Tout comme le garde-chasse de cet établissement le jeune sorcier ici présent passait le plus clair de son temps et, à ce titre, on avait parfois tendance à oublier qu'il avait aussi une chambre à Poudlard mais surtout qu'il possédait une salle de classe et un bureau. Certes, tout comme la cabane du garde chasse, ce bureau était situé non loin de la forêt interdite pour être au plus près des créatures à étudier, si bien que les élèves ne voyaient quasiment jamais le jeune Armstrong entre les murs de Poudlard. Ce dernier ressentait-il une pointe de solitude peser sur ses épaules ? Pas vraiment, il avait passé pratiquement toute sa vie en solitaire que ce soir durant ses études ou lors de son voyage à travers le monde, la solitude était devenue une amie un peu trop collante à laquelle il ne faisait même plus attention. Certes ces formidables créatures magiques tout autour de lui procuraient à ce nouveau professeur un réconfort qui était plus que bienvenue mais en quelques occasions, notamment durant son voyage, il aurait troqué n'importe quel phénix contre une personne en chair et en os à qui parler, mais malheureusement la vie ne nous donnait pas toujours ce qu'on voulait...pas au bon moment en tout cas.
Un beau matin, à sa grande surprise, le jeune homme reçut son premier courrier depuis son retour à Poudlard et celui-ci avait été écris par une élève curieuse. Curieuse de quoi ? D'apprendre évidemment et, si pendant un instant ce fut un sourire qui illumina le visage du professeur, cette mimique se tempéra quelque peu lorsque la demoiselle lui fit part de son hésitation à poursuivre ses études supérieures dans cette matière. Nathanael lui en voulait-il pas ? Pas le moins du monde, même s'il prêchait ouvertement pour sa propre paroisse – comme le voulait l'expression moldu – il n'oubliait pas qu'au final le choix revenait à chacun de ses élèves.
Malgré tout cela la jeune Prudence semblait désireuse de prendre de l'avance et d'apprendre autant de choses qu'elle pouvait, sans doute parce que le programme jusqu'à présent avait été suivi de manière aussi inégale que chaotique. Elle souhaitait donc combler ses lacunes en vue des examens de l'année prochaine ? Bien, Nathanael ne lui refuserait pas cette opportunité.

Alors que les minutes défilaient le jeune Armstrong était dans son bureau, attendant son élève, s'occupant d'un jeune Botruc actuellement lové au creux de sa main droite. Certes le professeur ne connaissait pas ces créatures depuis aussi longtemps que le garde-chasse, pour certaines d'entre elles en tout cas, mais se sentait assez à l'aise avec celles-ci pour s'en approcher sans crainte. Était-ce cela la raison de sa facilité de contact avec ces beautés ? Sans doute que oui.

- Mais oui, tu iras bientôt retrouver tes petits copains. Encore quelques heures au chaud, avec moi, et je te ramène.

La veille le jeune homme avait été s'occuper des botrucs et l'un d'entre eux semblait malade, il avait apparemment attrapé froid et la chaleur humaine était un bon remède en attendant qu'il se remette d'aplomb. En y repensant d'ailleurs, cette créature avait-elle été baptisée ? Il n'en savait fichtrement rien et devrait s'entretenir avec le garde-chasse à ce sujet, d'ici peu. Bientôt, alors que Botruc grimpait jusqu'à se réfugier dans la poche avant de la veste en cuir de Nathan, ce dernier fut alerté par un bruit à la porte.

- Vous pouvez entrer.

Était-ce son élève ? Au vu de l'heure, sans doute que oui.

Même si cela n'était pas tout récent le jeune professeur se rappelait parfaitement de l’époque où il n'était qu'un jeune élève de Poufsouffle dont le seul désir était d'obtenir des bonnes notes afin de satisfaire les hautes attentes de ses parents. Autant dire que la passion était absente de sa vie quotidienne et ne fit vraiment son apparition qu'au moment de sa troisième année, période où il fit la découverte de la matière qu'il enseignait encore aujourd'hui. Si cette découverte changea radicalement le vie du jeune homme en le mettant sur les rails qui l'emmenèrent partout à travers le monde, le jeune homme était revenu à Poudlard avec l'intention de trouver un ou plusieurs qui, comme lui-même à son époque, possédaient une passion dévorante pour la connaissance et le soin des créatures magiques. Plus facile à dire qu'à faire, surtout que le jeune professeur arrivait à la fin de la période scolaire, devant donc attendre l'année prochaine pour repartir sur de bonnes bases. Cependant hier matin il reçut un courrier qui illumina sa journée, un courrier d'une élève curieuse voulant apprendre plus que ce que ses cours réguliers ne lui permettaient d'ingurgiter, pour le plus grand plaisir de Nathan. En redressant la tête il aperçut donc l'élève en question rentrer dans son bureau et, apparemment, elle avait amené avec elle un peu de lecture comme son tuteur le lui avait demandé.
Alors que la demoiselle s'approchait, son mentor fut amusé de l'entendre le remercier de nouveau pour le temps accordé. Sérieusement ? Encore ? Ne comprenait-elle donc pas que c'était là le rôle du jeune Armstrong,que d'être à sa disposition de tous les élèves, autant ceux qui avaient des difficultés que les passionnés ? Apparemment non ce qui força le sorcier à clarifier la situation.

- Allons, ce n'est pas la peine de me remercier. Tout le plaisir est pour moi.

Avant même que le jeune anglais ait pu lâcher la moindre autre phrase, son élève du jour déballa devant lui bon nombre de parchemins qui correspondaient sans doute à l'ensemble des notes prises lors des cours avec le ou les précédents enseignants de cette matière. Bien, cela pourrait au moins donner de la matière au trentenaire.

- Parfait. Je peux ?

