Flirter avec une fille c'était facile, passer un nuit avec ladite fille était tout aussi facile mais laisser son cœur parler ouvertement était une toute autre paire de manche qui demandait énormément d'effort et surtout une capacité à lâcher prise et se laisser aller. Tout comme sa partenaire d'aujourd'hui le sorcier avait eu plusieurs aventures, certaines plus significatives que d'autres mais au final tout cela ne fut que très temporaire, peut-être parce qu'il n'était pas prêt à ce moment-là ou qu'il n'avait pas encore trouvé la bonne personne. La situation s'en trouvait-elle changée, aujourd'hui? C'était encore un peu trop tôt pour le dire, surtout après à peine quelques minutes, mais le concerné espérait que la soirée lui permettrait de se faire une idée fixe de vers où lui et la demoiselle se dirigeaient. C'était encore trop tôt pour évoquer l'amour et le futur, du moins Nathan le supposait-il, mais parler de ce qu'ils attendaient ne leur ferait certainement pas de mal. Mais plus tard, pour l'heure ils devaient profiter de ce moment.

Souriant de soulagement lorsque la demoiselle évoqua l'envie de revenir ici dans un futur proche, content de voir s'envoler cette pression de ses épaules, c'est sur un ton léger que Nathan donna sa réponse.

- À ton avis, est-ce que j'ai l'air d'un coureur de jupons ?

Un gentleman se devait d'être respectueux et, surtout, de ne pas embrasser la première venue car c'était une marque d'affection qui n'était réservée qu'à l'élue de son cœur. Bien entendu c'était normal qu'Ula puisse avoir des doutes et interrogations à ce sujet, mais son hôte espérait que sa réponse puisse suffire à y répondre clairement. S'il l'avait embrassée c'était parce qu'il en avait envie, parce qu'elle le méritait et parce qu'elle comptait, pas pour la rassurer ou la calmer de quelque façon que ce soit. Attrapant ensuite la cigarette tendue par la demoiselle, Nathanael remit enfin la main sur son zippo caché dans ce pantalon et alluma ladite cigarette, laissant la fumée s'échapper librement par ses narines.

- Ça ne me dérangerai pas outre mesure de toute façon.

La clope au bec, extirpant un cendrier d'un des tiroirs de la cuisine, Nathan se dirigea vers son riz et son saumon qui attendaient patiemment d'être préparés. Il alla se laver les mains une nouvelle fois pour se débarrasser de la moindre saleté avant d'inviter, d'un geste de la main, la demoiselle à s'asseoir sur le tabouret de l'autre côté du comptoir ou sur le canapé du salon. Elle était l'invitée ici, elle avait le choix de s'asseoir où elle désirait.

- Allez, il est temps que je m'y remette. Je ne sais pas toi mais je commence à avoir les crocs.

Faisant craquer ses phalanges comme pour se préparer mentalement, le jeune sorcier positionna un plateau en bois juste à côté de lui avant de se saisir du couteau, commençant à découper dans des tranches fines dans le but de préparer sushis et makis. Certains pourraient croire qu'il se plongeait dans la cuisine pour fuir ses sentiments et ne pas devoir les assumer face à une demoiselle aussi perdue que lui, ce qui était d'ailleurs en partie vraie, mais ce fut lorsque la découpe commença qu'il réalisa le caractère ridicule de ce qu'il était en train de faire. Il ne pourrait pas toujours fuir, il ne pourrait pas toujours trouver une parade pour éviter de parler de ce qu'il ressentait, car s'assumer faisait aussi partie du passage à l'âge adulte et mûr. Il allait donc devoir parler de tout cela même s'il ne savait pas comment aborder le sujet, comment se préparer à une éventuelle déception ou à toute autre réaction de sa belle. Cela faisait partie du jeu.

- On parlera de tout ça une fois le ventre plein, si tu le souhaite.

Si la phrase était relativement floue, la concernée comprendrait sans doute le message. Bien entendu ils pourraient très bien remettre cette discussion à plus tard si c'était le souhait de la jeune femme, son partenaire ne lui en tiendrait pas rigueur.
D'ici quelques secondes les sushis allaient commencer à prendre forme et, avec cette construction, le repas pourrait enfin commencer.

Si Nathanael n'avait clairement pas une formation de cuisinier à la base il avait vite compris que, comme dans n'importe quel domaine, ce n'était qu'en pratiquant qu'il pourrait réellement s'améliorer et, pour cela, ses voyages furent les meilleures expériences possibles. Il aurait très bien pu se contenter de cuisiner chez lui des recettes traditionnelles anglaises par exemple, mais sa curiosité naturelle et son désir d'aventure l'avaient appelé ailleurs, dans des contrées beaucoup plus lointaines où la cuisine était bien différente. Si au départ il s'était concentré sur l'étude des créatures magiques comme c'était initialement vécu, il avait fini par se mêler à la population locale et ce fut à ce moment-là que le partage commença réellement. Pendant toute sa scolarité à Poudlard il était resté dans son coin, lorsque la liberté l'appela réellement, il ne voulut pas réitérer le même comportement qui ne lui avait rien apporté de bon. À chaque fois qu'il en eut l'occasion il expérimenta donc la cuisine locale et goûta aux alcools du coin pour d'autres raisons et, aujourd'hui, il avait dans ses bagages un nombre presque incalculables de recettes qui ne demandaient qu'à être réalisées.
Cela faisait de nombreux mois que le jeune homme n'avait pas préparé de sushis et, très clairement, il n'était pas très confiant quant au résultat qu'il allait obtenir. Il fit donc de son mieux, n'oubliait pas la petite touche de wasabi entre le poisson et le riz, avant d'amener le plat sur la table basse juste devant le canapé. Bien entendu en bon gentleman qu'il était il laissa la première bouchée à son invitée en ressentant une pointe de pression à la base de son crâne, pression qui s'envola bien vite face à la réaction émerveillée de la belle. En faisait-elle des tonnes pour faire plaisir à son hôte, ou était-ce réellement bon ? Non, cela devait être bon car les yeux ne pouvaient pas mentir.

- Un petit restaurant familial de Kyoto. Je te donnerai l'adresse si tu veux. Content que ça te plaise, en tout cas !

Le jeune homme se rappelait encore du vieux Yanaka-san qui avait pris le temps de lui apprendre comme il l'avait fait à son propre fils avant lui, jusqu'à ce qu'il considère les créations de l'anglais comme dignes d'être présentées à la clientèle. Encore un souvenir qu'il gardait dans un coin de sa tête, encore un souvenir d'une très longueur liste.
C'était donc à présent à son tour de goûter ses proches créations. Se munissant de baguettes, Nathan ferma les yeux un moment avant d'entonner la phrase traditionnelle de tout début de repas.

- Itadakimasu.

Attrapant le sushi avec ses baguettes, il le retourna pour ne tremper que le poisson dans la sauce soja avant de l'amener à sa bouche. S'il s’était presque attendu à une déception à force de ne plus pratiquer, sentir le met presque fondre en bouche avec cet arôme salé qu'apportait la sauce lui fit comprendre que ses inquiétudes n'étaient finalement pas fondées. Hochant légèrement la tête comme pour approuver ce premier test, il lâcha alors :

- Ah ouais, pas mal. Bon, j'ai un peu perdu la main mais ça passe.

