La Discrète

Il faisait frais en ce début de dimanche matin. Quelques rares élèves s'étaient tout juste mit à braver le temps de novembre en faisant une promenade de santé dans le parc. Il y avait deux jeunes qui couraient et dont Fergus avait repéré les habitudes depuis un bon mois, une autre élève assise à l'écart à lire un roman – quelque peu cliché d'avis de l'homme qui voyait bien ses œillades dirigés sur l'un des coureurs – et d'autres encore qu'il apprenait à cerner au fil du temps.

D'un bon pas et après avoir couvert la zone de son regard, le Garde-Chasse s'était dirigé vers le potager avec Archibald sur les talons. Le persan brun à la mâchoire de travers s'était mit à l'observer dans son coin avant de se mettre à sa toilette gracieuse tandis que son maître, Fergus, se salissait les mains à retourner de la terre et à planter une espèce d'arbuste assez rare et magique qui ne poussait qu'en hiver - d'après dire. Bémol, il était certain d'avoir oublié un élément important et il n'avait nul besoin de rapeltout pour s'en rendre compte. Il n'aurait pas été des plus avancés de toute façon. Il aimait la botanique, mais il était bien plus axé sur les créatures comme l'indiquait son parcours après Poudlard. En outre, il avait reçu le plant la veille par gros colis avec une simple description hasardeuse d'un vieux camarade se limitant à :


Sauf qu'Est-Bas-Ombre, c'était pas franchement la joie à décrypter, c'était même trop court ! Mais il essayait néanmoins, il consulterait bien le professeur MacDougall à son sujet dès qu'il la verrait de toute manière. Les mains gelées à manipuler la terre sans gants pour bien sentir cette dernière, l'homme soupira de crasse après s'être gratté le menton, lui laissant ainsi une jolie trace au visage.

« Tu pourrais m'aider, tu sais, cela ne te ferais pas de mal, au lieu de me regarder bêtement ainsi. »

S'exclama t-il à l'adresse de son chat - à la limite de la rouspétance - malgré sa choupine-attitude qui lui fit plisser les yeux, sans se douter qu'une autre présence lui répondrait bien vite. Le potager était bondé d'espèce de plant différent, même s'il était de plus en plus nu à l'approche de l'hiver. Les citrouilles s'en étaient allées avec Halloween, mais il restait encore et toujours des plantes imposantes à moindres aussi automnal qu'hivernel, que venait tenir à l'écart des faux nuisibles, quelques épouvantails aussi effrayant que possible - par tradition essentiellement.

Le Garde-chasse

Hum... Permettez moi de vous dire que vous ne vous y prenez pas correctement avec cette plante...

«Ruby était assise ici silencieusement, sur une dalle de pierre surplombant le sol vert et humide, depuis prêt d'une vingtaine de minutes. Elle avait observé l'homme à l’œuvre tout ce temps, et celui ci ne l'avait même pas remarquée. Elle avait l'habitude seulement, pourquoi tout le monde faisait comme si elle n'existait pas, était-elle en fait un fantôme comme Mimi Gégnarde? Non pas à sa connaissance, son gargouillement de ventre lui en avait convaincu du contraire. Elle avait seulement grignoté pour tenir jusque là.
Elle s'était efforcée une nouvelle fois de vaincre sa vulnérabilité au froid, en fait, elle s'était retrouvée à remarquer un vieux cabanon au loin en contre bas du parc, sur le chemin du cours de botanique qu'elle aimait tant.
A la sortie de son cours, elle se précipita alors en direction de la petite maison, faisant voler derrière elle sa longue cape noire et son écharpe de Serdaigle qui se défaisait dans son dos. Sa route une fois sortie de l'enceinte des murs, fut escortée par une nuée de corbeaux, jusqu'à ce que Ruby se stoppe net à la vue d'un homme barbu et chevelu qui y bricolait des affaires, aux alentours de la cabane et de son potager. Elle fût étonnée de voir que celui ci n'était pas si bien entretenu voir presque vide, outre les quelques germandrées et wormseeds qui étaient plantées par ci par là, d'une manière éparse. Et puis elle fût amusée de voir que les corbeaux au lieu de fuir les terribles épouvantails, s'en servaient comme lieu de reconnaissance et de rassemblement entre semblables. Ils faisaient un grand vacarme ceux là.

"Tu pourrais m'aider, tu sais, cela ne te ferais pas de mal, au lieu de me regarder bêtement ainsi", avait-elle entendu soudainement.
Elle s'était redressée droite comme un piquet et son cœur avait accéléré. M-m...mo...moi? avait-elle bredouillé toute seule en se pointant du doigt, les yeux écarquillés, sans qu'il ne l'entende et se retourne finalement vers son chat tigré, qui faisait sa toilette.
Elle expira un grand coup, relâchant ses épaules qui tombèrent en avant comme si quelque chose de lourd lui était tombé sur le dos. Elle avait finalement affiché un grand sourire à l'écoute de l'homme qui s'était adressé à son chat.
L'homme avait sorti un petit arbrisseau tout flétri et sans feuille, et l'avait levé pour l'observer de haut en bas, il ne semblait pas trop savoir ce que c'était ni comment il fallait le planter, il avait soupirer après avoir lu un carton.

