Ce matin, il avait vraiment fait un temps de chien. Toute la matinée, il n'avait fait que pleuvoir. Je n'avais pas osé mettre le nez dehors, et surtout, je priais pour que Lilly ne sorte pas. A chaque fois, je passais un temps fou à la sécher. Elle avait beau être petite en taille, n'ayant que peu grandi, mais elle retenait très bien l'eau, sans que je ne comprenne réellement comment elle faisait. Dès le début de l'après-midi, cependant, tout changea. Il fit un soleil radieux, plus un seul nuage n'était présent dans le ciel. Un temps parfait pour aller faire une petite balade dans le parc. Néanmoins, je décidais tout de même de me couvrir. Peu importe s'il faisait beau. Je tombais facilement malade en ce moment, et je ne comptais clairement passer encore plusieurs jours au lit, tout simplement car j'étais sortie sans rien sur le dos. Avec plusieurs couches sur le dos, je pouvais finalement sortir. Et au moment même où je sortais de la salle commune, je tombais nez à nez avec Lilly, qui me regardait avec sa fierté habituelle. Je la prenais contre moi, et la logeais entre mon écharpe et mon manteau pour qu'elle puisse être au chaud, puisque visiblement, elle ne voulait pas retourner sur mon lit. J'allais donc faire une petite balade avec elle. Heureusement qu'elle était petite en taille, sinon je pouvais dire adieu à ce genre de moments. Je ne comprenais même pas pourquoi elle n'avait que si peu grandi.

Le nez dehors, je sentais qu'il ne faisait pas si froid que ça, mais au moins, j'avais pris mes précautions. Il valait mieux en avoir trop sur le dos que pas assez. J'étais donc là, dehors, avec ma chatte sous mon écharpe, cherchant à me promener dans le parc. Ainsi, elle ronronnait contre moi, et j'adorais ce son. Il m'aidait vraiment à m'endormir le soir, surtout quand la douleur se faisait de plus en plus présente. Malgré tout ce que je devais ingurgiter au quotidien, il n'y avait pas grand chose d'assez puissant pour faire effet rapidement. Je n'avais donc pas d'autre choix que subir, en silence. Je cherchais un parcours que je faisais d'habitude lorsque je n'avais pas grand chose à faire. J'aimais bien le parc, c'était calme et reposant. Surtout quand il faisait aussi beau. Grâce à ça, je pouvais penser à autre chose. Je ne pensais pas du tout à ma démarche, je n'y prêtais plus attention, sauf quand mes jambes commençaient à me faire mal. Pour la plupart des gens, je marchais bizarrement, mais j'avais l'habitude maintenant. Donc, pour moi ce n'était un problème que lorsque la douleur apparaissait.

Dans un coin, je me mis accroupie, sortant Lilly de sous mon écharpe. Dans la poche de mon manteau, j'avais toujours l'un de ses jouets. Une espèce de bouchon entouré d'une ficelle. Par moments, je me demandais comment quelque chose d'aussi artisanal pouvait amuser un chat. Mais tant que cela marchait, je n'avais pas vraiment de questions à me poser. J'agitais donc cette ficelle au dessus de son nez, et elle était partie. Il y avait un peu d'herbe sèche, donc je décidais de m'asseoir en tailleur devant elle. Sa patte essayait d'attraper ce bouchon, sans vraiment y parvenir. Et c'était ce qui l'amusait. Essayer de l'attraper. De temps à autre, je tendais mon bras, et elle marchait dessus comme si c'était une poutre d'équilibriste. J'adorais cette petite, elle avait toujours le don de me donner le sourire, sans que je ne lui demande quoi que ce soit. J'étais donc là, à jouer avec mon chat quelque peu, histoire de reposer mes jambes, en attendant que mon esprit se décide à me dire de me remettre en route.

La douceur de cette journée était suffisament rare ces temps-ci pour être soulignée. Il faut dire que le mois de février avait été vraiment rude et bien que Moïra n’avait rien contre le froid, la pluie ou le brouillard dont elle avait l’habitude dans son Ecosse natale, elle n’était pas mécontente que le soleil ait enfin pointé le bout de son nez.

C’est ainsi qu’elle décida de sortir se balader. Elle aimait tant la nature que c’était chez elle un véritable besoin que de pouvoir s’y perdre. Malheureusement il n’y avait pas la mer autour de Poudlard. Aussi, le doux rafût des vagues qui s’éclataient contre les falaises près de chez elle lui revenait souvent en mémoire à défaut de ne pouvoir assouvir ce besoin de les entendre réellement. Mais soyons honnêtes, les paysages qu’offraient les abords du château étaient malgré tout somptueux et elle s’en délectait chaque fois.