Attendant que la demoiselle lui donne l'autorisation de feuilleter ses notes, le sorcier se plongea dans une concentration intense pour parcourir les notes de la demoiselle à vive allure, commençant à rassembler les pièces du puzzle pour dessiner dans sa tête le schéma du cursus suivi par Prudence jusqu'à maintenant. Cependant il fut de nouveau interrompu par le petit botruc qui, soudainement, décida de sortir la tête de la poche de Nathan pour observer son environnement, avec la demoiselle également par la même occasion.

- Ne faites pas attention à lui, il fait son intéressant.

Retournant à la lecture des notes en laissant la petit bestiole vaquer à ses occupations, Nathanael eut au moins l'occasion d'étudier la façon dont son élève avait de prendre des notes sans rien oublié, du plus petit élément au plus important. Puis, au bout de quelques minutes, le jeune homme rendit ses notes à la demoiselle tout en ajoutant :

- Je vois, ça me donne au moins une meilleure idée du cursus que vous avez eu jusqu'à maintenant. C'est bien mais incomplet, comme vous me le souligniez. Je vois également qu'il y a eu beaucoup de théorie mais très peu de pratique en réalité, c'est quelque chose que je vais devoir corriger.

S'asseyant sur le bord de son bureau, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien aborder en premier lieu sans griller les étapes trop vite, le jeune homme eut une illumination et, plongeant ses prunelles en direction de celles de son élève, il demanda à cette dernière :

- Avez-vous déjà vu un hippogriffe ? Ailleurs que dans les livres, bien sûr.

Le jeune professeur ne se faisait pas d'illusion quant à ses talents en terme de pédagogie qui restaient grandement à améliorer, cependant c'était une expérience comme celle qu'il était en train de vivre aujourd'hui qui le faisait penser qu'il ne faisait peut-être pas un si mauvais professeur que cela. Après tout l'enseignement n'était pas pour tout le monde car il fallait une bonne dose de patience ajoutée à la capacité de vulgariser des concepts compliqués ou de les reformuler pour trouver la description qu'un élève assimilerait le mieux. Certes il y avait sans doute une poignée d'élèves qui étaient fascinés par cette matière, non pas pour la façon d'enseigner de l'Armstrong mais pour l'excitation de voir de leurs petits yeux toute ces merveilleux et intrigantes créatures, mais le jeune sorcier ne se laissait pas démonter pour autant.
Jusqu'à présent il avait reçu des courriers de la part de deux élèves curieuses très tôt après ses tout premiers cours, ce qui lui laissait à penser qu'il n'avait pas fait une aussi mauvaise impression que cela. Il avait même l'intuition qu'il aurait déjà eu le retour de certains de ses collègues si cela avait été le cas. Oh non le londonien ne s'attendait pas à conquérir le cœur de tous ses collègues et élèves quelques jours à peine après son arrivée, il savait ce que tous avaient vécu dernièrement et quil ne serait pas aisé de leur épingler un sourire sur le visage, mais il espérait que la vue d'un hippogriffe ou de quelques botrucs puisse changer la donne. Rien n'était moins sûr mais, au-delà de l'envie de plaire et faire l'unanimité, Nathanael n'oubliait pas qu''il était ici pour former les futurs sorciers de demain.
Souriant en écoutant la demoiselle s'adresse au botruc qui faisait enfin preuve de curiosité, pour une fois, le professeur enchaîna ensuite en évoquant les hippogriffes afin de savoir si cela allait être une nouveauté pour la demoiselle. Si une part de lui aurait aimé capter l'intérêt de Prudence pour qu'elle suive cette voie durant sa carrière professionnelle, Nathan avait également la volonté de récompenser la curiosité de la charmante élève en lui montrant une créature qu'il n'avait eu que peu de fois l'occasion d'étudier. Prudence expliqua donc qu'elle avait déjà eu l'occasion d'étudier une telle bête en de très particulières circonstances, ce à quoi son mentor répondit non sans gravité dans le timbre de sa voix.

- Ça arrive parfois, effectivement. Il n'y a qu'avec beaucoup de temps qu'il peut regagner sa fierté perdue.

Puis vint le moment où la demoiselle expliqua que, mis à part cette expérience, elle n'avait pas eu l'occasion d'étudier correctement et longuement cette belle créature, ce qui ne manqua pas de faire aître un franc sourire sur le visage du prof. Ce dernier eut donc le plaisir d'annoncer que :

- Bien, cela va changer dés maintenant.

Laissant l'excitation et l'impatience gagner son élève à cette annonce, le londonien décolla de son bureau et partit chercher dans la réserve de quoi nourrir cette créature volante comme il avait prévu de le faire. Réapparaissant au bout de quelques instants avec un large panier en osier contenant plusieurs furets fraîchement chassés pour l'occasion, Nathan montra la sortie à la demoiselle d'un simple signe de la main, l'invitant à sortit avec lui. Une fois le pas de la porte passé il vint s'enquérir des connaissances de la demoiselle pour poser les bases de cette leçon.

- Avant que l'on arrive, qu'est-ce que vous connaissez sur les hippogriffes ? Mis à part leur fierté, bien entendu.

