[ANNEE 2017-2018] Jour E, comme Evasion.

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« Candlynn ! Candlynn ! »

Bailee essayait sans succès de réveiller sa meilleure amie. Son inefficacité commençait sérieusement à l’agacer, mais elle ne pouvait pas parler plus fort sans craindre de réveiller les autres filles du dortoir. Il fallait se faire une raison, si elle voulait profiter de sa matinée, ce serait toute seule.
On aurait pu croire que cette constatation allait ravir la petite serdaigle. Elle qui aimait l’indépendance et la solitude se coltinait toujours la même gamine depuis son arrivée. Etrangement, elle s’y était faite très rapidement, et prenait même plaisir à être suivie en permanence et à avoir toujours quelqu’un avec qui discuter. La petite fille ne l’avouerait sans doute jamais, mais la perspective de mettre un pied, voire même deux, hors du dortoir, en solitaire, l’effrayait plus que tout. Ses premiers pas à Poudlard avaient été grandement simplifiés par la présence constante d’une amie. Il était beaucoup plus simple pour elle de feindre d’être à l’aise, lorsque la personne qui l’accompagnait était complétement perdue. Au moins, elle avait besoin d’avoir confiance en elle pour rassurer Candy en temps normal, elle n’avait donc pas le temps d’avoir peur.
Il lui était d’ailleurs difficile d’en vouloir à son amie. On était samedi, elles n’avaient pas besoin d’émerger à une heure précise pour se rendre en cours, ni de relire leurs notes pour ne pas se planter à un devoir, c’était leur jour de détente alors qu’elles le passent à rigoler ou à dormir ne changeait rien, du moment qu’elles en profitaient.

Bon, elle n’allait pas rester plantée là toute la journée, maintenant qu’elle était réveillée, autant qu’elle trouve quelque chose à faire. La petite fille ne s’imaginait pas s’allonger dans son lit, les yeux grands ouverts à attendre que Candlynn émerge à son tour. Non pas que rester dans sans rien faire la dérange particulièrement, mais cette attitude ne servirait qu’à lui montrer à quel point elle était dépendante de Candy, et elle préférait l’ignorer encore un peu.
La petite fille se prépara donc en silence, sans pouvoir s’empêcher de jeter, toutes les cinq minutes, un regard vers le lit de son amie au cas où celle-ci déciderait soudainement de se réveiller. Ce ne fut malheureusement pas le cas, et Bailee fut prête à partir bien trop vite à son gout. Avant de partir, Bailee prit le temps de rédiger un gribouillis à l’intention de Candy, lui disant simplement que si elle voulait la retrouver, elle serait dans le parc. La petite serdaigle le déposa sur son lit, espérant qu’elle ne le loupe pas en rabattant les couvertures, et s’éloigna sans bruit jusqu’à la porte du dortoir.

« A tout à l’heure Candlynn. »

La petite fille dévala les escaliers, ne tardant pas à retrouver un grand sourire. Si elle avait choisi le parc, ce n’était pas par hasard. Elle évitait d’y aller si ce n’était pas nécessaire. Il faisait encore beaucoup trop froid pour passer des heures à se balader sans but et de toute façon, ce n’était pas le cadre idéal pour Bailee. Elle préférait nettement le confort d’un fauteuil et la compagnie d’un livre. Quitte à être seule, autant profiter du silence au maximum, entendre Candy parler en permanence, d’accord, mais entendre d’autres voix, qui en plus ne s’adressaient pas à elle, ça ne lui plaisait pas du tout.
Bailee avait donc un réel programme pour sa matinée, il n’était pas très difficile à établir en théorie, mais en pratique, c’était beaucoup plus délicat. Elle voulait tout simplement trouver un moyen de s’évader de Poudlard. Elle préparait sa fuite depuis de nombreuses semaines, elle s’était renseignée sur les différentes protections magiques qui entouraient le château, tâchant de les comprendre parfaitement, ce qui n’était pas facile pour une sorcière débutante. Elle y était fièrement parvenue après de nombreux effort, mais il y avait un hic. La petite fille n’avait absolument aucune idée de la façon dont elle allait s’y prendre pour déjouer les nombreux sortilèges. Il fallait être réaliste, de grands sorciers avaient mis au point ce système de protection, comment espérait-elle pouvoir s’en débarrasser toute seule ?
La première année avait cependant eu une idée, elle était totalement absurde, mais elle prenait plaisir à imaginer qu’elle pouvait fonctionner. Sa maman lui avait lu de nombreuses fois Jack et le haricot magique quand elle était petite, et les cours de botaniques lui rappelaient étrangement cette fabuleuse histoire. Bailee c’était donc imaginé que cette plante existait réellement chez les sorciers et qu’il lui suffisait d’entrer dans les serres, de la dérober et de la planter dans la terre dans un coin dissimulé dans le parc. Ensuite, si elles montaient assez hauts, elles seraient bien en dehors des limites existantes de Poudlard, non ? Bon, le plan de la serdaigle s’arrêtait malheureusement là, elle ne savait pas comment elles feraient pour redescendre lorsqu’elles arriveraient au sommet, enfin pour redescendre ailleurs que dans le parc. Il leur serait complétement inutile de gravir la plante immense pour retourner à son point de départ.

Plus elle y réfléchissait, plus elle se rendait compte qu’il lui faudrait trouver une idée nettement plus élaborée pour arriver à ses fins. La petite fille s’assit donc par terre, arrachant des touffes d’herbes, le regard dans le vide. Bailee passait en revue tout ce qu’elle avait appris depuis son arrivée à Poudlard, et ce qui pourrait lui être utile dans de pareilles circonstances. Mais sans Candlynn, elle ne trouvait vraiment rien.

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« Candlynn ! Candlynn ! »

La dite-Candlynn ne prit pas la peine d'ouvrir un oeil, persuadée qu'il s'agissait d'une énième tentative de son frère pour la tirer du sommeil afin de lui montrer elle ne savait quelle montagne, quel village ou quel champ au loin. Il était bien trop tôt pour ça. Et puis, elle n'avait pas l'impression qu'ils étaient en train de rouler, si bien que le paysage serait le même quand elle aurait le courage d'émerger réellement. Il fallait vraiment qu'il arrête de s'enthousiasmer pour un rien si tôt le matin... Elle remonta machinalement la couverture et replongea sans le moindre mal dans les bras de Morphée qui semblait l'avoir attendue. La nuit pouvait ainsi continuer, jusqu'à ce qu'il décide de lui piquer sa tant aimée couverture pour la forcer à se réveiller ou qu'il l'attaque à coup de chatouilles pour qu'elle daigne enfin ouvrir les yeux. Quelques minutes passèrent mais rien ne vint. La fillette s'imagina sans mal qu'il avait dû partir dessiner sans l'attendre, la boudant à moitié pour ne pas avoir répondu présente lorsqu'il l'avait appelée. Un vague sourire fendit ses lèvres alors qu'elle repartait dans son rêve peuplé de licornes et de Puffapods. Et oui, malheureusement, les cours ne la laissaient pas totalement indemne.

Après plus d'une demi-heure, elle consentit finalement à quitter ses licornes pour ouvrir les yeux, s'attendant à voir Jeremiah débarquer presque aussitôt, comme s'il avait un radar à réveil ou quelque chose dans le genre. Ça existait, ça, au moins ? Parce qu'il n'y avait pas le moindre doute, il en était équipé depuis au moins onze ans. Manque de chance, son regard ne se posa pas sur le jeune homme mais sur le dortoir de la tour des Serdaigles qu'elle occupait depuis de longs mois déjà. Ça expliquait pourquoi il n'avait pas insisté jusqu'à ce qu'elle cède et accepte de se lever... Il n'était pas dans le coin mais à des centaines, des milliers même, de kilomètres d'elle, comme c'était le cas depuis Septembre... Encore une journée de plus à devoir supporter cette absence à laquelle elle ne parvenait décidément pas à se faire... Heureusement qu'il y avait Bailee. En tournant la tête vers le lit de son amie, elle eut la désagréable surprise de le voir particulièrement vide. Elle sauta du sien, regarda partout dans le dortoir, totalement paniquée à l'idée de se retrouver seule dans l'école. Personne dans la salle de bain, ni sous le lit, pas même dans la salle commune...

La gamine remonta à contre-coeur dans son dortoir et remarqua enfin un morceau de papier déposé sur ses couvertures. Elle n'avait pas pris la peine de vérifier s'il y avait un mot plutôt, bien trop inquiète de se retrouver toute seule. Elle l'attrapa hâtivement et remarqua avec joie qu'il s'agissait de l'écriture de la jeune Bailee, qui avait pris le chemin du parc. Candlynn ne se fit pas prier pour attraper ses affaires, laissant avec plaisir son horrible jupe et sa chemise pour un jean et un pull enfantin bleu et gris avec un grand renne marron dessus — Pull dont son frère aimait particulièrement se moquer — et filer dans la salle de bain. Elle fut prête en un temps record, attrapa sa cape d'hiver, son sac où elle avait mis ses crayons ainsi que son carnet et traversa la salle commune non sans un bonjour chaleureux aux élèves qui y étaient installés. Elle se retrouva rapidement à dévaler les escaliers.

"S'il te plait, ne bouge pas. Faut que j'arrive vite en bas tu sais. S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait !"

Visiblement, les escaliers comprirent sa demande puisqu'aucun d'entre eux ne fit de siennes ce matin-là, la laissant atterrir dans le Hall avec un sourire radieux, fière de s'être fait obéir par ses infernales volées de marches qui n'en faisaient toujours qu'à leur tête et semblaient même s'amuser à la mettre en retard où qu'elle aille. Ce n'était pas le cas ce matin ! Peut-être qu'ils en avaient marre de l'embêter ? Qu'ils finissaient par bien l'aimer ? Après tout, c'était probablement la seule élève à leur parler gentiment... Il fallait les comprendre aussi, ils se faisaient marcher dessus en permanence et personne n'était gentil avec eux...

"Merci !"

La jeune Zuckowski fit un arrêt à la Grande Salle où elle remplit ce qui restait de place dans son sac avec de quoi déjeuner et prit la direction du parc d'un pas joyeux et sautillant. La silhouette de son amie se dessinait un peu plus loin, si bien qu'elle n'eut qu'à accélérer légèrement la cadence pour arriver à sa hauteur en moins de temps qu'il ne lui en aurait fallu pour le dire. Elle lui adressa un sourire immense et regarda autour d'elle comme s'il y avait forcément une raison visible à la présence de son amie dans ce parc. Elle ne vit rien, et la déception ne se fit pas attendre... Elle ne se laissa tout de même pas abattre pour si peu.

"Ca fait longtemps que t'es réveillée ? J'aurais pu venir avant mais j'avais pas vu le mot parce que j'ai cru que t'étais pas vraiment partie alors je t'ai cherchée mais t'étais pas là..."

Elle haussa les épaules d'un geste désolé et sortit des cookies de son sac. Le chemin avait été trop court pour qu'ils finissent en miettes. La journée commençait décidément trop bien ! Avec un peu de chance, elles trouveraient un moyen de rentrer chez elles et ce serait la meilleure journée de toutes les journées du monde... Mais pour l'heure, il était temps de déjeuner.

"T'en veux ? J'ai des pains au chocolat et des pommes aussi."

Et oui, son sac s'était transformé en véritable garde-manger...

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Après plusieurs minutes de recherches infructueuses, la petite fille releva la tête, dépitée. Elle était définitivement coincée ici pour une durée indéterminée. Enfin, jusqu’aux prochaines vacances, mais elles paraissaient tellement loin pour elle qu’il lui semblait tout bonnement impossible qu’elle soit encore vivante dans tout ce temps. Et ce n’était certainement pas Candlynn qui la rassurerait, la petite fille était encore plus déprimée qu’elle. La perspective de devoir passer encore une nuit de plus dans leur dortoir ne les enthousiasmaient ni l’une ni l’autre et elles auraient tenté n’importe quoi pour fuir et retourner à leur ancienne vie respective.
Quand on parle du loup, Candy se dirigeait justement vers elle. La serdaigle fut ravie de voir qu’elle n’avait pas passé encore des heures à dormir. Décidément, elle était incapable de s’amuser sans son amie. C’est donc avec un grand sourire qu’elle accueillie son arrivée.

"Ça fait longtemps que t'es réveillée ? J'aurais pu venir avant mais j'avais pas vu le mot parce que j'ai cru que t'étais pas vraiment partie alors je t'ai cherchée mais t'étais pas là..."

Ça n’avait absolument aucune importance. Pour une fois, Bailee n’avait pas du tout l’intention de faire la tête comme elle prenait plaisir à le faire habituellement. Ça allait certainement étonner Candlynn, mais tant pis, c’était sa bonne action de la semaine, il ne fallait pas tout gâcher. La petite fille avait depuis bien trop longtemps prit l’habitude de bouder pour un oui ou pour un non. Candy ne pouvait pas faire un seul pas de travers sans en subir lourdement les conséquences, ça pouvait aller de remarques cinglantes prononcées sans le moindre remord jusqu’à un mutisme passager, sûrement très désagréable pour son amie. Bailee se fichait éperdument du mal qu’elle faisait autour d’elle, mais ressentait quand même un léger pincement au cœur lorsqu’elles repensaient aux sautes d’humeurs quotidiennes que subissait Candy.
La petite fille était donc dans sa période petit ange et voulait passer une bonne journée, sans caprice, sans pleur et surtout sans dispute. Ce n’était pas gagné d’avance, mais elles devaient être unies pour chercher ensemble une solution. Candlynn serait sûrement ravie d’apprendre ses projets pour la matinée, voire plus si elles avaient des difficultés à les mettre en application. Il y avait donc fort à parier que tout ceci se passerait dans une entente parfaite.

« Pas très longtemps non, j’ai essayé de te réveiller, mais j’ai pas réussis. C’est pas grave, je commence à m’habituer à ta marmottattitude. »

De toute façon, mis à part le week-end. Candy et elle se réveillaient en permanence à la même heure, et si ce n’était pas le cas, Bailee trouvait toujours un moyen de s’occuper à l’intérieur du dortoir ce qui lui évitait de devoir braver le monde extérieur. Seulement, ce jour-là n’était pas un jour comme les autres.
Les nombreuses lettres qu’elle recevait de ses parents ne lui suffisaient plus. Elle se forçait depuis le début de l’année à leur envoyer très peu. C’était le seul moyen pour elle d’exprimer son mécontentement. Mais le seul problème de ce procédé, était qu’elle ne pouvait pas voir leurs réactions, elle était trop loin pour savoir ce qu’ils pensaient de son caprice. Si la petite fille prenait autant de plaisir à bouder, c’était surtout pour voir les personnes qui l’aimaient la supplier de leur pardonner, alors qu’en règle générale, ils n’avaient absolument rien fait pour mériter ses caprices. C’était donc, l’absence de réaction de sa petite famille qui l’incitait à repartir chez elle dans les plus brefs délais. Mis à part ça, elle aimait bien Poudlard, elle s’y sentait parfaitement à l’aise, même si devoir feindre une extrême gentillesse face à ses professeurs et ses camarades l’embêtaient particulièrement. La plupart du temps, elle ne faisait cet effort que pour les personnes qui la dépassaient de plus de trois têtes, les autres faisaient les frais de sa mauvaise humeur permanente.

"T'en veux ? J'ai des pains au chocolat et des pommes aussi."

Un vrai garde-manger ambulant, Bailee commençait à la connaitre. Dormir et manger, les deux passe-temps favoris de son amie. Quoi que, il y avait aussi son puffapod, qui avait malheureusement prit une grande place dans son cœur. Bailee trouvait ça particulièrement pathétique et ne manquait pas de le lui dire lorsqu’elle en avait l’occasion, mais ses remontrances n’avaient aucun effet. La serdaigle continuait à s’en occuper comme si c’était son petit animal de compagnie, elle avait même touché le fond en lui donnant un nom. Bailee avait eu beau lui expliquer que ce n’était qu’une plante, magique ou pas ça n’avait pas d’importance, la petite fille semblait toujours aussi attachée à sa plante.
Ce n’était pas le moment de manger, elles avaient beaucoup trop à faire pour prendre le temps de grignoter. C’était le moment de trouver une vraie idée et de la mettre à exécution. Tous leurs professeurs et camarades étaient sans doute beaucoup trop occupés pour prêter attention à leurs bêtises, c’était sans doute le meilleur moment pour tenter quelque chose.

« Non, j’en veux pas. Je pensais qu’on pourrait essayer de rentrer chez nous, ça fait beaucoup de jours qu’on est là. »

Elle n’y allait pas par quatre chemins, c’était l’objectif de la journée, et elle n’allait pas prendre des heures à annoncer à son amie ce qu’elle avait derrière la tête. D’autant plus qu’elle savait que la perspective de quitter l’école enthousiasmerait Candlynn. Bailee ne voyait qu’un seul inconvénient à leur évasion, mais il était de taille. Si elles réussissaient leur entreprise aujourd’hui, elles ne se reverraient sans doute jamais. Candy bougeait et voyageait en permanence, alors qu’elle était tout simplement coincée à Oxford. Comment pouvaient-elles espérer rester amies en dehors de l’école ? Ce n’était pas cette petite appréhension qui la ferait renoncer, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être légèrement désappointée à l’idée de dire au revoir à sa meilleure amie.

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« Pas très longtemps non, j’ai essayé de te réveiller, mais j’ai pas réussis. C’est pas grave, je commence à m’habituer à ta marmottattitude. »

Candlynn ne put s'empêcher de rire à l'expression bizarre de son amie. Marmottattitude... Elle comprenait ce que ça voulait dire mais elle n'était pas certaine que ce soit un vrai mot qui existe vraiment mais ce n'était pas grave, il y avait plus surprenant encore : Bailee ne prenait pas mal le fait qu'elle ne se soit pas réveillée. En temps normal, elle lui aurait bien fait comprendre que ça ne se faisait pas, qu'elle n'appréciait pas et que c'était dans son intérêt de ne pas recommencer à l'avenir. Ca ne lui plaisait pas forcément mais elle s'y était habituée, préférant largement s'habituer à ses caprices et boudages qu'à son absence. Jeremiah l'avait vainement prévenue dans sa première lettre, que cette gamine n'était pas la meilleure fréquentation qu'elle pourrait avoir à l'école. Elle n'en avait pas pris compte, lui répondant simplement que c'était son amie. Le sujet n'avait pas été réabordé depuis.

C'était rare qu'ils ne soient pas d'accord sur quelque chose, ou que la fillette refuse de se fier aux jugements de son aîné. Peut-être l'avait-il mal pris ? Elle n'en savait rien... Après tout, s'il ne l'avait pas abandonnée dans ce train, s'il ne l'avait pas laissée partir malgré ses protestations, rien de tout cela ne serait arrivé. Ce n'était pas de sa faute au fond, elle n'y était pour rien. Elle avait réussi à se faire une amie, c'était toujours ça. Il ne l'aimait peut-être pas plus que ça, mais il ne pouvait pas lui reprocher de tenir compagnie à sa soeur. En fait, il ne pouvait rien lui reprocher du tout... Toujours était-il que c'était étonnant qu'elle ne lui en veuille pas de ne pas s'être réveillée au bon moment.

