Brooklyn & Shynnagh

Pour être tout à fait honnête, j’avais vraiment peur que cette année soit difficile pour moi et pour tous mes camarades parce que l’année précédente a été vraiment dure à supporter et je pensais vraiment que Poudlard n’aurait plus la même saveur pour moi durant cette nouvelle année. Au début, c’était un petit peu vrai, déjà avec la cérémonie atroce que nous avons eu à vivre dès notre arrivée à l’école où on nous a clairement rappelé que tout le monde n’avait pas survécu au conflit opposant les sang-purs et les nés-moldus. Je ne peux pas dire que j’ai adoré cet événement, même si en soit, il était sûrement nécessaire qu’elle ait lieu plutôt que la nouvelle direction de l’école adopte la politique de l’autruche et se comporte comme si rien ne s’était passé. Pourtant, elle aurait vraiment pu. Après tout, lorsqu’on regarde notre école à présent, on ne peut pas vraiment se rendre compte qu’il s’est passé d’aussi sombres événements durant l’année passée. Elle a été entièrement restaurée et remise à neuf, elle est vraiment magnifique et sans les souvenirs que nous possédons tous, on pourrait tout simplement croire que nous avons passé des vacances scolaires exactement comme toutes les autres et non que nous avons vécu des événements dramatiques. Cependant, malgré tout ça, je suis vraiment étonnée d’aller aussi bien. J’ai vu mes copines souffrir durant cette année et c’était vraiment compliqué, mais là, j’ai retrouvé ceux que j’aime et avec eux le sourire que j’avais un peu perdu. Je sais que ça ne doit pas être le cas de tous mes camarades parce que moi, contrairement à beaucoup d’autres, j’ai été plutôt épargnée de par mon statut sanguin et mon jeune âge. Je n’ai pas subi de grave maltraitance et je n’ai pas eu à subir les pressions et les terreurs que beaucoup ont vécu. Bien sûr, certaines scènes m’ont traumatisées, notamment ce qu’il s’est passé pour ma copine Joanne qui ne méritait pas toutes ces souffrances. Je trouve qu’elle s’en sort bien d’ailleurs pour quelqu’un qui a subi autant de violences et de traumatismes. Je suis super fière de ma copine et de sa manière de gérer la situation, je ne suis pas sûre que j’en aurais vraiment été capable à sa place. Et puis, il y a ma copine Roxy aussi, celle qui a été défigurée durant la dernière bataille. Bien sûr, moi je la trouve toujours aussi jolie et surtout super forte, elle a enduré toutes ces souffrances sans se plaindre et je la vois désormais comme une véritable héroïne. Je ne suis pas sûre que je m’en serais aussi bien sortie à sa place alors forcément je suis très impressionnée par la manière dont elle gère la situation. J’aimerais avoir la force et le courage que possèdent mes copines, j’ai parfois l’impression d’être une petite chose fragile à côté, mais je fais mon maximum pour les rendre fières de moi et je serais là pour les soutenir durant cette année si elles ont un coup de mou puisque j’ai moins eu de souffrances que mes copines l’année précédente.