Au fur et à mesure de ses études le jeune homme avait fini par remarquer que tous les étudiants n'étaient pas égaux face au difficultés et aux examens, cependant il en était venu à s'interroger sur le mérite des plus bénis de ces élèves. Le fait d'avoir un don dans telle ou telle matière diminuait-il le mérite des notes reçues par l'élève concerné ? Les professeurs devraient-ils être plus exigeants au regard de ses facilités ? Les avis pouvaient diverger sur ce sujet mais, tout jeune professeur qu'il était, Nathanael ne se sentait pas de se montrer très strict sur ce pont car, il l'avait compris depuis longtemps, la vie n'était en rien équitable ou juste. Certains élèves étaient dotés d'une mémoire ou photographique ou avaient une incroyable capacité de compréhension tandis que les autres, le commun des élèves, devaient travailler d'arrache-pied et régulièrement pour arriver au même niveau de connaissance. Dans quelle catégorie se trouvait la jeune Prudence ? Le londonien n'en savait encore rien, ne connaissant encore que très peu son élève, mais au moins elle avait sa curiosité pour elle. Était-ce tout ? Non. Du fait de cette curiosité et de cet intérêt pour les créatures magiques la demoiselle répondit bien vite à la question du sportif concernant ses connaissances des licornes. Elle semblait connaître son affaire à commencer par la façon de les approcher ce qui était un très bon point, cela éviterait à Nathan de devoir aborder ce point, mais elle connaissait également le régime alimentaire de ces créatures. Elle ne devrait donc pas s'étonner de voir le prof avec un panier plein de furets.
Certes le jeune homme était satisfait des éléments dévoilés par la demoiselle, preuve de sa grande connaissance dans la matière, mais il avait du mal avec la façon dont les élèves recrachaient directement le contenu de leur cœur. Ils avaient appris leurs cours par cœur à n'en pas douter, mais comprenaient-ils réellement ce qu'ils avaient mémorisé ? Sauraient-ils l'appliquer devant une véritable créature de chair et de sang ? Car il y avait tout un monde entre la théorie et la pratique, tout un monde entre des mots dans un livres et une véritable et impressionnante créature à quelques mètres de soi. Certes Nathan ne pouvait pas en vouloir à la demoiselle de tout recracher de la sorte mais, en entendant ces explications, il tint à clarifier un point.

- Très bien. Vous verrez bien vite, en tout cas, que la réalité est bien plus complexe que les livres ne le laissent entendre. Mes leçons vous serviront à renforcer vos connaissances, certes, mais surtout à les confronter à la réalité afin que vous en fassiez bon usage. Connaître tout ce qu'il y a à savoir sur ces créature est bien, savoir comment utiliser ces connaissances lorsque c'est nécessaire c'est mieux.

Bien sûr tout cela la demoiselle le savait déjà mais un petit rappel ne faisait jamais de mal. Lorsque la demoiselle s'autorisa à parler avec son cœur en mettant en lumière la magnificence des hippogriffes, sont mentor sourit tout en répondant :

- Sur ce point là, nous sommes d'accord.

Sans plus attendre le jeune homme longea s'enfonça donc à travers les étendues boisées à la recherche d'une clairière où se trouvait sans doute son patient du jour, il s'agissait d'un jeune hippogriffe à qui il n'avait pas vraiment donné de nom mais à qui il aimait rendre visite très régulièrement. Après tout les créatures volantes étaient le péché mignon de l'Armstrong pour ainsi dire, pourquoi s'en priver. Après une bonne dizaine de minutes de marche à travers les petits chemins de terre et les racines dépassant du sol le jeune homme entendit un piaillement des plus familiers, du genre à lui coller un petit sourire au coin des lèvres. S'avançant avec assurance jusqu'à la lisière de la clairière devant lui, Nathanael s'immobilisa un instant en reposant son épaule gauche contre un arbre, observant la scène face à lui. En effet à quelques mètres de là se trouvait une créature hybride à mi-chemin entre le cheval et l'aigle, aux prunelles orangées et à la robe d'un bleu-gris des plus doux et agréable au regard. Cette vision surnaturelle d'un hippogriffe fouillant l'herbe de son bec à la recherche d'une proie ne manqua pas de radoucir le regard de Nathanael qui, à n'en pas douter, profiter de ces moments-là pour se rappel à quel point il aimait son nouveau métier, à quel point il était heureux de la voie empruntée.
L'espace d'un instant il tourna la tête pour déchiffrer la réaction de la demoiselle qui, certainement, ne manqua pas d'être surprise et émerveillé. Laissant ce moment durer pendant deux bonnes minutes pour en savourer chaque pépite, Nathan s''écarta enfin de l'arbre pour péntrer dans la lisière, panier à la main.

- Hey, beau gosse !

La réaction de la créature ne se fit pas atteindre et celle-ci leva la tête de l'herbe pour observer son interlocuteur, lui lâchant un piaillement puissant en guise de salutations. Le professeur s'avança donc de quelques mètres supplémentaires et, discrètement, fit un signe de main à son élève du jour pour l'inciter à ralentir le pas ou même s'immobiliser. Elle n'avait pas encore été acceptée par l'hybride, il ne fallait donc pas brûler les étapes au risque de provoquer une vive et violente réaction de rejet chez l'hippogriffe.
Posant son panier à terre, le sorcier ne se détacha pas de son éternel sourire et se pencha en avant en une forme de révérence bien à lui, servant de salutations de son côté. Oh bien sûr il avait déjà été accepté par la créature et cette révérence n'était en rien nécessaire, celle-ci était donc née d'une profonde envie plus que d'une obligation formelle. Attendant que la créature fasse enfin un pas en avant vers lui, Nathan se redressa et s'avança à son tour pour passer une main légère le long de son museau sans s'approcher du bec pour autant, tout en lâchant :

- J'espère que tu as faim.

Puis, enfin, le sorcier se tourna vers son élève pour observer sa réaction et lui faire un petit signe de main pour s'approcher doucement, mais cela elle le savait déjà.

