L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat]
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(#) Sujet: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Sam 9 Sep - 1:39
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Sam 9 Sep - 13:07
l'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini
Madison & Skat
Il y avait des matins vides de sens, comme celui-là. Des matins où les cours n'existaient pas, où il n'y avait rien à faire sinon attendre que la journée s'écoule. Skat n'avait jamais été habitué à ça. À toutes ces heures perdues comme si c'était normal. À cette attente interminable que quelque chose se profile enfin. Assis sur son lit, il observait avec attention le dortoir impeccable qu'il occupait. Rien ne dépassait, rien ne traînait. Les objets étaient soigneusement à ranger à leur place et son lit parfaitement fait. S'il n'y avait pas eu ce môme au beau milieu de cette pièce trop grande, il aurait été difficile de prétendre qu'elle était occupée. Tous ces matins (et ils étaient plus nombreux que ceux qui lui semblaient utiles) il jouait les elfes de maison. D'abord ici, puis plus discrètement dans la salle commune. Il avait cru comprendre que ça ne servait à rien, qu'il y avait des gens, des créatures plutôt, pour le faire à sa place mais rien y faisait. Il avait besoin de se sentir utile, de ne pas se laisser aller à une paresse pécheresse. Beaucoup semblait en être atteint. La grasse matinée des week-ends paraissait courante et les longs moments de détente dans les canapés de cette sombre salle commune se multipliaient à vue d'œil. C'était donc ça, la vie, ici ? Un vide pesante et l'impression dérangeante que tout était dû à ces gamins prisonniers ? Visiblement... Chaque jour qui passait accentuait cette impression et chaque jour qui passait lui faisait regretter la Croatie. Peut-être que tout n'était pas parfait, là-bas. Il appréciait les cours qu'il suivait, il devait bien le reconnaître, comprendre, apprendre, tout ça était rassurant. Mais le reste ressemblait à l'antichambre de l'Enfer. Tous ces gens l'effrayaient un peu, ce château immense le mettait mal à l'aise et le Malin qui rôdait dans les parages lui promettait les plus brillantes des angoisses...
Un soupir lui échappa alors qu'il quittait le bord du matelas. Il paraissait qu'il devait faire beau, aujourd'hui. C'était écrit dans le journal d'hier. Il ne le lisait pas tous les jours, presque jamais, même en réalité, il y était trop souvent apparu ces derniers mois pour avoir envie de s'intéresser aux mensonges qu'ils y balançaient mais quelqu'un l'avait oublié sur l'un des accoudoirs du fauteuil près de la cheminé, alors en le repliant son regard s'était machinalement aventuré sur la page. Il ne pouvait pas vraiment vérifier, d'ici. Il n'y avait pas de fenêtres, aucune vue sur l'extérieur. C'était probablement le pire encore de ce château. Il avait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal et d'être puni depuis des jours. En prison, presque. Parce que c'était sûrement ça, les cachots, avant. Ça y ressemblait, en tout cas. L'adolescent attrapa son sac de cours et y glissa ses affaires pour l'après-midi. Son livre de sortilèges, celui de potions, quelques parchemins et de quoi écrire. Sur quoi il disparut sans un regard en arrière, prenant néanmoins bien soin de laisser la porte légèrement entrouverte pour permettre à Tišina de fuir à son tour lorsque l'envie lui prendrait. Il commençait doucement à se repérer. Les couloirs se ressemblaient vaguement moins et il parvenait à y retrouver son chemin. Passés les premiers jours où il était systématiquement en retard en cours après s'être perdu au milieu de nulle part, il réussissait à ne plus trop se faire remarquer, à se fondre dans la masse des élèves de sa classe, quelque part dans un coin le plus loin possible du monde. Mais pour le moment, il n'était pas question de rejoindre les bancs et les pupitres. Le Hall n'était pas bien peuplé quand il y arriva mais les murs renvoyaient les voix par dizaine, décuplant sans effort le faible nombre d'occupants. Il chercha machinalement sa sœur des yeux mais elle fut introuvable. Alors, la tête basse et les yeux rivés aux bouts blancs de ses baskets en toile, il fila au travers des élèves comme s'ils n'existaient pas (comme s'il n'existait pas, lui, serait plus juste) et dévala les quelques marches menant au parc.
