En ce weekend d’après-Saint-Valentin – ou post-apocalyptique -, je n’avais jamais été aussi fatiguée. Plus qu’une fatigue physique, c’était surtout une fatigue morale. Je me sentais déphasée. Quant à mon sommeil, j’en manquais tellement que je m’assoupissais bien souvent dans le canapé de la Salle Commune. Bizarrement, j’avais du mal à dormir dans un lit, en particulier celui de mon dortoir. Il fallait dire qu’il était difficile de s’y rendre quand il s’agissait d’éviter une certaine personne…. Quant aux devoirs infinis, la simple idée d’y penser m’épuisait. Néanmoins, à l’inverse de Prudence et Wyatt qui étaient toujours aussi assidus, malgré leurs problèmes personnels, je devais reconnaitre que je faisais preuve de mauvaise volonté. J’étais moyenne à tous les niveaux, certes. Cela dit, rien ne m’empêchait de trouver une source de motivation, ou de demander de l’aide. Après tout, les élèves de ma maison étaient si serviables !

C’est pour cela que vendredi soir, désespérée après tant de travail donné pour le weekend, j’avais couru demander de l’aide à Mélusine, l’équivalent d’une grande sœur super géniale et attachante. Ce que je l’adorais ! Elle me demandait toujours si j’allais bien, et si j’avais besoin d’aide pour quoi que ce soit. Ce qui était franchement le cas ce weekend-ci. J’avais énormément redouté sa réponse après le chaos de la Saint-Valentin, mais elle avait répondu par l’affirmative qu’elle m’aiderait avec grand plaisir. C’est donc chanceuse et emplie d’un élan de motivation que nous nous rencontrâmes pour une séance d’aide aux devoirs le dimanche après-midi, dans la Salle Commune. La majorité des élèves étant de sortie, et les autres travaillant à la bibliothèque, nous disposions d’une ambiance spacieuse et chaleureuse pour bouquiner.

Toutefois, lorsque Mélusine me rejoignit, je compris que la déprime n’était pas passée. Et quel euphémisme ! Sur le moment, alors que je lui exposais mes difficultés, je crus bon de juger que vraisemblablement, la 7e année avait seulement besoin de se changer les idées. Je n’avais pas bien compris ce qu’il s’était passé à la table des Serpentard le jour de la Saint-Valentin. Mais c’était sûrement un énorme malentendu ? La réponse me paraissait évidente. Mélusine ne se faisait pas d’ennemi. C’est simple : elle n’en avait pas. Elle était la bonté et le pacifisme incarnés !

« Quand le professeur Burgess nous a recommandé de faire des recherches sur les propriétés de la Mandragore, je ne m’attendais pas à devoir remplir deux pages de parchemin-

- Eli je… je suis désolée je crois que… je suis pas du tout concentrée…et- » Elle s’interrompt, les larmes aux yeux, prête à craquer au moindre instant. Je la regarde attristée, sachant exactement de quoi il en retourne, mais impuissante. N’ayant pas bien compris les propos échangés lors de ce repas, la scène dans laquelle Mélusine jette de l’eau à la figure de Cruz Rosewood repasse dans mon esprit. « Je devrais pas me soucier de ce qu’il s’est passé, mais… je peux pas. » Elle ne se sent vraiment pas bien, je peux clairement le voir. Elle s’excuse, rongée par la culpabilité : « Je suis désolée… je peux pas t’aider aujourd’hui, je suis vraiment désolée ». Mais alors que j’esquisse un geste pour l’aider, elle me devance en se relevant et monte rapidement les escaliers en direction de son dortoir. J’entends ses pas s’éloigner sur le parquet, et puis c’est le silence.