Il était encore loin l'orgasme buccal mais ce n'était pas si mal du tout, bien sur il devrait s'exercer davantage pour récupérer sa maîtrise d'antan mais si sa création plaisait à la demoiselle c'était le principal. Alors qu'il fut le point d'en goûter un deuxième, le sorcier fut stoppé par sa camarade qui rebondit sur le sujet qu'il avait voulu aborder, plus tôt. Déjà ? En même temps ce n'était pas plus mal, l'alcool ne lui avait pas encore monté à la tête.

- Tu n'as pas besoin de t'excuser, peut-être que je m'y prends un peu trop tôt mais je préfère clarifier la situation pendant qu'on a encore les idées claires.

Se redressant sans prévenir, le jeune homme alla chercher la bouteille et les deux verres laissés sur le comptoir. Une fois ces trois objets bien en main, il pivota et les ramena sur la table basse devant le canapé. S'enfonça à présent dans le confortable canapé, les bras étendus de chaque côté du dossier, il leva la tête au plafond comme pour y trouver une réponse ou plutôt pour rassembler ses pensées. Certes il savait déjà ce qu'il voulait mais il devait encore réfléchir à la façon de l'amener. Enfin, au bout de quelques minutes de réflexion, il lâcha donc la bombe.

- Je ne sais pas ce que tu attends de la vie et encore moins ce que tu attends de moi, pour être honnête. En revanche, si je dois être franc, je ne suis pas à la recherche d'une passade ou d'une histoire sans lendemain.

Ne désirant pas le silence pesant et gênant s'installer trop longtemps, de peur que la demoiselle n'ose pas formuler de réponse, Nathan remplir de nouveau les verres avant de ponctuer son intervention d'un :

- Et là, normalement, c'est le moment où tu t'enfuis vu qu'on se connaît depuis quelques heures et je parle déjà d'engagement.

Se préparer à s'ouvrir à quelqu'un était une chose mais sauter réellement le pas semblant beaucoup plus effrayant qu'il n'y paraissait de prime abord. Comme tous les garçons le jeune sorcier n'avait guère l'habitude de laisser parler son cœur mais, à force de fréquentation avec des membres du sexe opposé, il avait appris à apprécier cette ouverture pour ce qu'elle était réellement : une libération. Bien entendu de telles libérations n'étaient pas toujours bien reçues et nombreuses furent les déceptions encaissées par le jeune londonien, mais son sort n'était pas différente de n'importe quelle autre personne sut cette terre. Chaque déception était accueillie dans la douleur, certes, mais à l'image du fer qui devait être chauffé et brisé pour reforgé, chacun de ces échecs avait permis à Nathanael de devenir l'homme qu'il était aujourd'hui.
Il avait donc pris son courage à deux mains afin de se jeter à l'eau et, si la réaction de sa partenaire fut quelque peu mitigée, l'Armstrong n'en fut guère surpris. Tous deux ne se connaissaient que depuis quelques heures et peine et, alors qu'ils devraient encore être en train de se découvrir ou de se faire plaisir mutuellement dans la chambre comme d'autres le feraient, ils étaient là en train de laisser leurs cœurs parler comme dans l'un de ces films romantiques si prisés par certaines femmes. Il était évident que le jeune homme avait brûlé les étapes en abordant ce sujet et ne s'en était rendu compte que trop tard.

- Je m'en doute bien. Une autre réponse que celle-ci m'aurait étonné, je te prends de court.

Du fait de la perte d'un être cher il était compréhensible que la demoiselle soit réticente à s'attacher, par peur que l'expérience se répète et qu'elle ne puisse pas se relever une nouvelle fois d'un tel événement. C’était compréhensible car chaque chose dans ce monde avait un point de rupture et Ula craignait d'atteindre le sien si les choses tournaient mal de nouveau, mais c'était dans ce genre de situation que Nathanael devait se montrer rassurant autant que possible. Elle était en colère, cela se sentait d'ici mais ce fut avec un calme certain qu'une réponse lui fut transmise.

- Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne peux d'ailleurs même pas imaginer ce que tu as vécu et l'énergie que tu as dû dépenser pour t'en remettre. Par contre il y a au moins une chose que je sais et que je peux te promettre. Je n'ai l'intention d'aller nulle part. Tu ne me perdras pas.

La demoiselle ne le savait peut-être pas mais l'Armstrong avait appris – par le biais de ses parents – à ne jamais faire de promesses en l'air car il en allait de son honneur et de sa crédibilité. Aussi quand il disait ne vouloir aller nulle part il voulait dire, si une traduction était vraiment nécessaire, qu'il n'avait pas l'intention de mourir et encore moins de disparaître de la vie de la serveuse du jour au lendemain. Lui aurait-il ouvert son cœur s'il n'était pas sûr de lui, en ce moment même ? Certainement pas.
Bientôt il accueillit la demoiselle tout contre lui et, instinctivement, passa un bras autour d'elle comme pour la protéger ou rassurer. En avait-elle besoin ? C'était une autre histoire. En revanche, lorsque l'irlandaise ouvrit son cœur à nouveau en dévoilant son désir de ne plus fuir et de rester aux côtés de son nouvel homme, car elle s'y sentait bien, le concerné répondit doucement.

- Le sentiment est partagé, si tu en doutais encore.

Finalement, alors que la rebelle dévoilait son désir de tourner de la page et d'aller en avant, redonnant du baume au cœur de son homme, le mâle en question s'écarta quelque peu et vint s'allonger sur le large canapé, les bras croisés derrière la tête. Les yeux perdus dans le plafond une nouvelle fois il rassembla ses pensées troubles pour être vraiment certain de ce qu'il s'apprêtait à dire et, surtout, de ce que cela signifiait. C'était peut-être prématuré mais il était sûr de lui, il n'avait donc pas de raison d'y aller à reculons.
Prenant une autre inspiration, comme pour signifier qu'il avait pris sa décision, il plongea ses prunelles dans celles de la demoiselle avant de lui demander le plus simplement du monde :

- Dans ce cas reste ici, avec moi.

La proposition pouvait paraître floue car elle n'était pas accompagnée de limite de temps, cela pourrait très bien représenter une invitation pour la nuit ou quelque chose de plus durable, mais la proposition était bien là malgré tout. Que ce soit pour emménager ici, pour passer la nuit ou rester davantage, il désirait qu'Ula reste à ses côtés et il n'appartenait qu'à cette dernière d'y répondre favorablement ou non. Il pouvait tendre autant de mains qu'il le souhaitait, au final la décision ne lui revenait pas.

