Le givre aux fenêtres de son dortoir faisait ressortir en Serafina des souvenirs de son pays natal. Ici en Ecosse, quand bien même au nord du pays, le froid n’avait jamais été une plaie aux yeux de la rouquine. Là-haut, elle était habituée aux températures négatives dès que Septembre laissait sa place à Octobre. En songeant à la Norvège, elle se revue elle déguisée comme Anna et Vihaan en Elsa, du maintenant très connu Disney « Frozen ». Elle pouffa tandis qu’elle sortait de ses couvertures, qu’elle regretta presque immédiatement : vivre dans un château avait son lot d’inconvénients, y compris l’air glacé qui traversait les murs tel un fantôme. A peine réveillée, le frais l’avait agressée, mais elle reprit très rapidement, enfilant un long plaid bleu sombre. Elle avait fait le bon choix ; la couleur battait au rythme de celles de sa maison, et elle n’en était pas peu fière. Elle avait laissé un post-it jaune sur la couverture de son Lovecraft, qui attira de suite son attention. « La couverture du livre est aussi sombre que son contenu », avait-elle pensé la veille. Elle n’aurait, selon elle, aucune chance de le manquer. Sur le papier, une heure et un lieu étaient indiqués, ainsi que les noms de deux personnes. Pré-au-Lard, Trois Balais, Felicia & Frances. Bien sûr. Par mesure de sécurité, elle l’avait écrit, mais la vérité était autre : Elle n’avait pas pu se sortir l’invitation de la Gryffondor de la tête.
Une fois habillée, la Serdaigle ne se sentait pas de rester trainer dans la salle commune. Elle devait attendre l’heure de rejoindre les filles à Pré-au-Lard de toute façon, et le bruit que les élèves soulevaient ici était trop élevé pour elle. C’était d’ailleurs assez ironique. Elle qui mettait sa musique à fond dans ses oreilles, qui jouait de la guitare électrique avec le volume de l’ampli tourné au max… A croire qu’elle n’aimait juste pas le bruit de fond. Considérant son temps libre, Serafina fit une escapade à la volière. L’endroit pouvait sembler dangereux, mais en ce qui concernait la jeune fille, elle se sentait respirer, et elle ressentait un puissant sentiment de liberté. Surement grâce à la présence des hiboux et autres chouettes. Elle aperçut d’ailleurs sa petite chevêchette, qui semblait minuscule aux côtés des grand ducs qui se tenaient non loin d’elle. Serafina attrapa l’enveloppe que celle-ci tenait, lui caressa le plumage quelques instants avant de la laisser repartir. D’après le papier utilisé, cette lettre venait de sa mère. Tant mieux, elle avait besoin d’avoir de ses nouvelles aussi souvent qu’elle le pouvait. Le temps de lire les mots de sa mère, pour la troisième fois consécutive et les larmes aux yeux, elle était revenue devant la salle commune des Serdaigle. Elle y fit un passage éclair pour poser la lettre avec toutes celles que sa mère lui avait envoyée depuis son entrée à Poudlard, puis repartie. Le reste du temps, elle le passa à trainer aux alentours de la Forêt Interdite, cherchant principalement quelques idées pour ses futurs écrits, mais rien ne lui vint si ce n’est que des mots d’amour dû à sa dernière lecture. Lovecraft et ses mots d’angoisse étaient vaincus.
L’heure fut venue. Serafina attrapa quelques pièces dans son porte-monnaie avant d’enfiler ses bottes, sa veste que certains qualifiait de légère, une longue écharpe puis elle sorti de la salle co’, et enfin du château. Direction Pré-au-Lard ! Et comme à chaque fois qu’elle descendait sur le petit village, elle se mit à chanter aléatoirement des musiques qu’elle connaissait par cœur pour les avoir trop jouées avec son frère aîné, et seule de son côté depuis peu.
“Take my photo off the wall if it just won’t sing for you”, commença-t-elle. Elle s’arrêta un instant. « Look What You’ve Done » de JET. Elle Au moment où elle le réalisa, elle entendit son frère aîné la jouer, et elle continua sa route, parfois sifflotant l’air, parfois chantant les paroles comme elle venait de le faire.
Elle fredonnait encore l’air quand elle arriva à la hauteur des deux filles. Elle était arrivée en même temps qu’elles, ce qui lui fit échapper un petit sourire. Frances l’accueillie, visiblement ravie que la rouquine soit venue à leur petite entrevue. Elle lui sourit pour lui retourner son accueil, fit de même envers la Poufsouffle, puis elles entrèrent enfin aux Trois Balais. Felicia eut l’honneur de choisir leur place. C’est-à-dire au coin du feu. La rouquine n’avait pas spécialement froid, mais elle n’avait rien contre les lueurs et chaleurs d’un bon feu à ses côtés. Elle s’installa donc en face des deux amies, un peu entre les deux, histoire de ne pas seulement faire face à une seule d’entre-elle.