Bon nombre de sorciers étaient en quête de puissance et de renommée, ne désirant rien de plus que le fait que leur nom soit connu à travers le monde et connu encore de nombreux siècles après leur mort, car qui donc pourrait accepter tranquillement que son sort funeste retombe ne soit connu de personne ? Qui donc serait en paix avec l'idée de retomber dans l'anonymat le plus total juste après son trépas ? Il était normal qu'il individu aspire à laisser sa trace dans ce monde, aussi infime puisse t-elle être, aussi Nathanael ,'était jamais trop prompt à juger les plus carriéristes des sorciers. Qui pouvait le savoir ? Dans une autre vie il aurait pu accepter la suggestion du chapeau d'aller à Serpentard, comme ses parents avant lui, rendant sans doute son parcours diamétralement de ce qu'il était aujourd'hui. Le sorcier était content de sa propre situation, à quelques exceptions près, mais il savait aussi qu'un simple choix aurait pu le faire basculer de l'autre côté afin de devenir un homme qu'il ne reconnaîtrait pas aujourd'hui. Pour des raisons évidentes il avait toujours été le type de sorcier à se montrer humble et modeste en toute circonstance, ce point-là n'ayant pas changé le moins du monde après la fin de ses études, mais s'il avait été en quête de savoir cela n'avait jamais été pour s'attirer une quelconque renommée. Pour quelles raisons, alors ? Pour plaire à ses parents et leur désir de réussite, dans un premier temps, mais aussi ensuite pour son propre épanouissement personnel, loin de la pression sociale et parentale.
Oh oui dans un sens on pourrait dire qu'il avait bien réussi son coup même s'il n'avait découvert qu'une fraction de ce que le monde avait à offrir, mais allait-il s'arrêter ici ? Laisserait-il tomber ses nouveaux élèves pour reprendre son voyage à la recherche d'autres créatures, notamment en Asie ou en Afrique par exemple ? C'était une idée tentante mais il était arrivé depuis trop peu de temps pour s'autoriser de telles pensées, un professeur qui pensait déjà à partir ne serait jamais performant et ses élèves finiraient par en pâtir également.

Il avait donc fait le choix, quelques années plus tôt, de laisser les sortilèges et les potions de côté au profit de quelque chose de beaucoup plus vivant. La botanique ? Certes à l’époque il avait quelques affinités avec cette matière, comme s'il était né pour s'occuper de tout ce qui était vivant, mais son esprit se dirigea naturellement vers quelque chose de plus actif mais tout aussi exigeant en terme de connaissance. Si la demoiselle à ses côtés sembla presque se diriger vers la même voie que lui, Nathanael avait bien compris que la souffrance endurées par les autres élèves avaient fait dévier la jeune Prudence de sa route originelle. Oh oui le londonien aurait pu tenter de la ramener sur le « droit chemin » mais ce ne serait que temporaire, l'esprit finissait toujours par retrouver son chemin pour peu qu'on s'y attache fermement. Et puis à quoi bond ? Elle avait décidé de se diriger vers une voie judiciaire afin de faire changer les choses dans le monde des sorciers, renonçant sans doute à ses désirs initiaux : une telle volonté était digne d'être saluée avec respect.
Cependant avant que la jeune Anderson ne valide son choix il était de la responsabilité de son enseignant de lui apprendre ce qu'il savait sur un certain nombre de créatures, certes toutes ces bêtes fantastiques n'étaient pas abordées dans le programme scolaire mais au moins les plus répandues et dangereux d'entre elles étaient étudiées. Pour certains élèves cet avant-goût leur suffirait pour avoir envie de continuer dans cette voie, mais d'autres ne verraient cette matière que comme un cours parmi beaucoup d'autres. Il n'y avait pas quoi les blâmer pour cela, il en fallait bien pour tous les goûts.

Aujourd'hui, face à cette terrible et belle créature la demoiselle allait devoir se rappeler rapidement de tout ce qu'elle connaissait pour éviter le moindre incident, mais pour l'heure elle semblait s'en sortir plutôt bien. Le premier contact visuel était réussi et à présent elle s'était inclinée en avant en une posture respectueuse qui incitait une réponse de la part de l'hybride. Posant les yeux sur son élève, Nathan écarta la main du flanc de l'hippogriffe en sentant ce dernier avancer de deux pas. Certes le sorcier était prêt à intervenir à tout instant mais il n'en aurait pas besoin aujourd'hui, le langage corporel de la bête parlait pour elle et, pour l'heure, celle-ci ne semblait pas offusquée par la présence de Prudence. La bête resta bien immobile pendant trente bonnes secondes, jaugeant et dévisageant la demoiselle en bougeant légèrement la tête en de très rares occasions. Puis, enfin, après un instant qui pourrait sembler pareil à une éternité pour la demoiselle, l'hybride rendit son salut à la demoiselle le baissa légèrement la tête à son tour, avant de se redresser.
Bien sûr que le professeur était soulagé par cet accueil mais la plus soulagée et excitée serait certainement la jeune Gryffondor. Comment ne pas l'être ? Nathan se rappelait encore de sa rencontre avec une aussi belle créature, en cinquième année. Souriant face à cette fin heureux, le sorcier tapota une nouvelle fois le flanc de la bête comme pour la féliciter, avant de s'adresser à son élève du jour :

- Eh bien, ça s'est plutôt bien passé. Comment vous sentez-vous ?

S'approchant de son panier qu'il avait laissé à quelques mètres de là, laissant la demoiselle seule avec l'hybride pendant quelques instants, le jeune homme revint et présenta le panier plein de furets morts à Prudence

- Bon, maintenant qu'il vous a accepté vous pouvez le nourrir ou le caresser. Ou les deux, en fait. Au choix.

Instinctivement l'Armstrong reporta son attention vers cette belle créature et, se croyant de retour à ses propres années d'études, il fut de nouveau frappé par la beauté digne et fière de ces prédateurs volants. Souriant en se rappelant une nouvelle fois pourquoi il faisait ce métier avec autant d'entrain, il lâcha ses premières pensées à voix haut :

- Aucun livre au monde ne pourrait rendre justice à de telles créatures. C'est pour ces moments-là que j'aime mon métier plus que tout autre.