Aujourd’hui, pourtant, j’ai un peu faussé compagnie à mes copines le temps de filer un coup de main à la bibliothécaire. Elle est vraiment très gentille et j’ai pris l’habitude de lui proposer mon aide depuis la première année, en échange de conseils littéraires. Je ne suis pas une grande lectrice mais j’aime me plonger dans quelques pages le soir, ça m’aide à trouver le sommeil et ses conseils. Je me retrouve donc à devoir récupérer des piles de bouquins dans de grands cartons pour pouvoir les positionner dans les étagères. Je soupçonne notre bibliothécaire de me faire une fleur en croyant que je suis utile pour ce genre de tâche, je suis certaine que d’un coup de baguette, elle pourrait ranger tous ces ouvrages à leur place mais pour me donner l’impression que cette relation n’est pas à sens unique et que je lui suis très utile. Alors je me suis mise au travail avec bonne humeur, ravie de pouvoir faire quelque chose d’utile pour elle. Les premiers ouvrages ont été assez simples à ranger mais au bout d’une trentaine de minutes seulement, mes bras commencent à peser un peu lourds et je ne me sens pas spécialement bien. Ce n’est pas très grave, je sais que je peux continuer encore un peu, je suis une fille de douze ans en pleine santé et non pas une mamie incapable de faire le moindre effort physique. Il doit bien me rester encore trois gros cartons de livre et j’espère arriver au bout avant la fin de la semaine. Cependant, alors que je récupère une pile qui doit aller sur une étagère en hauteur, la tentation d’utiliser la magie devient trop forte et je renonce à aller chercher l’escabeau pour pouvoir positionner les bouquins. A la place, je pose mes livres au sol et sort ma baguette, prête à tenter le coup. J’ai lu plein de trucs sur les sortilèges de lévitation, je suis sûre que je peux y arriver. Je prends une grande inspiration et je me lance enfin, espérant de tout mon cœur que cette première expérience sera une réussite et que je ne vais pas décevoir mon amie bibliothécaire qui compte sur un travail bien fait. « Wingardium Leviosa ! » Je pointe ma baguette sur le livre au-dessus de la pile mais rien ne se passe. En même temps, c’est plutôt normal, j’ai chuchoté pour ne pas attirer l’attention sur moi, mais c’est quand même une déception pour moi qui espérais réussir un sortilège correct. Je m’apprête à recommencer lorsque du bruit derrière moi me pousse à retourner. La chevelure blonde que j’aperçois entre deux rayonnages illumine instantanément mon regard. Je sais de qui il s’agit. « Brooklyn ? C’est toi ? » Je demande en haussant un peu la voix, tout en restant très raisonnable pour ne pas gêner ceux qui travaillent. « Tu peux m’aider à réussir mon sortilège ? Ou à mettre les livres en haut ? Je suis trop petite. » Brooklyn, c’est un peu mon idole à moi, je sais de quoi il est capable même s’il refuse de m’en parler et quand je le regarde, mon admiration pour lui est clairement perceptible. Je ne pensais pas un jour rencontrer quelqu’un comme moi, alors forcément, je ne le lâche plus depuis que j’ai découvert son secret.

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Brooklyn & Shynnagh

Je suis tombée pile sur la bonne personne, j’adore Brooklyn, c’est un chouette garçon. Certes, il est un peu discret, voire même carrément effacé, mais dans le fond, je reste persuadée que c’est un faux mystérieux qui a certainement plein de choses super cool à raconter. J’attends simplement qu’il se libère un peu pour me raconter toutes ces choses et bien sûr, je compte sur lui pour m’apprendre tout ce que je ne sais pas sur notre don si fabuleux. Je sais depuis un moment maintenant que nous partageons cette même particularité. J’ignore simplement à quel point nous sommes semblables et j’ai vraiment hâte qu’il me le dise. J’admets que j’ai du mal à comprendre pourquoi il met tant de temps à m’en parler et je meurs d’envie de lui poser toutes les questions qui me passent par la tête, mais pour le moment, j’arrive encore à faire preuve d’un minimum de patience. Parfois, c’est vrai, j’essaie de lui rappeler que nous avons cette particularité en commun, histoire qu’il ne m’oublie pas, mais j’ai l’impression que ça l’ennuie un peu alors je fais attention à ne pas trop en faire, dès fois qu’il décide de me virer et de ne plus jamais m’écouter. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’être très heureuse lorsque le destin me met sur sa route, j’ai l’impression qu’il est le garçon qui pourra changer ma vie et faire de moi quelqu’un d’exceptionnel. J’ai bien vu qu’il portait constamment des gants et j’imagine que, s’il fait ça, c’est que ses visions doivent être bien plus fréquentes et plus nettes que les miennes et j’ai vraiment envie de savoir comment il a fait pour arriver à un tel niveau. Peut-être qu’il a peur que je finisse par le surpasser et que c’est pour ça qu’il garde ses distances, mais un jour, lorsque nous aurons la fameuse conversation que j’attends depuis si longtemps, je pourrais lui dire que je n’ai aucunement l’intention d’essayer de prendre sa place et que, au contraire, je compte bien marcher dans ses traces et le voir comme mon professeur de toujours. Certes, il est vrai que j’envisage d’en faire mon métier plus tard s’il s’avère que je suis douée pour voir des choses et les comprendre à l’avenir, mais je sais que s’il veut lui aussi faire de même, je ne lui marcherais pas dessus et n’essaierais pas de lui faire concurrence, je suis même persuadée que nous pourrons essayer de travailler ensemble et être le meilleur binôme possible. Evidemment, il est encore un peu tôt pour ça et je sais que je ne dois pas faire de plans sur la comète, mais il est difficile pour moi de ne pas être vraiment très, voire trop, enthousiaste à l’idée de former une fabuleuse équipe avec un garçon pour lequel j’ai chaque jour un peu plus d’estime, quoi qu’il puisse penser de moi. J’arriverais à le convaincre, je sais me montrer très persuasive et lorsque j’ai un objectif en tête, je ne le lâche pas.