Il s'aventura prudemment sur la pelouse, l'herbe encore humide couinant sous ses pas. Là encore, il n'y avait pas foule. Est-ce que tout le monde avait cours ? Ça n'était pas impossible... Pourquoi son propre emploi du temps restait désespérément vide ? Qu'importe... Le journal n'avait pas menti. Le soleil était au rendez-vous, haut et brûlant. Skat respira profondément et observa avec un sourire attendri deux oiseaux se chamailler sur la branche basse d'un arbre. Il fallait se trouver un coin agréable et essayer tant bien que mal de faire de ces livres indéchiffrables un outil de cours intelligible. Il commençait à y parvenir à peu près. Tout n'était pas limpide mais il comprenait. Dans les grandes lignes en tout cas. Du reste, il s'accrochait à son dictionnaire pour éclaircir les zones d'ombres qui persistaient. Une vraie se dessina un peu plus loin, au pied d'un arbre énorme aux feuilles déjà maltraitées par l'automne. Il décida aussitôt que ce serait là qu'il s'installerait pour travailler. Malheureusement, au fil de ses pas, une silhouette se découpait. Une fille. Incertaine tout d'abord puis de moins en moins inconnue. Jusqu'à ce que la lumière se fasse enfin : c'était une amie de Jade. Une de celles qui partageaient son dortoir. Roxy et Madison. Il se rappela que Roxy était la brune du duo, celle-ci devait être alors Madison. Normalement... Sa cadence ralentit alors qu'il l'observait, penchée sur quelque chose qu'il ne voyait pas. Il ne voulait pas la déranger, d'autant plus qu'elle avait l'air occupé. Il s'arrêta à quelques mètres d'elle. Il fallait faire demi-tour. Mais la curiosité (il demanderait pardon plus tard pour y avoir succombé) l'emporta et il resta là, à regarder ce qu'elle faisait. Un éclat argenté lui répondit dans la seconde qui suivit. De la couture ! Comme ça lui manquait ! Il y passait la majeure partie de ses journées, avant. À coudre de nouveaux vêtements, à repriser les anciens. À faire en sorte que tout le monde soit correctement habillé en tout circonstance. Les femmes qui le faisaient avec lui prétendaient qu'il était doué. Il n'en savait trop rien, seulement que ça lui plaisait et que Dieu avait su faire en sorte que ses tâches quotidiennes ne soient pas de véritables corvées. Elle se piqua et enroula un pansement autour de son doigt. Ça n'était pas le premier visiblement. Oubliant ses craintes, le Serpentard s'avança prudemment. Il ne l'embêterait pas longtemps. « Il faut mettre vers en haut un peu. » souffla-t-il d'une voix timide et maladroite en désignant l'aiguille qu'elle tenait. « Pour pas faire mal. » Parce qu'il n'y aurait bientôt plus assez de place sur son doigt pour mettre d'autres pansements, à ce train-là...
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Sam 16 Sep - 0:13
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Mer 27 Sep - 16:49
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Madison & Skat
Non sans une certaine hésitation, l'adolescent s'approcha de la jeune fille. Prudemment. Il ne voulait pas la déranger mais ça lui avait fait de la peine de la voir se faire mal alors qu'elle pouvait l'éviter. Bien sûr, ça arrivait parfois mais certainement pas au point de finir avec le doigt momifié dans des bandelettes de pansement. Et tout aussi prudemment, il se risqua à la reprendre. Ça n'était pas un rôle avec lequel il était très à l'aise. Sortir de nulle part pour étaler sa science (si seulement c'en était une) l'inquiétait un peu. Il n'avait aucune envie de la mettre mal à l'aise ni même qu'elle ne l'apprécie pas. Il ne cherchait pas l'amitié du Tout Poudlard, loin de là, mais préférait se faire oublier, éviter de se faire des ennemis. Et là... Là, il n'en savait rien. Au fond, si c'était une amie de Jade, elle devait sûrement être gentille et ne lui tiendrait pas rigueur d'un conseil mais les gens étaient parfois étranges et il n'était à l'abri de rien. Ses yeux s'ouvrirent en grand sous la panique en la voyant sursauter et se faire mal une fois de plus, par sa faute. « Oh ! Pardon ! Pardon ! Je ai pas voulu ça ! » S'il avait su ! Il n'osa plus bouger, à peine s'il respirait encore de peur de les enfoncer tous les deux. Pourtant, elle ne parut pas lui en vouloir, un sourire rassurant étirant ses lèvres. « Excuse moi, je ne t'avais pas vu. » Le sien se voulut désolé. Parce qu'il l'était. Jamais il n'avait eu dans l'idée de l'effrayer, pas même une seconde. Elle était sûrement venue là pour être tranquille et lui, au lieu de la laisser profiter de sa solitude, venait tout foutre en l'air.