Même si cela remontait à de nombreuses années en arrière le jeune professeur n'avait aucun mal à voir le parallèle entre la rencontre de Prudence avec ce bel hippogriffe et sa propre première rencontre avec l'une de ces sublimes créatures, lorsque lui-même n'était encore qu'un petit de troisième année. Bien sûr à bien y regarder la demoiselle semblait bien mieux réagir que lui à son épôque mais comment aurait-il pu en être autrement ? En ce temps-là le jeune Armstrong n'était qu'un timide maigrelet écrasé par la pression familiale et fuyant comme la peste les situations pouvant le mettre en avant, car il ne supportait pas d'être au centre d'attention. Alors, lorsque son premier cours fut venu et qu'il aperçut cette bête en chair et en os au lieu d'un simple dessin au coin d'une page, il prit peur et fit plusieurs pas en arrière sous les regards amusés de ses camarades. Certes bon nombre d'entre eux n'en menaient pas plus large que lui mais il eut le malheur de passer en premier pour être présenté à cette formidable et noble bête, sa réaction spontanée ne fut donc pas oubliée et lui colla même à la peau pendant de nombreuses semaines après la fin de ce cours. Pouvait-il en vouloir à ses camarades de l’époque ? Pas vraiment car s'il avait pu remonter le temps il se serait certainement donné un coup de pied aux fesses pour accélérer sa transformation jusqu'à devenir l'homme accompli qu'il était aujourd'hui.
Au-delà de la toute première vision de l'hippogriffe le professeur se serait presque attendu à ce que la demoiselle reste figée et interdite devant l'hybride mais, comme ce n'était pas sa première rencontre avec un tel spécimen, ce fut davantage l'excitation et l'émerveillement qui furent lisibles à travers ses yeux.
Le but du sorcier n'était pas de banaliser ce genre de rencontres afin d'enlever toute trace de peur ou d'inquiétude chez ses élèves, car toutes les créatures magiques possédaient leur importance et leur danger potentiel. En vérité son but étant d'accompagner ses étudiants dans la découverte et la démystification de chacune de ces bêtes afin d'apprendre à les reconnaître, les analyser, les comprendre et également leur venir en aide en cas de besoin. Certes l’hippogriffe ici présent était en parfaite santé et n'aurait guère besoin de soins aujourd'hui, mais le londonien pourrait au moins se concentrer sur la découverte d'un animal en pleine forme et surtout bien réel.
En effet, s'il était encore nécessaire de le rappeler, selon Nathanael la théorie n'était qu'un support afin de préparer l'étudiant à la pratique. L'étude d'un animal ne serait jamais complète sans une véritable application pratique des connaissances apprises autant pour reconnaître un animal que pour soigner ses éventuelles blessures.

Ainsi, alors que la demoiselle semblait s'être remise de la merveilleuse surprise de la première rencontre, celle-ci ne tarda pas à prendre la proposition très à cœur en piochant directement dans le panier qui lui fut tendu. Bien entendu une fois acceptée par l'hybride il n'y avait aucune raison qu'elle soit en danger cependant l'imprévu était toujours possible, c'était donc pour parer à toute éventualité que le londonien restait toujours proche de la bête. Après tout si les humains étaient imprévisibles et parfois sujets à des sautes d'humeur, pourquoi ne pourrait-il pas en être de même des animaux ? Surtout des animaux fantastique comme cet hippogriffe.

Laissant son élève apprécier la douceur de la parure de cette bête en silence, la laissant apprécier de doux moment d'intimité et de découverte plus approfondie, un moment qui n'appartenait qu'à elle et qu'elle devrait s'approprier pour le restant de ses jours, le professeur fut amusé de voir que Prudence ne perdait pas le nord malgré la situation. En effet, tout en observant la créature elle ne manqua pas de poser des questions à son sujet à commencer par la raison de sa présence ici ainsi que son état de santé. Observant la bête qui tourna la tête vers lui, dévisageant le sorcier de ses yeux perçant, l'enseignant répondit :

- Aussi loin que remonte ma mémoire il y a toujours eu un troupeau d'hippogriffes dans les environs de Poudlard. C'est un endroit sécurisé, qui abonde de nourriture et d'autres créatures magiques. J'imagine qu'ils se sentent ici comme chez eux. En paix.

Prenant une petite pause pour observer l'hybride à la recherche d'une quelconque plaie qu'il aurait pu manquer, Nathan enchaînant ensuite par :


- Celui-là est en parfaite santé. Il se balade souvent dans le coin à la recherche de nourriture comme aujourd'hui. c'est d'ailleurs l'un de ceux avec lesquels j'ai le plus de facilité. Je suis certain qu'il me laisserait voler sur son dos si je lui demandais.

Dés la première rencontre avec n'importe quelle créature volante le jeune Nathan s'était toujours imaginé ce que cela ferait d'être sur son dos en vol, d'être porté dans les airs par une aussi majestueuse créature, mais les occasions de mettre ce rêve en pratique furent très réduites quoique bien réelles.. Pourquoi ? Non pas par manque d'envie mais par respect pour les créatures qui devaient rester sauvages et non pas la propriété des hommes. C'était la raison pour laquelle il n'avait jamais donné de nom à une créature magique jusqu'à présent, car dans son esprit cela reviendrait à humaniser la créature et la priver de son caractère sauvage. C'était exactement pour cela que les animaux sauvages ayant été trop en contact avec l'Homme ne pouvaient plus être relâchés dans la nature sans risque d'être rejetés par leur congénères.
Mais qui pouvait savoir de quoi demain serait fait ? Peut-être un jour changerait-il d'avis à ce sujet.

Recentrant ses pensées sur le moment présent, le professeur répondit à la dernière question de son élève concernant le sexe de la bête.


- Oh oui c'est un mâle, jeune et fier dans la force de l'âge. Tu as d'autres questions en tête, pendant que nous y sommes ?

En vérité tout ce qu'il y avait à savoir sur une créature magique et son mode de vie pouvait être résumé en à peine quelques pages comme n'importe quel animal, aussi bon nombre de personnes pouvaient s'interroger sur la raison pour laquelle quelques individus dédiaient leur vie entière à l'étude de ces merveilleuses créatures. Certes ces experts savaient déjà tout ce qu'il y avait à connaître à proprement de leurs sujets d'observation, et pourtant ils persistaient dans leur domaine. Pourquoi ? D'une part parce qu'il y avait toujours la possibilité de rencontrer une nouvelle espèce encore jamais découverte par l'Homme et aussi, d'une certaine façon, car même après des dizaines d'années d'études certaines de ces bêtes parvenaient toujours à surprendre et émerveiller leurs observateurs. Nathanael était de ceux-là, il avait passé des mois voire même des années à étudier les espèces de dragons présentes en Europe pour ne citer que cet exemple, mais il savait pertinemment qu'il aurait pu continuer ainsi pendant de nombreuses années sans jamais se lasser. Il ne demandait pas à ses congénères de comprendre, seuls ceux qui partageaient son engouement et sa passion pouvaient entrevoir ce qui se passait dans sa tête à chaque fois que ses yeux se posait sur l'une de ces mystérieuses créatures, de la plus petite à la plus gigantesque.

