« Joyeux Halloween »… C’est en tout cas ce que m’inspire la Cabane Hurlante. Je ne sais pas pourquoi l’école a souhaité que l’on se rende ici ce soir en sachant qu’à cette date précise, l’an dernier, les couloirs de Poudlard avaient été dévastés et beaucoup d’élèves étaient tombés au combat. Je trouve cela assez déplacé comme événement de la part du personnel même si, personnellement, je me fiche pas mal de ce qui est correct ou non. Je m’y suis rendue uniquement parce que Tracy, Cruz et Shaelyn s’y rendaient aussi. Nous avions formé notre club au début du mois et donc j’avais pris l’habitude de traîner souvent avec elles là où elles allaient. Je crois même que j’ai un peu moins mis les pieds à la bibliothèque… Mmh, il faut avouer que ce n’est pas si mal de se socialiser un peu plus, bien que je ne vanterai jamais ces bienfaits ouvertement.

Le long du chemin, j’ai posé des questions au sujet de ce qui nous attendait là-bas mais évidemment, personne parmi les interrogés n’en a eu la moindre idée et nous n’avons pu que formuler des suppositions. Et maintenant, nous attendons là, à l’entrée, que les professeurs daignent à nous donner un peu plus d’informations au lieu de nous demander de les suivre en silence.

« Cela doit sûrement être un de ces bals débiles comme chaque année. Sérieux, on aurait pas dû y aller. » Glissé-je à Tracy et Cruz sur un ton blasé.

Je croise les bras, regrettant déjà ma venue quand je vois le sourire malicieux de certains enseignants. Cela va être ennuyant à souhait et la superbe robe noire que j’ai enfilée ne mérite pas de fouler le sol sale de cette Cabane abandonnée. On dit que c’est un des lieux les plus hantés de la Grande Bretagne et je dois avouer que je n’y ai jamais mis un seul pied. Cela ne m’inspire pas grand-chose si ce n’est du mépris envers la tonne de poussière qui doit s’y trouver et c’est sans parler des mites, des rats et d’autres bestioles peu réputées pour leur propreté.

Bientôt, des noms sont appelés et des groupes se forment. J’espère vainement être dans celui de l’une des filles du club mais, hélas, j’ai été mise dans l’un des groupes les plus pourris qui soit. Anoushka est une fille de ma classe et pourtant, je n’ai jamais éprouvé la moindre envie de lui parler. Je la trouve chiante comme fille. Sûrement trop impulsive. Mais le pire, c’est Zach. Franchement, je ne manque pas de soupirer d’agacement lorsque je m’approche de ce petit comité. Heureusement qu’Avalon remonte le niveau… C’est bien la seule envers qui je m’entends un minimum et surtout depuis que nous avons parlé sérieusement à la bibliothèque. Les choses se sont améliorées entre elle et moi au fil des jours et des semaines. Sans un mot, j’attends que l’on nous donne les premières directives mais je reste très dubitative et curieuse de savoir pourquoi il est nécessaire de former des groupes pour un soir d’Halloween. Que l’école nous réserve-t-elle ?

Nous traversons rapidement le hall puis la salle à manger sans que d’autres informations ne nous soient données.
« Je trouve ça bizarre qu’on nous répartisse sans rien nous dire d’autre. » Dis-je sans attendre une réponse de leur part, déclarant cela surtout pour moi-même.

Les marches grincent sous nos paires de pieds et une odeur de renfermé ainsi que de moisi me prend les narines. C’est infecte et je trouve cela scandaleux que les professeurs n’aient rien fait pour rendre l’endroit un minimum accueillant. Au contraire, c’est totalement glauque et assez stressant. Je n’irai pas dire que cela m’effraie mais je ne suis pas autant à l’aise que je ne l’aurais pensé. Une porte devant nous finit par s’ouvrir toute seule comme si elle savait que nous étions là et comme si nous étions destinés à la prendre. J’ai un mouvement d’hésitation durant quelques secondes et ce n’est que lorsque je capte ‒ à travers le mince clair de lune de l’extérieur ‒ le regard insistant des trois autres que je me décide à entrer la première. Bon, s’il m’arrive un truc horrible, ce sera de leur faute…

A peine nous franchissons la nouvelle pièce ‒ dénuée de toute lumière ‒ que cette même porte se referme brusquement, un cliquetis clairement perceptible me faisant deviner que nous ne pourrions plus ressortir d’ici. J’essaie tout de même de tirer la poignée poussiéreuse bien que cette tentative soit finalement vaine.

