- Mademoiselle, avez vous besoin de …

Livy n'avait pas le temps. Elle avait rendez-vous. Aussi, elle s'arrêta, se planta face à l'homme qui l'aborda un instant plus tôt et le coupa dans son monologue.

- Non j'ai besoin de rien, foutez le camp !

Malgré son jeune age, elle parlait aux adultes avec un culot monstre. Même des sorciers bizarres comme celui-ci, apparemment sortis de l'Allée des Embrumes, ne l'impressionnaient guère. Après tout, elle revenait d'une soirée entre sorcier de la haute et n'était pas de meilleure humeur. Les vacances venaient de commencer, cela avait soulagé la vipère un moment avant qu'elle ne se retrouve en famille. Là ça avait légèrement dégénéré. Sa pauvre et glaciale mère ne lui accorda presque aucune attention, sauf pour lui présenter le maigrichon cadet de la famille Tallins. La promettre au mariage, à son âge. Où sa mère avait-elle là tête ? Livy n'avait que 15 ans, tout juste !
Enfin, la jeune fille avait réussis à fuir la réunion de la haute pour dormir un peu. Toute la nuit elle avait réfléchit à que faire pour capturer définitivement sa proie. Vers le 4h du matin, elle avait enfin élaboré le plan idéal. Le pauvre blaireau allait sans doute s'en mordre les doigt, peut être même lui claquer entre les mains, qui sait ?
Livy n'était pas calculatrice, juste très machiavélique.
Lorsqu'elle était arrivée à Londres par cheminée, elle avait comme d'habitude atterrit dans la ruelle peu fréquentable. Même issue d'une famille trempant dans des histoire pas recommandable, la jeune vipère n'affectionnait pas vraiment ce coins. Elle n'avait pas peur mais n'avait pas besoin de s'y rendre.
Sauf aujourd'hui. Vers 10h, elle avait donc quitté le manoir familial, à l'insu de sa mère bien sur, pour arriver chez B&B. Là bas, elle avait longuement discutaillé avec le moins laid des patrons. Le sujet n'est guère dévoilable pour le moment. Sortant de la boutique ¾ d'heure du plus tard, la vipère avait remonté la rue à grand pas, n'hésitant pas à bousculer les soricers sur son chemin. Même si Barjow l'avait retenu un peu trop longtemps, il lui avait été fort utile. Le père Tallins allait sans doute regretter à vie d'avoir accepté le futur mariage de son fils avec la fille Melrose.
C'est donc fière d'elle et sûre d'avoir la paix au niveau fiancé que Livy était arrivée sur le chemin de Traverse. L'imbécile qui l'aborda n'en fut pas moins bien accueilli, elle n'avait pas le temps.
Livy traversa la rue à toute allure. Perdre cette proie serait d'une idiotie la plus totale ! Foutu vendeur à la sauvette, qui l'avait harponnée au milieu du passage. Onze heure sonna alors qu'elle se trouvait encore devant l'ancienne boutique de baguette. Autrement dit à l'autre bout de la rue. L'avant dernier coup de clocher retentis, elle se mit à courir, trouvant le que le temps défilait trop vite. C'était insensé à quel points les minutes défilaient vite lorsqu'on était en retard.

Si jamais Elliott n'avait pas prit son mal en patience et qu'il était partit, Livy trouverai bien un moyen de le garder, mais ça serait beaucoup plus dur. Elle savait le blaireau facile à ferrer, mais il n'était pas idiot pour autant. Au début elle avait crut ça, mais plus maintenant. Elle était presque certaine qu'il voyait les contour de son jeu, mais qu'il n'arrivait pas à renoncer à elle. C'était un immense avantage, mais aussi un petit inconvénient. En effet, la Melrose ne pourrait pas abuser aveuglément et devrait être sur ses gardes.
Le plan qu'elle avait imaginé lors du bal se trouvait complètement modifié avec ce nouvel élément. Le Walker n'était pas naïf, juste complètement amoureux.

A bout de souffle – l'endurance n'étant pas son fort – Livy arriva enfin au pied des marches de la Banque des Sorciers. Il était là, elle le vit se lever avant de jeter un regard à la ronde. Elle avait bien fait de courir, il peut plus tard et il serait parti. Jouer avec Elliott ne serait peut être pas aussi facile que la vipère l'avait crut au début, mais la difficulté nouvelle n'enleva rien au plaisir qu'elle prenait.

- Pardon Elliott, je suis confuse!

Et c'était sincère. Ça n'était pas dans ses habitudes de faire attendre quelqu'un, elle qui en temps normal était très ponctuelle. Livy se planta face à son pantin, une marche plus basse que lui. Il la dominait encore plus que d'habitude, avec toute la classe qui émanait de son corps. La vipère se le redit pour la centième fois au moins, sa proie était vraiment de premier choix. Tant pour le corps que l'esprit.

