Je suis né à Dublin une nuit d’automne 1988, d’une mère sorcière et d’un père moldus. Mes parents se sont rencontrés dans la gare de Kingscross, alors qu’elle, de son prénom Jenny, attendait sa meilleure amie, sorcière également, pour traverser le fameux mur et se rendre à la voie 9 ¾. Equipée d’un chariot sur lequel elle transportait toutes ses valises ainsi que la cage de son hibou Ruddle, elle a attiré l’attention de mon père, Bradley, qui attendait patiemment pour prendre le train destination Dublin. A l’origine, vous l’aurez compris, ils ne sont pas irlandais. C’est en réalité lors d’un été passé à Dublin qu’ils se retrouvèrent, eux qui n’avaient qu’à peine eu le temps d’échanger quelques politesses auparavant à la gare, les joues rougies par la timidité, C’est donc avec stupéfaction qu’ils se croisèrent là, adossé au bar d’un pub moldus. En effet, ma mère n’a jamais discriminé ces hommes et ces femmes dépourvus de pouvoirs magiques. Elle les trouvait aussi fascinants qu’intriguant. Je dis bien « trouvait », car elle est décédée il y a six ans des suites d’une maladie encore inconnue à Sainte Mangouste. Ce pourquoi je ne crois guère en la médecine, qu’elle soit magique ou non. Mon père, ne pouvant supporter de vivre sans elle, s’est donné la mort trois mois plus tard. Je suis donc seul à présent dans cette famille dont je porte fièrement le nom, même s’il n’a rien d’exceptionnel.
J’ai intégré Poudlard à leur plus grande fierté et ai été accepté dans la grande maison de Serpentard. J’étais tellement heureux de faire partie des verts et argents, car cette maison me représentait tout-à-fait de par mon caractère : fier, orgueilleux, intelligent, sournois. Certes, cela pourrait paraître péjoratif, mais j’ai également des qualités qui font de moi, et comme tout-un-chacun un être à part.
Très rapidement, je me suis passionné pour l’astronomie. Etudier les planètes, leurs mouvements, leurs incidences sur les mers, les océans et même les êtres humains… C’était une richesse que d’apprendre tout cela, et très vite je me suis juré que je travaillerai dans ce domaine. Bien sûr, je ne me doutais pas que je deviendrai à mon tour professeur à Poudlard, mais à présent que c’est fait, j’en tire une immense fierté.
Côté cœur à présent, et c’est là le sujet qui fâche, j’idéalise complètement le concept de couple. Celui de mes parents était tellement parfait que je doute que je pourrais vivre cela à mon tour un jour. Alors voilà ma manie : je drague. J’use de mon charme naturel et de la bonté de Dame Nature pour rencontrer des femmes et vivre des histoires plutôt courtes, de peur de trop m’attacher et de finir comme mon père : mort de chagrin. C’est une chose que les femmes qui sont tombées amoureuses de moi ont du mal à comprendre. Après tout, qu’est-ce qu’une vie sans amour ? Je n’en sais rien, leur répondrais-je, mais je suis prêt à vivre ainsi pour survivre. Même si ça ne me rend pas heureux…

Comme évoqué ci-dessus, mon père Brad et ma mère Jenny se sont rencontrés à la gare de Kingscross. La voyant patienter là et intrigué par toutes ses affaires – notamment son hibou – ils échangèrent quelques mots où ma mère ne lui dévoila bien entendu pas son identité de sorcière. Cependant, si on peut appeler cela un « coup de foudre », le destin a voulu les replacer sur le même chemin, à Dublin, l’été suivant. Si ma mère n’en dévoilait rien, un matin il l’aperçut à l’angle d’une ruelle où ils s’étaient donné rendez-vous, en train de jeter un sortilège à la boutonnière de sa longue robe pour recoudre un des boutons qui s’était défait. C’est ainsi que mon père découvrit le monde de la magie, monde qui ne l’effraya pas mais qui le passionna aussitôt. Et, ma mère eut beaucoup de chance pour cela, il n’en dévoila rien aux autres moldus et garda précieusement le secret qui entourait ma mère.
Ce fut lorsqu’elle finit ses études qu’ils s’installèrent ensemble à Dublin, ville où leur amour a réellement pu naître, que mon père devint banquier et ma mère infirmière pour sorciers. Ils m’eurent cinq ans plus tard, et découvrirent rapidement mes pouvoirs magiques lorsque je mis le feu à la suspension qu’il y avait au-dessus de mon landau.
Ma petite vie auprès d’eux se déroula sans encombre. Ils étaient doux et compréhensifs, fiers de leur fils que j’étais, mais… Mais la grande roue de la vie finie toujours par tourner, comme on dit. Ma mère commença à souffrir d’une fièvre étrange et aigue il y a six ans, pour mes trente ans plus exactement. Prise de quintes de toux qu’aucun remède ne sut guérir, elle mourût dans son sommeil, une nuit de pleine lune. Je vous laisse imaginer dans quel état Papa et moi nous étions, mais jamais je n’aurais pu croire qu’il puisse à ce point en être heurté. Il se donna la mort trois mois plus tard par pendaison… Aujourd’hui enterrés ensemble dans un cimetière sorcier irlandais, j’ai quitté le pays pour revenir à Londres, loin de toute cette histoire et à présent heureux de pouvoir oublier ma misère au travers de mon métier que j’aime tant. Et qui m’évite de trop penser.

