[Année 2023-2024] The divine in me honors the divine in you ~ Spencer & Jill

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The divine in me honors the divine in you

Spencer & Jill

Une fois n’était pas coutume, Jill eut beaucoup de plaisir à lancer un sortilège d’extension au sac qu’elle avait prévu d’emmener avec elle pour le voyage qui la mettait dans tous ses états à chaque fois qu’elle y pensait. La jeune femme avait également pris son temps pour le faire, savourant l’autorisation dont elle disposait désormais d’utiliser la magie en dehors de l’école sans risquer une sanction. Les choses sérieuses pouvaient commencer et sa motivation l’avait grandement aidée à décider ses parents à la laisser partir et à ne pas s’en faire. Baguette mots magiques aidant, Jill avait fini par quitter ses parents en toute sérénité, empruntant un transport en commun tout à fait moldu pour rejoindre Londres en une heure. Là, elle y avait retrouvé un Spencer que son œil de vacancière avait trouvé plus irrésistible que d’habitude. Le voyage allait promettre ! Se mettant tout de suite dans l’optique de garder un peu de pudeur, Jill ne lui fit pas tout de suite remarquer à quel point il lui avait manqué et comme elle avait regretté de ne pas lui avoir tenu la main en France. Mais les cadeaux qu’elle avait reçus d’Oliver avaient été parfaitement honorés, le temps passé en famille avait remis Jill entièrement sur les rails et elle se félicitait désormais de pouvoir filer en douce avec l’objet de ses principales pensées. L’heure de trajet avait évidemment permis à Jill de se poser les mauvaises questions, notamment celles de savoir si Spencer avait pensé à elle au moins une fois en dehors des moments où il avait rédigé quelques écrits lui étant destinés. La jeune femme pourrait sans doute profiter de ces quelques jours en son exclusive compagnie pour être certaine du fait qu’elle était au minimum digne d’un garçon comme Spencer.

Elle l’avait retrouvé, elle s’était empressée de l’embrasser avant de lui rendre son espace en lui disant : « Alors, Londres – Le Caire, puis, Le Caire - Delhi… » Elle s’arrêta une seconde avant de laisser un petit sourire s’imprimer sur son visage et répéta : « Delhi… on va vraiment à Delhi… j’y croirai quand on y sera… ! » Trêve de discussions. Ils avaient finalement opté pour les réseaux internationaux de poudre de cheminette pour réussir à atteindre leur but et Jill avait estimé que la meilleure solution était de changer de cheminée dans l’un des quartiers sorciers de la capitale Egyptienne, relativement connue et régulièrement mentionnée en Grande-Bretagne. Spencer n’avait apporté aucune objection à tout cela, n’estimant visiblement pas que le plan présentait un danger ou un préalable disfonctionnement apparent. La première partie du voyage de passa tranquillement et ils empruntèrent leur seconde cheminée qui reliait Le Caire à Delhi, déjà couverts de suie mais contents du peu de temps qui leur avait fallu pour faire tant de parcours.

Finalement, ils mirent – enfin ! - le pied en Inde dans la boutique miteuse d’une artère remplie de sorciers de l’autre bout du monde. Jill pensa immédiatement au chemin de Traverse dans une version beaucoup plus colorée, étroite et désordonnée. Les sorciers d’Inde portaient des couleurs vives, parlaient fort, beaucoup et dans une langue que, bien sûr, Jill et Spencer ne connaissaient pas. Non loin de là, la jeune femme percevait le son incessant de klaxons qui devaient parvenir d’un quartier purement moldu. La curiosité avait déjà fait sa grande entrée et se conjuguait avec une pointe d’appréhension qui se manifesta par le besoin de faire un pas pour se rapprocher de Spencer….son pilier dans un monde inconnu, source d’angoisse et d’excitation. C’est en tournant la tête dans l’optique de le dévorer un instant du regard tandis qu’il portait les yeux sur ce qui les entourait que Jill posa le regard sur une boutique d’animaux et créatures. « Wow, regarde ! » Elle glissa sa main le long du bras du jeune homme pour saisir sa main et l’entraîner plus près de la boutique. Une cage de petits poussins multicolores qui piaillait se trouvait sur une table placée à l’extérieur de la boutique. A intervalle régulier, une petite explosion se produisait et le poussin changeait automatiquement de couleur dans un nuage de poussière colorée. A coté de ça, pendaient dans les airs des tas de cages dans lesquelles se trouvaient des oiseaux aux plumes aux couleurs très voyantes. Certains d’eux produisaient un chant qui était parfaitement inconnu aux oreilles de Jill et qui avaient un petit effet endormissant. Bien sûr, la jeune femme craqua sur une petite colonie de panda roux qu’elle apercevait au loin, dans une espèce d’enclos qui faisait la taille d’un pan entier du mur de la boutique. Avaient-ils une propriété magique particulière ? Jill pensa tout de suite à sa meilleure amie qui aurait très certainement craqué pour l’un d’eux avant d’être surprise et de voir qu’ils disparaissaient à intervalles réguliers avant de réapparaître spontanément quelques mètres plus loin. Se tournant vers Spencer une nouvelle fois, Jill ne put s’empêcher de lui dire : « Je crois qu’on va voir des choses extraordinaires… On n’a qu’à aller déposer nos sacs dans la chambre que l’on va occuper pour cette nuit et après… on ira voir ce que tu voudras. » Jill allait amorcer un mouvement pour avancer, mais elle se ravisa avant de préciser : « Ah…euh… oui… j’ai…j’ai pris une seule chambre…pas deux… mais si ça t’embête on pourra toujours… » Trouver quelque chose, sur le moment, elle ne savait pas quoi, mais elle n’avait pas pensé à la possibilité que cela puisse l’ennuyer un tant soit peu.

