Pour la seconde fois consécutive, j’entamais une année scolaire en me disant que c’était l’année des BUSES et j’avais bien l’intention de donner tout ce que je pouvais pour avoir les notes les meilleures. Les sujets des cours m’intéressaient, je faisais mes devoirs à chaque fois et en avance ; y’avait-il donc une raison pour que j’échoue ou que je fasse une véritable catastrophe ? Réponse en fin d’année….en attendant, le temps commençait à se dégrader et entrer dans cette période fraîche et sombre ne m’enchantait pas. Où étaient les merveilleuses plages du Danemark, hum ?! Dans mon souvenir J’allais devoir faire avec…. Heureusement que Noël se rapprochait à grands pas ! En attendant, c’était Histoire de la Magie au programme et un paragraphe de la rédaction que j’avais commencé sur une partie de l’Histoire de Poudlard me donna une petite idée… D’après moi, cette idée était peut-être la meilleure façon de montrer mon intérêt pour Poudlard et une façon de faire différente d’un simple pompage dans les bouquins.
Je grimpais vite jusqu’au sixième étage, le parchemin et un bouquin pour support à la main avant d’entrer silencieusement dans la salle des trophées pour commencer mes petites recherches. Vingt minutes. C’est le temps que je passais dans la salle des trophées avant que quelqu’un ne vienne troubler ma tranquillité. Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître (à la voix et par un coup d’œil ensuite) Keagan ! Keagan… Ici ?!

Même si je l’avais voulu, je n’aurais très probablement pas pu retenir un petit sourire en entendant le jeune Poufsouffle m’adresser la parole. Parfaitement retournée dans sa direction tout en pointant rapidement un index vers moi, sous-entendant un « Moi ?! Une retenue ?! » silencieux, je lui répondis : « Nope ! Je suis là parce que je suis la seule à avoir la brillante idée de venir chercher des dates ici pour le devoir sur l’histoire de Poudlard qu’on doit rendre la semaine prochaine… Et toi Batman, qu’est-ce que tu fais là ? » Je l’interrogeais du regard avec ce même petit sourire sur les lèvres. J’aimais bien Keagan et ce malgré nos débuts difficiles. Ennuyer le monde ne marchait pas à tous les coups et j’en avais eu une brillante démonstration avec ce jeune homme en question. Dieu merci, aujourd’hui, il avait Daniela pour l’adoucir ET Edward pour lui dire à quel point j’étais formidable en dépit de mes idées tordues. J’ignorais complètement ce que Keagan venait faire ici. Tous les élèves évitaient l’endroit en général… non seulement parce qu’il n’y avait rien à voir et que nous pouvions facilement être invité à y faire la poussière ! Moi, j’étais là pour bosser et j’avais imaginé que ma discrétion me protégerait jusqu’à ce que j’aie terminé mes petites récoltes d’informations. Je haussais un sourcil lorsque Keagan leva un magazine devant moi tout en me donnant réponse à la toute dernière question que j’avais posée. Je roulais les yeux en souriant, m’assurant qu’il avait fini avant de répondre : « Ah ?! Y’a du clown au repas aujourd’hui, si je comprends bien ?!» Je lui adressais un petit regard volontairement blasé avant de marcher dans la combine et de sourire à sa connerie. « Tu me cherches dans tout le château pour les licornes de Laponie ? Y’a anguille sous roche mon cher Keagan ! J’crois que tu viens d’ailleurs de me donner une idée de cadeau simple et rapide à réclamer à Noël, pour toi : un petit coup de corne bien senti là où il faut par les licornes du traineau ! » Le jeune homme ne tarda pas à me mettre le magazine dans les mains et, bien évidemment, je commençais aussitôt à parcourir l’article pour voir ce qu’ils en disaient : « C’est un Magazine moldu.. » Ça n’était pas vraiment une question mais une constatation ; j’avais donc relevé le regard vers lui en disant ça, attardant mon regard sur son T-Shirt en pinçant les lèvres pour m’empêcher de dire quelque chose. Je me replongeais ensuite dans ma lecture tout en lui signifiant, d’un air sérieux : « On verra des trainées argentées dans le ciel le soir du réveillon, grâce à elles. Invite ta copine à une soirée style « la nuit des étoiles filantes » ! » Puisqu’il était venu jusqu’ici pour m’embêter, il allait en prendre pour son grade, ça c’était certain. Je n’en avais pas fini avec lui, même si j’avais un devoir à faire !

