Bonnie s'était encore levée de bonne heure ce matin-là et avait pris le chemin de sa tant aimée bibliothèque sitôt un sommaire petit déjeuné avalé. Les matinées des week-ends étaient certainement les meilleurs moments au monde à passer dans cette partie du château tant les gens s'y trouvant étaient rares et tant le calme était parfait. Il n'y avait là que des élèves qui souhaitaient réellement travailler et dans la majorité des cas, ce n'était que des habitués. Des têtes connues pour la plupart, dont elle connaissait le nom mais auxquelles elle n'avait jamais parlé, à l'instant de Gabriel qu'elle se faisait toujours une joie de retrouver mais qu'elle n'avait jamais été assez courageuse pour aborder. Cassidy aimait se moquer gentiment d'elle à ce sujet, raillant gentiment qu'elle passait peut-être à côté de l'homme de sa vie, après quoi elle rougissait, baragouinait qu'elle disait n'importe quoi et replongeait dans un quelconque bouquin sous les éclats de rires joyeux de sa meilleure amie. Elle n'avait jamais rien entendu d'aussi ridicule et la Gryffondor s'amusait à le lui répéter dès qu'elle en avait l'occasion, comme si elle craignait qu'elle l'oublie. Elle s'était laissée aller une fois à imaginer ce que ça pourrait donner si elle disait vrai mais à part de longs silences gênés, elle n'avait rien trouvé d'autre, ce qui ne lui donnait pas envie d'y croire le moins du monde.

Ce matin-là, elle devait retrouver Cooper pour travailler, comme ils le faisaient très très souvent depuis quelques semaines déjà. C'était une habitude qui s'était finalement installée sans qu'elle ne l'en empêche, cherchant le Serpentard du regard à chaque fois qu'elle entrait bien qu'il soit très rarement à leur table avant elle. Elle commençait même à apprécier sa présence et à s'ouvrir davantage, n'hésitant plus à bavarder légèrement alors qu'ils s'accordaient une pause. Elle oubliait même parfois de regarder l'heure et de les pousser à se remettre au travail. Bien sûr, cela restait sa priorité, il était venu la voir pour ça, mais elle hésitait de moins en moins à s'intéresser à lui et à le laisser en faire de même. Ses rares amis ne voyaient pas d'un très bon oeil ce rapprochement aussi inattendu que surprenant. Elle faisait de son mieux pour leur expliquer qu'il ne s'agissait que de travail mais ils ne pouvaient se retenir de la mettre en garde contre le jeune homme qui, d'après eux, n'était pas la personne la plus fréquentable qu'on puisse trouver à Poudlard... Si elle gardait leurs recommandations dans un coin de sa tête, elle n'avait pas renoncé à l'aider pour autant, bien au contraire. Elle ne le reconnaîtrait jamais mais la gamine asociale qu'elle était appréciait d'avoir à découvrir quelqu'un d'autre, quelqu'un dont elle ne savait rien et avec qui elle n'avait rien d'autre en commun que le blason de leurs robes de sorcier...

Cette fois encore, il n'y avait pas la moindre trace de Cooper lorsqu'elle était entrée dans la Bibliothèque. Elle était quasiment déserte à part un petit groupe de Serdaigle assis à une table et qui discutait à voix basse derrière une pile de bouquin en tout genre. Aussi elle ne s'en étonna pas et alla s'installer à la table qu'elle avait l'habitude de partager avec le Serpentard puis sortie ses affaires le plus normalement du monde. Elle était en train de rechercher dans le Grand Dictionnaire de la Botanique où est-ce qu'elle pouvait trouver des Cricasses pour le devoir qu'elle faisait avec Astride pour cette matière lorsque Cooper fit son entrée, s'asseyant face à elle. Elle daigna tout de même lâcher son livre des yeux et lui adressa un sourire discret.

« Désolé pour le retard. Pour ma défense je travaillais. »

Son regard se posa sur les carottes qu'il tenait à la main. Il travaillait ? Avec des carottes ? Et il devait faire quoi avec ? Les transformer en soupe ? Elle n'avait pas vu dans le programme de septième année quoi que ce soit parlant de carottes. Il lui tardait d'avoir une explication. A côté de ça, elle ne parut pas dérangée par son retard, à peine si elle l'avait remarqué, préférant de loin s'amuser de la présence de ces carottes à leur table que de râler pour quelque chose à laquelle elle n'avait pas fait attention.

"Je ne savais pas qu'il y avait des cours de cuisine ici." rit-elle alors qu'elle trempait sa plume dans son encrier et qu'elle griffonnait quelques informations sur son parchemin. "Ça n'a pas été trop dur de te réveiller ?"

La rousse referma son énorme bouquin et le repoussa doucement sur le côté avant de ranger son parchemin dans son sac et de regarder son camarade sortir fièrement un journal avant d'y déposer sa trouvaille dessus sans qu'elle ne puisse comprendre pourquoi. Que diable faisait-il donc avec des carottes au lieu de faire ses devoirs ou de réviser ses leçons comme tout le monde devrait passer son week-end à le faire ? Il s'était pris les pieds dans sa couette et s'était violemment cogné la tête contre le mur, si bien que le pauvre ne savait plus vraiment ce qu'il faisait ? Des carottes... Pourquoi pas de tomates et des haricots verts pendant qu'il y était ? Un peu plus et il pourrait leur préparer un véritable déjeuner sans qu'ils aient à sortir de la bibliothèque ! Peut-être daignerait-il l'éclairer avant qu'elle ne s'imagine toutes les raisons les plus stupides du monde...?

