Andrea & Ashton

You're not supposed to be here

« Ashton ! On part maintenant alors tu te dépêches ou tu resteras ici ! », cria Alfred Sevenoaks au travers du manoir qu’il habitait depuis une bonne semaine. Il y avait encore des boîtes un peu partout, mais ça commençait à se placer. Le sorcier avait eu du mal à trouver des domestiques, et acheter un elfe de maison était encore hors de son budget actuel après malgré son immense héritage. Il n’était pas connu pour être un homme très frivole qui abusait des biens laissé par la famille. Si bien que tant qu’il n’y aurait pas une meilleure entrée d’argent portée par son nouvel emploi, il devrait se contenter de cette étudiante qu’il avait déniché pour ranger sa demeure et veiller sur ses trois enfants pendant son absence. Évidemment, ce n’était qu’une alternative viable pour l’été puisqu’elle devrait reprendre ses études à l’Université magique de Londres à l’automne, mais elle restait peu abordable et efficace en plus d’être digne de mettre le pied dans sa maison. Des pas dans les escaliers se firent entendre alors que sa fille du milieu descendait pour rejoindre le reste de la famille dans le salon où ils useraient de poudre de cheminette afin de se déplacer. Un souper chez la belle-soeur d’Alfred était prévu ; Cassandre Sevenoaks. La “femme” de son frère aîné. Il n’a d’ailleurs jamais compris comme son frère a pu tromper une femme pareil, aussi parfait, avec une sang-de-bourbe. C’est sans doute la raison pourquoi la relation entre Alfred et Cassandre ne s’est jamais altéré malgré les honteuses erreurs d’Anatole. Après tout, quand on a le même ennemi… « La prochaine fois, tâche d’être à l’heure Ashton. Quand je dis dix-huit heure, c’est pas dix-huit heures cinq. », gronde la père de famille sur un ton assez autoritaire pour enlever à la blondinette tout envie de répliquer. Elle se contente de baisser les yeux, hochant la tête, assez honteuse. Si Ashton Sevenoaks n’a aucun respect pour celle qui lui servait de mère, c’est tout l’inverse pour son père. Sans plus un mot de la part de l’un ou de l’autre, les quatre Sevenoaks s’enfoncent dans la cheminée à tour de rôle, disparaissant dans un éclair de flammes vertes pour réapparaître dans un autre salon richement décoré.

« Ashton ! », la salue chaleureusement sa tante Cassandre lorsque l’adolescente débarque de l’âtre, poussiéreuse comme un balai. « Laisse moi te débarrasser de toute cette saleté ! » Un coup de baguette de la part de la sorcière pour redonner à la jolie blonde un bon coup d’éclat. « Merci ma tante ! », lui dit poliment Ashton alors que la femme l’observe des pieds à la tête. « Ces cheminées ne sont pas d’une grande propreté, j’en aie bien peur. Malheureusement, n’ayant pas encore l’âge de transplaner, nous n’avons pas beaucoup de choix en matière de moyen de transport qui ne nous vienne pas de ces moldus. » Le dernier mot râpe la langue de l’adolescente qui déteste utiliser les expressions anglaises qu’elle juge ridicule. En privée, elle se permet de les éviter, mais devant les adultes, elle se doit de montrer qu’elle est bien élevée sous peine de réprimande de la part de son père qui vient justement d’arriver dans son dos en compagnie de sa petite soeur Sydney occupant l’attention de sa tante. Maintenant libérée, le blondinette pourra enfin partir à la recherche de la raison principale de l’excitation qu’elle avait à venir dîner chez la famille ce soir ; son cousin Andrea. Le seul garçon dans tout l’univers qu’elle considère réellement intéressant. S’il n’était pas son cousin, elle pourrait même en dire qu’il est PARFAIT. Le modèle même du boyfriend material à son avis.