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Alors qu’il repliait avec art et méthode la carte étendue sur le petit bureau pour la ranger dans son sac, Spencer réalisa que l’été n’avait pas filé aussi vite depuis bien longtemps. Certes, il avait trouvé le temps long sous le soleil étouffant des Pyrénées mais ces vacances en France étaient finalement arrivées à leur terme et lui se retrouvait déjà à plier bagage dans la traditionnelle grisaille londonienne. La veille encore, il passait une agréable soirée avec son meilleur ami mais l’orage avait éclaté les forçant à quitter la terrasse et ils s’étaient finalement séparés sous la pluie, sans la promesse de se revoir en septembre. Entre le choix du désormais ancien serpentard et le placement de Matrim à Ste Mangouste, le jeune homme regrettait presque d’avoir consacré du temps à ses projets personnels et à des questions aussi futile qu’un héritage qu’il souhaiter voir s’exécuter en toute discrétion. Qu’importe, il était trop tard pour se revenir en arrière et ce voyage dans lequel il allait s’embarquait dans l’heure le préoccupait déjà assez pour qu’il ne trouve d'autres raisons de gâcher la bonne humeur de sa copine.

Car celle-ci l’attendait comme il s’y était attendu, un grand sourire aux lèvres, auquel il ne put que répondre avant et après l’avoir embrassée. Ça lui avait pris quelques semaines, mais Spencer avait fini par s’habituer à cette étrange proximité qu’il avait pourtant désirée et amorcée. « Alors, Londres – Le Caire, puis, Le Caire - Delhi… » En voilà une autre chose qui lui avait couté : la laisser gérer les modalités du voyage. S’il était calé sur tout ce qui relevait de des activités là-bas, organiser le transport depuis le fin fond de la France n’était pas une mince affaire alors la jeune femme avait décidé de prendre les choses en main. Si lui n’était pas repassé derrière pour une vérification de routine, c’était bien parce qu’il s’était fait violence : inutile de partir 10 jours à l’autre bout du monde avec Jill s’il ne lui faisait pas un minimum confiance. « Delhi… on va vraiment à Delhi… j’y croirai quand on y sera… ! » Et lui serait peut-être un peu moins nerveux à ce moment-là. Spencer peinait pour l’heure à le croire, le trajet n’était que la première étape de ce long voyage. « Le Réseau Magique International des Cheminées a une réputation plus correcte que les moyens de transports moldus. » souligna-t-il en lui prenant la main. Tout dans son comportement avait pour but de dissimuler son stress, qui transparaissait tout de même. Si Jill y faisait allusion, eh bien il pourrait avouer que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait voyagé à travers les cendres et la fumée.

Et l’expérience ne fut finalement pas si désagréable que Spencer l’avait présumé. Cela jusqu’au Caire du moins car le début de nausée failli tout de même se transformer en catastrophe sur la route de la soie. Fort heureusement, et dieu seul sait comment, la suie et les cendres restèrent les seuls dépôts sur leurs vêtements. Spencer n’en était pas pour autant au meilleur de sa forme une fois arrivés là où Jill pouvait enfin croire qu'elle y était . Cette rue bondée n’était pas une escale, mais belle et bien partie intégrante du New-Delhi sorcier, une toute autre ambiance que Londres. « Wow, regarde ! » Si le jeune homme n’avait pas encore repéré de boutiques particulièrement attrayante à ses yeux, elle si et il n’eut pas besoin de son bras tendu pour repérer la raison de son exclamation. Des dizaines de volatiles noyaient les conversations les plus discrètes sous leurs piaillements et leurs chants, des souris jouaient aux contorsionnistes, et de petits singes amenaient à eux par un étrange pouvoir d’attraction les affaires des plus naïfs. « J’espère que ce sont des vrais. » Lâcha-t-il les yeux fixés sur l’attraction mise en avant par la boutique. Sa voix trahissait son doute à ce sujet : ces petits oiseaux rigolos ne seraient certainement pas ceux qui leur ferait oublier sa nausée. Les vrais garudarama, bien qu’originaires de la péninsule indienne étaient rares et sans être un spécialiste, Spencer trouvait ces changements de couleurs bien trop réguliers pour être naturels. Si leur étrange propriété n’était qu’artifice, le sortilège de métamorphose auquel ces oiseaux étaient soumis devaient les faire souffrir. Enfin peut-être n’était-il pas nécessaire de gâcher la joie grandissante de sa copine par de pareilles vérité mais Spencer était à des lieux de se poser cette question. « Je crois qu’on va voir des choses extraordinaires… On n’a qu’à aller déposer nos sacs dans la chambre que l’on va occuper pour cette nuit et après… on ira voir ce que tu voudras. » Il détourna le regard des volatiles et offrit un regard bien moins préoccupé à la belle jeune femme qui s’adressait à lui. Pas qu’il n’aima pas les oiseaux, mais il avait d’autres centres d’intérêts et elle le savait. L’un comme l’autre allaient devoir faire des concessions pendant ce voyage mais si elle lui offrait de choisir le programme aujourd’hui, il n’allait pas se faire prier pour choisir quelque chose qu’il lui permettrait de se remettre de ses émotions.

