Lucie détestait quand il faisait aussi froid dehors. Et aujourd'hui, elle était bien décidée à sortir le moins possible. Tout juste se rendre en cours, mais rien de plus. Il fallait bien qu'elle soit assidue. Et même quand elle devait sortir pour se rendre en cours, elle avait plusieurs couches de vêtements sur elle. Le froid n'était pas quelque chose de compatible avec sa maladie. Elle s'en était rendue compte toute seule, un bon paquet de fois. Plus elle restait au chaud, mieux elle se portait. Lilly faisait sa vie, entrant et sortant du château quand elle le voulait, sans demander son reste. Lucie aurait voulu être comme cette petite chatte, pouvoir faire ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. Mais ce n'était pas possible. Du moins, pas dans son état. Après ses cours, elle avait un peu de temps libre devant elle. Temps libre qu'elle avait commencé à meubler pendant quelques temps, à lire, sous sa couette. Tant qu'elle restait au chaud, elle se sentait bien. Parfois, il lui suffisait simplement de trouver un bon livre, et elle ne voyait plus le temps passer.

Une heure. Simplement une heure. C'était le temps que lui avait octroyé Lilly avant de venir miauler devant son lit, de manière insistante. Et quand elle commençait à miauler, elle n'arrêtait pas tant qu'elle n'avait pas obtenu ce qu'elle voulait. Soupirant, elle posait son livre sur son lit, et se glissa hors des couvertures. La prenant dans ses bras, elle lui lança un regard des plus désapprobateurs. Et cette dernière se contenta de ronronner, comme si de rien n'était. Elle le savait, elle pouvait parfaitement manipuler sa maîtresse en se contentant d'agir de la plus mignonne des manières. Mais cela ne marchait pas à chaque fois. Tout dépendait de l'état d'esprit de la jeune sorcière. Visiblement, elle n'avait pas l'air d'avoir faim, puisqu'elle n'agissait pas de cette manière lorsqu'elle voulait à manger. Lucie comprenait enfin ce que voulait sa chatte. Elle voulait sortir. Mais elle pouvait très bien le faire toute seule. Pourquoi donc ce raffut au pied du lit? La sorcière soupira, enfila un pull, son manteau, passa une écharpe, des gants, et prit Lilly contre elle, la passant entre son écharpe et son manteau, comme à son habitude. La petite ronronnait toujours aussi fort dans cette position.

Se rendant vers le hall d'entrée, elle se demanda tout de même si c'était une bonne idée de mettre le nez dehors. Elle resta donc ainsi, plantée dans le hall, à se poser tout un tas de questions. Ce n'est que lorsqu'elle sentit ce petit chat voulant sauter qu'elle comprit ce qui se passait. Et surtout, en entendant une voix plus que familière. Posant Lilly par terre, elle se retourna et se précipita, plus ou moins, vers la source de cette voix. Et comme elle était plus que contente de voir Brooke, elle la serra instinctivement contre elle, sans trop réfléchir.

- C'est à cause de la p'tite. Elle me fait tout un cinéma depuis au moins 10 minutes pour sortir. Mais comme j'ai l'impression qu'il fait bien froid dehors, j'me tâte à sortir. Oui, même avec tout ça sur le dos. Tu sais ce que c'est. Mais j'ai la vague impression que tu n'as pas fait tout ce chemin juste pour me voir, n'est-ce pas? C'est elle, hein? Lucie pointa de manière naïve le chat de Brooke, en se doutant qu'elle était dans le coup.

Lucie souriait en voyant son chat se laisser faire. Lilly se laissait toujours faire lorsque il n'y avait pas grand chose. Elle n'était pas farouche avec les autres chats, même plutôt sociable. Un peu comme sa maîtresse finalement. Tant qu'on ne la bassinait pas, la jeune sorcière se montrait très chaleureuse avec les autres, et ne supportait en aucun cas la pitié. Ceux qui la connaissaient le savait. Elle pouvait perdre toute contenance si une telle chose arrivait, et elle ne supportait encore moins cet état de fait. Elle était donc là, emmitouflée dans ses différentes couches, se demandant toujours si elle allait mettre le nez dehors. Et ce que venait de dire Brooke ne l'enchantait guère. Visiblement, elle avait bien raison, il faisait froid dehors. Néanmoins, elle pouvait tout de même faire un effort. Une petite sortie n'allait pas lui faire trop de mal, à moins qu'elles s'éternisent dehors sans la moindre raison. Mais ce n'était pas le genre de Lucie. Pour qu'elle reste dehors pendant longtemps, il lui fallait une véritable raison. Toutefois, elle décida de prendre son chat, de la mettre une nouvelle fois entre son écharpe et son manteau, de fermer son manteau, de prendre Brooke sous le bras, et de sortir dehors. Ce n'était pas en restant plantée devant l'entrée que cela allait changer les choses.