« D’après toi, je fais quoi d’original avec ça ? Je peux la faire changer de couleur, la transformer en ninja, ou en mini marteau piqueur… Je ne trouve pas d’idée brillante. »

Bonnie ne put retenir un petit rire surpris qui lui attira les regards noirs des très rares personnes présentes, sur quoi elle rougit discrètement avant de se reprendre bien vite. Elle n'avait pas l'habitude de se faire remarquer par autre chose que par le campement qu'elle avait établi ici et n'aimait pas beaucoup l'idée de commencer maintenant. Pour quoi passerait-elle ? Et qu'en penseraient ses amis si jamais ils venaient à apprendre qu'elle venait à la Bibliothèque pour rigoler avec Cooper ? Ce serait probablement très mal perçu, et à raison d'ailleurs...

"Mais c'est une carotte. Pourquoi tu veux faire quelque chose d'originale avec une carotte ?"

« Non, cours de botanique, mais t’étais pas loin. Je ne suis décidément pas un lève-tôt, mais je m’y fais, je t’assure. Comment fais-tu pour être aussi matinale un samedi ? »

Le cours de botanique ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien avoir à faire avec des carottes en botanique ? Bonnie tâcha tant bien que mal de se souvenir des grandes lignes du programme de septième année de la dite-matière sans pour autant trouver quoi que ce soit qui parle de carottes... Si le Professeur Londubat était un excellent enseignant, il semblait parfois avoir de drôles d'idées, comme de faire des maracas avec des petits pois sauteurs pour les assommer en plein cours, laissant la salle de classe se faire envahir par un joyeux brouhaha... Elle ne put néanmoins que prendre notes qu'elle risquait, dans deux ans, d'avoir à travailler sur le légume, aussi devrait-elle peut-être s'y mettre dès maintenant afin d'être vraiment prête à un tel travail. Elle ne savait toujours pas en quoi consistait le devoir en question mais ça ne saurait probablement tarder...

A sa question, la Serpentard haussa les épaules assez distraitement. Samedi, dimanche, ça ne faisait aucune différence, c'était des jours de la semaine comme les autres et ils étaient tout aussi utiles pour travailler. Aucune discrimination n'était admise à ses yeux. Et puis, l'avenir n'appartenait-il pas à ceux qui se levaient tôt ? Ce n'était certes pas une raison suffisante pour appliquer à la lettre de que la plupart des élèves évitaient en temps normal mais c'était la seule excuse qu'elle pouvait trouver. Elle n'avait jamais été très à l'aise ni dans son dortoir ni dans sa salle commune si bien qu'elle préférait de loin prendre la fuite au petit matin pour des endroits plus rassurants, tels que la bibliothèque ou... La bibliothèque. Malgré son sens de l'orientation inexistant, elle n'avait jamais eu l'occasion de visiter le château, si bien qu'il existait peut-être une meilleure place que le domaine de Madame Crewe sans qu'elle ne soit au courant...

"Pour le cours de botanique ? Que dois-tu faire avec ces pauvres carottes ?" le questionna t-elle avec intérêt. "Ce n'est pas parce qu'on est samedi que je dois oublier de travailler. Les BUSEs approchent, je pensais que tu aurais enfin compris que chaque seconde peut être importante."

Il n'y avait aucun reproche dans sa voix, tout juste un vague amusement. Elle pouvait être matinale, il semblait l'être au moins tout autant. Il avait été en retard, c'était vrai, mais il était là prêt à travailler alors que la grande majorité du château n'avait pas encore daigné quitter les bras de Morphée. Bien entendu, il n'était probablement pas là parce qu'il en avait lui-même eu envie mais le simple fait de pouvoir l'y trouver signifiait tout de même quelque chose et ce n'était certainement pas parce qu'elle était là, elle, qu'il y était également. Si elle avait craint qu'il se lasse rapidement et retourne à ses activités habituelles bien loin des leçons et autres livres de cours, elle ne pouvait qu'être rassurée. Cooper était véritablement décidé à rattraper son retard et malgré quelques retards et difficultés, il n'avait jamais faibli jusque là. Elle ne pouvait nier avoir douté même si elle ne le lui disait pas clairement à lui... Elle le regrettait aujourd'hui. Peut-être aurait-elle dû lui faire entièrement confiance sur ce point, et ce depuis le début ? Elle n'en savait rien et lui n'en saurait probablement pas davantage. S'était-il au moins lui même attendu à tenir bon de la sorte ?

