À l’opposé du couloir, une brune vêtue d’une robe aux couleurs rouge et or de Gryffondor tentait vainement d’atteindre les escaliers, refoulée par la horde d’élèves fraichement libérés de leur cours. Pestant contre ces foutus deuxièmes (ou bien étaient-ils en troisième ?) années, Prudence fut soudainement plaquée contre un mur par la marée d’adolescents et du se résoudre à attendre qu’ils aient fini de sortir pour atteindre son but. Elle avait quitté la tour de Gryffondor pour aller lire un peu dans la Grande Salle, trouvant l’ambiance chez les rouges trop pesante en cette fin d’après-midi. Dans un coin de leur salle commune, un groupe de filles s’était mis à se crêper le chignon à propos d’un devoir de groupe à rendre en métamorphoses, en venant presque au mains, tandis qu’à l’opposée de la pièce des septièmes années angoissés par leur ASPICs semblaient sur le point de craquer et de leur jeter un maléfice d’entraves. La dispute qui s’en était suivie avait été si forte que Prue n’avait pas réussi à rester concentrée sur sa lecture, préférant donc gagner la Grande Salle pour enfin pouvoir avancer. Elle avait trouvé ce livre un peu par hasard lors d’une de ses sessions de travail à la bibliothèque et avait été légèrement intriguée par son titre ; Apogée de la métamorphose au cours des siècles. Étant particulièrement hermétique en la matière, la brune s’était laissée tenter et l’avait emprunté, sans grande conviction. Toutefois, l’ouvrage semblait aborder la matière sous un angle nouveau qui ressemblait à celui de l’Histoire de la Magie, retraçant la carrière de certains sorciers connus pour être doués dans le domaine et ayant usé de leur talent lors des grandes guerres de leur époque. Essayant en ce moment de trouver un moyen de contrer son blocage à propos de la métamorphose, Prudence s’était laissée gagner par l’écriture romanesque de l’ouvrage qui traitait parfois de la théorie de certains sorts dont elle avait entendu parler. Bien entendu, il était rare de retrouver une des spécificités au programme de quatrième année à Poudlard, mais cela l’aidait à appréhender la théorie d’une façon un peu plus sympathique que celle du Manuel du cours moyen de métamorphose qui était censé lui servir de référence en la matière pour ces études.

En effet, si la jeune fille n’avait jamais rechigné à s’entraîner à la pratique de la magie, réussir à rester suffisamment concentrée afin d’engloutir les pages et les pages de théorie nécessaire avant de jeter un sort était une autre paire de manches. Certaines matières nettement plus complexes que d’autres – comme la métamorphose par exemple – nécessitaient une concentration à tout moment et une connaissance pointue du contenu du manuel avant de s’attaquer à la pratique. Or ce n’était clairement pas le point fort de Prudence. Mais qui sait, peut-être que la découverte de cet ouvrage allait finalement changer la donne et lui permettre de performer aux examens de fin d’année ? Encore faudrait-il qu’on me laisse le lire en paix, pensa-t-elle amèrement, toujours plaquée contre le mur de pierres froides par le flux continu d’élèves. Maintenant, elle avait droit à ceux des étages supérieurs venus réviser à la bibliothèque. La poisse ! Elle qui aurait aimé pouvoir profiter d’une bonne heure dans la Grande Salle avant d’aller se détendre… Pourquoi fallait-il que tout le monde se soit ligué contre elle le jour où elle avait trouvé la motivation d’attaquer sa bête noire de toujours ?! Ah là là, quel monde injuste.

Quand enfin le troupeau d’élèves se raréfia, Prudence put se redresser et regagner le couloir en prenant une grande inspiration. Pour un peu ils l’auraient étouffée ! Jetant un coup d’œil rapide à l’horloge suspendue devant la bibliothèque, elle leva les yeux au ciel. Bon, elle ne devrait pas terminer trop tard, elle aurait toujours le temps d’aller faire un petit tour dans le parc avant d’aller dîner, cela lui permettrait de s’aérer la tête après une journée passée derrière les murs de l’école. L’appel du grand air n’avait jamais été aussi fort que depuis que les beaux jours étaient revenus en Écosse, plongeant le château dans une ambiance presque estivale et remotivant les élèves déprimés par l’hiver glacé dont ils avaient été victimes. Néanmoins, le retour du soleil et de la chaleur étaient à double tranchant : certes le moral était meilleur, mais rester confiné à l’intérieur de l’école pour réviser demandait encore plus de contenance.