Finalement, elle reprit sa couture et le regard du Serpentard suivit avidement ses gestes. Il lui semblait qu'une vie entière s'était écoulée depuis la dernière fois qu'il y avait passé sa journée. Quelque part au début du mois de Mai. Avant que l'Enfer ne s'ouvre sous ses pieds. Longtemps, il s'était demandé ce qu'il avait fait de mal pour qu'Il s'acharne sur lui ainsi mais il n'avait rien trouvé. Jamais il ne s'était éloigné du droit chemin. Parfois il pêchait, bien sûr, mais se repentait toujours. Est-ce que cela ne suffisait pas ? « Comme ça ? » Il hocha la tête sans jamais détourner son attention de l'ouvrage qu'elle tenait. Elle acheva son point et abandonna ce qu'elle faisait, le forçant sans le vouloir vraiment à relever les yeux vers elle. Son sourire faisait plaisir à voir. Sans s'en rendre compte, ses joues se teintèrent légèrement. « C'est génial ! Je ne me suis pas piquée cette fois ! » Elle rit légèrement et se remit au travail, chaque point couronné du même succès que le précédent. La culpabilité pesait moins lourd sur les épaules du jeune homme. Peut-être qu'il l'avait dérangée, peut-être qu'elle s'était fait mal à cause de lui mais elle éviterait à présent de le faire systématiquement ou presque. « Je te remercie ! Sans ton conseil je crois que mon doigt n'aurait pas survécu plus longtemps. » La voir agiter son doigt blessé de la sorte lui tira un rire discret et enfantin. Peut-être ne regrettait-il pas tant que ça d'avoir cédé tant à la curiosité qu'à l'envie de l'aider, en fin de compte. Il lui adressa un sourire rassuré, teinté d'une légère fierté. Pas d'orgueil, loin de là, seulement l'impression satisfaisante du travail accompli. Il lui avait été utile. « Tu t'y connais en couture ? » Sa mère s'était fait un devoir de lui faire comprendre que ça ne faisait pas partie des compétences recherchées chez un garçon. Lui ne comprenait pas vraiment pourquoi. « Petit peu. » déclara-t-il en montrant avec ses doigts alors qu'il n'était pas sûr qu'on dise vraiment comme ça. Ça n'était pas tout-à-fait un mensonge, en réalité. Il s'y connaissait, bien sûr, il était capable de faire des jolies robes sans l'aide de personne mais il lui restait tant à apprendre encore ! Et puis ça lui évitait d'avoir à mettre en avant quelque chose qu'il aurait visiblement mieux valu qu'il ne sache pas faire...
Discrètement, elle se poussa un peu pour lui laisser de la place. Il observa l'espace ainsi abandonné sans trop savoir quoi faire. Il ne voulait vraiment pas la déranger... Elle était tranquille et lui venait lui faire la discussion en s'imposant lourdement. Pourtant, elle n'avait pas l'air mécontent de le voir là. Peut-être que ça ne la dérangeait pas tant que ça ? Elle avait la possibilité de retourner à son activité et de l'ignorer. Elle l'avait remercié, politesse oblige, rien ne la forçait à continuer la conversation ni même à l'inviter sans un mot à s'installer. Peut-être que... Alors il finit par s'asseoir à son tour, un peu mal à l'aise. Il fixa la toile sombre de ses horribles baskets et soupira et croisant les jambes pour ne plus les voir. C'était idiot, sûrement, mais ça faisait partie des choses qu'il détestait le plus, les vêtements qu'on lui avait imposés, bien loin de tous ceux qu'il avait toujours eu l'habitude de porter. Il chassa de ses pensées les souvenirs attristants qui menaçaient de s'y installer et reporta son attention sur la Poufsouffle. « Quoi c'est ? » Il désigna d'un geste intimidé le tissu qu'elle avait entre les mains. Il ne distinguait pas bien, seulement a matière et la couleur sans pouvoir supposer la moindre forme. Alors puisqu'ils étaient là, qu'elle avait fait l'effort de se montrer agréable, autant se laisser aller à s'intéresser à ce qu'elle faisait. Surtout que cela ne demandait pas le moindre effort. « Au fait je m'appelle Madison, mais tu peux m'appeler Maddie ! » Le sourire qui étirait les lèvres de l'adolescent s'élargit. Il le savait déjà, Jade le lui avait dit, mais quelle importance ? C'était gentil à elle de se présenter, plus encore de l'autoriser à utiliser un surnom plutôt que son prénom tout entier. C'était la première qui se montrait familière à ce point depuis qu'il était arrivé. « Saša. » lâcha-t-il simplement pour se présenter à son tour. « Madison, ça est joli prénom. » Ce compliment inutile et maladroit lui rappelait sa rencontre avec Matrim. Lui aussi était à Poufsouffle. Tout le monde y était, à Poufsouffle... Et il regrettait un peu plus chaque jour de ne pas y avoir été envoyé, lui aussi. Jade avait eu l'air si déçu qu'il aille à Serpentard...
