Jaswinder & Savannah

Le voyage scolaire n’a pas commencé depuis longtemps et pourtant je me sens déjà dans mon élément dans cet immense château dont je n’ai pas encore décelé tous les mystères, loin de là. A défaut d’avoir réussi à renouer avec l’ensemble de mes camarades, j’ai au moins pu explorer les environs et profiter de l’extérieur grandiose qui s’offre à nous et des installations intérieures tout bonnement sublimes. J’ai également hâte de pouvoir partir explorer les environs, quitte à être en France, autant que j’en profite pour découvrir vraiment les alentours et rentrer à la maison avec des souvenirs à partager avec tous mes frères et sœurs. Ces derniers seront certainement envieux et je suis sûre que mes récits leur mettront des étoiles dans les yeux. Avec une famille nombreuse, les départs en vacances ne sont pas ce qu’il y a de plus fréquent, le budget est tel que nous sommes obligés de nous limiter un minimum même si nous avons la chance de pouvoir tout de même nous évader de temps à autres. Malheureusement, les destinations étrangères, beaucoup plus chères, restent un luxe que nous ne pouvons que rarement nous offrir, raison pour laquelle je tiens à partager mes aventures avec les plus jeunes, c’est comme s’il était un peu avec moi et je trouve ça bien qu’ils profitent de mon expérience, tout comme j’adore profiter des leurs lorsqu’ils ont l’occasion de faire quelque chose de nouveau. Mais pour ce faire, il faut que je m’efforce d’effectuer le maximum d’activités en peu de temps. Mine de rien, un mois ça passe vite et j’ai bien envie de profiter de chaque possibilité offerte par Beauxbâtons.

Aujourd’hui, je me suis mis une idée en tête, à savoir me rendre aux écuries pour faire connaissance avec les chevaux qui s’y trouvent. J’ai cru comprendre que nous avions le droit de chevaucher ces impressionnantes montures et si mon niveau équestre laisse clairement à désirer, voire est proche du néant absolu, j’ai bien envie d’essayer juste pour voir ce que ça pourrait donner. C’est peut-être ridicule, je ne sais pas monter à cheval donc je vais sûrement avoir l’air pitoyable là-haut, mais ça vaut le coup d’essayer et pratiquer une activité sportive me manque terriblement puisque je n’ai pas fait de Quidditch depuis le début de mes vacances. Après tout, ça ne peut pas être plus compliqué que de monter sur un poney tenu par un gamin bénévole dans une fête foraine, si ? Bon, peut-être un peu, même si j’imagine que les balades que nous faisons doivent être encadrées ou quelque chose dans ce goût-là, ça m’étonnerait qu’on laisse des adolescents partir tout seul à l’aventure sur des montures qu’ils ne connaissent pas et sans avoir quoi que ce soit attestant leur niveau. Ou alors, Beauxbâtons a tout simplement l’habitude d’avoir à faire à des cavaliers expérimentés et a toujours laissé ses chevaux en libre-service et ne se doute pas que dans nos rangs, il y a tout de même nettement plus de novices. De toute façon, je ne vais pas tarder à le découvrir. Vêtu d’un pantalon léger, d’une paire de basket et d’un T-shirt des plus banals afin que je ne ruine pas mes favoris en cas de pépin, je pénètre à l’intérieur des somptueuses écuries qui me laissent totalement sans voix. C’est tout simplement immense, j’ai l’impression qu’il y a des milliers de chevaux à l’intérieur alors que je m’attendais vraiment à de petites écuries. En plus, chaque box doit être bien plus grand que la chambre que je partage avec ma sœur à la maison ce qui ne gâche rien. Je m’attends presque à découvrir que les chevaux sont sur des litières de paille en or et qu’ils mangent du caviar à la fourchette dans des écuelles. Mais non, l’un d’entre eux me regarde d’un air bovin en mâchouillant un bout de foin ce qui me rassure légèrement. Ces chevaux ne sont pas des aliens, tout va bien.

En revanche, ce qui m’étonne, c’est de ne voir absolument personne par ici. Je m’attendais à croiser un membre du personnel à qui je pourrais demander comment procéder pour effectuer un cours ou une balade à cheval mais pour le moment, je n’ai pas croisé âme qui vive… Ah si ! La mauvaise langue ! Au détour d’un couloir, une chevelure rousse posée sur le crâne d’une gamine de petite taille attire mon attention. Je connais cette fille, enfin non, je ne connais pas cette fille, mais je la croise très souvent en ce moment puisque nous partageons notre dortoir. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Je n’en ai pas la moindre idée, j’avais plutôt l’impression qu’elle était du genre à ne pas vouloir s’abimer un ongle alors c’est probablement la dernière personne que je m’attendais à croiser ici. Je regarde tout autour de moi, espérant voir quelqu’un d’autre afin de ne pas avoir à engager la conversation avec cette fille aux airs pincés qui donne clairement envie de lui mettre des claques, mais c’est peine perdue, elle est mon seul espoir et si je veux obtenir les renseignements qu’il me faut, il va falloir que je me fasse violence et que j’engage la conversation avec la demoiselle. Je m’approche prudemment, choisissant avec soin mes mots pour éviter de froisser la Serpentard. Si on m’avait dit un jour que je pourrais appréhender une discussion avec une enfant, je n’y aurais probablement pas cru mais elle dégage une prestance qui me met presque mal à l’aise, je n’y peux rien. « Tu sais monter à cheval ? » Je demande sans m’embarrasser d’un bonjour, ce n’est pas comme si nous n’avions pas eu l’occasion de nous croiser ce matin, comme depuis quelques jours d’ailleurs. « J’aimerais beaucoup essayer mais je n’ai vu personne pour me renseigner, tu crois qu’il faut demander à quelqu’un en particulier si on veut monter sur les chevaux ou s’occuper d’eux ? » A défaut de pouvoir partir en promenade, j’aimerais beaucoup les brosser, les cajoler, voire même les nourrir, ce serait franchement chouette. Je souris à la gamine, m’attendant à ce qu’elle hausse les sourcils et s’en aille sans même se donner la peine de me répondre mais qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ?

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