« Je vois bien que c’est une carotte et c’est aussi mon prochain fabuleux devoir de botanique. Je dois faire quelque chose d’original et, bien sûr, de magique avec cette carotte. J’ai un peu de temps devant moi, mais j’ai toujours pas trouvé de bonne idée. Seulement, le résultat compte pour beaucoup dans ma note finale, je dois trouver quelque chose. Mais au cas où ça t’aurait échappé, une carotte c’est pas super inspirant. »

Le jeune homme lui sembla d'un coup plus irrité, presque vexé sans qu'elle ne puisse comprendre pourquoi. Son sourire s'effaça. La rousse reporta son attention sur les légumes toujours posés sur la table. Qu'est-ce qui avait pu le faire changer de comportement si rapidement ? Elle avait sûrement dit quelque chose de mal, mais elle ne voyait pas quoi... Si elle n'osa pas se l'avouer, cette situation l'attristait. Oh, bien sûr ils n'étaient pas de grands amis mais depuis qu'ils se fréquentaient, ils étaient toujours parvenus à passer leur journée dans une ambiance légère lorsqu'elle n'était pas studieuse et là, de le voir plus sec et distant qu'il ne l'avait été jusque là la remettait à sa place bien malgré elle. Elle n'était que son 'professeur', son 'aide', rien qui ne puisse valoir autre chose qu'une présence forcée de sa part. Et dire qu'elle avait eu l'impression qu'ils s'entendaient bien...

Elle soupira. Il était là pour travailler alors il fallait travailler. Si les carottes n'étaient pas la première chose à laquelle elle aurait pensé pour un devoir, elle devrait composer avec pour l'aider. Il y avait bien quelque chose à faire avec ça... Oui, sûrement. Des tonnes de choses à faire même... Mais quoi...? Elle craignait que ces réflexions n'aboutissent à rien de bon mais elle ne risquait rien à s'y essayer.

"Tu y arriveras. Pourquoi tu les transformerais pas en lapin ? Quand on les toucherait par exemple... Bien sûr ça n'aurait pas le moindre intérêt mais tu n'as pas précisé qu'il en fallait un."

Sa voix s'était fait aussi neutre que possible, ce qui n'avait jamais été vraiment le cas ces derniers temps alors qu'elle tâchait de lui faire prendre confiance au maximum en ses capacités ainsi qu'en la réussite de ses examens de fin d'année...

« En fait, j’aurais eu le choix, j’ai pris les carottes sans réfléchir. J’ai pas pris le temps de la réflexion, à dire vrai, sur le moment je m’en fichais un peu, maintenant ce n’est plus vraiment le cas. »

Bonnie ne trouva pas la peine de l'enfoncer davantage, il semblait être assez conscient de la bêtise qu'il avait fait en choisissant son sujet à la va-vite. Le principal n'était pas de le lui faire remarquer plus encore mais qu'il le comprenne de lui-même histoire de ne pas recommencer encore et toujours les mêmes erreurs. Elle se contenta de lui sourire en haussant légèrement les épaules. S'il ne s'en fichait pas, il y avait de fortes chances pour qu'il puisse s'en tirer sans problème, il ferait quelque chose de tout à fait correct et obtiendrait une note raisonnable qui ne le mettrait pas en échec pour ses examens. Elle lui faisait assez confiance sur ce point puisqu'il ne lui avait jamais prouvé qu'elle en avait tort. A force de travail, il parviendrait sans mal à bout de son devoir, aussi compliqué qu'il puisse lui paraître à première vue.

"C'est pas si mal les carottes. Je suis sûre que tu peux parvenir à un bon résultat avec ça !"

Et puis, il serait sûrement le seul élève depuis des générations à avoir choisi un légume comme base d'un exposé. Ce qui était presque certain qu'il ferait quelque chose d'original et de peu souvent vu alors que le reste de ses camarades se contenteraient de faire ce qu'on attendait d'eux sans se risquer à approfondir ou à dépasser légèrement les limites du "scolairement correct". Bien sûr, elle n'aurait certainement pas pris ce légume si elle avait été à sa place et ce pour la raison très superficielle qu'il était quasiment de la même couleur que ses cheveux et qu'elle pouvait craindre des moqueries désagréables à ce sujet comme elle en avait déjà eu plusieurs étant enfant... Enfin, toujours était-il qu'un légume restait un légume et qu'il était tout à fait possible d'en faire quelque chose d'autre qu'une purée. Cooper devait forcément le savoir, sans quoi pourquoi ce serait-il aventuré sur ce terrain glissant ? Elle refusait tout bonnement d'imaginer que c'était uniquement pas idiotie. Ce devait être une sorte de génie caché ou quelque chose dans ce genre là qui avait parlé à sa place et désigné la carotte comme base de son devoir. Surtout que généralement, le Professeur Londubat donnait un devoir sur l'année comptant pour une grande partie de leur note finale, il fallait espérer que ce ne soit pas le cas pour la carotte ou alors que la note en question serait brillante. Ou au moins satisfaisante... Douze ou treize, minimum. C'était largement envisageable ! Le Serpentard n'était pas sur-doué mais il avait des capacités. Il était temps pour lui d'en prendre conscience et de les mettre à contribution !