Forcément, dès que Brooklyn apparait dans mon champ de vision, je lui saute un peu dessus pour lui demander son aide, heureuse que cette opportunité se présente. Je mets de côté l’expression qui s’affiche sur son visage lorsqu’il m’aperçoit et fais semblant de ne pas avoir remarqué son évidente déception. De toute façon, j’ai toujours sur qu’il n’était pas un garçon très sociable mais je suis sûre que lorsqu’il aura appris à me connaitre, nos brèves entrevues ne lui sembleront plus être un véritable calvaire, bien au contraire. « Shynnagh ! » Il prononce mon prénom sur un ton qui va très bien avec son expression du visage, j’ai presque l’impression qu’il va ajouter « si tu pouvais disparaitre de mon champ de vision maintenant, ce serait le plus beau moment de ma journée » mais heureusement il s’abstient de le dire à voix haute, se contentant probablement de le penser. Prise de cours, je me retrouve un peu bête, sans trop savoir si je dois sourire ou non. « Brooklyn ! Je suis contente de te voir ! » Je répète son prénom comme si je venais de m’apercevoir que c’était bien lui alors que c’est moi qui l’ai interpelé, mais ce n’est pas de ma faute, ce n’est pas si simple de trouver la bonne réaction devant quelqu’un de manifestement blasé par cette rencontre qu’il n’attendait pas. Je fais de mon mieux pour rester souriante et compenser son évidente mauvaise humeur. « Pourquoi tu ne laisses pas la bibliothécaire s’en charger ? Elle ira plus vite en un coup de baguette ... » Je vais devoir lui expliquer pourquoi je fais ça et ça ne m’enchante pas des masses parce que j’ai l’impression qu’il me prend vraiment pour une imbécile. Et puis, je me rends bien compte qu’il n’a pas du tout envie de m’aider, que ce soit pour apprendre le sortilège ou pour remettre les livres à leur place. Quel dommage. « C’est elle qui m’a demandé de les ranger alors je ne veux pas lui dire que je n’y arrive pas... C’est notre petit truc à nous, je fais quelques petits trucs pour elle et en échange elle me donne des bouquins spécifiques qui pourraient m’intéresser et elle me donne accès à certaines informations. Tu vois ce que je veux dire ? » C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de m’approcher de lui d’un pas avant de chuchoter encore plus bas. « Je me dis qu’un jour, je tomberais sur un livre qui sera intéressant pour notre tu-sais-quoi... » Je sais pertinemment qu’il ne va pas du tout aimer qu’on aborde ce sujet mais peu importe, l’occasion était trop belle. « Tu veux bien m’aider, alors ? » Il ne va tout de même pas me refuser ça, ce serait cruel ! Malheureusement, je connais assez le spécimen pour savoir qu’il ne faut pas avoir trop de certitudes et qu’il est tout à fait capable de m’envoyer sur les roses. Il n’est pas le genre de garçon qui se laisse facilement persuader, il va falloir que je sois très forte et je me sens capable de l’être.