Au moment où elle gagnait le virage qui précédait les escaliers afin de se diriger vers la Grande Salle, Prue trébucha sur quelque chose qu’elle ne parvint pas à identifier et se retint in extremis à une statue qui se trouvait par chance à cet endroit. Cette dernière trembla dangereusement avant de s’écraser au sol dans un vacarme tonitruant qui réveilla probablement tout le monde aux alentours. Rouge de honte, Prue se redressa et jeta un coup d’œil pour constater l’ampleur des dégâts sans même penser à vérifier si quelqu’un d’autre se trouvait dans le couloir.

« Salut, lança-t-elle au Poufsouffle avec un petit sourire désolé, ça va merci, toujours mieux que cette statue de Paracelse… »

Il avait – en plus – fallut que dans sa chute elle brise la statue d’un génie magique ayant remis en cause la pensée médiévale. Comme si la chose n’était déjà pas assez embêtante en soi, non. Autant taper haut, et décider de réduire en morceaux l’un des plus illustres sorciers du 16^ème siècle. La brune attrapa la main tendue de Joe et se redressa maladroitement, toujours un peu gênée d’avoir provoqué tant de raffut. Les habitants des portraits du couloir la sifflaient et lui faisaient des gestes parfois insultants pour montrer leur mécontentement, et elle leur adressa un geste dédaigneux de la main. Se faire dominer par des portraits ?! Et puis quoi encore ? Ce n’était tout de même pas sa faute si elle avait trébuché, cela pouvait arriver à tout le monde ! Reportant son attention sur la statue brisée, elle fronça le nez. Un sortilège de Reparo appris en première année devrait suffire à la réparer, et sinon l’aide de Joe ferait bien l’affaire. À deux ils devraient être capables de faire retrouver son apparence originelle à Paracelse et le redresser afin de le remettre à sa place.

« Il a fallu que je tombe sur la seule statue de Poudlard qui ne tient pas en place, dit-elle à son interlocuteur d’un ton rageur, je n’aurais jamais pensé que j’en casserai une un jour… »

Heureusement le vacarme n’avait pas encore rameuté d’autres élèves. Elle serait tranquille pour effectuer son charme de réparation, et c’était tant mieux. Pas la peine d’avoir un public, même si l’enchantement était simple comme bonjour. Et puis, on ne savait jamais avec les objets de Poudlard ; la statue pouvait se révéler bien plus difficile à réparer que prévue…

« Je voulais aller lire dans la Grande Salle, avoua-t-elle à Joe en se tournant vers lui, j’ai trouvé un livre sympa à la bibliothèque qui m’aide à aborder la métamorphose sous un autre angle, mais impossible d’être au calme dans la salle commune des Gryffondor. Faut croire que les examens de fin d’année stressent tout le monde, l’ambiance est électrique là-haut ! »

Elle désigna les étages d’un signe de tête, toujours un peu agacée par le comportement de ses condisciples. Ce n’était pas comme ça qu’ils réussiraient quoique ce soit, trop occupés à se crier dessus ! Une bonne balade dans le parc aurait sans doute calmé tout le monde, mais personne n’avait songé à proposer l’idée, préférant tous plutôt se hurler les uns sur les autres. Soit, mais pas question pour Prudence de se joindre à la dispute générale. Enfin, au final elle avait peut-être réussi à faire pire : si le concierge ou un professeur découvrait qu’elle avait réduit Paracelse en miettes, elle aurait peut-être d’autres raisons de se disputer… La brune déglutit et chassa cette idée de son esprit ; il fallait agir au lieu de tergiverser !

En quatre ans de cours communs, elle n’avait jamais eu l’occasion de se retrouver seule avec le jeune garçon, n’ayant donc jamais l’opportunité d’apprendre à le connaître. Certes, elle aurait préféré que cela se fasse dans d’autres circonstances mais il fallait faire avec !