Même s'il agissait toujours avec une certaine retenue du fait d'une éducation assez stricte, le jeune professeur avait appris à laisser son cœur parler et il débitait généralement ce qui lui passait par la tête sans le moindre filtre. Certes une telle franche honnêteté n'était pas toujours bien perçue car trop brutale, on lui avait déjà fait plusieurs fois la remarque, mais ces remontrances disparaissaient de l'esprit de Nathanael aussi rapidement qu'elles étaient arrivées. Pourquoi ? Parce qu'il ne supportait pas la langue de bois, il préférait dire ce qu'il avait en tête pour éviter toute ambiguïté. Malgré tout et du fait de son éducation, il essayait de ne jamais trop être brutal envers un membre du sexe opposé, car la brutalité ne pouvait guère être l’apanage des gentlemen tels que lui.
Conscient que son invitation pourrait être déstabilisante aux yeux d'une demoiselle qui était encore perdue et cherchait à se recomposer, le sorcier n'insista pas davantage et laissa à la belle le temps de prendre sa décision. Après tout elle avait vécu de terribles événements et, très clairement, son hôte ne lui en voudrait même pas si elle s'enfuyait par crainte que son passé ne se répète à nouveau. Étrangement Nathanael fut le premier surpris que la demoiselle accepta silencieusement sa proposition, ou du moins était-ce ce qu'il comprit en sentant Ula venir tout contre lui, désireuse que le temps s'arrête enfin pour qu'ils profitent de ce doux instant à jamais. Il était vrai que pour un homme qui avait autant la bougeotte que Nathan, prendre le temps de se poser était un passe-temps bien trop rare qu'il n’affectionnait jamais vraiment, sauf peut-être quand il y avait un verre à la clé, mais ici ce moment lui sembla beaucoup plus naturel et agréable que les autres.
Il n'avait pas à se forcer à rester immobile, il n'avait pas à repousser le frisson que les mains froides de la belle provoquaient au contact de sa peau nue, il n'avait pas non plus besoin de chercher une excuse pour s'écarter de sa belle : il était parfaitement bien, ici.

- Il durera autant de temps que tu le souhaite. Je ne vais nulle part, de toute façon.

S'il avait douté de sa capacité à rassurer la demoiselle, entendre cette dernière avouer se sentir bien dans ses bras fut le plus gros soulagement de la soirée, sans commune mesure avec la présentation de son appartement ou sa proposition quelques secondes plus tôt. Cela voulait au moins dire qu'il se débrouillait à peu près bien, il devait donc se faire un peu plus confiance et continuer sur cette voie, perspective qui fut renforcée au moment où ses lèvres rencontrèrent celles de la belle. Si tout à l'heure le baiser était un acte réfléchi et anticipé, celui-ci fut tellement spontané que Nathan ressentit une bouffée de chaleur lorsque ses lèvres gouttèrent à celles de l'irlandaise. L'affection et l'envie étaient sans commune mesure avec le rapproche de tout à l'heure, si bien que le londonien sentit sa virilité se réveiller face à cette vive démonstration de passion. Évidemment en étant aussi proche de la demoiselle, celle-ci sentirait forcément ce réveil.

Malgré ce baiser elle avait encore peur ? Malgré cette passion échangée elle craignait encore que les choses tournent mal ? Si son hôte ne pouvait lui en vouloir pour cela, ne pouvant même pas comprendre la douleur endurée et surmontée par la beauté, il fit ce qui lui semblait le plus sensé et surtout le plus spontané.

- Je sais, mais je connais un bon moyen de te vider la tête.

À son tour il se rapprocha de la demoiselle, passant une main tout contre sa joue avant de l'embrasser plus passionnément qu'il ne l'avait fait la fois précédente, c'était également sans commune mesure.Alors qu'il s'écartait de nouveau et que sa bouche alla se balader jusque dans le cou de la demoiselle, il en profita pour lui murmurer à l'oreille.

- Laisse ta peur derrière toi. Lâche prise.

Joignant le geste à la parole, tenant toujours la demoiselle, l'amant se redressa et pivota sur le côté, se reposant contre le dossier du canapé tout en laissant la demoiselle le chevaucher tendrement. Ce serait mentir que de dire qu'il ne ressentait pas sa passion grandir à chaque nouvelle seconde qui s'écoulait ici, mais il trouva tout de même la force de se contrôler car il n'était pas l'esclave de ses pulsions. Sentant la demoiselle toujours au-dessus de lui, assise sur ses cuisses et face à lui, l'Armstrong laissait ses mains se balader dans le dos de l'irlandaise.
Le souffle lourd et les yeux pétillants toujours de la même intensité, ses mains s'aventurèrent sous le t-shirt de la belle pour aller doucement caresser sa peau nue.

Leur rencontre avait été pour le moins fortuite mais à présent ils avaient tout le temps du monde pour eux, la soirée et la nuit était à eux, l'anglais ferait tout pour déposséder Ula de la moindre once de peur encore présente en elle.

Si pour des raisons évidentes le jeune professeur ici présent avait été éduqué de façon très stricte, mettent en avant la piété filiale et la fierté de ses nobles origines au-dessus de toute autre considération, son père avait ajouté sa petite touche personnelle en lui inculquant les bonnes manières. Si le but initial était de faire de son aîné son successeur, de le former et le modeler à sa propre image, le jeune homme fut éduqué pour être un gentleman comme tout individu de son rang social devrait l'être. Il avait appris à laisser ses émotions de côté pour ne pas se laisser guider par celles-ci, à être prévenant envers les membres du sexe opposé mais aussi à parler avec retenue en laissant la vulgarité derrière lui. Bien entendu si on interrogeait son père aujourd'hui ce dernier qualifierait son fils d'échec, à n'en pas douter, mais fort heureusement il y avait bien longtemps que le futur professeur n'y prêtait plus attention.
Fort de son éducation le jeune Armstrong s'était fait ses propres expériences au fil du temps et, si parfois celles-ci avaient été couronnées de succès, il avait accumulé presque autant d'échec sans jamais baisser les bras. C'était en tombant qu'on apprenait à se relever, comme on le lui avait dit un jour. Malgré son côté baroudeur qui pourrait le faire sembler rustre ou brutal, il gardait donc au fond de lui l'âme d'un homme profondément doux et prévenant, un côté que de sa personnalité que la jeune irlandaise avait sans doute remarqué depuis le début de leur rencontre.

Mais, tout attentionné qu'il était, Nathanael ne pouvait jamais être totalement détaché car il était aussi sujet à ses propres émotions et sensations comme n'importe lequel de ses congénères. Au fil du temps il avait appris à reconnaître mais aussi apprécier la beauté quand elle lui sautait aux yeux et, s'il était encore nécessaire de le préciser, le londonien en avait un parfait exemple devant lui. Bien entendu qu'il ressentait toujours du désir au moment de passer à l'acte avec une demoiselle mais, dans la majorité des cas, les sentiments étaient laissés de côtés voire même totalement absents ce qui rendait l'expérience plaisante, certes, mais moins intense. Ici émotions et passion s'entremêlaient dans la plus intense des danses si bien que, malgré tous ses efforts, Nathan avait toutes les difficultés du monde à rester calme et à faire preuve de tempérance. Qu'y pouvait-il ? Elle était belle, fragile et désirable.

Au vu de la façon dont elle se dévêtit la demoiselle sembla également attirée par son hôte, ce qui ne rajoutait qu'un peu de piquant et de réciprocité à la situation, pour le plus grand bonheur des deux participants. Tous deux sentaient un brasier ardent brûler au plus profond de leur être, à n'en pas douter, le souffle du jeune sorcier se faisant un peu plus lourd à chaque frisson et chaque nouveau baiser. Petit à petit il s'enfonçait un peu plus, petit à petit il laisser son désir prendre les rennes en laissant la réflexion et la logique de côté car elles n'avaient plus leur place dans une telle situation.