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Brooklyn & Shynnagh

Brooklyn n’a vraiment pas l’air content de me voir. Je peux feindre tant que je veux de l’ignorer, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je devrais sûrement être vexée mais j’ai tellement l’habitude qu’il adopte cette attitude que je ne m’en formalise plus vraiment. Je sais que j’ai besoin de lui parce que j’ai vraiment envie d’apprendre à maitriser mon don de voyance et que seul lui et son expérience peuvent m’aider à parvenir à un résultat à peu près correct. Je ne connais pas d’autres voyants et je n’ai pas envie de m’éparpiller, de toute façon, je me dis que si nous fonctionnions en binôme, nous aurions une chance, même minime, de développer nos capacités et d’avoir une vision des choses bien meilleure que celle de nos camarades. Ne se rend-il pas compte à quel point il pourrait être génial de parvenir à lire des choses chez les gens ? Certes, moi j’ai l’impression que c’est surtout des flashs du passé que je perçois et non pas des prémonitions concernant l’avenir. Du coup, je sais que ça peut paraitre inutile comme ça, mais je suis sûre que ça ne l’est pas et ce pour deux raisons. La première c’est que peut-être que si je maitrisais mon don, je pourrais voir des souvenirs enfouis de personnes qui ne se souviennent même pas de ces événements, par exemple lorsque des personnes ont vécu des traumatismes. Peut-être que je pourrais devenir psychologue ou un autre type de médecin parce que ça doit être plus facile d’aider les gens à résoudre leurs problèmes en connaissant réellement les souvenirs qui sont des blocages de leur passé. La deuxième raison c’est que je pourrais apprendre des choses que les gens ne veulent pas dire. Je sais, ça parait hyper intrusif dit comme ça, mais mon but ne serait pas d’essayer de découvrir le secret de personnes qui ne veulent pas raconter toute leur vie pour des raisons qui leur sont propres mais surtout de pouvoir donner un coup de main lors d’enquêtes de polices ou de disparitions inquiétantes. Ce serait tellement génial ! J’ai la chance d’avoir hérité d’un don fabuleux et la malchance d’être tellement rare à avoir ce pouvoir que je ne sais pas à qui m’adresser pour réussir à le maitriser entièrement. Du coup, forcément, Brooklyn représente pour moi un sacré espoir et il ne semble pas s’en rendre compte ce qui est évidemment extrêmement frustrant. J’aimerais tellement qu’il réalise qu’il a le pouvoir de faire changer les choses de manière positive ! Pourquoi souhaite-t-il autant me voir partir ?! J’ai beaucoup de mal à comprendre ce garçon. « Je vois ça. » La réponse est légèrement cinglante mais j’essaie de ne pas trop le prendre pour moi. Je peux clairement lire entre ces mots qu’il a envie que je sois n’importe où ailleurs plutôt qu’ici, il ne fait pas franchement beaucoup d’efforts pour le dissimuler. Tant pis, de toute façon, outre le fait que j’espère le coincer pour lui soutirer des informations sur son don, j’ai vraiment besoin d’aide pour ces fichus bouquins et j’espère qu’il va se radoucir pour me filer un coup de main.

