Examen de potion : théorie

En ce matin décisif, Spencer passe la porte du cachot à peine plus serein qu’en septembre, alors que les souvenirs des captivités étaient encore frais. Le jeune homme a pris la mesure des mois écoulés depuis la libération, douze, en voyant la date du bal de fin d’année annoncée sur les tableaux d’affichage et les choses sont certes bien différente depuis, mais le jeune homme n'a pas oublié. Il a conscience de l'importance des examens de seconds cycle mais laisser sa baguette dans son sac, hors de portée, pendant toute la durée de l’épreuve est un lourd sacrifice, nécessaire cela dit. S’il ne veut cesser d’accroitre ses connaissances, pour mieux les employer ne serait-ce que pour sa propre sécurité et celle de ses proches, il doit décrocher ce diplôme, clef des cours de perfectionnement l’année prochaine. Aussi, Spencer se résigne, tout de même un peu moins stressé que les années précentes, au sujet de l'examen. S’il garde son calme comme il savait le faire autrefois, cet examen théorique ne devrait tourmenter que son poignet, pas son esprit.

Et le début de la lecture le conforte dans cette idée, le premier point leur est donné songe-t-il. Un filtre de paix qui rendrait nerveux, un contresens selon lui. Le jeune homme étudie bien évidemment la possibilité de la présence d’un piège et relie plusieurs fois l’énoncé, mais le temps cours et il n’est bientôt plus le moment de remettre ses connaissances en doutes. Il se garda donc bien de contredire l’énoncé. Le jeune homme répondit également par la négative à la question suivante. Il n’avait peut-être eu droit qu’à un seul cours sur la potion d’actée en épi à l’inverse du philtre de paix qu’il avait vu deux fois, mais c’était bien suffisant pour saisir les subtilités de ce poison. Dangereux, mais peu discret songea le jeune homme avant de passer à la question suivante. Une réponse positive cette fois encore, une fortune que coutaient les ingrédients provenant des licornes songea-t-il sans plus se disperser. Après quelques hésitation plus pour la forme qu’autre choses, Spencer était satisfait de son questionnaire qu’il relu rapidement.

La suite de l’examen était plus propice à révéler l’étendue de ses connaissance comme sa compétence à organiser sa pensée et ni l’une ni l’autre ne lui firent défauts. Sans doute n’aurait-il plus jamais usage de ses connaissances sur les potions de beauté, mais elles lui servaient aujourd’hui. Pour ce qui était de la question argumentative, Spencer ne regrettait pas ses longues recherches poussées sur la solution de force. Le temps qu’il écrive ses soixante-dix centimètres de parchemin, il avait eu le temps de bailler plus d’une fois, mais il retombait en accord avec sa précédente conclusion. En vue des effets négatifs de la potion sur laquelle il réfléchissait, en consommer n’aurait pas été la solution.

Examen de potion : pratique

La pratique théorique c’était aussi bien déroulée que Spencer aurait pu l’espérer, l’avait espéré, mais maintenant qu’il devait faire ses preuves avec un chaudron, il n’était plus si confiant. Ses connaissances étaient amplement suffisantes à l’accomplissement de toutes les potions sur lesquelles il était susceptible de tomber mais sa maitrise de ses gestes restait aléatoire. Des années qu’il s’entrainait à évaluer au mieux les quantités et à acquérir les mouvements mais aucun des candidats n’était à l’abri d’un toussotement qui leur ferait perdre le compte des tours de spatule, ou d’une mauvaise approximation. Une main trop lourde pouvait décider de la réussite de leur potion, de leurs études, et pourquoi pas de leurs avenirs. Si Jill et les potions faisaient deux, lui comptait sur cette matière, tout en sachant qu’il ne pouvait se permettre un second redoublement. Un seul avait déjà été suffisamment difficile, il ferait avec ou sans les potions, mais espérait tout de même tomber sur une potion aisée à réaliser. N’étant pas superstitieux, Spencer gardait tout de même en tête qu’il avait été plutôt chanceux sur la question longue dans la partie théorique. « La potion change de couleur plusieurs fois durant sa préparation. Elle passe de rouge, à verte, puis rose, orange, bleue, rose encore une fois, puis orange, puis turquoise, puis rouge, puis jaune. » La mémoire de Spencer n’était pas particulièrement visuelle, mais heureusement, elle était tout de même excellente et le jeune homme identifia après quelques instants les étapes de préparation de la potion de Volubilis. Ici, l’élimination n’aurait pas pu l’aider, heureusement connaissait-il les étapes de préparations de cette potion sur le bout des doigts.

Spencer mit son chaudron sur le feu après l’avoir rempli d’eau. Habituellement, il préparait ses ingrédients avant de s’atteler à la tâche, mais il en avait si peu et tellement de temps de cuisson au programme qu’il devait démarrer dès à présent. Il avait hérité d’une potion plutôt tranquille songea le jeune homme pendant l’une des nombreuses périodes de cuisson. Devait-il pour autant en être satisfait ? Après avoir aligné trop de fois son matériel et trouvé la meilleure organisation pour limiter la place prise par les ingrédients inutiles, le jeune homme ne pouvait rester sans rien faire à regarder sa préparation changer de couleurs, pas dans ces conditions de stress intense. Ainsi, il en vaint inéluctablement à griffer son poignet qu’il avait laissé tranquille avec le retour du sommeil. Plus que de se retenir, Spencer tentait d’être discret, mais ne se leurrait pas, tous ici étaient concentrés sur leurs potions, même Jill qui semblaient échouer à sa préparation.

Il regardait sa potion virer du rose à l’orange, le sirop d’ellébore à portée de main quand un bruit reconnaissable entre mille se fit entendre : non pas un toussotement, la chute d’une verrerie. Spencer se retourna vivement vers Tracy dont il n’avait pas constaté le mal être, étant devant elle et qui s’évanouissait dans la salle. Entre sa nervosité, le liquide qui glissait entre les paillasses, le malaise et l’évacuation de Tracy, Spencer ignorait encore comme il y était parvenu, à atteindre la teinte finale de sa potion : jaune.