Plutôt que de faire de lui en simple pantin pour les bases besogne, Livy songea à le transformer en valet confidentiel. En faire en quelque sorte une aide scolaire, un protecteur, pourquoi pas un confident et parfois un souffre douleur. Pour le garder près d'elle créer une relation amoureuse factice, ça serait en quelque sorte une récompense pour lui. Elle avait en tête de se jouer de lui et lui mentir sur l'intention de ses actes, mais elle n'avait nullement envie de le maltraiter au niveau sentimental. Si il voulait de l'amour, elle lui en donnerait. Là encore ça serait faux et grandement hypocrite, mais elle se montrerai aussi « amoureuse » que son caractère puisse le faire en restant naturel.

Affichant un petit sourire, la vipère prit la mouche.

- En fin de compte ? Croyais-tu sincèrement que je ne viendrais pas ? C'est moi qui t'ai donné rendez-vous, je ne suis pas vipère au point de te poser un lapin.

Elle avait opté pour un ton froid mais surjouait fortement. Elle n'en voulait pas du tout au Walker d'avoir pensé ça, c'était normal après tout, Livy avait une réputation derrière elle. Livy tourna les talons et descendit en bas des marches. Aller faire un petit tour chez l'Apothicaire était forcé, après la discussion avec Barjow. Elliott se poserai sans doute des questions du pourquoi elle aura besoin de crochets de Menthe religieuse et d'une fiole de sang de tarentules... Si il venait à lui demander, ça serait parfait.

- Je plaisante bougre d'âne ! dit-elle en souriant et lui tendant la main. J'ai besoin d'aller acheter quelques ingrédients, j'ai pris mon argent hier en allant au manoir. Tu viens ? 

Pas besoin d'aller à la Banque, sa bourse était plus que pleine. Jamais elle n'avait osé se trimballer avec autant d'argent, mais le renseignement du vil patron de B&B couta fort cher. Même s'il lui restait assez d'argent pour paraître indécente, elle s'était allégée de plus de la moitié de sa bourse.
Son regard dans celui de son futur valet, elle lut une certaine admiration. Peut être n'était-ce pas le cas, mais Elliott la dévorait des yeux. Le visage qu'il arborait n'était pas désagréable à regarder, aussi elle se délecta de sa beauté le temps qu'il réponde.

La rue grouillait de passants. Des jeunes, des vieux, des sorciers, des crac-mols, des couples, des veufs … Il y avait de tout. Même une type avec en laisse un chat à deux queues. Sans doute la bête était issue d'une mutation génétique. Mirouse, la chatte de Livy, n'avait pas survécu elle. L'année passé, pleine de haine envers cette fichue bestiole aux poil terne qui l'avait griffé, Livy lui avait fait boire une potion qu'elle avait concocté. C'était du grand hasard, mais elle y avait mis de détergent en plus des ingrédients magique, ce qui eut pour effet, non pas de faire perdre tout ses poils à la bête, mais de la tuer lentement. Livy avait eu un sourire satisfait et cruel en se rendant compte que l'animal se mourrait. Bien fait pour elle, s'était elle dit alors que la chatte avait rendue son denier souffle. Et aujourd'hui, voyant l'animal passer devant elle, elle n'éprouva toujours aucun remords. La vipère était un être sadique, méchant et intraitable quand on la trahissait. D'ailleurs, personne d'humain n'avait encore osé la trahir volontairement. C'était quelques fois arrivé sans que la personne pense être en tord. La dite s'en voulait sans doute encore.
On ne trahis pas une Melrose. Surtout pas une qui n'a aucune morale.
Livy se reconcentra sur Elliott, bel homme qui l'accompagnait en cette jolie après midi ensoleillée. Qui a dit que la Melrose ne pouvait pas s'extasier sur quelque chose de beau. Ça n'est pas parce qu'elle est méchante et sadique qu'elle n'aime pas le soleil ou une charmante compagnie. Compagnie qu'elle se devait de s'assurer aujourd'hui si elle voulait le garder le maximum possible.
Elle constata qu'il ne parlait pas beaucoup mais qu'il l'admirait. Contrairement à elle, il ne voyait sans doute pas le monde qui les entourait. Pour ne pas paraître désagréable, Livy planta son regard dans celui de Walker.
Parfait.
Il était prêt à être cueillit, comme une belle cerise en haut de son arbre. Il ne la lâchait pas des yeux, s'intéressait à elle et semblait boire chacune de ses paroles. Même si elle ne savait pas encore comment l'utiliser sans trop de risque, Livy se dit qu'il était temps. Forçant le destin, elle s'empara de la main ballante de son Pinocchio personnel. Un petit sourire et elle pouvait répondre, en toute sincérité.