Je ne comprends vraiment pas pourquoi il est énervé de me voir ranger. Après tout, je rends juste un petit service à la bibliothécaire, ce n’est pas comme si j’avais le couteau sous la gorge. Ça ne lui arrive jamais de rendre des services à lui ? Je ne crois pas qu’il soit spécialement judicieux de lui poser la question, à mon avis il risque de mal le prendre et de me planter là. Je sais qu’avec Brooklyn, je dois constamment peser mes mots et faire extrêmement attention à ce que je dis. Ça peut paraitre bête parce que normalement je devrais pouvoir dire ce que je pense mais face au Serpentard je ne me sens clairement pas en position de force, bien au contraire, je réalise sans peine qu’il a largement le pouvoir dans le cas présent parce que j’ai besoin lui mais que lui n’en a rien à faire de moi. Je suis donc sur un siège éjectable auquel je m’accroche de toutes mes forces tant l’enjeu me parait essentiel. « Mais c’est elle qui t’a demandé de faire ça ? Ou t’es allée la voir pour qu’elle te donne des choses à faire ? Parce que si c’est elle, t’es pas obligée de le faire, on n’est pas des putains d’esclaves bordel ! » Je secoue la tête vigoureusement, je ne veux pas du tout qu’il pense que je suis une sorte d’esclave. Le déclic se fait enfin dans ma tête, Brooklyn a peur que je sois réduit au même état que les nés-moldus qui ont eu à servir les autres toute l’année dernière. C’est gentil de s’inquiéter pour moi, je suis vraiment étonnée de le voir si protecteur d’un seul coup mais cette attention me touche réellement. « Non, non, non, je ne suis pas une esclave ! C’est juste un échange de bons procédés, c’est moi qui propose mon aide parce que j’ai envie de la remercier pour tous les conseils qu’elle me donne. Sauf que cette fois, c’est un peu compliqué pour moi parce que je suis petite et que j’ai raté mon sort, mais d’habitude elle me donne des petites tâches faciles et j’aime bien rendre service, je me sens utile comme ça. Un peu comme quand je débarrasse la table à la maison, tu vois ? Tu fais pas ça chez toi ? » C’est minable comme tentative d’en apprendre un peu plus sur lui, mais contrairement à la plupart de mes victimes, je ne peux pas juste le toucher pour essayer de voir des trucs de son passé, il s’en rendrait parfaitement compte et m’enverrait bien chier. En plus, il risquerait lui aussi de voir quelque chose sur moi. Je n’ai pas franchement grand-chose à cacher mais cette histoire de vélo ne doit pas s’ébruiter, elle donne une bien trop mauvaise image de mon père. « Non, je ne vois pas ! » Si, il voit très bien, j’en donnerais ma main à couper mais je ne suis pas sûre qu’insister soit la bonne solution. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’en rajouter une mini couche. « Si tu veux, quand j’aurais trouvé le livre parfait, je te le prêterais, ça pourra te servir à toi aussi. » Je force un peu, j’en ai bien conscience mais il faut qu’il me parle sinon je ne saurais jamais vraiment ce que c’est d’être un voyante et je suis certaine qu’il est bien plus au courant que moi à ce sujet. « Tu devrais laisser tomber, je suis sûr que tu as mieux à faire que jouer les bonniches. » Je le dévisage, interloquée. Je ne sais plus trop ce que je dois faire ? Insister ? Le laisser partir ? Le retenir ? Le supplier de m’aider ? Toute cette histoire pour des bouquins... Ou alors il est nul en magie raison pour laquelle il ne souhaite pas essayer un tel sortilège devant moi. « Tu ne sais pas faire de Wingardium Leviosa toi non plus ? » Ma demande est plus ou moins innocente, j’espère surtout le faire réagir. « Si tu veux on peut aller demander au professeur Winslow de nous aider ! » Sur le coup, cette idée me semble tout simplement brillante mais je ne suis pas sûre qu’il aime beaucoup. « Mais au pire, t’es super grand par rapport à moi, alors tu peux peut-être juste poser ceux qui vont sur l’étagère du haut ? Si tu veux je te les tends et tu les poses, comme ça, tu n’auras pas à te baisser. » En plus, ils seront amenés à passer encore plus de temps ensemble, ce sera chouette.