C'est là que Ruby sans trop réfléchir, préféra qu'il ne gâche pas ce beau cadeau de la nature si précieux en faisant des bêtises et lui lança sa remarque interruptrice. »

...Excusez moi mais... vous la tenez à l'envers. Ce qui pouvait semblait bizarre puisque le bout pointant le ciel et celui pointant le bas était conformes aux plantes habituelles : un bas de racine et une cime de tiges. C'est un Figuier d'Abyssinie, il vient d'Afrique. Vous vous doutez bien que ce n'est pas sorcier qu'une plante magique puisse se planter à l'envers plutôt qu'à le normale. Les racines de l'arbrisseau n'étant pas si fines, elles formaient un branchage assez solide pour feinter une belle plante verte. Les fruits poussent en fait sous la terre, comme les patates si vous voulez. D'ailleurs ça s’appelaient des figues, mais ça n'y ressemblaient pas du tout, du moins les conditions de fleuraison et de maturité étaient complétement contraires : tandis que les figues standard moldues avaient besoin d'être gorgées de soleil, celles ci semblaient avoir besoin d'ombre. Ruby n'en avait jamais goûter de celles là mais elle imaginait que pour le coup, elle les apprécierait davantage puisqu'elles étaient sans doutes gorgées d'eau et juteuses ; elle détestait les fruits secs. Et pensez bien à la mettre le plus à l'Est de ce bout de terre, de sorte à ce que le soleil l'inonde de lumière dés son levé à son couché, comme à ses origines. Mais l'emplacement de votre...maison et de la forêt interdite est un peu embêtant car ça ne lui est pas favorable ; ça ne fait rien, le figuier et précieux car il est réputé pour avoir des racines qui s'adaptent à tous terrains, toutes conditions, elles défendent efficacement les fruits sous la terre.

Après un court silence, Ruby avait regardé sur le côté, hésitante : En...enfin, c'est juste un conseil. Je l'ai lu quelque part, dans un bouquin...

La Discrète

Il avait failli sursauter, le Garde-Chasse, et peut-être l'avait-il fait finalement un petit peu en entendant une voix lui répondre dans son dos. Sans se lever, un genoux toujours à terre, le geste de plantation en suspens dans une main, il avait pivoté la tête vers la source de la voix. Ses yeux identifièrent rapidement qu'il s'agissait d'une élève et qu'en plus, cette dernière était de la maison Serdaigle, comme l'indiquait son blason accroché et ses couleurs de manière générale.

Il tenait le plant à l'envers, ou plutôt trop à l'endroit finalement, lui indiquait-elle. Qu'il soit sur le point de planter maladroitement ne l'étonnait guère au fond. Et la consigne jointe avec ne l'aidait pas à bien cerner s'il s'agissait d'une blague ou d'une erreur d’écriture – en plus d'un manque d'information telle que l'espèce en question qui l'aurait amené à saisir plus de chose. Spécimen que l'élève s'avera connaître.

Un quoi ? Sembla sur le point de franchir ses lèvres avant d'être ravalé tout rond d'une gorgée de salive dans son gosier. Le nom lui disait bien quelque chose et quand elle mentionna l'Afrique, ses souvenirs l'amenèrent tout droit devant des baies qu'il se voyait dévorer et/ou utiliser pour attirer quelques créatures fantastiques. À savoir comment la planter par contre, c'était une autre chose. Quelle ne fut pas sa surprise de l'entendre lui conseiller sur l'emplacement. Conseils qu'il écouta avec soin tout en parcourant des yeux l'endroit idéal pour planter le figuier en question.

Quand elle eu fini, il fit mine de réfléchir, se leva, se dirigea plus à l'est, médita un instant avant de reprendre à sa suite en désignant un point plus à l'est, mais également plus boueux, qui nécessiterait plus d'ouvrage au final.

« Par là, par exemple ? » Demanda t-il d'un sourcil relevé avant de rajouter. « Et tout conseil est bon à prendre, je vous remercie Miss...  ? »

Son visage ne lui disait pas grand chose et d'un côté ce n'était pas comme si après deux mois passé à Poudlard, il serait en mesure de connaître sa population par cœur. Physionomiste pourtant, il dû bien admettre que son minois lui était vaguement familier. Peut-être passait-elle assez de temps à l’extérieur. Peut-être se faisait-elle aussi discrète qu'actuellement. Une élève se fondant dans un décor. Idéal pour l'observation, la traque ou la chasse ! Elle avait de bonnes qualités pour suivre ses traces, même si il était certain qu'elle était plutôt botanique qu'animaux à première vue. Quoiqu'il en soit, s'aventurer sur le chemin des plantes amenait également à voyager énormément.