« Ah…euh… oui… j’ai…j’ai pris une seule chambre…pas deux… mais si ça t’embête on pourra toujours… » Alors oui, c’est vrai, cette question lui avait déjà traversé l’esprit l’autre jour, mais ils n’avaient pas eu l’occasion d’en discuter jusqu’à maintenant. La gêne qui avait gagné Jill était communicative et Spencer pris un peu de temps à répondre. Il préférait analyser le message sur toutes les coutures, réfléchir à ce qu’il voulait lui avant de finalement faire le tour des possibilités qui s’offraient à eux au jour d’aujourd’hui. « Non ça me va, de toutes façon on avait bien dit qu’on évitait les dépenses inutiles. » L’Inde, c’était bien joli - ça s'annonçait comme tel -mais 10 jours en tant que touriste là-bas ce n’était pas donné et ce n’était pas comme si les petits boulots courraient les couloirs de Poudlard.

Et la chambre choisie par Jill répondait plutôt bien à ces exigences : pas bien grande mais pratique et pas trop chère. En plus de cela, le personnel parlait anglais, que demander de plus. "Les temples d'Akkkshardham pourront nous réserver quelques belles surprises si on sait ou regarder mais il est déjà onze heures et quart et le temps qu’on y aille… » Spencer traça un chemin avec son doigt jusqu’au monument, après avoir repéré l’emplacement de l’hôtel. Il fallait aussi prendre en compte la file d’attente. « Ça sera peut-être serré, on peut faire la tombe de Humayun mais j’ai pas grand-chose dessus » Il désigna le livre qu’il avait déposé à coté, celui-là même qu’il avait prêté l’année dernière. On y trouvait énormément d'information sur le Tajmahal mais elle se faisait rare sur son compagnons de Delhi « … Sinon j’avais aussi repéré Guruda… Gurudwara Banggggla Sahib. » Tous les lieux qu’il citait, Spencer les avaient préalablement repéré sur la carte qu’il avait acheté à Londres. Une carte moldue, cela dit, il leur faudrait chercher un peu pour trouver le plus intéressant, à moins qu’ils ne trouvent un guide à la hauteur de leurs attentes dans le quartier sorcier.

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Spencer & Jill

Jill s’était évidemment demandé si l’appréhension allait guider les premiers instants de leurs retrouvailles ou non. Peut-être était-il passé maître dans l’art de la dissimulation, mais elle n’eut pas l’impression de déceler quelque chose de tel sur le visage de Spencer. Il lui fit d’ailleurs très vite savoir que le Réseau de Cheminées qu’ils emprunteraient avait une réputation meilleure que les transports moldus. Contre toute attente, Jill se retourna vers lui en levant un sourcil, ce qui pouvait facilement se traduire oralement par un « ah bon ? » mais elle n’en fit rien, se contentant de souligner intérieurement l’initiative du jeune homme de lui prendre la main. Parce que la jeune femme ce disait qu’en plus d’être un voyage qu’ils destinaient à de nombreux éléments suscitant leur intérêt, il était aussi question du couple qu’ils formaient désormais… aussi curieux, inattendu et distant soit-il. Jill voulait profiter de l’instant pour éclairer un certain nombre de choses et un simple geste de la part de Spencer venait tout juste de mettre un semblant de lumière sur ses interrogations.

L’expérience qu’elle acquérait progressivement avec Octavia portait ses fruits : Jill n’avait plus aucune réticence ni symptômes lorsqu’elle était secouée pendant les longues minutes d’un trajet dans les réseaux de cheminée. A l’arrivée, Spencer ne fit aucun commentaire, mais elle lui coula tout de même un regard, persuadée que le temps et l’expérience lui permettrait de lire sur son visage ce qu’il ne voulait pas dire. Avait-il une aussi grande habitude de tout cela ? Jill s’apprêta à lui poser la question de savoir si ça allait, mais la surprise de la découverte transforma la question en une exclamation de surprise à la vue de choses qu’ils n’avaient pas l’habitude de rencontrer sur le Chemin de Traverse. L’ambiance générale était différente et la jeune femme avait beaucoup de mal à détacher son regard des façades ou de ne pas poser les yeux sur toutes les sources de bruit qui ne correspondaient pas à ce qu’elle avait l’habitude d’entendre. Spencer formula à voix haute son espoir qu’il s’agisse de vraies créatures et c’est avec une nouvelle pointe de surprise que Jill tourna le visage en disant : « Des vrais ? » Sa remarque questionnait sérieusement la jeune femme : « Parce qu’ils pourraient être… faux ? » La question était futile, mais Jill ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi il lui avait dit ça. Le fond de pensée de Spencer était toujours étonnant et elle n’avait vraiment aucune idée de la raison pour laquelle il était inspiré de cette manière en voyant ces oiseaux colorés.

Jill pensa assez vite à la chambre et réorganisa très vite ses pensées pour se centrer sur les choses qui allaient être dignes de leur intérêt. Certes, la rue magique d’un continent qui avait des coutumes bien différentes des leurs suscitait beaucoup de son intérêt, à elle, mais il fallait se concentrer. Le moment n’était peut-être pas le meilleur pour demander à Spencer s’il n’était pas gêné à l’idée de dormir dans la même pièce, mais Jill estima que c’était leur donner une chance pour que la gêne liée à ce cas de figure serait de l’histoire ancienne. Pinçant les lèvres à sa réponse, la jeune femme hocha la tête en espérant réussir à répondre de manière neutre : « Bien sûr… vu comme ça… » Bien sûr…bien sûr… Jill n’avait pas vu les choses du côté des dépenses en lui posant la question mais surtout l’aspect proximité que le partage d’une chambre, voire même d’un lit unique, allait engendrer.