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Brooklyn & Shynnagh

Je suis super contente d’être tombée sur Brooklyn, même si je sais pertinemment que le plaisir ne doit pas être partagé. C’est un garçon vraiment sympa et surtout nous partageons la même particularité. Je le sais même si je ne connais pas les détails de cette fameuse particularité et ça me suffit pour avoir envie de mieux le connaitre et de partager des choses à ce sujet. J’aimerais beaucoup savoir comment se manifeste son don, comment il s’en sert, s’il arrive à voir des choses précises, de quelle manière il interprète les images qui lui parviennent... Tout ça. Je crois avoir compris qu’il n’aime pas spécialement voir des choses sur les gens, ce qui explique pourquoi il porte des gants. Ou alors, il aime bien mais il ne veut pas violer leur intimité alors il se montre respectueux en gardant ses gants. Peut-être que c’est pour ça qu’il me déteste ? Parce qu’il sait que je ne demande pas l’autorisation des gens et que je fais exprès de les toucher pour apprendre des trucs sur leur passé ? J’avoue que, dis comme ça, on dirait que je suis une vraie garce mais je veux surtout apprendre et pour apprendre je dois m’entrainer. Alors que s’il devenait mon professeur, peut-être que je n’aurais pas vraiment besoin de faire des trucs pareil, au final nous sommes dans un cercle vicieux dont nous ne pourrons pas sortir si nous campons tous les deux sur nos positions. « Je ne sais pas, je n'ai pas de chez moi ! » J’ouvre immédiatement de grands yeux affolés. Il n’a pas de chez lui ?! Il vit dans la rue ?! Et Poudlard laisse faire ça ? Mais c’est scandaleux ! « T’as pas de maman ? Ni de papa ? » Je ne sais pas si la question est la bienvenue mais je ne peux m’empêcher de la poser, poussée par une évidente curiosité. « Si tu veux, tu peux venir chez moi, il y a une chambre d’amis, tu seras un peu comme mon grand-frère. En plus, c’est presque si on était frères et sœurs parce qu’on est un peu pareils toi et moi. » Je veux vraiment l’aider.

Je sais que j’ai eu tort d’aborder le sujet de notre don en commun ou en tout cas de l’aborder aussi rapidement, ça ne passe du tout du côté de Brooklyn que je vois se décomposer un peu plus chaque seconde. Je sais qu’il est furieux et que cette fureur va nécessairement me retomber dessus parce que c’est toujours le cas et que je devrais commencer à en avoir l’habitude mais c’est plus fort que moi. Je me dis qu’un jour, il finira par avoir le déclic que j’attends depuis tellement longtemps maintenant. Le déclic ne vient pas pour l’instant mais je ne me décourage pas pour autant, je sais que la persévérance paye toujours et je suis sûre qu’un jour je serais récompensée de tous mes efforts. « T'en as pas marre ? T'es pas fatiguée de te prendre des murs constamment quand tu parles de ça ? Dans quelle langue je dois te le dire ? Lâche-moi avec cette histoire, je m'en contre balance de la voyance ! » Je sens son énervement dans sa voix et je sais que ce n’est pas le moment de plaisanter, de faire de l’humour ou de prendre le sujet à la légère, ça risque de ne pas passer du tout et je n’ai pas envie de me mettre Brooklyn à dos, la situation risquerait d’être pire que maintenant. « Si... Ce n’est pas agréable de me prendre des murs constamment alors oui je suis un peu fatiguée de tout ça mais t’es mon seul point de repère, mon seul espoir ! » S’il ne comprend pas à quel point il est important pour moi, alors ce garçon est encore plus stupide qu’il n’en a l’air. Je décide tout simplement de jouer cartes sur tables quitte à me prendre une énième tarte dans la gueule. De toute façon, j’ai déjà tellement pris de baffes que je ne suis plus à une près. « Je comprends pas comment tu peux t’en foutre à ce point, ça fait partie de nous et ça ne disparaitra pas alors autant qu’on l’apprivoise, non ? » Il est ridicule à faire semble que ce n’est rien en se disant qu’une simple paire de gants peut donner l’illusion, ce n’est pas le cas et ça ne le sera jamais.

