Je me laissai tomber sur un canapé de la salle commune dans un soupir. Mon sac alla s'écraser au sol dans un bruit sourd. Il s'ouvrit sous le choc libérant tous mes bouquins sur le tapis ce qui m'arracha un nouveau soupir exaspéré. Cette journée, elle n'allait décidément pas en s'améliorant. J'étais épuisé de toutes mes heures de cours de suite et c'était sans parler de ma soirée... Exactement quatre heures. C'était le nombre d'heure que je venais de passer à « tenter » de faire mon devoir de potions. Je détestais les devoirs donnés par le professeur Burgess. En plus d'être affreusement réguliers, donc très nombreux, ils étaient longs, interminables et à mourir d'ennuis. Je n'avais jamais été un grand admirateur de tout ce qui était théorique. J'aimais largement mieux la pratique, les potions ne faisaient pas exception à la règle bien que je détestais le fait de devoir mettre des composantes venant d'animaux ou d’insectes dans mon chaudron. Faire mention de mes convictions en classe l'an dernier ne m'avait pas vraiment fait de bien. Le professeur Burgess me détestait maintenant, elle m'avait même foutu en retenue plusieurs semaines de suite pour avoir causé du grabuge dans sa classe. Depuis cette retenue, je tentais de prouver à ma professeur qu'on pouvait très bien faire une potion plus que convenable sans avoir à tuer des créatures vivantes. Mes devoirs s'en voyait doublement plus ardus, mais j'avais espoir. Prouver à une maître des potions que mes croyances pouvaient faire la paire avec sa matière prenait du temps. Heureusement que j'avais trouvé cet alchimiste, Icarius Spellbody, qui allait dans la même ligne directrice que moi. Malheureusement, ses écrits étaient si récents qu'ils étaient presque impossible à trouver dans la bibliothèque de Poudlard... J'allais devoir doubler d'efforts cette année vu la charge de travail nettement plus élevée qu'avant. 

Alors que je me décidais à me pencher pour récupérer mes affaires éparpillées sur le plancher lorsque Morelle, qui était grimpé sur mon épaule se décida a aller faire un tour. J'avais du mal à la garder à l'oeil ces derniers temps. Je crois qu'elle m'en voulait de ne pas passer autant de temps avec elle que normalement. Elle avait été enfermé dans le dortoir à deux reprises au courant de la première semaine; une fois pour la soirée des préfets et une autre pour le pique-nique de Gryffondor. Mon amie arachnoïde n'avait pas beaucoup aimé visiblement. C'était embêtant parce qu'elle avait tendance à foutre le camp quand j'étais dans la Grande Salle ou la salle commune foutant une panique assez impressionnante parmi les gens présents. C'était donc un véritable bordel de la récupérer avant que quelqu'un ne tente de l'écraser sous le coup de la peur sans parler de tous les efforts que je devais faire pour rassurer les gens qu'elle n'était pas dangereuse malgré ta taille impressionnante. Ce soir, je n'avais aucunement envie d'une autre scène du genre. J'étais épuisé, n'avait pas la force de lui courir après. « Ah níl! Níl anocht Morelle anocht. Téigh ar ais anseo anois! »¹, lançais en irlandais à la Goliath sur un ton agacé. Elle était maintenant sur le bras d'un sofa où se trouvait une fille que je reconnu rapidement comme étant Anoushka. Nous ne nous étions jamais vraiment parlé, mais à ce que j'avais entendu dire dans les couloirs, elle était susceptible de pouvoir me venir en aide avec mon petit projet. J'avais d'ailleurs prévu d'aller la voir éventuellement, mais avait eu du mal à trouver deux minutes pour le faire. L'occasion se présentait sur un plateau visiblement! Mais avant, fallait récupérer la fuyarde qui me regardait de ses six yeux noirs la tête – ou plutôt le corps – penché du la droite l'air curieuse. « Níl mé ag iarraidh a imirt anois, Morelle. Tá mé tuirseach mar sin, stop a bheith ag amú thart. »² Je lui parlais toujours en irlandais. Je ne savais pas trop pourquoi, mais elle était nettement plus réceptive à cette langue – comme la majorité des créatures d'ailleurs. L'araignée se décida à revenir vers moi. Elle s'installa sur le bras de mon fauteuil faisant, tout comme moi, face à Anoushka. « Désolé si elle t'a fait peur, elle est un peu fuyarde ces temps-ci... » , dis-je avec un sourire à la jeune fille. Je me demandai si elle pouvait comprendre Morelle d'une manière ou d'une autre. J'avais lu que les animagus était en mesure de communiquer avec les animaux et les créatures magiques, est-ce qu'elle le pouvait réellement? Parce que c'était justement l'une des raisons pourquoi je désirais si ardemment développer ce don. « C'est vrai ce qu'on raconte, que tu as réussi à devenir animagus? », questionnais-je en entré de jeu d'une voix qui trahissait ma curiosité dévorante. C'était un bon début, non?