Je n’imaginais pas me retrouver en compagnie de quelqu’un dans un endroit tel que la salle des trophées…encore moins que ce « quelqu’un » soit Keagan. Même si l’heure était au sérieux (de la réalisation de mon devoir), il me fut parfaitement impossible de rester sérieuse et impassible dès les premières expressions de visage du jeune homme…et ça, c’était sans compter les noises qu’il venait me chercher de lui-même. Rigoler avec Keagan était quelque chose que j’appréciais énormément et, même si le jeune homme l’ignorait sûrement, c’était une façon pour moi de relativiser, n’imaginant pas entrer dans une conversation sérieuse avec lui. Très vite, je lui exposais les raisons de ma présence ici, ce qui, sans surprise, le fit réagir tout de suite. Haussant les épaules après l’avoir laissé s’exprimer, je répondis : « Peut-être parce que j’ai fui la bibliothèque justement parce que tout le monde s’y trouve pour finir le devoir ? Bon, je ne sais pas, tu poses trop de questions ! J’espère que tu n’as pas l’intention de dévoiler mon astuce ou … PIRE, t’en servir pour toi ! » Je terminais en lui adressant un petit regard méfiant, tout calculé, bien évidemment. Nous savions tous les deux que l’idée n’était pas inédite, mais j’étais contente de me trouver là pour bosser, en silence et ne penser à rien d’autre…. Keagan enchaîna très vite en me disant qu’il me cherchait. Information surprenante ! Pour se réveiller, ma curiosité n’avait pas besoin d’une autre phrase que celle qu’il venait de prononcer pour s’expliquer ! Je croisais ensuite les bras sur ma poitrine en levant un sourcil lorsqu’il avoua que me chercher était une mauvaise idée : « Ça, ça fait plaisir ! Je suis ravie de te voir…..presque…. » Taquineries, taquineries… J’interprétais volontairement ses paroles comme un manque cruel d’envie de me voir, mais il avait probablement voulu dire que me trouver n’avait pas été chose facile.

Peu importe, détachée de mon devoir, j’étais désormais bien décidée à le bousculer un peu. Je lui demandais quand même, au bout d’un certain temps, ce qu’il voulait exactement : « Bon alors, qu’est-ce qu’il y a ? » et sa réponse ne tarda pas à arriver : Un magazine. Il m’avait donc cherchée dans le château pour un magazine ? Je me penchais sur ce qu’il voulait que je voie, quasiment sûre qu’il avait trouvé un moyen de se foutre de moi… Je le lisais dans ses yeux. M’armant d’avance à la prochaine petite bataille que nous allions nous livrer (et qui allait bien m’amuser), je n’attendis pas avant de lui répondre, les yeux toujours fixés sur le magazine : « Mon petit frère te défie d’en faire autant. Et ne me sors pas l’excuse du « j’suis un homme », j’ai bien vu le doudou que tu as laissé traîner dans la salle commune après un épisode de somnambulisme. » Je relevais la tête après ça, pinçant les lèvres lorsqu’il mentionna mon « super carnet de nanas ». Keagan n’en loupait pas une, c’était un adversaire de taille ! M’empêchant de sourire sincèrement, je lui répondis, à propos du carnet : « Je fais attention à ce que j’écris dans le carnet des malheurs, il a tendance à tomber entre de mauvaises mains. » Et mon sourire ne resta pas caché très longtemps, sa réaction qui arriva ensuite et le magazine qui passa de mes mains aux siennes commença à me faire rire. Je savais qu’il pouvait être susceptible, mais je ne savais jamais s’il était sérieux ou s’il jouait à la perfection. Dans tous les cas, je n’avais pas l’intention de me laisser faire et je croisais les bras en fronçant volontairement les sourcils avant de m’exclamer : « Hé ! Tu es venu te moquer de moi ! Avoue au moins ça ! Tu mérites le coup de corne bien placé… » Je l’interrogeais du regard, sûre qu’il n’allait pas avouer qu’il la méritait, et dans le fond, je trouvais qu’il ne la méritait pas vraiment, mais je voyais juste, il était là pour se moquer des licornes que j’aimais beaucoup.