« Non, j’en veux pas. Je pensais qu’on pourrait essayer de rentrer chez nous, ça fait beaucoup de jours qu’on est là. »

Au moins, ça avait le mérite d'être clair. La fillette ne put cependant pas s'empêcher de croquer sans la moindre classe l'un des cookies qu'elle avait ramené de la Grande Salle. Cette idée, rentrer chez elles, était la plus présente des idées qu'elles pouvaient avoir en commun. C'était plus qu'une envie, c'était un véritable besoin. Il fallait quitter cette école à tous prix. La jeune Zuckowski n'avait rien contre Poudlard, elle s'amusait bien ici, elle apprenait des choses intéressantes bien que bizarres, ses professeurs étaient gentils, ses camarades sympathiques, la nourriture était délicieuse et son lit confortable... Mais il n'y avait pas son frère et ce simple fait suffisait à lui faire oublier tous les points positifs qu'elle pouvait trouver à l'école. Aussi, elle se dépêcha de vider sa bouche.

"Oh oui ! J'veux rentrer !" s'exclama t-elle, enthousiaste. "En potions, j'ai gribouillé un plan pour sortir, tu veux voir ?"

La petite fille ne laissa pas à son amie le temps de répondre qu'elle avait déjà plongé dans son sac, fouillant tant bien que mal à l'intérieur. Il fallait éviter d'écrabouiller les pains au chocolat, de ne pas faire rouler les pommes dessus... C'était tout un exercice mais elle en vint à bout après une bonne minute, sortant son carnet avec un sourire victorieux. Elle l'ouvrit et le feuilleta rapidement à la recherche du plan en question. Bien entendu, ça voulait dire que Jeremiah aurait des traces de sa tentative d'évasion mais ce n'était pas la première fois puisqu'elle lui avait déjà envoyé deux de ses carnets depuis le début de l'année et qu'il y avait toujours ici ou là des esquisses de possibles évasions. Soit elles ne les avaient pas mises à exécution, soit elles avaient échoué... Mais l'idée était là...

"Tiens ! Regarde !"

Elle le lui tendit et lui monta un dessin dans un petit coin. On voyait le château, les grilles, une grosse bulle comme du chewing gum qui entourait le bâtiment. C'était une représentation un peu enfantine des défenses de Poudlard mais ne voyant pas vraiment comme ça pouvait se représenter, elle s'était contentée de s'inspirer des dessins animés qu'elle avait souvent regardé. Une flèche en pointillés traversait le sol du parc, passait sous les grilles et ressortait de l'autre côté...

"En creusant un grand grand grand grand tunnel, plus grand que ça encore, je crois qu'on peut arriver de l'autre côté. Mais faut qu'il soit vraiment très grand... Ça va prendre du temps pour tout creuser. Je connais pas de sortilège qui fait des trous. Tu connais toi ? Ça existe peut-être pas ? Tu crois qu'on pourrait emprunter des pelles dans les serres ?"

Un passage secret, c'était bien aussi... Mais Candlynn était bien loin de savoir qu'il y en avait et plus important encore, qu'ils menaient hors du château...

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"Oh oui ! J'veux rentrer ! En potions, j'ai gribouillé un plan pour sortir, tu veux voir ?"

Bailee se doutait bien que son amie serait aussi enthousiaste qu’elle, en revanche, elle doutait fortement de ses idées, toutes aussi farfelues les unes que les autres. Il faut dire que les deux serdaigles avaient déjà tenté à de nombreuses reprises de mettre les voiles, mais tous leurs projets étaient bien trop compliqués pour qu’elles puissent réussir. La petite fille commençait fortement à douter de pouvoir un jour sortir de l’école, enfin sans que ça soit autorisé. On ne dirait pas, vu de l’extérieur, mais Poudlard ressemblait de plus en plus à une prison dorée pour Bailee.
Elle ne comprenait toujours pas pourquoi ses parents l’avaient forcée à y aller. Etre une sorcière n’était pas aussi important pour elle, c’était une simple routine, elle s’imaginait parfaitement vivre sans, si ça pouvait lui permettre de retrouver sa famille. Ses parents s’étaient toujours montrés beaucoup trop enthousiastes à l’idée de l’envoyer dans cette école et elle savait avant même d’y être que ce n’était absolument pas pour son bien.
Le pire dans tout ça était qu’elle appréciait beaucoup plus cet endroit qu’elle aurait pu l’imaginer. Les professeurs étaient tous incroyables, elle apprenait des choses intéressantes, et ne parvenait même pas à feindre de ne pas s’intéresser aux cours. La petite fille pensait bêtement que si elle ne voyait que les mauvais côté de sa vie à Poudlard, elle ne s’y attacherait jamais. Mais elle restait une petite fille, elle ne pouvait s’empêcher de s’intéresser à ce qu’elle apprenait ici, et de s’émerveiller lorsqu’elle découvrait quelque chose qui sortait de l’ordinaire. La conclusion de tout cela était plutôt simple, plus vite elle serait partie, moins elle aurait de regret. Sortir devenait donc une réelle urgence dans l’esprit de Bailee, et pourtant aucune idée brillante ne lui venait à l’esprit.
La petite fille n’eut même pas le temps de répondre à son amie, celle-ci semblait tellement enthousiaste à l’idée de lui montrer son dessin, de toute façon, Bailee n’aurait pas eu l’idée de refuser, toute initiative, même mauvais, était bonne à prendre. La serdaigle regarda donc Candlynn fouiller dans son sac et sortir un carnet.

"Tiens ! Regarde !"

La petite serdaigle se pencha sur le croquis avec curiosité. L’idée de son amie était intéressante, mais tellement longue et difficile à réaliser. Bailee n’osait pas à imaginer le temps qu’elles mettraient à creuser un tunnel assez long et profond pour leur permettre de passer de l’autre côté de la grille. Heureusement, elles n’étaient ni l’une ni l’autre, ni très grosses, ni très grande. La serdaigle n’osait imaginer les efforts qu’elles auraient eu à faire, si l’une d’entre elles avait été un peu plus grande ou un peu plus large. Mais malheureusement, tout était proportionnel, si elles n’étaient pas bien grosses, leurs bras non plus ne l’étaient pas. Bailee n’était pas spécialement sportive et ne se voyait pas s’agenouiller pour planter ses ongles dans la terre et faire un trou.
Bailee devait cependant reconnaitre que les talents de Candlynn en dessin surpassaient de loin les siens. La petite fille n’avait jamais été très douée dans ce domaine et rien que la bulle entourant le château lui paraissait impossible à tracer sans devoir gommer une bonne dizaine de fois. La petite fille était songeuse, peut-être que passer sous terre était une meilleure idée que prendre la voie des airs. Si elles s’y mettaient tout de suite qu’elles venaient tous les samedis et de temps en temps entre deux cours, lorsqu’elles avaient peu de devoirs. Bailee attrapa le carnet des mains de son amie et se pencha plus attentivement d’elle pour l’étudier de plus près.

"En creusant un grand grand grand grand tunnel, plus grand que ça encore, je crois qu'on peut arriver de l'autre côté. Mais faut qu'il soit vraiment très grand... Ça va prendre du temps pour tout creuser. Je connais pas de sortilège qui fait des trous. Tu connais toi ? Ça existe peut-être pas ? Tu crois qu'on pourrait emprunter des pelles dans les serres ?"

Candlynn n’était vraiment pas stupide, utiliser une pelle serait certainement beaucoup plus efficace que leurs petites mains. Cependant, former un réel trou dans le sol allait nécessiter des efforts. De plus, elles allaient devoir rester discrètes ce qui n’était pas évident. Elles seraient certainement pleines de terre en rentrant et les autres élèves finiraient par se poser des questions. Elles pourraient toujours dire qu’elles s’amusaient à créer un mini potager dans le parc, mais Bailee ne savait même pas si c’était autorisé.
Pour ce qui était des sortilèges, Bailee n’en connaissait pas. Elle passa rapidement en revue tous ceux qu’elle avait appris à l’école et les rares sorts enseignés par son père. Et encore, elle n’était pas sûre de savoir utiliser ces derniers, elle ne s’était jamais entrainée chez elle, elle était bien consciente de ne pas avoir le droit de le faire, contrairement à son père qui ne manquait pas une occasion pour tenter de les impressionner. Ca énervait passablement sa mère, qui préférait largement qu’il fasse les choses normalement, ce qui n’était presque jamais le cas. Son père n’avait, par exemple, pas l’habitude d’emprunter les escaliers. Ses arrivées soudaines en plein milieu de la cuisine provoquaient les éclats de rires de ses filles et les murmures indignés de sa femme. Mais il continuait de plus belle, trop content de pouvoir faire le clown pour amuser ses enfants.

« Ouais ! Les pelles c’est une bonne idée, mais le professeur va le voir s’il en manque, non ? Je connais pas de sortilèges, on a rien appris ici pour creuser, on pourrait demander à notre professeur, mais je suis pas sûre qu’il nous aide. »

D’autant plus que Bailee aurait beaucoup aimé commencer dès maintenant. Si elles devaient se renseigner auprès de leurs professeurs, ça leur prendrait un certain temps et elles devraient comme d’habitude remettre leur évasion à plus tard. Seulement, Bailee voulait mettre un projet, n’importe lequel, à exécution dès aujourd’hui, elles avaient déjà beaucoup trop attendues.
Pour ce qui était des pelles, Bailee se souvenait vaguement avoir entendu parler d’un sortilège de duplication. Son père avait dû le mentionner en lui racontant l’une de ses nombreuses bêtises. La petite fille avait une bonne mémoire et se rappelait parfaitement de ce qu’il lui avait dit, mais il y avait un problème de taille, elle ne savait pas du tout comment l’utiliser. Elle n’était pas convaincue d’avoir le niveau pour réussir. Là encore, ça risquait de retarder ses plans, le temps qu’elle trouve le livre avec le bon sortilège que les deux petites filles s’entrainent sur des objets de plus en plus gros jusqu’à réussir parfaitement. L’été serait déjà arrivé avant qu’elles commencent à creuser.

« Faudrait creuser le plus près possible de la grille pour qu’on ait pas à faire un trop grand tunnel. Mais il y a pas des gens devant la grille ? Comme un surveillant… »

L’idée n’était pas mauvais en théorie, mais elles avaient beaucoup d’obstacles à surmonter avant de réussir.

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« Ouais ! Les pelles c’est une bonne idée, mais le professeur va le voir s’il en manque, non ? Je connais pas de sortilèges, on a rien appris ici pour creuser, on pourrait demander à notre professeur, mais je suis pas sûre qu’il nous aide. »

Candlynn n'avait pas particulièrement réfléchi à ce détail. Dans sa tête, la disparition de deux pelles passerait plus ou moins inaperçue. Et puis, personne n'irait s'imaginer qu'on les avait emprunté pour fuir le château. Tout le monde semblait merveilleusement bien ici, vivant avec joie et plaisir chaque instant passé à Poudlard. Qui pourrait dire que ce n'était pas leur cas, qu'elles n'attendaient qu'une solution simple et efficace pour disparaître et retrouver leur vie d'avant ? Qu'importe s'il n'y avait pas de diplôme à la fin, elle n'était pas certaine d'avoir envie de garder contact avec le monde magique de toute façon. Comment évoluer dans un monde auquel son frère n'appartenait pas ? C'était tout bonnement impossible et la petite Serdaigle le savait que trop bien. C'était dommage parce que la magie, c'était amusant.

Quant à l'aide d'un professeur, cela ne lui semblait pas être une brillante idée. Ce n'était pas un sortilège anodin alors il faudrait certainement lui expliquer pourquoi, ou du moins trouver une excuse plausible sans craindre de se faire démasquer. Est-ce qu'elles en étaient capables ? Rien n'était moins sûr. Dans cette école, il y avait des gens qui excellaient dans l'art du mensonge, elle en avait vu plus qu'elle ne l'aurait jamais imaginé mais elles, elles manquaient encore de pratique entre ces murs. La jeune Zuckowski était une bien piètre menteuse et ne trouvait rien de très réjouissant dans cette façon de faire. Elle préférait se taire plutôt que de raconter des choses qui n'existaient pas. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il en était de Bailee mais elle savait ne pas vouloir prendre de risques en lui exposant son idée de baratiner pour qu'on leur apprenne ce sortilège, si toute fois il existait.

« Faudrait creuser le plus près possible de la grille pour qu’on ait pas à faire un trop grand tunnel. Mais il y a pas des gens devant la grille ? Comme un surveillant… »

La fillette haussa les épaules. Elle n'en savait fichtrement rien. Elle n'avait jamais été jusqu'à la grille, parce qu'elle n'en avait jamais vu la moindre utilité. Cependant, l'idée qu'il y ait quelqu'un devant lui semblait étrange, presque pas possible. On savait bien qu'elles ne s'ouvraient pas comme ça, les grilles, alors mettre quelqu'un devant qui resterait là à longueur de journée à surveiller des grilles qui s'ouvrent pas, ça lui paraissait un peu bizarre. S'il y avait bien quelqu'un, il n'avait certainement pas le plus beau métier du monde et il était presque de son devoir d'aller lui tenir compagnie un petit peu parfois. Non, elle ne pouvait pas laisser quelqu'un s'ennuyer comme ça consciemment tout en continuant de vivre le plus normalement du monde.

Elle regarda autour d'elle, rangea ses cookies dans son sac et attrapa la main de Bailee avant de se mettre à courir dans la direction des grilles. Le meilleur moyen d'en être convaincue, c'était d'aller voir. Candlynn ne savait malheureusement pas vraiment où elles se trouvaient, les grilles du château. Ce n'était pas la première chose que l'on remarquait quand on allait à Poudlard. Elle prit un chemin qu'elle se souvenait avoir vu des élèves prendre, des élèves plus âgés et nombreux alors qu'ils parlaient de Pré-Au-Lard. Elle n'avait pas tout de suite compris ce que c'était, imaginant une porcherie verdoyante mais avait finalement appris que c'était le village voisin et que les premières et deuxièmes années n'avaient pas le droit de s'y rendre, ce qui n'avait fait qu'accentuer son envie de s'échapper... Encore fallait-il que ce soit bien par-là qu'on pouvait sortir, rien n'était moins sûr...

"Dis, sans quoi la fôret... Elle a bien un autre bout ? Et c'est pas dans l'école l'autre bout, c'est trop loin... On peut essayer par la forêt ? C'est bien les ballades en forêt et puis, j'suis jamais allée dans celle d'ici !"

La pauvre enfant ne se rendait pas vraiment compte que c'était probablement la pire idée qu'elle puisse avoir, d'une part parce qu'il était très improbable que la forêt interdite donne sur autre chose que les remparts de l'école, et d'autre part parce que quand bien même ce serait le cas, elles ne resteraient pas assez vivantes pour atteindre cet autre bout, et que si leur but était de sortir de Poudlard, c'était surtout d'en sortir en un seul morceau, et encore en vie tant qu'à faire...

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Bailee se laissa docilement entrainer dans la course de son amie vers les grilles d’entrée au château. Elle avait été vraiment stupide de laisser entendre que quelqu’un pouvait faire le pied de grue du soir au matin et du matin au soir pour surveiller une potentielle infraction. Elle aurait dû se doute que Candlynn, en bonne amie des cas désespérés qu’elle était, ne pourrait pas résister à l’idée de vérifier cette information par elle-même. Peut-être même voudrait-elle lui proposer un cookie ? De toute façon Bailee savait son amie irrécupérable de ce côté-là, et elle préférait nettement courir à ses côtés que de tenter de la convaincre. C’était perdu d’avance. L’enthousiasme de Candy était bien trop grand pour qu’elle puisse le démonter avec ses arguments de petite fille blasée par tout ce qui l’entoure.
De toute façon, il était en effet utile de vérifier si oui ou non il y avait quelqu’un, car si c’était le cas, il leur serait très difficile de passer en dessous de la porte d’entrée et il leur faudrait trouver une autre solution. Ce n’était pas le seul point inquiétant. Sortir était déjà difficile mais Bailee ne savait absolument pas comment retrouver le chemin de Londres à partir de Poudlard, elles devraient peut-être suivre la voie ferrée qui les avait amenées jusqu’ici, mais elle ne savait pas du tout où la trouver. Et même si elle parvenait à retrouver Londres, ce n’était pas là où elle vivait et Bailee ne savait pas du tout comment aller de Londres à Oxford, que ce soit à pied, à cheval, en voiture, en avion ou en train. Et puis, elle n’avait pas d’argent pour acheter un billet ou téléphoner à ses parents pour qu’ils viennent la secourir. En plus de ça, elle aurait la petite Candlynn dans les pattes et celle-ci serait sûrement bien incapable de l’aider. Elle ne savait même pas si elle serait capable de retrouver sa famille elle aussi. Bailee avait cru comprendre qu’ils voyageaient beaucoup, alors si elle-même ne savait pas comment rentrer chez elle alors qu’elle avait toujours vécu au même endroit, il était presque impensable que sa meilleure amie y parvienne.

"Dis, sans quoi la forêt... Elle a bien un autre bout ? Et c'est pas dans l'école l'autre bout, c'est trop loin... On peut essayer par la forêt ? C'est bien les balades en forêt et puis, j'suis jamais allée dans celle d'ici !"

Très mauvaise idée, Bailee la dévisagea un instant sans rien dire, cherchant à savoir si elle allait éclater de rire ou pas. La petite serdaigle pouvait être ignorante vis-à-vis du monde sorcier, mais elle n’avait pas pu passer à côté de ça. Le professeur McGonagall leur avait formellement interdit une « balade » dans la forêt justement. Et puis, il fallait être sacrément à côté de la plaque pour ignorer les dangers auxquels, elles pouvaient s’exposer en pénétrant dans la forêt. Alors la traverser, c’était absolument hors de question.
Bailee n’était pas une trouillarde loin de là, elle n’était jamais contre partir à l’aventure, pour faire une bêtise ou n’importe quoi d’autre. Mais elle préférait nettement avoir un itinéraire précis, un projet bien établi avec des objectifs et la façon de les atteindre. S’engouffrer dans une forêt lugubre, alors qu’elle ne savait pas du tout ce qu’elle trouverait à l’intérieur ni même si elle ressortirait vivante de l’autre côté ne lui plaisait pas des masses, et elle avait certainement raison de se méfier. Bailee n’avait pas encore lu beaucoup de livres à ce sujet, mais la simple contre-indication de la directrice suffisait à la dissuader ne serait-ce qu’à s’approcher à plus de deux mètres de cet endroit flippant.