- J'ai besoin de crochets de Menthe religieuse et sang de tarentules... Je n'en ai pas pour longtemps, c'est juste que c'est vraiment urgent.

Elle baissa la voix en glissant son regard dans les prunelles noisette d'Elliott. Serrant ses doigts sur sa main, qui, elle devait le reconnaître, était très douce, Livy descendit le perron de Gringotts et s'avança sur la rue pavée.
Slug & Jiggers, la boutique de l'apothicaire, n'était pas très loin mais suffisamment pour que Livy s'habitue au contact et à la proximité du corps du préfet en public.
Ils ne marchèrent pas longtemps. La Melrose entra dans la boutique et sourit au propriétaire. Il la connaissait assez pour savoir que ce qu'elle achèterai aujourd'hui, il ne devrait pas en parler. Souvent, elle faisait des courses pour sa mère, il le savait aussi il lui laissait prendre ce qu'elle voulait.

- Voilà ce que tu m'as demandé, Livy.

Elle lui avait envoyé un hiboux la veille pour ne pas a avoir à s'afficher en possession d'ingrédients de ce genre. Après avoir payé, elle se retourna vers Elliott.

- Tu n'as rien vu, rien entendu.

Ordre, bon toutou. La prochaine fois, sans doute il viendrait seul sous ses ordres. Sans aucuns doute. Bientôt, Livy pourrait se servir d'Elliott comme bon lui semblait. Ça n'était plus qu'une question de temps. Ce soir, il serait à elle.

Spoiler:

Ils sortirent ensemble de chez l'apothicaire. Au départ, ce détour n'était pas prévu mais les événements de la veilles, avec la présentation du « promis » avait chamboulé les plans de la vipère. Ça aurait dû être plus simple, plus rapide, sans retard et radical. Ferrer le poisson était fait depuis un bon moment, il fallait maintenant le sortir de l'eau. Elliott avait beau être éperdument amoureux d'elle, Livy le savait bien, il n'en restait pas moins un homme et tout le monde le sait, un homme n'est pas réputé pour sa patience. Son sachet en main, Livy le regardait se torturer l'esprit. Une barre verticale se dessina sur le front du chef des blaireaux. La vipère sentit qu'une question allait fuser. Avant qu'elle ne put répondre, il l'avait posé. En un rien de temps, elle balaya la question d'un revers de main. Lui parler de ses plans ne serait sans doute pas une bonne idée.
Elle n'avait d'envie de meurtre vis à vis de personne, sauf pour peut être sa fada de mère. Les ingrédients étaient destinés à une potion oui, mais pas si sombre qu'on pourrait le croire. Juste un moyen de faire éviter ce foutu mariage à deux francs. Mêler le Walker à cette histoire ne la dérangeait pas, après tout qu'est ce qu'il pouvait faire ? La dénoncer ? L'apothicaire n'appuierai sans doute pas ses propos, trop bien payé par la mère Melrose pour tenir sa langue. Cette femme qui aurait dû donner de l'amour à sa fille était la reine pour les poisons en tout genre, et elle ne s'en cachait pas. Peu de monde lui faisait confiance car sa froideur et sa mesquinerie étaient connues de tous ici bas. Tuer ne la dérangeait pas le moins du monde, et jamais personne n'avait osé s'en prendre à elle pour la dénoncer. Elle était bien trop influente. Livy avait hérité de cette confiance en elle, qui lui faisait croire qu'elle était intouchable, mais pas de son goût pour la mort. Mirouse avait succombé, Livy s'en était délecté. Mais depuis, elle n'avait pas recommencé. Et elle ne comptait pas le refaire de si tôt. Tuer n'était pas un plaisir. Même si ca galeuse de chatte l'avait bien cherché. À bien réfléchir, Livy ne regrettait pas son acte, mais elle n'en n'était pas satisfaite pour autant. On ne peut pas parler de fierté dans ces moments là, selon elle, mettre fin aux jour de quelqu'un est plus un acte de faiblesse que de force. Ignorer mais surmonter l'adversité et la meilleure chose à faire. L'ignorer quand elle est contournable, la surmonter si l'on peut le faire. Mais pour cela il faut du sang froid, chose que Livy ne possède qu'en faible quantité. Elle voudrait mettre en pratique sa pensé mais elle en est incapable. De l'entrainement lui serait favorable, et Elliott pourrait l'y aider.

Le duo qui aurait été qualifié d'improbable par des gens de haut rang marchait côte à côte. Elliott dénoua enfin la langue, dans une simple question.

" C'est important? "

Trop simple au goût de la vipère. Que répondre ? Jouer la carte de la franchise, sans tout dévoiler, ou mentir. Pour mentir c'était trop tard, elle avait joué les mystérieuse, en ne cachant pas le caractère urgent de l'achat, il fallait assumer. Et puis au fond, si elle pouvait parler à quelqu'un de cette rencontre, fut-ce Elliott, ça lui ferait toujours du bien.