« Bon, je vais tenter de réparer mes dégâts… lança-t-elle en sortant sa baguette de sorbier d’une des poches de sa robe, normalement un simple Reparo devrait suffire, mais si jamais prépare-toi à me donner un coup de main ! »

La brune prit une profonde inspiration et s’avança vers les morceaux de pierres qui jonchaient le sol. Prenant bien le temps de visualiser dans son esprit l’apparence initiale de la statue, elle s’éclarcit la gorge et scanda :

1,4,5,6,2 : Le sortilège fonctionne parfaitement et la statue est réparée des pieds à la tête. Toutefois, elle se trouvait toujours étalée sur le sol et Prue allait avoir besoin de l’aide de Joe pour la redresser et la remettre à sa place d’origine. La Gryffondor se tourna donc vers son camarade avec un petit sourire.

Grimaçant en se rappelant le regard désolé de l’infirmier à chaque fois que l’un de ses camarades l’accompagnait à l’infirmerie suite à une chute lors des cours de vol de première, Prudence secoua doucement la tête. Ce n’était pas le moment de repenser à sa folle jeunesse, elle s’était sacrément assagie depuis le temps tout de même ! Disons qu’elle ne se cassait plus rien lors de ses expéditions et était devenue plutôt habile pour s’occuper elle-même des petits bobos qui ne nécessitaient pas de réels soins, appelez ça comme vous voulez.

La voix de Joe la ramena à la réalité et elle écarquilla les yeux alors qu’il citait Peeves. En effet, ils avaient de la chance que l’esprit frappeur ne soit pas arrivé à toute vitesse en entendant le vacarme causé par la statue ! Merlin sait ce qu’il aurait pu leur faire pour leur attirer encore plus d’ennuis… Certes, Timothy Hash était un concierge plutôt sympathique qui n’avait pas de réelle haine envers l’esprit frappeur mais qui sait ce qu’il aurait pu leur faire faire en découvrant la scène du massacre de Paracelse… Sans parler des enseignants qui auraient également pu être prévenus par le fantôme… Mieux vallait ne pas y penser !

Faisant mine de frissonner pour illustrer son dégoût, Prudence se reconcentra sur les dégâts du couloir. Fort heureusement, la destruction de Paracelse était la seule perte à déplorer ! Il fallait vraiment qu’elle se concentre pour la réparer rapidement et il n’y aurait aucune trace de l’accident causé par ses soins. Pour le moment, personne n’avait accouru dans le couloir pour voir ce qui s’était passé mise à part Joe, et c’était bien mieux ainsi. Pas besoin de spectateurs au moment de jeter le sortilège après tout…

« Qu’est-ce que tu as déjà cassé ici ? demanda-t-elle curieusement tandis que la première partie de la tirade du Poufsouffle lui revenait en tête, j’espère que tu n’as jamais eu d’ennuis ? »

La brune était bien intéressée par les histoires de son camarade. Après tout, cela lui montrerait qu’elle n’était pas la seule maladroite de l’école ! Et puis rien de mieux que d’écouter les anecdotes de ses condisciples lorsque l’on faisait une bêtise, la pilule était pus facile à avaler.

« J’espère que cette ambiance se tassera rapidement, ouais… souffla-t-elle en repensant à la scène presque cataclysmique qui s’était déroulée dans sa salle commune à peine une heure plus tôt, impossible de faire quoique ce soit sans se prendre un regard assassin en coin, c’est vraiment pesant ! Je me demande si la bibliothèque est pleine pour qu’ils préfèrent réviser là-haut… En tout cas j’espère que tout le monde retrouvera rapidement son calme, chez les Gryffondors comme chez les Poufsouffle ! Et qu’il n’y ait pas de victimes, surtout… »

La jeune fille ponctua sa dernière phrase d’un faux regard scandalisé et dramatique. Pour le bien de tout Poudlard, il fallait que les examens arrivent vite et que tout le monde retrouve sa liberté de respirer sans risquer de recevoir un sortilège ! Certes Prudence était également stressée par les révisions et la perspective d’échec qui impliquerait qu’elle devrait rester en quatrième année, mais pas au point de sauter au coup de ses camarades au moindre bruit ! Et dire qu’on la qualifiait d’impulsive, elle se demandait bien qui était le plus impulsif en ce moment au château, mais certainement pas elle.