"Mon papa m’a raconté plein d’histoires sur cette forêt, elle fait vraiment peur. C’est pas une vraie forêt où tu peux trouver des champignons et te balader en chantant. Il y a des monstres là-bas, c’est dangereux. Tu n’as pas écouté le professeur McGonagall en début d’année ?"

Pourtant Candlynn était particulièrement attentive à ce que pouvaient dire leurs professeurs en général, elle avait l’air bien trop heureuse de pouvoir être une élève parfaite et d’apporter des points à sa maison pour arrêter ne serai-ce que trente secondes d’écouter un discours important d’un professeur.
La petite fille soupira, décidément, il paraissait presque impossible qu’elles arrivent cette fois encore à sortir du château. Les idées de Candlynn n’étaient pas excellentes mais ce n’était pas pire que de ne pas en avoir du tout ce qui était le cas de Bailee. Sinon, elles pouvaient tenter de chercher encore et encore un moyen de sortir en inspectant le parc au millimètre près, cependant, si même cette technique se révélait être infructueuse, tous leurs espoirs seraient réduits subitement à néants. Elle ne pouvait pas se permettre d’abandonner aussi vite. Ils leur restaient un nombre incalculable de mois à passer dans cette école, et il était hors de question que la serdaigle reste les bras ballants en attendant que Margaret prenne les commandes de la vie familiale. Plus les jours passaient et plus Bailee avait l’impression d’être évincée, sa petite sœur était déjà la petite chouchoute de la famille avant son départ, ça allait être cent fois pire à son retour. Elle ne savait même pas si sa chambre était restée telle qu’elle, ou si ses parents ne l’avaient pas transformée en salle de jeu spéciale Margaret. Cette idée la hantait, et il lui arrivait bien trop souvent de faire des cauchemars à ce sujet.

« On peut faire le tour du Parc en restant à côté des murs pour voir s’il y a pas un trou quelque part ? Je pense pas, mais il faut essayer. Il nous reste trop de jours ici avant de rentrer à la maison. »

Etrangement, Bailee ne se mit pas en route directement, attendant un signe d’approbation de la part de sa meilleure amie. Si celle-ci avait une autre idée brillante à leur proposer à présent, elle était plus que bienvenue.

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"Mon papa m’a raconté plein d’histoires sur cette forêt, elle fait vraiment peur. C’est pas une vraie forêt où tu peux trouver des champignons et te balader en chantant. Il y a des monstres là-bas, c’est dangereux. Tu n’as pas écouté le professeur McGonagall en début d’année ?"

Ce n'était pas une vraie forêt ? C'était quoi alors ? Des monstres déguisés en arbres pour mieux sauter sur les pauvres élèves qui se risquaient à pénétrer à l'intérieur ? Ou alors peut-être que c'était des arbres virtuels ? Elle avait lu plein de livres où les images virtuelles étaient utilisés pour tromper tout le monde, dans les films c'était pareil alors peut-être que les sorciers s'en étaient inspirés pour créer la forêt ? N'empêche qu'elle avait l'air bien réelle cette forêt. Il devait sûrement y avoir des animaux à l'intérieur, des animaux qu'elle ne connaissait probablement pas en plus puisque c'était des animaux magiques. Des licornes ? Il y avait probablement des licornes ! Elle n'aimait pas les animaux mais il fallait qu'elle aille voir. Elle avait entendu dire qu'il y avait une option en troisième année qui permettait d'approcher les animaux mais elle n'avait pas la moindre envie de rester jusqu'en troisième année, aussi il lui faudrait le découvrir par elle-même avant de quitter l'école...

Quant au discours de McGonagall, elle n'en avait pas de souvenirs. Elle se souvenait bien l'avoir vu le jour de son arrivée, l'avoir vaguement entendu parler mais elle avait dû rapidement décroché... Rien de ce qui avait été dit ne parvint à lui revenir en mémoire, ce n'était qu'un immense trou noir, comme si elle n'avait finalement jamais rien dit. Pourquoi ce serait-elle d'ailleurs amusée à parler d'une forêt alors qu'il y avait mille et un trucs potentiellement mortels ici ? C'était un peu bizarre. Même si ce n'était pas une vraie forêt, ce n'était pas une raison suffisante pour en faire l'objet d'un discours de début d'année. Pourquoi la mettre dans une école si c'était dangereux ? Et pourquoi leur laisser la possibilité d'y pénétrer si c'était interdit ? Personne ne semblait vraiment le leur interdire, au fond...

"Je sais plus trop. J'me souviens pas de ce qu'elle a dit. Tout le monde dit tellement de trucs que j'arrive pas à tout retenir, aussi. C'est normal. Mais pourquoi c'est pas une vraie forêt ? Y'a des arbres et des animaux, non ? Dans toutes les forêts y'a des arbres et des animaux."

Candlynn n'avait jamais été bien douée pour rester concentrer longtemps quand il y avait mieux à faire qu'écouter blablater. En cours, c'était important alors elle écoutait au mieux même s'il pouvait parfois y avoir des ratés, mais en dehors, elle ne voyait pas l'intérêt de tout écouter en permanence et pire encore de toujours tout retenir ! Elle n'avait jamais été habituée à ça et peinait à s'y mettre réellement. Leurs enseignants avaient toujours quelque chose de nouveau à dire plus et même que parfois, ils s'amusaient à répéter ce qu'ils avaient déjà dit comme si c'était véritablement important alors qu'il s'agissait en général que de banalité comme quoi ils auraient des examens importants en cinquième et septième années et qu'il leur fallait donc apprendre correctement leur cours dès maintenant pour ne pas se retrouver larguer. Comme si elle allait attendre la veille des examens pour se mettre au travail... C'était bête et lassant au bout d'un moment.

La fillette ne s'était jamais vraiment demandée ce qu'elle ferait une fois sortie de l'école. Peut-être irait-elle jusqu'à Londres avant de prendre un car pour Oldham où elle attendrait bien sagement que sa famille rentre d'un énième voyage ? Ou bien alors elle enverrait un hibou urgent à Jeremiah pour le prévenir qu'elle était dehors et que même si elle pouvait se débrouiller pour sortir du village sorcier il lui serait difficile de les retrouver à l'autre bout du monde, si bien qu'il leur fallait venir la chercher s'ils ne souhaitaient pas la retrouver morte de faim... D'ailleurs, peut-être qu'il n'approuverait pas son geste et la ramènerait jusqu'à l'école ? Non... Il n'y avait pas de raisons que son frère ne soit pas content de la revoir et qu'il décide de jouer contre elle en la renvoyant dans cette prison. Elle était certes bien traitée et finalement pas si malheureuse que ça, mais elle n'avait pas la moindre envie d'y rester rien qu'une semaine de plus... Et si elle leur envoyait une lettre en leur disant que ça n'allait vraiment vraiment vraiment pas, peut-être viendraient-ils la chercher ?

« On peut faire le tour du Parc en restant à côté des murs pour voir s’il y a pas un trou quelque part ? Je pense pas, mais il faut essayer. Il nous reste trop de jours ici avant de rentrer à la maison. »

Elle hocha la tête et se mit sagement à longer le mur, espérant encore tomber dans un trou déjà tout prêt qui l'amènerait jusqu'à dehors. Elle n'avait jamais vu ce qu'il y avait hors de l'école. Les deux petites Serdaigles pourraient peut-être prendre le temps de visiter le village avant de rentrer chez elles, elles n'étaient plus vraiment à deux heures près... Enfin, elle l'espérait. Ce serait bête de partir avant d'y avoir mis les pieds. Il devait être beau et intéressant en plus, si tout le monde y allait presque à chaque week-end ! Il fallait le voir au moins une fois et la jeune Zuckowski savait pertinemment que ce serait pour elle la seule occasion d'y mettre un pied. Elle n'aurait probablement plus jamais de contact avec le monde magique une fois sortie de Poudlard...

"Tu as déjà écrit à tes parents en leur disant que ça n'allait pas ?"

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"Je sais plus trop. J'me souviens pas de ce qu'elle a dit. Tout le monde dit tellement de trucs que j'arrive pas à tout retenir, aussi. C'est normal. Mais pourquoi c'est pas une vraie forêt ? Y'a des arbres et des animaux, non ? Dans toutes les forêts y'a des arbres et des animaux."

Candy n’avait pas tort. Leurs professeurs parlaient tous beaucoup et exclusivement de magie. Ce n’était pas évident, pour quelqu’un qui ne savait pas encore que le monde des sorciers existait, il y a encore quelques jours, d’emmagasiner une telle quantité d’informations aussi rapidement. Bailee n’était pas tendre avec son amie, elle attendait toujours beaucoup d’elle, alors que la petite fille avait beaucoup de retard à rattraper. La serdaigle s’attendait toujours à ce que Candy sache tout sur tout, qu’elle comprenne instantanément ce qu’elle lui racontait, ne fasse pas preuve d’ignorance et surtout qu’elle soit toujours dynamique. Bailee n’était pas réellement une petite fille patiente, elle pouvait même se montrer particulièrement irritable lorsqu’on la faisait attendre. Elle aimait que tout son emploi du temps soit réglé à la minute près. Elle était capable de bouder pendant des heures si Candlynn finissait de manger plus de cinq minutes après elle par exemple, ou encore si elle passait trop de temps à s’habiller, et même parfois lorsqu’elle souhaitait poser une question à l’un de ses professeurs à la fin d’un cours. Lorsque cette dernière trainait un peu, elle ne manquait pas de le lui rappeler, la plupart du temps en hurlant, sans la moindre trace de gentillesse.
Bailee se demandait comment son amie avait fait pour la supporter jusque-là. Elle était bien consciente de ne pas être spécialement agréable à vivre, mais au moins personne ne venait l’embêter et elle n’avait pas du tout l’intention de changer d’attitude. Si elle se mettait à traiter les autres avec un peu plus de cœur, il était tout à fait possible qu’elle se mette à supporter, voire même à apprécier Margaret et cette pensée la rendait malade.
De toute façon, elle n’avait pas forcé Candlynn à rester avec elle, la petite fille était tout à fait libre de partir si elle en avait envie. Bailee n’avait pas accroché une corde autour de son cou pour la forcer à la suivre dans ses moindres mouvements. Si elle tenait tant à être avec elle, c’était qu’elle en avait envie. La serdaigle ne changerait pour personne même si elle se surprenait à aimer beaucoup plus Candy que les autres enfants de son âge.

Bailee ne put s’empêcher de soupirer devant son incapacité à comprendre ce qu’était réellement cette forêt. Ce n’était pourtant pas bien difficile. La petite fille avait simplement tenté de la mettre en garde contre ce qu’elle pouvait trouver à l’intérieur. Rien n’indiquait que la forêt n’existait pas vraiment, c’était son contenu qui la rendait différente. Candlynn n’arrivait manifestement pas à imaginer qu’une forêt dans le monde magique puisse être différente d’une forêt dans le monde réel, et ça énervait légèrement Bailee. Pour le moment, la petite fille était d’assez bonne humeur pour se lancer dans une autre explication, mais s’il lui prenait l’envie de poser d’autres questions après sa deuxième explication. Elle risquait fort de devoir avaler un livre sur le sujet, au sens propre, en guise de réponse.

« Mais t’as rien compris ! C’est une forêt, mais pas une que t’aimes bien. Toi tu aimes les balades, sauf que dans celle-ci tu peux pas faire des promenades, parce que sinon il y a plein de choses qui peuvent t’arriver. Il y a des animaux bizarres qui peuvent te manger le cerveau et te découper en morceau, je crois même qu’ils te coupent les bras pendant que t’es encore vivante. »

Bon, c’était légèrement exagéré, mais au moins Candlynn comprendrait ce qu’elle voulait dire. Inventer des histoires pour faire peur à sa sœur était un des nombreux passe-temps de Bailee. Il lui était arrivé un nombre incalculable de fois de se rendre dans la chambre dans sa sœur avec sa lampe de poche, pour qu’elles s’allongent sous la couette en écoutant à tour de rôle leurs histoires respectives. C’était un de ses moment favoris, lors de ses brefs instants qu’elle passait toutes les deux, Bailee avait l’occasion de voir sa sœur trembler de peur et parfois même de se mettre à pleure, tandis que les histoires de sa petite sœur manquaient cruellement d’inventivités, elle les écoutait donc d’une demi-oreille, préparant à la place ce qu’elle lui raconterait ensuite. Le mieux dans tout ça restait sans aucun doute la réaction de ses parents. Ils ne se doutaient pas une seconde de ce qu’il se passait, ils étaient bien trop heureux de voir leur grande fille se tourner spontanément vers Margaret pour soupçonner qu’elle le fasse avec de mauvaises intentions. Pourtant ils connaissaient bien leur fille, au fil du temps, ils avaient appris à anticiper ses moindres réactions, à prévoir comment mettre un terme à ses caprices, principalement lorsqu’ils se trouvaient dans des lieux publics. Ca ne l’avait pas empêché, malheureusement, d’attirer tous les regards, voire même les moqueries de la part des personnes qui étaient témoins du mauvais caractère de Bailee.

L’idée de longer la clôture semblait bien acceptée par son amie qui se mit donc en route. Bailee était convaincue que tout ceci ne servirait à rien, mais elle n’avait pas beaucoup mieux à proposer. La petite serdaigle s’attendait à une marche silencieuse et dénuée d’intérêt. Elles seraient toutes les deux bien trop occupées à scruter le moindre petit détail qui pourrait les aider à passer de l’autre côté plutôt qu’à bavarder. Visiblement, la petite fille se trompait. Candy n’avait pas l’intention de se taire, loin de là. Elle semblait même penser que c’était une occasion rêvée pour parler un peu plus de sa famille. Elle n’avait pas tort en théorie puisque c’était toutes les deux le but qu’elles cherchaient à atteindre en cherchant à s’enfuir.

"Tu as déjà écrit à tes parents en leur disant que ça n'allait pas ?"

La petite fille haussa les épaules. Elle ne voyait pas l’intérêt d’une telle lettre, qu’est-ce qu’ils pourraient faire pour elle ? Lui envoyer une réponse encourageante, lui rappelant le peu de jours qu’il lui restait à attendre avant qu’elle rentre chez elle. Ils aimaient apparemment lui faire croire qu’ils comptaient les jours avant son retour, puisque chaque lettre était l’occasion pour eux de lui rappeler depuis combien de temps elle était à Poudlard et dans combien de temps elle rentrerait auprès d’eux. Ce genre de correspondance, si toutefois elle pouvait appeler cet échange de cette façon, car sa réaction était bien souvent une absence de réponse, lui arrachait une moue dubitative, et elle s’empressait de déchirer rageusement la fameuse lettre.
En plus d’où est-ce que Candlynn sortait un truc pareil ? Bailee ne se souvenait pas avoir dit qu’elle n’allait pas bien, au contraire, elle était parfaitement heureuse à Poudlard, même si ce n’était pas flagrant. Ses parents ne lui manquaient pas, elle ne voulait pas rentrer pour les revoir mais simplement pour évincer sa petite sœur. Elle était tout simplement affreusement jalouse et possessive, en temps normal, c’était déjà difficile à supporter pour sa famille, mais maintenant qu’elle avait l’impression de perdre le contrôle, il était très difficile pour Bailee de se sentir mise à l’écart.

« Je vais bien, je vois pas pourquoi je leur écrirais le contraire. Et toi ? Tu l'as écris à ta famille ? Elle te manque beaucoup ? »

Bailee feignit d’avoir posé cette question par simple politesse, d’autant plus qu’elle connaissait déjà la réponse. Seulement, elle était réellement intéressée par ce que Candy pourrait bien lui raconter. Elle se rendait compte au fur et à mesure que les jours passaient, qu’elles n’avaient pas du tout la même façon de voir les choses, et la petite serdaigle trouvait ce qu’elle pouvait lui raconter fascinant. Bien sûr, Bailee essayait toujours au maximum de dissimuler ce qu’elle pensait, et prenait même un malin plaisir à mettre un terme à leur conversation pour montrer à quel point elle s’ennuyait. Cependant, la petite fille était réellement envieuse, même sans comprendre vraiment ce qui pouvait unir cette famille, elle aurait voulu savoir ce que ça faisait de ne pas être constamment sur la défensive. Malheureusement pour elle, c’était impossible. Elle avait eu moins de chance que Jeremiah, sa petite sœur à elle était un véritable monstre, et elle ne pouvait pas le laisser agir sans rien faire.

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« Mais t’as rien compris ! C’est une forêt, mais pas une que t’aimes bien. Toi tu aimes les balades, sauf que dans celle-ci tu peux pas faire des promenades, parce que sinon il y a plein de choses qui peuvent t’arriver. Il y a des animaux bizarres qui peuvent te manger le cerveau et te découper en morceau, je crois même qu’ils te coupent les bras pendant que t’es encore vivante. »

Les yeux de la petite fille se mirent à briller à l'évocation des monstres qui pouvaient vivre dans cette forêt. Elle commençait vaguement à comprendre pourquoi on ne voulait pas les laisser rentrer à l'intérieur mais si c'était si dangereux, pourquoi avoir créer l'école ici ? Ou planter la forêt là, en fonction de ce qui était sur place en premier ? C'était bien beau de dire qu'il ne fallait surtout pas y mettre les pieds mais ils devaient bien savoir que ce serait tout de même vachement tentant pour tous les élèves normalement constitués ! Ou pas... C'est vrai que la perspective de se faire tuer par des monstres dangereux et sanguinaire n'était pas particulièrement réjouissante. Toujours était-il que Candlynn semblait soudainement fascinée par les monstrueux trésors qui renfermait cette sombre forêt.

Elle en oublia même les premiers mots de Bailee qui n'étaient pas forcément doux ou agréables mais auxquels elle finissait par se faire, voire même par ne plus y faire attention par moment. Elle savait très bien qu'elle ne devait pas trop la faire attendre ni même trop la contrarier ou traîner à comprendre ce qu'elle avait la bonté de lui expliquer mais au delà de ça, c'était une amie vraiment chouette, avec laquelle elle s'amusait bien et qui en plus partageait son envie de quitter Poudlard au plus vite. Bon, bien sûr, elle préférerait ne pas avoir à partager son dortoir, ni avec elle ni avec personne d'autre mais elle n'avait pas trop trop le choix, aussi elle préférait ne pas aborder le sujet avec ses colocataires de chambre. Là, elle serait sûrement contente de voir qu'elle avait compris rapidement ce qu'elle essayait de lui faire comprendre.

"Eh ! Mais c'est comme dans les films ! Faut trop qu'on aille voir ! J'suis sûre que Jeremiah il a jamais vu des monstres de film en vrai, j'pourrais tout lui raconter comme ça ! On pourra y aller, s'il te plait ? Dis oui, dis oui !"