“Qu’est-ce que vous voulez boire ?” Felicia ouvrit le bal sur une note appétissante. En ce qui concernait Serafina, elle avait déjà fait son choix. “Un jus de citrouille pour moi.”, indiqua-t-elle lorsque le serveur passa leur commande.
Puis, le silence fut court mais lourd. La Serdaigle avait accepté l’invitation de la Gryffondor, mais maintenant qu’elle était là, elle ne savait pas trop de quoi parler. Les cours ? Certes, les trois filles faisaient partie de ceux qui travaillaient sérieusement, mais n’étaient-elles pas venues ici pour changer d’air ? Passer un petit moment loin de l’école, des profs, des salles et des autres élèves ? Ça lui semblait être le sujet à éviter. “Votre... Votre soirée de maison, comment ça s’est passé ? C’était une soirée pour tout le monde ?” La question de Felicia fit sourire Serafina. La soirée des Serdaigle ? Une soirée pour tout le monde ? Ca avait fini avec chacun dans son coin quoi.
Frances prit les devants. “ Nous c'était un pique-nique, une idée de Perrin je crois !”
“Qui d’autre ?”, plaisanta Serafina. Ce genre d’idée qui respirait la convivialité, c’était du Perrin tout craché, en effet !
“On a joué à la balle au prisonnier et Ziegler a proposé une idée bizarre pour départager les équipes, un bingo avec une histoire de maître et de servant, enfin ça a marché au final mais le concept était douteux.”, rajouta la Gryffone.
La rouquine se surprit à rigoler timidement devant le ton qu’elle employait. Quand il s’agissait de Ziegler, la jeune fille n’avait aucun mal à rire à plein poumons. Elle restait assez silencieuse pour ne pas gêner les autres élèves et adultes qui prenaient du bon temps aux Trois Balais. “ Mais c'était même pas aussi bizarre que la fête de Felicia, à ce qu'elle m'a dit”. Frances débitait les infos à la seconde. “Ouais, j’en ai entendu parler.” Serafina regarda Felicia avec curiosité. “Tu m’expliques s’il te plait ? J’ai pas tout suivi sur ce coup-là !”
Les boissons arrivèrent alors que Frances s’adressait à elle. “ Et vous ? vous avez eu un jeu de pistes c'est ça ?” Serafina bu quelques gorgées de sa boisson, le trajet et elle poussant la chansonnée lui ayant quelque peu asséché la gorge. “Ouais… Il était trop simple aux yeux de certains. Vous voyez, certains des Serdaigle prennent la grosse tête quand on leur dit qu’ils sont dans la Maison de la sagesse, de l’intelligence, tout ça.” Elle leva les yeux au ciel en disant cela. Elle n’avait rien contre eux. Certes, le jeu concocté par Zach et Shaelyn n’était pas des plus recherché, mais le but était que tout le monde arrive à atteindre la bonne salle, au final. “Bref ! Zach et Shaelyn nous ont fait un tour touristique. D’abord la Volière, puis le Balcon du Monde, le bureau du concierge, et les toilettes des mecs. Tout ça pour revenir au même étage que notre salle co’ pour se rendre dans les salles inutilisées. Il y avait à manger, mais sinon c’était pas non plus l’éclate du siècle.” Et elle s’arrêta là. Elle devait avouer qu’elle ne s’y était pas réellement sentie bien. Elle n’appréciait aucunement Shaelyn, et quand elle était en sa compagnie, l’ambiance était bien trop tendue pour elle. Serafina se rappela soudainement d’une chose, manquant d’avaler sa boisson de travers. “J’ai entendu dire que tu étais dans l’équipe des Gryffondor Frances ! C’est vrai ?” En tant que batteuse des Serdaigle, elle se devait de savoir qui faisait partie des équipes adverses. Elle avait surtout retenu les Serpentard, puisqu’ils étaient ses premiers adversaires officiels. Mais maintenant, elle s’imaginait lancer des cognards sur Frances, et l’idée ne lui plut pas tant que ça. Frances essayait de l’aider, de la faire se sentir mieux, mais Serafina ne voyait pas en quoi un cognard les aiderait dans leur relation.