Parcourant les couloirs de la demeure, Ashton se laisse guider par ses vagues souvenirs de l’endroit. Elle n’a pas mis les pieds ici depuis de années sans pour autant que celà ne l’empêche de se rendre jusqu’à la chambre de son cousin sans embûche. Malheureusement, cette dernière est complètement vide. Ne se laissant pas déstabiliser pour si peu, Ashton reprend ses recherches laissant ses pas la mener à son endroit préféré, et sans doute celui de son cousin ; la bibliothèque. Encore rien ici… Enfin, à l’exception de cette bibliothèque un peu trop avancé qui attire sa curiosité. S’approchant, elle glisse ses mains dans la fente, cherchant à découvrir ce qu’il y a derrière. Sa surprise est grande de voir que le meuble s’écarte à la manière d’une porte laissant libre l’entrée d’un escalier en pierre descendant légèrement. Prise d’audace, Ashton jette un coup d’oeil derrière elle avant de s’aventurer dans la descente des marches. Une vingtaine en tout avant de ne déboucher dans une pièce éclairée par ces bougies. La lumière est suffisante pour qu’elle puisse se diriger entre les étagères sur lesquelles reposent des dizaines de flacons et ingrédients en tout genre. Excitée comme une puce face à cette mystérieuse découverte, Ashton ne fait ni une ni deux avant de s’emparer de l’un d’eux identifié seulement par un étiquette portant pour seule indication un coeur. Elle l’observe quelque seconde à la lueur d’une bougie avant d’en retirer le bouchon pour en sentir le contenue. Lavande, café, odeur de la mer… C’est à cet instant que des bruits de pas dans son dos la font sursauter.

Tout doit être parfait pour l'arrivée de la partie australienne des Sevenoaks. Ma chambre est rangée - même si la valise à moitié faite trône au milieu de ma chambre et je pousse un léger soupir devant le travail accompli. Dans le salon, j'entends des voix qui s'élèvent et je comprends rapidement que les invités sont arrivés. Un mince sourire se dessine sur mes lèvres. Même si j'avais l'habitude d'être seul avec Mère et les domestiques à la maison, un peu de vie dans cette maison ne m'a jamais fait de tord. J'aimais recevoir des invités. Plus dans des bals et soirées que Mère organisait pour diverses occasions telles que Noël, Printemps, anniversaires de famille et occasions politiques, mais les événements familiaux me convenaient. Je sais que dans le fond, nous sommes de nombreux cousins Sevenoaks. Même si nous sommes disséminés un peu partout sur cette Terre, nous sommes un peu la famille ayant gardé les traditions et le Manoir à Sevenoaks. Comme jeunes adultes et enfants, nous ne nous connaissions pas tellement. Nous nous croisions une à deux fois l'année si nous étions chanceux. Il n'empêche que les premières minutes étaient toujours un peu spéciales à nous apprivoiser. Mais nous sommes nés dans le même moule, dans les mêmes traditions, dans la même philosophie de suprématie et d'élitisme. Ça me convient. Ce sont deux choses en lesquelles je crois. Je pense que si toute notre famille gardait cette ligne de conduite, le nom des Sevenoaks perdurera encore à travers des siècles. Je vous avoue que c'est une fierté personnelle pour moi, de faire partie d'un contexte tellement grand et imposant. Nos ancêtres ont apporté chacun une pierre à l'édifice de cette merveilleuse société sorcière. Elle n'était pas optimale, ça non, mais elle progressait, j'espérais dans la bonne direction, grâce à nos apports, significatifs et considérés. Heureusement, malgré les écarts de certains membres de la famille - reniés d'ailleurs -, notre nom était toujours aussi respecté. J'espérais pour mes cousins que ça relevait également du domaine du sacré pour eux. C'était quelque chose qui les dépassait, qui me dépassait, qui nous dépassait tous, et qu'il fallait adopter et respecter pour jouir des privilèges apportés. Rien que ça.