Elle dirait probablement non... La jeune Zuckowski s'y attendait malheureusement mais rien ni personne ne pourrait l'empêcher d'aller y faire un tour, même toute seule s'il le fallait. Quoi qu'il arrive, elle irait voir ce qui se tramait dans cette forêt avant de quitter l'école. Sauf si elles trouvaient un trou tout prêt qui leur permettrait de s'enfuir dès aujourd'hui mais elle n'y croyait plus beaucoup. Elles auraient sûrement trouvé un peu de terre retournée ou quelque chose du genre qui les préviendrait d'une possible sortie de secours. Il leur faudrait sûrement rentrer de nouveau au château aujourd'hui, jouer les parfaites petites filles en attendant de trouver une autre solution, merveilleuse et efficace pour rentrer à la maison...

« Je vais bien, je vois pas pourquoi je leur écrirais le contraire. Et toi ? Tu l'as écris à ta famille ? Elle te manque beaucoup ? »

Candlynn secoua doucement la tête. Elle ne leur avait pas écrit que ça allait pas, elle n'avait jamais eu l'intention de les inquiéter... Elle leur répétait seulement inlassablement qu'ils lui manquaient affreusement dans l'espoir encore vain qu'ils daignent mettre un terme à cette torture... Pour l'instant, il ne semblait pas être question de cela, au contraire, puisque pour toute réponse elle avait le droit à des "amuse toi, ça passera plus vite", "il ne te reste plus que quelques semaines avant de rentrer" et autres phrases bateaux du même genre qui finissaient par l'attrister plus que la remotiver. Seul son frère semblait aussi perdu qu'elle face à cette séparation mais elle voyait bien qu'il faisait de son mieux pour ne pas trop le lui faire savoir... Bien entendu c'était raté... Elle avait l'impression que chacun de ses mots était une demande cachée de rentrer rapidement, ce qu'elle s'efforçait au mieux de faire. Manque de chance, ce n'était pas aussi simple qu'elle l'avait bêtement imaginé.

Elle n'avait pas eu l'intention d'embêter Bailee avec ses histoires mais puisque c'était elle qui lui avait demandé, elle n'allait pas laisser passer une occasion pareille ! Généralement, elle évitait de trop s'étendre sur le sujet mais quand elle avait le malheur de se laisser aller à parler de sa famille ou pire encore de son frangin, elle était rapidement rappelée à l'ordre par son amie qui s'empressait de mettre fin à leur discussion en lui montrant ouvertement à quel point elle pouvait s'ennuyer. Bien entendu, la gamine ne s'en formalisait pas et acceptait en souriant de passer à autre chose sans pour autant cesser de penser à ses proches décidément bien trop loin à son goût... Qu'il lui tardait de retrouver son petit lit dans le camping car, d'oublier toute notion de sédentarité et de repartir à la conquête du monde entourée des gens qu'elle aimait comme elle l'avait toujours fait...

"Oh oui alors ! Elle me manque beaucoup ! J'ai jamais été toute seule comme ça... Enfin, pas trop toute seule parce que t'es là mais quand même un peu... Je leur écris tous les deux jours, et Jeremiah tous les jours, comme il a promis à la gare. Mais y'a des jours où il a pas grand chose à dire alors il remplit les blancs par des dessins. J'ai reçu un joli château hier, il a essayé de refaire Poudlard. Tu voudras le voir ?"

Son amie s'en fichait sûrement pas mal de la représentation approximative de Poudlard qu'avait bien pu faire l'adolescent mais la fillette aimait à imaginer qu'elle finirait par s'y intéresser ne serait-ce que pour lui faire plaisir... Un espoir qui resterait certainement vain mais elle n'en avait que faire. Si elles étaient vraiment coincées ici, il ne lui restait plus que ça, l'espoir, alors un de plus était toujours bon à prendre même s'il touchait plus à l'utopie qu'autre chose...

"Non, j'leur ai pas écrit que ça allait pas parce que ça va bien quand même un peu. J'suis pas trop malheureuse ici quand même. Mais j'me disais qu'en le faisant, peut-être qu'ils viendraient me chercher... Tu sais, mon Papa il me demande toujours si j'ai bien à manger, si j'ai besoin de rien, si les gens sont gentils avec moi... Alors si j'dis que c'est plus trop le cas, et bah il va pas aimer, s'inquiéter et vouloir que je rentre. Mais j'ai jamais menti à mon Papa alors je sais pas trop si c'est une bonne idée... Mais j'en ai plus trop d'autres, des idées..."

Et qui disait plus d'idée disait coincée ici pendant encore de longs mois, voire même sept interminables années... Alors à ce stade, toutes les idées même mauvaises étaient à analyser, faute de mieux...

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"Eh ! Mais c'est comme dans les films ! Faut trop qu'on aille voir ! J'suis sûre que Jeremiah il a jamais vu des monstres de film en vrai, j'pourrais tout lui raconter comme ça ! On pourra y aller, s'il te plait ? Dis oui, dis oui !"

Bailee sentait la fumée lui sortir par les oreilles. Elle avait pourtant été claire. Elle ne mettrait pas les pieds dans cette forêt. Surtout que la motivation de Candlynn était loin d’être la meilleure. Elle voulait se rendre dans les bois et y risquer sa vie simplement pour pouvoir raconter une histoire intéressante à Jeremiah. La serdaigle se fichait complétement du frère de son amie. S’il voulait une histoire intéressante, il pouvait aussi se louer un DVD, ça aurait le même effet film d’horreur, et en plus il aurait l’image avec. Bailee pouvait aussi lui répondre avec ironie qu’elle devrait emmener la caméra pour que son frangin puisse constater de lui-même les horreurs sur lesquelles elles allaient tomber. Mais c’était une très mauvaise idée, Bailee était presque sûre que Candy ne saisirait pas l’ironie de ses propos et serait plutôt enthousiaste. Quoi que, si elle devait mourir dans d’atroces souffrances, elles feraient bien d’emporter une caméra pour qu’un professeur ou un élève puisse être témoin de leurs derniers instants.
Tentative de faire comprendre à Candy qu’elle n’allait pas pouvoir se rendre dans la forêt, round trois. Bailee s’arrêta net, et se tourna de façon à se retrouver en face de son amie. Si sa bouche ne parvenait pas à lui faire entendre raison, ses yeux parviendraient peut-être à quelque chose. La petite serdaigle posa ses deux mains sur ses épaules, manière, certes stupide, de lui montrer qu’elle était plus que sérieuse.

« Ecoute moi attentivement, si tu vas dans cette forêt, tu ne reviendras plus jamais au château, parce que tu seras un peu morte. Tu pourras rien raconter du tout à ton grand-frère parce que tu le reverras jamais. Après, tu peux aussi revenir à la vie en fantôme, et passer toute ta mort dans la forêt sans voir personne. C’est ça que tu veux ? »

Bailee regarda, quelques instants, son amie dans les yeux, comme si elle pouvait lui transmettre la réponse appropriée par télépathie. C’était un vœu pieux, la serdaigle n’arrivait visiblement pas à lui faire peur. Pourtant, elle-même était complétement terrorisée. Peut-être que son père était plus doué qu’elle pour raconter des histoires horribles qui l’empêchaient de dormir la nuit. C’était peut-être une idée intéressante. Emmener son amie passer une partie des vacances d’été chez elle pour que son père lui explique tout ce qu’il y avait à savoir était même peut-être encore mieux que de tenter par elle-même de lui inculquer quelques notions. Son géniteur avait en effet, la patience dont son ainée était totalement dépourvue. En plus, il appréciait particulièrement pouvoir raconter toutes ces petites anecdotes à quelqu’un. Il avait pris l’habitude depuis un bout de temps d’être interrompu par sa chère fille lorsqu’il se répétait. Il ne pourrait donc qu’être ravi de pouvoir appuyer sur le bouton replay.
Ce n’était pas à l’ordre du jour. La petite fille voulait rentrer chez elle et c’était aussi le cas de son amie. Lui proposer maintenant de venir chez elle reviendrait à lui proposer un an d’emprisonnement pour mauvaise conduite. Elle remettrait donc cette idée à plus tard. En parlant d’idée, Bailee venait d’en avoir une très mauvaise, poser des questions à Candlynn sur sa famille. Pourtant ce qu’elle lui avait demandé ne nécessitait pas des centaines de mots en guise de réponse, mais vraisemblablement, elle aurait dû penser à le préciser avant de se lancer dans ce genre de conversation.

"Oh oui alors ! Elle me manque beaucoup ! J'ai jamais été toute seule comme ça... Enfin, pas trop toute seule parce que t'es là mais quand même un peu... Je leur écris tous les deux jours, et Jeremiah tous les jours, comme il a promis à la gare. Mais y'a des jours où il a pas grand-chose à dire alors il remplit les blancs par des dessins. J'ai reçu un joli château hier, il a essayé de refaire Poudlard. Tu voudras le voir ?"

Bailee aurait presque, et pas que presque, été vexée, elle faisait tout son possible pour que Candy soit à l’aise et pas trop malheureuse. Enfin tout son possible, elle n’était pas la plus gentille copine de la petite fille mais les efforts qu’elle fournissait au quotidien pour paraitre un peu plus agréable étaient assez impressionnants venant d’elle. Cependant, sa meilleure amie se sentait quand même toute seule, c’était à la dégouter d’avoir une amie. Bailee était là en permanence, lorsqu’elle se couchait, lorsqu’elle se réveillait, lorsqu’elle mangeait. Le seul moment où elles se séparaient c’était pour prendre leur douche, si elles ne comptaient pas ce matin. Elle n’était donc pas vraiment toute seule, loin de là.
La petite fille n’avait tout de suite plus du tout l’intention de faire le moindre effort pour paraitre agréable. Ce n’était pas nécessaire de toute façon puisque Candlynn avait toujours l’impression d’être seule. Bailee était incroyablement vexée, alors que son amie c’était reprise presque aussitôt. Seulement, elle aurait dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, la serdaigle n’avait pas du tout l’intention de laisser passer ça.

« J’ai pas l’impression d’être toute seule, moi, quand je suis avec toi. Je veux pas voir son dessin, je vois pas comment il peut dessiner Poudlard alors qu’il l’a jamais vu. »

Bailee avait insisté lourdement sur le « moi ». La petite fille se savait insupportable. Candlynn n’avait pas à justifier ce qu’elle venait de dire, c’était une réaction normale pour quelqu’un qui n’avait jamais passé ne serait-ce qu’une journée en dehors du cocon familial. La serdaigle n’avait pas le droit de lui reprocher de la trouver moins importante que le reste de sa famille. Cependant, elle ne pouvait s’en empêcher, elle voulait qu’elle lui dise que sans elle, elle se serait retrouvée complétement seule et perdue. Pourtant, ce n’était pas la vérité. Si elle se retrouvait coincée avec Bailee, c’était tout simplement parce qu’elle avait trouvé la meilleure amie la plus asociale de l’école. Candy était vraiment une gamine adorable, et si elle avait donné aux autres premiers années l’occasion de la découvrir toute seule, elle serait probablement entourée par un sympathique petit groupe d’amis à présent.
En attendant. Candy n’en avait pas finis avec ses histoires de famille, prouvant une fois de plus à Bailee, qu’elle était beaucoup trop adorable pour mériter une amie aussi insupportable qu’elle. Seulement, la serdaigle ne réalisait pas la chance qu’elle avait de pouvoir toujours compter sur elle. Bailee avait toujours eu un souffre-douleur à portée de main, elle trouvait donc Candy parfaitement normale. Elle réagissait exactement comme Margaret par moment, s’écrasant à chaque fois que la petite fille lui demandait quelque chose. Seulement, il y avait une différence de taille, Bailee aimait réellement Candlynn et aurait largement préférée avoir une petite sœur qui lui ressemble.

"Non, j'leur ai pas écrit que ça allait pas parce que ça va bien quand même un peu. J'suis pas trop malheureuse ici quand même. Mais j'me disais qu'en le faisant, peut-être qu'ils viendraient me chercher... Tu sais, mon Papa il me demande toujours si j'ai bien à manger, si j'ai besoin de rien, si les gens sont gentils avec moi... Alors si j'dis que c'est plus trop le cas, et bah il va pas aimer, s'inquiéter et vouloir que je rentre. Mais j'ai jamais menti à mon Papa alors je sais pas trop si c'est une bonne idée... Mais j'en ai plus trop d'autres, des idées..."

Il était tout de même bon à savoir que la petite fille n’était pas trop malheureuse. Bailee avait beau tenter de s’enfuir avec sa meilleure amie, elle ne se faisait pas trop d’illusion, dans sept ans, elles seraient encore à l’école toutes les deux, prêtes à recevoir leurs diplômes et à se lancer dans la vie. Mais à ce moment –là, elles n’auraient certainement plus envie de partir. Candy aurait finis par s’habituer à l’absence de son grand-frère qui lui-même aurait suivi sa voie, sans avoir à se préoccuper qui le suivait partout. Quant à Bailee, la situation serait bien différente puisque Margaret serait venue, oh joie, la rejoindre à l’école. Ses parents ne seraient donc plus sous l’influence de la petite dernière, mis à part s’ils décidaient d’avoir un nouvel enfant, mais c’était une bien trop mauvaise idée pour que la serdaigle puisse prendre le temps d’y penser.
Mentir à son père était donc une très mauvaise idée. Tout simplement parce qu’elle risquait de fonctionner. Les membres de la famille Zuckowski semblaient entretenir des liens très particuliers entre eux. Il était fort probable qu’en se rendant compte de la détresse de la petite dernière, ils viennent à son secours. D’autant plus qu’en tant que moldus, ils n’avaient pas la moindre idée de ce que pouvait représenter la magie aux yeux de leur fille. Mais pour Bailee, c’était tout à fait différent. Ses parents lui diraient juste qu’elle irait mieux au fil du temps et que les débuts difficiles étaient tout à fait normaux. Son père prendrait même peut-être la peine de se souvenir de son arrivée à l’école pour lui montrer les similitudes qu’il pouvait trouver entre leurs deux situations. Jamais, ils ne prendraient la peine de faire le déplacement pour la ramener chez eux. Donc, si Candy mettait son idée en application, la serdaigle se retrouverait complétement seule. Mais avait-elle vraiment le droit de lui mentir en affirmant qu’elle n’avait aucune chance de réussir ? Non, certainement pas, elle aurait beaucoup aimé avoir moins de scrupules, mais même une petite gamine capricieuse pouvait vouloir voir sa meilleure amie heureuse de temps en temps.

« Tu pourrais essayer, mais pas moi, mon papa est un sorcier, il dira que c’est pas grave. Toi tu peux inventer plein d’histoires horribles et ils t’obligeront à y retourner. »

Bailee n’avait pas envie de la supplier de ne pas l’abandonner à son triste sort, peut-être que ce qu’elle venait de dire suffirait à la dissuader d’essayer. Si elles devaient trouver un moyen de sortir d’ici, c’était ensemble qu’elles devaient le faire. La serdaigle n’imaginait pas un seul instant laisser Candlynn sur la touche, mais il n’en était visiblement pas de même pour celle-ci.

HJ : [Excusez-moi pour ceux qui ont eu le temps de voir que je m'étais plantée de sujet. T_T]

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Bailee s'arrêta et se tourna vers elle, posant ses mains sur ses épaules comme le faisait parfois ses parents pour lui signifier que ce qu'ils avaient à lui dire était sérieux et important. La dernière fois qu'ils l'avaient fait, elle avait appris qu'elle allait devoir passer sept ans dans cette école, et qu'il n'était même pas question de négocier, que leur décision était prise et que ça ne pourrait que le faire du bien, à Jeremiah et elle, parce qu'il était temps pour eux d'apprendre à vivre l'un sans l'autre. Et depuis, elle était coincée ici à chercher un moyen de sortir au plus vite. Candlynn ne put s'empêcher de faire le rapprochement. L'habituel air enjoué de son visage s'était dissipé pour laisser place à l'appréhension, celle de recevoir une autre mauvaise nouvelle telle que la certitude qu'elle ne rentrerait jamais à la maison ou pire encore, qu'elle avait été mise là parce que ses parents ne voulaient plus d'elle.

« Ecoute moi attentivement, si tu vas dans cette forêt, tu ne reviendras plus jamais au château, parce que tu seras un peu morte. Tu pourras rien raconter du tout à ton grand-frère parce que tu le reverras jamais. Après, tu peux aussi revenir à la vie en fantôme, et passer toute ta mort dans la forêt sans voir personne. C’est ça que tu veux ? »

Même si ce n'était pas directement ce qu'elle s'était imaginé, l'idée était là et la nouvelle n'était pas forcément des plus plaisantes. Il n'y avait plus la moindre trace de sourire sur ses lèvres, ni la plus petite étincelle amusée au fond de ses yeux clairs. La conversation avait pris un chemin qui ne lui plaisait pas. Elle avait l'impression de revivre cette affreuse journée où toute sa vie avait malheureusement basculé. C'était comme si son amie venait de lui annoncer une nouvelle séparation avec son frère, tout aussi inévitable que la première.

Si on cherchait le bon côté, on pouvait le trouver sans mal; elle avait compris la leçon et n'avait plus du tout envie de mettre les pieds dans cette fichue forêt qui pouvait l'éloigner à jamais de son frangin tant aimé. Elle avait dû lui promettre d'être prudente et de revenir en un seul morceau à la maison, alors il fallait qu'elle tienne sa promesse et qu'elle se retienne d'aller rendre visite aux monstres sanguinaires et violents qui n'attendaient qu'elle entre les arbres sombres mais pourtant si rassurants qui s'étendaient sur leur domaine...

"Non ! Je veux rentrer à la maison... C'est juste ça que je veux..."

Même si cela semblait aussi compliqué que compromis... Elle ne voulait pas renoncer, parce qu'elle avait trop à perdre à attendre sagement que les années passent mais elle avait bien conscience que c'était malgré tout peu probable qu'elles réussissent à s'enfuir avant qu'elles ne sortent de l'école. Qu'elles ne sortent de l'école... Cette phrase résonna un moment dans l'esprit de la petite fille avant de lui apparaître comme une solution plus simple mais plus désespérée que toutes celles qu'elles avaient bien pu imaginer jusque là. En troisième année, elles auraient le droit de se rendre à Pré-Au-Lard comme tous les autres élèves de leur année et ainsi, elles pourraient prendre la fuite sans inquiéter personne. Qui se rendraient compte de la disparition de deux élèves de troisième année avant que les cours ne reprennent le lendemain ?

Mais cela signifiait devoir attendre au moins un an et demi avant de voir leur rêve devenir enfin réalité. Trois ans, c'était incroyablement long et Jeremiah aurait très certainement eu le temps de faire sa vie sans elle, d'oublier la relation qu'ils pouvaient bien avoir et peut-être même pire, s'être attaché à une autre petite fille de sa connaissance pour la remplacer... Avait-elle cependant d'autre choix ? Pour le moment, ça ne semblait pas être le cas.