Je reste seule, debout au beau milieu de la Salle Commune. Je suis empreinte à de profondes réflexions qui me peinent plus que je ne pourrais l’admettre. C’est la première fois que je vois Mélusine aussi fragile, aussi perdue, aussi triste… Il y a tellement de choses que j’aimerais lui dire, tant pour la réconforter, pour lui dire que ça va passer, que pour lui faire regagner cette confiance en elle qui m’inspire. Déterminée, je monte les escaliers comme une fusée et, arrivée devant la porte de son dortoir, je m’arrête net en entendant des sanglots. Ce que c’est triste ! D’un geste assuré, j’ouvre la porte à grande volée, sans même toquer. Je rejoins mon aînée en quelques secondes – faisant fuir Moon au passage – et tandis que je scrute les larmes qui sillonnent son beau visage, je m’écrie :

« Ce n’est pas ta faute ! Pas ta faute, Mélusine ! Je veux qu’elle m’entende bien, que je suis sérieuse, alors j’accentue chaque syllabe. On t’a fait des reproches après le chaos de la Saint-Valentin, c’est ça ? Juste parce que tu n’étais pas toi-même ? Mais personne ne l’était ! Te souviens-tu au moins de ce qu’a fait le professeur Mandrake ?! Ça c’était du lourd ! » Je crie presque cette dernière partie de mon propos, toujours en colère contre le professeur de DCFM. Je tente de reprendre mon souffle, de me calmer. Ce n’est pas de lui dont il est question, mais de mon amie. Et elle a besoin de moi. Maintenant.

« Mon p’tit chat. » dit Mélusine en s’avançant vers moi – croyant qu’elle s’était adressée à Moon au départ. Les larmes sur le point de couler, je vis bien qu’elle s’efforçait de les retenir, puisant dans le dernier brin de force qu’il lui restait. D’une infinie tendresse, elle me prit dans ses bras tout en me gratouillant le dos, dans un geste de réconfort – ce n’était pas plutôt à moi de la réconforter ? Au lieu de cela, je m’étais emportée, fustigeant au passage mon professeur de DCFM. Néanmoins, les paroles prononcées par ma tutrice étaient pleines d’espoir : « Tu as entièrement raison Eli… Je devrais pas faire attention, j’devrais… laisser couler et oui, on a tous été traumatisé par c’te soirée bizarre. » Et tandis que je fus sur le point d’ajouter quelque chose, elle m’embrassa le front, m’enchanta d’une caresse sur le visage et, sa main dans la mienne, elle nous conduisit à son lit sur lequel nous prîmes place. « En ce moment, c’est compliqué pour moi, se confia-t-elle, ma main dans les siennes, ya énormément d’choses qui arrivent et ça arrête pas de s’enchaîner. »

J’écoutais attentivement les propos de ma grande sœur d’école. Je n’avais aucune idée à quel point elle souffrait, jusqu’à quel degré elle s’enlisait dans la solitude. Même lorsqu’on se côtoie, on ne peut pas toujours prendre conscience de la peine de notre entourage. « Autant avant, j’en aurais rien à faire autant là, je sais plus comment je dois réagir, c’est devenu compliqué. Je crois qu’il faudrait que je tape aussi du poing sur la table ça m’ferait du bien je pense. » Je n’osais l’interrompre, désireuse de savoir où elle voulait en venir. Elle me sourit de manière complice, me fit un clin d’œil, et délaissa ma main avant de se munir d’une jolie boîte en bois posée sur sa commode. Elle en extirpa une photo qui m’intrigua au plus haut point. C’était une photo de famille qui datait de plusieurs années aux vues de l’âge de Mélusine. Mes yeux furent naturellement attirés par une belle femme blonde âgée d’une trentaine d’années tout au plus. « C’est ma mère… répondit Mélusine à ma question muette. Mon père l’a tué avant que je n’entre à Poudlard… »