Je descends les quelques volées d'escaliers pour arriver dans la pièce principale et serre fermement la main d'Alfred Sevenoaks puis de son fils, Dakota. J'arrache des mains de Mère la plus petite - façon de parler, bien sûr - et me plie en deux pour lui faire un baise-main. Je sais que je fais un peu peur à cette petite, mais j'aime bien son innocente crainte. Je sais qu'à la fin de la soirée, elle ne voudra plus me lâcher - les débuts sont toujours un peu difficiles - mais je lui laisse le temps de se faire au décor. Je sais que c'est tellement banal à dire, mais ils ont tellement grandi ... C'est sur qu'une fois par an, ils ont le temps de prendre quinze centimètres facilement. La conversation s'engage autour de mes résultats et je reçois les félicitations. C'est vrai que la note maximale à tous mes cours peut paraître impressionnant. Pas tellement pour un Sevenoaks, dans le fond. L'oncle doit se dire que je suis des voies bien tracées. Tant mieux. Je profite d'un moment de flottement pour lever un sourcil, légèrement curieux. « Ashton n'est pas venue ? » Son père me rassure de son tat et m'indique qu'elle est partie vers ma chambre. C'est qu'elle n'a pas perdu de temps à venir me déranger ... Je lui rends un sourire poli pour masquer ma malice. « J'ai déménagé dans une autre chambre l'été dernier. Je vais la chercher, je crois savoir où elle peut être. » Je laisse les deux adultes avec un Dakota toujours aussi distant de moi. Je ne sais pas ce que je lui ai fait à ce gamin, mais mon charme naturel ne prend pas avec lui. Je me doute qu'il doit inconsciemment me connaître. J'ai quelques doutes où il pourrait énormément me ressembler. À voir bien sûr, mais nos conversations ne sont jamais vraiment animées. Difficile de faire parler deux adolescents-adultes qui préfèrent se renseigner avant d'annoncer quoi que ce soit ... Avec Ashton, c'était une autre histoire. Je n'aime pas les enfants, mais Ashton est particulière. Elle a une roublardise qui me fait sourire. C'est une arnaqueuse de première, et même si je lui ai demandé d'arrêter et d'utiliser son intelligence autrement, ça n'a pas l'air d'avoir fonctionné. C'est plus fort qu'elle. Maintenant qu'elle a grandi, je suppose que ça me fait plus rire qu'autre chose, alors je la laisse faire en essayant de percer son jeu. Ça fait un moment que je n'ai plus vu son minois, et je me doute qu'elle a dû gagner en taille et en beauté. Une vraie petite femme, à présent. Je savais qu'elle avait dans ces projets de rentrer à Poudlard, et j'étais un brin déçu de ne pas pouvoir assister à sa première année au Château. J'ai un peu peur, même si dans le fond, je sais qu'elle n'a rien à craindre. Elle sait bien s'entourer, et puis Dakota est plutôt protecteur. Tant mieux pour elle, parce que des ennuis, elle va s'en attirer. C'est un fait certain.

Mon ancienne chambre a été reconvertie en chambre d'amis, mais elle est bien vide. Je continue sur mes pas et passe dans le vestibule. Vide. La pièce adjacente est la bibliothèque et je sais que je n'ai pas verrouillé le passage de mon laboratoire lorsque Mère m'a sommé d'aller ranger mes appartements. À mon tour, je fais glisser le meuble machinalement et descends les escaliers. Est-ce que je suis surpris qu'elle ait découvert le passage ? Un peu. Je m'attendais à ce qu'elle le découvre, mais si rapidement, non. Je descends les marches bruyamment, me demandant quelle attitude adopter face à son côté fouine. Et si je me jouais d'elle, un peu, avant qu'elle ne se joue de moi ? Je prends un air sévère, comme si je n'étais pas très heureux qu'elle soit dans ses lieux ? « Ashton ? Tu ne devrais pas être ici. » Je continue ma descente calmement, attendant de mettre pieds au sol avant de lever les yeux vers la blondinette. « À ta place, je reposerais ce flacon ... Et je viendrais dire bonjour. » Mon air sévère fait place doucement à une moue rieuse. Je ne peux pas m'en empêcher. Vous devriez voir sa tête, là, prise la main dans le sac. Par contre, à sa place, je ne boirais tout de même pas ce philtre d'amour. Il est puissant, plus puissant que la normale. Il est fortement lié aux effets d'une vélane sur un homme quelconque. Plus que l'admiration de la personne et le sentiment d'amour, cette potion est le résultat de mes recherches avec le professeur Burgess sur l'Amour. Un philtre capable de faire tomber amoureux, pour la vie. Un philtre durable, qu'on ne peut contrer même avec le temps. On est prêt à commettre des atrocités pour l'autre. Tout ce qu'il faudra pour sa vie, sa survie, ses besoins et ses envies. Pas sûre qu'elle apprécie de m'aimer et de me servir pour l'éternité ... J'attends qu'elle me dépose un baiser sur la joue, non sans malice et reprends. « J'en ai des bien plus amusantes ici. » Je fais volte-face et pose sur la table centrale un support de fioles aux aspects, textures et couleurs différentes, sans étiquettes. Je souris. C'était un de mes moments préférés. Quand je lui faisais boire des potions inoffensives aux effets les plus fous que j'ai réussi à créer de moi-même. Maintenant, il y en avait le risque de trouver sur des potions moins chouettes .. J'avais l'avantage de les connaître tandis qu'elle devrait choisir au hasard. Mon but avait bien été de rendre les potions les plus farfelues les plus attractives possibles (avec l'ajout de paillettes, de touches de couleurs girly, ou justement, mystérieuses). « A toi l'honneur ! Quel est ton choix ? » Cette lueur joueuse dans la voix qu'elle seule était capable de me donner. C'est étrange comme je n'ai jamais été aussi gamin même gamin. M'enfin, je passais un bon moment et j'avais l'impression de lui en faire passer un également, c'était l'essentiel.