"On restera pas sept ans !" s'exclama t-elle soudainement en sautillant gaiement, retrouvant tout son enthousiasme. "Même si on trouve pas le trou pour aller dehors, on pourra partir quand on ira avec les autres dehors ! On va rentrer tout bientôt !"

Tout bientôt ou presque... Il aurait sûrement trouvé une petite copine d'ici-là et peut-être qu'il aurait quitté la maison. Ce serait normal, surtout qu'il était beau et gentil et intelligent et drôle... Il était parfait son frère, mais elle ne le voulait pas. C'était son frère à elle, elle n'avait pas la moindre envie de le partager avec qui que ce soit. C'était d'ailleurs bien ce que leur reprochait leur parents... Ils n'avaient pas envie de se partager, ce qui n'était pas très pratique ni vraiment bien vu par le reste de la famille qui ne comprenait pas qu'ils puissent être si proches.

La Serdaigle tâcha de se rassurer tant bien que mal. Ça n'arriverait pas, parce qu'elle rentrerait pour les vacances, alors il n'aurait pas le temps de l'oublier et quand bien même il aurait des doutes, il se rendrait compte à quel point il pouvait la préférer à toutes les autres filles du monde et tout irait pour le mieux dans leur monde. Forte de cette déduction, elle se prépara à recevoir le "Non" pur et dur de Bailee. Ce qui ne manqua pas.

« J’ai pas l’impression d’être toute seule, moi, quand je suis avec toi. Je veux pas voir son dessin, je vois pas comment il peut dessiner Poudlard alors qu’il l’a jamais vu. »

La jeune Zuckowski ne se vexa pas et se contenta de hausser les épaules avec un sourire absent. Il avait pu parce qu'elle l'avait dessiné avant lui et qu'elle lui avait envoyé. Il s'était contenté de le faire en beaucoup mieux, en beaucoup plus réaliste, en beaucoup plus réussi. Elle avait encore beaucoup à apprendre pour arriver à son niveau, mais elle se retint d'en faire part à son amie. Elle devait probablement en avoir mal de l'entendre dire du bien de jeune homme, dont le moindre geste ou la moindre parole lui apparaissait comme merveilleux, à tout va alors qu'elle-même ne semblait pas supporter sa petite soeur. Elle n'avait pas envie de la fâcher, ni même de la faire bouder.

Candlynn n'aimait pas quand Bailee devenait aussi muette qu'une carpe et qu'elle se contentait de lever le nez lorsqu'elle lui adressait la parole comme pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas contente, qu'elle avait fait quelque chose de travers et qu'elle devait en subir les conséquences. Elle ne comprenait pas toujours ce qu'elle faisait de mal mais elle préférait ne pas demander pour ne pas qu'elle lui fasse la tête plus longtemps. Là encore, elle avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas et elle avait compris, au "moi", que c'était ses paroles pourtant innocentes qui ne lui avaient pas plu. Ce n'était pas méchant, c'était juste vrai. Même si elle avait la chance d'avoir sa meilleure amie toujours avec elle, il y avait toujours cette absence laissée par les siens et ça, personne ne pouvait y changer quoi que ce soit...

« Tu pourrais essayer, mais pas moi, mon papa est un sorcier, il dira que c’est pas grave. Toi tu peux inventer plein d’histoires horribles et ils t’obligeront à y retourner. »

A ces mots, la fillette hésita un instant mais finit par secouer la tête, non sans un certain regret. Elle n'avait pas l'intention d'abandonner sa meilleure copine dans l'école. Si elles partaient, c'était à deux ou pas du tout. Il fallait espérer que l'autre enfant s'imagine les choses de la même manière. Elle était prête à prendre le risque de se retrouver toute seule à sa place si jamais ce n'était pas le cas. Elle se tourna vers elle et lui sourit avec complicité.

"C'était pas une trop bonne idée de toute façon."

Son départ trouverait une autre solution, une solution qui pouvait les sortir toutes les deux d'ici... Elle reporta finalement son attention sur le chemin qu'elles avaient emprunté dans l'espoir d'y trouver une sortie toute prête, une sortie qui n'attendrait qu'elles. Elle s'arrêta une fois de plus et fixa un instant le sol un peu plus loin.

"Eh ! Regarde par terre ! C'est pas pareil là !"

Ca ne ressemblait pas du tout à un trou mais au moins, il y avait quelque chose qui sortait de la routine lassante de l'herbe à moitié fané par les saisons sur laquelle elles marchaient depuis qu'elles étaient sorties...

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"Non ! Je veux rentrer à la maison... C'est juste ça que je veux..."

Enfin, Bailee avait réussis à faire entrer quelque chose dans le crâne de sa meilleure amie, c’était une excellente chose, elle commençait sérieusement à s’énerver. La petite mine qu’affichait Candlynn lui laissait penser qu’elle y était allée un peu fort tout de même. Pourtant, la petite fille n’avait pas l’impression d’avoir utilisé des mots très durs à entendre pour elle. Ou peut-être que si, mais ce n’était pas de sa faute, son amie refusait de comprendre, c’était le seul moyen pour elle de lui faire entendre raison. Et puis elle était énervante aussi à la faire culpabiliser comme ça, ce n’était tout de même pas de la faute de Bailee, si sa meilleure amie était trop bornée pour intégrer une explication du premier coup. Mais la petite serdaigle n’arrivait pas vraiment à se convaincre d’avoir agi de la meilleure façon, elle se sentait soudainement un peu coupable d’être responsable du chagrin de son amie, et voulait réellement réparer sa faute. Ça ne lui arrivait vraiment pas souvent, si ses parents avaient été témoins de cette scène, ils auraient vu en Candlynn la gamine parfaite, celle-qui rendrait leur petit diable de fille un peu plus agréable à vivre, voire même amicale, mais c’était encore à l’état de fantasme.

« Si… Si tu veux on lui fera un dessin des monstres de la forêt qu’on trouvera dans les livres, comme ça il les connaitra sans que qu’on aille là-bas.»

Bailee avait réellement du mal à prononcer la phrase en entier, elle venait de proposer à son amie de l’aider à faire un dessin, ce n’était pas rien. Déjà parce qu’elle n’avait jamais su utiliser correctement un crayon, un feutre, ou quoi que ce soit d’autre autrement que pour griffonner des mots. Cela impliquait qu’elle allait recevoir de nombreux conseils de la part de Candlynn et qu’il lui faudrait écouter la leçon sans broncher, ça ne lui plaisait pas, vraiment pas du tout. La serdaigle regrettait déjà d’avoir eu cette idée, mais elle ne pouvait pas annuler ce qu’elle venait de dire à présent, Candy risquait d’être encore plus déçue que précédemment, et c’était un risque qu’elle n’était pas prête à courir.
Ses parents avaient remarqué depuis son entrée à Poudlard, qu’elle parlait beaucoup de la petite serdaigle dans les rares lettres qu’elle leur écrivait. Dans une de leurs réponses, ils lui avaient exprimé leur joie de voir qu’elle était capable de s’attacher çà une autre enfant avec une réelle amitié pour celle-ci. Bailee s’était empressée de ranger ce bout de papier tout au fond de sa valise et évidemment de ne pas en parler à Candlynn. Elle n’arrivait pas à accepter le fait qu’elle puisse s’attacher vraiment à quelqu’un en dehors de sa bulle familiale, elle avait une seule idée en tête avant de partir à l’école : sortir au plus vite et rentrer chez elle. Maintenant, tout cela avait changé, ses idées avaient évoluées, elle aspirait à tout autre chose, enfin, elle souhaitait toujours rentrer chez elle, mais elle ne voulait pas perdre sa seule amie dans la bataille. Mais ce n’était pas ce qu’elle avait l’intention de lui dire, pour Candlynn tout semblait se résumer à cet objectif central : s’enfuir. Rien d’autre ne semblait compter, et bien que la serdaigle ne parvienne pas toujours à masquer sa déception, une telle réaction venant de celle qui parlait de son frère jusque dans son sommeil, ne l’étonnait pas.

"On restera pas sept ans ! Même si on trouve pas le trou pour aller dehors, on pourra partir quand on ira avec les autres dehors ! On va rentrer tout bientôt !"

Au moins, Candy avait retrouvé son enthousiasme, qu’elle quittait seulement à de rares occasions. C’était étonnant d’ailleurs, Bailee s’était attendue à ce qu’elle ait le cafard pendant de nombreuses semaines, mais si tel était le cas, elle n’en laissait rien paraitre, ou pas devant son amie. La petite fille lui en était reconnaissante, elle n’avait déjà pas vraiment su quoi faire face à ses larmes dans le Poudlard Express, elle ne saurait pas plus quoi faire à présent, mis à part parler sans s’arrêter jusqu’à ce que la serdaigle parvienne à rire à nouveau.
En l’occurrence, l’idée de Candlynn n’était pas si mauvaise que ça, à un détail prêt, en troisième année, Margaret ne serait pas loin d’entrer à Poudlard, son départ serait donc particulièrement inutile. Mais pour Candy, ce serait différent, ses motivations seraient toujours les mêmes. Enfin, ce n’était probablement pas le bon moment pour le lui faire remarquer, elle semblait ravie d’avoir pensé à cette alternative, et si elle pouvait attendre trois ans ici, Bailee attendrait avec elle. De toute façon, les deux premières années avaient épuisées leur stock d’idées depuis le début de l’année, se dire qu’elles pourraient sortir tôt ou tard, et avec une autorisation en plus, c’était inespéré.

« Ouais, mais j’ai cru comprendre que tes parents signaient un papier pour que tu puisses aller dans le village. Si on tente de s’échapper avant, peut-être qu’ils le signeront pas pour pas qu’on recommence. »

Ce n’était pas stupide, enfin pas pour Bailee. Si elle tentait de s’enfuir, ses parents lui passeraient sans doute un énorme savon. Elle avait déjà préparé son caprice pour l’occasion. Ils auraient droit à une vraie crise de larmes, voire à une crise d’hystérie et suite au désarroi de leur ainée, ils décideraient de la garder avec eux. Son plan était affreusement bancal et la petite fille s’en rendait bien compte. Ses géniteurs étaient bien trop habitués à ses caprices pour être impressionnées par ce genre de comportement. Elle serait donc renvoyée à l’école avant même d’avoir commencé son plaidoyer pour pouvoir rester ne serait-ce qu’une semaine de plus. Sa famille ne lui manquait pas tant que ça, mais pouvoir pourrir la vie de sa sœur lui manquait. Bailee ne voulait pas voir Margaret heureuse, si elle l’était, sa grande sœur ne pouvait pas l’être.
Les deux petites filles continuaient à énumérer leurs idées. Candlynn venait d’en avoir une réellement bonne mais qui ne prenait pas en compte Bailee. Celle-ci ne put s’empêcher de le lui faire remarquer, tout en restant convaincue que la petite serdaigle ferait passer son frère avant elle.

"C'était pas une trop bonne idée de toute façon."

Apparemment, elle s’était trompée. Candlynn ne comptait pas l’abandonner, c’était une très bonne nouvelle. La petite fille était prête à laisser de côté un excellent moyen de sortir de l’école rien que pour rester avec elle. Bailee ne put réprimer un grand sourire, elle était véritablement heureuse de constater qu’elle pouvait compter sur son amie, ce n’était vraiment pas évident pour elle il y a encore quelques secondes. Candy venait cependant de lui prouver qu’elle avait tort.

« Merci. »

Là encore, ça ne lui ressemblait pas du tout, mais Bailee était vraiment très différente de la petite peste qu’elle était en général en présence de sa famille. Elle n’était pas convaincue que ce soit une bonne chose, changer son caractère n’était pas dans ses plans. La serdaigle aimait être un véritable désastre ambulant chez elle, au moins elle attirait l’attention et laissait sa sœur complétement effacée à l’arrière-plan c’était une très bonne chose.
Les deux petites filles continuaient à marcher lorsque Candy l’arrêta, repérant un coin de terre visiblement différent du reste du terrain qu’elles avaient traversé jusque-là. La petite fille s’en approcha sans pour autant savoir ce que c’était. Elle l’examina quelques instants avant de se tourner à contre cœur vers son amie pour avoir une explication.

« C’est quoi d’après toi ? »

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« Si… Si tu veux on lui fera un dessin des monstres de la forêt qu’on trouvera dans les livres, comme ça il les connaitra sans que qu’on aille là-bas.»

Elle était vraiment sérieuse ? Candlynn avait toujours cru que son amie voyait son frère d'un mauvais oeil ce qu'il l'attristait plus qu'elle ne le laissait croire mais voilà qu'elle se proposait elle-même de jouer les apprentis dessinateurs pour montrer à Jeremiah tous les trucs dangereux qu'il y avait dans la forêt sans que sa frangine n'ait à risquer sa vie pour le faire. Si il lui semblait normal qu'elle essaye de la dissuader d'y faire un tour, parce que si elle mourrait elle serait finalement toute seule et que quoi qu'en dise Bailee, elle n'avait jamais paru à cette idée, le fait était qu'elle venait de faire preuve d'une gentillesse qui ne pouvait que la surprendre. Normalement, elle lui aurait plutôt suggéré de le faire toute seule, son dessin, et encore si jamais elle ne voyait pas d'inconvénients à ce qu'elle gribouille dans son coin pendant des heures...

La fillette était plus qu'enthousiaste à cette idée. Aussi elle ne put s'empêcher de gigoter joyeusement en riant et en sautant partout, preuve ultime de ravissement. Une chance que le parc était désert, sa meilleure amie n'aurait probablement pas apprécié de se faire dévisager par leurs aînés uniquement parce qu'elle avait une amie un peu trop surexcitée et légèrement montée sur ressorts... Elle finirait peut-être par s'y faire un jour, si elles devaient vraiment passer sept longues, horribles et interminables années dans ce château.

"Vraiment ? Pour de vrai de vrai ? Ça va être trop bien !"

Bailee n'avait pas l'air aussi enthousiaste qu'elle à cette idée. Peut-être laisserait-elle couler un peu de temps avant de finalement se rétracter, lui expliquant tant bien que mal que ça ne servirait à rien puisque l'adolescent ne pourrait jamais voir ces monstres en vrai et que de savoir sa soeur chérie en leur compagnie ne pourrait que l'inquiéter pour rien puisqu'elle était finalement en sécurité... Candlynn se résignerait et accepterait la sentence sans broncher, imaginant sans mal la mine déconfite et paniquée de Jeremiah découvrant les affreuses créatures qui partageaient désormais la vie de sa frangine... Au pire, peut-être pourraient-elles dessiner autre chose ? Un plan du château, du parc, ou même le village voisin qu'elles n'avaient pas pu voir par elles-même ? Il devait bien y avoir des informations sur ce village à la bibliothèque ? Elle n'avait pas vraiment cherché. La Bibliothèque n'était pas non plus l'endroit où elle passait le plus de temps, bien trop occupée à découvrir le château pour se plonger dans des bouquins qui ne disparaîtraient sûrement pas.

D'ailleurs, peut-être que si son frère voyait que Bailee n'était pas que la gamine capricieuse que lui avaient laissé entre leur parents sur le chemin du retour, qu'il remarquait qu'elle était capable de faire des choses juste pour lui faire plaisir à elle, il pourrait peut-être l'apprécier davantage et lui écrire, un jour ou l'autre, qu'il était content qu'elle soit son amie et peut-être même qu'il aimerait la connaître. Sans parler de passer quelques jours en sa compagnie, la jeune Zuckowski n'apprécierait certainement pas de le partager même avec sa meilleure amie, mais au moins sur le quai de la gare, échanger davantage qu'un vague sourire lointain plus par politesse qu'autre chose... Elle n'y avait pas fait attention le moins du monde, et pour cause, elle n'était pas encore certaine de considérer la petite fille comme une amie potentielle pour plus longtemps que le temps du trajet...

« Ouais, mais j’ai cru comprendre que tes parents signaient un papier pour que tu puisses aller dans le village. Si on tente de s’échapper avant, peut-être qu’ils le signeront pas pour pas qu’on recommence. »

Si c'était réaliste, ce n'était pas plaisant du tout. Renoncer à partir, tout ça pour pouvoir espérer avoir le précieux sésame durant leur troisième année c'était une idée qui ne plaisait pas beaucoup à la petite Serdaigle, bien trop pressée à la simple pensée de retrouver sa vie chérie pour y adhérer. Mais d'un autre côté, elle ne pouvait nier que ça tenait incroyablement bien la route... Si ses parents ne signaient pas, peut-être que son frère le ferait, lui ? Elle n'était pas certaine qu'il sache imiter les signatures mais il était tellement doué en tout et tout le temps qu'il lui paraissait impossible qu'il existe une chose que Jeremiah ne sache pas faire. Maintenant, il était certain qu'il ne pourrait pas le faire pour la pauvre Bailee et qu'elle risquait de se retrouver toute seule à l'intérieur du château pendant qu'elle-même découvrirait toute seule ses environs... Rien de bien réjouissant. Peut-être valait-il mieux attendre patiemment que les années passent ?

"Mais s'il quitte la maison pendant que je suis pas là ? J'pourrais même pas essayer qu'il reste et ce sera trop tard et ça servirait plus de partir d'ici ! Il peut se passer plein de trucs pas bien en trois ans !"

Surtout que si elle ne tentait pas de s'échapper ses proches ne sauraient jamais qu'elle n'était pas à sa place ici, ils penseraient qu'elle aimait bien être ici et qu'elle voulait tranquillement finir ses études alors son aîné n'aurait aucune raison de l'attendre... Peut-être envisageait-il déjà d'intégrer l'école qu'il y avait à Oldham, pleine de gens qu'elle ne connaissait pas et qu'il verrait sûrement pendant les vacances sans prendre la peine de s'intéresser à elle en dehors des heures de repas et de son anniversaire... S'il décidait qu'elle était assez importante pour daigner lui accorder sa compagnie pour son douzième anniversaire... Candlynn n'était pas certaine que cela puisse se passer comme ça, mais dans le doute, mieux valait ne pas prendre de risques. Elle écrirait à l'adolescent au plus vite pour lui faire part de ses craintes sur le sujet. Il les prendrait sûrement en compte, ferait tout son possible pour la rassurer et attendrait bien sagement qu'elle trouve un moyen pour rentrer...

« Merci. »

La gamine se contenta de sourire. Personne n'en saurait jamais rien et il était difficile pour elle de laisser sa meilleure amie à l'intérieur du château, toute seule, alors qu'elle-même repartait vivre sa vie le plus normalement du monde. C'était la première véritable amie qu'elle avait eu dans son existence et bien qu'elle n'y connaisse pas grand chose, elle n'avait la moindre envie de l'abandonner. L'avait-elle laissé seule, elle, alors qu'elle aurait eu mille et une occasions de se faire d'autres amies qui connaissaient le monde magique aussi bien qu'elle ? Non, absolument pas ! Alors il n'y avait pas de raisons pour qu'elle le fasse. Jeremiah n'était pas à deux jours près pour la revoir, il pouvait bien attendre qu'elles trouvent une solution pour partir toutes les deux... Son pauvre frère qui était tout seul, elle ne savait trop où, à devoir supporter son absence en plus de ses parents... Elle ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir de l'abandonner de nouveau...