De toute façon, c’était fait et la chambre, bien que petite, ne laissait pas de place aux regrets. Jill déposa son sac sur le lit avant de se diriger en premier vers la fenêtre pour voir ce qu’ils pouvaient y apercevoir. Un réflexe qu’elle avait toujours eu et qui n’était sûrement pas près de changer. Spencer ne se préoccupa pas des choses inutiles et chercha tout de suite à organiser la visite des choses qu’il y avait à voir. Jill n’avait même pas une seule vague idée de ce qu’ils pouvaient trouver d’intéressant dans les environs. Les yeux rivés sur l’extérieur, elle écouta ce que Spencer avait à lui dire avant d’avoir son éternelle réaction idiote en réagissant aux noms qu’il venait de prononcer : « Quoi ? Où ? » Secouant la tête, Jill ajouta, tout de suite après, dans un rire : « Okay, je te fais confiance… Tout ce que tu voudras… Si tu veux mon avis éclairé, je dirais la tombe en premier, Gura…machin ensuite et enfin, les temples d’Akk…enfin, tu vois ce que je veux dire. C’est toi qui décide, tu auras plus le flair que moi, de toute façon, mes choix peuvent parfois se révéler discutables. » Croisant les bras, la jeune femme n’en avait pas fini et reprit la parole, tout en le regardant toujours, pour dire : « Tu sais que demain on part de là pour aller directement à Agra ! C’est là qu’il y a quelque chose qui nous intéresse… » Elle jeta un coup d’œil appuyé sur le livre qu’il avait en sa possession. Spencer verrait certainement où elle voulait en venir. « Il y a aussi un réseau entre les deux villes mais… je ne sais pas trop si c’est bien sûr. » La jeune femme haussa les épaules avant de dire : « Sinon, on se débrouille comme des moldus, mais il faudra des heures pour y aller… » Jill tenta de croiser son regard, consciente de ne parler que d’organisation, le moins intéressant dans l’histoire, mais pourtant bien nécessaire. Sentant une faille, elle quitta son poste d’observation près de la fenêtre et fit les quelques pas qui les séparaient pour lui prendre la carte des mains le plus délicatement possible et la déposa sur le lit avant d’attraper ses deux mains, ne lui laissant pas beaucoup de choix. Elle mêla pendant un instant ses doigts aux siens avant de finalement lâcher doucement prise et aller entre croiser ses propres doigts derrière la nuque de Spencer, réduisant la distance à presque rien. « J’espère que… que ce sera l’occasion pour nous d’être un peu moins mal à l’aise… l’un envers l’autre. Je ne t’ai même pas demandé si ça allait… ça va ? » Mentionner les faits mettait Jill mal à l’aise, mais elle tint bon et continua : « Je sais que ce n’est pas le moment, que les temples s’impatientent et qu’on a des choses à voir… » Elle jeta un rapide coup d’œil au livre et à la carte laissés un peu plus loin : « … mais je vais avoir une petite question à te poser, elle nous concerne et…et … je vais être égoïste et l’assumer : j’ai besoin de connaître la réponse… pour moi… » Dans un petit sourire, la jeune femme approcha ses lèvres qu’elle déposa sur les siennes et y demeura quelques instants. « Tu m’accorderas ça… plus tard.. ? En attendant, figure-toi que je suis prête ! Est-ce qu'on repasse par la rue sorcière ? » Elle récupéra la carte, la lui remit dans les mains (une parfaite manière de lui faire comprendre qu’il pouvait gérer l’orientation sans problème) et l’entraîna vers la porte, attrapant le petit sac dans lequel elle avait glissé un objet évident. En Inde. Ils étaient en Inde... !

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Ce voyage était une première sous de nombreux aspects pour Spencer et l’agréable vision qu’il en avait eue aux prémices de son organisation n’avait cessé de s’effriter au fur et à mesure que les journées s’allongeaient. Il avait beau avoir joué la carte de l’assurance devant Yannick et Sophie, l’appréhension grandissait depuis le début de l’été et plus d’une fois, loin des regards, le jeune homme avait songé à renoncer à cette folie. Mais il était pourtant arrivé sauf dans l’une des rues animées de New Delhi et le mal des transports qu’il ressentait lui permettait déjà pleinement de réaliser que bien peu de choses se dérouleraient comme il avait pu l’imaginer. D’autant plus qu’il n’était pas seul, et si c’était nuire à son confort, il n’entendait pas non plus réprimer toutes les ardeurs de Jill qui s’émerveillait déjà devant toutes ces créatures exposées. « Des vrais ? Parce qu’ils pourraient être… faux ? » A la jeune femme qui avait tourné la tête vers lui, Spencer aurait pu répondre que ce voyage allait être plein de surprise pour lui comme pour elle. A peine une heure qu’ils avaient quittés le pays et déjà le jeune homme se surprenait à parler des garudaramas hors de l’enceinte d’un temple ou d’un palais antique. « Je doute qu’il laisse de vrais Garudaramas à portée de mains des voleurs. » Répondit Spencer en désignant la caisse qu’ils pouvaient apercevoir avant que qu’une famille de touristes ne la substitue à leur vue. Maintenant qu’il s’exprimait à voix haute, il trouvait de nouveaux arguments pour étayer sa malheureuse théorie. « Ces oiseaux sont assez rares, peut-être même protégés… » poursuivit-t-il en tentant d’ignorer les mouvements inconstants de son estomac. « Je n’en pas déjà vu, donc je ne peux pas comparer mais regarde comme la métamorphose est régulière, pour chacun d’entre eux. Ce sont des artifices. » Spencer laissa quelques secondes s’écouler, silencieux pour permettre à Jill de constater ce fait par elle-même. Pendant ce temps, il parcouru le reste de la ménagerie du regard, sans pour autant parvenir à percer d’autres mascarades, existantes à n’en pas douter. « Des pièges à touristes… » compléta-t-il sans cacher son agacement. Pas un seul instant Spencer ne songea que Jill pourrait éventuellement prendre la remarque pour elle, il était plutôt curieux de savoir si elle avait saisi la proximité entre le nom de l’animal et une certaine divinité. (1)