« C’est pas bête du tout… Bouges pas je reviens. »

Elle ne voyait pas du tout ce qu'elle avait pu dire qui mérite un tel enthousiasme mais elle n'allait certainement pas le freiner dans sa soif de travail et de réussite si bien qu'elle le regarda se lever précipitamment et traverser la Bibliothèque à la recherche d'elle ne savait pas quel livre. Elle eut tout le loisir de remarquer les progrès parcourus depuis leur première entrevue ici. Elle n'avait cessé de jouer les guides, arrêtant toutes les cinq minutes ce qu'elle était en train de faire pour lui montrer où se trouvait ce qu'il cherchait et maintenant, il y arrivait aussi bien qu'elle, comme s'il avait toujours passé sa vie ici. Elle ne put que sourire à cette constatation. Le jeune homme revint presque aussitôt avec une pile de manuels presque aussi grande qu'elle puis il reprit sa place sans un mot.

"Tu cherches quoi ?"

Elle avait pris l'habitude d'être mise au courant de tout, ou presque, si bien qu'elle n'aimait pas particulièrement l'idée d'être mise à l'écart de ses recherches... Encore un peu, et il n'aurait plus du tout besoin d'elle. Cette idée la tracassait déjà depuis quelques jours alors qu'il travaillait avec acharnement pour réussir ses ASPICs. Peut-être devrait-elle l'empêcher d'arriver au terme de son apprentissage trop vite ? Non, c'était stupide... Pourquoi devrait-elle s'inquiéter qu'il puisse la prévenir qu'il préférait continuer seul ? Après tout, elle ne lui avait jamais demandé de venir lui tenir compagnie en permanence et elle n'avait absolument pas besoin de lui pour étudier. Elle était chez elle à la bibliothèque et béni serait le jour où elle pourrait retrouver totalement le calme qu'elle y avait connu sans avoir un parasite permanent à ses côtés. Elle n'en pensait pas un mot mais tâcha d'y croire tant bien que mal... Elle avait fini par s'attacher à son camarade, aussi différent d'elle soit-il...

« Et toi ? Qu’est-ce que tu fais ? Ne me dis pas que tu lis ce truc pour le plaisir, je ne te croirais pas. »

Elle le regarda se plonger dans le premier livre de sa pile, parcourant les lignes sans vraiment prêté attention à elle. Elle sortit de son sac un nouveau parchemin ainsi que son livre d'Astronomie. Elle avait un devoir à faire alors s'il pouvait travailler sans son aide, autant mettre sa tranquillité à profit et bouclé enfin le dernier exercice qu'il lui restait à faire avant de pouvoir se plonger dans l'apprentissage des sortilèges au programme de septième année. Cela faisait longtemps qu'elle avait survolé celui de sixième, se contentant d'apprendre ce qui pouvait lui être utile dans l'immédiat, mais là, c'était plus important puisqu'elle ne savait pas vraiment où pouvaient se trouver les lacunes de son "élève"...

"Non, du tout. Je cherchais des informations sur les Cricasses, pour mon devoir de botanique. Comme quoi les grands esprits se rencontrent."

Elle lui sourit avec amusement et ouvrit son livre de cours, cherchant distraitement la page où l'attendait sagement son exercice...

« Je me demandais, si c’était possible de créer une sorte de réaction à retardement. Enfin, je sais pas trop comment l’expliquer, j’ai pas d’idée précise, mais je trouvais ça rigolo d’y arriver. Un peu comme un feu d’artifice en fait. Tu allumes la mèche, mais il y a un temps d’attente avant que ça déclenche le mécanisme… Je ne suis pas très clair n’est-ce pas ? »

Sa question avait été totalement innocente, posée simplement histoire de s'intéresser aux devoirs du jeune homme, de lui prouver un peu plus encore son implication dans la tâche qu'elle s'était imposée, jamais Bonnie ne se serait attendue à devoir presque se rendre à l'infirmerie tant elle aurait la migraine à chercher ce qu'il pouvait bien essayer de lui dire... Parce qu'elle voyait bien qu'il tentait de lui expliquer quelque chose mais ça lui échappait totalement. Enfin... Elle comprenait plus ou moins cette histoire de feux d'artifice à retardement mais elle était totalement incapable de voir le rapport avec son devoir de botanique... A part faire exploser sa carotte, il ne parviendrait pas à grand chose ainsi et la rousse craignait que leur professeur ne soit pas particulièrement ravi de se retrouver couvert de morceaux de légumes, ce qui serait parfaitement compréhensible même si c'était le travail d'un élève et qu'il y avait eu du travail derrière... Peut-être devrait-il mettre sa créativité au service d'une cause plus noble que des bêtises en tout genre ?

"Je crois que je vois vaguement mais... Tu comptes en faire quoi ? C'est pas pour te décourager, loin de là, mais faire des feux d'artifice de carottes, ce n'est pas une brillante idée."

