirer l’atmosphère si particulière qu’on respirait dans la grande salle.

Le gamin dégingandé détonait parmi la masse d’élèves. Son iroquois attirait les regards et les sourires parfois moqueurs des petits et des grands. Mais Augustus n’était jamais impressionné, il aimait qui il était, sa robe de sorcier couvert de pins arborant des noms de groupes de rocks associé à sa coiffure faisait partie de son altérité, le regard des autres lui importait peu.

Au loin une de ses sœurs lui fit un grand signe de la main. Augustus se fendit d’un immense sourire innocent et lui rendit son salut. Son cœur se serra alors que les premiers appelés défilaient avec timidité vers le Choixpeau qui scellerait leur destin pour les années à venir. Au fond de lui, le petit punk avait une préférence mais savait que dans tous les cas il serait déçu. Ses cinq sœurs étaient réparties dans toutes les maisons de Poudlard, signe évident s’il en fallait un de plus de la particularité de sa famille.

Son nom retentit. Le garçonnet réajusta sa robe de sorcier et s’avança, chantant intérieurement sa musique préférée pour faire redescendre le stress qui s’était emparé de chaque partie de son corps. Un signe de rock’n roll plus tard à sa seconde sœur chez Serdaigle plus tard, il prit place.
La respiration saccadée, il attendit, la gorge nouée.

Cry baby, cry, i’m so sexy, don’t worry, you can kiss me i have no teeth.