« C’est quoi d’après toi ? »

La jeune Zuckowski qui n'avait pas lâché ce coin d'herbe des yeux releva la tête vers son amie, grimaçant légèrement sous la réflexion. Ça pouvait en être des choses, mais de là à pouvoir le savoir exactement... Bien sûr le jeune homme, lui, aurait trouvé d'un simple regard et se serait gentiment moqué d'elle et de son inculture...

"Une trappe secrète ? Ou peut-être un passage spatio-temporel en plante ? Ou une trace martienne ? Ou bah un piège des monstres dévoreurs de cerveaux de la forêt ? Ou alors un bébé jardin ?" énuméra t-elle avec un sérieux effrayant. "Je sais pas encore trop bien faire la différence..."

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"Vraiment ? Pour de vrai de vrai ? Ça va être trop bien !"

Bailee regrettait infiniment ce qu’elle venait de dire, la petite fille était beaucoup trop enthousiaste à son gout, et l’espèce de danse bizarre qu’elle effectua au milieu du parc désert, ne lui plut pas particulièrement. Cependant, elle ne ressentit pas le besoin de l’attraper par le bras pour l’en empêcher, elle était presque heureuse d’avoir réussis l’exploit de faire le bonheur de son amie en quelques mots seulement. Si cet idiot de Jeremiah aimait les dessins, elles allaient lui en faire un, et peut-être qu’après avoir rayé la petite Margaret de l’équation, elle pourrait s’occuper du problème Jeremiah, puisqu’elle retrouvait en ce petit garçon détestable exactement les même « inconvénients » que lui posaient sa stupide petite sœur. Il constituait un obstacle entre Candlynn et elle, et elle partait du principe qu’aucun obstacle n’était insurmontable. Si elle devait marcher sur Jeremiah, et même la piétiner pour obtenir la place de favorite dans le cœur de sa meilleure amie, elle n’aurait aucun scrupule à le faire. Bien entendu, elle se gardait bien d’exprimer ce genre de pensée à voix haute, c’était sans doute un moyen radical de mettre fin à leur amitié si jamais l’envie lui en prenait. Candlynn lui laissait passer beaucoup de choses, beaucoup trop même, mais elle ne lui pardonnerait sans doute jamais d’avoir ne serait-ce qu’émis l’hypothèse de faire disparaitre son frère. Bailee pouvait sans doute se permettre une crise de jalousie, sans que son amie la renie pour de bon, mais pas une tentative de meurtre.

« Oui, oui, pour de vrai. Mais je ne sais pas dessiner. »

Bailee faisait preuve de beaucoup trop de mauvaise volonté pour quelqu’un qui venait de proposer l’idée à l’instant. Elle savait qu’elle ferait ce dessin quoi qu’il arrive, ne serait-ce que par peur de décevoir la petite fille, elle avait l’air tellement heureuse de voir que la serdaigle s’intéressait enfin à elle, il aurait été particulièrement monstrueux de sa part de réduire ses espoirs à néants avec seulement trois mots. Et puis, tant que ce petit effort de sa part, n’impliquait pas qu’elles se mettent à dessiner tous les soirs au coin du feu avant d’aller au lit, ça ne lui demandait pas grand-chose, elle pouvait se le permettre. Bailee jetait bien souvent un regard en coin lorsque son amie se mettait à dessiner pour son frère, mais elle n’avait jamais vraiment eu envie de l’imiter, préférant de très loin la compagnie d’un de ses livres. Elles passaient peu de temps à la bibliothèque, le château offrant bien trop de tentation et de possibilités pour qu’elles aient envie de passer leurs journées entre quatre murs. En voyant tous les élèves studieux griffonner à toute vitesse, elle s’était dit que son heure viendrait largement assez vite, et qu’il était tout à fait naturel de profiter des plaisirs que lui offraient l’immense domaine, pendant qu’elle en avait le temps. Cependant, elle obligeait tout de même son amie à s’y rendre de temps à autre, non pas pour y rester, mais pour venir chercher de nouveaux livres et reposer les anciens qu’elle avait enfin terminé. La petite fille ne passait pas beaucoup de temps à parcourir les lignes des passionnants ouvrages qu’elle choisissait, mais elle avait pris depuis longtemps, la très mauvaise habitude de lire en diagonale, elle dévorait donc ses romans comme ses livres de cours à une vitesse incroyable. Elle se rendait souvent compte un peu plus tard qu’elle était passée à côté d’un maximum de détails important, mais tant qu’elle comprenait l’histoire, elle n’y voyait pas d’inconvénient majeur.

"Mais s'il quitte la maison pendant que je suis pas là ? J'pourrais même pas essayer qu'il reste et ce sera trop tard et ça servirait plus de partir d'ici ! Il peut se passer plein de trucs pas bien en trois ans !"

Encore et toujours son frère, elle ne s’en débarrasserait donc jamais ? De toute façon, elle ne voyait pas vraiment de quoi avait peur Candy, de ce qu’elle en avait vu à la gare, il n’était pas assez âgé pour quitter le cocon familial, et il y avait donc de grandes chances pour qu’il se trouve sur le quai, attendant bien sagement d’apercevoir le sourire radieux de la petite fille, ravie de pouvoir rentrer chez elle. Ce tableau merveilleux serait terni par Bailee qui suivrait sa meilleure amie avec une moue boudeuse, dépitée d’avoir échouée lors de ses tentatives d’évasion et désireuse de rentrer chez elle au plus vite, sans que la scène des retrouvailles s’éternise.
Cette pensée n’était pas vraiment réjouissante, et Bailee s’empressa de la ranger dans un coin de sa tête. Elle pourrait attendre la fin de l’année scolaire pour la ressortir et angoisser à ce sujet. Elle s’était déjà sentie complétement à part en voyant son amie pleurer comme une madeleine en montant dans le train, et encore, elle ne s’était pas encore attachée à elle, elle ne voulait pas imaginer le retour. Pour l’instant, Bailee devait surtout trouver un moyen de rassurer sa meilleure amie, c’était sans doute perdu d’avance, mais ça ne coutait rien d’essayer.

« Il ferait pas ça. Il a l’air d’avoir perdu une jambe sans toi, il pourra pas marcher pour partir de toute façon. »

Bailee n’était pas convaincue que lui laisser imaginer son frère démembré en son absence soit une excellente méthode pour la rassurer, mais c’était vraiment le maximum qu’elle pouvait faire, elle ne se voyait vraiment pas lui rappeler à quel point il l’aimait, et ce qu’il devait endurer pendant cette longue année de séparations. Les propos gnagnans de ce genre sortaient rarement de sa bouche, et lorsqu’elle pouvait l’éviter, elle le faisait volontiers.
Pourtant, ce n’était pas faute d’en entendre des phrases cucu la praline, ses parents l’appelaient la plupart du temps « mon petit poussin » ou d’autres surnoms ridicules dans ce gout-là, mais elle ne leur rendait jamais, répondant la plupart du temps par un simple grognement avant de s’enfermer dans sa chambre. Heureusement pour ses géniteurs, elle n’était pas comme ça en permanence, elle pouvait passer du monstre au petit ange. Il lui arrivait de proposer de faire les tâches ménagères, d’accompagner sa maman pour faire les courses, voire même de partir en promenade en famille, mais c’était en général pour tenter de noyer Margaret dans l’étang, ce que ses parents n’avaient pas encore réussis à comprendre.
Bailee commençait à se demander combien de temps elles allaient devoir marcher autour du château avant de trouver un super passage secret, lorsque Candlynn l’arrêta. Peut-être qu’elles venaient enfin de trouver leurs tickets de sortie, après tous les efforts qu’elles avaient fournis, ils étaient plus que mérités.

"Une trappe secrète ? Ou peut-être un passage spatio-temporel en plante ? Ou une trace martienne ? Ou bah un piège des monstres dévoreurs de cerveaux de la forêt ? Ou alors un bébé jardin ? Je sais pas encore trop bien faire la différence..."

Bailee la dévisagea un instant, ne sachant pas vraiment si elle devait rire, pleurer, rentrer dans son dortoir, en se demandant si elle avait rêvé, ou encore lui expliquer calmement que ce n’était pas vraiment ça. En même temps, pour une des idées, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même, les monstres mangeurs de cerveaux étaient son invention, et elle aurait dû être plutôt fière de voir que sa meilleure amie avait bien retenue sa leçon. Mais pour le reste…. Les bras lui en tombaient, comment pouvait-elle imaginer tout ça elle-même ? On était, certes, dans le monde des sorciers, mais ce n’était pas pour cela que tout devenait subitement possible. Les martiens existaient peut-être, mais il n’y avait aucune trace martienne sur terre à sa connaissance, et ce n’était certainement pas un petit trou dans un parc qui allait déclencher une révolution. Un bébé jardin encore moins, pourquoi en plein milieu de nulle part ? C’était stupide, tout le monde risquait de marcher dessus, elle n’en voyait pas vraiment l’intérêt. Mais malheureusement, la petite fille n’en voyait pas vraiment l’intérêt. Peut-être était-ce un passage secret, ou quelque chose de magique qui allait les transporter loin, très loin d’ici. La petite fille avança prudemment un pied sur l’espace bien délimité et appuya doucement pour savoir si le sol allait s’écrouler ou pas. Visiblement, ça semblait solide, finalement ce n’était peut-être qu’un trou de taupe, rien de plus. Mais elle avait simplement appuyé avec un seul pied, son poids tout entier allait peut-être changer les choses. Cependant, bien que ce soit sans doute stupide, elle avait un léger doute à l’idée de devoir se mettre debout entièrement sur ce petit coin de terre. Elle finit tout de même par se raisonner, ce n’était pas un petit obstacle comme cela qui l’arrêterait.

« Je crois qu’il n’y a rien à craindre… »

C’était plus une question qu’une affirmation, mais elle se doutait bien que Candlynn n’avait pas la réponse. La jeune Browning ferma les yeux et déplaça son autre pied à côté du premier s’attendant à ce que tous les malheurs du monde s’abattent subitement sur sa tête…

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[HJ: C'est court et nul, désolée...]

« Oui, oui, pour de vrai. Mais je ne sais pas dessiner. »

Candlynn haussa les épaules en souriant toujours autant. Comme si c'était grave, qu'elle ne sache pas dessiner. La fillette ne voyait pas le dessin en lui-même comme la pièce centrale de l'histoire mais plutôt le fait qu'elle le lui propose et peut-être même mieux encore, qu'elle s'y tienne. Elle allait faire un truc avec sa meilleure amie qui fasse partie de son univers à elle et mieux que ça encore, elle allait le faire pour son frère. Bailee allait mettre la main à la pâte pour quelque chose de destiné à Jeremiah et rien ne pouvait lui faire plus plaisir pour l'instant, si ce n'est peut-être trouvé enfin le trou qui les mènerait vers la sortie... Elle était certaine qu'il ne s'attarderait pas sur la manière dont son amie se débrouillait avec un crayon mais davantage sur l'évolution flagrante qu'avait subi leur relation, depuis cette rencontre avec une gamine capricieuse jusqu'à aujourd'hui, où elles pouvaient se mettre à deux pour quelque chose qui n'avait pas le moindre intérêt pour la Browning.

La Serdaigle se prit à rêver d'une nouvelle lettre où il reviendrait sur ses propos, faisant l'éloge de sa meilleure amie, s'excusant d'avoir douté de sa capacité à s'entourer des bonnes personnes et lui promettant qu'il ferait tous les efforts du monde pour tisser avec elle des liens cordiaux. Ce à quoi Bailee ne serait certainement pas ravie... Mais là encore, elle préférait flirter avec l'utopie, imaginant son amie avec un sourire radieux, se prenant elle-même à espérer trouver en lui le grand frère qu'elle n'avait pas... Et là, la réalité ne pouvait que revenir brutalement. Elle ne voulait pas qu'il soit le grand frère de quelqu'un d'autre, elle avait déjà Margaret, elle n'avait qu'à devenir proche d'elle au lieu de la détester. Il valait finalement mieux qu'il se contente de critiquer sa manière de dessiner, ce à quoi elle répondrait que c'était pas très gentil ais que c'était pas très grave parce que c'était un peu vrai et la vie continuait comme elle l'avait toujours fait jusque là, sans la moindre ombre au tableau.

"Tu vas voir, c'est facile." assura t-elle en hochant doucement la tête.

Pour la première fois de sa courte vie, elle se mit à espérer que les choses ne soient pas parfaites dans le plus parfait des mondes. Il fallait que son frère se montre jaloux et désagréable envers son amie. Il fallait que Bailee ne l'apprécie pas davantage. Il fallait que leur inimitié aussi réciproque qu'injustifiée reste comme elle l'était depuis l'entrée à Poudlard des deux enfants. Elle ne put s'empêcher de se faire remarquer que ce n'était pas très bien de penser ça mais en fin de compte, qui est-ce que ça pourrait gêner ? Ils ne se côtoieraient jamais en dehors de cet affreux quai de gare, ils n'auraient jamais à se supporter, à converser, à se connaître alors ça n'avait pas beaucoup d'importance... Elle ne pouvait que craindre que si elle aimait Bailee, Jeremiah finisse par en faire de même. Et ça, jamais elle ne pourrait l'accepter, aussi fort qu'elle puisse aimer sa meilleure amie, il fallait à tout prix qu'elle reste loin de lui.

« Il ferait pas ça. Il a l’air d’avoir perdu une jambe sans toi, il pourra pas marcher pour partir de toute façon. »

L'image de son pauvre frère mutilé ne mit pas bien longtemps à s'installer dans son esprit, lui faisant ouvrir de grands yeux horrifiés. C'était une vision absolument insoutenable. Mais comment pouvait-elle savoir ça alors qu'on ne lui avait rien dit dans les nombreuses lettres qu'elle avait reçu depuis qu'elle était entrée à l'école ? C'était injuste ! Mais il n'avait pas souffert au moins ? Comment est-ce que ça avait pu arriver ? Il était toujours prudent, trop peut-être, il fallait toujours attention à ce qu'il faisait, où il mettait les pieds... Rien qui puisse laisser penser qu'il puisse lui arriver un malheur un jour. A moins que ça ne soit plus grave que ça encore... Peut-être qu'ils avaient eu un accident de voiture ? Ça avait failli leur arriver plus d'une fois lors de leurs voyages mais dieu merci, il n'y avait jamais rien eu de grave. Pourquoi avait-il fallu que ça leur arrive alors qu'elle était enfermée ici, loin d'eux ? Comment pourrait-elle se pardonner un jour le terrible abandon dont elle avait été l'auteur bien malgré elle ? Non... Candlynn ne pouvait pas imaginer un seul instant que ça ne soit qu'une façon de parler, lorsque ça concernait son aîné, ça ne pouvait qu'être la terrible vérité, celle-là même qui la poussait à vouloir s'évader.

"Hein ? Mais quand ? Comment tu sais ?"

Sa voix était présente et inquiète, pleine de sanglots que la fillette retenait du mieux possible. La jeune Zuckowski en avait même oublié ce qu'elle cherchait, pourquoi elle le cherchait... Plus rien n'avait d'importance que l'état visiblement préoccupant de son pauvre Jeremiah. Elle ne comprenait toujours pas comment on avait pu la laisser dans l'ignorance, imaginant certainement que personne ne viendrait jamais le lui raconter et qu'elle ne remarquerait rien en rentrant chez elle... Est-ce que c'était les Browning qui avait prévenu Bailee ? Elle ne pouvait concevoir que ses propres parents soient les auteurs d'une telle trahison. Heureusement que son amie était là, bien que le ton détaché qu'elle avait employé pour lui annoncer la sombre nouvelle la déconcertait légèrement. Elle se serait probablement douté que ce n'était pas la réalité si seulement elle y avait fait plus attention. Manque de chance, loin d'elle l'idée de s'intéresser à autres choses qu'aux mots terribles qu'elle avait prononcé, qu'importe l'air ou les gestes qui les accompagnaient. Il fallait qu'elle ait une réponse au plus vite.

Sa meilleure amie ne sembla pas particulièrement apprécier les idées qu'elle lui proposa quand à l'espace d'herbes pas pareil que tout le reste. Peut-être s'attendait-elle à ce qu'elle lui donne une seule et même réponse, avec une confiance et une certitude qui ne pourrait que la convaincre ? C'était possible... Enfin, toujours était-il qu'elle ne lui répondit rien et s'approcha, posant un pied dessus. Candlynn n'était pas particulièrement rassurée. Si c'était vraiment un piège des monstres mangeurs de cerveaux, elle allait peut-être mourir et ça lui semblait suffisamment grave pour ne pas essayer à son tour. Cependant, rien ne se passa. Ce qui exclut également le passage spatio-temporel en plante, voire même la trappe secrète. Peut-être que c'était une trace extraterrestre qui venait de la contaminer pour toute sa vie ? Ou alors qu'elle avait piétiné les plantations d'un bébé jardin abandonné ici ?

« Je crois qu’il n’y a rien à craindre… »

Elle posa son deuxième pied. Les fillettes attendirent un instant mais rien ne vint. La Serdaigle grimaça de déception lorsqu'une espèce de patte plate qui ressemblait à une toute petite pelle apparut juste à côté du pied droit de Bailee avant de disparaître aussi tôt. La gamine poussa un cri en se reculant brusquement, laissant tomber son sac et tout ce qu'il pouvait contenir se répandit sur l'herbe verte.

"Y'a un monstre pelle dessous toi !"

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"Tu vas voir, c'est facile."

