Jackson & Victoire

Tu étais plutôt ma tasse de thé....
mais je préfère boire des mojitos !

Victoire n’avait pas l’excuse du bal de fin d’année pour s’être réveillée en retard et avoir un mal fou à sortir des draps… La faute au livre d’histoire des évolutions magiques des civilisations sud américaines qu’elle avait commandé avec l’argent de son anniversaire et qu’elle avait lu une bonne partie de la nuit… ! Victoire avait amplement préféré ça à la connerie de bal qui s’était déroulé dans la Grande Salle et pendant lequel elle n’avait absolument personne à voir… Personne… ? Presque. L’idée d’y trouver Dale lui avait vaguement traversé l’esprit avant qu’elle ne finisse par s’imaginer au bras d’un cavalier et de manquer d’en vomir… Puis, elle avait pensé à Isidore, la seule et unique personne qu’elle aurait accepté de voir et avec qui elle aurait aimé plaisanter l’espace de quelques minutes. Izzie ne lui avait pas donné de nouvelles depuis les lettres qui avaient suivi la faute de la St-Valentin et la décision de Victoire fut vite prise. Elle était restée dans la salle commune qui s’était vidée pour l’occasion et cela lui allait très bien.

Le lendemain, jour du départ, était une autre histoire. Victoire était littéralement dégoutée de devoir quitter le lieu qu’elle jugeait plus comme étant son domicile que sa propre maison. Comble de la malchance, son père avait pris des vacances jusqu’au 15 juillet, cela signifiait donc qu’elle allait devoir se taper sa présence avant d’aller à la sortie organisée par l’école…une plaie ! Un enfer ! Victoire était d’une humeur massacrante en courant presque vers le train pour ne pas être la dernière. Si Mr Hash se mettait sur son dos, elle n’allait pas le supporter, c’était certain. Et comme elle s’y attendait, la jeune femme était quasiment la dernière à monter dans le Poudlard Express, soupirant à l’idée de devoir trouver une place alors que le train était bondé de crétins. Elle traina un moment après le départ, le livre de la veille sous le bras, en jetant quelques coups d’œil dans les compartiments sans parvenir à trouver une place de choix. Impossible d’en arriver là ! Elle jeta finalement son dévolu sur la présence d’une personne en particulier, dans l’un des compartiments, estimant qu’IL était peut-être sa seule chance d’avoir la paix. Victoire ouvrit la porte du compartiment et fondit sur Jackson, s’installant à sa droite, dans l’espace qu’il restait entre lui et la fenêtre. Elle n’avait pas l’intention d’observer le paysage, mais au moins, elle pouvait appuyer sa tête. « Bailey. Ça faisait longtemps. Tu vas pouvoir faire un gros bisous à maman, souris un peu, c’est le bonheur ! » Elle avait envie de plaisanter pour de bon, mais le cœur y était moyennement. Elle-même retrouverait ses satanés parents… de quoi avoir le moral dans les chaussettes. Après avoir posé son bouquin sur ses genoux, Victoire releva ses cheveux avant de poser son regard sur le garçon, espérant avoir une idée de la réaction qui était la sienne suite à son introduction. Sur la banquette d'en face, se tenait une fille qui avait l'air d'avoir le même âge qu'eux... ou peut-être un an de moins et un jeune garçon qui devait être de première ou deuxième année... La petite équipe était improbable ! Cela l'agaçait encore plus que nécessaire...