Ne sachant pas s’il allait me rendre le magazine et cesser de bouder comme un enfant, j’entrais dans le jeu en croyant à ce que l’article semblait vouloir nous présenter : Les licornes du Père Noël… Je lui indiquais qu’il lui suffirait de regarder le ciel le soir de Noël pour avoir la preuve que l’article disait vrai. Roulant les yeux, je repris la parole pour dire : « Danni les verrait, elle ! Et toutes les autres personnes qui ne se moquent pas de moi et des licornes. Pas sûr que tu passes une super soirée les yeux rivés vers le ciel ! » et puisqu’il m’incitait à dire que cet article était fait pour moi, je repris tout de suite pour dire : « Tu ne m’as pas laissé le lire entièrement. » Je baissais les épaules un instant et approchais de quelques pas de Keagan, lui reprenant le magazine des mains avant de pointer l’index assez brusquement sur son T-Shirt tout en disant : « Si l’article que tu ne m’as pas laissé finir est fait pour moi, toi, c’est ton T-Shirt qui est fait pour toi ! Super héro à la noix qui est saucissonné dans son costume et qui est juste un peu trop chanceux ! » Le défiant quelques secondes du regard, je posais de nouveau les yeux sur l’article pour voir s’il en valait vraiment la peine. Maintenant que j’avais le point de vue des sorciers, certains articles de presse des Moldus me faisaient rire et démontraient un taux de naïveté assez mignon, de mon point de vue.

Je ne connaissais pas meilleure « cible » que Keagan pour m’exercer un peu aux taquineries et lorsqu’il venait me trouver tout seul pour s’en prendre plein la figure (oui, je préférais croire ça de son arrivée en salle des trophées), j’estimais que l’instant était royal et qu’il allait falloir que je redouble d’efforts pour lui montrer que j’étais la plus forte dans cet exercice. D’un autre côté, je savais que tout cela n’avait pas été gagné d’avance avec Keagan et il avait existé un temps où j’avais plutôt cru qu’il serait la seule et unique personne à ne pas accepter la plaisanterie et à me détester sans vraie raison. Nous avions très mal commencé et un hasard (portant le doux prénom d’Edward) lui avait fait changer d’opinion.
En plein risque de nous faire prendre par le concierge au beau milieu des trophées, nous étions lancés dans une superbe conversation qui me donna envie de sourire dès les premières minutes : « Tu ne prendrais pas MES astuces à moi, juste parce qu’elles sont à moi, mais si ce sont les meilleures ?! Quelle occasion perdue….en tous les cas, j’espère que tu as eu une bonne note à ce devoir…. ! » Et le regard qui allait avec était plein de scepticisme qui était volontaire, bien évidemment ! Je voulais lui faire croire que je doutais de cette dernière information bien que ce ne fut pas le cas, en réalité. D’ailleurs, je ne m’empêchais pas de feindre le déplaisir de le voir. En réalité, j’étais quand même contente d’avoir quelques minutes (parce que c’était le fait de quelques minutes, non ?) avec lui. Nous nous croisions souvent dans la salle commune, mais les contacts n’étaient pas aussi réguliers que ça. Je passais tout mon temps avec Octavia et lui en passait sûrement tout autant avec Daniela.

Les premières plaisanteries passées, je demandai enfin à Keagan s’il me voulait quelque chose. Ce devait être le cas s’il se trouvait là et qu’il n’avait pas l’air plus surpris que ça se me retrouver ici. L’envie de savoir ce qu’il voulait précisément me passa l’envie de le charrier (pour quelques instants, pas de manière définitive), mais je fus obligée de marcher de nouveau dans la combine, lorsque, une fois m’avoir mis un magazine dans les mains, il me charria sur mon frère. J’enchaînai avec son « doudou » , plaisanterie facile qui me fit dire : « J’attendais de trouver l’endroit idéal pour l’exposer à la vue de tous et remettre les points de crédibilité que tu as gagné en jeu. Mais soit, tu as l’air tellement malheureux qu’il est possible que je te le rende. Ce soir à 19h30 dans la Grande Salle, Okay ? » Bon, non, c’était une mauvaise idée d’autant que ce doudou en question n’existait pas, mais il fallait bien lui donner l’occasion de se défendre ou de me faire entendre qu’il était parfaitement capable de venir chercher un petit doudou de bébé devant tout le monde. La suite me fit pincer les lèvres, lorsqu’il parla d’homme, notamment. Ne disant rien, mais en luttant tout de même contre l’envie de rire, je penchais légèrement la tête vers mon épaule, nouveau signe de scepticisme avant de baisser les yeux vers le magazine : « Je ne sais pas. Je n’ai pas regardé… Et je n’ai pas non plus réfléchi à où je devais regarder pour en être sûre ! » Non sans m’éclaircir la gorge, j’éludai un peu le sujet tout en gardant les yeux rivés sur le magazine et la page qu’il venait de me montrer.