Et tandis que mon aînée m’expliquait les circonstances de la mort de sa mère, qu’elle était une cracmole, et qu’elle avait fuis sa famille pour avoir une existence plus sereine, cet aveux « Mon père l’a tué… » ne cessait de tourner en boucle dans ma tête. Comment les choses pouvaient-elle tourner ainsi ? Y avait-il de la justice divine dans ce monde ? Restait-il encore un peu d’espoir ? Mélusine se redressa soudain et retira les longues mèches qui parsemaient son visage. Cela me tira de mes sombres pensées, mais seulement durant quelques instants. Mélusine me raconta que sa mère aurait été à Serdaigle si elle avait étudié à Poudlard. Mais je ne l’écoutais qu’à moitié, rongée par quelque chose qui ne demandait qu’à sortir. « J’lai jamais dit à qui que ce soit, continua Mélusine. J’me suis jamais confiée, j’me suis jamais ouverte, ça t’as pu l’remarquer. Avant, j’avais pas de réelle famille à part vous, mais je savais pas comment vous aborder, j’ai toujours eu du mal avec les gens et j’aimerais changer ça. Merci Eliana. »

Et là, tout fut de trop. Je craquai. J’explosai en larmes, tandis que j’enfouis mon visage dans le cou de Mélusine. Je l’enlaçai fortement, comme pour partager toute la peine qui me parcourait en cet instant. Je ne sus combien de temps nous restâmes ainsi, mais je me trouvais si pitoyable. C’était à moi de la réconforter, de dire les mots qu’il fallait, de lui redonner le sourire, non l’inverse ! « Dé-désolée ! finis-je par formuler après d’innombrables sanglots. C’est ce… C’est si triste ! ». Une idée horrible me traversa l’esprit à ce moment-là : et si mon père, disparu sans laisser de trace depuis dix ans, en avait fait de même avec ma mère ? Et s’il l’avait… ? Je me fis violence pour ne pas penser à ce terme immonde. Mais le fait est que j’étais curieuse à propos des cachoteries de mes grands-parents sur une partie de cette histoire. Je me promis à moi-même de tirer toute cette histoire au clair. Un jour…

Après ce moment d’abattement, Mélusine eu la bonne idée de nous changer les idées. « C’est mon cousin qui m’a trouvé, on a quasi la même tronche. Il est chiant, mais il est adorable. » dit-elle avec entrain en me montrant une photo d’elle et dudit cousin prise à Pré-Au-Lard. « C’est tellement… pittoresque ! m’exaltai-je. Dommage qu’on ait pas le droit d’y aller avant la 3e année ! » Nous rîmes de bon cœur. C’était bon de ressentir autre chose qu’un sentiment de profonde injustice. « Désolée d’être partie comme ça… mais j’vais t’aider. – Tu n’as pas à t’excuser ! On est tous vulnérables à un moment donné, on a le droit de craquer ! Et t’en fais pas pour mes devoirs, je les terminerai tout à l’heure. Et si on parlait d’autre chose ? Nous échangeâmes un sourire complice. Je sais pas moi, envie de partager des secrets amusants ? Des potins croustillants sur l’école ? Qui commence ? »

J’avais écouté avec beaucoup de peine les propos que Mélusine me confia vis-à-vis de sa mère. La mienne morte en me mettant au monde, mon père disparu depuis mes deux ans, je ne savais pas ce que c’était de grandir avec ses parents, et encore moins de les perdre. Le vide et l’absence avaient toujours été comblés par mes grands-parents : ils étaient mes parents de substitution. Et cela me suffisait. J’étais comblée. J’étais heureuse. C’est pourquoi, j’éprouvais davantage de chagrin quand la 7e année me parla de cette flamme éteinte à jamais. « Tu as raison d’en parler. C’est toujours mieux dehors que dedans ! » lui avais-je assurée le regard triste, mais d’un sourire destiné à être encourageant, avant que je ne fonde en larmes. Jamais je n’aurais cru que Mélusine soit si seule, si brisée…