Jackson & Victoire

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Victoire avait mérité sa situation et savait qu’elle aurait dû faire un effort pour être un peu plus en avance et avoir la possibilité de « contrôler » SON compartiment. Au bout du compte, elle se retrouvait à devoir s’incruster quelque part (chose qui ne lui provoquait aucune gène) et à devoir supporter la présence d’autrui alors qu’elle avait envie d’être seule. Elle n’avait pas l’intention de l’avouer, mais supporter Jackson Bailey n’était pas la pire des situations… Elle la trouvait même relativement acceptable et jugeait que le comportement du jeune homme ne pouvait pas lui provoquer d’état d’irritation extrême. L’effet cicatrice ou juste un peu de jugeote de sa part ? A son arrivée, et après s’être installée, Victoire avait jeté un coup d’œil rapide aux deux personnes présentes dans le compartiment et pria intérieurement pour qu’aucun des deux ne soit une cible automatique à son don de demi-vélane. Elle n’avait pas le courage de supporter quelqu’un de contrariant… pas quelques heures avant de devoir retrouver son imbécile de père.

Pour conserver un état d’esprit à la limite de l’acceptable, elle avait porté son attention sur Jackson et lui avait accordé ses premières paroles, mettant directement les pieds dans le plat en le taquinant, ils étaient deux à le savoir et la réaction du jeune homme était telle qu’elle l’attendait, pour ne pas dire encore mieux que ce qu’elle pouvait espérer. Jackson ne s’enflamma pas, ne lui lança aucun regard noir et ne chercha même pas à s’écarter et à réduire la proximité sur la banquette qu’ils partageaient. Sa première réplique donna même presque à Victoire l’envie de sourire. Elle s’en empêcha mais lança tout de même au jeune Serdaigle un petit regard en coin avant de dire : « J’ai fait en sorte de me faire désirer. Ne me dis pas que ça a marché, je le sais, j’le vois dans tes yeux… » Puis, elle insista en disant : « Et maintenant que je suis là, qu’est-ce que ça te fait ?! » Bien sûr, Jackson pouvait parfaitement comprendre au ton employé qu’elle le faisait marcher et qu’elle le charriait davantage. Victoire ne craignait en rien de jouer la carte de la provocation pour essayer de déstabiliser un peu son monde. Elle s’intéressa ensuite à sa seconde intervention et pencha légèrement la tête pour répondre au jeune homme, à voix basse : « Pas aussi chiants que tes nouveaux meilleurs potes… » Elle termina par un sourire hypocrite – visant clairement les deux élèves présents dans le train - avant d’ouvrir de nouveau la bouche pour dire, à voix haute, cette fois-ci : « La Magie en Amérique du Sud… tu veux peut-être que t’en fasse la lecture pour profiter du son de ma v…. » Pas le temps de répondre, elle fut interrompue par une voix qui ne venait pas de bien loin : « T’es à Gryffondor, c’est ça ? Tu t’….. » Pas une parole de plus si elle ne voulait pas que le bouquin volumineux lui atterrisse en pleine figure ! Victoire s’écria tout de suite, un peu plus fort que prévu : « STOP !!! On ne sera pas copines. Jamais ! » Et le proverbe dit qu’ « avec des si, on peut refaire le monde ». Si seulement Victoire n’avait pas une aversion pour les bestioles et créatures magiques….Si seulement elle avait su qu’un chat dormait sous le petit tas de tissu qu’elle avait pris pour la veste d’un abruti….Si seulement elle n’avait pas ouvert sa bouche pour gueuler et si seulement le karma l’avait accompagné aujourd’hui… L’animal était réveillé et Victoire n’eut pas le temps de se pencher de nouveau sur le second petit élément digne de son intérêt (Jackson, en seconde position après son livre) que l’animal se glissa sur leur banquette à eux, s’invitant sur les genoux de Jackson et provoquant un geste de recul de la part de Victoire. Sale bestiole !