Keagan profita de je-ne-savais-quelle-occasion pour me taquiner un peu sur mon carnet. Nous savions tous les deux de quoi il était question. Cette fois-ci, pas pure défense, je m’exclamai : « Quoi ?! Non ! Je l’ai malencontreusement égaré une fois… juste une seule… » et même si j’étais en pleine crise de défense, je ne pus m’empêcher de sourire en voyant sa tête. Octavia m’aurait probablement soufflé à l’oreille qu’il était mignon, comme garçon. Son exclamation de défense face au coup de corne bien placé me fit lever les yeux au ciel. Pourquoi il la méritait, déjà ? Je ne savais plus, et cette seule idée me suffisait à croire qu’il ne la méritait pas du tout, mais son froncement de sourcils était intéressant à voir. Est-ce que je marquais des points de taquinerie ?

Quand mon attention se fixa sérieusement sur le magazine et que j’identifiais l’objet de sa présence (me taquiner sur un article sur les licornes qu’il venait de trouver !), le jeune homme me reprit l’objet des mains avant que je ne tente de lui faire entendre que les licornes magiques de Noël allaient offrir un super spectacle à tout le monde, et qu’il aurait tout intérêt à en faire profiter sa petite amie. Sa réplique me fit sourire. Surtout pour le côté sérieux et sage … Le jeune homme montrait clairement son scepticisme face aux choses magiques qu’il nous était possible de voir, mais il se foutait surtout royalement de ma tronche alors que je pensais, à juste titre, que les licornes étaient les plus jolies créatures magiques existantes. Quant à l’article en question ? Je n’eus pas le temps de le lire entièrement pour y dénicher quelques petits arguments à lui lancer à la figure. Pas le temps d’essayer de le récupérer, l’idée d’une toute nouvelle carte à jouer s’insinua dans mon esprit : son T-Shirt et Batman ! Je le pointais du doigt avant de trouver une raison de le critiquer et la réponse du jeune homme fit naître un nouveau sourire sur mes lèvres. Puis,
pour toute défense, je m’auto-pointais du doigt, l’air de dire « Moi ?! Mais pas du tout ! » avant de me centrer sur la suite de ses paroles, m’offusquant à mon tour des critiques qu’il infligeait aux licornes : « Quoi ?! Les licornes sont super rapides ! Sûrement plus que Batman… On utilise les crins de leur queue pour les baguettes ! ET D’AILLEURS, c’est peut-être ce qui se trouve dans ta propre baguette…hum …. Si c’est le cas, je te tiens définitivement, Keagan Fassbach ! Et je te signale également que la corne et le sang des licornes a des propriétés magiques aussi. Quelles sont les propriétés de notre cher Batman ? » Je croisais les bras, attendant les justifications, mais ma patience avait tellement de limites que je m’exclamai, sans attendre qu’il ait dit quelque chose : « Bon, j’admets qu’on ne peut pas se tromper en jetant un petit coup d’œil à son costume moulant : c’est un homme, lui ! » Et puisque je lui avais repris le magazine des mains, je pouvais désormais regarder de nouveau la page sur les licornes et répondre à la dernière question qu’il me posait. Si c’était des la merdouille ou non… hum…. « Une bonne partie de merdouille….je dirai… MAIS il leur faut probablement passer par là pour convaincre les sceptiques de la beauté de ces créatures, mon cher Keagan ! Puisque tu t’es attardé là-dessus, ça voudrait dire qu’ils ont réussi leur combine ? Si ça se trouve, il y a un sorcier à la rédaction de ce machin. » Je jetais un œil à la couverture du magazine avant de poursuivre : « Fais-moi penser à féliciter les éditeurs de ce truc pour leur prouesse ! Grâce à eux, tu as tenu une conversation de plus de 10 minutes sur les licornes. Avec moi …. Tu veux un petit carnet dans le style du mien pour Noël, peut-être ? Le Père-Noël peut se montrer très coopératif…et en plus, tu n’es pas sans savoir qu’il a des licornes pour l’aider dans sa distribution de cadeaux. » Je roulais les yeux, consciente de donner tout ce que j’avais pour le taquiner au maximum. Cela m’amusait et j’espérais toujours qu’il ne se vexerait pas, mais ça n’était pas souvent le cas, cela n’arrivait d’ailleurs jamais.