- Je te préviens, c'est hors de question que je me mette à courir de quelque manière que ce soit. J'ai pas les jambes pour ça aujourd'hui. Ouais, encore, et ça commence à me taper sur le système. Et mes putains de médocs ne font toujours rien. Bon, assez parlé de moi, t'as fait quoi aujourd'hui?

Lucie détestait parler de son état, mais elle savait que si elle n'expliquait pas les choses, elle allait forcément se poser des questions à un moment donné. Et elle détestait encore plus laisser des questions sans réponses. Il faisait vraiment froid dehors, du moins pour elle. Lilly bien au chaud, ronronnait de plus en plus. A tel point que Lucie pensa pendant quelques instants que les battements de son propre cœur se calibraient pour suivre les ronrons de sa chatte. Elle accordait néanmoins une grande importance aux discussions qu'elle pouvait avoir avec celle qu'elle considérait comme une sœur. Quand Lucie se sentait proche de quelqu'un, elle ne faisait pas semblant. C'était l'une de ses qualités, mais également l'un de ses défauts. Elle s'attachait beaucoup, parfois beaucoup trop. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, elle agissait de la sorte, et se remettre en question allait prendre beaucoup de temps, temps dont elle ne disposait pas vraiment. Néanmoins, elle allait tout de même passer un temps certain avec elle, et même s'il fallait rester dehors, elle allait tout de même faire des efforts pour ça.

- Je sais qu'il fait froid. Mais par moments il faut que je sorte. Et si je ne sors pas, la naine va encore me miauler à la tronche pendant des heures, et ça va vite me faire mal à la tête. Mon toubib m'a dit que marcher dehors ne pouvait que me faire du bien. Mais t'en fais pas, je sens que je ne vais pas rester dehors bien longtemps. Néanmoins, elle ria franchement de sa blague. Extrêmement prévisible, mais ce genre de choses la faisait toujours rire.

Lucie savait parfaitement que quand il faisait froid, elle ne pouvait pas rester des heures dehors. Néanmoins, elle se devait de respecter ce que son médecin avait dit. Sinon, tout allait s'aggraver. Et dans son cas, s'aggraver allait toujours aller vers le pire. Et elle ne pouvait clairement pas se permettre de le contredire dans ce qu'il lui conseillait. Elle ne savait pas de quoi elle parlait, mais lui si. Sa mère avait bien tenté d'aller voir un médicomage avec elle, mais ce dernier avait eu les mêmes difficultés qu'un médecin moldu. Elle savait comment tout cela allait se terminer, toutefois, elle était bien décidée à profiter de sa vie. Dans la vie de tous les jours, elle agissait comme si de rien n'était, quand son état le permettait. La jeune sorcière marchait lentement, mais sans se poser de questions. Au moins, par moments, elle faisait des efforts pour tenter de marcher correctement. Mais la plupart du temps, elle agissait sans trop se poser de questions. Lilly, par moments, passait son nez par dessus l'écharpe de Lucie, avant de se rendre compte qu'il faisait beaucoup trop froid, et retourna sous son écharpe. La jeune fille riait à chaque fois que sa chatte faisait cela, car ça lui chatouillait le menton. Au bout d'un moment, ne sachant plus depuis combien de temps elle était dehors, elle commençait à avoir mal aux jambes.

- C'est ton jour de chance. J'commence à avoir vraiment mal aux jambes. On rentre du coup? C'est à cause du froid...

Elle souriait au final, car elle savait très bien que ce genre de phrases allait plaire à Brooke. Puisque, visiblement, elle n'était pas si heureuse que ça d'aller dehors. Lucie pestait intérieurement contre elle-même. Par moments, elle était vraiment aveugle. Elle ne pensait pas à mal, ni à ne penser qu'à elle-même. Malgré tout, elle laissait passer Brooke devant, gardant son chat contre elle pour éviter qu'elle prenne froid. Après un long moment, elle rentra à son tour dans le château, poussant un petit soupir de soulagement une fois à l'intérieur. Posant sa chatte par terre, elle fit craquer les os de ses mains. Une chose stupide, mais c'était dans ses habitudes.

- Promis, la prochaine fois que je t'embarque en balade, on sortira quand il fera plus chaud. Elle regarda Lilly avec un regard accusateur. - Toi, que je ne te prennes pas sur le fait à embêter les autres chats. Sinon tu dors par terre ce soir. Elle lui tira la langue avec malice par la suite, étant tout à fait incapable de mener sa menace à exécution.

En l'entendant faire sa proposition, Lucie ricanait. Elle n'imaginait absolument pas Lilly dans une telle situation. Surtout avec un brushing et un autre chat à côté. Cette image était tellement clichée, qu'au final elle éclatait de rire, alors que la chatte commençait à miauler, comme à son habitude, pour réclamer qu'elle la porte. Elle était si prévisible que la jeune femme connaissait chaque miaulement, et ce qu'il signifiait. Elle la prenait donc dans ses bras, lui gratouillant la tête. Elle se calmait avant de prendre un air sérieux pour une fois.