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Victoire n’aurait jamais parié sur l’idée de trouver une façon de lui remonter le moral. Elle ne croyait pas cela possible, pas quand elle devait rentrer à Plymouth pour quelques jours… avec l’obligation d’attendre d’en être au jour J de la sortie à Poudlard. Pourtant, elle avait le sentiment que son choix de compartiment était le meilleur à faire. Jackson n’était pas son étudiant préféré (si tant était qu’elle pouvait en avoir un un jour…) mais elle le tolérait sans trop de problèmes et trouvait qu’il avait la tronche du mec indifférent et emmerdant. L’aspect cool, c’était qu’ils n’étaient jamais entrés en conflit et que Jackson n’avait jamais pris pour lui les petites remarques bien senties de Victoire. D’ailleurs, elle en eut une parfaite démonstration au moment où elle commença à le charrier avec ses « potes de la banquette d’en face ». Des gros nazes à n’en point douter… des petits gentillets de service qui échangeaient des banalités et qui s’offusquaient des gros mots à la moindre occasion. Victoire avait horreur de ce genre d’énergumènes et… manque de chance pour eux, ils arrivaient dans son champ de vision quand il ne le fallait pas. La jeune femme n’avait pas prévu que Jackson commence à jouer à un petit jeu aussi inattendu en lui présentant leurs interlocuteurs. Tranquillement, Victoire tourna la tête dans la direction du Serdaigle pour lui lancer un sourire rempli d’hypocrisie avant de daigner poser le regard sur les deux autres. C’est dans un ton rempli d’un manque d’enthousiasme criant qu’elle s’exclama, une grimace sur les lèvres : « Aaah… génial, enchantée …ravie….tout ce que vous voulez ! » C’est à ce moment là qu’elle croisa le regard du garçon. Elle sut immédiatement ce qui se dessinait et s’apprêta à soupirer bruyamment, serrant son bouquin avec l’envie de le balancer quand Jackson lui sortit une phrase qui lui donna envie de rire. Elle plongea son regard dans celui du jeune Serdaigle en levant un sourcil avec exagération, espérant lui faire comprendre qu’elle lui accordait un point victorieux pour le petit jeu, mais qu’il ne perdait rien pour attendre…. C’était question de temps pour sa petite vengeance. Parce que Jackson la méritait largement en ayant essayé de la rapprocher des deux inconnus du compartiment.

La suite des événements donna davantage envie à Victoire de rire et elle n’y croyait pas elle-même. Jackson était en train de tenter sa chance pour que les deux gamins dégagent du compartiment et sa méthode était aussi osée que culottée. Selon Victoire, le chat était un plus gros problème que les deux gamins et elle s’était écartée d’emblée, espérant qu’il ne vienne pas sur ses genoux à elle… A sa grande surprise, Jackson marcha dans son sens, dégagea le chat qui refit le chemin vers son propriétaire et formula des paroles

D’un air idiot, elle ajouta son petit commentaire en disant : « TO-TAL-MENT incompatible… » Un petit clignement d’yeux envers le dénommé Thomas et essaya de le supplier du regard. Ce dernier ce leva et entraîna la fille avec lui… Victoire remarqua que cette dernière ne semblait pas de cet avis, mais elle n’osa pas broncher et se leva à son tour pour prendre des affaires. Voyant une petite chance de dessiner devant ses yeux, Victoire reprit la parole pour dire : « Merci, c’est sympa ! Ça m’évitera de passer une partie de mes vacances à Ste-Mangouste… Jackson vous invite à bouffer à la table des Serdy à la rentrée prochaine, il vous enverra un petit hibou pour préciser la date et l’heure ! » Elle lança un petit clin d’œil malicieux à Thomas avant de le voir partir. L’imbécile heureux. Elle non plus n’avait pas remercié les deux gamins avec sincérité, mais elle avait encore du mal à croire que la combine de Jackson ait marché aussi vite. Contre toute attente, elle se tourna vers lui, ne bougeant pas de place même s’ils disposaient désormais de tout le compartiment, avant de dire : « Alors, tu disais que, je cite « ça te fait très plaisir que je sois là, plus que je ne l’imagine. » Il semblerait que ce soit au point de tout faire pour obtenir un tête à tête…que tu as eu, MAIS, figure-toi que je suis mécontente, tu M’AS utilisée pour parvenir à tes fins… Je ne comprends toujours pas comment tu as fait pour y arriver en un tour de main… Il y a quelque chose que tu ne me dis pas… Montre-moi tes mains ! Tu as caché ta baguette et lancé un Imperium ou quoi ? » Victoire n’avait pas l’air mécontente, plutôt légèrement amusée par la situation, ce qui était complètement inédit vu les circonstances. « Tu sais quoi ? On va prendre les choses à l’envers : je suis ta sauveuse du jour ! Sans MOI, tu serais encore là à te taper une conversation du futur avec deux crétins dont tu ne te souvenais même pas du prénom. Qu’est-ce qu’on dit….. ? » Cette fois-ci, elle souriait, elle ne pouvait pas faire autrement.