Se retrouvant à son tour au-dessus, inversant ainsi les rôles, Nathan retrouva un semblant de contrôle en s'arrêtant un court instant, laissant la demoiselle lui exposer ses doutes par rapport à cette situation. Effectivement tout s'enchaînait très vite, peut être trop vite et le londonien ne fut donc pas surprit par la question de sa muse. Souriant face au petit rire de la demoiselle, ce petit rire symbolisant un certain relâchement qui était plus que bienvenue, la réponse ne se fit pas attendre.

- Moi, oui. Pas toi ?

Nathan n'avait jamais été un coureur de jupons et, s'il lui était arrivé de coucher sans avoir une once de sentiment pour la personne en face, il avait laissé de côté ce pan de sa personnalité depuis plusieurs années. Il n'était plus ce jeune impétueux et esclave de ses émotions, il avait gagné de la bouteille et savait à présent ce qu'il désirait.

- Bon, par contre ce n'est pas le meilleur endroit pour ça.

S'autorisant à déposer des baisers sur le corps de la demoiselle, du creux de son cou jusqu'à son ventre, il agrippa doucement la belle avant de la soulever tout se le levant du canapé, la maintenant toujours au-dessus du sol. Après un énième autre baiser aussi passionné que les précédents, l'intensité de leurs échanges n'allant quand s'accroissant, il se dirigea lentement vers sa chambre qui n'était qu'à quelques pas de là. Bien entendu si la demoiselle ne voulait pas aller plus en avant il s'arrêterait là, ne voulant pas la forcer à faire quelque chose si elle ne se sentait pas prête, mais dans le cas contraire il la déposerait délicatement sur son large lit douillet.

Qu'étaient-ils en train de faire, ces deux individus qui ne se connaissaient qu'à peine ? Comment en étaient-ils arrivés là ?

Chacune de ces expériences était unique au monde et il appartenait au jeune homme d'en saisir toute l'essence afin de prendre conscience de son caractère unique. Il ne s'agissait pas d'une énième soirée alcoolisée se terminant par une partie de jambe en l'air, il ne s'agissait pas non plus d'une énième femme qui finirait la nuit dans ses bras ou dans ses draps, cette soirée était unique grâce à un seul et unique élément : la présence de la belle Ula. Si le chemin du jeune sorcier avait croisé celui d'une autre, différente ou simplement quelconque, la soirée n'aurait clairement pas eu la même saveur et ne se serait très certainement pas terminée de la même façon. Que ce soit le hasard ou le destin à l’œuvre ce soir n'avait pas d'importance, il ne pouvait que remercier une de ces deux forces de l'avoir amené dans ce bar ce soir-là.
Si au départ le jeune homme avait tenté de se contrôler afin de profiter de ce moment plus calmement, plus doucement, en voyant la demoiselle se dénuder et en constatant son désir croissant cette volonté de contrôle fut brisée en milles morceaux. Si la demoiselle se sentait assez prête pour lâcher prise et s'offrir à lui, pourquoi le britannique ne pourrait pas en faire de même ? Après tout une telle danse ne pouvait être jouée qu'à deux, il devait donc y mettre du sien et arrêter de vouloir se retenir. Plus tôt il avait incité sa douce partenaire à lâcher prise afin de se libérer de toute pensée parasite, il était temps pour lui de suivre ses propres conseils et en faire de même.

Ainsi bercé par la pluie battante qui claquait sur ses carreaux, ignorant tout ce qui se passait en dehors de ses quatre murs, Nathanael se laissa enfin aller à la passion qui le dévorait depuis déjà plusieurs minutes. Il n'avait plus à lutter contre ce rush qu'il ressentait au fond de lui, il n'avait plus qu'à laisser ce brasier entrer en lui et l'enflammer comme jamais auparavant. Car oui, s'il était encore nécessaire de le dire, cela faisait une éternité qu'il n'avait pas désiré une femme aussi intensément qu'en cet instant et il n'allait pas laisser cette passion s'étendre comme une flammèche dans la tempête. Courant toujours la demoiselle de francs baisers qui ne souffraient d'aucune ambiguïté, ce fut non sans surprise que l'anglais sentit son pantalon glisser le long de ses jambes et tomber à ses chevilles, signe évident du désir qui brûlait dans les entrailles de la belle.
Si le jeune sportif n'était à présent plus vêtement que d'un dernier bout de tissu, seul bastion de sa nudité, le pli qui déformait ledit tissu ne laissait aucun doute quant au vigoureux désir qui brûlait au fond de Nathan.

Laissant sa douce se réfugier sur le lit, ses prunelles reflétant le désir qui grandissait en elle, Nathanael se délesta du dernier bout de tissu qui lui restait, apparaissant face à la belle dans son plus simple appareil. Sans attendre, l'hôte rejoignit son invitée sur sa couche et, ensemble, ils effectuèrent la plus sensuelle et vigoureuses des danses telle qu'on en avait rarement vu. Les minutes et les heures défilèrent aussi lentement que des secondes, transformant cette courte soirée en une éternité de plaisirs sans fin, jusqu'à l'apogée finale. Il serait aisé pour moi de vous détailler chacun de leurs ébats, chaque minute de cette torride danse, mais ce moment n'appartenait qu'à ces deux amants et il en resterait toujours ainsi. Soyez seulement certain que, pour l'Armstrong en tout cas, il n'avait pas connu une nuit d'une telle intensité et, malgré sa carrure sportive, la fatigue ne tarda pas à la cueillir quelques minutes après la faire de leurs ébats passionnés.

Ce fut en cet instant que le jeune homme fut soulagé de ne pas avoir de voisins car, au vu de l'intensité de cette danse, ces hypothétiques voisins seraient venus frapper plusieurs fois à la porte pour se plaindre du bruit. Pendant un court instant le jeune sorcier hésita à demander à la demoiselle si sa peur était à présent envolée, si elle lui faisait confiance et surtout si elle se sentait mieux, non pas pour booster son propre ego quant à ses performances mais bien parce qu'il s'inquiétait franchement. Mais non, il préféra se retenir et laisser Morphée les emporter tous les deux, les enveloppant d'un sommeil probablement paisible et réparateur.

D'ici quelques heures le soleil ne tarderait pas à éclairer l'appartement et à réveiller les deux amants par la même occasion, d'ici quelques heures l'Armstrong se réveillerait au côté de sa douce en réalisant que tout ceci n'avait rien d'un rêve. Quelques petites heures.

N'ayant pas eu de passé particulièrement tourmenté le jeune athlète n'avait jamais eu son sommeil trouble par quelques cauchemars ressassant quelques troublants événements du passé, il avait en réalité la plus grande facilité du monde à s'endormir en un claquement de doigt et, en plus, de pouvoir s'endormir à peu près dans n'importe quel endroit. C'était sans doute parce qu'il se plongeait à chaque fois dans un sommeil réparateur que le britannique arrivait à se lever de bon matin, plus frais que jamais, plus prêt que jamais à exercer une activité sportive comme il en avait l'habitude. Mais aujourd'hui le réveil était un peu plus compliqué, aujourd'hui soin esprit engourdi par l'alcool et les efforts de la veille peina à émerger du royaume des songes jusqu'à ce que, enfin, les paupières du sorcier finissent par s'ouvrir pour capter la lumière ambiante. Si le premier choc lumineux fut terrible, le pire resta la prise de contact avec la réalité car Nathan semblait émerger tout droit d'un rêve des plus agréables. Ce fut après un effort intense, après avoir roulé jusqu'au bord du lit, que le garçon réalisa, en posant les yeux sur ses vêtements étalés par terre, qu'il ne s'agissait nullement d'un rêve.
Un autre coup d’œil sur son lit trouver ce dernier vide, Nathanael supposa donc que la demoiselle était déjà partie sans demander son reste. Après tout c'était courant dans les soirées aussi animées que celle-ci, l'invité s'éclipsait en douce avant le réveil de l'hôte afin d'éviter ce moment gênant des retrouvailles dans un contexte plus calme et moins alcoolisé. Soupirant lourdement, essayant d'ignorer le marteau qui percutait son crâne à répétition, le sportif rassembla son énergie restant pour se lever et traîner les pieds jusqu'à l'extérieur de sa chambre.