Traductions

¹ : « Ah non ! Pas ce soir Morelle. Reviens ici ! »
² : « Je n'ai pas envie de jouer maintenant Morelle. Je suis épuisé donc arrête tes bêtises. »

Je me demandais parfois si c’était moi qui était étrange. À voir la réaction de la grande majorité chaque fois qu’ils croisaient Morelle, cette espèce de frayeur dans le regard ou ce dégoût alors que ma belle araignée n’avait aucune raison de leur faire de mal avait fini par faire naître des questions en moi. Pourquoi les gens avaient-ils une si grande aversion envers les arachnées ? Elles étaient pourtant des créatures fabuleuses, super intéressantes et très fortes. Je savais que Morelle n’était pas complètement inoffensive. Je l’avais vu tuer des mouches pour se nourrir. Rien de très doux dans ce geste. D’autant plus que lorsqu’elle était toute petite, dans les premiers temps où je l’avais eut, il lui était arrivé de me mordre parce qu’elle avait peur. Rien de très grave. Une petite plaie purulente qui finissait par partir au bout d’une semaine à suppurer de manière dégoutante. Après quoi, aucune marque ne restait et aucune séquelle à nommer. Autrement dit, ce n’était pas là une raison de ne pas l’aimer. Les chatons et les chiots mordent aussi lorsqu’ils ne sont encore que des bébés et pourtant, les gens les adorent. “Elle ne m'a pas fait peur, je me suis fait à l'idée de la croiser de temps en temps ... Mais j'avoue que ce n'est jamais un vrai plaisir. “,dit Anoushka alors que Morelle revient vers moi se calant sur le bras de la chaise. La réponse de la jeune femme me fait bien rire. “ Tu es l’une des rares alors ! Une espèce en voie de disparition. ", j’avais dit la dernière partie de manière humoristique. “ Même après cinq ans, la plupart des gens sont en mode “ fait la partir “ dès qu’elle est à moins d’un mètre d’eux. J’ai pris l’habitude de la garder loin de tout le monde, mais elle est hyper sociable et aime les gens donc ce n’est pas toujours facile.” Je bavardais comme si nous nous connaissions depuis des années, que nous étions amis et tout. En fait, j’étais moi-même un peu comme mon araignée : hyper sociable. La différence étant que je préférais largement la présence des animaux à celle des humains alors que Morelle, c’était tout l’inverse pour sa part. “ Elle se fait donc un véritable plaisir d’aller à ta rencontre contrairement à toi ! “ Mon ton était léger, encore une fois je parlais en blague. D’une main je caressai la tête de mon araignée qui se collait à ma paume en quête de plus de caresses. Sérieusement, je ne voyais pas ce qu’on lui reprochait. Elle était adorable !

J’avais eu du mal à contenir ma curiosité. Le ton utilisé lorsque j’avais posé ma question sur ses capacités à se transformer en animal trahissant avec peu de retenu l’excitation que le sujet animait en moi. J’espérais qu’elle n’y verrait pas à frein à me parler. Ça réponse finit par tomber me laissant plus que perplexe. “ Ah ce qu'il paraîtrait oui. Mais je ne m'en souviens pas.” Je la fixai un instant incrédule. Comment… Enfin, elle avait pas l’air de mentir ou de me faire marcher, mais je n’arrivais pas à concevoir qu’on puisse oublier un truc pareil. Pas volontairement du moins ! “Je ne veux pas avoir l’air d’un rustre mal élevé qui ne se mêle pas de ses affaires, donc tu es libre de ne pas répondre à ma question, mais comment peux-tu avoir oublié que tu as réussi à te transformer ?”, commençais-je d’un ton plus que prudent n’aimant pas trop poser des questions si personnelle à des gens. Encore moins une personne dont je ne connaissais que le prénom. Si Sinéad n’avait jamais vraiment écouté maman lorsqu’elle nous avait dit de respecter la vie privée des gens et de ne pas trop poser de questions sur eux, en ce qui me concernait, ça n’avait pas entré dans l’oreille d’un sourd. “Tu as dû travailler fort pour y arriver, et y mettre beaucoup de temps. À ce que j’ai lu sur les animagus, et je peux très bien t’assurer que j’en ai lu beaucoup de choses sur le sujet, la première transformation est extrêmement douloureuse. J’imagine pas comment on peut oublier une telle chose.” J’avais continué mon interrogation avec prudence me demandant si j’allais trop loin ou non. Je me doutais que je pouvais compter sur la franchise d’Anoushka pour me faire savoir si jamais j’étais trop entreprenant dans la discussion. “Dit, ça ta pris combien de temps avant d’arriver à une transformation ? Je sais que tu ne te souviens pas avoir changé de forme, mais tu as une idée du lapse de temps entre le moment où tu as commencé à entreprendre les démarches pour y arriver et celui où tu y es arrivée ?” Beaucoup trop curieux Perrin. Vraiment beaucoup trop ! Je devrais apprendre à me contenir sauf que, quand le sujet vous passionne, c’est assez difficile à faire. Voir carrément impossible. Je fis un sourire un peu gêné à Anoushka espérant qu’elle ne m’en voudrait pas pour mon entrain.