« Bon sang… On est enfermés et en plus, on a même pas de baguette. Quelle organisation. » Me plains-je sur un ton calme mais dédaigneux à la fois.

La seconde qui suit mes propos est ponctuée par des bruits de pas lourds qui semblent s’avancer vers nous. Rapidement, des bras me saisissent et un cri de stupéfaction sort de ma bouche. Je me débats comme je peux mais la force de mon ‘ravisseur’ est supérieure à la mienne. Ce n’est absolument pas normal. Pourquoi nous font-ils cela ?

« Qu'est-ce que vous faîtes ? Lâchez-moi ! »

Contrainte de m’allonger sur ce qui paraît être un lit moisi, je regarde tout autour de moi mais je ne vois rien. Que du noir. J’ignore comment ils nous ont attrapés avec autant de précision mais je n’aime pas ça du tout. Au-delà des cris de protestation de mes camarades, j’entends avant tout mon cœur dont le rythme commence à s’affoler. Puis, une douleur au niveau de mon bras gauche me fait oublier ces bruits. Je laisse échapper un grognement avant que ma tête ne se mette à tourner de plus en plus rapidement. Des nausées me parcourent avant qu’une fatigue intense ne me cloue complètement contre le lit rongé aux mites. Mes paupières se referment et tout devient plus clair…

Je me retrouve soudainement devant les portes de chêne qui font office d’entrée à Poudlard. Il fait nuit mais nulle étoile ne tisse le ciel. De gros nuages noirs dominent les environs et une pluie diluvienne me tombe dessus. Le climat glacial me vaut des tremblements et je recouvre mes cheveux d’une capuche venant d’une robe de sorcière aux couleurs de Serpentard. Je m’interroge sur le pourquoi du comment ce serpent apparait sur mon blason alors que je sais très bien que je suis une disciple de Rowena. Enfin, ce n’est pas ça ma priorité. Tout ce que je sais, c’est que je dois rentrer au château pour regagner la plus haute tour du château, là où le cours d’Astronomie va débuter d’ici dix minutes. Comment je le sais ? Eh bien, j’en suis persuadée, c’est tout.

Je me retourne par intuition et remarque que je ne suis pas la seule à m’être retrouvée à l’extérieur à une heure pareille. J’aperçois Anoushka, Zach et Avalon qui, comme moi, sont en sixième année. Je n’aime pas la compagnie des deux premiers mais cela ne m’empêche pas de leur dire :

« Je ne sais pas ce qu’on fiche ici, ni pourquoi ma robe s'est métamorphosée en celle d'un Serpentard mais on ferait mieux d’aller en Astronomie avant que le professeur ne nous mette en retenue. »

Je prends l’initiative de pousser les grandes portes aussitôt après.

1,2 : Ce qui est censé être le hall d'entrée n'en est pas vraiment un. Ou du moins, pas celui de Poudlard. A la place de l'école, le groupe de quatre se retrouve dans un hôpital psychiatrique abandonné complètement délabré, sombre, poussiéreux et à l'odeur de mort. Les portes se referment aussitôt derrière eux et des cris effrayants et lointains se font entendre, comme pour les accueillir...
3,4 : Les portes se referment. Ils se retrouvent sous terre dans ce qui semble être des catacombes avec pour seule source de lumière quelques torches disséminées ici et là. Cela ne va pas être simple de se repérer dans cet endroit labyrinthique.
5,6 : Les portes se referment. Les quatre élèves rentrent bel et bien dans Poudlard mais pas tel qu'ils l'ont toujours connu. L'endroit semble avoir été abandonné depuis des siècles puisque des énormes toiles d'araignées tapissent les murs, les portraits et même les plafonds. Il ne semble plus y avoir le moindre signe de vie... En revanche, des bruits étranges et peu rassurants se font entendre. Nick-Quasi-Sans-Tête arrive à leur rencontre et leur dit d'une voix morne : « Vous n'auriez pas dû revenir... vous êtes tous condamnés. Seule la chambre des secrets vous fera sortir d'ici mais tout le monde ignore où elle se situe. »

