Tell me what

Longue journée. Longue journée sous les rayons de soleil, sous cette chaleur étouffante, épuisante. Elle était sortie, partie. Elle avait fui. Loin. Cette douleur. Cette horreur. Les hurlements qui résonnaient encore entre ses oreilles et ce passé qui ne la lâchait pas à chaque fois qu’elle entrait entre ces murs, pour dormir. Si bien qu’elle songeait de plus en plus à s’allonger à même le sol et regarder les étoiles pour profiter d’une nuit hors de cette maison. Juillet. Vacances d’été. Horreur. Elle voulait fuir, s’en aller et ne jamais revenir pour ne jamais les revoir, ces diables humains, un poison dans sa vie qui s’infiltrait dans ses veines. Toute petite, elle avait espéré franchir la barrière de glace qui entourait la femme de ce foyer, mais cette glace avait seulement pu s’entourer autour de la petite fille et geler son coeur. Elle n’avait pas fondu et Ellyaïna avait cessé d’espérer. Elle s’était refroidie. Elle était devenue une petite fille sans remords, sans regrets, avec seulement la douleur pour lui tenir compagnie, les traumatismes pour rester lors de ses nuits d’insomnie. Des nuits d’insomnie que trop fréquentes. Elle s’était isolée, dehors, sous cette chaleur étouffante, portant malgré tout une veste. Toujours portant une veste. Pour cacher les marquages de maltraitance infligées par celui qui se prétendait être son père. Elle n’a jamais pu le considérer comme tel. Un père n’inflige pas des coups de ceinture, de fouet, pour quelques raisons qui soit, si ridicules, un père ne brûle pas en guise de punition. Un père n’attrape pas son enfant par les poignets et le plaquer sur le mur pour ensuite frapper. Frapper le visage. Frapper tout simplement. Détruire l’esprit de celle qui aurait pu être sa fille s’il en avait pris soin. Elle avait souvent tenu tête et les blessures en avaient été la conséquence. Elle cachait tout ça sous des pulls, des vestes, des chandails longs qui cachaient les marques, les bleus, les brûlures. Isolée dehors, la chaleur provoquant des sueurs, elle travaillait et étudiait. Elle passerait ainsi son été.

Mais elle se rendit compte qu’elle ne possédait pas assez de manuels avec elle, alors elle soupira et silencieusement, elle passa dans cette maison porter les manuels qu’elle avait et en sortit si rapidement que les deux adultes - pas réellement adultes à ses yeux - n’en virent rien. En transport moldu, elle se rendit ainsi dans la partie de Londres qui l’intéressait. Elle descendit du bus et se dirigea sans attendre vers le Chaudron Baveur dont elle connaissait la position, sans se faire remarquer et par-là, elle alla au Chemin de Traverse avec une seule boutique en tête : Fleury & Bott’s. Ce merveilleux lieu qui regorge de merveilleux en bouquins, manuels, tout ce qui pouvait l’intéresser. Elle parcourut avec des étincelles dans les yeux toutes les allées, prenant par-ci et par-là des manuels autant sur l’astronomie, la divination, les potions, l’Histoire de la Magie ou encore les Soins aux Créatures Magiques. Elle prit aussi une autobiographie ainsi que les livres de DCFM et des créatures dangereuses. Elle avait un livre parlant de divers manières d’apprivoiser des créatures classées comme dangereuses, mais pas mortelles non plus. Et maintenant, elle flânait dans le coin des sortilèges. Elle avait déjà lu beaucoup de livres sur les sortilèges, il ne lui restait plus qu’à apprendre à les lancer. Elle ne put tout de même s’empêcher d’en prendre un autre livre, un livre parlant des sortilèges impardonnables et racontant toute la souffrance apportée dans l’Histoire avec ces sortilèges, mais bien sûr, le livre n’apprenait strictement pas à les lancer. Il dissertait seulement sur les effets des sortilèges et sur leur utilisation connue, leurs conséquences massives.