Leurs pensées étaient désormais dirigées ailleurs. Malgré leurs empressement de découvrir cette culture étrangère, les deux adolescents avaient toujours leurs bagages sur le dos et lui se voyait mal errer une journée entière, au fil des opportunités. Repérer leur hôtel et y poser des affaires dès maintenant semblait être une bonne idée pour pallier à ces problèmes, et pour se mettre au fait des modalités. Première nouvelle, ils allaient partager la même chambre et cette nouvelle chamboula Spencer bien plus qu’il ne voulut le laisser paraitre. « Bien sûr… vu comme ça… » Parce qu’elle avait envisagé la question sous un autre angle, évidement, lui aussi mais peut-être l’avait-il convaincu que l’argent résidait bien au sommet de ses propres priorité ? Foutaises, songea-t-il alors que au plus profond de lui le désir et la réserve se livraient à une guerre, silencieuse mais sans merci. L’issue du conflit dépendrait sans doute de l’autre principale concernée, car bien malgré lui, il n’était pas insensible à ses charmes.

Quoi que leur réserve la chambre à l’avenir, une fois les affaires qu’il ne comptait pas garder sur lui déposées dans un coin, Spencer était déterminé à la quitter au plus vite. Il faisait bien trop chaud, et avec le mal être dû au transport qui subsistait, le jeune homme avait besoin d’air. S’il garda cette information pour lui, son empressement à organiser leur journée alors que Jill découvrait la vue le trahi certainement. « Quoi ? Où ? » Silencieusement, Spencer pointa du doigt les endroits cités, ou on découvrait un dessin du monument en plus de son nom. S’il se répétait dès maintenant, rien ne garantissait qu’il ne le fasse aimablement dix jours plus tard. « Okay, je te fais confiance… Tout ce que tu voudras… Si tu veux mon avis éclairé, je dirais la tombe en premier, Gura…machin ensuite et enfin, les temples d’Akk…enfin, tu vois ce que je veux dire. C’est toi qui décide, tu auras plus le flair que moi, de toute façon, mes choix peuvent parfois se révéler discutables. » Avait-il plus de flair qu’elle ? La question était entière pour l’instant mais il avait plus de connaissances, c’était certain. Pas assez à son gout cela dit et il craignait qu'ils ne ratent certains passages qui n’étaient pas ouverts à la vue de tous. Malgré tout, il avait souri en hocha la tête, car mine de rien, il appréciait la confiance qu’elle lui accordait. « Tu sais que demain on part de là pour aller directement à Agra ! C’est là qu’il y a quelque chose qui nous intéresse… » Si Spencer savait que le Taj Mahal était au programme ? Poser la question relevait de l’indécence mais il ne maitrisait pas forcément totalement l’agencement des activités pour autant. Comme à l’habitude, le fond supplantait la forme dans les désirs de Spencer. Y aller était ce qui importait, et le plus tôt était le mieux du moment qu’ils avaient de quoi dépasser la vision des moldus. Par chance, ou plus justement grâce à un choix judicieux, le livre sur lequels les yeux de Jill s'étaient attardés devrait faire l’affaire « Aujourd’hui n’est un amuse-gueule alors si je comprends bien » répliqua le jeune homme qui releva brièvement les yeux vers Jill et pendant ce court moment, ils brillèrent. Spencer ne dénigrait certainement pas là les chefs d’œuvre architecturaux qu’il espérait découvrir aujourd’hui avec elle. Son seul point de repère à des kilomètres à la ronde était Jill et c’était cette pensée pour le moins perturbante qui l’avait poussé à rendre à la carte toute l’attention qu’elle méritait. « Il y a aussi un réseau entre les deux villes mais… je ne sais pas trop si c’est bien sûr. » Spencer laissa une légère moue transparaitre à l’idée de replonger au cœur du réseau de cheminée. Si Jill s’inquiétait de la sécurité, lui se préoccupait également d’un autre paramètre, d’apparence moins importante, une première. Les nausées se dissipaient maintenant, mais le jeune homme n’était pas pour autant enchantée à l’idée de réitérer l’expérience de sitôt. « Sinon, on se débrouille comme des moldus, mais il faudra des heures pour y aller… » Tout à l’heure au Caire, Spencer avait surpris la discussion entre les membres plus ou moins mal en point d’une famille, où il était question de l’habitude qui se prenait. Maintenant que Spencer savait à quoi s’attendre, l’expérience serait peut-être plus confortable, après tout, petit, il n’avait pas souvenir d’avoir souffert dans les couloirs magiques. En prenant en compte la faible distance qui séparait les deux villes d’Inde, et le nombre d’entre elle qu’ils comptaient visiter, comme la préférence de Jill et ses arguments, tout semblait pencher pour la première solution. « On se renseignera aujourd’hui si on en a l’occasion. » Répondit Spencer d’une voix qui se voulait ferme et sans appel comme s’il avait véritablement tranché. Au lieu de quoi, il se révélait incapable de prendre une décision sur une question d’ordre purement pratique et sa voix avait bien failli se briser à cette constatation. S’il peinait à se décider alors que Jill n’était même pas directement impliquée, ce voyage allait être un enfer conjectura Spencer. Distinguant un léger mouvement à sa gauche, ce fut sans réfléchir qu’il tourna la tête vers Jill avant presque immédiatement de le regretter. Il aurait bien aimé se concentrer sur l’essentiel pour l’instant, l’organisation de leur journée, mais elle lui enleva cette possibilité s’emparant de la carte.