Après ces larmes et confessions, la parole libéra mon amie qui eut l’air plus sereine. Il était temps de passer à des choses plus légères, plus joyeuses. Cela me réchauffa le cœur de voir le large sourire et d’entendre le rire de mon amie. Plus de maudite Saint-Valentin et plus de pensées morbides. Juste des rires et des potins. Potins dont Mélusine n’était pas très friande. « Entendu. Je me lance ! » lui répondis-je avec entrain. « Hum… Alors... Oh ! Tu savais que le préfet des Serdaigle en pinçait pour une de ses camarades de classe, une certaine Narcissa Breckenridge ! Ce n’est pas comme si ce genre de rumeurs m’intéressaient tout particulièrement, mais comme tout le monde les a vu s’embrasser au bal de Noël… Enfin, ce n’était pas eux mais leurs corps. Et à ce qu’il parait, ça aurait instauré un véritable malaise entre eux, encore plus qu’avant. Il y a de l’amour dans l’air ! » m’exclamai-je avec un grand sourire joueur. Mais je me repris en voyant l’air peu amène de ma grande sœur, un peu comme si cette rumeur était d’une banalité sans nom. Et en même temps, elle l’était. Et peu m’importait, je voulais juste continuer à la faire sourire : « C’est Prudence, une copine de Serdaigle, qui m’a dit ça. Il paraît que ça papote beaucoup dans la Salle Commune des Serdaigle ! ».

J’aurais bien aimé lui faire part de mes révélations sur Logan Light et sur son petit-ami caché, mais je pressentais que ce n’était pas mon rôle. Et pour cela, j’attendais avec impatiente de lire le prochain numéro de la Gazette de Poudlard pour y voir ce fait particulièrement fascinant. Cela dit, les potins n’étaient définitivement pas la tasse de thé de Mélusine. Et elle voulait juste me faire plaisir en m’écoutant. Pour ma part, je souhaitais apprendre à la connaître davantage. « Dis-moi, et si on s’échangeait des choses sur nous chacune son tour ? Mais des choses insolites, des choses que pas tout le monde sait sur nous ? T’es partante ? Je commence pour donner le change. » Je marquai un moment de pause ponctué par une réflexion rapide avant de lâcher : « Récemment, je me suis rendu compte que j’aimais bien une fille de ma classe… Et… tu es la première à le savoir… ». Je n’avais jamais autant rougi de toute ma vie. D’ailleurs, à ce moment-même, je faisais tout pour éviter le regard de mon aînée. « À ton tour ! »

J’aimais beaucoup Moon. Elle était belle et d’un caractère bien à elle, facilement reconnaissable parmi les autres chats du château, surtout à ses longues oreilles et son air majestueux. Elle était d’une intelligence vive aussi et me regardait discuter avec Mélusine, attendant que je l’agrémente de caresses de temps à autre. Ce que je faisais sans concession, lui frottant son ventre au poils longs. Heureusement que Tommy n’était pas là, il aurait peu apprécié lesdites caresses sur un autre que lui. Tommy était adorable quoique bien indépendant, mais au tempérament jaloux, se sentant en compétition dès qu’un autre chat me tournait autour à moins de deux mètres.

Affreusement gênée d’avoir avouée mes sentiments pour ma camarade de dortoirs à ma grande sœur, j’attendais avec beaucoup d’appréhension sa réaction, redoutant qu’elle ne prenne ma révélation pour une blague histoire de détendre l’atmosphère. Je la regardais, un léger sourire maladroit sur les lèvres, les yeux au regard prudent. Mélusine me regarda d’un air stupéfait lorsque je lâchai tout. Je ne l’avais jamais vu comme ça pour quelque chose me concernant. Et je ne savais pas du tout comment je devais le prendre. C’est pourquoi, affreusement gênée tout à coup, je passais rapidement à elle, je voulais en savoir plus sur elle et surtout, qu’elle s’ouvre à moi davantage. Elle pouvait se confier à moi, jamais je ne la trahirais en allant répéter ses secrets à qui que ce soit. Et puis, il valait mieux mettre de côté mes sentiments pour ma camarade de dortoir pour l’instant. Je n’étais même pas sûre de la nature de mes sentiments pour elle de toute façon…