« Je suis désolée de t’avoir arrêté sur ton chemin alors, lui dit Prudence avec un petit sourire contrit, j’espère que tu pourras quand même le rendre dans les temps, il paraît qu’Ethergsen peut être vraiment impitoyable en cas de retard… Après je dois t’avouer que je n’emprunte pas assez de livres en même temps pour risquer d’en oublier un ou je ne sais quoi, donc je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier si les bruits de couloir à son sujet étaient vrais. Tu lisais pour les cours ou plus pour te détendre ? »

Remarquant qu’elle risquait de passer pour quelqu’un d’intrusif, elle sentit le rouge lui monter aux joues. Il fallait vraiment qu’elle apprenne à réfléchir avant de parler ! C’était bien ça, son problème : peser le pour et le contre avant d’agir, ne pas se jeter tête la première dans n’importe quelle situation sans avoir éventuellement envisagé toutes les conséquences initialement. Bon, certes elle ne risquait pas grand-chose à questionner Joe sur ses habitudes littéraires, après tout ils se côtoyaient depuis quatre ans maintenant sur les bancs de l’école. Néanmoins elle n’avait pas envie qu’il la prenne pour une petite fouine, chose qu’elle n’était pas du tout !

« Désolée, tu n’as pas forcément envie de répondre à mon interrogatoire, pouffa-t-elle, parfois je parle avant de réfléchir. »

Parfois ?! Tout le temps ouais ma grande ! se dit-elle intérieurement en se retournant vers la statue.

Fort heureusement, Paracelse fut réparé en un tour de baguette et il retrouva son apparence d’origine, à quelques détails près qu’il était couché sur le sol et bien loin de sa place contre le mur du couloir. Il faudrait que Joe et elle remédient à tout ça s’ils voulaient vraiment que l’incident ne se fasse pas remarquer. Se penchant vers l’énorme statue afin d’évaluer son poids, Prudence grimaça : impossible de le porter seule, c’était certain. Même avec Joe, ils risquaient d’avoir du mal à la redresser et à la porter jusqu'au mur sur deux petits mètres sans l’échapper et risquer de nouveau de la casser.

« Une idée pour la porter ? demanda-t-elle à son camarade du jour en plantant son regard bleu dans celui du jeune homme, se serait bien d’éviter de la casser à nouveau mais je ne pense pas que l’on puisse la soulever sans l’aide de la magie… »

Réfléchissant aux sortilèges qu’ils avaient appris depuis la première année, Prudence fronça le nez et se passa la main dans les cheveux, le regard dans le vide. Wingardium leviosa, appris en première année et donc simple d’utilisation, pourrait leur permettre de faire planer la statue, néanmoins un faux mouvement et elle se retrouverait de nouveau brisée et tout serait à refaire… Non, le plus utile serait certainement le sortilège de Locomotor barda, un enchantement qui leur permettrait de déplacer les objets avec beaucoup plus d’aisance que Wingardium leviosa. Toutefois, ce sort était au programme de quatrième année et ils ne le maîtrisaient pas parfaitement… Ils allaient devoir tenter, à leur risque et péril ! Au moindre échec, la statue risquait de se briser de nouveau et ils devraient tout recommencer, prenant le risque que quelqu’un ne les découvre dans ce maudit couloir.

En général Prudence n’était pas mauvaise en pratique magique, sa bête noire à elle était tout l’aspect théorique. Hors, ses leçons privées avec son amie Bonnie dans la salle sur Demande lui avaient bien montré que la théorie pouvait être très importante au moment de jeter un sortilège si l’on voulait que celui-ci se déroule sans accroc… Malheureusement pour elle, elle ne se rappelait plus trop du chapitre au sujet de cet enchantement et de toutes les recommandations qu’il pouvait bien fournir afin de bien réussir… Ce serait bien sa vaine si Paracelse se mettait soudainement à tourbillonner dans les airs avant d’aller s’écraser sur les portes de la bibliothèque simplement parce qu’elle n’avait pas accentué la bonne syllabe… Elle était sûre et certaine d’écoper d’une sanction si quelqu’un les surprenait, difficile de croire qu’ils n’étaient pas en train de s’amuser à faire voler les statues de l’école plutôt que de les réparer. Bref, elle avait besoin d’aide, fort heureusement elle n’était pas seule dans ce couloir ! Se tournant de nouveau vers Joe, elle lança :

« Disons que je suis un peu du genre à foncer dans le tas sans vraiment réfléchir, avoua Prudence avec un petit sourire gêné, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même au final. »

Bien entendu qu’avec le temps elle avait appris – ou du moins tenté d’apprendre – à se raisonner et à tenté d’anticiper la situation avant de faire quoique ce soit, toutefois les vieilles habitudes avaient la vie dure et il lui arrivait encore bien trop souvent de se retrouver dans des situations improbables. Bon, au moins depuis l’interdiction de ses parents de participer aux cours de vol, cela ne se passait plus à plusieurs mètres du sol !