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La situation promettait d’être plus drôle que ce que Victoire avait prévu et se lancer dans la lecture du livre qu’elle avait à la main lui sembla être une entreprise bien compromise. Jackson venait de contribuer à la fuite les deux occupants du compartiment qui, selon la jeune femme, étaient parfaitement indésirables, et maintenant, il était en train d’essayer de s’octroyer toute la gloire. Il n’empêchait que sa réaction faisait rire Victoire qui mettait généralement beaucoup de temps à se trouver amusée par une situation. Ne se démontant pas face à sa défense qui tenait la route, elle s’exclama, juste après lui : « TU nous sors de la situation…. C’est une plaisanterie ?! Sans MOI, tu n’aurais JAMAIS trouvé un prétexte pour les faire dégager, j’ai fait …. les trois quarts du boulot ! » Victoire croisa les jambes en se redressant. Bien sûr, elle avait envie de rire sérieusement, pas pour se moquer de lui, mais plutôt pour leur petit jeu qui n’allait mener à rien du tout. « Tu admettras quand même que c’est louche, grand génie, de tout faire pour te retrouver tout seul avec moi… J’espère que ma vie n’est pas en danger…. Oh de toute façon, MERDE, tu n’auras qu’à me sauter dessus et tu verras ce que tu vas prendre à la figure. » Jackson pouvait voir que, quand elle ne riait plus, elle s’en empêchait bien difficilement. Pour poursuivre dans le jeu, Victoire fixa un instant du regard son autre œil, levant l’index pour viser l’endroit où il n’avait pas de cicatrice : « Y’a de la place de l’autre côté, il suffit de le dire si tu veux égaliser les ch… » Elle se rendait compte qu’elle allait peut-être trop loin et s’arrêta en chemin pour dire : « Bon, oublie ce que je viens de dire, c’était une blague de mauvais goût, je peux l’admettre. » Elle haussa délicatement les épaules avant de reprendre, légèrement plus calmement : « Plus sérieusement, détends-toi cher Bailey, tu ne pouvais rêver mieux que voisine de banquette pour ton retour à la maison. Je ne sais pas pourquoi tu ne l’admets pas… tu peux… je resterai parfaitement modeste. »

Sur ces paroles, elle ouvrit son livre pour essayer de commencer à lire ; mais Jackson reprit la parole dans les secondes qui suivirent, ce qui poussa Victoire à relever la tête pour répondre : « Personne d’autre n’arrivera. A nous deux, on trouvera bien la combinaison idéale pour les faire fuir. J’ai bien quelques petites idées, mais j’alimenterai ma réputation d’allumeuse ce qui n’est pas vraiment au programme, si tu vois ce que je veux dire. On se contentera donc de TES idées qui font l'affaire. » Elle porta une nouvelle fois son attention sur les pages du livre et recommença à lire, comme prévu, mais se concentrer se révéla être une tâche un peu compliquée. Avant d’avoir entamé les premières lignes, elle tourna de nouveau les yeux vers le jeune homme pour lui demander : « Ne me dis pas que tu vas rester à côté de moi sans rien faire et alimenter ce silence de mort ? Nan parce que c’est un peu angoissant, si tu veux mon avis. » Victoire autorisa le silence à s’installer l’espace de quelques secondes avant de demander : « Tu as l’intention de participer aux vacances organisées par Poudlard ? » L’erreur venait peut-être d’être commise. Elle n’était pas censée engager la conversation et lui donner l’occasion de croire qu’elle voulait causer.. Là n’avait pas été son intention au départ, mais rester seule avec lui dans ce compartiment était finalement plus étrange que prévu. Il fallait qu'elle comble le silence qui ne lui semblait pas aussi nécessaire qu'elle l'avait cru, au départ.