L’année scolaire commençait à peine, mais l’école se remettait de ses lourds derniers mois. L’air ambiant dans le château était lourd des atrocités commises par les Mangemorts, l’année passée, et ça, tous les élèves le ressentaient. Il n’était d’ailleurs pas étonnant pour eux de passer le plus de temps possible en dehors de l’école. Malgré la température qui ne tarderait pas à frôler les négatifs, la rouquine se sentait mieux à l’extérieur de la bâtisse. Mêmes les cheminées des salles communes ne parvenaient pas à purger l’air des souvenirs qui l’habitait. Mais c’était sa maison, son foyer, ici à Poudlard, et elle devait faire avec. Elle qui avait commencé à vagabonder aux alentours de la Forêt Interdite dans l’espoir de se retrouver avec son côté aventurier et amoureux du danger et de l’inconnu, elle avait toujours l’impression d’avoir la tête vide, et cette routine devenue plus un parcours mécanique qu’une impression de liberté à ses yeux.
Quand la lettre de Frances lui était parvenue, elle avait senti son cœur se réchauffer au fur et à mesure de sa lecture. Non seulement elle pourrait échapper aux environs du château, mais également passer du temps avec des gens. Elle avait commencé à s’enfermer dans sa bulle, et les relations humaines lui manquaient. Elle n’était déjà pas du genre à aller vers les gens, alors avec cette ombre solitaire planant au-dessus d’elle constamment, c’était devenu impossible de demander une simple broutille à quelqu’un, comme de l’aide pour ses devoirs par exemple. Cependant, elle arrivait facilement à parler à Frances, même si les deux ne se connaissaient pas si bien qu’elles voulaient bien le croire. Derrière cette invitation se cachait surement l’envie d’approfondir cette amitié qui était encore à ses débuts, et Serafina appréciait l’initiative. Felicia, la meilleure amie de la Gryffondor, serait également de la partie. La rouquine avait déjà vu la Poufsouffle en compagnie de son frère, et elle n’avait jamais rien demandé à celui-ci à propos de la Jaune & Noir. Néanmoins, Felicia et Serafina s’étaient déjà croisées plusieurs fois à la bibliothèque, et leur principal sujet de conversation, hormis les cours, était les écrits de la rouquine. Ecrits qu’elle avait laissé de côté depuis bien longtemps d’ailleurs. En chemin vers Pré-au-Lard, et plus précisément les Trois Balais, la Serdaigle avait promené son regard autour d’elle, cherchant l’inspiration dans le moindre décor qui s’offrait à elle.

Une fois réunies au chaud dans la petite taverne, ce fut Felicia qui engagea la conversation sur les soirées des Maisons qui avaient eu lieu à la rentrée. Serafina songea à l’idée des Préfets. Si le jeu de piste lui avait semblé être une bonne idée quand elle lut le message laissé par Zach et Shaelyn dans la salle commune, le résultat était beaucoup plus bas que ses attentes. Elle n’y était pas pour rien. Avec ce qui s’était passé l’année dernière, sa capacité à interagir avec les autres, quand bien même faisaient-ils partis de la même Maison, étaient censés partager les mêmes valeurs et traits de caractère. La soirée n’avait duré qu’une ou deux heures pour elle avant qu’elle ne s’éclipse pour retourner à ses lectures dans son dortoir.
La soirée des Poufsouffle, à en croire les messes-basses dans les couloirs et l’amusement dans la voix de Frances quand elle en parla, c’était autre chose ! La rouquine n’avait pas saisi toute l’histoire, mais avec un peu de chance, Felicia éclairera sa lanterne. “Il n’y a pas grand-chose à dire…”, commença-t-elle, son regard plus concentré sur la table que sur Serafina. “Milo a juste décidé de faire une petite soirée dans la salle commune et d’y manger un repas tous ensemble. C’était pas trop mal.” Les boissons arrivèrent et pendant quelques secondes, seul le silence se fit entendre. Elle remercia le serveur oralement, essayant tant bien que mal de briser la bulle de mutisme qui se refermait petit à petit sur elles.
Ce fut à son tour de raconter les péripéties des Serdaigle pour trouver la fameuse soirée. Car oui, les aigles avaient dû courir dans tout le château, à la recherche d’indices. Papiers après papiers, ils avaient dut se rendre dans de ces endroits pour enfin arriver dans une des vieilles salles poussiéreuses du quatrième étage. “Vous vous êtes bien amusés au moins ? Vous avez fait un concours de mots croisés pour compenser la facilité du jeu de piste ?, demanda Frances. Serafina sourit de plus belle devant la plaisanterie de la Gryffondor. Amuser était un grand mot. Une soirée mot-croisés aurait été plus fun que celle-ci. La rouquine n’en voulait pas aux Préfets, c’était juste l’ambiance et les réactions de certains qui avaient gâché la soirée. Pourtant, les jeux de piste étaient, en général, une activité plaisante à organiser et à jouer, mais pour les Serdaigle, ce n’était qu’une insulte à leur génie. Leur génie… l’outrecuidance de certains était telle que Serafina les prenait en pitié. “Non voyons, pour qui tu nous prends ? Elle prit un ton si sarcastique que personne n’aurait pu ne pas le remarquer. “On s’est élevé au concours de bouffe pour oublier cet affront à notre massive et magnifique intelligence ! La rouquine avait insisté sur le mot « élevé ». Ça ajouté à son ton sarcastique, on comprenait qu’elle voulait plutôt dire « abaissé ». En vérité, il y avait surtout des sucreries, et pas de gigantesques plats salés typés malbouffe qu’on retrouvait dans des émissions comme « Man vs Food », mais l’image était là.