Elle lui adressa un sourire désolé, presque mal à l'aise d'avoir à briser ses rêves et de renvoyer à l'état de poussière les idées qu'il pouvait avoir. Ce n'était pas vraiment son rôle presque au contraire, il s'intéressait à son devoir et s'il fallait pour ça qu'il fasse exploser tout ce qui se trouvait à sa portée, elle devrait plutôt l'encourager, ravie qu'il prenne enfin ses exposés au sérieux mais c'était bien trop lui demander que de se féliciter de cet exploit sans tenter de l'en disuader avant. Elle n'était pas certaine que rendre un tel travail ne soit pas considéré comme illégal, aussi dans le doute, il fallait mieux prévenir que guérir. Cependant, c'était tout de même un grand pas en avant. Il ne se contentait plus de se pencher sur ses ASPICs en eux-mêmes mais également sur tout le travail, les devoirs et autres, qu'il pouvait y avoir autour et ce sans elle. Il reprenait réellement ses études en main, il n'y avait pas la moindre raison pour qu'il ne parvienne pas à atteindre son but. Il obtiendrait des résultats convenables et aurait son diplôme.

La Serpentard dessinait distraitement sur son parchemin une énième carte du ciel, plaçant Jupiter et ses satellites avec la plus grande précision, s'amusant même à colorier son travail. Ce n'était pas sa matière préférée, n'aimant pas vraiment se retrouver en haut de la Tour en pleine nuit et devoir retrouver son chemin toute seule de nuit après avoir posé mille et une questions à son professeur mais elle devait reconnaître qu'elle était vraiment intéressante et que c'était toujours avec plaisir qu'elle s'y rendait, se demandant à chaque fois quel spectacle les attendait là-haut...

« Dis-moi, qu’est-ce que tu fais quand t’es pas à Poudlard ? Ou quand tu travailles pas en général ? »

Elle releva les yeux de son travail, la plume à mi-chemin entre son encrier et sa feuille, surprise par une telle question. Cooper lui donnait presque l'impression qu'il ne l'imaginait pas faire autre chose qu'apprendre encore et toujours, comme si elle n'était qu'une espèce de machine à étudier. C'était pas vraiment faux mais heureusement pour elle pas non plus tout à fait vrai... Elle reposa sa plume délicatement et secoua doucement son parchemin d'un geste machinal et distrait pour faire sécher l'encre alors que son regard restait fixé aux pages de son manuel de cours.

"Oh... En vacances, je fais du théâtre enfin, plus ou moins, et je voyage parfois avec mon père... Ici... Je ne sais pas trop... Je vais parfois à Pré-au-Lard avec Cassidy. Et puis, je lis et j'écris beaucoup. Ca compte pas comme du travail, si ?"

« Oui enfin, le feu d’artifice c’est qu’une image. Tu m’avais parlé de cette idée de transformer des carottes en lapins quand on les touche. Pour ça, il faudrait qu’il y ait une sorte de reconnaissance tactile, non ? Intégrer le sortilège à la carotte mais qu’il se déclenche qu’à un moment précis. Enfin, je ne sais pas si je suis beaucoup plus clair, mais je le serais sans doute plus quand j’aurais trouvé une vraie idée qui tienne la route. »

Bonnie se souvenait encore de ce qu'elle disait, ce qui était rassurant en soi. Oui, elle lui avait bien parlé de transformer des carottes en lapin au moindre contact humain — ce qui était parfaitement inutile et probablement compliqué à réaliser même avec toute la bonne volonté et tous les bouquins de sortilèges du monde — mais elle ne se souvenait pas un seul instant avoir envisagé l'idée de le faire avec un feu d'artifice. Ni même d'ailleurs avoir pensé une seconde qu'on puisse utiliser un sortilège intéressant en lui-même à des fins aussi puériles et immatures que celles-ci. Malheureusement, il semblait plus clair que la première fois, un peu trop d'ailleurs. Comme s'il fallait à tout prix réduire l'espèce de fierté étrange qu'elle ressentait face à ses progrès à l'état de remords pour l'avoir aidé à arriver jusque là. Parce qu'au fond, s'il arrivait à faire des feux d'artifice à retardement, si ses déductions étaient bonnes bien sûr, ce serait un peu de sa faute à elle, d'une part pour avoir émis une idée idiote qui de fil en aiguille aurait dérivé jusqu'ici et d'une autre part pour lui avoir fait en sorte qu'il se sente capable d'y arriver... Elle était la seule et unique responsable de cette bêtise à venir si jamais elle venait un jour. Depuis qu'il lui avait proposé de se rendre dans le bureau de la Directrice pour y questionner le Choixpeau sur les raisons qui l'avaient poussé à les envoyer à Serpentard, elle ne pouvait que s'attendre à voir mille et une infractions se présenter sans qu'elle ne prenne la peine de le lui demander...

« Ça dépend ce que tu lis, si c’est le traité des plantes magiques je considère que c’est du travail. Tu écris quoi ? »

Elle leva les yeux au ciel en soupirant exagérément. Comme si elle pouvait véritablement passer sa vie toute entière à travailler, à lire et à apprendre des choses qui pouvaient lui servir réellement dans sa vie scolaire ! Il semblait parfois oublier qu'elle n'était qu'une adolescente de seize ans et que par conséquent, elle lisait des romans aussi inutiles que superficiels comme n'importe quelles filles de son âge. D'accord, c'était bien plus commun de la voir avec une biographie quelconque ou un livre d'histoire entre les mains mais ce n'était pas non plus le cas en permanence, fort heureusement pour elle. Quant à son écriture, elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendait Cooper... Peut-être l'imaginait-il racontant sa vie à un stupide journal comme le faisait ses petites soeurs ? C'était possible... Après tout, ils ne se connaissaient pas vraiment, ça ne serait pas étonnant qu'il l'imagine aussi enfantine que cela.