Mais désormais il était là à partager son savoir avec les plus jeunes en espérant qu'un jour, dans le tas, émerge un autre individu guidé par la même passion débordante que la sienne, désireux de marcher dans ses pas. Cet heureux élu ne s'était pas encore montré mais le jeune sorcier ne perdait pas espoir, il devait forcément exister parmi ses élèves actuels ou ceux qui viendraient durant les années à venir. Mais pour l'heure il devait s'occuper d'une élève en particulier plutôt que d'en chercher un autre qui n'était peut-être pas encore apparu, il ne fallait pas que sa visualisation d'un futur hypothétique se fasse au profit du moment présent. L'élève du jour pointa du doigt le fait que les espèces magiques arrivaient à coexister entre elles aux abords de Poudlard, ce à quoi le professeur répondit prestement :

- Ils ont une façon de coexister ou se tolérer qui dépasse notre compréhension. Vous n'imaginez pas combien d'espèces magiques vivent dans les environs.

Bien entendu ce ne fut pas une surprise que l'élève soit intriguée par le fait de voler sur le dos d'une de ces formidables bêtes, la question qui fut donc posée au londonien ne prit pas vraiment le concerné de court. Ce dernier posa les yeux sur la formidable bête devant lui tout en répondant :

- Celui-ci, pas encore. Je peux mais je n'en ai, pour le moment, pas exprimé le désir. Par contre j'ai déjà eu l'occasion de voler sur le dos d'un de ses congénères, effectivement.

S'il y avait bien une bête que Nathan aurait rêvé de pouvoir dresser ou monter c'était le dragon mais il savait que cela était irréalisable en l'état, il aurait surtout de grandes chances de se faire bouffer avant que cela n'arrive. Mais oui il se rappelait encore du tout premier vol sur le dos d'un hippogriffe et il comprenait très bien la curiosité de la jeune Gryffondor, peut-être souhaitait-elle aussi vivre cette expérience mais c'était encore bien trop tôt, surtout avec un hybride fier et impétueux comme celui-ci.

- Comparés à leurs cousins griffons ce sont des crèmes. Il suffit juste de savoir comment et quand les approcher. Une bonne dose de patience est évidemment nécessaire.

Puis, alors qu'il pensait pouvoir souffler un peu, Nathanael reçut un raz-de-marée de questions parvenant à lui décrocher un franc sourire.

- Eh ben vous en aviez des questions.

Prenant quelques secondes pour se remémorer toutes les questions et les mettre dans l'ordre afin de ne surtout rien oublier, le londonien sortit de son mutisme au bout d'une poignée de secondes avant de commencer son explication.

- Bon alors, dans l'ordre. Les hippogriffes vivent généralement par couples comme les oiseaux, mais il n'est pas rare qu'ils se rassemblent en troupeaux. Des troupeaux que j'ai étudiés pour l'instant, il n'y avait pas vraiment de mâle alpha mais j'imagine que c'est sujet à changements selon l'environnement et la composition du groupe.

Prenant une petite pause pour laisser à Prudence l'occasion de noter ou au moins retenir les éléments communiqués, l'Armstrong enchaîna sans trop traîner.

- Le mâle et la femelle vivent ensemble pour ainsi dire. Ils élèvent leur progéniture ensemble mais celle-ci est déjà capable de voler très peu de temps après sa naissance., au bout d'à peine une semaine. La femelle ne pond, par contre, qu'un seul œuf.

Pour finir la question sur l'éventuelle rencontre avec un œuf d'hippogriffe fit sourire le professeur. À quel moment son élève avait-elle pu commencer à penser que ces explications étaient le fruit d'autre chose que de sa propre expérience ? Pensait-elle qu'il débitait des explications sans avoir expérimenté lui-même ? Le concerné espérait bien que tel n'était pas l'opinion de son élève du jour.

- Les créatures volantes étant mon domaine de prédilection, je vous laisse deviner.

Bientôt, alors qu'il était sur le point de boucler ses explications sans vraiment trop savoir quoi rajouter de plus, ayant déjà abordé tous les points importants en dehors du soin de ces créatures, son attention fut accaparée par un piaillement plus haut perché et surtout plus lointain que celui du champion ici présent. Levant la tête en direction du ciel, ses prunelles se posèrent sur une silhouette majestueuse aux ailes déployées, tournant en cercle au-dessus de la position du trio du jour sans être décidée à prendre une autre direction. Posant sa main droite au-dessus de ses yeux pour protéger ces dernier de la caresse aveuglante du sommeil, l'Armstrong conclut enfin son intervention.

- Tiens, ta femme te cherche. Enfin je crois que c'est elle. Dur à dire vu d'ici.