J’avais le trac. C’était presque inutile de le préciser car totalement évident de l’avoir pour quelqu’un qui se trouve être à ma place, mais je le dis quand même. Assis à la grande table des enseignants de Poudlard, le directeur, Neville Londubat, tendit la main vers moi et présenta d’une voix forte et légèrement autoritaire :

« Voici votre nouveau professeur d’Astronomie : Monsieur Hayden Mistersen. »

Applaudit par les élèves et ceux qui étaient à présent mes collègues, j’étais enchanté de pouvoir faire partie du corps enseignant et de pouvoir poursuivre ma voie à Poudlard. Je me levais donc de ma chaise et m’inclinais légèrement pour saluer la foule, un sourire sincère aux lèvres.
Le repas se déroula ensuite paisiblement et je fis brièvement connaissance avec mes confrères. J’avais surtout hâte que commence les cours le lendemain matin… avec les sixièmes années, semblait-il ?
C’est ainsi que je me dirigeai vers mes appartements une fois le banquet terminé, me déshabillai et m’installai dans mon lit pour une bonne nuit de sommeil. Un sourire aux lèvres, je regardai à travers la fenêtre située auprès de mon lit le vol d’un hibou qui disparut dans la pénombre de cette nuit à peine illuminée par un croissant de lune.
Le lendemain matin, après avoir passé une bonne nuit faite d’un sommeil réparateur, je filai me doucher et revêtit un costume ainsi qu’une chemise et une cravate tous noirs, qui était la seule « couleur » que j’affectionnais. Une fois prêt, je me dirigeai vers la salle commune pour prendre un petit déjeuner - et en profiter discrètement pour évaluer la qualité physique de certaines enseignantes absolument délicieuses. Puis, ceci étant fait, je pris la direction de ma salle de classe dans laquelle mes élèves m’attendaient déjà. Muni d’un grand sourire qui me donnait un charme certain - je le reconnais et sais en abuser je l’avoue – je leur dis avec bonne humeur :

« Je vous en prie, asseyez-vous. »

J’attendais patiemment que le brouhaha des chaises qui raclaient le sol ne s’apaise, et ajoutai :

« Vous pouvez ouvrir votre manuel. Aujourd’hui nous allons commencer par des choses basiques concernant l’astronomie. Vous avez dû lire, si je ne m’abuse, le livre qui vous a été indiqué sur la liste de ceux que vous aviez à lire pour la rentrée. C’est bon pour tout le monde ? Parfait. »

Je pris ma baguette, et pointai la suspension qui se dressait au-dessus de nos têtes, où chaque planète était représentée dans son mouvement particulier.

« Vous allez apprendre dans ce cours que chacune de ces planètes a des incidences sur la psychologie des individus. Je regrette que cela ne vous ait pas été enseigné lors de vos années précédentes, mais il y a des bases que vous connaissez déjà. Parlons pour commencer de la lune. Nul n’ignore par exemple qu’une pleine lune a des effets sur une certaine catégorie d’individus que l’on nomme les « loup-garous ». Bien, mais avant de développer sur cette planète aux effets majeurs, voyons la plus petite d’entre elles : Mercure. »

C’est ainsi que le cours se déroula, sans encombre, et sous les regards amusants de certaines demoiselles qui me badaient du regard. Qu’il est plaisant d’être enseignant !