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Cette Anoushka, elle a le don de se faire mal aimer en deux secondes. C’est dingue comme ça me rappelle moi-même aux yeux des autres sauf que elle, on a vraiment raison de vouloir s’en tenir éloignée. Ou non, plutôt de vouloir lui mettre une tarte pour qu’elle arrête de l’ouvrir. J’ai toujours eu le souvenir de ne l’avoir jamais appréciée mais jusque-là, on se contentait de ne jamais se parler, tout simplement. Et voilà que Madame ose me sortir un :

« Ca te va bien la maison des traitres ! »

Je fais un pas en avant vers elle en la toisant du regard. Elle me veut quoi, cette petite Gryffondor de pacotille ? Une fille incapable de décrocher ses BUSEs dans toutes les matières, incapable d’être autre chose qu’une fille qui s’énerve facilement ou qui subit sa propre impulsivité, une fille qui parle sans savoir. J’aurais tenté quelque chose cette année, au moins. Elle, on se demande ce qu’elle a fait. Certains disent qu’elle a combattu les Mangemorts mais honnêtement, je pense plus que ça devait être un pur hasard ou bien qu’elle a été obligée de le faire. Je la vois pas prendre part à une rébellion d’elle-même… elle est trop doudouille pour ça. C’est d’ailleurs ce trait de personnalité qui me donne l’envie de lui en foutre une. Et si d’habitude je me serais contenue pour elle ‒ elle n’en vaut strictement pas la peine ‒ aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me dire que ça me soulagerait grandement de la calmer, cette garce.

Je la dévisage quelques secondes, réfléchissant à la plus belle manière de lui faire comprendre ce que je pense de sa réponse merdique. Une simple gifle ou un gros poing dans sa face ? Mmh.

BANG !

Mon poing la heurte en plein dans le nez et j’ignore totalement la petite douleur qui vient picoter ma main. Ca fait du bien, en tout cas. Je recule, légèrement satisfaite de mon oeuvre.

« C'est fou ce que ça soulage. » Dis-je avec un sourire mesquin.

Sur ces mots, je finis par ouvrir les portes menant au château. Il n'y a plus de temps à perdre pour nous rendre en cours d'Astronomie et connaissant le professeur, notre retard risque de ne pas passer inaperçu dans toute la classe. Malheureusement, lorsque je découvre le Hall de l'école, je constate que ce n'est plus comme avant. Il fait presque tout aussi froid que dehors, le décor est lugubre et semble abandonné comme si plus personne n'y habitait. C'est vraiment bizarre. Je fronce les sourcils et avance lentement, balayant les alentours des yeux. Soudain, la porte se referme derrière nous et un mauvais sentiment me parcourt. Je sens que quelque chose cloche. Les trois autres doivent sûrement partager le même sentiment que moi puisque pendant plusieurs secondes, personne ne parle. Ce n'est que lorsque Nick-Quasi-Sans-Tête, le fantôme de Gryffondor, apparaît qu'il nous ôte de notre mutisme. Il dit que nous sommes condamnés et que nous n'aurions pas dû revenir ici. Seule la chambre des secrets nous ferait sortir d'ici ? Je le regarde d'un air ahuri. Hein ? Mais comment ça ? J'ai un cours à suivre, je n'ai pas de temps à perdre avec de telles inepties. Sur le coup, j'ai du mal à le croire.

« La chambre des secrets ? Ca doit être celle de Narcissa, à tous les coups. » Lance la voix de l'abruti de Thompson.