Au tour de Mélusine, cette dernière rougit et haussa les épaules en déclarant : « Bah disons que… je rêve beaucoup d’aventures. – Vraiment ? fis avec beaucoup de curiosité. Quels genres d’aventures ? – Au début, j’voulais devenir libraire, mais je sais pas, j’aimerais… je sais pas faire quelque chose de plus audacieux du coup je réfléchis à pouvoir m’épanouir dans quelque chose de plus fou. – Intéressant ! » m’exclamais-je. Je ne m’attendais pas à ce genre de révélation, mais tout était bon à prendre, car je savais que ma grande sœur était quelqu’un de très sincère. Soudain, en repensant au fait que c’était déjà sa dernière année au château, un air triste se dessina sur mes traits et je lui confiai, à mon tour : « En tout cas, quoi qu’il arrive, je sais que tu écoutes assez ton cœur pour prendre la bonne décision concernant ton métier d’avenir ! Et je suis sûre que tu seras épanouie, là-dessus, il n’y a pas de doutes ! ».

Nous continuâmes sur les révélations et au fur et à mesure, ces dernières devinrent de plus en plus surprenantes. C’est alors que nous dérivâmes sur le ténébreux bibliothécaire : « Ah et les rumeurs sur Ethergsen sont complètement fausses, si tu dors à la bibliothèque, il te fait tomber des livres sur la figure… - Ah ah ah ! rigolai-je en imaginant la scène. Heureusement que je ne mets presque jamais les pieds là-bas ! Franchement, je crois que je suis allergique à tout lieu de savoir, et les bibliothèques doivent figurer au palmarès de mes lieux prohibés. » fis-je d’un ton faussement sérieux, mimant un air d’intense réflexion. « À mon tour ! m’écriai-je soudainement. J’ai entendu dire que la préfète des Serpentard craque complètement sur le gardien de son équipe, tu sais, le 7e année qui a des tatouages ? Comment il s’appelle déjà ? Hum… Bref… En tout cas, ça pourrait expliquer la réaction de Cruz à la Saint-Valentin parce que je ne l’avais jamais vu aussi… abattue. »

HRP:

Melu & Eli

Je crois que j'suis malade

Eliana avait l'air gênée, mais elle n'a pas à l'être. Je ne suis pas de ceux qui jugent les autres. Ce n'est réellement pas mon genre. Je la laisse cependant mener la discussion et c'est en haussant les épaules que je me confie « J'vais tet' visiter les Etats Unis, avec ma famille » lui dis je « J'aviserais après ce que je ferais. Rien ne pourrait me retenir ici, si ce n'est pas cousine. Avril June, la stagiaire psychologue de Poudlard » annonce je. Mais il n'y avait pas qu'elle. Il y a aussi Luca. Ou pas, je pourrais partir et vivre une nouvelle histoire d'amour et me dire qu'avec lui ce n'était qu'une amourette d'école. Mais non. Ce n'est pas que ça. Luca n'est qu'une simple amourette. Je souris à la remarque d'Eliana « Oh tu sais, j'sais pas vraiment ce que j'veux faire, faudrait que je songe à voir Glincka, il parait qu'elle est super pédagogue et qu'elle donne de bonne piste » fis je en riant. Je connaissais pas la conseillère d'orientation, mais quand je la croise, c'est vrai qu'elle a l'air gentil mais aussi ... fin' j'sais pas elle dégage un certain charisme quand même.