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Mer 18 Oct - 15:38
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Jeu 9 Nov - 21:41
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Madison & Skat
La pauvre Madison venait de se piquer une fois de plus. Par sa faute. Seulement parce qu'il n'avait pas su contenir sa curiosité et qu'il avait décidé de la déranger. Et maintenant qu'il voyait les dégâts causés, il ne pouvait que culpabiliser. Comment avait-il fait pour être aussi bête ? Pour se laisser aussi facilement conduire par des pulsions idiotes ? La curiosité était un vilain défaut, il le savait bien. Il n'avait pas à s'occuper de ce qui ne le regardait pas. Cette fille pouvait bien faire ce qu'elle voulait, ça ne le concernait pas. Quand bien même il voulait seulement l'aider ! Est-ce que ça l'aidait de se piquer davantage ? Certainement pas ! Cependant, elle ne parut pas lui en vouloir. Son sourire et son mouvement de tête ne trompaient pas. Qu'importe, il s'en voulait bien assez pour deux ! « Ne t'inquiète surtout pas, ce n'est rien je t'assure. J'ai l'habitude et puis ce n'est pas de ta faute j'étais perdue dans mes pensées. Alors ne t'en fais pas je t'en prie. » Peut-être qu'elle était perdue dans ses pensées mais il aurait dû la laisser tranquille. Elle avait le droit de rêvasser dans son coin sans qu'il ne vienne l'embêter... Skat suivait des yeux les gestes de la jeune femme. Elle retira son pansement et agita son doigt blessé sous son nez. « Tu vois ce n'est rien ! » Prudemment, il hocha la tête. Ce n'était rien. D'accord... Mais tout de même ! Il était désolé malgré tout ! « C'est beaucoup des... euh... piques... » Il y avait pas mal de petits points rouges sur son doigt, elle devait sûrement coudre depuis un moment maintenant. Il n'y avait pas des sortilèges pour éviter les marques ? Sûrement que l'infirmier en connaissait... Il ne lui avait pas beaucoup parlé, seulement une fois, à la rentrée, parce qu'il avait fallu discuter de son asthme... Un mauvais souvenir, en réalité. S'il était sûrement très gentil, il était surtout très impressionnant.