« Ça c’est clair, lâcha-t-elle en secouant la tête, elle était vraiment dégoûtée. Et l’odeur, c’était atroce ! Au final ce n’était pas bien grave mais franchement je préfère éviter de croiser la route de ce maudit esprit frappeur quand je le peux. J’ai déjà du mal à avoir des notes propres et bien tenues, si en prime il vient saccager tout mon travail il y a de quoi être furieuse ! »

En effet, Prudence n’avait pas besoin d’avoir Peeves dans les pattes pour avoir des soucis d’organisation au niveau de son travail. Même si l’esprit frappeur ne passait pas par-là pour mettre le bazar dans ses affaires, elle avait du mal à s’y retrouver parfois. En plus, il n’y avait rien de plus rageant que de se disputer avec un fantôme car aucun moyen d’en venir aux mains ou de gagner face à lui ; il trouverait toujours le moyen de vous suivre jusqu’à votre salle commune en vous criant des noms d’oiseau au visage ou en vous jetant des choses à la figure ! Et bien entendu, inutile de répliquer, à part pour lui donner raison.

La jeune brune tendit l’oreille tandis que Joe évoquait les quelques dégâts qu’il avait causées depuis qu’il était à Poudlard. Bien qu’il soit d’apparence tranquille, le Poufsouffle avait tout de même quelques bêtises à son compte !

« C’est sûr que personne n’est à l’abri d’une maladresse de temps à temps, admit-elle avec pragmatisme, et puis bon ce n’est pas comme si rien n’était réparable ici, à Poudlard avec tous les sorciers présents ! Je ne suis jamais allée en retenue non plus pour le moment ! Enfin, sauf si on exclu l’an dernier mais c’était une situation à part, je pense qu’on peut considérer que les sanctions appliquées n’étaient pas vraiment… appropriées. »

La suite de leur discussion porta sur l’ambiance presque électrique qui régnait dans l’ensemble du château à l’approche des examens ainsi que la ponctualité presque maladive dont faisait preuve le bibliothécaire de l’école. Une discussion bien studieuse qui ne ressemblait pas réellement à Prudence ! Cette dernière fit une petite grimace alors que Joe terminait son anecdote à propos d’Ethergsen et elle pouffa silencieusement en imaginant le visage fermé et aux lèvres crispées du bibliothécaire tandis que le camarade de Joe rapportait le livre emprunté in extremis.

Se reconcentrant sur la statue, les deux adolescents étudièrent ensemble les possibilités qui s’offraient à eux afin de la déplacer. D’après ce qu’il disait, Joe semblait plutôt d’accord avec Prue à propos du sortilège à utiliser, c’était toujours ça. Lorsqu’il mentionna d’appeler un professeur à l’aide, la Gryffondor fit une petite grimace ; cela revenait à admettre qu’elle avait – par mégarde, certes – détruit Paracelse ! Mieux valait qu’ils essayent de réparer ses dégâts seuls dans un premier temps.

« Tant pis pour le manuel, dit-elle à Joe en dégainant sa baguette de sorbier, on va tenter comme ça et on verra bien ce qui se passe ! Comme je suis la principale responsable de la catastrophe, je me lance en premier en espérant m’en sortir… N’hésite pas à venir à la rescousse si tu vois que je galère trop ! »

Tout en lui adressant un petit clin d’œil, Prue s’éclaircit la gorge et se rapprocha de la statue désormais intacte. Il fallait qu’elle se concentre, si ce sortilège était du niveau d’un élève de quatrième année, elle devrait bien pouvoir y arriver ! Il fallait seulement qu’elle réussisse à bien canaliser ses pensées et imaginer le chemin qu’elle voulait faire prendre à la statue dans son esprit.

Après avoir pris une grande inspiration, la jeune fille scanda distinctement :

Impair : un bruit d’éclaboussure et puis plus rien. Ce fut seulement ce que Prue fut capable d’obtenir grâce à sa baguette de sorbier. Bon, pas de chance pour cette fois-ci ! Elle se tourna vers Joe : « À toi d’essayer ? »