"De la poésie. Rien de bien extraordinaire..."

La rousse tut le fait qu'elle avait été publié plusieurs fois depuis qu'elle avait commencé à écrire, ce n'était pas très important et elle ne voyait pas l'utilité de le lui avouer. Le jeune homme ne paraissait pas être le genre d'élèves à passer sa vie dans les recueils, si bien qu'elle pouvait être partiquement sûre qu'il n'en avait jamais entendu parler et qu'il ne l'apprendrait certainement pas tout seul, or elle ne pensait pas qu'il y ait d'autres personnes qu'Oliver et Cassidy à le savoir... Bien sûr, ça ne changerait absolument rien à leur relation s'il ne venait qu'à l'apprendre, ou du moins c'était ce qu'elle pensait, mais elle n'avait pas la moindre envie d'avoir à répondre à un interrogatoire sur le sujet, sujet avec lequel elle n'avait jamais été particulièrement à l'aise depuis son départ de Manchester. Elle peinait déjà à discuter tranquillement de sa famille, notamment de son frère aîné dont elle ne connaissait pas grand chose alors si en plus il fallait se mettre à expliquer le plus gros traumatisme de son enfance elle n'allait pas s'en sortir...

« Je trouve ça super que tu fasses du théâtre, je pensais que tu étais timide. Tu en fais depuis combien de temps ? »

Il fallait espérer qu'elle n'aurait pas à s'étendre sur le fait qu'elle n'était pas timide dans ces moments-là puisqu'elle n'était pas vraiment elle mais un quelconque personnage historique et que c'était beaucoup plus facile d'oublier tous les 'problèmes' que pouvaient lui poser le commun des gens. Peut-être aurait-elle dû taire ce passe-temps pour le laisser croire qu'elle ne faisait que travailler, encore et encore... Mais elle ne se voyait pas lui mentir, pas pour des broutilles comme ça. Puisqu'il lui posait les questions, elle n'avait pas beaucoup d'autre choix que de lui répondre bien sagement, comme elle l'aurait fait avec ses rares amis. Au fond, ne le devenait-il pas un minimum, jour après jour ? Probablement...

"Je ne sais plus exactement... Un peu moins de dix ans. J'étais pas entrée au collège encore... Oui, c'est ça, je devais avoir huit ans je crois. Je demanderai à mon père quand je lui écrirai si tu veux."

« Rien d’extraordinaire ! Tu plaisantes ?! T’écris depuis combien de temps ? »

Bonnie ne put s'empêcher de sourire discrètement. Non, elle ne plaisantait pas le moins du monde. Pour elle, c'était tout ce qu'il y avait de plus banal. Est-ce que tous ces sorciers qui grimpaient sur un balai depuis qu'ils savaient marcher trouvait ça extraordinaire de savoir voler ? Probablement pas. Alors pourquoi devrait-elle voir dans ses activités extrascolaires la moindre trace d'extraordinaire ? Ca faisait partie de sa vie depuis tellement longtemps que c'était normal. Juste normal. Bien sûr, elle avait conscience que le déroulement des évènements depuis qu'elle eut su tenir un stylo n'avait rien de normal mais elle n'avait pas envie de lui en faire part, préférant rester à ses yeux que l'intello qui lui servait, ou du moins avait servi, de professeur particulier plutôt que de lui donner des raisons supplémentaires de la voir en bête de foire, en gamine décidément dérangée... Elle n'avait jamais eu grande envie de faire bonne impression et pourtant voilà qu'elle craignait d'être affublée d'un rôle désagréable qu'elle ne peinerait certes pas à assumer mais qui risquait de réduire à néant la naissance de leur amitié puisque c'était ainsi qu'elle voyait les choses même si elle refusait catégoriquement de se l'avouer.

"Oh... Je sais pas exactement... Ca doit faire dix ans, plus ou moins, que je le fais sérieusement."

"Qu'elle écrivait" au sens propre du terme n'avait pas grand intérêt, inutile de reconnaître qu'elle avait su lire et écrire avant d'entrer à l'école soit peu de temps après la naissance des jumelles, vers trois ans à peine. C'était tout de même plus facile d'aborder ses réussites que ses échecs, si elle ne rechignait pas à explorer les points brillants de sa jeune vie, elle n'y mettrait probablement pas la même honnêteté s'il avait été question de son manque flagrant de vie sociale, que ce soit ici ou à Londres... Expliquer que le seul ami qu'elle avait été capable d'avoir malgré les brimades et autres passages désagréables de sa vie scolaire vivait encore et toujours à Manchester et qu'elle était l'unique responsable de son abandon n'était pas dans ses cordes, elle ne le savait que trop bien. Cassidy et Oliver en avaient entendu parler, notamment à cause des nombreuses lettres qu'ils s'échangeaient mais le reste de ses connaissances... Elle ne se souvenait pas avoir mentionné son ami auprès de qui que ce soit... Elle n'avait pas un nombre de relations extraordinaires si bien qu'il lui était facile de se souvenir ce qu'elle disait et à qui... Comme quoi jouer les asociales pouvait avoir du bon parfois.