- C'est vital, fit-elle doucement.

Elle ne voulait pas paraître plus atteinte qu'elle ne l'était par la nouvelle, mais elle devait le reconnaître, l'idée de se retrouver promise au fils Tallins la faisait flipper. De un, elle était bien trop jeune pour penser à ça, de deux elle n'avait aucunement envie de ce type là, voué à être laid et peut aimable toute sa vie, et enfin trois, elle voulait être libre. Le statut de sang pur, de bonne famille, couvert d'honneur de respect et tout le bataclan, ça va un peu. Le protocole, l'éthique, les bonne manières, les mariages entre familles … Livy disait non. Elle voudrait bien épouser quelqu'un de bonne lignée, propre sur lui, mais qu'elle aurait choisis elle même. Elle ne veut pas finir comme ça mère, qui n'a fait qu'écarter les cuisses face à un homme, adorable certes, mais qu'elle n'aimait pas.

- Juste, ne me juge pas. J'ai quelques soucis à régler, l'effet doit être radical.

Elliott lui avait prit la main et l’entraînait dans la foule. Le Chemin de Traverse était blindé et ce jour ensoleillé de vacances. Des sorciers de toute sortes vagabondaient dans les rues, à la recherche de leur amis ou de la dernière cravate à la mode. Un groupe sortait du Chaudron Baveur lorsqu'eux même y pénétraient. Le coté gentlemen d'Elliott rappela à Livy à qui elle avait à faire, et l'objectif de la journée. Elle avait passé un moment dans ses pensés, à détester sa mère et le fils Tallins.
Elle s'installa sur une chaise au coussin moelleux, en face de son compagnon. Pigeon. Valet. La plupart des adjectifs qui lui trottaient en tête allaient bientôt pouvoir être d'actualité.
Songeant qu'Elliott allait faire venir la serveuse, Livy fut prise de surprise par la franchise d'Elliott.

" Bien, parle moi de toi. Au fond, il y a encore beaucoup de choses que j'ignore. "

Prise de court, vraiment. Il était arrivé à la déstabiliser, à la surprendre. Non vraiment, prendre ce type comme homme à tout faire n'était pas une corvée, loin de là. Au contraire, cela serait peut être agréable. Sa compagnie l'était déjà. Cherchant à éviter le regard du Poufsouffle, Livy trouva la serveuse, non loin de leur table. Elle leva le bras et lui intima de venir prendre commende.

- Un jus de citrouille pour moi, prends ce que tu veux Elliott …

Lorsque la serveuse revint avec les boissons, Livy n'avait toujours pas décloué les dents. Elle avait passé son temps à réfléchir à ce qu'elle allait répondre, tournée vers le bars pour se donner du temps. Enfin elle refit face au Walker et porta son verre à ses lèvres.

- Je pourrais te parler de tout, je ne cache rien. Je te propose quelque chose, une sorte de jeu. Chacun notre tour, on se pose une question, la réponse doit être vraie. Aucuns mensonges ne sera accepté.

Livy posa son verre et attendit. Pour ferrer Elliott, elle devrait jouer franc jeu. Jouer l'hypocrite n'était pas vraiment une bonne idée. Mentir juste sur ses possible sentiments et sur quelques intention, mais pas sur ce qu'elle était. Au fond d'elle, sans en avoir conscience, la Melrose avait besoin de se confier.

Assise là, Livy repensa aux mot du type qui lui tenait compagnie. Sur la route, il avait dit ne plus se mêler de ses affaires, en l'occurrence les ingrédients, mais elle en doutait. En fait même, au fond, elle voulait qu'il lui demande vraiment, mais ça n'arrivera jamais. Bien trop respectueux des autres, Elliott n'osera jamais repartir sur un sujet que la Melrose voulait éviter. Parler de ce qu'il lui arrivait en ce moment dans sa famille n'était pas vraiment quelque chose qu'elle désirait mais ça relevait du besoin. Livy devait se confier à quelqu'un, en général c'était à Lara, la jolie brunette de la maison de Godric. Elle lui disait peut être un peu trop de chose et s'énervait aussi très facilement mais ça lui faisait du bien. Jouer franc jeux avec Elliott ne pourrait qu'être bénéfique. Le seul truc qu'elle risquait, c'était le faire fuir avec ces vérité. De toute manière, elle comptait bien mentir quand ça l'arrangerai.