La discussion passe désormais aux rumeurs et j'en profite pour sauter sur celles d'Ethergsen qui passent. Je ris, amusée tout en dévoilant les vérités : quand on dort, on a des livres sur le coin de la tête qui nous tombent dessus ! Rien que d'y penser, je me marre. Je lève les yeux au ciel et souris « Bah ça va, hormi le livres des créatures magiques, ils sont pas dangereux et Ethergsen, même s'il parait un peu froid et antipathique, c'est pas un méchant » dis je en hochant la tête. Ooooh non. Pour avoir discuté en tailleurs sur une table avec lui dans la bibliothèque et avoir sa compassion, non il n'est pas du tout méchant. C'est alors que la discussion passa sur une autre rumeur ... Cruz ... Luca. Même si Eliana ne remet pas ce prénom, je sais de qui elle parle. Je déglutie, sers la mâchoire et fais comme si de rien était, ignorant le battement de mon coeur qui tape dans ma poitrine. J'hausse les épaules et arque un sourcil « Ouais, enfin, ya des rumeurs pas très cool qui tournent sur elle quand même. J'pense qu'il y a beaucoup de rageuses qui lui crachent dessus parce qu'elle a de la facilité à parler et à être complice avec les garçons » dis je ensuite en hochant la tête « Mais à la St Valentin, il parait qu'elle était sous philtre. T'as vu comment j'étais ? J'ai voulu me suicider à la petite cuillère ... A .. LA ... FICHUE ... PETITE ... CUILLÈRE ! » insiste je, l'index tourné vers moi avec d'abord un sérieux puis je me mets à rire en secouant la tête « Je crois que j'vais détester la St Valentin à jamais ! » dis je avec de grands yeux et en soupirant « Merci en tout cas, ça m'a fait du bien de parler et de me confier. Je crois que je réalise pas que c'est important d'être bien entourée » la remercie je en lui prenant la main pour la serrer avec douceur et reconnaissance. Oui, on l'a compris : je veux éviter le sujet Luca.

code par Nostaw.

[HJ : oui je me la pète en parlant d'Omb )

Je comprenais totalement les hésitations de Mélusine à propos de l’après-Poudlard. Et bien que son prochain départ me fasse mal au cœur, j’étais consciente de l’importance de cette étape. Une étape aussi bien cruciale qu’un passage obligé de la vie. D’après ses dires, elle songeait plutôt à voyager loin, autrement dit, à prendre une année sabbatique. J’avais entendu parler de beaucoup de jeunes sorciers qui avaient pris une pause dans leur vie après Poudlard, profitant de l’occasion pour faire le point sur leurs aspirations. À Poudlard, les choses semblaient s’être arrangées depuis quelques années, la conseillère d’orientation de l’école y avait acquis une bonne réputation. Du moins, d’après les rumeurs qui circulaient autour d’elle dans la Salle Commune. J’aurais voulu discuter avec Mélusine des options que je devais choisir dans les années d’après, mais ce sujet me rendait bien trop fébrile. J’avais bien noté que je n’excellais dans aucune matière, n’ayant aucun talent particulier. C’est pourquoi, il fallait que je corrige ce « problème » par un travail plus constant. Mais je n’étais pas une travailleuse née. Je songeais de plus en plus à faire un tour au bureau de Miss Glincka. Elle pourrait peut-être m’aider ? Mélusine, quant à elle, se demandait si elle devait aller la voir pour son cas : « Je pense que c’est une bonne idée aussi, et je suis sûre qu’elle te donnera des idées inspirantes ! ».

Nous déviâmes ensuite sur les révélations de Mélusine. Elles concernaient le bibliothécaire, M. Ethergsen. Effectivement, ce dernier n’avait pas acquis une réputation à la hauteur de celle de Miss Glincka. Qui plus est, comme Mélusine et beaucoup de mes amis le savaient, j’évitais soigneusement le chemin de la bibliothèque et par extension, du bibliothécaire. « Bah, ça va, hormis le livre des créatures magiques, ils sont pas dangereux et Ethergsen, même s’il paraît un peu froid et antipathique, c’est pas un méchant. » Comme réponse, je lançai un regard ahuri à Mélusine, l’air de me demander si elle n’était pas victime d’une potion de confusion. Enfin, j’abordai le thème des amours des Serpentard où j’évoquai la possibilité que Cruz Rosewood craque sur un élève de sa maison. « Ouais, enfin, ya des rumeurs pas très cool qui tournent sur elle quand même. J’pense qu’il y a beaucoup de rageuses qui lui crachent dessus parce qu’elle a de la facilité à parler et à être complice avec les garçons. – C’est vrai qu’elle a de l’éloquence. - Mais à la St Valentin, il paraît qu’elle était sous filtre. T’as vu comment j’étais ? J’ai voulu me suicider à la petite cuillère … À … LA … FICHUE… PETITE… CUILLÈRE ! » répétait Mélusine en accentuant chaque mot, se désignant de l’index. Son expression qui passa du sérieux au rire me fit froid dans le dos. Je ne savais plus si je devais rire avec elle ou non. De quoi donc parlait-elle ?!