Après avoir pris ce livre, elle se dirigea dans la rangée des manuels des potions et se permit d’en prendre concernant les années supérieures ainsi que des livres autres parlant de d’autres types de potions, et de ceux qui étaient très importants dans ce sujet. Elle se dirigea alors vers une allée où personne n’était pour se mettre un peu à lire. Potions délicates revoyait les bases de la concoction d’une potion et possédait également une partie avancée dans lesquelles certaines potions n’avaient pas été encore vues en classe. Par exemple, la chance liquide. Ou encore la potion de morte-vivante. Elle trouvait intéressant toutes les potions qui pouvaient exister ainsi que toutes les utilisations qu’elle pouvait trouver à chacunes des potions. Elle s’était plongée dans cette lecture en oubliant tout ce qui l’entoure si bien que lorsqu’une jeune fille lui parla, elle sursauta légèrement. « On le trouve deux rangées plus loin, un peu après la rangée avec les manuels de Sortilèges. » Elle jeta un regard sur le livre que son interlocutrice possédait. « J’imagine que tu sais c’est où la rangée des Sortilèges. » Elle posa ses livres sur une partie sans livres d’une étagère et joua nerveusement avec ses cheveux. « Oui. Je suis à Serpentard. Et, euh, toi ? Non, c’est juste assez délicat, faut bien remuer, et ne pas se tromper dans ce qu’on y met, adapter légèrement les recettes parce que parfois ce n’est pas exact, faut suivre aussi un peu son instinct pour réussir, mais si on s’y applique vraiment et qu’on étudie les réactions et tout ça, on s’en sort aisément ! Tu as de la difficulté dans ce cours ? »

Tell me what

Un maigre sourire face à son sursaut. Ce n’était pas grave. Elle n’attendait pas d’excuses ou de réaction parce qu’elle avait sursauté, c’était à elle de ne pas se plonger ainsi dans la lecture de manuels scolaires pouvant être considérés comme largement ennuyeux par les autres. Mais pas pour elle, pour elle, ça regorgeait de savoir et le savoir avait tout ce qui était de plus intéressant. Elle adorait, plus que tout, apprendre encore et encore et s’améliorer de sorte à pouvoir encore bien mieux exceller. Et c’était aussi un refuge qu’elle ne pouvait refuser, comme les rêves avaient été, un moment, un refuge. Mais elle avait appris que les rêves ne représentaient rien, et que la réalité les faisait brûler bien assez tôt. Tous les rêves finissaient en cendre et contrairement au phénix, ça ne renaissait pas, c’était juste mort. Il fallait mieux rester bien ancré dans la réalité pour ne pas se retrouver trop déçu. Elle avait appris à ne pas trop s’envoler dans son imagination, dans des désirs d’une autre vie, parce que la vie ne changera pas. Bon, lorsqu’elle aura fini ses années à Poudlard, elle pourra révolutionner son monde, se venger, tout recommencer de zéro. Pouvoir marquer à vie ceux qui ont décidé qu’elle ne méritait pas d’amour, pas d’attention, qu’elle était un objet sur lequel on pouvait se défouler. Les nuits où cet homme rentrait, l’alcool dans les veines, toujours prêt à la battre et lui faire regretter d’exister. Elle n’avait pas choisi et le fait que ses parents l’aient mené ici, dans cette maison de la mort, démontrait à quel point elle n’était pas désirée.

Ellyaïna pouvait bien remarquer que l’autre était un peu mal-à-l’aise, sans forcément comprendre pourquoi. Bon, peut-être que la jeune fille appartenant à la maison des Serpentard n’était pas la plus douée socialement et que ses mots étaient assez francs et déstabilisants par moment, mais ce n’était rien de mauvais. Il ne restait qu’à espérer que l’étrangère allant à la même école ne le prendrait pas personnel. « Oui, j’ai dû la manquer. Merci. » lança l'autre fille. La Serpentard ne put s’empêcher de se dire que pourtant, la rangée était assez évidente. Mais quelque part, c’était peut-être parce qu’elle prêtait attention à absolument tous les bouquins et qu’elle connaissait un peu cet endroit par coeur. Elle adorait venir flâner ici, acheter des livres dont elle n’a pas de besoin, des manuels scolaires des années supérieures. Ainsi, elle pouvait s’avancer et apprendre encore plus que ce qu’on lui permettait dans les cours réguliers. « Gryffondor. » dit alors son interlocutrice, répondant à Ellya'. C’était une raison valable pour expliquer pourquoi Ellya’ n’avait pas le souvenir de l’avoir vu, connu, seulement peut-être croiser dans les corridors en marchant pour se rendre vers un de ses cours. Elles n’étaient pas de la même maison et sans aucun doute pas de la même année non plus. Après tout, si tout se passait bien, elle passait en cinquième année et elle n’avait pas le souvenir de l’avoir vu dans ne serait-ce que l’un de ses cours.