Sans attendre, la Poufsouffle mit en application ses conseils, toujours sous son regard intéressé. Elle fit quelques points sans le moindre accident, permettant au jeune homme de faire légèrement s'évader la culpabilité. Au moins, même si elle s'était blessée par sa faute, il lui évitait de recommencer. C'était toujours ça ! Elle s'appliquait sur son tissu et lui l'enviait sans vraiment oser se l'avouer. Il n'avait pas le droit. C'était pêcher. Pourtant, il sentait bien son cœur battre douloureusement face aux souvenirs qui l'assaillaient. Il était mieux, chez lui. Ses journées se ressemblaient toutes mais il n'y faisait que ce qu'il aimait. Ici, tout était différent. Jusqu'à ce qu'il avait le droit de faire ou non. Aussi, il tâcha de ne pas faire honte à sa mère en répondant à la question de l'adolescente. Il savait « un peu » coudre. Il n'y avait pas de mal à ça, n'est-ce pas ? On avait pu lui apprendre pour plein de raisons, pas seulement parce qu'il avait joué la fille pendant des années. Il peinait toujours à changer pleinement de rôle. Ses gestes restaient emprunts de douceur, ses poses trop féminines... Il ne se faisait toujours pas à ces vêtements ni jolis ni pratiques, comme aux garçons qui l'entouraient en permanence. Il ne se sentait pas à sa place parmi eux... Il n'avait pas à s'en plaindre, bien sûr, ils n'étaient pas méchants, mais tout de même. Il avait l'impression d'être différent, de n'avoir rien en commun avec ses nouveaux camarades... « Un petit peu plus que moi ça je n'en doute pas, je ne suis qu'une débutante qui peine à progresser à cause de mes deux mains gauches. » Il fallait bien commencer un jour, de toute façon. Ses débuts avaient été plutôt chaotiques. Il avait du mal à rester assis sur une chaise pendant des heures et ses doigts n'avaient pas été dans un meilleur état que les siens. Mais à force de ne pas faire tout le travail qu'on lui demandait et ne voir son dîner lui passer sous le nez, il avait fini par se faire violence, jusqu'à réaliser que c'était plutôt agréable. Dès qu'il avait commencé à faire des vêtements entiers, à voir ses efforts récompensés, il s'était laissé prendre au jeu. « C'est ma Tata qui a brodé mes initiales sur le dessus. » Sagement, il s'intéressa aux lettres brodées qu'elle lui montra. Sans comprendre toutefois pourquoi sa « Tata » avait le droit de coudre et lui non, la barrière de la langue se dressant une fois de plus entre eux. « Tu es capable de faire ça toi ? J'aimerai beaucoup y arriver mais je ne suis pas sûre d'en être capable... » Le Serpentard hocha timidement la tête. Oui, il en était capable. Ça n'était pas ce qu'il faisait le mieux, bien sûr, mais il savait se débrouiller assez bien pour que ça ressemble à quelque chose. Si elle voulait, peut-être qu'il pourrait lui apprendre, un jour...?
Il s'installa à ses côtés, un peu surpris qu'elle accepte si facilement sa présence. Un certain malaise le traversa. Il craignait de la déranger. La pauvre. Elle avait été tranquille et lui, sur un coup de tête, avait tout gâché. Sûrement qu'elle s'était poussée juste pour éviter de le froisser. Elle n'avait pas voulu lui faire de peine et n'avait pas osé lui demander de partir, voilà tout ! Et lui, imbécile égoïste, restait là. Le silence s'installa un moment avant qu'il ne le brise dans une question maladroite. Il la regardait coudre depuis tout à l'heure sans même savoir sur quoi elle travaillait. Il ne voyait qu'un morceau de tissu sans même pouvoir distinguer la moindre forme. « Tu connais les attrapes-rêves ? » Skat secoua la tête mais ne se risqua pas à lui demander de lui expliquer ce que c'était. Elle en faisait assez comme ça. « Les espèces de grigri qui emprisonne les mauvais rêves pour que tu n'en fasses que des beaux ? Et bien c'est un peu un attrape chagrin. » Grigri ? Chagrin ? Il ne comprenait pas tout. Et même s'il ne voulait pas se faire plus insupportable encore qu'il ne devait l'être, son regard trahissait très certainement son incompréhension. Il commençait à réussir à suivre des conversations normales mais son vocabulaire restait encore très limité. Il y avait tellement de mots que les gens utilisaient le plus normalement du monde et qui lui paraissaient affreusement compliqués... Comme ceux-là... « Quand tu l'as sur toi tu es heureux, tu te sens joyeux et quand tu es triste tu le sors et il chasse tes larmes, il chasse ton chagrin. Il est toujours là pour te redonner le sourire car se sont des gens qui t'aiment qui te l'ont donné. » Maladroitement, il en déduisit que chagrin était un synonyme de larmes. Le reste de l'explication était jolie. Il aimait bien l'idée. « J'espère pouvoir le faire pour toutes mes amies comme ça, si jamais un jour elles sont tristes et que je ne peux pas leur remonter le moral au moins elles auront ce petit porte bonheur qui les fera sourire de nouveau ! Car pour moi il n'y a rien de plus beau que de voir mes amis sourire et être heureux ! » Il la trouvait touchante, cette fille-là. Il ne la connaissait pas, pas vraiment, il savait seulement qu'elle était amie avec sa sœur mais il n'avait aucun mal à comprendre pourquoi. Il aurait aimé avoir une amie comme elle, lui aussi. Un sourire compréhensif se mit à étirer les lèvres de l'adolescent alors que les joues de sa camarade s'empourprait légèrement. « Tu as un porte bonheur toi ? » Il hocha la tête et tira de sa poche un simple chapelet en bois blanc qu'il laissa pendre au bout de sa main. « Iskra a donné à moi. » expliqua-t-il d'une voix un peu triste. « Mais je sais pas c'est un porte-bonheur pour le vrai... » On ne pouvait pas vraiment dire que ça avait marché jusque là. Bien au contraire...
Néanmoins, c'était des moments comme celui-ci qui lui rendaient le changement plus agréable. Qu'il aurait aimé pouvoir vivre ça, chez lui ! Se poser dans un coin avec une amie (qu'importe si elle ne l'était pas vraiment) et parler de tout et de rien sans crainte. Parce qu'il avait le droit. Et qu'il n'y avait rien de mal à ça. Bien sûr, il y avait quelques enfants avec lui, à Pothum Plaščanski, mais ils n'avaient pas beaucoup de temps à passer ensemble. Les plus petits jouaient sous la surveillance d'une maman mais dès qu'ils étaient en âge d'être utile pour la communauté, ils passaient la journée à travailler auprès des adultes et à prier le reste du temps. Lui, il avait sept ans quand il était arrivé, alors il n'avait jamais vraiment eu l'occasion de jouer. Spontanément, il la complimenta sur son prénom. C'était un peu idiot parce qu'elle n'y pouvait rien mais c'était sincère. C'était joli. Il lui allait bien. Elle rougit en baissant les yeux, le rendant sans le savoir un peu mal à l'aise. Est-ce qu'il avait dit quelque chose de mal ? Il n'en avait pas eu l'impression mais peut-être qu'elle ne l'aimait pas, comme Matrim ? « Merci c'est très gentil, toi aussi tu as un beau prénom j'aime beaucoup. » Il souffla un discret merci sans savoir si elle le pensait ou non. Mais qu'importe, il acceptait volontiers le compliment qu'elle lui renvoyait. Lui aimait bien Saša, beaucoup plus que Skat. Il n'avait jamais compris pourquoi on avait tant tenu à changer son prénom à son arrivée en Angleterre ? Est-ce que c'était encore une idée de sa mère ? Il n'en savait rien... Et il ne voulait pas vraiment savoir en réalité. Soudain, elle lui tendit son ouvrage. Lui ne comprit pas tout de suite où elle voulait en venir. « J'ai cru voir que tu aimais bien coudre... tu veux finir ce que j'avais commencé à faire ? » Son regard s'illumina aussitôt. Il avait le droit ? La voix de sa sœur résonna à son oreille : « Maman saura pas ». « Oh... Je veux bien ! » Ses doigts attrapèrent timidement le tissu. « Merci. » Sur quoi il s'appliqua à reprendre là où elle s'était arrêtée en essayant de faire exactement ce qu'elle faisait. « Comme ça ? » Il ne voulait surtout pas mal faire et gâcher son travail. Elle lui faisait confiance, il refusait totalement de la décevoir ! « Toi non plus tu ne suis pas le cours de vol ? » Sans quitter l'aiguille des yeux, le Serpentard secoua la tête. Il n'avait jamais volé de sa vie, en réalité. Il ne savait même pas comment monter sur un balai. « Tu aimes pas ? » Il avait entendu parler de Quidditch dans les couloirs, un sport sur balais volants que tout le monde semblait apprécier et dont les places dans les équipes paraissaient être le but ultime de l'existence de beaucoup de gens. Peut-être que ça n'était pas son cas...? « Ta rentrée s'est bien passée ? Tu te plais à Poudlard ? » Sa question laissa place au silence. Il n'en savait rien. Ça aurait pu être pire. Et s'il ne se plaisait pas vraiment à Poudlard, il n'avait pas à s'en plaindre non plus. L'adolescent finit par hocher la tête. « J'ai perdu beaucoup des fois dedans les couloirs d'abord. » Un rire timide lui échappa alors qu'il tirait sur le fil. « Mais je fais mieux maintenant. Et la rentrée de toi ? »
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat] Sam 9 Déc - 11:56
HRP:
Désolée pour le gros retard
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(#) Sujet: Re: L'amitié se brode tout comme la patience brode l'infini [Feat. Skat]
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