« Waow, ça fait un peu plus de sept ans alors, c’est énorme ! Tu veux travailler là-dedans plus tard ? »

La rousse secoua la tête alors qu'elle se repenchait distraitement sur son devoir. Etait-ce bien utile de lui avouer qu'elle n'avait pas la plus petite idée sur ce qu'elle voulait ou pourrait faire plus tard ? Elle qui semblait se jeter à corps perdu dans ses études pour atteindre ses objectifs futurs, puisque c'était ainsi que fonctionnait la plupart des élèves dans son genre, non ? Sauf qu'elle n'avait pas le moindre objectif si ce n'est continuer encore et toujours à faire ce qu'elle avait toujours su faire : exceller. Mais d'un autre côté, ça ne valait pas la peine de lui mentir pour si peu... Et puis, elle lui avait déjà expliqué à moitié qu'elle ne connaissait quasiment rien de ses frangins alors elle n'était plus à ça près.

"Non. Enfin je ne sais pas... Je n'ai jamais pensé à ce que je voudrais faire plus tard. Je passerai mon diplôme moldu en sortant d'ici et après... Ce serait le hasard total. On verra bien où ça me portera. Tu as une idée de ce que tu veux faire, toi ?"

Sûrement... Après tout, il ne lui restait plus longtemps pour se décider. Il passerait et aurait ses ASPICs à la fin de l'année et devrait choisir une voie tout de suite derrière. Et elle ne le reverrait probablement jamais plus. La chaise de la Bibliothèque resterait désespérément vide pendant deux longues et interminables années avant qu'elle ne prenne le large à son tour... Peut-être se recroiseraient-ils un jour ? Elle n'était pas certaine d'avoir envie de continuer une vie dans ce monde-ci mais après tout pourquoi pas. Tout le monde passait à Londres au moins une fois dans sa vie, non ? Encore fallait-il qu'elle y reste... Il n'y avait pas de raisons, ils se reverraient, au moins pour qu'il lui explique que "le temps qu'elle avait perdu avec lui" avait servi à quelque chose.

« Dix ans ! Non, c’est pas possible, tu as quoi, quinze ans ? Seize ans maximum ? Tu n’as pas pu commencer si tôt… Si ? »

Bonnie sourit d'un air amusé. Y était-elle pour quelque chose si à l'âge où les petites filles jouaient entre elles à la poupée, elle était enfermée dans la librairie où travaillait sa mère avec l'unique compagnie des livres ? Elle ne s'en était cependant jamais plainte, bien au contraire. Ce fut là-bas qu'elle avait compris qu'il y avait plus important que les gens et les contes de fée dans la vie, puisqu'il existait l'Histoire et la poésie. Bien sûr, comme toutes les gamines de son âge, elle aurait pu se contenter de regarder les livres avec des images en imaginant mille et une histoires qui n'avaient rien à voir avec celle qui était écrite pour de vrai, mais si elle l'avait fait un temps, elle s'en était rapidement lassée et aller plus loin encore dans sa lecture s'était imposé à elle comme une évidence. Ce serait sûrement difficile d'expliquer ça à Cooper qui la regarderait avec l'envie silencieuse mais peu discrète de l'envoyer directement finir ses jours à Saint-Mangouste. Elle se contenta de hausser les épaules, se demandant comment elle pourrait lui fournir la moindre explication sans s'enfoncer dans cette image de rat de bibliothèque échappé d'un asile...

"J'ai appris à lire assez tôt. La suite est venue toute seule. J'ai voulu imiter ce que je lisais et un beau jour et bien... Ca a donné quelque chose de visiblement satisfaisant." déclara t-elle non sans une certaine hésitation. "Et puis j'ai eu seize ans il y a deux mois, merci d'y avoir pensé."

Le ton de sa voix ne contenait nulle trace de reproches, loin de là. Elle s'en amusait et n'était d'ailleurs même pas certaine qu'il ait eu vent, un jour, de la date de son anniversaire. Elle ne la lui avait jamais dite en tout cas, et ne savait pas plus quand était le sien. Il fallait se rendre à l'évidence, sa connaissance du jeune homme était plus que superficielle, elle connaissait son nom, son âge et sa maison, elle savait vaguement que sa mère semblait vraiment être attachée à lui et qu'il était enfant unique. D'après ce qu'Oliver lui avait dit, il faisait partie de l'équipe de Quidditch de Serpentard et Cassidy prétendait qu'il n'était pas la meilleure fréquentation qu'on puisse imaginer puisqu'il passait soi-disant son temps libre à enfreindre le règlement... En fait, elle ne le connaissait absolument pas au delà des rumeurs qu'on avait pu lui rapporter et qu'elle mettait un soin tout particulier à ne pas croire. Enfin, si, elle voulait bien croire son ami; pourquoi irait-il lui mentir sur une chose aussi insignifiante que celle-ci ? Il n'y avait pas de mal à faire partie de l'équipe. Ou du moins c'était ce qu'elle pensait. Peut-être devraient-ils prendre un jour pour faire véritablement plus amples connaissances ? Mais cela reviendrait à aborder d'Oliver 1st, resté à Manchester, de ses expériences scolaires désagréables et du véritables manques d'amis dont elle pouvait faire preuve à Londres... Ce n'était probablement pas une excellente idée... C'était normal de vouloir garder des choses pour soi, non ? Et s'il venait qu'à aborder le sujet et elle à refuser de répondre, cela risquait peut-être de compromettre la certaine amitié qui parassait vouloir les lier... Non, ce n'était pas la peine de tout remettre en question pour une simple histoire de maigres connaissances.