Buvant une gorgé de son jus de citrouille, elle se voyait déjà inventer quelques réponses idiotes mais sage sur divers sujets d'actualité comme ses magouilles dans le parc, les rumeurs courant sur elles ou encore son histoire avec son seul ex connut. En y songeant, elle constata qu'elle était loin d'etre une femme qui se livre et qui, surtout, se dévoile. Peut de gens savaient qu'elle n'avait eu en réalité que peu de liaison. Trois exactement. Les rumeurs disaient le contraire, et elle n'allait pas le démentir. Ça lui donnait la côte. Par contre, elle en fichait plein la gueule au premier qui lui demandait si en effet elle était infidèle. Vrai ou faux, Livy n'était pas une traitre. Enfin pas trop. Et surtout ça dépendait d'avec qui. Excepté Sebastian, ses ex petits amis étaient on va dire voulus, désirés. Certes pas gardé longtemps à cause d'un simple soucis de maturité mais jamais divulgué. Elle savait faire tenir sa langue à un homme. Posant son verre, elle planta son regard dans celui qu'elle voyait comme son pantin. Beau, intelligent, doué, calme, pas très impressionnant … le pigeon idéal. Elle aurait bientôt à bosser pour ses examens de fin d'année, il tombait à pic. Enfin il ouvrit la bouche.

" Tu parlais de soucis, tout à l'heure... de quel genre de problème s'agit-il, et avec qui? "

Livy ne se laissa pas ébranler par la question portant sur un sujet qu'elle pensé avoir écarté de la conversation. Décidément, le Walker avait trouvé le moyen de la surprendre. Elle avait aussi remarqué cette manie qu'il avait de la regarder constamment. Toujours, dès qu'elle cherchait son regard, elle le trouvait braqué sur elle. Naturellement, elle en vint à constater que de son coté, elle ne le badait pas plus que ça. Il était agréable à regarder, oui, mais le physique lui importait peu. De toute façon elle savait que son pigeon était beau et surtout, qu'il était désiré secrètement par la moité du château, prof' comprise. Enfin secrètement, beaucoup ne s'en cachait pas. Se savoir en compagnie de ce genre d'homme gonflait l'égo de la vipère. Réussir à pêcher ce gros poisson si agile au milieu de tant que cannes, elle pouvait être fière d'elle. Et une fois de plus, elle remercia ça chance car elle n'avait absolument rien fait pour l'attirer à elle. Elle ne cessait que penser à sa bonne étoile depuis leur rendez-vous au lac.

Que faire, se confier ? Déjà lui mentir ? C'est un peu trop tôt pour ça, se dit la Melrose en posant son verre, vide. Elle l'avait terminé en écoutant la question. Elle sourit. Finalement elle opta pour la franchise. Ça n'était pas vraiment une question importante, et après tout, si il voulait s'y mêler, elle n'allait pas le retenir.

- Tu es vraiment têtu toi …

Livy ne put en effet retenir une petite pique. Elle était plutôt gentille celle-ci, une vipère peut être beaucoup, beaucoup plus venimeuse que ça. Après tout, ça n'était que la vérité. Vérité qu'elle n'aurait d'ailleurs jamais soupçonné chez le chef des blaireaux. Livy se rendit compte que son don pour cerner les gens au premier coup d'oeil s'émoussait avec le temps et n'opérait pas vraiment bien sur sa conquète. Il n'arrêtait pas de la surprendre et Livy n'aimait pas ça. La surprise, c'est un signe qu'on n'a pas le contrôle et tout ce qui intéresse la vipère, c'est contrôler. Avoir le dessus sur tout et tout le monde.

- Le genre est familial et il me touche directement. Ma mère est une folle furieuse.

Elle savait que sa réponse n'était pas du genre satisfaisante mais c'était fait exprès. Elle voulait voir jusqu'où il pouvait pousser la curiosité.
Le jeu veux que ce soit à elle de poser la question suivante. Elle ne savait pas grand chose de sa proie, pour une fois. Elle avait suivit les rumeurs mais ne les écoutait pas vraiment. Elle préférait se faire sa propre opinion, c'était bien plus judicieux. Elle avait proposé ce jeu, ça n'était pas pour rien.

- C'est mon tour, fit-elle d'un ton plus neutre que jamais. La religion tout ça, ça te viens d'où ?

Elle était curieuse parce que pour elle, c'était une perte de temps pure et simple. Son point de vue était tranchant à ce niveau là et son esprit fermé. On pouvait lui exposer toute les raisons possible, jamais elle ne changerait d'avis : la religion c'est pour les faible qui croient en quelque chose parce qu'ils ne sont pas assez fort pour croire en eux. Et de la confiance en elle, Livy en débordait, ainsi que de l'orgueil. Lui faire admettre qu'elle avait tord était impossible.