Un sourire vint immédiatement illuminer son visage en voyant la silhouette endormie de sa belle, ainsi prostrée sur le canapé, tenant entre ses mains un breuvage préparé dans le but de la réveiller. Ce fut sur la pointe des pieds que le jeune homme alla chercher une petite couverture avant de s'approcher doucement du canapé, prenant milles précautions pour poser la couverture sur les épaules de son amante afin de rendre ce sommeil plus confortable.
Bien entendu une partie de lui aurait voulu réveiller la veille mais, à n'en pas douter, au vu des ébats de la veille elle avait clairement besoin de récupérer. Une autre partie du sorcier l'aurait poussé à aller courir de bon matin comme il avait l'habitude de le faire, pour se dépenser et se réveiller à sa façon, mais le gentleman qu'il était ne pouvait décemment pas laisser la demoiselle toute seule. Pas après qu'elle lui ait ouvert son cœur, pas après tout ce qu'ils avaient ressenti.

S'approchant tout doucement, il déposa un doux baiser sur le haut du crâne de la demoiselle tout en poussant un très léger murmure.

- Fais de beaux rêves, ma belle.

Ce fut dans son plus simple appareil que le jeune homme se dirigea vers la salle de bain dont il laissa la porte légèrement entre-ouverte, afin de commencer à faire couler l'eau de la douche. Il avait tellement transpiré la veille qu'il devait puer à deux cent mètres à la ronde, il préférait donc régler cet inconvénient olfactif avant que la belle ne se réveille. En espérant que le bruit de la douche ne vienne pas l'extirper de son repos mérité, mais si c'était le cas elle pourrait l'y rejoindre bien volontiers.

Sentant son corps vibrer et se réveiller au contact avec ce flot continue d'eau chaude, le jeune homme soupira et laissa ses épaules s'affaisser alors que la tension et les courbatures accumulées la veille commençaient à s'évaporer petit à petit. Penché en avant, les bras semi-tendus contre le mur, laissant l'eau couler sur sa tête et tout le long de son dos, Nathan se remémora les images de la veille avec un sourire malicieux sur le visage. Depuis quand n'avait-il pas vécu pareille soirée ? Depuis quand ne s'était-il pas réveillé, aussi épuisé ? Plusieurs années, aux bas mots.

Décidément c'était une très bonne soirée et une extrêmement bonne rencontre. Déterminante, même. Il le sentait.

Après une nuit aussi mouvementée le jeune homme voyait la chaude caresse de l'eau comme la plus douce des récompenses car, en plus de la débarrasser de toutes les saletés accumulées et de le purifier, cette caresse avait surtout pour but de réveiller ses courbatures et de le faire réaliser à quel point les ébats de la veille fut agréablement éprouvants. Dire qu'il avait mal partout aurait été de l'exagération pure et simple, à n'en pas douter, mais bon nombre de ses muscles souffraient le martyr à chacun de ses déplacements : il ne le réalisait seulement que maintenant. Plongé dans une sorte de transe méditative en laissant cette pluie couler le long de son dos et de son visage de la plus désordonnée des façons, les yeux fermés et la tête baissée jusqu'à ce que son menton touche son torse, le jeune homme avait tellement fait le vide dans sa tête qu'il n'avait pas entendu la tasse se briser et encore moins la demoiselle pénétrer dans la salle de bain.
Cependant au milieu de toute cette douleur et cette fatigue musculaire jaillit un constat qui conforta le jeune homme dans l'idée qu'il avait fait le bon choix, qu'il avait trouvé la perle rare. Après de lourds efforts physique le jeune homme était presque littéralement cassé en deux si bien que la douleur l'empêchait de dormir, que la fatigue le suivait au moins pendant toute la journée suivante en lui retirant la motivation d'entreprendre n'importe quel effort supplémentaire. Mais aujourd'hui c'était différent. Il avait beau être fatigué il n'en restait pas moins serein, même apaisé et, s'il y avait encore besoin d'un autre signe, le fait que le londonien ait parfaitement bien dormi en était le dernier. Il ne savait pas si c'était simplement de la compatibilité ou de l'amour, car il n'avait jamais vraiment été amoureux auparavant, mais selon ses propres critères les choses se présentaient plutôt bien pour le moment.

Il s'extirpa de sa torpeur en sentant une étreinte qui ne pouvait provenir que d'une seule personne, cette sensation ne put que faire naître un sourire sur son visage humide.

- Bonjour, mademoiselle. Bien dormi ?

Si le sorcier n'avait jamais eu aucun problème de sommeil il savait que certains de ses congénères ne pouvaient en dire autant, voir la demoiselle d'ailleurs réveillée avant lui pourrait être un indice à ce sujet. S'il voulut creuser ce sujet un peu plus en avant, ce fut la question de la demoiselle qui le fit légèrement tourner la tête d'un air interrogateur.

- Comment ça ?

Voulait-elle savoir quel était le programme de la journée ou visait-elle davantage sur le long terme ? Cette question trouva rapidement une surprenante réponse, car la demoiselle s'inquiétait que sa relation avec Nathan et son métier puissent être une gêne dans l'évolution du sportif à Poudlard. Si le londonien n'avait pas demandé à sa belle si elle voulait faire autre chose que serveuse, un jour, il laissa cette question de côté pour se concentrer sur sa propre réponse. Redressant la tête en sentant toujours la belle Ula tout contre lui, tendrement, il se plongea dans ses pensées pour les rassemblées en une idée suffisamment claire.
Jusqu'à présent le jeune homme avait bond d'une opportunité à une autre sans savoir quand et comment il voudrait s'installer, sans réfléchir à ce qu'il voudrait réellement faire mais ce n'était pas la question du jour. La belle s'inquiétait du qu'en-dira-t-on vis à vis futurs élèves du sportif et, si cette inquiétude était appréciable, le concerné tint à la dissiper.

- Si j'avais fait ce qu'on attendait de moi je serais passé par Serpentard, je serais aujourd'hui marié à une aristo et travaillerais au ministère de la magie avec mes parents. Ils dirons bien ce qu'ils veulent, je m'en cogne. La valeur d'une personne ne se mesure pas à son activité professionnelle.

Lentement il se tourna pour faire face à la demoiselle, un doux sourire aux lèvres et les gouttes d'eau ruisselant le long de son torse et de ses abdominaux. Même si la demoiselle n'en savait encore rien, jusqu'à présent le baroudeur avait fait exactement l'inverse de ce qu'on avait espéré de lui, il avait apparemment fait honte à sa famille mais le vivait pourtant extrêmement bien. Pourquoi ? Parce qu'il avait réussi à s'affranchir de l'emprise des liens du sang et, depuis cette époque, avait tout fait pour tracer sa voie en dépit de ce que souhaitaient ses géniteurs. Alors si l'avis de ses parents n'avait que peu d'importance, inutile de préciser que l'avis de ses futurs élèves et collègue avait encore moins de poids que cela.