Je ne relève même pas tant je suis préoccupée par ce qui se passe par ici. Je ne cesse d'observer le plafond et ses murs qui sont couverts de toiles d'araignées et j'essaie d'y trouver une solution logique. Quelqu'un cherche à nous faire une blague ou alors, on a dû nous faire avaler une Potion délirante. Ca ne peut pas être possible !
« Condamnés ?! Comment ça condamnés ? Où sont les autres ? »
Je me pose les mêmes questions...
« Ils sont sûrement en train de chercher cette fameuse chambre. Le château est grand, mais si tous les élèves s’y mettent, on devrait la trouver rapidement, non ? »
‒ Cette histoire est complètement débile. » Me contenté-je de dire, franchement sceptique mais également mal à l'aise à la fois.
Nick s'avance un peu plus vers nous, nous dévoilant un visage encore plus mélancolique comme je ne l'avais encore jamais vu. Je n'ai aucune affinité avec ce fantôme mais de ce que j'ai pu voir depuis toutes ces années passées à l'école, je sais qu'il n'est pas du genre à mentir ou à inventer ce genre de choses... Il est peut-être un peu con mais pas dérangé. Cependant, cela paraît quand même fou comme scénario !

« Ho, vos amis sont encore là, mais je vous déconseille de les approcher. Il se passe des choses sombres ici, ils sont encore là mais... Ils ne sont plus vraiment eux-mêmes. On dirait plutôt des coquilles vides assoiffées de sang. Comme des... Zombies. »

Mmh, okay. On nage en plein délire, ça, je ne peux pas le croire. Des Zombies ? Non mais n'importe quoi. Je ricane. Ou plutôt, j'essaie de me convaincre que ce n'est pas possible. Il doit y avoir une faille quelque part... L'école n'a pas pu se zombifier, cela ne se passe que dans les fictions moldues. Même Avalon croit à une blague et je commence à la suivre lorsqu'elle monte les premières marches de l'escalier. Mais à cet instant précis, la marche sur laquelle elle venait de poser le pied se dérobe sous son poids dans un craquement sec et l'une de ses jambes s'enfonce dans le trou formé. Si l'école commence vraiment à se dégrader, on est mal partis... Et au moment où j'essaie de l'aider, j'entends des voix d'enfant s'élever et raisonner entre les quatre murs.

"Une, deux, Freddy te coupera en deux
Trois, quatre, remonte chez toi quatre à quatre
Cinq, six, n'oublie pas ton crucifix..."

Les voix deviennent de plus en plus fortes au fil de la comptine et je pivote sur moi-même à la recherche de la source de cette chanson effrayante. Qu'est-ce qui se passe ?

"Sept, huit, surtout ne dors pas la nuit
Neuf, dix, il est caché sous ton lit"

J'essaie de garder mon calme mais mon coeur commence à s'affoler. Et puis, au coin de l'oeil, j'aperçois une silhouette sombre qui n'appartient ni à Anoushka, ni à Avalon et ni à Zach. Je me retourne lentement avant que des bras viennent me saisir violemment, des griffes s'enfonçant dans mes côtes. Je hurle de douleur et de peur tout en me faisant traîner loin, très loin de mes camarades.

« AAAAAAAAAHH ! »

Et lorsque j'aperçois le visage horrible, mutilé et inhumain de mon agresseur, je pousse un dernier cri avant que ma voix ne s'éteigne complètement. Tout devient noir et je me réveille en sursaut, le front perlé de sueur et le coeur toujours battant. Je retrouve le lit miteux de toute à l'heure et je me rappelle de ce qui s'est passé plus tôt mais cette fois-ci, la lumière procurée par des bougies alentours me permet de tout voir. Je me rappelle alors de tout : Halloween, la Cabane Hurlante, la porte qui s'est fermée, les gens qui nous ont cloués au lit tout en nous piquant avec une seringue. C'est complètement fou ! J'espère que ce n'est pas prévu par l'école... Sérieusement, nous piquer pour nous endormir sans notre consentement, c'est illégal. Je me lève du lit d'un mouvement rageur et je constate que les trois autres sont toujours en train de dormir. Puis, je m'aperçois que sur un mur des lettres magiques enflammées forment la phrase : Joyeux Halloween !

« Ils sont tarés dans cette école... » Persiflé-je en roulant des yeux.

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