La jeune fille l’écouta attentivement pendant que la Gryffondor lui expliquait qu’elle avait de la difficulté et que c’était sans doute même un euphémisme de parler de simples difficultés. Ça n’avait pas dit dans ces mots, mais c’était un équivalent. Elle l’écouta aussi quand son interlocutrice lui dit que c’était la matière dans laquelle elle se plantait en permanence, ainsi que les Sortilèges. Les Sortilèges, c’était un art complexe. Ellyaïna se débrouillait pas mal, elle n’était pas experte, mais elle s’y mettait toujours à fond et dès qu’elle pouvait se pratiquer, elle le faisait. En dehors de Poudlard, néanmoins, c’était interdit et jamais elle ne s’y risquerait. Vivement ses 17 ans, et sa sortie de Poudlard, pour pouvoir utiliser la magie en dehors des murs de l’école. Elle ne sut dire l’étincelle qui s’était installée dans le regard de la jeune fille qui était à ses côtés présentement. Fallait dire qu’elle n’était pas douée dans tout ce qui concernait les relations sociales, elle préférait de loin les livres et leurs secrets. « Je suis contente de savoir qu’il y a des élèves qui peuvent s’en sortir dans ce cours ! Ce livre m’a l’air d’une grande aide. J’espère pouvoir apprendre deux ou trois tours de poignet pour survivre en deuxième année ! » s’exclama alors l’autre fille. Ellyaïna esquissa un léger sourire qui ne dura pas. « Il l’est. Il est pas très complet, il manque beaucoup de détails à certains endroits, mais il fait l’affaire pour la deuxième année. Ce n’est juste pas assez quand on souhaite aller au-delà de ce qu’on nous apprend en deuxième année. » Comme elle, elle le faisait toujours. Ainsi, cette fille était en deuxième année, ça expliquait clairement pourquoi Ellya’ n’avait pas le moindre souvenir du visage de cette personne. Elles s’étaient seulement peut-être croiser dans les couloirs, mais elle n’était pas la plus observatrice quand elle naviguait dans les couloirs de l’école. Elle dévisagea l’autre élève quelques instants et s’apprêta à lui proposer de l’aide quand celle-ci s’en alla dans la rangée où elle allait trouver le livre voulu. Peut-être qu’Ellya’ n’était pas la plus sociale, mais elle aimait quand même aider les autres à apprendre, c’était toujours agréable de voir que quelqu’un était prêt à aider. Ce n’était pas une question de lier des liens, seulement de transmettre un savoir qu’elle a obtenu au fil des années. Elle suivit des yeux la Gryffondor avant de se replonger dans son livre de potions. Lorsqu’elle leva les yeux du manuel, elle aperçut celle avec qui elle avait discuté légèrement quelques minutes plus tôt qui sortait de la rangée et lui fit un signe de la main. Ellyaïna ferma le manuel et lui rendit son signe de la main. L’élève de Poudlard qui lui faisait face se présenta alors. « Ellyaïna Stayn.» Plus court que ça.. c’était peut-être pas possible. Ellya’ baissa les yeux sur la couverture du livre, elle ne savait pas trop quoi dire. « Et.. je me disais que si tu avais de la difficulté pour un devoir à la rentrée, je pourrais t’aider. Je vais passer en cinquième si j’ai réussi mes examens alors j’ai déjà fait les devoirs de deuxième année et voilà.. je pourrais t’aider si tu en as de besoin. » C’était dit. Il ne restait qu’à savoir si Eliana acceptait l’aide d’autrui ou si, comme sa presque homonyme de prénom, elle était du style à ne pas vouloir être aidée et tout faire elle-même.