- Et toi, prête à assumer d'être avec moi ? Je te sens un peu apaisée, je me trompe ?

Passant une chaude main sur le doux visage de la demoiselle, le sorcier ne put se séparer de son éternel sourire symbole de la joie et de l'apaisement qui régnaient à présent en lui.

- Merci, en tout cas. Pour le moment je ne veux rien d'autre que de passer la journée avec toi.

Merci de quoi ? Merci de son inquiétude ? Merci de ses douces paroles ? Merci de sa présence ou de son arrivée dans la vie de l'athlète ? Il s'agissait d'un mélange de tout cela apparemment. Joignant le geste à la parole, s'approchant un peu plus de la belle, Nathanael ponctua cette retrouvaille d'un doux baiser lui rappelant agréablement le début de la soirée d'hier.
Il était bien ici...si bien.

Malgré son éducation relativement stricte le jeune homme avait assez bien profité de la vie durant la décennie précédente, s'entourant d'amis fidèles et enchaînant les soirées où il s'amusait comme jamais, avec ou sans alcool, mais c'était généralement le lendemain matin que la réalité reprenait ses droits et qu'il se sentait au plus mal. Il ne s'agissait pas seulement de la gueule de bois mais du retour de ses doutes profondes, de l'interrogation qui régissait le plus son existence : qu'était-il en train de faire de sa vie ? Il avait sans doute beaucoup trop écouté son père en son jeune temps et, à force de se faire répéter qu'il était un échec et la honte de la famille, encore et encore, une partie du lui avait fini par le croire et avait plongé à corps perdu dans le gouffre de l'alcool comme pour fuir ce triste constat.
Pendant une période de sa vie il avait enchaîné les conquêtes et les soirées alcoolisées non pas pour passer du bon temps mais pour oublier son mal-être, pour fuir le terrible constat qui était qu'il ne trouverait certainement jamais le fierté et l'acceptation de son géniteur. Pourquoi ? Parce qu'il avait presque toujours fait l'inverse de ce que ses parents avaient attendu de lui et, si cette volonté rebelle pouvait sembler amusante au départ, le lendemain de ces soirées la réalité reprenait ses droits.
Évidemment malgré son succès littéraire et sa passion débordante le jeune sportif avait en vérité une bien piètre opinion de lui-même mais le masquait la plupart du temps, il appréciait énormément ce qu'il faisait mais il se serait senti bien mieux s'il n'avait eu ne serait-ce que l'approbation de sa famille. Une chose qu'il n'aurait évidemment jamais, un constat qui lui revenait en pleine figure à chaque fois qu'il se réveillait dans sa chambre ou qu'il se retrouvait seul face à son bureau et une énième feuille blanche à remplir. Devrait-il tout lâcher pour travailler au ministère de la magie  ? Devrait-il jeter sa passion aux orties pour faire ce qui était juste, pour faire ce qui était attendu d'un digne fils ? C'était ce que ferait un bon fils, un gentil fils, un fils raisonnable mais il ne l'avait jamais vraiment été.

Aussi, lorsque la demoiselle tout contre lui pointa du doigt le fait que n'importe quelle femme serait chanceuse de l'avoir pour compagnon ou mari, le sourire du sorcier se fit beaucoup plus discret. Était-il vraiment digne d'être le mari de quelqu'un, cet homme si inconstant et rêveur ? Cet homme qui pouvait s'en aller du jour au lendemain car l'appel de sa passion et de son devoir se faisait trop oppressant ?

- Oh ça je n'en suis pas sûr.

S'il n'avait jamais été capable de faire durer une relation plus de quelques mois cela voulait dire qu'il y avait une très grande part de responsabilité. Bien entendu il tâchait de faire son maximum dans chacun de ses actes mais parfois ce n'était pas suffisant, parfois il n'était pas suffisant et il espérait qu'aujourd'hui serait différent. Alors oui il souriait et paraissait confiant afin de rassurer la demoiselle, car elle avait vraiment besoin de soutien dans cette période de transition, mais en vérité, mais en vérité il doutait encore plus de lui-même qu'autre chose. Il n'en dirait rien évidemment, il enterrerait ces inquiétudes au plus profond de lui, il resterait silencieux face à cette sourde douleur qui brûlait au fond de ses entrailles.

Ici il se trouvait face à une femme aussi belle que fragile qui avait été brisée par le passée et, évidemment, qui peinait à se reconstruire jour après jour. Le sportif face à elle ferait évidemment tout son possible pour l'aider dans cette reconstruction mais il ne la presserait pas, il ne la pousserait pas à avancer plus vite que la musique. Comme le plus complexe des puzzles elle devrait se reconstruire lentement, pièce après pièce.

- C'est compréhensible, loin de moi l'idée de te presser de toute façon.

Alors que la demoiselle quittait finalement la pièce après s'être lavée, Nathanael resta derrière, se regardant dans la classe. Cela n'avait rien d'une coquetterie ou d'un désir de perfection constante mais ici il pouvait regarder qui il était réellement. Dans ce miroir apparaissait le gamin effrayé et incertain qu'il avait été et par moment, il avait envie de hurler sa rage et de défoncer ce miroir à coups de poings jusqu'à s'en ouvrir la main. Il avait envie d'extérioriser tout ce qui n'allait pas chez lui en espérant que cela réglerait tout, mais au fond de lui il savait que ce n'était là qu'une solution temporaire.

Que faisait-il ici ? Encore une conquête de plus qui allait bientôt quitter son appartement pour ne plus jamais revenir ? Non, non non non. Pas cette fois-ci, pas ici, pas maintenant. Bientôt il allait repartir de zéro à Poudlard et il ne pouvait pas amener avec lui ses sales habitudes, il ne pouvait pas continuer d'agir ainsi et d'être une déception permanente pour tout le monde, il ne pouvait pas agir indéfiniment comme un adolescent ou il finirait pas se foutre en l'air.

Il était temps de se responsabiliser, de grandir et d'arrêter de batifoler. Cela ne lui amènerait pas l'amour de ses parents mais au moins son esprit serait en paix. C'était la première pierre d'une route qui lui restait à paver, la première marche vers la quiétude. Prenant une profonde inspiration pour reprendre son masque de confiance et de joie de vivre, se forçant à sourire jusqu'à ce que cela devienne plus naturel, Nathan fit un tour dans sa chambre pour attraper un pantalon et un t-shirt noir avant de se diriger vers la cuisine.

- Je ne sais pas pour toi mais, une fois n'est pas coutume, j'ai les crocs.

Il lui aurait été facile de se donner du courage en vidant la bouteille de saké encore posée sur la table mais il n'en fit rien, il repoussa ce poison et ferma les yeux quelques instants en se penchant sur le comptoir. Que pouvait-il cuisiner ? Que pouvait-il confectionner pour plaire à la demoiselle et se changer les idées en même temps ? Il n'allait pas faire très compliqué pour le moment, se contentant d'un petit déjeuner français typique qui, contrairement au déjeuner britannique, était essentiellement sucré.