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Victoire avait l’impression que le temps qui séparait la dernière fois qu’elle avait parlé à Jackson était conséquent. Peut-être se faisait-elle des idées, mais elle admettait bien volontiers ne pas avoir pensé à lui depuis un baille. Une erreur, très certainement puis qu’il lui suffisait d’un trajet dans le train pour se rendre compte qu’elle appréciait sa présence. Elle n’allait pas non plus dire que c’était la fête et qu’il pouvait surpasser Isidore et la confiance qu’elle avait développée à son égard, mais il ne se plaçait finalement pas trop mal. Il avait toujours été de son côté, ne l’avais jamais prise pour une imbécile ou pour la fille qui ne cherche qu’à draguer et, mieux encore, il n’avait jamais fait le moindre commentaire sur le statut de demi-vélane de Victoire. Était-il simplement au courant ? Enfant, Victoire avait ignoré toute cette histoire, ne comprenant juste pas de quoi il était question. Aujourd’hui, à 16ans, les choses étaient bien différentes et Victoire savait que son statut s’ébruitait facilement dans les rangs de Poudlard ce qui ne lui rendait service pour absolument rien. Une demi-vélane est une allumeuse, quoi d’autre ? Jackson en pensait peut-être tout autant, mais il avait tout de même la politesse de se taire et de ne rien dire à ce propos. Ce qu’il n’hésitait en revanche pas à faire, c’était taquiner Victoire sans se soucier de savoir si cela allait la vexer ou non. Tout ce qu’elle aimait ! Jamais elle n’avait l’intention de se vexer pour une broutille et encore moins la magistrale taquinerie que Jackson venait de lui sortir. Néanmoins, elle se força à prendre un air outré avant de tourner la tête vers lui assez brusquement. Elle plissa ensuite les yeux avant de le confronter du regard en disant : « T’es qu’une saloperie, Bailey ! » Elle avait envie d’en rire, c’était une évidence, l’avait-il au moins noté ? « On en reparlera sur le chemin vers Poudlard en septembre prochain… quand j’aurais maigri et que tu seras totalement en manque d’excuses. Deux mois pour mariner une excuse… ou alors, pour formuler la phrase dans laquelle tu avoueras que l’idée t’a traversé l’esprit et que tu n’avais rien d’autre que de me traiter de grosse pour le cacher. » Victoire se redressa une nouvelle fois, prenant un air faussement sérieux avant de dire tout en penchant légèrement la tête sur le côté en lui jetant un coup d’œil en coin. « Tu me crois si je te dis que je me complais parfaitement dans l’idée d’être grosse et rejetée ? » Il n’allait sûrement pas y croire, mais il y avait une part de vrai. Pas d’œillade d’amoureux transi à signaler dans le regard du jeune Serdaigle. C’était une excellente nouvelle pour Victoire.