Tell me what

Un léger sourire trônait sur les lèvres d’Ellyaïna tandis qu’elle observait son interlocutrice. Cette dernière parlait tout de même beaucoup, il fallait le dire. Tout du moins, elle parlait davantage que la Serpentard et c’était sans doute ça qui faisait un contraste intense. La comparaison entre la façon qu’Ellya’ avait de ne presque pas parler et d’aller directement à l’essentiel comparativement au débit de parole de la Gryffondor qui était bien plus grand que le sien. On pouvait dire que ça comblait le vide qu’Ellya’ pouvait laisser creuser. Ellyaïna appréciait beaucoup le silence qu’elle trouvait apaisant, mais parfois le silence n’avait pas sa place et elle ne savait pas trop quoi dire, ni comment agir face à d’autres personnes. Elle n’était pas habituée à entretenir une conversation, c’était plus évident de parcourir les livres. Eux ne parlaient pas et ne lui demandaient rien. C’était elle qui devait les analyser. Pas le contraire.

Elle hocha doucement la tête quand Eliana lui dit qu’elle était ravie de la rencontrer. C’était une nouvelle connaissance qui n’était pas du tout négative. Il fallait dire qu’Ellyaïna n’était pas douée pour partir sur de bonnes bases avec les autres. « Ravie de faire ta connaissance également ! » C’était vrai et entièrement sincère. Elle avait beau se convaincre silencieusement qu’elle était bien mieux avec la compagnie des livres, tout le monde avait besoin d’un peu de contact social et elle n’échappait pas à cette règle. Disons seulement que se montrer sociale était très anxiogène. Comme maintenant, alors qu’elle venait de lui proposer de l’aider. Elle repensait à cette proposition et se questionnait un peu trop mentalement.

Elle ne savait pas trop si elle avait bien fait de lui proposer de l’aider, elle n’avait pas l’habitude vraiment de traîner avec quelqu’un, elle qui préférait vraiment la compagnie des livres en dépit de celle des autres sorciers de Poudlard. Soudainement, Ellyaïna se dit qu’elle aurait peut-être dû se taire et ne rien proposer, que l’autre le prendrait sans doute mal et pourrait s’imaginer que la futur cinquième année la prenait de haut et se moquait d’elle. Après tout, les Serpentard n’étaient pas ceux qui avaient la plus grande générosité, n’est-ce pas ? Ils étaient bien plus réputés pour leur côté sournois que pour leur grand coeur et elle ne pouvait pas nier ne pas avoir énormément d’empathie, mais ça lui arrivait de se montrer gentille comme présentement. Mais comme toujours, chaque fois qu’elle prenait un peu trop d’initiative, elle se questionnait et se torturait à se dire qu’elle n’aurait pas dû le faire jusqu’à ce qu’on coupe le flux étouffant de pensées qui le comprimaient. Et heureusement qu’Eliana le fit rapidement, parce que la jeune fille de Serpentard aurait pû continuer longtemps ainsi. Après tout, dans la maison où sa présence n’était pas désirée, si elle prenait une initiative, les conséquences arrivaient très rapidement. Elle pouvait sentir sur son bras droit les brûlures refusant de se faire oublier. Ses mains commençaient légèrement à trembler sous l’effet de l’anxiété qui montait. Elle devrait peut-être réfléchir un peu plus avant de parler. Le soulagement fut évident quand Eliana lui affirma que c’était gentil de sa part et qu’elle acceptait son aide. Elle ne put retenir un petit sourire d’amusement face à la grimace de la jeune fille devant elle.

« Il n’est pas si méchant que ça le livre ! » Elle eut un petit rire franc, légèrement amusée. Elle faisait partie de ceux pour qui l’étude n’était qu’un jeu d’enfant et elle voulait bien comprendre que ce n’était pas le cas de tout le monde. L’idée d’Eliana était une merveilleuse idée qui ravissait la jeune Serpentard. Ça s’annonçait être une belle journée pour elle, peut-être un peu moins pour sa camarade d’école - pas de classe. Bon, c’était évident qu’Owson ne viendra pas la rejoindre dans ce petit coin rempli de félins. « J’adore les chats ! Je répondrais aux questions que tu as, je suis sûre que je pourrais te les expliquer. Et j’adore le thé en plus. Je te suis, je ne connais pas le chemin.»

Codage par Libella sur Graphiorum