Livy glissa ses doigts sur son verre. Il était à moitié vide. Enfin, à moitié plein. Elle n'aimait pas voir toujours le mauvais des choses, elle aimerait être de nature optimiste. Optimiste elle l'est que quand elle à le contrôle et qu'elle est sûre de son coup, pas quand elle se trouve dans une situation pour le moins nouvelle. C'était on va dire une des première fois qu'elle se livrait à son jouet, quelque soit son nom. Elle venait de parler de sa mère, personne à laquelle en général elle évitait de penser. Elle avait passé son enfance à vivre avec cette femme peu aimante, froide et bouffée par le protocole et les étiquette. Elle aurait été parfaite dans le rôle d'une reine au moyen âge; ou plutôt d'une duchesse qui souhaite que sa fille épouse le premier fils du roi avant ses premières menstrues. Elle avait tout donnée pour son frère, elle n'avait rien laissé à Livy. Celle-ci devait l'appeler « mère » et la vouvoyer et parfois même devait s'adonner au rite de la révérence, même lorsqu'elle portait un jean. Les séjour à la maison était très long pour Livy. Depuis la mort de son père, tué par des moldu, elle se sent seule chez elle. Son frère était partis prendre les rennes de l'entreprise, la laissant avec sa mère et sa soeur. Dès lors les deux jeunes fille se sont disputés et maintenant, elles ne se parlent plus. Lorsque Livy croise sa soeur, Kim, dans les couloirs, soit elle lui jette un regard noir soit elle l'ignore. Jamais plus elles ne se parleraient, et pourtant elles devaient continuer à partager leur famille, leur école, leur dortoir et surtout leur frère. Livy planta son regard dans celui d'Elliott et s'aperçut qu'elle retrouvait un peu de Stefan en lui. Elle ne savait pas exactement quoi, mais il lui rappelait son tendre frère. Elle regretta soudain d'être restée pour Noël au château. Agissant ainsi elle avait évité sa mère et sa soeur, qui était trop jeune pour rester à Poudlard, mais avait aussi raté la visite surprise de son frère. Il était venu chez eux pour faire plaisir à tout le monde et avait fait part de sa tristesse à Livy par une lettre envoyée le jour de noël en guise de cadeau. Livy avait pleuré un moment dans son lit en lisant les mots déçus de Stefan. Elle lui avait répondu sur le moment, tachant le papier que quelques larmes, mais elle n'avait jamais eu de réponse. Depuis, elle évitait tout contact avec sa famille. Seul maintenant elle avait revu sa mère et sa soeur pour les vacances obligatoire et avait apprit une nouvelle des plus désastreuse. La vipère avait beau être fourbe, manipulatrice, menteuse, habile, calculatrice, orgueilleuse, méchante et tant d'autre chose, elle n'en était pas moins triste.
Fermant doucement les yeux à ces pensées, elle remercia silencieusement ces amis d'être là pour elle.
Livy n'avait parlé à personne de la fabuleuse idée de sa mère. Idée déjà organisée qui n'avait sussité l'avis de personne et encore moins de la principale intéressée. La vert&argent fulminait mais était surtout triste d'avoir si peu d'amour de la part de sa mère. Au matin avant de partir rejoindre le Walker, elle avait envoyé un hiboux à son frère pour lui parler de tout ça et surtout vider sa haine qu'elle portait à Kim, qui n'avait rien trouvé d'autre à faire la veille que se plaindre à leur mère qu'elle n'avait pas de chance et que Livy avait toujours était la favorite. Elle avait quitté le salon d'été en faisant semblant de râler et en claquant la porte, elle avait fait un clin d'oeil à Livy. Tout ça pour lui signifier qu'elle était la petite favorite et s'en portait bien.

Elliott sorti la jeune fille de ses songes, et elle le remercia mentalement pour ça. Elle en avait assez de s'apitoyer sur son sort, elle voulait arrêter de vivre au grés des humeurs de sa famille. Elle voulait être elle-même pour elle seule. Ne pas avoir à s'occuper de l'avis de tel ou tel chef de famille haute placée dans le Ministère histoire de cirer les pompes. Après tout, elle avait un sang pur, très pur et ce depuis des génération. Il y avait peut être eu un ou deux moldu dans l'histoire des Melrose mais depuis, le sanf avait été épuré. Jamais elle ne toucherai un moldu, elle se l'était juré à l'enterrement de son père, mais jamais elle ne se plierai au régime presque monarchique des Sang Purs.