Je savais parfaitement que Keagan aimait me chercher, mais je ne lui en tenais pas rigueur tout simplement parce que je savais qu’il n’avait pas d’intentions autres que celles de rire. Et d’ailleurs, l’entreprise était parfaitement réussie car je marchais sans problème dans la combine, rien beaucoup de toutes les situations qui nous concernaient en tentant au maximum de le taquiner en retour. Ce retour à la normale était tellement bénéfique qu’en arriver là avec Keagan me donnait une impression de normalité gravement appréciable. Une nouvelle ère s’ouvrait pour nous, nés moldus… et bien que n’étant pas plus proche que ça de Keagan, j’avais le sentiment qu’il participait à une dynamique de changement qui menait directement les mauvais souvenirs vers l’oubli. Le jeune homme me fit savoir qu’il avait toujours de bonnes notes, informations qui me poussa à croiser les bras avant de lever un sourcil interrogateur : « TOUJOURS ? Du genre… toujours ? Ou à chaque fois que Daniela t’aide ? Certes….c’est du pareil au même, mais certains accordent de l’importance à ce genre de détails. » Outch, de la taquinerie à l’état pur, je voulais bien évidemment le pousser dans ses retranchement, mais je prenais bien garde à afficher sur mes lèvres un petit sourire malicieux. La bataille était bien lancée, mais je n’étais pas prête à aller dans certains extrêmes pour la remporter.

Dans les premiers temps, il ne fut pas évident pour moi qu’il était bien là pour me taquiner, mais bien vite, je pigeais où il voulait en venir. Il avait fallu que je me retienne de rire en découvrant le magazine qu’il me laissa découvrir en toute tranquillité. Des licornes ! Ces jolies créatures qui appelaient au rêve et à la tranquillité. Bien que persuadée par l’idée qu’il fallait les protéger et les laisser tranquilles, l’envie de pouvoir en croiser quelques unes était assez importantes, chez moi. Keagan se foutait de moi pour ça, c’était évident, mais en attenant, j’avais trouvé une ouverture en se moquant de son « doudou », objet imaginaire qui m’aidait à le charrier au maximum. Sa menace me fit légèrement rire et c’est après avoir pincé les lèvres que je répondis à la question de la vengeance : « Je dois m’inquiéter ? J’avais envie de te dire « même pas peur ! » mais je viens de me rendre compte que tu sais où me trouver….et surtout, quand je suis seule ! » Rien de mieux que de finir par un petit haussement d’épaules délicat. Keagan savait bien que je n’avais pas l’intention de lui faire un véritable affront, les seuls étaient basés sur des bêtises qui n’avaient rien de sérieux.

Je refusai ensuite de porter de nouveau mes yeux sur l’article qu’il me montrait du doigt, attendant qu’il m’ait taquinée en me disant qu’il fallait que je porte des lunettes pour commencer à loucher exagérément avant de lui dire : « des lu…. lu …. Quoi ?! » Autre manière de l’ennuyer un peu que de jouer les idiotes ?! Je n’eus pas le temps de continuer sur cette lancée que je lui fis savoir que je n’avais égaré mon carnet (objet de toutes les taquineries) qu’une seule fois. La vérité n’y était pas vraiment, mais cela le fit réagir et je n’attendis pas bien longtemps avant de m’exclamer : « J’avoue, c’est pas de chance …. POUR MOI ! » Est-ce que j’avais lu dans ses pensées en disant ça ? J’étais quasiment persuadée qu’il pensait être celui qui manquait de chance, dans l’histoire, mais j’avais réussi à retourner la situation à mon avantage, ce qui m’amusait encore une fois beaucoup. « J’ai manqué une chance de laisser traîner le carnet entre les mains de quelqu’un qui prend les licornes au sérieux et qui se rend compte de tous mes talents… Tu pouvais très bien le laisser où il était, tu as pensé à cette idée là ? » Curieusement, Keagan avait pris le carnet et s’y était visiblement intéressé au moins un peu. Pourquoi ? Peut-être sans raison… peut-être parce qu’il était curieux… Je ne savais plus si la question avait déjà été abordée entre nous, mais je ne détenais pas encore la vraie réponse.