« Je crois que j’vais détester la St Valentin à jamais ! Merci en tout cas, ça m’a fait du bien de parler et de me confier. Je crois que je réalise que c’est important d’être entourée. » Elle me prit la main et me remercia d’une douce pression du pouce. Je déposai à mon tour ma main libre sur la sienne, un sourire gênée à son égard – du moins, j’essayai de ne pas le montrer. Je pris conscience qu’une atmosphère étrange régnait depuis l’évocation de la dernière rumeur. Comme si ma grande sœur voulait à tout prix parler d’autre chose. Et puis, alors que les souvenirs de la Saint-Valentin revenaient à grande vitesse, une question perturbante s’imposa à moi. Avais-je dit quelque chose de mal ? J’avais fait allusion à Rosewood et à son soi-disant béguin. Une rumeur qui pouvait être infondée, comme tant d’autres. Et pourtant, je me remémorai très bien l’instant où Mélusine quittait notre table ce repas du 14 février, hypnotisée par la table des Serpentard. Je la voyais encore jeter ce verre d’eau à la figure de Cruz Rosewood. Et puis, je me souvenais du moment où Billie était revenue de la table des Vert et Argent, accompagnée d’une Cruz avachie. Et si… ? Bien-sûr, je pouvais me tromper, mais une question me démangeait, j’avais besoin de mettre en lumière ce point sombre qui triturait mes souvenirs. J’observai attentivement Mélusine, le cœur battant, prête à me jeter à l’eau. Pourtant, tout ce qui sortit fut : « Moi aussi je déteste la Saint-Valentin ! Je ne veux plus jamais en entendre parler ! Et sinon, tu aurais d’autres rumeurs en stock ? Pour ma part, je suis à court d’idées… ».

Une fois que Mélusine eut exposé son point de vue sur les mauvaises rumeurs concernant Rosewood, je vis son expression se renfrogner. J’ignorais totalement quel genre de relation avait les deux jeunes femmes, mais mon petit doigt me disait que si Mélusine prenait sa défense, cela avait probablement un rapport avec le repas du 14 février. D’autant plus que la Gryffondor l’avait traité de « vile catin ». À l’entente de cette injure, j’avais cru à une blague. Néanmoins, j’étais persuadée que ma grande sœur ne se rabaisserait jamais à ce genre d’insultes sciemment. Le philtre d’amour avait tout à voir avec cette histoire. Et les farceurs qui avaient eu l’ingénieuse idée de faire subir ce fiasco à toute la salle, y compris aux adultes présents, n’avaient clairement rien d’autre à faire de mieux. Je repensais à l’évènement avec amertume. Sans les excellents antidotes du professeur Burgess, je n’osais pas imaginer la suite du désastre.

L’atmosphère était tendue dans le dortoir, aussi bien pour Mélusine que pour moi. Quelle idée d’évoquer cette rumeur alors qu’elle renvoie inévitablement à des souvenirs peu glorieux ? Nous changeâmes de sujet à la demande de la 7e année : « tu sais ce genre de choses ce n’est pas ma tasse de thé, m’avait-elle confiée. – Hum… toutes ces histoires ne nous mènent à rien. Et si on sortait prendre un peu l’air ? Ça nous ferait du bien de se dégourdir les jambes, non ? » Je me levai du lit et m’étirai paresseusement. Je n’avais pas quitté le château de la journée, voire même de tout le weekend. Presque tous les samedis matin, Prudence et moi avions pris l’habitude de nous promener autour du Lac. C’était l’unique occasion de souffler après une semaine chargée de cours. Désormais, les beaux jours arrivaient et il était important de profiter au maximum du weekend. Je regardai Mélusine, une moue interrogative et à la fois encourageante. Elle avait eu une mauvaise semaine, mais raison de plus de se changer les idées.