Comme à son habitude, Cobalt, son élégant chat à la couleur gris-bleuté, la devançait non loin. Moïra aimait le suivre sans se poser de question et le félin semblait parfaitement s’en accomoder d’ailleurs. Il avait été ainsi depuis plusieurs années à présent, c’était en quelque sorte leur petit rituel. Qui plus est, Cobalt arrivait toujours à entraîner sa jeune maîtresse dans des aventures incongrues mais passionnantes, ce qui avait toujours fait râler ses parents, agacés de voir revenir leur fille dans un état proche d’une enfant sauvage.

Le vent soufflait mais il n’était pas très froid. Tant mieux, Moïra n’avait pas du tout pensé à prendre son écharpe. Elle marchait tranquillement lorsqu’elle vit son compagnon à quatre pattes se stopper net. Il s’abaissa lentement dans l’herbe. Moïra flêchit à son tour ses genoux afin de ne pas effrayer quelconque proie repérée par Cobalt. Elle vit le derrière du chat remuer de droite à gauche de plus en plus rapidement puis enfin, il s’élança à toute vitesse, prenant l’enfant de court. Elle entama elle aussi sa course, cherchant des yeux l’animal quand elle tomba nez à nez avec une jeune femme et son chat.
Cobalt était là, en train de jouer avec ce qui semblait probablement être un jouet ainsi que l’autre chat, bien plus menu que le sien, toute blanche exceptée sa queue qui, elle, était noire. Moïra, encore essouflée tourna son regard vers la jeune femme littéralement emitoufflée dans son écharpe et un manteau qui paraissait bien trop chaud aux yeux de la gamine habituée aux températures très basses.

“Bonjour” , lui dit-elle. “Désolée, Cobalt n’est plus un chaton mais il reste très joueur. Il a visiblement aperçut ton jouet et ton chat depuis là haut !” fit-elle en pointant du doigt la petite colline d’où elle venait.
“Tu n’as pas trop chaud avec ce temps ?”

D’habitude, Moïra n’était pas du genre à aller facilement vers les gens mais le lieu, le soleil, les chats la mettait de si bonne humeur qu’on put même voir son visage esquisser un petit sourire enfantin.

Alors qu'elle jouait sur mon bras tendu, je souriais. Il lui en fallait peu, et à vrai dire, la voir comme ça me rendait heureuse. Au moins, elle s'amusait, et c'était l'essentiel. Il ne manquerait plus qu'elle s'ennuie, et là, j'aurais des questions à me poser. Je la connaissais par cœur, et rien qu'en la regardant agir, je savais ce qu'elle voulait, et quel était son état d'esprit. Je me demandais aussi comment elle faisait pour supporter l'hiver, car elle n'était pas bien épaisse, même pour son âge. Mais si elle y arrivait, je n'avais pas vraiment de soucis à me faire. Elle ne rentrait jamais en tremblant, donc, je supposais qu'elle arrivait tout de même à s'en sortir dehors. Alors qu'un coup de vent se fit sentir, je rapprochais mon écharpe de ma bouche et de mon nez, afin de les couvrir entièrement, de ma main libre, mon autre bras étant squatté par Lilly. Ceci dit, je ne m'attendais clairement pas à entendre une voix derrière moi.

En me retournant, il y avait une fille. A en juger par les traits de son visage, elle devait être extrêmement jeune. Sûrement une première ou une seconde année. Ceci dit, je me posais une question. Que pouvait-elle bien faire dehors par un temps pareil? Je n'étais certes pas une référence en terme de froid, mais là, je commençais à bien avoir froid. Constatant que Lilly n'était plus sur mon bras et s'était réfugiée temporairement derrière moi à cause de la surprise, je baissais mon écharpe et pris mon chat contre moi.

- Oh, bonjour. Ne t'en fais pas pour ça, elle n'aime juste pas la surprise. Elle adore les autres chats ceci dit. Néanmoins, pou répondre à ta question, je suis frileuse. Je n'avais pas vraiment envie de donner la véritable raison, surtout à quelqu'un que je ne connaissais pas. Dire quelque chose comme ça se rapprochait peu de la réalité, mais au moins, c'était crédible. - Il ne fait pas si froid que ça aujourd'hui, mais je préfère prendre mes précautions. Et au moins, ça lui fait un abri. Je pointais mon chat du doigt, comme pour me dédouaner de ce que je venais de dire. Par moments, je transmettais la responsabilité des évènements sur son dos. Elle ne s'en rendait pas vraiment compte à vrai dire.