" Tu pourras m'en parler plus tard si tu veux. "

Elliott laissait donc tomber pour le moment. Livy trouva ça nul, elle aurait aimé qu'il cherche à savoir, qu'il soit un peu plus tenace, mais non, après tout, il ne pouvait être que comme les autres, à la craindre dès qu'elle prenait un ton froid. Tous son comme ça, à croire qu'elle aller le bouffer si il insistait. Livy admit que peut être elle se serait énervée et l'aurai insulté, mais au final elle se serait livrée. Walker déçu Livy même si au fond elle apprécia le fait qu'il lui propose d'en parler plus tard. Au fond, c'était peut être plus une marque de respect que de crainte. Faire de lui le jouet dans désiré serait aisé si il continuait comme ça, et ça serait encore pire si il la respectait. Cet homme, Livy en avait pitié. Qu'il fonce comme ça dans ses filets était bien plus idiot que tout ce que la vipère aurait pu imaginer. Se confier à lui, lui donner des courses à faire, se pavaner à son bras, s'abreuver de son savoir … et par dessus le marché il était beau ! Le pantin parfait, près à l'écouter et devenir son confident, près à faire se qu'elle lui demanderai sans poser trop de questions et fier de se tenir à ses côtés. La Melrose ne voyait que des bon points. Ça serait peut être lassant à terme, mais elle s'en fichait. Il partirait en fin d'année, ça lui suffirait pour le moment. Elle se dit qu'elle allait le regretter, sans doute oui, on ne trouve pas pareil chevalier à tous les coins de rues...

La question sur la religion fusa toute seule, cela intriguait la Melrose mais surtout, ça la gênait. Si il servait tant que ça le Dieu de ces foutu moldu, elle allait devoir faire en sorte que ça change. Peut être trouverait-elle le moyen de lui faire oublier la religion. Quand il répondit, elle remarqua qu'il était tout à fait honnête.

" J'ai été élevé par ma cousine. Elle est moldue, et c'est elle qui m'a initié aux préceptes, et comme je lui devais beaucoup, j'y ai au début adhéré plus pour lui faire plaisir qu'autre chose. En fin de compte, je suppose que j'ai fini par y croire moi aussi, c'était devenu tellement normal pour moi... mais maintenant je ne sais plus exactement. "

Il avait donc vécu avec des moldu et sans doute les respectait-il. Oui, c'était certain. La Melrose grimaça et repoussa son verre de jus de citrouille. La seule chose qui fit que Livy reprit une attitude normale fut la dernier partie de la fin de sa réponse. Il ne savait plus où il en était ? La vipère esquissa un sourire presque invisible de satisfaction. Lui poser rendez-vous aujourd'hui, jour du soi-disant Seigneur, avait été le premier test qu'il avait brillamment passé en acceptant la proposition. Ainsi, elle avait vu qu'elle avait le dessus sur le Dieu.

- Ah, j'ignorais pour ta cousine. Tu sembles avoir un environnement familial complexe ..

Livy se retint de mette l'intonation interrogative à la fin de sa phrase pour essayer de tenir les règles de son propre jeu. Quand Elliott enchaina à son, tour, la vipère siffla un moment Dès le second round il la poussait à mentir. En fait, elle ne savait pas trop quoi dire vu qu'elle avait fait la garce en public en le larguant.

" Ce garçon à Serdaigle... tu as eu une histoire avec lui, non? Comment ça s'est terminé? "

- Hum, Sebastian... Oui, en effet. Ça a duré un moment, je ne l'ai pas vraiment caché. Après ça s'est mal finit. On a mal vécu l'été, j'ai appris une chose humiliante, et au final, j'ai laissé mon caractère volcanique prendre le dessus. J'avoue, j'ai crisé devant les gens et plutôt que de m'humilier avec la vérité, j'ai joué la garce pour le blesser.

C'était presque la vérité, mais elle avait caché le fait qu'elle avait tout le long joué avec le Serdaigle, qu'elle ne l'avait jamais aimé mais qu'elle avait adoré le manipuler avec ses sentiments. Tout ça n'étaient pas des choses à dire au prétendant au rôle de pantin !
Premier mensonge du rendez-vous, jusqu'où allait elle bien devoir aller pour parvenir à ses fins ? Sans doute au delà de cinq.

Il était tant de flatter son égo, histoire d'assurer un peu de ses arrières.

- Dis moi Elliott, qu'est ce qui te plait chez moi ? De multiples rumeurs à faire fuir le pire des psychopathe courent sur moi à travers tout le château, tu devrais pas être là en temps normal.

C'était une question qui la taraudait beaucoup depuis un moment. Pourquoi un type comme lui s'accroche à une fille comme elle ?