Tapotant vigoureusement ses joues pour se réveiller et sortir de sa torpeur, jetant ses sombres pensées aux orties, la mécanique habituelle du sorcier se mit en place lorsque sortir du pain ainsi que du beurre et de la configure des placards. Faisant chauffeur de l'eau pour son thé tout en préparant son café, il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il ferait du reste de sa journée. Il pourrait très bien se blottir tout contre la demoiselle dans son canapé, jusqu'à s'endormir ensemble de nouveau, mais était-ce vraiment ce que la concernée recherchait ? Il ne tarderait pas à le savoir, sans doute.

Soudain, alors que son couteau commençait à tailler dans le pain pour en faire des tranches, une idée stupidement simple lui vint à l'esprit. Si la demoiselle juste derrière lui était son garde-fou, son point d'ancrage, son phare dans la nuit, il y avait un moyen simple de la garder en tête même à des centaines de kilomètres de distance. Toujours concentré sur sa tâche matinale, sa proposition sembla presque sortir de nulle part.

- Tout à l'heure, quand nos estomacs seront remplis, ça te dérange si je te dessine ?

Même si le jeune homme n’était pas le plus à l’aise du monde en société, avec l’expérience il avait appris à être moins coincé et réfractaire au concept de flirter avec un membre du sexe opposé. Il n’était peut-être pas le plus doué du monde dans ce domaine, clairement pas, mais cela ne lui était pas aussi difficile et pénible que cela l’était durant ses plus jeunes années. Discuter avec une demoiselle était simple, laisser l’intérêt grandir pour laisser place à la passion et à l’intensité des sens était facile mais tout devenait beaucoup plus compliqué et réel une fois que le soufflet était retombé. Lorsque le plaisir n’était plus qu’un souvenir et que la nuit avait calmé les ardeurs de l’un ou de l’autre, le sportif se voyait retourné à la case départ à devoir chercher quoi faire ou dire pour ne pas mettre l’autre mal à l’aise et, très clairement, c’était cette partie qui le gênait le plus. Bien entendu il n’était pas naïf au point d’espérer que tout ne serait que plaisirs des sens et bonheur éternel, mais il aurait aimé que les choses soient moins compliquées le lendemain matin.
Dans ces moments là chacun jugeait l’autre pour savoir s’il était la même personne que celle rencontrée la veille, le même individu lui ayant fait atteindre des sommets de plaisirs jusque là trop rarement visités, le même être ayant fait battre son cœur à tout rompre seulement quelques heures auparavant. Seulement le problème ici ne venait pas des attentes du jeune londonien mais bien l’inverse, le problème venait de la possibilité de décevoir autrui et de se rendre compte que la flemme s’était éteinte aussi rapidement qu’elle était apparue. Car oui, derrière ce sourire charmeur et ce corps d’athlète se cachait un individu ayant toujours été plus à l’aise avec les animaux qu’avec ses congénères, un homme qui ne savait pas toujours quoi dire et qui pouvait se trouver gênant ou maladroit.
C’était sans doute d’ailleurs pour cela qu’il évitait les contacts sociaux de manière générale, afin de ne pas décevoir autrui. Afin que les attentes de ses congénères ne soient pas détruites, une fois de plus, comme avaient pu l’être celles de ses géniteurs. Il était donc là dans sa cuisine à préparer un déjeuner non pas pour se restaurer mais pour se donner de la contenance, pour se donner du temps afin de réfléchir à la suite des évènements. Que devait-il dire ou faire alors que tout allait si vite ? Que devait-il montrer, lui qui n’était pas encore certain que ce qui faisait battre son cœur était de l’amour et non pas de la simple attirance ? Il n’en savait foutrement rien et espérait que meubler avec ce petit déjeuner lui permettrait de trouver une idée.

Alors oui à n’en pas douter cette femme était fragile et avait besoin de soutien, mais n’était-ce pas l’altruisme de l’Armstrong qui l’avait mené à elle, non pas dans un désir de transmission d’amour mais bien de protection pur et simple ? Il avait ressenti le même désir de protection envers Ombellyne, à une époque plus lointaine, mais évidemment ce désir n’avait pas mené les deux élèves à partager leur couche à cette époque.

Alors que seul le raclement du couteau contre sa tartine était capté par ses oreilles, alors que tout autour ne semblait plus avoir d’importance, le jeune sorcier se rappela de nouveau qu’il avait la trentaine et que l’heure n’était plus au batifolage. Fort de sa stricte éducation s’appuyant sur le sens des responsabilités et de la piété filiale, Nathanael se rappela des conseils de ses parents sur l’importance de construire quelque chose au lieu de bondir d’une opportunité à une autre. Avant de s’emporter dans une romance passionnelle en s’y jetant à corps perdu il devait sonder son moi profond afin de savoir ce qu’il ressentait vraiment, afin de déterminer si ce qui faisait battre son corps était l’altruisme ou quelque chose de plus profond et imprégné de réels sentiments. Il n’en savait encore rien et devait se montrer patient, il n’était plus un adolescent esclave de ses pulsions.

Alors qu’il alla vérifier où en était son thé, le sportif capté la réponse de la demoiselle qui ne semblait guère ouverte à l’idée de se faire tirer le portrait, ce qui ne fut guère étonnant aux yeux du dessinateur. L’avait-il prévu ? En partie seulement mais, intérieurement, il avait espéré que ce qu’ils avaient partagé la veille aurait aidé à dépasser ce stade. Mais qu’importe, ce n’était probablement que partie remise. Il se contenta donc de hocher la tête sans insister davantage, certain que revenir à la charge ne pousserait la demoiselle qu’à fuir une nouvelle fois.

Ce fut lorsque les remerciements parvinrent à ses oreilles que Nathanael comprit immédiatement dans quelle direction se tournait cette journée, comprenant que leur journée passée ensemble ne durerait pas aussi longtemps que prévu.

- Tu n’as pas à me remercier. Je suis là pour ça.

Les paroles suivantes d’Ula confirmèrent bien ses soupçons. S’il ne tint pas à rebondir sur la destination que prenait son amante, la belle étant libre de faire ce qu’elle désirait, il fut déçu mais pas réellement surpris des paroles qui suivirent. En effet il avait déjà utilisé le prétexte de devoir aller quelque part pour couper court à une matinée trop gênant ou une nuit trop décevante, il avait même subi de telles excuses si bien qu’il ne désira pas en tenir rigueur à sa partenaire. Tout allait sans doute trop vite pour elle comme pour lui, si bien qu’un peu de distance ne leur ferait sans doute pas de mal.

Prenant quelques secondes pour savourer le thé vert tout juste préparé, laissant le chaud liquide couler le long de sa gorge et le remplir d’une énergie nouvelle, ce que un sourire discret que Nathan fit apparaître en tournant légèrement la tête de gauche à droite.

- Tu peux y aller sans moi, pas de soucis. De toute façon tu sais où je suis, à présent. Ma porte t’est toujours ouverte, de jour comme de nuit.

Qu’elle puisse avoir besoin de distance était compréhensible et, dans un sens, peut-être lui aussi en avait-il besoin. Il avait besoin d’interroger son cœur pour savoir ce qu’il ressentait et attendait de tout cela, supposant qu’une réponse ne viendrait pas tout de suite dans les heures à venir. Il lui faudrait du temps et cette solitude prochaine lui permettrait de s’aérer l’esprit lors d’un petit footing matinal.