L'éducation devait être la même pour tout le monde et, en ce sens-là, chaque enseignant devait s'adapter afin que ses connaissances soient comprises par l'ensemble de ses élèves, du plus doué au plus stupide. Seulement voilà il arrivait que certains individus particulièrement motivés ou passionnés décidaient que les leçons en classe ne leur suffisaient plus, décidaient qu'ils désiraient plus et étaient prêts à travailler plus dur pour cela. Bien sûr la première option était de se plonger dans les ouvrages qui ne seraient étudiés que durant les années suivantes afin de prendre de l'avance sur ses petits camarades, mais plusieurs élèves plus audacieux avaient le courage de venir voir leurs professeurs respectifs pour demander des cours particuliers. Était-ce de la triche ? Un moyen de faire de la lèche pour se faire bien voir ? Pas selon l'avis du professeur ici présent qui, en plus de comprendre le temps et l'énergie qu'exigeait un tel dévouement de la part de l'élève, ne pouvait que saluer l'effort d'oser demander de l'attention supplémentaire dans un emploi du temps qui était déjà bien chargé. Certes il ne pourrait pas rajouter de points supplémentaires à la maison Gryffondor pour l'initiative de la jeune Prudence mais, assurément, une fois ses études terminées il pourrait certainement lui écrire une lettre de recommandation
En toute honnêteté, du fait de sa modestie naturelle, le jeune professeur savait qu'il avait encore beaucoup à apprendre sur la voie de la pédagogie mais aussi sur le fait d'arriver à rendre ses cours intéressants et interactifs, aussi était-il toujours surpris quand un étudiant venait lui demander du rab sous la forme de cours particuliers. Pourquoi ? Parce qu'il se pensait barbant au possible et qu'il ne comprenait pas que quelqu'un puisse désirer passer davantage de temps en sa présence, supposant que le garde-chasse serait tout aussi indiqué pour répondre aux questions qui saturaient la tête de ses jeunes élèves. Mais bon, avec du temps peut-être parviendrait-il à réaliser qu'il n'était pas aussi ennuyeux qu'il voulait bien le croire et que, peut-être, n'était-il pas un si mauvais enseignant que cela.

Pour l'heure en tout cas la jeune Anderson ne semblait pas se lasser de la présence de son mentor ce qui rassura quelque peu ce dernier, le professeur supposant surtout que l'intérêt que la demoiselle ressentait était bien plus lié à la magnifique créature devant elle qu'au professeur l'ayant amenée jusqu'à ladite créature. Il fallait aussi être réaliste, qu'ils soient en troisième ou septième année les jeunes élèves restaient émerveillés lors de leur première rencontre avec une créature étudiées seulement dans les livres jusqu'à présent, entre la théorie et la pratique il y avait tout un monde.
La demoiselle s'intéressa bientôt à la forêt interdite en demandant à son mentor s'il s'y rendait souvent et s'il travaillait avec le garde-chasse, ce à quoi le mentor en question ne manqua pas de répondre rapidement.

- Tous les jours, à peu près. La plupart du temps l'observation est suffisante, pour s'assurer de la bonne santé de ces créatures, mais mon intervention est parfois nécessaire. Je suis aussi là pour m'assurer qu'elles vont bien, afin de pouvoir vous les présenter en cours. Par contre je n'ai pas encore eu l'occasion de travailler avec le garde-chasse, mais ce n'est qu'une question de temps avant que cela se fasse.

Son rôle et celui du garde-chasse étaient relativement similaire à ceci près que monsieur Wenlock se chargeait surtout du bien-être des créatures magiques des environs, tandis que le professeur s'assurait de leur bonne santé dans le but de pouvoir les présenter et les utiliser pour ses cours, ce qui était une approche beaucoup plus pratique que celle de son collègue. Mais bon, à bien y réfléchir, si le poste avait été libre il se serait également très bien vu remplir les fonctions du garde-chasse. Écoutant son élève s'émerveiller devant sa relation avec cet hybride devant lui, Nathanael ne put s'empêcher de froncer les sourcils lorsqu'elle attribua la chance au lien forgé avec l'hippogriffe. La chance ? Était-ce la chance qui l'avait fait sacrifier des années de sa vie pour découvrir et faire découvrir des créatures plus incomprises les unes que les autres ? Était-ce à la chance qu'il attribuait sa survie face à de terribles dragons lorsque d'autres furent beaucoup moins chanceux que lui ? Non, la chance n'avait ren à voir là-dedans et il tenait à rectifier ce point-là.

- Vous apprendrez bientôt, miss Anderson, que rien dans ce monde n'est affaire de chance. Ici c'est la dévotion qui prime. Les créatures reconnaissent le temps que nous passons avec elles, le temps que nous leur accordons pour les aider à se remettre sur pieds, c'est comme cela que ces relations se forgent. Le partage et la compréhension mutuelle.

Faisant une petite pose en observant l'hippogriffe, Nathan enchaîna ensuite par :

- Même l'élève le plus maladroit du monde peut créer une telle relation avec une créature magique, pour peu qu'il y accorde du temps.

Le londonien avait-il eu vent de la présence de griffons dans les environs ? S'il fouilla dans sa mémoire pendant quelques instants il fut contraint de répondre par la négative.

- Pas à ma connaissance, non.

Sentant que le cours touchait à présent à sa fin, ne pouvant décemment pas parer de la manière de soigner un hippogriffe alors que son spécimen du jour était en excellente santé, le professeur tourna son attention vers l'hippogriffe en question et lui tapota légèrement le flanc.

- Allez, va retrouver ta femme. Sinon elle va m'en vouloir de te garder loin d'elle aussi longtemps.

Voyant que l'hybride n'était pas prêt à bouger, Nathanael lui donna une claque un peu plus sèche vers l'arrière de son corps ce qui le poussa à débuter une course à travers la clairière. Au bout de quelques mètres l'hybride sauta et déploya ses majestueuses ailes avant de laisser le vent le porter vers sa compagne. Cette vision de deux créatures volant ensemble fit sourire le professeur qui conclut son intervention par un :

- Avec ces deux-là ça ne saurait tarder. Ils vont nous faire un beau bébé sous peu, je le sens.

Tournant les talons, il déposa le reste des furets sur la clairière pour plus tard, lorsque le duo serait de nouveau à la recherche de vigoureuses proies à dévorer. Faisant signe à son élève de la suivre à présent, bien qu'il sache que cela serait dur de se détacher d'un tel spectacle, Nathanael se dirigeait à présent vers son bureau tout en gratifiant la Gryffondor d'un :

- Bon, nous allons pouvoir rentrer. J'espère que ce premier cours particulier vous aura été bénéfique, il y en aura bien sur d'autres si vous le souhaitez.