D’une certaine manière, il avait raison de prendre l’article sur les licornes du Père Noël à la dérision car il y avait un côté bien évidemment risible et ridicule à l’idée, mais mon rôle était de les défendre et c’est en posant les yeux sur son T-Shirt que l’idée me vint de l’attaquer sur quelque chose qu’il semblait aimer. Batman, personnage fictif moldu que je n’étais pas sans connaître au vu de mes origines. Face ses questions dans lesquelles il m’accusait de m’en prendre à Batman, je haussai les épaules d’un air qui ressemblait à des excuses… mais des excuses qui sonnaient plus comme un « bah ouais, forcément… » et je pris la parole pour dire : « Je n’oserais pas m’en prendre sérieusement à Batman… s’il s’avérait qu’il existait réellement, il serait malvenu de perdre toutes chance qu’il intervienne pour moi un jour… » Je n’y croyais pas une seule seconde, mais je jouais le jeu : « Tu pourrais admettre qu’il n’a aucun superpouvoir…. Aucune magie contrairement aux licornes qui en regorgent et qui…en plus, sont parfaitement mignonnes ! » Puis, c’est sa phrase suivante qui me fit définitivement rire ; celle dans laquelle il me disait my only self qu’il pouvait mettre un costume moulant, comme Batman. « Hum… on va dire que je conserve une part de curiosité relative à ce que tu affirme sur toi et ton allure avec un costume de Batman, mais le scepticisme y est ! Tant que tu ne mets pas des collants bleus et un slip rouge par-dessus, on va dire que je suis susceptible d’approuver la vision de la chose…. » Est-ce qu’il capterait la référence à un autre superhéro ? C’était possible voire probable. L’idée de débattre avec lui sur des choses qui touchaient à notre monde des moldus me plaisait, je ne pouvais pas le nier. Le fond de taquinerie subsistait, comme toujours, mais j’avais le sentiment d’être toujours plus proche de Keagan par la mention de références parfaitement moldues.

C’est après quelques minutes de bataille sur les superhéros que nous en étions revenus à l’article. Je tentais de faire dire à Keagan la raison pour laquelle il s’intéressait à cet article en particulier (et surtout, lui faire dire qu’il s’y intéressait vraiment !) avant de l’écouter se défendre. Impossible pour moi de ne pas sourire tranquillement. J’étais consciente que certains articles étaient une blague, mais il prenait la chose un peu trop au sérieux, c’est pour cette raison que je lui fis savoir : « C’est de l’humour, Fassbach…. Je suppose que le malheureux qui est susceptible de recevoir ta beuglante avait juste dans l’idée de faire rire les lecteurs… et peut-être que c’est par l’humour qu’il va justement pousser les gens à s’intéresser davantage aux licornes…. Et à manifester un peu d’imagination et de magie dans l’esprit des moldus, et des gens en général. Regarde, ça marche avec toi et l’idée des superhéros plein de pouvoirs incroyables, pourquoi pas avec les licornes ? » C’est en l’interrogeant du regard que je terminai ma défense des licornes, l’idée était désormais de défendre mon adorable carnet girly, et le reste des carnets du monde qui n’avaient rien fait qui puissent mériter autant de haine. « Hé ! C’est question de point de vue, tout ça ! Je n’ai absolument pas honte d’être en possession d’un carnet comme celui-là… et en plus, j’avais quelques années de moins quand il est devenu mien ! » Je ne pus m’empêcher de rouler les yeux à cette justification. Bien sûr, elle était un peu bancale, mais j’assumais parfaitement, n’ayant pas terminé de me défendre : « Ce à quoi j’ai déjà pensé, c’est à la manière de le protéger pour que des …. « pattes » mal intentionnées et au propriétaire trop étriqué d’esprit ne puissent pas le toucher ! Tu parles de costumes de Batman quand tu dis « VRAIS » cadeaux ?! Laisse-moi rire… Est-ce que « Batman » aurait au moins assez de cran pour aller dans la forêt interdite avec moi pour essayer de trouver les licornes, hum ?! » J’attendis quelques secondes avant de préciser : « Quand je dis « Batman », je parle de toi…. » C’était évident, je lui lançai un petit défi qui, je l’espérai, le déstabiliserait un peu. Il y avait peu de chances pour que ça arrive, mais il fallait que je continue sur ma lancée sans me laisser démonter trop facilement par ses arguments.