" Ta franchise, tu dis ce que tu penses et tu ne te formalises pas des conséquences que peuvent avoir tes mots. Puis ta spontanéité, et le fait que tu ne t'encombres pas de principes inutiles. Et ta manière de danser. "

Livy fut légèrement surprise mais ne laissa rien paraître. Elle esquissa un petit sourire en se dandinant sur sa chaise. La franchise qu'Elliott avait fait apparaître à cet instant désarma un peu la jeune vipère. Si il pouvait être si franc, à quoi bon tourner autour du pot. Livy cligna lentement et lorsqu'elle trouva la réponse, elle serra discrètement un poing. C'était un gentlemen, tout simplement. Un gentlemen naïf comme pas deux par contre. Oui, Livy était du genre franche, seulement dans son intérêt. Elle pourrait tout à fait mentir à tire larigot pour obtenir son plus cher désir. Dans la situation actuelle, elle avait décidé de ne créer de mensonge qu'aux moments nécessaire, et elle s'y tiendrait. Elle savait très bien que si elle était trop différente de la réalité, il le sentirai. Naïf oui, idiot pas tout à fait. La vert&argent décida de garder le silence face à cette réponse pour le moins étonnante, mais ne se priva d'un petit sourire en coin. Lorsque vint enfin le tour d'Elliott pour poser sa question, Livy crut voir un petit truc dans ces yeux. Quoi, elle n'en savait rien, mais juste avec ça elle avait deviné qu'il allait changer de sujet. Complètement.

" Dis moi, le bal de fin d'année... tu comptes t'y rendre avec qui? "

Pas vraiment étonnant venant de la part d'un type comme Walker, plus que fou de la belle vipère. Elle se sentit flattée alors qu'il n'y avait rien, pas de compliment ni même une allusion. Juste que ça la confortait dans sa pensé : Elliott intéressait vraiment beaucoup à elle. Trop pour lui, ça n'était pas sain, mais ça elle se garderai bien de le lui dire. Après tout, si elle voulait en faire son pantin, elle devrait jouer franchement mais finement.

- Tiens c'est drôle que tu en parles, fit Livy dans un tout petit sourire, j'ai passé la soirée d'hier à prouver à une amie que se rendre seule à un bal n'est pas la fin du monde. Elle n'a pas de petit ami et ne veut pas « s'afficher » comme elle dit... 

Livy était un peu partie en déviance et songea à Cali, son amie de 4em année qui pleurait pour un oui ou pour un non. En dehors du fait d'être une vrai méchante, elle était solitaire et pleurnicharde. Déprimant pour Livy mais celle ci passait outre car Cali pouvait se montrer très pratique. Parfois, quand la vipère avait la flemme de faire quelques chose, de dire ses quatre vérité à un abrutis, elle le faisait faire à la petite rousse. La pauvre, en plus d'être trop émotive, elle avait une couleur de cheveux atroce. La Melrose pensait d'ailleurs que la pauvre Serpentard était bien trop laide pour trouver un homme, et que c'était pour ça qu'elle irait aux bals seule. Personne n'invite une fille comme ça. Soudain, Livy remarqua que malgré sa beauté, les invitations ne s'étaient pas bousculées au portillons. Peut être deux ou trois, qu'elle avait refusé, mais pas plus. S'afficher dans un bal est grisant, mais avec un bon cavalier c'est mieux. Et si celui-ci pouvait être le Walker, ça serait le gros lot. Livy rajouta un objectif à sa journée, en dehors de celui qui voulait conclure dans la soirée : se faire inviter au bal par le chef des blaireaux. Elle avait conscience que ça n'était pas un challenge très difficile, mais c'était un enjeu tout de même. Livy se sentit soudain en puissance, fière d'elle. Quelque peu rassuré, elle reprit de l'assurance quand à son motif de base : faire de lui un pantin.

- Je n'ai pas de cavalier non plus, j'irai donc seule moi aussi. Ça n'est pas la mort, mais pour le bal de fin d'année, c'est beaucoup plus intéressant de s'y rendre en duo. 

Livy avait faillit dire « grisant » et « couple » mais pour une fois, elle avait réfléchit avant de parlé, pesé ses mots et choisis ceux qui correspondaient le mieux. Grisant n'aurai pas été une bonne idée pour le simple fait qu'il faisait passer le bal d'un événement amusant à un événement où il faut être bien pour se montre, se pavaner. Couple, c'était encore trop tôt, et même si cela avait mis la puce à l'oreille du Walker quant aux intention de la Melrose, celle ci savait très bien qu'elle n'en avait pas besoin. Walker était raide dingue d'elle, il y allait forcement se passer quelque chose entre eux. Livy n'aurait sans doute pas besoin de sortir l'artillerie lourde pour arriver à conclure.

- Et toi ? C'est ton dernier bal me semble-t-il, tu vas sans doute vouloir en profiter pour marquer le coup … non ?

Livy était consciente qu'il y avait deux questions, mais elle savait qu'Elliott n'allait pas en tenir compte. Après tout, la première était principale, la seconde ne faisait qu'accentuer un certain points, points que la Melrose voudrait développer. Au bal, on se met sur son 31, on danse, on mange, on parle et surtout, on se montre. Mieux on est accompagné, plus on est observé, envié, jalousé, complimenté. Le cavalier, ou la cavalière, fait presque tout, et ce sont souvent les ingrédient d'une soirée mémorable.