Cette fois, il n’eut d’autre alternative que de lui donner les mains qu’elle lui prenait, et alors qu’elle l’attirait à lui, éviter son regard n’était plus envisageable. Les yeux sombres d’une jeune femme rayonnante qu’il avait la chance d’avoir dans sa vie. Aujourd’hui pourtant, Spencer n’en était plus si sûr. Il était un peu tard pour hésiter. Elle lâcha ses mains pour caresser sa nuque et s’y accrocher, en silence. L’attitude passive de Spencer valait tous les mots du monde. Isidore avait particulièrement insisté pour qu’il profite de ses vacances et se détente et il ne lui conseillait alors pas de juste lâcher ses bouquins. « J’espère que… que ce sera l’occasion pour nous d’être un peu moins mal à l’aise… l’un envers l’autre. Je ne t’ai même pas demandé si ça allait… ça va ? » Plus que le malaise, de son coté, c’était le manque de contrôle qui allait être dur à dissiper, à accepter. Les deux allaient de paire malheureusement. Il tentait toujours de tout calculer avant d’agir, et ça payait en général, quand il connaissait le terrain. Avec Jill, il n’avait aucun antécédent sur lequel se baser, et il n’espérait pas pouvoir compter sur une étude sérieuse pour l’aiguiller. Cette simple question qu’il lui posait, du moins, il y avait déjà répondu maintes fois et pouvait lui répondre rapidement. « Ouai, ça va » lui répondit Spencer en lui offrant un léger sourire. « … A peu près » compléta-t-il dans un souci de sincérité. Si elle lui demandait des précisions, alors il s’exécuterait, savait-il. Là n’était pas la raison de son mouvement de paupière. Le jeune homme glissa ses doigts dans la chevelure de Jill, dont il enroula presque distraitement l'une des mèches. Ce geste n’était pas aussi anodin qu’il pouvait paraitre. Si Spencer s’était laissé guider par son envie à l’instant, il n’y a pas bien longtemps, il aurait analysée sa réaction sous toutes les coutures avant même de songer à la toucher. S’il y avait du progrès à noter, il n’en remontait pas moins son regard vers le sien pour jauger sa réaction. Spencer savait qu’il apprécierait que cette gêne ce dissipe entre eux, mais il n’était pas sûr de pouvoir agir en ce sens. « Je sais que ce n’est pas le moment, que les temples s’impatientent et qu’on a des choses à voir… » Ainsi le libérait-elle espéra-t-il tout en regrettant d’avance de devoir lâcher ses cheveux. C’était sans compter sur la suite. « … mais je vais avoir une petite question à te poser, elle nous concerne et…et … je vais être égoïste et l’assumer : j’ai besoin de connaître la réponse… pour moi… » Un froncement de sourcil plus tard, la main de Spencer s’était refermé sur cette fameuse mèche avec laquelle il jouait. Elles retombèrent finalement sur le bras de la brune : la mèche de cheveux, et la main de Spencer. Avant que ce dernier n’ait pu limiter sa panique au point d’être capable de lui offrir une réponse qui satisfasse au moins l’un ou l’autre, elle l’embrassait. « Tu m’accorderas ça… plus tard.. ? En attendant, figure-toi que je suis prête ! Est-ce qu'on repasse par la rue sorcière ? » Et elle s’était détachée de lui comme de rien, et sans préavis, lui avait glissé la carte dans les mains. Spencer était surpris et inquiet. Au delà de sa question inquiétante, c’était normalement son rôle de mettre fin aux discutions délicates en invoquant une question pratique. Il jeta un œil à la carte et revit le chemin qu’il avait tracé du doigt il y avait une éternité lui semblait-t-il et sans répondre à sa première question, il prit la parole. « Le mieux est peut-être de sortir coté moldu et de prendre le métro étant donné que je n’ai rien trouvé mentionnant un aspect sorcier. Qu’en dis-tu ? » La voix de Spencer trahissait peut-être qu’il était dans son élément, mais son agitation était palpable. Elle ne trahissait pas de l’excitation chez Spencer. Tout en sortant son petit sac qui contenait le nécessaire pour la journée du grand sac, il ne pouvait s’empêcher de se questionner. Il fourra le précieux livre qu’il avait sorti tout à l’heure dans le sac à dos tout en songeant qu’il allait être dans cet état d’esprit une bonne partie de la matinée, de la journée ou même toute la journée… Jusqu’à ce qu’elle se décide à lui poser sa question en bref, ou qu’il aborde le sujet. Balayant l’idée, Spencer se remit debout, passa en revue la chambre, vérifia qu’il avait sa baguette, récupéra les clefs de la chambre et posa la main sur la poignée. Et finalement, pourtant bien parti dans sa lancée, il se retourna. Jill aurait eu toute légitimité à lui demander pourquoi il se comportait ainsi et après un silence, il décida de prendre les devants. « Autant en finir tout de suite… Qu’elle est ta question ? » Il la redoutait.