Cette dernière tenta de lire… Lire en compagnie de quelqu’un qui ne voulait pas se taire (Victoire savait qu’elle était elle-même la fautive, mais rejeter la faute sur l’autre est toujours plus cool) relevait de l’impossible. Pour être exacte, elle n’arrivait pas à se concentrer sur une seule ligne et préféra s’intéresser un peu à son acolyte avant de perdre à jamais l’occasion de l’interroger un peu. Parce qu’elle n’avait en aucun cas prévu un jour d’aller l’ennuyer ou de partir à sa rencontre juste pour bavarder. Visiblement, il était de la partie pour la sortie de Poudlard et c’est après l’avoir laissé s’exprimer qu’elle répondit : « C’est pas censé être un petit paradis rempli de belles nanas pour vous, les mecs, Beauxbâtons ? » C’était peut-être une croyance, Victoire n’en avait strictement rien à foutre des belles filles de l’académie Française, au pire, cela l’aiderait à passer inaperçu. En revanche, l’idée d’aller en France lui plaisait plutôt bien tout en sachant qu’elle avait quelques origines du pays. « Pourquoi ce serait déprimant d’être avec ta mère ? Dans mon souvenir, elle était sympa, j’avais eu droit à plus de jus d’orange que toi quand elle nous avait servi un verre… » Elle lui lança un petit sourire hypocrite avant de reprendre son sérieux et dire : « Je m’y suis inscrite aussi… Peu importe l’endroit, je me dois de fuir la maison comme toute adolescente en crise qui se respecte. On va s’y croiser, Bailey, j’espère que tu es content ! Est-ce que tu y vas avec un de tes…. Amis ? » La notion d’amitié était tellement ridicule aux yeux de Victoire qu’elle être prête à embrasser Jackson s’il lui riait au nez en entendant le mot « ami » ; elle n’y croyait pas beaucoup, mais était certaine qu’il ne lui donnait pas les vraies raisons de son inscription à la sortie d’été.

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Quelque chose de très appréciable chez Jackson était sa capacité fascinante à ne pas insister, voire même à ne pas rester des heures sur le même sujet. Victoire profita donc de ses éclats de rire pour rouler les yeux, peinant par la même occasion pour se contenir de rire à son tour. Elle était loin d’être aussi loquace que toutes les idiotes de service qu’elle pouvait croiser régulièrement au château (et plus précisément, dans sa propre promotion) ce qui signifiait donc qu’elle mettait un point d’honneur à ne pas être celle qui alimenterait la conversation indéfiniment. Certes, le petit tête-à-tête improvisé pouvait se révéler légèrement malaisant, mais Victoire avait toutes les raisons de penser qu’elle allait survivre, puisqu’elle en avait vu bien d’autres. Sortant sa carte de ce qu’elle estimait être sa dernière tentative pour lancer une conversation, elle parla de l’été et de la sortie de fin d’année organisée par l’école. Le couperet venait tout juste de leur tomber sur le coin de la figure, annonçant Beauxbâtons pour un loin mois de vacances. Du point de vue de Victoire, la France était vraiment sympa, mais elle rejetait ouvertement l’idée d’être obligée de partager un dortoir et d’être agglutinée à d’autres élèves comme c’était le cas à Poudlard. Pour se rassurer, elle était donc forcée de se dire que « c’était toujours mieux que la maison ». L’avis de Jackson sur la question (et accessoirement, ce qu’il pensait de l’idée que Beauxbâtons était logiquement un pensionnat réputé pour ses jolies filles) l’intéressait et elle le laissa alors s’exprimer, pinçant très vite les lèvres pour s’empêcher d’avoir envie de sourire lorsqu’il reprit la même amorce de phrase qu’elle. Ça, c’était la forme… mais le fond de son explication poussa Victoire à tourner la tête brusquement vers lui, hausser les sourcils et laisser cette fois libre court à un sourire espiègle. Elle adorait ce genre de conversation ! Bien sûr, elle avait imaginé Jackson un peu « au dessus » de toutes les conneries liées à l’amour, mais elle n’avait jamais espéré qu’il le formule de cette manière : « Hum… Si tu n’avais pas précisé ton propos, je crois que tout le train m’aurait entendu dire que NON, je ne te crois pas… » En haussant les épaules délicatement, elle reprit : « T’es en train de me dire que tu ne vas même pas profiter de ton inscription à cette nullité de sortie d’été pour te rincer l’œil… ? Jackson… » L’excitation était à son comble, Victoire adorait discuter de ce genre de chose SURTOUT quand cela ne la concernait pas, elle. Elle poursuivit ensuite sur le sujet, restant sur l’idée de la vile plaisanterie : « Figure-toi que j’estime qu’il y en a un bon paquet qui mériterait que quelqu’un leur refile une bonne dose de désillusion ! Dommage que tu prennes les choses ainsi, j’estimais que tu pouvais représenter un excellent candidat pour effectuer le sale boulot. » Par là, Victoire entendait qu’il pouvait très bien s’amuser à ruiner les choses de manière volontaire, avec des filles. Du genre, en choisir une, la séduire jusqu’au point de non retour et ouvrir la trappe pour la faire chuter de son joli nuage. Il devait néanmoins avoir trop bon cœur pour en arriver là….quoiqu’en bon Serdaigle, Victoire ne doutait pas de ses capacités de stratégies. Du gâchis ! Finalement, elle se décida à s’exprimer un peu plus sérieusement qu’auparavant en lui demandant : « Pourquoi tu penses qu’on est « forcément déçu » ? Tu parles en connaissance de cause ? Tu as été déçu ? » Elle l’interrogea du regard, estimant qu’elle aurait pu être encore plus directe dans sa question, mais c’était prendre le risque inutile qu’il ne réponde pas.