Nathanael avait plus d'une fois perdu la notion du temps en étant plongé dans ses études alors qu'il n'était encore qu'un petit Poufsouffle en mal de reconnaissance parentale, plus d'une fois il était resté à la bibliothèque beaucoup plus tard que nécessaire et avait dû être jeté dehors par la personne en charge de cette antre de la connaissance, plus d'une fois il en avait oublié de manger parce qu'il avait décidé que finir la révision d'un chapitre passait avant tout le reste. Était-ce sage ? Non mais avec une telle propension à laisser le temps filer comme autant de feuilles dans le vent il était évident que ce nouveau professeur n'était pas le plus rigide du monde sur la ponctualité et sur le fait de rester après la fin du cours pour poser davantage de questions. Bien entendu il savait qu'en faisant ainsi il prenait le risque d'empiéter sur le cours suivant, il en avait bien conscience et allait tâcher d'être un peu plus organisé que cela à la rentrée prochaine, mais que voulez-vous ? Il ne pouvait pas changer des années de mauvaises habitudes du jour au lendemain.
C'était sans doute cette absence de ponctualité qui poussait plus naturellement le londonien à donner des cours particuliers à qui en avait besoin ou envie. Certes c'était l'occasion d'apprendre à connaître un élève dans un cadre un peu plus informel et décontracté, c'était aussi l'opportunité de laisser à des retardataires la possibilité de combler les lacunes mais, avant toute chose, c'était dans ces moments-là qu'un professeur pouvait noter dans un coin de sa tête les noms d'élèves particulièrement motivés et assidus. Rares étaient ceux prêts à sacrifier un peu de leur disponibilité déjà très réduite pour passer du temps avec un professeur, temps qu'ils pourraient consacrer à des activités plus ludiques ou à la compagnie de leurs camarades de chambrée.
La demoiselle ici présente n'était peut-être pas le reflet de celui qu'était le jeune londonien lorsqu'il avait son âge, elle n'était peut-être pas amenée à dédiée sa vie à ces merveilleuses créatures incomprises mais, même si ce constat amenait une pointe de déception dans l'esprit du sorcier, cela n'empêcherait pas ce dernier de faire son travail pour autant. Il n'était pas venu ici spécifiquement pour trouver la perle rare qui, comme lui, ferait sa mission de la découverte et la compréhension de ces créatures, il était venu ici pour transmettre ses larges connaissances à qui voudrait bien l'écouter. C'était d'ailleurs en prenant en compte cette volonté que Nathanael était content que sa matière soit optionnelle et non obligatoire. Pourquoi ? Certes la rendre obligatoire forcerait n'importe quel élève à écouter ses propos au moins en partie, mais en vérité le jeune sorcier ne voulait pas gérer des élèves qui se sentaient obligés de venir en cours et qui n'étaient donc pas dans les meilleures dispositions.

Cela ne semblait pas être le cas de la jeune Gryffondor était ce n'était pas plus mal. Il avait déjà bien assez de travail pour accepter l'idée d'être enfin professeur sans avoir à convaincre des élèves d'être attentifs en classe. Passant outre la mauvaise formulation de la demoiselle en matière de chance, décidant que cela ne valait vraiment pas le coup de s'y attarder plus que cela, Nathan laissa les événements suivre leur cours sans broncher. Que la demoiselle décide ou non de suivre la même voie que lui n'était finalement pas si grave que cela, elle semblait satisfaite d'avoir posé les yeux sur cet hippogriffe et cet émerveillement valait bien tous les sacrifices du monde.
Tout modeste qu'il était, le jeune professeur fut quelqu'un peu pris de court et surtout surpris en entendant la demoiselle lui faire un compliment inattendu. S'il resta interdit quelques instants, les yeux ronds comme des queues de pelle à se demander ce qu'il pourrait bien répondre à cela, il ne tarda pas à fournir une réponse en demi-teinte.

- J'essaye de l'être en tout cas, mais j'apprécie le compliment. Croyez-bien que si tous les élèves étaient aussi assidus que moi, cela rendrait la tâche de n'importe quel prof bien plus agréable.

Rendre un compliment par un autre compliment était sans doute plus simple pour lui que d'accepter les doux mots de son élève sans broncher, c'était bien là l'étendue de sa modestie naturelle. Lorsque fut le moment pour la demoiselle de demander à son mentor si elle pourrait lui faire d'autres demandes par courrier, celui-ci ne manqua pas de répondre :

- Ma porte est toujours ouverte. Que ce soit par courrier ou en venant me voir, si vous avez des questions j'y répondrai.

Loaissant le temps à son élève de lui poser d'autres questions, l'Armstrong ne put s'empêcher de sourire tout en l'enjoignant à un peu de tempérance et de patience.

- C'est une bonne chose d'être curieuse, mais prenez votre temps de bien enregistrer les réponses qu'on vous donne avant d'en demander d'autres. Prenez votre temps sinon vous serez vite submergée par toutes ces informations.

Poussant la porte de son bureau et déposant le panier à présent vide dans un coin de la pièce, Nathan écouta d'une oreille attentive son élève lui poser d'autres questions à propos d'autres créatures magiques qui lui étaient encore trop inconnues à son goût. Décidément la curiosité de cette jeune femme n'avait-elle donc aucune limite ? Souriant en supposant que non, il ne tarda pas à offrir sa réponse.

- Je vous suggère de posez ce que vous avez par écrit, aujourd'hui, pendant que c'est encore frais dans votre esprit. Une fois que cela serait fait posez-moi vos questions de nouveau et vous aurez vos réponses. Quant aux augureys, il y a des chances que j'en ramène un avec moi lors de mon prochain voyage en Irlande mais je ne vous promets rien.

S'asseyant sur le bord de son bureau, ne voyant pas vraiment ce qu'il pourrait rajouter pour aujourd'hui, le jeune homme conclut enfin sa leçon du jour par :

- Je ne vous retiens pas plus longtemps, miss Anderson. Rentrez bien, j'espère avoir rapidement de vos nouvelles.