Bailee en doutait fortement, mais ce n’était pas important pour le moment. Ce n’était pas comme si son amie allait l’entrainer immédiatement dans la salle commune pour commencer son apprentissage. La petite fille n’avait jamais été très douée pour toutes les activités manuelles, son père plaisantait souvent avec elle, en lui disant qu’elle n’avait malheureusement pas réparti tous ses atouts de manière équitable, ce qui avait le don de l’énerver plus qu’autre chose. De temps à autre, ses parents leur faisaient faire des activités manuelles, tel que de la peinture ou du collage, sa sœur et elles s’asseyaient donc à la table de la cuisine et passaient une, voire deux heures à tenter de créer quelque chose de joli. Bailee avait vite réalisé que sa petite sœur était bien meilleure qu’elle à ce petit jeu, et c’était très loin de lui plaire. Elle ne comprenait pas pourquoi Margaret réussissait à mélanger les couleurs, être imaginative ou originale, alors qu’elle-même n’y arrivait pas. Bien évidemment, elle s’était empressée de demander à sa mère de l’inscrire à un cours de dessin pour compenser ses lacunes, mais celle-ci avait accepté à la seule condition qu’elle emmène sa sœur avec elle, parce que pendant les rares moment, où elle tentait de créer quelque chose de ses mains, elle était bien trop concentrée pour penser à s’en prendre à sa petite sœur. Cela faisait de ces instants, de bons souvenirs pour les deux petites filles, dans l’esprit de ses parents, et ils voulaient à tout prix que ça continue. Bien sûr, Bailee avait immédiatement renoncé à l’idée de suivre les cours lorsqu’elle avait appris ce que ses géniteurs avaient en tête et n’en avait plus jamais reparlé ensuite. Elle se contentait donc de participer lorsque sa mère lui demandait, mais évitait le plus possible, tous les crayons de couleurs, feutres et tubes de peinture qui trainaient dans sa maison. C’était d’ailleurs pour cette raison, entre autres, que l’idée qu’elle venait pourtant d’avoir, ne l’enchantait pas.
De toute façon, il était inutile que Candy tente de lui enseigner quoi que ce soit, la petite fille ferait preuve d’une mauvaise volonté évidente, feignant de ne pas comprendre même si en vérité elle savait très bien où son amie voulait en venir. Ce serait un juste retour des choses après tout, Candlynn faisait preuve d’une incroyable stupidité parfois, Bailee se sentait toujours obligée de tout lui expliquer pour qu’elle réussisse à comprendre enfin ce qu’elle lui demandait. Malheureusement, elle allait encore se faire un plaisir de le lui prouver.

"Hein ? Mais quand ? Comment tu sais ?"

Bailee leva les yeux au ciel, elle était persuadée que la petite fille n’aimerait pas l’image de son frère mutilé, mais elle n’avait jamais pu imaginer qu’elle prendrait une simple métaphore pour un fait réel. Tellement d’éléments ne collaient pas, comment avait-elle pu ne serait-ce qu’une seule seconde envisagé que ce soit une réalité. Déjà, elle avait simplement dit qu’il « avait l’air d’être» et non pas qu’il avait été mutilé, ensuite, il était impensable que Bailee ait été mise au courant, mais que Candy n’en ait rien su. A sa connaissance, les deux familles n’étaient pas restées en contact, peut-être que sa mère avait laissé son numéro, en pensant qu’il pourrait être rassurant pour une famille de moldu, de pouvoir se rassurer sur le sort de leur petite fille de temps à autre, mais ils n’avaient certainement pas commencé à échanger leurs petits problèmes et à tenter de trouver des solutions ensemble, ou du moins, elle l’espérait. Si ça avait été le cas, c’était très mauvais pour Bailee. La petite fille ne voulait pas que ses parents la décrivent comme la petite fille capricieuse, désagréable, voire insupportable qu’elle était au quotidien. Elle avait bien trop peur qu’ils lui enlèvent sa meilleure amie pour tenter d’apprécier un éventuel rapprochement entre les deux familles.
Ce n’était pas à l’ordre du jour, pour le moment elle devait expliquer à Candlynn que tout ce qu’elle avait voulu lui dire était que son frère ne pouvait pas vivre sans elle. Non, là encore c’était une mauvaise formulation, mais l’idée était là, il fallait juste qu’elle trouve le moyen de le lui faire comprendre calmement. Bailee s’arrêta pour la deuxième fois depuis le début de leur marche lente, elle se retourna vers son amie, et soupira avant de réitérer son explication de manière à être la plus claire possible.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. C’était une image, une façon de parler. Ce que je veux dire c’est… Ton frère et toi, vous faites tout ensemble, je pense pas qu’il soit capable de décider un truc sans toi, enfin pas un truc grave. S’enfuir de sa maison, c’est grave. »

Bon, ce n’était pas beaucoup mieux qu’avant, mais au moins, elle avait essayé. La petite fille commençait sérieusement à se demander si elle n’allait pas finir par perdre sa journée. Qu’avait-elle fait depuis ce matin ? Elle s’était assise au pied d’un arbre pour trouver une idée qui n’était jamais venue, avait longé une clôture pour trouver un passage secret qui n’existait pas, et avait écouté sa meilleure amie parler de son frère et de sa petite famille, sans vraiment comprendre ce qui les unissait, sans oublier le projet de dessin dans lequel elle s’était lancé. C’était vraisemblablement, une très mauvaise journée, il aurait été stupide de le nier.
Heureusement, les efforts de la petite fille durent récompensés, puisqu’elles finirent par découvrir un coin de terre qui ne ressemblait pas vraiment au reste de l’immense terraient qu’elles avaient parcouru jusque-là. Cependant, Bailee n’était pas sûre que cette découverte soit si majeure que ça, elle imagina un instant qu’il puisse s’agir d’un passage temporel, c’était stupide de sa part, mais ça aurait pu être tellement drôle. La serdaigle ne put s’empêcher de tenter l’expérience, mais comme elle avait pu le prévoir, il ne se passa rien du tout, elle resta plantée comme une idiote, et dut bien se résoudre à ouvrir les yeux, même si elle n’avait pas vraiment envie de voir le parc s’étaler devant elle.

"Y'a un monstre pelle dessous toi !"

L’exclamation de Candlynn la fit sursauter. La serdaigle baissa rapidement les yeux vers ses pieds, mais ne vit rien qui puisse lui laisser penser que quelque chose avait surgit du sol pour la dévorer, l’attaquer ou quoi que ça puisse être. Cependant, la petite fille préféra reculer de quelques pas, légèrement effrayée par ce qu’il aurait pu se produire si ce « monstre » avait surgit juste sous sa chaussure. Elle aurait pu avoir le pied coupé, ou bien endommagé par un coup de pelle venant de nulle part… Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Les monstres pelles ça n’existaient pas, là encore, Candy prenait le monde des sorciers pour un univers parallèle où tout devenait possible et vivant. Pourtant ce n’était pas le cas, mais pour le coup, Bailee ignorait comment le lui expliquer. Si elle avait pris la peine de lui dire que les objets inanimés ne pouvaient pas être vivants, sa meilleure amie lui aurait certainement répondu que les balais pouvaient bien voler dans les airs, alors pourquoi les pelles ne pouvaient-elles pas creuser toute seule ? La petite fille avait beau savoir ce que ce n’était pas, elle ne savait pas non plus ce que ça pouvait être. Un animal ? Mais quel animal pouvait se confondre avec une pelle… Une taupe n’était pas spécialement grise, ni plate, mais à part ça, elle ne voyait pas bien quel petit monstre pouvait parcourir le parc de Poudlard.
Faute de mieux, elle regarda sa meilleure amie avec un léger sourire, s’apprêtant une fois de plus à réfuter sa grande théorie. Candlynn devait en avoir assez d’avoir tort en permanence, pourtant elle ne semblait pas s’en soucier plus que ça, se contentant simplement d’admettre que ce qu’elle venait de dire ne tenait pas la route.

« Candy ! Les monstres pelles, ça n’existe pas. »

Bailee en aurait presque rit, si elle s’était réellement rendue compte de ce qu’elle venait de dire. Les monstres, elle y avait cru lorsqu’elle était haute comme trois pommes. La serdaigle avait fait comme tous les enfants, elle avait appelé ses parents pendant la nuit pour qu’ils vérifient que rien ne se cachait sous son lit, elle s’efforçait de se rouler en boule pour éviter que la chose au bout de son lit lui dévore les yeux. Mais maintenant, elles étaient grandes toutes les deux, il était grand temps d’oublier leurs frayeurs de petites filles et de devenir réalistes.

« On peut creuser pour voir ce que c’était non ? »

La petite fille s’agenouilla sans attendre, et tenta de commencer à enlever la terre, regrettant presque aussitôt d’avoir d’aussi petites mains.

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Alors qu'elle venait de lui avouer que ce n'était pas difficile, qu'elle n'avait pas à s'en faire, Bailee ne semblait pas particulièrement convaincue. La Serdaigle n'y fit pas véritablement attention, elle verrait bien par elle-même qu'il n'y avait rien de sorcier. Après tout, si elle y arrivait c'était bien que tout le monde pouvait en faire autant ! Il n'y avait donc presque aucun doute qu'elle parviendrait sans grand mal à un résultat satisfaisant si elle le voulait vraiment... Le problème était probablement là, elle finissait par la connaître et il n'y avait que très peu de chance qu'elle se décide à s'y investir réellement. Elle le ferait certainement simplement parce qu'elle le lui avait dit, ce qui lui suffirait largement, faute de pouvoir en espérer davantage.

Quant à cette histoire de mutilation concernant le pauvre Jeremiah, sa meilleure amie parut prise un peu au dépourvu comme si elle ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part. Qu'aurait-elle pu attendre d'autre alors qu'elle venait de lui apprendre de qu'elle ne savait pas et ce qu'elle n'aurait probablement jamais su autrement ? Elle n'allait certainement sauter de joie et s'enthousiasmer d'une telle nouvelle ! Elle s'arrêta une nouvelle fois et se tourna vers elle derechef. Candlynn ne comprit pas les raisons d'une telle mise en scène, elle voulait juste des réponses, elle voulait juste savoir comment ça avait pu arriver et surtout pourquoi elle n'était au courant de rien, elle s'arrêta néanmoins en même temps, attendant la suite non sans appréhension. Son pauvre frère... Et elle qui était si loin d'ici à vivre en toute insouciance comme si tout allait pour le mieux et qu'il n'y avait jamais eu la moindre raison de s'inquiéter. Elle savait bien que sa famille avait toujours voulu la protéger au maximum mais de là à lui cacher de si sombres évènements, elle ne comprenait pas...

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. C’était une image, une façon de parler. Ce que je veux dire c’est… Ton frère et toi, vous faites tout ensemble, je pense pas qu’il soit capable de décider un truc sans toi, enfin pas un truc grave. S’enfuir de sa maison, c’est grave. »

La fillette mit un moment à saisir réellement le sens des mots de son amie, restant immobile et silencieuse sans trop savoir quoi faire. Elle ne pouvait que lui faire confiance, si elle disait qu'il n'avait finalement rien, c'était sûrement vrai. Elle l'aurait sû, de toute façon... Hein ? Oui... Elle l'aurait su, elle n'aurait pu que le savoir, qu'être mise au courant à défaut d'en ressentir le problème concrètement. Elle avait entendu dire parfois qu'on pouvait savoir si les gens qu'on aimait vraiment allaient mal, même s'ils étaient à des kilomètres, aussi elle espérait que ça puisse être le cas avec son aîné. Ca ne pouvait que l'être, il n'y avait pas de personne au monde dont elle soit plus proche, qu'elle aime davantage que le jeune homme. S'il lui arrivait quelque chose, elle le saurait avant même de recevoir un hibou et aurait certainement déjà remué ciel et terre pour fuir au plus vite, et qu'importe s'il fallait se faire renvoyer à tout jamais pour ça. Il valait bien plus que tous les sortilèges du monde, et s'il fallait faire une croix sur quelque chose, ce serait sans la moindre hésitation sur sa scolarité à Poudlard qu'elle la tracerait.

"Ah. D'accord... D'accord... Il a rien alors... On peut continuer à chercher le trou dans ce cas !"

La jeune Zuckowski avait retrouvé son enthousiasme aussi vite qu'elle l'avait perdu, souriant joyeusement alors qu'elle se remettait en marche, comme si rien ni personne ne l'avait jamais arrêté dans son entreprise. Bien sûr, la pensée silencieuse qu'il pouvait arriver quelque chose aux siens alors qu'elle était enfermée ici sans aucun moyen de sortir avant trois longues, affreuses et interminables années s'installa durablement dans son esprit. S'il avait pu lui arriver quelque chose là, il pourrait lui arriver n'importe quoi. Comment pourrait-elle s'en remettre si elle se retrouvait orpheline alors qu'elle était sagement en train d'apprendre à faire bouger un arbre ou voler un oreiller ? Et puis, où pourrait-elle aller ? Elle n'était même pas sûre des cousins et des tantes tant elle n'avait jamais vu le reste de sa famille. En avait-elle croiser au moins une fois ? Pourrait-elle rester dans l'école ? Elle n'était pas certaine d'en avoir envie mais ça lui éviterait d'avoir à s'habituer à autre chose, ça avait été suffisamment compliqué comme ça de trouver ses marques à Poudlard... Elle n'avait jamais entendu parler de personne qui vivait au château toute l'année et il semblait même que la Directrice en personne ait une autre maison pour les vacances... Il lui apparaissait donc peu probable qu'on l'autorise à rester seule dans une maison aussi grande et pendant deux mois tout entier. Elle réalisa tout de même un peu tard que ses réflexions n'avaient pas lieu d'être, ses parents et son frère devaient aller pour le mieux, certainement à l'autre bout du monde. Dans sa dernière lettre, Jeremiah lui avait parlé de la Colombie et du Panama, ils devaient donc être quelques parts par là-bas. C'est ainsi qu'elle se laissa aller à rêvasser à la destination qu'ils auraient choisi pour les grandes vacances...

Le monstre pelle venait de faire une furtive apparition juste sous Bailee. La Serdaigle fut prise de panique. Si elle avait toujours dit qu'elle voulait voir les monstres de près, c'était surtout parce qu'elle n'en avait jamais vu aucun et qu'elle se doutait fortement que jamais son amie ne serait d'accord pour s'aventurer ainsi et partir à leur recherche. Elle ne s'était d'ailleurs même pas préparer à en voir rien qu'un que voilà qu'il arrivait telle une illusion et disparaissait tout aussi rapidement sans donner son reste. Avait-il eu peur ? Ou bien peut-être était-il parti chercher du renfort pour leur dévorer le cerveau sans risque ? Elle n'en savait rien mais elle n'était pas certaine de vouloir obtenir une réponse claire. Surtout que celle-ci risquait d'être effrayante. Elle n'avait jamais entendu parler d'un tel spécimen... Elle avait toujours préféré partir à la recherche d'elfes et de fées légendaires dans des forêts magnifiques que de risquer sa vie auprès de créatures sanguinaires. Il lui semblait être temps de regagner le hall et de remettre leur recherche à plus tard...

« Candy ! Les monstres pelles, ça n’existe pas. »

L'interpellée grimaça. D'une part, elle n'avait jamais beaucoup aimé qu'on l'appelle Candy, c'était généralement Jeremiah qui l'appelait ainsi. Ses parents eux-mêmes avaient plutôt pris l'habitude de lui trouver mille et un surnoms affectifs qui ne la dérangeaient pas le moins du monde et qui la confortaient dans l'idée que celui était la propriété exclusive de son aîné. Elle n'avait pourtant jamais fait la moindre remarque à sa meilleure amie lorsqu'elle l'utilisait à son tour, craignant de la voir partir bouder pour pas grand chose... Elle supportait donc sans broncher, espérant secrètement qu'elle arrêterait toute seule. D'autre part, si elle était prête à croire son imagination particulièrement fertile et débordante, il était tout simple hors de question de s'imaginer folle. Elle n'avait pas rêvé, il y avait bien eu une petite pelle étrange qui était apparue près de Bailee. Elle était là ! Elle l'avait bien vu ! Alors qu'elle pense ce que bon lui plaisait mais elle était bien convaincue que ça existait même si ça devait probablement avoir un autre nom que "monstre pelle".

"Mais si ! Y'en avait un juste là !" certifia la petite fille en désignant du doigt l'endroit où elle venait de le voir.

De toute façon, les monstres existaient bien, sinon personne n'aurait jamais pu écrire quoi que ce soit à leur sujet ! Il y avait des monstres dans presque chaque pays mais elle n'en avait encore jamais vu aucun. Leurs parents refusaient qu'ils les cherchent réellement, ce qui devait bien signifier qu'ils risquaient de tomber sur quelque chose. Souvent, après dîner, elle allai s'asseoir sur le lit ed Jeremiah qui se mettait à lui raconter les légendes qu'il connaissait et lui promettait qu'un jour, ils mettraient la main sur ces créatures introuvables. Pour l'instant, il n'y avait pas eu la moindre trace de monstres, tout juste quelques maisons soi-disant hantées dans lesquelles il ne faisait pas bien bon rester mais qu'ils visitaient tous les deux tant bien que mal pendant que Papa-Maman travaillaient. C'en suivaient des nuits blanches à écouter le moindre bruit qu'il pouvait y avoir au dehors, blottis l'un contre l'autre en espérant d'un même esprit que le jour se lève au plus vite.

« On peut creuser pour voir ce que c’était non ? »

Bailee n'attendit son avis, s'agenouilla dans l'herbe et commença son oeuvre. La gamine resta là à l'observer, pas sûre que l'idée soit très brillante. Il pouvait y avoir des choses étranges enfouies sous terre et elle n'était pas sûre de vouloir savoir ce qu'il y avait sous celle-ci. Le monde sorcier lui paraissait encore trop étranger pour avoir envie d'en découvrir les profondeurs mais elle se résigna tout de même et alla s'agenouiller à côté d'elle, se mettant à creuser également. Au bout d'une bonne minute, elle releva la tête, essuya ses mains sur son pantalon et se tourna vers sa meilleure amie, un brin inquiète.

"Et si c'est un monstre pelle ami avec des monstres dévoreurs de cerveaux et qu'on est en train de casser leur maison, tu crois qu'ils vont revenir pour nous tuer ?"

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"Ah. D'accord... D'accord... Il a rien alors... On peut continuer à chercher le trou dans ce cas !"

Bailee lança un regard surpris à son amie avant de se remettre en route. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’elle capitule si vite. La petite fille imaginait plutôt un torrent de larmes, les mêmes questions encore et encore, jusqu’à ce que la serdaigle trouve le remède miracle pour la consoler. C’était sans doute mieux ainsi, l’enthousiasme de Candlynn retrouvé, elles allaient pouvoir reprendre leurs recherches et peut-être retrouver leur liberté.
Enfin, ce n’était pas la vraie liberté. Ici elles devaient obéir à leurs professeurs, à leurs préfets et à leurs ainés en général, mais lorsqu’elle sortirait, elles devraient obéir à leur parent, et dans le cas de Candy, à son grand-frère également. C’était trop nul d’être une petite fille. Bailee aurait aimé être tout de suite une grande fille, pour pouvoir inventer sa propre vie, envoyer sa petite sœur en prison pour vol de parents, et faire tout ce qu’elle veut quand elle le voulait. Ça devait être tellement bien d’être une adulte. On pouvait regarder un film quand l’envie nous en prenait, ou manger des tonnes de bonbons, faire la fête toute la nuit sans aller dormir. C’était même ce que Bailee attendait avec le plus d’impatience. Elle détestait avoir une heure fixe pour le coucher, elle était obligée de se glisser sous les draps avec sa lampe de poche pour continuer à lire son livre ou à parcourir une bande dessinée, clignant parfois des yeux lorsque la luminosité était trop forte. Ce n’était pas le plus pratique pour se concentrer, elle sursautait à chaque bruit de pas, à chaque craquement de plancher, se demandant sans arrêt si un de ses parents allait venir vérifier si elle dormait bien.
Il faudrait créer un livre de lois pour enfants, avec un gouvernement pour enfants, qui serait dirigé par des enfants. Ses parents avaient tentés de lui expliquer la démocratie, en lui racontant qu’elle avait pour but de traiter tous les êtres humains de manière égale, Bailee n’avait pas bien compris, mais une chose était sûre, ce n’était pas encore ça. Les enfants étaient en permanence obligés d’obéir à leurs parents, alors qu’eux, n’avaient de compte à rendre à personne, ce n’était pas vraiment égal ça ! Peut-être qu’elle devrait envoyer une lettre au grand monsieur qui dirigeait le monde. Mais pour pouvoir le faire, elle devait d’abord sortir d’ici, et c’était loin d’être gagné.