(1) Le roi des oiseaux Garuda (pour le nom des oiseaux, c'est de l'invention Ange

)

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Spencer & Jill

Jill se rendait peu à peu compte que toutes les destinations, quelles qu’elles soient, l’enthousiasmaient. L’Inde était encore une expérience à part dont elle avait toujours eu envie et elle se félicitait toujours aujourd’hui d’avoir réussi à passer au travers des réticences de sa famille. Elle avait toujours été une jeune fille responsable (presque), n’avait jamais pris de décision à la légère (ou « quasiment jamais ») et ne s’était jamais retrouvée en difficultés (disons plus « rarement »)… Elle avait donc réussi à se retrouver en compagnie de Spencer à plusieurs milliers de kilomètres du Royaume-Uni à observer des oiseaux en cage qu’elle n’avait jamais vus auparavant. Elle laissa échapper un simple « Hmm » quand Spencer mentionna le nom desdits oiseaux, préférant ne pas lui dire (bien qu’il le comprendrait tout seul) qu’elle-même ne savais pas de quelle espère il s’agissait. Son regard se posa finalement au même endroit que celui du jeune homme, vers les « voleurs » qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’à maintenant, et un réflexe la poussa à serrer son sac contre elle et à se rapprocher de Spencer plus que nécessaire. Elle se laissa finalement le temps d’observer de nouveau les oiseaux pour constater que Spencer avait parfaitement raison… Elle grimaça un instant, déçue de réaliser que ce qu’elle avait sous les yeux n’avait finalement rien de bien exceptionnel…c’était même largement tragique pour ces oiseaux qui n’avaient rien demandé et qui étaient transformés, par magie, pour attirer l’attention. « La boutique est tape à l’œil… ils ne s’en cachent même pas… les autorités laissent faire une telle chose… » Elle contempla pendant encore quelques instants la métamorphose des oiseaux qui, en effet, se produisait régulièrement….beaucoup trop pour qu’il s’agisse d’un mouvement naturel. Cette contemplation lui amena en tête une question qu’elle posa à Spencer après avoir de nouveau tourné la tête dans sa direction ; pas de gros effort à faire, il n’était pas très loin : « Tu ne suis pas les cours de Soins aux Créatures Magiques et tu connais ces oiseaux ?! » Le ton était gentiment accusateur. Comment était-il possible d’avoir autant de connaissances ? Bien sûre, Jill l’enviait beaucoup mais se disait aussi qu’il devait aussi bénéficier d’une curiosité naturelle et d’une mémoire surprenante.

Très vite, ils avaient fui les voleurs et les oiseaux « en carton » pour aller déposer leurs affaires quelque part. Les garder toute la journée n’aurait pas dérangé Jill qui ne portait pas une charge très lourde, mais il en était ainsi et ils n’échappaient pas au moment de gène que Jill avait préalablement anticipé en lui parlant de la chambre… de l’idée d’un unique lit et du rapprochement qui allait se faire rien que par le simple fait qu’ils se retrouvent à deux. Était-ce normal d’être autant embarrassé à cette perspective ? Jill se fit la promesse interne de faire un effort, de ne pas laisser des situations trop malaisantes s’installer, mais elle ne put rien faire pour celle concernant le fait qu’ils allaient possiblement partager plusieurs lits au cours du séjour. Se poster près de la fenêtre pour jouer les observatrices aida Jill à dissiper la gène née de la discussion. Au moins, ils parlaient facilement d’autre chose et l’organisation de la journée était à faire sans attendre. Ils n’avaient pas des heures de transport derrière eux et Jill ne voyait pas pourquoi ils perdraient trop de temps inutilement. La jeune femme lui parla vaguement du Taj Mahal et la petite réplique du jeune homme – faisant office de réponse – la fit légèrement sourire. Jill ne savait pas comment interpréter le ton de Spencer, ni même le vague regard qu’il dirigea vers elle. Était-il déçu que les visites du jour ne soient que des amuse-gueule ? Avait-il lui aussi hâte d’en arriver à la suite ? Quoiqu’il ait voulu dire par là, Jill lui répondit dans un haussement d’épaules accompagné d’un petit sourire : « Je n’ai rien contre les temples que l’on va aller voir aujourd’hui mais…. malheureusement, je pense que ce sera bien leur fonction ! A moins qu’on ne décrète que l’on préfère les lieux moins remplis de touristes et que l’on découvre des choses qu’on ne soupçonnait même pas par ici… dans ce cas-là, ça deviendra une étape concrète du séjour. » D’un air amusé, elle ajouta après avoir fait une petite pause : « On aurait même dû se réserver le Taj Mahal pour la toute fin ! » Histoire de ne pas avoir la moindre occasion de renoncer et d’aller jusqu’au point culminant du voyage.