Le train progressait et Victoire aurait voulu qu’il prenne son temps ; mieux encore qu’il fasse demi-tour, change son sens de marche et retourne faire un arrêt à Pré-Au-Lard, ainsi, elle aurait une petite occasion de s’enfuir … Une occasion puérile où elle se ferait bien vite rattraper et « assassiner » par son père, mais c’était une idée plaisante. En attendant, il fallait qu’elle suive la conversation avec Jackson qui, miraculeusement, avait décidé de parler à ne plus pouvoir s’arrêter. Il lui parla d’abord de sa mère puis de nouveau sur le voyage scolaire organisé par l’école. « Tu casses le mythe. J’avais une image formidable de ta mère… Insupportable de quel genre ? Maman poule ? Qui profite pour te faire rattraper les tâches ménagères que tu n’as pas faites de toute l’année scolaire entière ? Qui te fait manger en pensant que tu es mal nourri à Poudlard ? Je t’échange mon père contre ta mère quand tu voudras… » Victoire espérait qu’il n’avait pas entendu le ton emprunt de fatigue avec lequel elle avait prononcé sa dernière phrase. Le soupir n’était pas très loin. Se penchant sur la suite des paroles du jeune homme, elle reprit : « Je vois qu’on a les mêmes motivations : se barrer de la maison et emmerder les gens ! » Elle était surprise de faire ce constat, s’attendant plutôt à l’entendre dire qu’il allait trouver tous les moyens qui seraient à sa disposition, à Beauxbâtons, pour être seul. « Hmm… donc nous sommes en collaboration pour ruiner le voyage des autres, ça me plait, Bailey. La première idée qui me vient en tête serait celle d’envoyer un courrier pour un rendez-vous nocturne à une fille et ne jamais t’y rendre, mais j’ignore si c’est ce genre de crasse que tu imagines. On a aussi les classiques boîtes de chocolats pleine de saloperies… si ça se trouve, ils vendent d’autres trucs encore plus cool, en France ! Tu as toujours un pigeon pour se faire avoir ! » Victoire fit une pause et continua de réfléchir avant de dire, au bout de quelques secondes : « Et si on imitait l’écriture de quelqu’un pour envoyer des courriers horribles à son cercle d’amis ? » Victoire haussa les épaules, un léger sourire sur le coin des lèvres. Bien sûr, des crasses ils allaient en trouver à faire et Victoire ne réfléchissait généralement pas beaucoup avant de les mettre à exécution ; mais l’idée d’un plan était chouette aussi. « C’est toi le cerveau normalement ! Quelles sont TES idées ? » Elle l’interrogea du regard, malicieuse et avide de savoir s’il avait au moins une idée. Son petit doigt lui disait qu’elle serait très certainement tordue, ce qui n’était pas pour lui déplaire.