« Non mais t'es sérieuse ? Pourquoi tu ne pars pas du principe que si je ne veux pas t'aider c'est que justement parce que je n'en ai pas envie. Tu m'as pris pour qui ? Tu crois que je vais sortir ma baguette fièrement pour te montrer que je sais maîtriser le sort ? Démerde toi j'ai envie de te dire Mère Térèsa. T'as voulu "rendre service" ben fais le toute seule ou admet que tu ne peux pas et assume jusqu'au bout. La Bibliothécaire c'pas une tyran, en théorie elle ne t'en voudra pas parce que de toute évidence tu es trop petite et trop jeune pour remplir ta tâche comme tu l'avais promis. » Cette fois, je l’ai bel et bien énervé et j’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il me crie dessus et se comporte de manière aussi désagréable avec moi. Les larmes me montent aux yeux sans que je puisse les contrôler mais je reste fort et je serre les dents pour ne pas pleurer. Je ne suis pas une pleurnicheuse, ce n’est pas parce qu’il se montre désagréable avec moi que je dois m’aplatir comme un crêpe. « Je t’ai juste demandé de m’aider à poser trois bouquins sur des étagères, pas de me décrocher la lune ! Tu aurais déjà fini à l’heure qu’il est si tu m’avais aidée au lieu de jouer les stupides bad boy. » Je m’emporte malgré moi alors que je m’étais jurée de ne pas provoquer de dispute entre nous, je ne veux pas ruiner mes chances d’obtenir les précieux conseils que j’attends depuis tellement longtemps. « Et tu sais quoi ? Bah de toute façon t’es qu’un gros NUL alors j’en veux pas de ton aide, je vais me débrouiller toute seule ! » Cette fois-ci, comme toutes les fois d’ailleurs, il a réussi à me vexer. Il y a de grandes chances pour qu’il me plante là et me laisse me débrouiller seule mais je sais que ça ne m’empêchera pas de lui retomber dessus une fois de plus dans quelques jours une fois que je me serais un peu calmée. De toute façon, je ne lâcherais pas l’affaire, il finira par céder.

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Brooklyn & Shynnagh

Pour moi, c’est clairement la descente aux enfers, je me retrouve à écouter une vérité que je ne suis pas forcément prête à entendre mais qui explique pourtant bien des choses quant au comportement du jeune garçon. Maintenant, je crois que je commence à réaliser qu’il a de très bonnes raisons de me repousser, il doit certainement repousser tout le monde et pas que moi, d’ailleurs. Il est parfaitement normal de ne pas vouloir s’attacher à quelqu’un en ne sachant pas ce qui va bien pouvoir lui arriver au cours de sa vie lorsqu’on a vécu un traumatisme d’une telle ampleur. Je ne sais pas comment il va faire pour s’en remettre un jour, mais j’espère sincèrement qu’il va y arriver parce que ça doit être dur d’être seul. « Non, ils sont morts ! » Mort... C’est encore pire que s’ils l’avaient abandonné parce que là au moins il aurait pu les détester, se dire qu’il ne méritait pas d’avoir de tels parents et qu’il était mal tombé. Mais non, ses parents voulaient de lui, ou en tout cas ils semblaient vouloir de lui, mais ils n’ont pas eu la chance de l’élever parce qu’ils sont décédés avant de pouvoir le faire. Ce doit être extrêmement frustrant, surtout si les deux parents sont morts tous les deux en même temps ou à un intervalle de temps très restreint. Quel drame pour ce petit garçon... Alors forcément, suite à toute cette tristesse, il ne veut plus s’attacher à personne. Beaucoup auraient la même réaction que lui, je crois que si mon père avait été condamné à mort au lieu d’aller en prison, j’aurais été une véritable loque et j’aurais sûrement perdu mes amis dans la foulée, ça aurait été terrible. Je me serais progressivement renfermée sur moi-même jusqu’à devenir taciturne et agressive comme Brooklyn l’est aujourd’hui. Je comprends vraiment ce qu’il peut vivre. « Je suis vraiment désolée pour toi. » Mes paroles sont vraiment très sincères, aucun enfant ne devrait avoir un drame pareil et aucun enfant ne devrait être délaissé après la mort de ses géniteurs, ce n’est absolument pas normal. « Je vis à l’orphelinat, pas sous les ponts. » Certes, c’est plus logique, je suis un peu bête d’avoir imaginé qu’il pouvait être à ce point délaissé par la société, il est vrai que l’Etat tout comme le monde magique doivent certainement tout mettre en œuvre pour trouver des moyens d’hébergement pour des enfants à qui la vie n’a pas franchement fait de cadeau, mais je ne suis pas sûre que l’orphelinat soit véritablement un endroit où il fait bon vivre, surtout pour un garçon qui a eu la chance d’avoir un toit au-dessus de la tête et des parents aimants durant les premières années de sa vie et c’est ce que Brooklyn semble avoir vécu. « Et puis maintenant tu as Poudlard et tu nous as nous, c’est un peu comme si tu avais une vraie maison. » La consolation doit être très maigre mais c’est tout ce que j’ai trouvé à dire pour lui remonter le moral. J’aimerais tellement faire plus.

