Un jeudi comme les autres qui commençait par un cours de botanique. Aimie avait fait exprès d’arriver après plusieurs élèves pour constater quelque chose. Zach et Narcissa se faisaient la gueule, pour changer. Zach et Anthea trainaient de plus en plus ensemble. Et lorsqu’Aimie regardait Zach, uniquement pour voir s’il détournait les yeux en mode ‘je-te-regarde-pas-j’te-connais-pas’. Quand elle entra dans la pièce, elle fit sa petite vérification du matin. Rien n’avait changé entre Zach et Narcissa, Zach et Anthea étaient toujours à la même table et lorsqu’Aimie regardait Zach, surprise, il détournait le regard. Un sourire s’étira sur les lèvres de la jeune fille. Elle s’avançait vers Anthea pour la saluer, celle-ci lui répondant avec sympathie, puis elle se rendit compte qu’il y avait une place de libre à leur table, juste à côté de Zach. Sachant que les autres places commençaient à être prises, il n’allait pas avoir le choix que de supporter Aimie. Sous le regard de ses deux amis, enfin son amie et celui qui l’évitait comme la peste comme si elle puait, elle s’installa à la place à côté de Zach. Elle allait faire exprès de le fixer tout le cours pour bien le rendre mal à l’aise et lui faire comprendre qu’après ce cours, elle n’allait pas lâcher l’affaire. Et le cours allait être interminable pour ce cher Zach.

Après le cours de botanique, Aimie avait deux heures de libre dont l'heure du déjeuner. Elle savait déjà comment elle allait tuer le temps. Ou tuer une certaine personne. Non, elle n'oserait pas. Elle n'allait pas user de la violence. Elle allait jouer franc-jeu. Elle n'allait pas le laisser fuir. Pas question. Elle n'avait clairement pas besoin en ce moment que Zach l'évite. Et elle avait une petite idée du pourquoi du comment. Cela la faisait chier. Vraiment. Zach était son ami. Et peu importe les excuses qu'il allait lui sortir, elle allait lui tirer les vers du nez. Bienvenue à Aimie 2.0. Alors qu’il se dirigeait vers la bibliothèque, Aimie s’avança pour l’arrêter dans son élan. « Ah Zach ! Je te cherchais ! T’as deux minutes à me consacrer s’il te plait ? » Bien sûr qu’il avait deux minutes à lui consacrer. « Merci Zach, t’es génial ! » Autrement dit, elle n’attendit même pas sa répondre pour lui attraper le bras, doucement quand même oh, et l’emmener dans le parc. Parce qu’ils seraient plus à l’aise avec de la verdure autour d’eux. C’est cool la verdure, c’est reposant. « Bon ! Maintenant qu’on est tranquille, tu vas peut être me dire pourquoi tu m’évites ? Et s’il te plait, si tu as une once de respect pour moi, évite moi l’excuse du ‘j’ai pas le temps’ parce que dire bonjour quand je te croise, ça prend trois secondes et n’ose pas même pas me dire que t’as pas le temps parce que tu n’auras pas le temps d’esquiver mon balai que tu vas te manger comme le tien que j’ai bouffé en première année. » Bon, d’accord, elle avait parlé vraiment vite. Zach n’était pas parisien, il avait le temps. Alors qu’il prenne son temps mais qu’il parle. « Alors, j’écoute Zach. Sérieusement, menaces écartées, dis moi pourquoi tu m’évites s’il te plait. » Aimie avait les mains croisées, attendant que son ami lui parle et en espérant pour lui qu’il lui dise la vérité. Elle n’allait pas lui faire bouffer son balai, non, ça c’était une blague, mais elle n’allait pas se retenir s’il mentait.

Un cours de botanique assez classique. Si ce n’est Aimie qui me fixait tout du long du cours. Je ne doutais pas qu’elle ait remarqué que je l’évitais depuis quelques temps, elle pourrait me laisser tranquille du coup. Même juste en face de moi j’évitais son regard. De toute façon, même sans ce qu’il s’est passé, c’est sacrément malsain de fixer quelqu’un comme ça aussi longtemps. Et au-delà de ça, ça n’annonçait rien de bon. Je l’imaginais mal ramener une batte de baseball comme Ashley, mais on ne sait jamais. Il valait quand même mieux que je file rapidement après la fin du cours. Au moins pour éviter une discussion déjà vue il n’y a pas si longtemps. Aussi, dès que le professeur McDougall nous laissait partir, je filais vers le sanctuaire : la bibliothèque. Elle était assez grande pour ne pas être repéré facilement, et même si on m’y trouvait, il ne fallait pas parler trop fort. Et ça donnait une bonne excuse pour ne pas être disponible. Pile ce qu’il me fallait dans l’immédiat.

Sauf que je n’avais pas été assez rapide pour m’y enfermer. Aimie m’avait rattrapé et me demandait deux minutes. « Euh… » Pas le temps pour trouver une excuse, ni même pour en dire plus d’ailleurs. Elle m’attrapa par le bras et me traîna dehors, comme un rappel de la méthode de Ashley, en un peu moins violent je devais bien lui accorder ça. Je soupirais sans chercher à cacher mon ennui. Je cherchais déjà sur le trajet des raisons de ne pas lui avoir parlé plus que ça. Je ne comptais pas lui donner la vraie raison. Mes problèmes sont mes problèmes, les autres n’ont pas à les connaître. Evidemment, je pourrais lui donner les mêmes raisons que j’avais donné à Ashley, mais il valait mieux trouver d’autres trucs au cas où elle ne morde pas à l’hameçon. Notre excursion se termina donc dans le parc. C’était toujours moins glauque qu’une des vieilles salles inutilisées et vides. Pas dit que ça me rende plus enclin à la discussion pour autant, mais c’était tout de même un meilleur contexte. Et maintenant qu’on était arrivés, on était parti pour la leçon.

Et évidemment, elle voulait savoir pourquoi je l’évitais, cassant d’ores et déjà le premier argument que j’avais donné à Ashley. Enfin, partiellement, j’avais encore des cartes à jouer du côté de la gestion du temps. Elle aussi partit dans les menaces, mais se rétracta vite, préférant la politesse à la violence. Au moins notre débat sera plus vivable que celui avec la serpentard. Rien de bien étonnant d’après leurs caractères respectifs. Et il fallait bien avouer que la méthode Aimie était tout de même plus plaisante, et moins susceptible de me braquer. Bien que, encore une fois, ça ne veuille pas dire que je lui raconte mes histoires plus facilement.

« Et pourtant, le temps j’en ai pas énormément. Entre les cours, les devoirs, et s’occuper des nouveaux premières années, il faut bien dire que j’ai pas autant de temps que d’autres élèves. C’est maintenant qu’il faut les guider pour qu’ils prennent leurs marques dans le château, pas dans un mois, tu sais. Et en plus, on a ceux qui ont subi Blackman pour leur première année qui ne connaissent le château que pour les zones qu’ils devaient nettoyer. »

Non pas que ça me fasse plaisir d’utiliser les jeunes nés-moldus comme excuse, mais il fallait bien avouer qu’en tant que préfet, on avait pas mal de responsabilités, et cette année d’autant plus. Mais si je voulais que ça passe, il fallait que j’aille un minimum dans son sens aussi.

« Ca ne couvre pas tout, certes. Mais j’ai souvent la tête ailleurs, du coup je capte pas forcément les gens s’ils ne me parlent pas. C’est que, même si Blackman est parti, ses traces sont encore là. »

Les parents qui ne voulaient pas qu’on revienne, les élèves convoqués au ministère… Il y avait de quoi se perdre dans tant de pensées…