« Un diplôme moldu en plus de celui des sorciers ? Tu ne sais pas choisir entre tes deux univers ? C’est vrai que ça ne doit pas être évident de concilier les deux. Enfin, j’imagine, je n’ai jamais eu ce problème. »

Le véritable problème n'était pas de pouvoir choisir ou non entre les deux mondes puisqu'elle ne s'était jamais vraiment posé la question. C'était simplement parce que l'intello qu'elle était vivait très mal le fait d'avoir commencé ses études moldus sans jamais avoir pu les finir. Beaucoup s'arrêtait à la fin de l'école primaire puis entrait à Poudlard mais elle avait tout de même fait deux années de collège loin d'être catastrophique et rattrapait vaguement son retard pendant les vacances grâce aux anciens cahiers de cours de son frère, aussi elle trouvait dommage d'avoir fait tout cela pour rien. Elle aurait ses ASPICs, ou du moins elle l'espérait, puis elle reprendrait le chemin de salle d'examen pour obtenir son A-Levels, comme n'importe quelle moldue. Ensuite elle verrait ce qu'elle aurait envie de faire, ou plus tôt ce qu'elle pourrait faire... Elle ne savait pas si elle continuerait ses études très longtemps ou bien si elle essayerait de travailler pour aider ses parents. Ce n'était en tout cas pas le sujet pour le moment, il lui restait au moins deux interminables années pour se décider.

"Je n'ai jamais cherché à choisir. J'ai juste envie d'achever ma scolarité moldue comme l'a fait mon frère et le feront mes soeurs. Je n'ai pas envie d'être la seule de la famille à avoir un diplôme qui ne vaut rien à leur yeux. Tu n'as jamais vécu sans magie ? Tu devrais essayer un jour, c'est amusant. Tout est beaucoup plus compliqué mais ce n'est pas désagréable."

Un peu plus et elle lui proposerait de venir passer une semaine chez elle, fut le nombre de moldus dans le même appartement, il serait probablement plongé dans leur monde sans le moindre problème et en moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire mais c'était un garçon, qu'elle ne connaissait pas beaucoup, et duquel elle n'était finalement pas si proche que ça, aussi elle s'abstint de le faire. Ce serait mal vu et déplacé. Et puis, elle ne savait pas quand est-ce que Cassidy comptait poser ses bagages à Londres pour son habituel squattage du domicile familial, ce qui acheva de la convaincre de se taire... La conversation suivit son cours sans être gênée le moins du monde par les débats intérieurs de la jeune fille.

« Hmm… Eh bien, je me disais que peut-être, enfin… Prof’. »

Bien qu'elle soit surprise, la rousse n'en fit rien, se contentant de sourire avec un certain ravissement. Ce n'était pas le genre d'ambition de cancres idiots comme il y en avait des tas. C'était plaisant de se rendre compte que son envie de réussir dépassait le juste passage des ASPICs, qu'il souhaitait vraiment s'en sortir et faire des études dignes de ce nom. Elle sourit de plus belle et posa sa plume sur son parchemin.

"Vraiment ? Ici ? Je serais ravie si Caspian t'avait un jour comme professeur." avoua t-elle toujours souriante.

Elle releva la tête et regarda distraitement autour d'elle lorsqu'elle remarqua Oliver près de la porte de la Bibliothèque qui la fixait sans ciller. Elle n'eut pas le temps de se demander ce qu'il faisait là qu'elle réalisa finalement qu'elle lui avait promis il y avait plusieurs jours déjà qu'elle passerait un moment dans les gradins du stade à le regarder faire sa "toute nouvelle figure qui lui permettrait très certainement d'entrer en professionnel dès ses ASPICs en poche". Elle ouvrit de grands yeux et commença légèrement à paniquer.

"Oh zut ! J'avais totalement oublié que je devais faire quelque chose ce matin... Il faut vraiment que j'y aille. On se retrouve au déjeuner ? Je compte sur toi pour m'expliquer tout ce que tu auras trouvé pour ton devoir."

Elle rangea ses affaires en quatrième vitesse et adressa un petit signe de main et un sourire désolé à Cooper avant de se hâter jusqu'à la sortie sans lui laisser véritablement le temps de répondre. Il ne lui restait plus qu'à croiser les doigts pour qu'il ne lui en veuille pas trop de l'avoir planté ainsi...