J’ai finalement réussi, comme d’habitude, à énerver Brooklyn. Je ne sais pas comment je fais pour l’irriter autant, je n’ai pourtant pas l’impression d’être méchante, désagréable ou vraiment collante avec lui. Certes, quand je le vois, j’ai tendance à avoir envie de venir vers lui pour lui parler et essayer d’en apprendre un peu plus sur notre don en commun, mais c’est un peu comme le ferait n’importe quelle personne avec un ami, je ne vois pas en quoi on devrait me blâmer pour ça. D’ailleurs, j’agis exactement de la même manière avec mes copines que je vois très régulièrement et elles ne m’ont encore jamais fait comprendre que j’étais la pire chieuse de l’histoire, j’imagine donc que le problème vient bel et bien de Brooklyn et non pas de moi. J’espère encore qu’il arrivera un jour où il aura un déclic et se rendra compte que nous pouvons constituer un duo de choc avec nos pouvoirs respectifs. Ce serait franchement chouette mais compte tenu de la tournure que prennent les événements à l’heure actuelle, je ne peux que réaliser que c’est de l’ordre du fantasme pur et simple et qu’une fois encore, cette conversation va mal se terminer. Evidemment, ça ne me dissuadera pas de retourner vers lui la prochaine fois que je le croiserais pour avoir encore et toujours cette même conversation mais mine de rien, j’ai quand même un coup au moral qu’il va falloir que j’encaisse parce que ce n’est pas simple d’être constamment confronté à une telle déception. « Mais je ne veux pas t’aider ! Que ce soit à poser 3 bouquins ou à contrôler ton pouvoir. Je m’en ballec. DEMERDE TOI TOUTE SEULE ! » Il me crie dessus et je tente tant bien que mal de rester stoïque et de montrer que tout cela ne m’atteint pas, même si en réalité, ça a forcément une incidence assez importance sur mon humeur et mes émotions. Je voudrais pouvoir me montrer insensible mais c’est plus fort que moi, il faut croire que ce n’est pas dans ma nature et que je ne peux pas aller contre cette dernière. Evidemment, je m’énerve un peu moi aussi, peinant à comprendre pourquoi il se montre aussi dur avec moi alors que j’ai l’impression que nous avons tant de choses à partager et à échanger mais ça ne l’arrête pas, bien au contraire. « Eh ben voilà, pour une fois qu’on est sur la même longueur d’onde. Reste sur cette idée et ne m’emmerde plus. Je suis un gros nul, un gros connard ! Surtout imprime bien ça, ça nous rendra service à tous les deux ! Salut ! » Evidemment ce qui devait arriver, arriva, Brooklyn choisit tout simplement de prendre la fuite et de me laisser plantée là avec mes bouquins sans se préoccuper une seule seconde de ce que je peux bien ressentir à ce moment précis. Bien sûr, je suis complètement dégoutée d’avoir aussi peu d’importance à ses yeux mais sur le coup, je suis tout simplement incapable de réagir. C’est à peine si je me retourne pour le regarder disparaitre de mon champ de vision. Je reste un instant immobile avant de me remettre au travail, sautillant devant les étagères pour réussir à positionner les livres à leur place.

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