« Tu sais, si tu pouvais redoubler l’année, ça m’arrangerait… révélai-je de but en blanc. L’école ne sera plus la même sans toi, je sens que je vais m’ennuyer de toi. » Je regardais un peu partout dans la pièce sans croiser le regard de mon interlocutrice. Cela ne me ressemblait pas d’exploser mes sentiments de manière aussi directe, mais la fin de l’année se rapprochait de plus en plus, et je voulais encore profiter de sa présence. Était-ce si égoïste ? Mélusine s’en irait dans quelques mois et je n’aurais peut-être que peu de nouvelles d’elle. « Tu m’écriras pendant tes voyages l’année prochaine, hein ? Et n’hésite pas à donner tous les détails : plus il y en aura, mieux ça sera ! »

Malgré son humeur maussade, Mélusine était partante pour sortir. Je laissai éclater mon enthousiasme dans un « Génial ! » tonnant. J’espérais au moins que cette petite escapade ferait du bien à la 7e année. Les jeux des « Apprend à me connaître » et « Pas de secrets entre nous » n’aidaient en rien à remonter l’humeur de la jolie blonde. Si seulement j’avais eu cette idée plus tôt : ce que je pouvais être bête parfois ! « Tu viens avec nous ou pas ? » Demanda cette dernière à Moon étendue près de nous. « Oui, tu viens avec nous ? » lui proposai-je à mon tour, tout sourire. Comme réponse, Moon ouvrit un œil et nous regarda à peine avant de le refermer, l’air désintéressée. « Ça veut dire non. » confirma Mélusine d’un petit rire accompagné du mien. Moon était le contraire de Tommy. Le chat noir cherchait systématiquement à gambader en dehors du château.

Juste avant de sortir, alors que je me confiais à Mélusine d’être triste de la voir quitter le château, cette dernière me prit dans ses bras et me réconforta. Son étreinte était chaleureuse, rassurante. « Je ne te souhaite pas d’échouer, mais je suis prise entre deux feux : l’envie de profiter de toi encore une année, et celle de te voir réussir et entreprendre tout ce que tu souhaites, ris-je à mon tour avec les larmes aux yeux. » Enfin, Mélusine me promit de me donner des nouvelles avec des photos en prime. J’en éprouvai d’intenses émotions, toutes tellement indescriptibles que je n’aurais su les décrire. Le seul mot qui me parvint à la bouche fut : « Merci. ». Depuis quand étions-nous devenues si proches ? Je lui rendis son étreinte avant que nous nous séparions après toute cette émotivité. J’essuyais une larme qui voulait tomber quand Mélusine me fit revenir au présent : « Bon allez, un petit tour autour du parc ne nous fera pas de mal et après promis, je t’aide pour ton devoir, je te dois bien cela. – Tu ne me dois rien du tout, toi aussi tu es toujours là pour moi, rétorquai-je. Mais je dois bien t’avouer que recevoir un peu d’aide un dimanche soir ne serait pas de refus. J’ai un sacré retard ! »

En descendant à la Salle Commune, je constatai l’affluence des Gryffondor dont la majorité s’afférait aux devoirs. Nous descendîmes rapidement jusqu’au Hall d’entrée avant de sortir enfin prendre cette goulée d’air frais qui nous attendait. Le contact de ma peau avec l’air de l’hiver provoqua chez moi un tremblement incontrôlé. Mais cela me fit du bien, comme si je n’avais pas respiré d’air frais de tout le weekend. Je regardai Mélusine et essayai de jaugeai son expression. J’espérais seulement que ça lui faisait du bien. Ne serait-ce qu’un tout petit peu pour guérir ce cœur malade. Nous profitâmes de notre balade dans le Parc jusqu’au crépuscule, avant que je ne hurle au froid et que nous remontions au 7e étage.

Alors que ma grande sœur revoyait avec moi le dernier chapitre en Potions, quelque part au fond de moi, une voix n’arrêtait pas de marteler : « Ça ne serait pas si mal qu’elle redouble, non ? ». Non. Je n’étais pas si égoïste.

HRP: