Si certains avaient l'impression que le retour à Poudlard après les vacances arrivait bien trop rapidement, ce n'était pas le cas de Matrim qui voyait son départ comme un grand coup d'air frais sur son quotidien. Il n'avait pas vraiment eu de vacances contrairement aux autres. Même si, techniquement, il avait eu deux semaines pour souffler avant de reprendre le Poudlard express direction le collège de sorcellerie et de magie, le jeune homme avait surtout été sur la vigilance constante d'adultes qui s'inquiétaient de le voir mettre sa vie en danger ou de se faire du mal. Ne vous méprenez pas, il appréciait que sa mère s'inquiète pour lui et veuille le protéger, mais ça l'agaçait tout particulièrement lorsqu'elle le forçait à faire des trucs comme par exemple, passer dix jours internés dans l'aile psychiatrique de l'hôpital Sainte-Mangouste. Ce n'était pas exactement ce que Matrim appelait des vacances. Ils s'en seraient très bien passés, mais ne voulant pas contrarier sa mère plus qu’il ne le faut, il avait la fâcheuse manie de la laisser gérer les choses comme elle l’entendait de peur de se la mettre à dos, il avait rapidement abdiqué après une courte séance de confrontation verbale. Si son séjour en lui-même ne lui avait pas plus, il était sans doute mieux que sa sortie. Parce que oui, le moment où il était finalement retourné à la maison était arrivé le matin du 28 août. Bien évidemment, ça ne se passa pas comme il l’aurait souhaité. Sur ta table de travail l’attendait une pile de lettres de la part de ses amis, mais également une venant de Shaelyn. Une qu’il aurait volontiers brûlé sans la lire s’il n’avait pas été aussi curieux de savoir pourquoi la serdaigle aux cheveux roses lui écrivait. Ne nous le cachons pas, ils n’étaient pas particulièrement amis pour tout vous dire. Voir pas du tout. C’était donc bien surprenant qu’elle lui écrive. Le contenu était cependant beaucoup plus surprenant puisqu’elle lui demandait très clairement s’il était parenté à Anatole Sevenoaks. Déjà d’où elle tenait cette information celle-là ? Ensuite, Anatole était un mangemort ?!? Il allait passer un procès. Une information que Matrim aurait préféré apprendre de la bouche de sa mère plutôt que dans une missive de la part de Shaelyn Caldwell. La suite de la journée n’avait pas été mieux. Disons que les rencontre avec Andrea, son demi-frère, ne lui plaisaient jamais beaucoup. Le reste des vacances n'avait pas été beaucoup mieux. Quelques séances de groupe à Sainte-Mangouste pour rassurer sa mère avant de retourner au château où il espérait avoir enfin la paix. Pendant l'une d'elles, il croisa même une personne qu'il n'aurait jamais pensé voir sur l'aile psychiatrique de Sainte-Mangouste; Shaelyn Caldwell. Il faut croire que son séjour au ministère avait laissé plus de traces qu'elle ne le laisserait jamais voir. Matrim n'avait pas l'intention de parler de ce point autant avec elle qu'avec quiconque. S'il taisait le sujet, il espérait qu'elle ferait de même. Après tout, lui aussi devrait alors expliquer sa présence lors de cette séance. Un moment qui erait particulièrement gênant.

Le matin du premier septembre, alors qu'il posait sa valise sur un chariot à bagage de la gare King's Cross de Londres, Matrim éprouvait un certain soulagement de retourner à Poudlard. Il serait enfin libre du regard inquiet que posait sa mère sur lui chaque fois qu'ils se trouvaient dans ma même pièce. À se soulagement se mêlait une certaine appréhension. À quoi devait-il s'attendre au château? Après l'année dernière, y avait de quoi avoir peur de ce qui allait arriver. Allait-on parler de la dernière bataille? Parce qu'il n'avait pas particulièrement envie qu'on lui redemande comment il avait été blessé. C'était plutôt gênant de monter un mensonge ou de devoir admettre qu'il ne s'était pas retrouvé à l'infirmerie de la ferme parce qu'il s'était vaillamment battu. Bien au contraire, il s'était caché comme le trouillard qu'il était trop effrayé pour se battre contre qui que ce soit. Il avait même laissé tombé Megan comme un lâche n'ayant dans l'idée que sa stupide potion... Le psychomage qui avait suivit son cas pendant son internat avait bien tenté de lui faire comprendre qu'il n'avait pas été lâche, que bien des gens auraient agis comme lui, mais ça ne suffisait pas à faire taire cette pointe de honte en Matrim. Il n'y avait que deux options qui s'offraient à lui; soit il apprenait à vivre avec le fait qu'il était un véritable trouillard, soit il s'efforçait de changer. Ni l'une ni l'autre des options ne lui convenaient réellement.

Après avoir habilement traversé la foule sur le quai 9 et trois quart qui, malgré le départ du train dans une heure et demi, était déjà assez peuplé, il hissa sa valise à bord du Poudlard Express. Matrim arrivait toujours en avance. Ça le rassurait, lui permettait de mieux géré son anxiété. Il trouva rapidement un compartiment vide dans lequel il s'installa à son aise après avoir posé ses bagages sur les rack en hauteur. Assis sur une banquette, un gros bouquin entre les mains, son regard fut attiré à l'extérieur où les familles se faisaient des aurevoirs. Il ne put s'empêcher de penser à sa mère qui n'avait pas été en mesure de l'accompagner aujourd'hui parce qu'elle travaillait. Puis, de fils en aiguille, ses pensées se dirigèrent vers son géniteur, son père, qui devait croupir dans sa cellule à Azkaban à l'heure qu'il est. Quatre jours s'étaient écoulés depuis son procès, il n'en avait pas passé un seul sans que l'adolescent ne se demande pourquoi il avait fait ça. S'il n'arrivait toujours pas à savoir s'il le détestait ou était seulement dégoûté par le fait qu'il ait choisis d'être un mangemort, Matrim en était pas moins obsédé par la question. Il n'arrivait pas à démêler ses émotions, comme bien souvent, et c'était ce qui l'embêtait le plus dans cette histoire. Il laissa son regard glissé sur les gens à l'extérieur ayant l'impression de regarder la télévision sans avoir mis le son. C'était bien comme ça, il pouvait se faire ses propres idées de ce qu'ils se disaient. De plus, c'était nettement moins difficile pour le jeune homme de ne pas entendre les séparations et des mots d'amour que les gens s'échangeaient. Ainsi, il n'avait pas l'impression d'être abandonné.

« I'll always be there for you »

Matrim était un garçon peu sociable, haineux et jaloux de ses camarades. Il avait aussi une vision différente du monde dû au fait qu'il ne comprenait pas le monde de la même manière que tout le monde. Plus il grandissait, plus il avait l'impression que l'écart entre les autres et lui devenait grand. Lana était sans aucun doute le meilleur exemple qui soit donné pour expliquer comme le jeune homme n'évoluait pas comme tout le monde. Les deux adolescents avaient bien tenté d'être un couple à une époque, mais la vision populaire d'un couple ne convenait pas au jeune sorcier qui avait toujours eu ce soucis à toucher physiquement les gens. Même s'il trouvait la serdaigle jolie, qu'il pouvait passer des heures assis à ses côtés alors qu'ils étudiaient sans échanger le moindre moi, qu'il aimait partager ses pensées profondes avec elle et détestait les regards des autres garçons sur elle, il se rendit compte que ce qu'il partageait avec elle n'était pas ce que les autres appelaient de l'amour. Pourtant il l'aimait beaucoup, mais ça ne semblait pas être suffisant. Leur relation avait donc tournée à une simple amitié – d'un accord commun. Comme le proverbe le disait : « chaque chaudron à son couvert ». C'était une manière comme une autre de dire que chacun trouverait la personne avec qui il voudrait passer sa vie, comme on dit que chacun trouve chaussure à son pied. Lui, c'était Lana. Qu'elle soit sa meilleure amie, sa petite amie, son âme sœur... Peu importait, il continuait de considéré Lana comme la personne la plus précieuse dans sa vie. Elle comptait énormément pour plus, et si le regard que les autres portaient sur leur amitié un peu particulière le dérangeait, celui de la jeune femme sur lui ne lui posait aucun soucis. Ainsi, l'arrivé de la serdaigle qui le sortie de sa contemplation de familles sur le quai de la gare lui fit hautement plaisir. « Coucou Matrim ! Je peux m'installer là ? » , lui demanda son amie en coréen ce qui fit sourire Matrim. À force de cotoyer la jeune femme, il avait fini par développer un certain talent pour la langue. S'il n'avait jamais vraiment pris la peine de s'y attaquer à l'apprentissage de manière correcte, il arrivait à comprendre presque l'intégrité de ce que lui disait Lana. Sans doute qu'il aurait pu s'exprimer dans cette dernière sans problème, mais il préférait largement l'anglais au coréen. « Oui biensur! Comme si je t'avais déjà dit non. », dit-il avec un sourire. La présence de son amie lui ferait du bien. À force de ressasser ses idées noires, il finirait par tomber dans le trou. Son père lui tournait dans l'esprit bien plus qu'il n'était bon de le faire. Matrim savait très bien qu'il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, mais il était nerveux de sa rentrée. Est-ce que les gens feraient le rapprochement entre son second nom et le mangemort condamné à Azkaban quelques jours plus tôt? Est-ce que Shealyn serait la seule à l'avoir compris ou cet idiot de Milo qui avait fouiné dans ses secrets quelques temps plus tôt ferait lui aussi le rapprochement? Lana, elle savait? Devait-il lui en parler? Et puis bon, rien ne sert de courir, vaut mieux partir à point. Il prendrait son temps pour voir ce qu'il préférait faire. Pour commencer, il préférait prendre des nouvelles de la jolie coréenne.

Lana tentait de mettre sa valise sur le rack au-dessus des banquettes. Se levant avec l'agilité d'un chat, Matrim attrapa le bagage de son amie pour le hisser comme si c'était la chose la plus facile à faire sur le rack, puis se rassit comme si de rien n'était. La serdaigle s'assit devant lui, son chat sur la banquette à ses côtés. Aristote, le rat de Matrim, dormait dans le fond de la poche du jeune sorcier ce qui était mieux ainsi puisque les deux animaux ne semblaient pas s'entendre à merveille. « Tu as passé de bonnes vacances en Corée? », demanda le poufsouffle calmement. La déduction avait été facile à faire comme Lana parlait surtout coréen lorsqu'elle allait voir sa famille en Asie. L'habitude devait être resté. Malgré son effort pour amorcer la conversation, il n'avait pas trop la tête à bavarder de leurs vacances. Les siennes avaient été toutes pourries. Il avait été à Sainte-Mangouste comme s'il était mentalement atteint. Les psychomages avaient tenté de lui faire passer sa propension à se faire du mal quand il était trop nerveux. Chasse le naturel, il revient au galop comme on dit. À peine quelques heures dehors avaient suffis avant qu'il ne reprenne sa vielle habitude. Le mélange de colère, de crainte et de déception engendré par son paternel et sa rencontre avec Andrea l'avait fait replongé assez vite. Il avait éviter de se passer un élastique au poignet en venant prendre le train ce matin là, l'envie de le claquer en ce moment, alors qu'il regardait les familles du le quai en attendant la réponse de Lana se fit très présente.

« I'll always be there for you »

La relation entre Lana et moi était.. différente. Nous avions déjà formé un couple, autant qu'il nous soit possible de l'être compte tenu de mon aversion à toucher les gens. Je laissais rarement les autres le faire à mon égard, en dehors de ma mère, et lorsque je faisais un pas vers les autres, c'était toujours de manière craintive. À cette époque où tous les gens qui nous entouraient cherchaient à avoir de petits amis, des histoires d'amour et tout, nous nous étions dit que nous aussi nous voulions ça. Sauf que ça n'avait pas été aussi simple que ça paraissait. Ça demandait beaucoup d'énergie, les gens trouvaient notre relation étrange et peu conventionnelle. Même si j'adorais passer des heures à échanger avec Lana, discuter de sujets qui n'intéressaient que nous ou simple être assis l'un près de l'autre à la bibliothèque sans échanger le moindre mot de toute la soirée me convenait. Pourquoi devions nous mettre tant d'effort dans l'apparence? Pourquoi devions nous nous forcer pour faire comme les autres. C'était plus simple de seulement mettre un frein à tout. Arrête cette mascarade, juste être des amis comme nous l'avions toujours été. Sauf que les choses, elles ne changèrent pas vraiment. Si le mot « couple » n'était plus présent, je continuais à ressentir des choses envers la bleue et argent. Le même besoin d'être avec elle lorsque ça n'allait pas. La même envie de faire disparaître tous les garçons qui s'approchaient un peu trop d'elle. J'ai considéré ces choses comme étant normales pour des meilleurs amis jusqu'à ce que je lise un livre de psychologie parlant d'amour. Ça m'a rendu sceptique, m'a fait me poser des questions sur nous deux. Disons que ça a un peu détraquer mon cerveau et depuis, j'analyse tout comme je le fais avec mes sujets. Honnêtement, je n'aime pas le faire avec Lana. Pourtant, je n'arrive pas à m'en empêcher. Ça me rend dingue...

« C'est vrai ! Mais bon, je préfère demander avant de venir squatter ! » Je lui souris, reconnaissant de la politesse dont elle faisait preuve. En effet, j'aurais pu dire non. Sauf qu'à elle, je ne le faisais jamais. Comme je l'avais dit, j'avais sa présence, son esprit, sa discussion. En tout honnêteté, je dois admettre qu'elle était assez jolie aussi. Ses cheveux étaient longs, lisse et soyeux. Son visage était parfaitement symétrique et son corps parfaitement proportionné. Si nous avions été à une autre époque, on l'aurait sans doute trouvé un peu maigre, mais comme elle était asiatique, je doute que ça entre en ligne de compte. Je vais devoir faire des recherches plus approfondies sur le sujet en ce qui concerne l'Asie. Enfin, peu importe, pour l'instant, je suis heureux d'avoir mon amie avec moi même si je ne suis pas trop en état de discuter. J'avais la tête ailleurs, mon esprit était préoccupé par ma mère, mon été et mon géniteur. Des pensées qui m'oppressaient. L'opportunité de les chasser quelques secondes se présenta lorsque mon amie eu de la difficulté à poser sa valise sur le rack. Je lui vins à aide ce à quoi elle m'adressa des remerciements. Je lui souris avec un haussement d'épaule signe que ce n'était rien, puis mon regard se reporta à l'extérieur. La présence de Lana dans mon compartiment avait quelque chose de rassurant. Même si je ne savais pas comment ni pourquoi la serdaigle avait cet effet apaisant sur moi, il me plaisait de l'avoir alentour. Sans doute son calme naturel était ce qu'y m'avait attiré au départ. Vous savez, il y a des gens comme Safia et Jaspe qui dégagent beaucoup trop d'énergie et d'autre comme Lana qui sont comme un lac calme. Je ne dis pas quelle est ennuyant et n'a pas de caractère, bien au contraire. Je préfère la percevoir comme une force tranquille. C'est une image un peu étrange, je dois bien le concevoir puisqu'il est impossible pour une personne d'être une force ou un lac. Ce n'est qu'un métaphore. L'une des rares que je comprenne. Je fini par m'informer sur ses vacances. « Oui, c'était super ! Une de mes cousines c'est mariée et j'étais demoiselle d'honneur. Je te raconte pas la robe que j'avais, mais c'était chouette. » Je tournai la tête en direction de la serdaigle pour tenter de comprendre si oui ou non sa robe lui avait plu. C'était difficile à dire. Pourquoi elle l'aurait mise si elle ne l'aimait pas? Sauf que, bien évidemment, je n'arrivai pas à distinguer quoi que ce soit sur son visage. Le néant pour moi qui n'avait aucun talent pour lire les expressions faciales. Ça m'agaça assez rapidement, laissant tomber, j'entrepris de lui poser directement la question à la place. « Tu n'aimais pas ta robe? Pourquoi tu l'as mise alors? Et je n'aime pas les mariages. Trop de gens qui veulent te prendre dans leur bras et te faire la bise. Pourquoi les gens doivent toujours se toucher comme ça? Et pourquoi ils se marient d'abord si dans la société actuelle, plus de la moitié des mariages terminent en divorces? » Bien des choses qui m'échappaient. J'avais encore beaucoup à apprendre en ce qui avait attrait aux hommes et leur comportement. Peut-être que j'arriverais à trouver des livres sur le sujet à Pré-au-lard? Ou je pourrais demander à maman de m'en prendre dans une librairie moldue et me les envoyer.

Lana se pencha dans son sac pour en ressortir quelque chose qu'elle me tendit. Je le pris avec précaution et curiosité. Mes yeux bleus acier se posèrent sur une aquarelle réalisé par, je m'en doutais, mon amie. Elle avait du talent pour les arts, c'était indéniable. « Tiens, c'est pas grand-chose mais j'ai pensé à toi pendant les vacances. Et j'ai peint ça, vu qu'il me restait du hanji... »  Sans sourire ou quoi que ce soit, j'observai la pièce d'art avec attention. C'était très joli. Si le paysage ne me disait rien, les couleurs vibrantes me parlaient beaucoup plus. Elle stimulait mon esprit, me donnait envie de faire une foule de choses, de découvrir bien des endroits. Peut-être aller en Corée un jour, pour aller voir cet endroit en personne, voir si les couleurs que la serdaigle avait utilisé dans sa représentation étaient proches de la réalité. « J'aime beaucoup. » , commençais-je en levant la tête de l'aquarelle pour regarder l'asiatique en face. « Tu savais que le hanji venait originalement de la Chine? Il a été transporté en Corée, au Japon et en Inde par la suite. Ce sont des pièces de papier de très bonne qualité, bien meilleure que le parchemin que nous utilisons ici, en Grande-Bretagne. Beaucoup plus résistant et puis, il est beaucoup plus doux aussi. On devrait peut-être en importer, ce serait un meilleur choix pour prendre des notes de cours. » J'avais déblatéré le tout comme on parle de la pluie et du beau temps. Comme si c'était normal de savoir tout ça. En même temps, je supposais que ça l'était pour moi. C'était de la simple culture générale qui, en fait, me plaisait plus que la conversation qui m'attendait...

 « Et toi, tes vacances ? Ça allait ? » La question me mis mal à l'aise. Non. Je n'avais pas passé de bonnes vacances. Ce n'était pas trop un sujet que j'avais envie d'aborder. En même temps, mon psychomage m'avait dit que parler de moi avec les gens en qui j'avais confiance me ferait sans doute du bien. Si je ne pouvais pas parler à Lana, à qui j'en avais déjà raconté plus sur moi qu'à qui conque, à qui pourrais-je le faire? Je tournai de nouveau la tête vers l'extérieur au moment où le train quittait la gare soustrayant les familles à mon regard. Elles furent rapidement remplacées par les immeubles, puis des champs et des arbres. Il sembla s'écouler de longues minutes avant que je ne me décidai à ouvrir enfin la bouche. « Non. Pas trop. » , commençais-je. Regarder le paysage défilé était plus facile que de regarder Lana. D'une main, je caressai Aristote sur mes genoux. J'inspirai profondément avant de continuer. « Ma mère m'a fait passé deux semaines à Sainte-Mangouste sous prétexte que j'étais malade. En aile psychiatrique où il y a une tonne de psychomages qui voulaient absolument me faire parler même si je n'avais rien à leur dire. Mon oncle m'a dit que j'étais là pour mon bien, que ma mère le faisait parce qu'elle m'aimait. J'ai pas compris... » Ce qui était plus que vrai. Je n'avais pas saisi pourquoi on internait quelqu'un qu'on aimait et qui allait bien contre son gré. « J'ai passé plusieurs heures à discuter avec mon oncle de tous les sujets. À la fin, il a dit que j'avais fait des progrès majeurs, mais encore là, je n'ai pas compris. Il a dit que j'avais été très affecté par l'an dernier, mais surtout par ma rechute. Il m'a aussi dit que je faisais trop de crises d'anxiété... » Je me tus. Je n'avais pas envie de mentionner qu'il avait aussi parlé du fait que je me mutilais. C'était pas trop tentant de discuter de ça...