Jill hocha tout de suite la tête lorsque Spencer lui répondit qu’ils verraient dans la journée, concernant la suite. La jeune femme n’était pas une maniaque de l’organisation même si elle se plaisait toujours à le faire. Elle savait aussi qu’ils parviendraient sans mal à rejoindre leur destination, quel que soit le moyen utilisé pour le faire. En attendant, il était question du présent et Jill n’avait ni envie de perdre trop de temps inutilement, ni de laisser passer les occasions qu’elle avait de se rapprocher un peu de Spencer avec qui la distance était encore nette, malgré l’évolution de leur relation. C’est donc après avoir traversé la pièce après avoir quitté son spot à la fenêtre qu’elle s’approcha de lui dans une première tentative, bien décidée à faire un effort. Cette absence de proximité la rendait mal à l’aise, elle n’avait aucune autre solution que des initiatives basées sur des gestes ou quelques paroles. Elle savait parfaitement, au fond d’elle, qu’elle allait avoir grandement besoin d’un effort de son côté, sans quoi, leur union serait probablement vouée à l’échec. Elle ne voulait pas y penser, n’avait même pas voulu en parler à Octavia ni lui demander son avis. Pour une fois, elle voulait se débrouiller toute seule, y croire, n’impliquer personne d’autre que Spencer et elle-même. Son rapprochement et l’éloignement temporaire de l’organisation de la journée lui parut très vite comme une erreur… mais à sa grande surprise, Spencer lui adressa un sourire qui la fit craquer et qu’elle n’avait même pas imaginé surprendre sur ses lèvres. La jeune femme fut coupée dans son élan lorsqu’elle voulu répondre au fait qu’il lui avouait à demi-mot que « ça n’allait pas trop ». A cela s’ajouta un geste qui lui donna d’emblée envie d’écarquiller les yeux et de sourire sincèrement. A croire qu’il pouvait être plus tactile qu’il n’en avait l’air et qu’il ne cherchait pas absolument à la garder le plus loin possible de lui, ce dont elle avait réussi à douter alors qu’elle se posait – comme toujours lorsqu’il était question de lui – mille et unes questions. L’instant était inespéré, mais il fallait bien qu’elle trouve une manière de la gâcher en reprenant la parole juste après. Spencer se figea légèrement après sa prise de parole et il fut impossible pour Jill de ne pas le remarquer ; pourtant, au fond d’elle, elle ne regrettait pas de lui annoncer une question légèrement sérieuse à lui poser pour plus tard. Le malaise résidait en partie là-dedans, elle avait de nombreuses choses à éclaircir et ils ne manqueraient probablement pas de temps pour discuter tranquillement.

La jeune femme aurait aimé que Spencer continue de lui toucher les cheveux ou que sa main glisse le long de son bras, mais il en était autrement, c’est seulement lorsqu’il ouvrit de nouveau la bouche qu’elle desserra les dents, discrètement. Son explication fut synonyme de soulagement. Il n’insistait pas tout de suite sur la question et lui accorderait sûrement cela plus tard. Jill se voyait mal poursuivre le voyage sans qu’il ne l’éclaire à ce sujet. Y penser simplement lui donnait l’impression d’être plus bête qu’elle ne se trouvait déjà, mais c’était ainsi… elle voulait y venir, mais chaque chose en son temps. L’heure était à revenir à la journée et à ce qu’ils allaient aller voir tout de suite. « Okay ! Ça devrait pouvoir se faire. Peut-être même qu’on pourra faire les trois choses dont tu viens de me parler à l’aide du métro. » A son tour, elle passa en bandoulière le petit sac qu’elle allait emporter (et qui contenait un objet très précieux à chaque sorcier qui se respecte) et se dirigea vers la porte, histoire d’engager le mouvement. Spencer fut le premier à atteindre la porte et Jill ne s’attendait pas à ce qu’il fasse toute autre chose que de l’ouvrir pour aller au devant des petites explorations qu’ils avaient en tête pour aujourd’hui. Elle leva les yeux vers lui avec inquiétude – tandis qu’il se retournait - avant de recevoir la question qui l’incitait à poser sa propre question. Pinçant les lèvres pendant quelque secondes, elle se décida fébrilement à lui répondre en disant : « Tout de suite ? Spence…. C’est pas la peine, on verra plus tard, j’voulais juste… c’est pas super important et un peu gênant, qui plus est. » La jeune femme baissa les yeux, laissa s’installer un petit silence qui dura à peine de seconde et soupira avant de relever les yeux : « Bon très bien… je voulais juste savoir si… si… tu n’avais pas choisi d’être avec moi juste « pour voir », pour « l’expérience »… ou parce que tu n’as pas osé dire que tu ne voulais pas. Je ne suis pas… je ne pensais pas vraiment être ton type de fille… Je sais que c’est gênant, je le répète, mais il fallait que je te parle de ça. S’il te plaît, ne prends pas mal mes doutes… Je ne vois pas d’autre manière de les dissiper ou d’être au clair sur la question que de te le demander directement. Si tu ne veux pas y répondre tout de suite… ou ne pas y répondre du tout, ouvre la porte….et avance… » Heureusement, elle avait réussi à lui faire ses dernières suggestions avec un petit sourire amusé et légèrement taquin.
Évidemment, tout cela repoussait l’enthousiasme de Jill de se retrouver dans le métro. Elle adorait regarder les cartes représentant les lignes et chercher son chemin, chose qu’elle réussissait souvent très bien, malgré qu’elle ne soit pas très forte en orientation de manière générale. Dommage que Spencer ait eut, pour le coup, envie d’en finir tout de suite avec ça, mais Jill était consciente d’avoir engagé cette conversation, elle l’assumait et quelques minutes supplémentaires allaient leur servir à échanger sur « eux ».

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