“Vous savez ce qu’on fait les Serpentard, sinon ?” La question de la Gryffone la prit au dépourvu, et la rouquine se contenta de faire non de la tête. Elle ne cherchait pas à savoir ce que les autres Maisons avaient fait pour fêter la nouvelle année scolaire, ses seules connaissances là-dessus se limitant à des bruits de couloir. En ce qui concernait les Serpentard, elle n’avait rien entendu.

Pour enchainer sur un autre sujet, la Serdaigle aborda celui du Quidditch avec joie. Elle était contente de faire partie de l’équipe de sa Maison cette année, d’autant plus que ça lui donnait l’occasion de se vider la tête lors des matchs et entrainements. Non pas qu’il ne fallait pas réfléchir du tout durant une partie de Quidditch, bien au contraire. Elle était trop concentrée sur les déplacements éclairs des autres joueurs pour réfléchir à ses problèmes persos. Et c’était tant mieux. Elle avait l’impression de remonter la pente ces derniers temps, et la nouvelle de son admission dans l’équipe n’avait fait que lui donner plus de forces dans ce but. “Oui c’est vrai. Tu es batteuse c’est ça ?”, lui confirma-t-elle. Serafina lui répondit par la positive. Elle n’était pas peu fière de son rôle, surtout qu’on aurait pu s’attendre à un autre poste de sa part. Elle n’était pas une pro de la muscu, mais elle faisait de son mieux, et sa taille était un avantage supplémentaire dans sa masse musculaire. Après, elle était loin d’être la meilleure dans ce domaine, mais elle se débrouillait bien. En observant la situation, elle remarqua la gêne inscrite sur le visage de Felicia. Aie, mauvaise pioche. Celle-ci ne devait pas apprécier le sport national des sorciers, et Serafina s’en voulut pour avoir abordé le sujet. Elle ne voulait surtout pas faire de gaffe, elle n’avait jamais vraiment eu d’amis très proche, mais Frances et Felicia avaient fait un pas vers elle dans ce sens, et elle ne voulait pas démontrer à l’une d’elle qu’elle n’en avait cure. Elle essaya tant bien que mal de s’excuser envers la Poufsouffle via un regard, elle l’espérait, que Felicia arriverait à lire. “Il y a qui d’autre dans ton équipe déjà ? Des gens qu’on connaît ?” La question de Frances ramena son attention sur elle, et bientôt, elle ne sut quoi répondre. Elle ne connaissait pas les fréquentations des deux filles, alors qu’en savait-elle ? Comme à chaque fois qu’elle faisait face à une question qui la mettait mal à l’aise, Serafina gardait la bouche légèrement ouverte et son regard penchant vers la droite, cherchant une quelconque échappatoire. Elle n’avait qu’à donner des noms de toute façon. Elle tilta, et sortit de sa phase en un léger bond. “Zach. Je pense que vu la réputation qu’il se paye, vous avez déjà entendu parlé de lui., elle rigola à mi-chemin de sa phrase, amusée par ladite réputation de l’attrapeur des Serdaigle. Le mot réputation l’amena à penser à leur gardienne. “Et peut-être Tracy. Bennett…” Sur le coup, elle se fit silencieuse et toute petite. Elle voulait laisser l’année dernière derrière elle, mais malheureusement, certaines personnes ramenaient toujours tout aux événements passés. C’était le cas pour Tracy. Des gens lui en voulaient pour diverses raisons, et le simple fait d’y penser avez fait frissonner la rouquine. Néanmoins, elle se reprit, et enchaina pour cacher ce petit moment gênant. “Après, il y a Allen, Shaelyn, Avalon et Casey.” Elle marqua une pause. “Pour être honnête, je ne sais pas si vous les connaissez, ahah...” Et c’était sorti tout naturellement quelques secondes après avoir donné tous les noms, comme pour justifier le fait d’avoir dénoncé toute l’équipe, et pas seulement ceux qu’elles connaissaient. C’était comme si la gêne de Felicia était contagieuse, car Serafina senti le rouge lui monter aux joues.