- Lilly avec un brushing... C'est juste pas possible. Non, clairement ça ne ressemblerait à rien... Et juste pour cette raison, on va le faire. C'est obligatoire. Je veux absolument voir le résultat. Mais je doute qu'elle se laisse faire. Déjà, quand j'essaie de la coiffer, elle se débat comme pas possible, alors un brushing... Par contre, la tienne, ça serait une idée grandiose. Faudra lui trouver un chaton assez coquet.

Elle ricanait franchement. Elle passa sous silence le fait de trouver une copine ou un copain à Lilly, parce qu'elle savait que c'était peine perdue. Plus libre que ce chat? Ce n'était pas possible. Bien qu'elle soit on ne peut plus sociable avec les autres chats, elle ne pouvait clairement pas passer son temps avec un seul d'entre eux. Elle passait son temps à voguer de compagnon en compagnon en permanence, tout cela pour s'amuser, s'occuper, passer le temps. La sorcière ne voulait pas savoir ce que cet animal pouvait bien faire de son temps libre. Elle savait seulement qu'elle ne passait jamais son temps avec un chat unique, elle le voyait bien, quand elle la croisait dans les couloirs ou à l'extérieur.

- Oh, au fait. Ma mère m'a envoyé une lettre y'a quelques jours. Elle me disait de te dire qu'il faudrait que tu passes à la maison un de ces quatre, quand on sera en vacances. Tu la connais, quand elle insiste sur quelque chose, elle ne lâche pas le morceau. Elle s'en rend pas compte, même quand je lui dis. Mais tu sais comment elle est, elle est toujours trop gentille. J'arrête pas de lui dire, elle me surprotège, c'est un truc de dingue. Même Lilly elle agit pas comme ça.

Elle soupira en gratouillant la tête de sa chatte. Sa mère restait sa mère. Elle ne pouvait pas aller à son encontre. Lucie le savait.

Lucie se grattait la tête. Cela faisait tout de même plusieurs fois que sa mère la tannait avec ça, autant lui proposer directement. Sa mère était très gentille, mais par moments, elle insistait beaucoup sur certaines choses. La jeune fille pensait que sa mère l'infantilisait au possible, alors que ce n'était pas du tout le cas. Elle agissait tout simplement comme une mère normale, ce que parfois ne comprenait pas Lucie. Pour elle, il lui fallait un tant soi peu de liberté, même si elle était malade. Car rester dans un cocon allait la faire devenir folle. Elle n'était pas faite pour rester inactive. Et par moments, quand elle devait rester clouée au lit car elle avait mal partout, elle bouillonnait, en espérant pouvoir redevenir active le plus vite possible. Donc, voir sa mère essayer de la surprotéger, ce n'était pas quelque chose qu'elle appréciait. Mais au fond d'elle-même, une petite partie de son esprit savait qu'elle faisait ça pour son bien, et fort heureusement.

- Tu peux pas savoir à quel point elle m'a tanné avec ça. Alors que je lui ai dit un nombre incalculable de fois qu'il n'y avait pas besoin qu'elle me répète ça aussi souvent, je ne perds pas encore la mémoire non plus... J'ai vraiment l'impression que plus le temps passe, plus elle m'infantilise. Je sais pas pourquoi elle fait ça, mais ça m'énerve.

Mais au final, il fallait admettre que sa mère avait raison. Lucie n'était pas comme les autres, et il fallait qu'elle fasse avec. Un jour peut-être, elle bénéficierait d'un traitement pour ça, mais pour le moment, ce n'était qu'une douce utopie. Elle éclata de rire quand elle entendit Brooke parler de la protection que pouvait lui offrir Lilly. Par moments, cette chatte vivait sa vie comme elle l'entendait, mais elle pouvait se transformer en une véritable chatte de garde si elle le voulait, et surtout, si elle sentait que sa maîtresse n'allait pas bien du tout. Alors qu'elle n'avait jamais été dressée comme ça. Ce qui prouvait le fort lien qu'elles entretenaient toutes les deux. Et rire à ce point lui faisait un bien fou. Elle devait lui répondre, et c'est ce qu'elle fit, avec un ton des plus enjoués. Elle tenait Lilly devant elle, d'une telle manière qu'elle ne puisse pas tomber.

- Tu connais pas Lilly toi. C'est une vraie chatte de garde quand elle veut. Tu peux pas t'approcher de moi quand elle a ses humeurs. A moins que tu ne veuilles te faire lacérer la première partie du corps qui tombera sous ses pattes. On dirait pas comme ça, mais elle est teigneuse cette petite, quand elle le veut.

Sa chatte regardait Brooke avec un air des plus innocents, comme si elle ne comprenait pas du tout ce que Lucie pouvait lui reprocher. Elle savait très bien s'y prendre pour se mettre les autres dans la poche. Une vraie petite chipie.