Reposant la tasse sur le comptoir, le sorcier se redressa et approcha de la demoiselle, entourant son doux visages de ses grandes mains comme pour mieux l’observer. Souriant tout en immortalisant dans sa tête la beauté de son amante, il déposa un tout dernier baiser sur ses petites lèvres en guise d’au-revoir et d’une toute dernière marque d’affection.

- Fais attention à toi. J’espère que nous nous reverrons très bientôt.

Il ne voulait pas presser la demoiselle, surtout compte tenu de sa précédente relation amoureuse, mais il voulait lui rappeler qu’il n’avait l’intention d’aller nulle part. Nathanael était un homme de parole et, lorsqu’il s’engageait à faire quelque chose, il ne le faisait jamais à moitié. Qu’elle revienne un peu plus tard ou non ne faisait aucune espèce de différence, leurs chemins se recroiseraient forcément de nouveau et leurs retrouvailles n’en seraient que plus intenses. Mais pour l’heure chacun d’entre eux avait besoin d’espace, d’espace et de temps pour clarifier leur relation.

Le jeune londonien admettait bien volontiers ne jamais avoir été très doué dans l'art subtil des relations humaines et n'avait que très tardivement essayé d'améliorer son expertise, sans doute parce qu'il préférait les animaux et ses créatures à ses congénères. C'était donc avec une certaine retenue, une fois ses études supérieures entamées, qu'il avait décidé de s'ouvrir davantage afin de donner une chance à cet art dont les subtilités lui avaient toujours échappé. Quel mal pouvait-il y avoir à simplement essayer ? À donner une chance ou, plus exactement, se donner une chance ? Il s'était donc enivré plus de fois qu'il n'avait plus le compter, il s'était fait des amis et, à force de soirées endiablées, il avait pu goûter aux plaisirs de la chair sous bien des formes. Cependant il restait un blanc dans toute cette formidable équation, il restait un vide à remplir et ce dernier était pourtant d'une simplicité presque enfantine. En effet si le sorcier avait su ressentir de l'attirance et du désir pour plusieurs membres du sexe opposé, tout capable qu'il était de reconnaître la beauté quand elle lui tombait sous le nez, il n'avait jamais vraiment senti son cœur fondre à la vue d'une de ces créatures de rêve.
Pendant un moment il avait cru ne simplement pas être tombé sur la bonne personne, il avait cru qu'un peu de patience suffirait pour qu'il connaisse enfin ce sentiment que le reste du monde appelait amour. Même s'il n'en était pas fier, il avait même fait durer plus d'une relation pour retarder l'échéance finale afin de voir si, avec un peu plus de temps, ce sentiment finirait enfin par montrer le bout de son nez. En vain, bien évidemment. Au fil des années suivantes il en était arrivé à croire que le problème venait de lui et que, à force de donner toute son amour et affection aux créatures qui faisaient le cœur de son métier, il avait fini par épuiser ses réserves jusqu'à être incapable d'aimer de nouveau.
Idée stupide, n'est-ce pas ? Mais à force d'enchaîner les échecs relationnels en boucle comme une saleté de disque rayé, à force d'essayer encore et encore en vain, l'esprit commençait à créer des pensées toxiques qui avaient le goûté de vérité. Il avait donc essayé de lutter contre ce poison qui rentrait par tous les pores de sa peau, essayé de faire taire cette petite voix lui affirmant qu'il ne méritait d'aimer ou être aimé et s'était replongé dans encore plus de travail pour noyer son esprit et ne plus entendre ce murmure incessant. Mais rien n'y faisait, la voix finissait toujours par revenir et aujourd'hui Nathanael espérait que ce serait différent.

Mais comment reconnaître ce qu'il n'avait expérimenté ? Comment savoir si ce qu'il ressentait était une profonde attirance ou de l'amour sous sa forme la plus pure ? Il n'en savait rien et c'était justement cette incertitude qui le dérangeait au plus haut point, espérant que ce doute s'en irait en prenait un peu de temps pour lui et la réflexion nécessaire.
Ses pensées se dissipèrent lorsque la demoiselle évoqua la volonté de se revoir, volonté qui faisait également à la sienne et il n'hésita pas à le faire savoir d'un hochement de tête.

- Dés que possible.

Que devait-il dire ou faire ? Il n'avait jamais été dans une telle situation d'incertitude et avait l'impression de redevenir le petit gamin perdu à Poudlard. C'était ridicule, proprement ridicule : il n'avait pas du tout changé. Alors qu'il s'apprêtait à laisser partir la belle sans un bruit, ne désirant pas prolonger ce moment suffisamment douloureux et pénible, il eut presque le souffle coupé lorsque l'irlandaise se jeta presque tout contre lui comme un dernier geste d'affection avant une séparation qui pourrait être assez longue. Pourrait-il seulement la voir une fois la rentrée débutée ? Inconscient de la somme de travail inhérente à son futur poste, il ne pouvait guère l'affirmer ce qui rajoutait une incertitude de plus. Génial !

Notant l'adresse de la demoiselle dans un coin de sa tête en plongeant le bout de papier dans sa poche, Nathanael apprécia la toute dernière tirade de la demoiselle comme si elle se sentait presque obligée d'exprimer ce qu'il y avait dans son cœur. Y avait-il encore le moindre doute du côté de la belle ? Apparemment non mais, puisqu'elle lui tournait le dos, le sportif ne crut pas utile de sourire tout en donnant sa propre réponse.

- Le sentiment est partagé, évidemment.

Puis, l'instant d'après, la porte fut claquée et un silence presque religieux s'installa dans l'appartement, laissant son propriétaire seul avec les traces de la soirée précédente. Entre la bouteille ouverte, les vêtements et les sushis entamés il allait avoir un peu de boulot pour ranger tout cela. Non, pas pour l'instant, il n'avait clairement pas la tête à ça. Instinctivement il laissa ses pas le mener jusqu'à la salle de bain et, lorsque ses yeux se posèrent sur son reflet dans la glace, une seule question lui vint en tête.

- Qu'est-ce que tu fous, bordel ?

À quoi était-il en train de s'amuser, à jouer avec le cœur de cette belle de la sorte ? Ce n'était pas respectueux de la laisser dans le flou de la sorte et, l'espace d'un instant Nathanael sentit un rush d'adrénaline monter en lui en même temps qu'une colère dirigée vers lui-même. Il hésita à fracasser le miroir de son poing pour dissiper le poids sur son corps mais se retint de le faire, préférant se verser une bonne dose d'eau froide pour se calmer. Lorsque ses prunelle se posèrent sur ce visage aux traits tirés et à l'air pataud, la même question revint.

- Qu'est-ce que tu fous ?

Il n'en savait rien, il n'en savait foutrement rien et cette incertitude lui donnait envie de se coller des baffes à répétition. Sortant de la salle de bain, plus tendu que jamais, ses yeux se portèrent sur ses chaussures de sport non loin de là mais, au dernier moment, son attention se focalisa sur son casque de moto rangé à côté.

- Oh, et puis merde.

Ce n'était pas aujourd'hui qu'il trouverait de réponse mais, à défaut de se morfondre toute la journée, il irait faire un tour en moto pour se vider la tête. En espérant que la vitesse ferait son office.

Ainsi se terminait cette merveilleuse rencontre, pour le moment.