"Mais si ! Y'en avait un juste là !"

Ce n’était pas l’honnêteté de Candlynn qui était remise en cause, mais plutôt sa capacité à reconnaitre la «chose » qui venait de faire son apparition. Bien que Bailee ne sache pas vraiment à quoi elles pouvaient avoir à faire, elle savait que les pelles ne creusaient pas des trous toutes seules dans la terre et ne pouvaient pas attaquer les êtres humains qui se mettaient debout sur leur petit coin de terre. Ses parents ne lui avaient d’ailleurs jamais appris à se méfier des pelles, et elle les avait utilisées au quotidien pendant son enfance.
Toutes les petites filles avaient déjà été dans un bac à sable, si les pelles, et les seaux étaient dangereux, les parents ne les autoriseraient sûrement pas à jouer avec. Quoi que, dans le cas de Bailee, le seau pouvait représenter un réel danger. Lors de leurs rares vacances en bord de mer, la petite fille s’était amusée à taper sur sa sœur avec, ce qui n’avait heureusement pas laissé de séquelles mais avait horrifiés ses parents, qui pensaient encore à cette époque qu’une bonne entente entre leurs deux filles était possible. Bailee n’avait eu absolument aucun regret, sa sœur n’avait même pas eu de gros pansement sur la tête, quelques larmes et c’est tout, ce n’était vraiment pas assez. Enfin, pas de regret, elle en avait un tout de même, celui de ne pas avoir pris un seau en pierre, en plomb, ou quelque chose de beaucoup plus lourd pour lui faire beaucoup plus mal. Si le monstre que Candy avait vu était véritablement une pelle grandeur nature, mais vivante, elle pourrait toujours tenter de l’attraper et de la ramener chez elle, placée ni vue ni connue dans la chambre de sa petite sœur, elle ferait l’assassin parfait et personne n’en saurait rien.

« Je dis pas que t’as pas vu quelque chose. Je pense juste que c’est pas possible que ce soit une pelle. C’est un objet, c’est pas vivant. Et puis même si ça l’était, qu’est-ce que ça ferait en-dessous ? Ca vit pas sous le sol, si ? »

Ou peut-être que la pelle avait un manche géant et que quelqu’un la tenait de l’autre côté de la planète. Dans ce cas, le monsieur ou la madame en question, s’amusait à creuser un immense trou dans la Terre, et elles s’apprêtaient à assister à la création du premier gouffre sans fond de toute l’histoire de l’humanité. C’était vraiment dangereux si tel était le cas. Elles allaient devoir alerter la police ou quelqu’un qui était responsable des trous dans les planètes. Le problème étant qu’elle n’avait aucune idée de qui pouvait bien être le responsable pour ce genre d’ennui. Une chose était sûr creuser d’aussi grand trou n’était pas bien. La petite fille n’osait même pas imaginer ce qu’il s’était produit si la terre s’était écroulée sous son poids. Elle aurait été entrainée dans une chute infiniment longue, peut-être qu’elle se serait arrêté de tomber à ses vingt ans ou plus parce qu’elle aurait rencontré une étoile un peu plus solide que les autres qui aurait pu l’accueillir. Ça aurait été un véritable désastre, sa famille l’aurait oublié bien vite, comprenant grâce aux explications de Candlynn qu’il était impossible de la retrouver vivante. Ils auraient alors décidés de vivre sans elle, formant le plus merveilleux des trios, choisissant même peut-être d’agrandir la famille pour la remplacer par un bébé nettement plus parfait qu’elle.
C’est vraisemblablement ce qui la poussait à découvrir si ce trou existait bel et bien. La petite fille s’agenouilla à terre, sans craindre de salir sa jupe et fut contente de voir que son amie semblait trouver son idée plutôt bonne puisqu’elle la rejoint rapidement.

"Et si c'est un monstre pelle ami avec des monstres dévoreurs de cerveaux et qu'on est en train de casser leur maison, tu crois qu'ils vont revenir pour nous tuer ?"

C’était une possibilité, mais les monstres ne vivaient pas sous terre. Si le parc était aussi dangereux, les deux petites filles ainsi que tous les autres élèves n’auraient pas le droit de s’y promener. On leur avait interdit l’accès à la forêt à cause des monstres qu’ils pouvaient rencontrer à l’intérieur. Mais les deux petites serdaigles restaient dans une école, elles ne pouvaient pas être sur leurs gardes en permanences, s’attendant de rencontrer un monstre ou quelque chose de méchant à chaque pas. Bailee allait encore devoir expliquer quelque chose à Candy. Sauf que cette fois-ci, elle n’avait aucune véritable raison à lui apporter. Elle n’était pas sûre de ce qu’elles allaient trouver en creusant, et encore moins que rester à proximité de ce monceau de terre était utile.
La petite fille s’arrêta pour réfléchir à la question, les monstres dévoreurs de cerveau étaient peut-être trop gros pour aller sous la terre, c’était tout ce qui pouvait la rassurer pour le moment. Et si Candy se faisait manger une main, tout serait de sa faute, et elle devrait expliquer à son grand-frère qu’elle avait failli tuer sa meilleure amie pour aller assassiner sa sœur. La famille Zuckowski la détesterait, mais au moins sa meilleure amie aurait réussis à rentrer chez elle, même si elle n’aurait plus jamais droit de la revoir.

« Je ne pense pas que les monstres vivent sous la terre, les professeurs nous en auraient parlé sinon. Mais on va faire bien attention en creusant pour pas se faire mordre par le truc que tu as vu. »

La petite fille se remit à la tâche sans plus attendre, mais un peu plus prudemment toutefois.

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« Je dis pas que t’as pas vu quelque chose. Je pense juste que c’est pas possible que ce soit une pelle. C’est un objet, c’est pas vivant. Et puis même si ça l’était, qu’est-ce que ça ferait en-dessous ? Ca vit pas sous le sol, si ? »

Encore heureux qu'elle ne lui certifie pas qu'elle n'avait rien vu, Candlynn avait beau être réputée rêveuse, elle n'était pas encore totalement folle et elle aurait bien voulu parier tous les cookies du monde qu'elle avait bel et bien vu quelque chose. Peut-être n'était-ce pas un monstre, peut-être n'était-ce pas une pelle, ni même un monstre-pelle bien que ça en avait franchement l'air mais une chose était sûre et même certaine, il y avait quelque chose sous ce sol. Elle aurait été incapable de dire quoi et son imagination voulait bien lui faire penser à n'importe quoi pour un peu que ce soit dangereux, inconnu voire même mortel mais elle n'avait pas le moindre doute sur la présence d'une créature étrange et pas "normale" juste en dessous d'elles. Là encore, la normalité avait perdu un peu de son sens puisque tout ce qui semblait normal à Bailee ne l'était pas forcément pour elle, si bien qu'elle ne savait plus très bien comme appeler ça. Un truc "sorcier" ? Oui, sûrement. Elle n'avait jamais vu de bébés pelles creuser toutes seules de toute sa vie, pas même dans les pays parfois un peu bizarres qu'elle avait eu la chance de traverser. De toute façon, ça ne ressemblait pas à une vraie pelle, c'était un peu comme si c'était une pelle-patte. Il devait y avoir quelque chose au bout de la pelle, d'où le terme enfantin de monstre-pelle. C'était probablement quelque chose d'énorme, de gigantesque, de monstrueux, quelque chose que personne n'avait jamais vu dans l'enceinte de Poudlard...

Elles risquaient peut-être même leurs vies... La Serdaigle ne parut pas plus effrayée que ça à cette idée. Et si c'était la dernière chose qu'elles faisaient avant de hanter tant bien que mal le parc ? C'était pas trop possible, ell avait cru comprendre que Poudlard était un lieu sûr, sans quoi ses parents ne l'auraient jamais laissé y aller, c'était pas plus compliqué que ça. Quand bien même il y aurait un monstre-pelle-dévoreur-de-cerveau qui apparaîtrait devant elles comme par magie, il y aurait des sorciers super forts armés de super baguettes magiques qui surgiraient de nulle part et terrasseraient la créature en moins de temps qu'il ne lui en aurait fallu pour prononcer son nom, parce que "monstre-pelle-dévoreur-de-cerveau" c'est quand même un peu long à dire.

"Mais non ! C'est pas vraiment une pelle ! C'est une patte-pelle. Le monstre, il doit avoir besoin de pelles pour creuser la terre sous le château alors au lieu de les mettre dans un sac comme nous on aurait fait et bah il les a mis en mains. En pieds aussi peut-être même, j'en ai vu qu'une. C'est pas un objet, c'est un monstre ! Je sais reconnaître un monstre quand j'en vois un quand même !"

D'accord, rien n'était moins sûr puisqu'elle n'avait jamais vu de monstre concrètement, sauf peut-être les Gobelins lors de son passage à Gringotts... Jeremiah lui avait dit que c'était pas vraiment des monstres mais des espèces de créatures à moitié humaine, qu'ils n'étaient pas inconnus aux gens qui n'étaient pas des sorciers puisqu'on en parlait dans beaucoup de livres et de romans, qu'il n'en avait jamais vu en vrai et qu'il n'aurait jamais pensé un seul instant en voir dans une banque. La fillette, elle, n'avait jamais lu les livres en question et ne voyait que des monstres qui faisaient peur qui comptaient des pièces d'un air méchant. Elle s'était contentée de dire merci quand celui qui les avait servi lui avait tendu de l'argent sorcier contre de l'argent moldu. Si seulement elle avait su, elle aurait demandé à son frère s'il savait quelque chose à propos des monstres-pelles ! Et des autres monstres en général, juste au cas où elle tomberait dessus par hasard au détour d'un couloir. Parce que si, c'était possible de tomber sur des trucs bizarres en se baladant dans le château: des tableaux qui parlent, des escaliers qui bougent, des fantômes, un fantôme qui faisait des blagues pas drôles, des armures qui marchaient parfois, des crapauds et des rats qui étaient verts, bleus ou rouges, des animaux qu'elle ne connaissait pas qui s'étaient échappés d'elle ne savait pas quoi... Alors delà à tomber sur un monstre, il n'y avait pas des kilomètres. Une chose était sûre, elle n'était à l'abri de rien même s'il y avait quelque part des super sorciers qui la défendraient sans attendre...

« Je ne pense pas que les monstres vivent sous la terre, les professeurs nous en auraient parlé sinon. Mais on va faire bien attention en creusant pour pas se faire mordre par le truc que tu as vu. »

La jeune Zuckowski hocha doucement la tête, regarda l'endroit qu'elle creusait avec un peu d'appréhension et reprit son travail sans broncher, essuyant régulièrement ses mains sur son pantalon qui se salissait à vue d'oeil, en plus des taches d'herbe qui se formaient à ses genoux... Les gens qui faisaient la lessive n'allait certainement pas être contents... Elle n'avait d'ailleurs jamais vu personne mais elle avait entendu parler d'Elfes de Maison, ce qui devait être un surnom affectif donné aux femmes de ménages, signifiant par la même occasion qu'il y avait bien quelqu'un qui s'occupait de tout ça. Alors qu'elle allait remettre les mains dans la terre, un museau long se fraya un chemin jusqu'à l'air libre, arrachant un hurlement à la gamine qui se recula d'un bond. Probablement appeuré, il disparut de nouveau avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit.

"Là ! C'était son nez ! J'suis sûre, c'était son nez !"

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"Mais non ! C'est pas vraiment une pelle ! C'est une patte-pelle. Le monstre, il doit avoir besoin de pelles pour creuser la terre sous le château alors au lieu de les mettre dans un sac comme nous on aurait fait et bah il les a mis en mains. En pieds aussi peut-être même, j'en ai vu qu'une. C'est pas un objet, c'est un monstre ! Je sais reconnaître un monstre quand j'en vois un quand même !"

Tout de suite, c’était beaucoup plus clair. Un monstre avec des pelles à la place des pattes ! C’était tellement plus logique que ce qu’elle lui avait dit jusqu’à présent. Bailee ne pouvait s’empêcher de faire preuve d’un scepticisme grandissant. Elles continuaient à creuser, et pourtant rien ne se passait. La petite serdaigle ne voulait pas spécialement remettre la parole de son amie en doute, mais pour l’instant rien ne laissait imaginer qu’il y avait eu un monstre quelconque à cet endroit.
Dans le doute, la petite fille continuait à creuser en espérant que Candy ne se trompait pas. Elle avait l’air tellement persuadée de ce qu’elle avançait, ce n’était sans doute pas le moment de réduire encore à néant tous ses rêves. Depuis son arrivée dans le monde des sorciers, son amie avait légèrement tendance à confondre la fiction avec la réalité et Bailee se demandait comment la petite ferait en son absence. Elle était finalement la seule personne à tenter de lui faire comprendre qu’il était vital de bien dissocier les deux, et même si elle passait le plus clair de son temps à la rappeler à l’ordre, elle avait l’impression d’agir pour le bien de son amie et non pas comme une simple rabat-joie.

« J’ai jamais entendu parler d’un tel monstre, mais si tu l’as vu, il doit exister. Peut-être que le monstre que j’imagine est pas vraiment celui que tu décris. Je pense que c’est dur de faire une vraie description, tu devrais peut-être le dessiner. »

Ce n’était qu’une simple suggestion. Bailee n’ignorait pas le penchant de son amie pour le dessin, et trouvait que mettre son talent à contribution cette fois encore n’était pas une sotte idée. Peut-être même pourraient-elles vérifier les dire de Candlynn auprès de leur professeur de Soins aux créatures magiques. Si celui-ci avait entendu parler du monstre en question, ses indications leur seraient utiles pour les aider à le retrouver.
Les deux petites filles s’étaient totalement écartées de leur objectif premier, mais Bailee n’en avait pas vraiment conscience. Ce monstre l’intriguait beaucoup plus qu’elle ne l’aurait imaginé et était presque déçue de ne pas avoir eu l’opportunité de constater sa présence de ses propres yeux. C’était une expérience intéressante à raconter aux membres de sa famille, leur raconter qu’elle avait lutté contre le mal à l’intérieur même de l’enceinte de l’école ne pouvait lui apporter que plus d’attention de la part de ses géniteurs. Peut-être même l’aiderait-il à ne plus jamais remettre les pieds à l’intérieur de l’établissement. Sa mère aurait bien trop peur qu’elle se fasse dévorer pour l’autoriser à revenir suivre une scolarité étrange parmi des individus qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer. La petite fille savait que cette idée était de l’ordre de l’utopie. Son père arrivait toujours à ses fins, et sa scolarité dans le monde des sorciers l’aidait à savoir où s’arrêtait la vérité et où commençait le mensonge dans la bouche de son ainée. Il aurait donc vite fait de rassurer sa femme en rigolant avec elle de l’imagination débordante dont pouvait faire preuve une aussi petite fille. Bailee partirait dans sa chambre en claquant la porte et en pleurant, et l’année prochaine, elle se retrouverait à nouveau assise à bord du Poudlard Express, la mine renfrognée, ressassant son échec inlassablement dans sa tête.
Un mouvement du sol lui fit stopper nette sa réflexion. Regardant le trou béant qu’elles venaient de creuser, elle ne put que reconnaitre que son amie avait raison finalement. Ce qui ressemblait à un museau venait de surgir, arrachant un hurlement à son amie, et laissant Bailee beaucoup trop ébahie pour qu’elle ait le réflexe de réagir. Le monstre était déjà retourné dans son trou avant même qu’elle ait eu le temps de réagir.

"Là ! C'était son nez ! J'suis sûre, c'était son nez !"

Cette fois-ci, elle ne pouvait pas dire le contraire. Soit ce monstre existait bel et bien, soit elles devenaient toutes les deux complétement folles, ce qui au lieu de les renvoyer chez elle, les conduirait tout droit à Sainte Mangouste. Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose finalement, l’hôpital était déjà plus proche de sa maison que l’école, et il lui serait sans doute plus aisé de s’en échapper puisqu’il n’était pas protégé par un sortilège. Cependant, elle n’était pas certaine de réussir à échapper à la vigilance des médecins, ils étaient même probablement pires que ses professeurs.
La petite fille n’en menait pas large à présent, la vue du monstre en personne lui avait fait perdre toute sa belle assurance, et elle commençait légèrement à paniquer. Son premier réflexe fut de s’écarter du trou de quelques centimètres. Si le monstre revenait pour les attraper, elles auraient le temps de se lever et de s’enfuir. Mais à présent, elle devait réfléchir à ce qui allait bien pouvoir se passer. Les deux petites serdaigles ne pouvaient évidemment pas continuer à creuser, elles risquaient d’énerver le monstre plus qu’autre chose et Bailee n’y tenait pas vraiment.

« On devrait peut-être aller voir un professeur. C’est peut-être dangereux. Ne t’approche surtout pas du trou. »

Bailee n’en menait pas large, et elle était légèrement inquiète compte tenu de l’insouciance dont faisait preuve sa meilleure amie en temps normal.

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« J’ai jamais entendu parler d’un tel monstre, mais si tu l’as vu, il doit exister. Peut-être que le monstre que j’imagine est pas vraiment celui que tu décris. Je pense que c’est dur de faire une vraie description, tu devrais peut-être le dessiner. »

Le dessiner ? Comme si elle avait vraiment le temps de le faire ! S'il y avait vraiment un monstre là, juste sous leurs pieds, Candlynn n'était pas certaine d'avoir envie de s'installer sur l'herbe pour dessiner une patte d'un monstre inconnu et qu'elle n'aurait probablement jamais l'occasion de connaître si elle s'arrêtait de creuser. C'était effrayant parce qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle pourrait trouver en continuant ainsi, mais ça n'avait aucune importance, maintenant qu'elles avaient commencé, il fallait aller jusqu'au bout et trouver ce qu'était ce monstre. S'il y avait des monstres dans le parc de Poudlard, elle voulait savoir, elle devait savoir ! Et s'ils s'avéraient être dangereux et dévoreurs de cerveaux, il faudrait se dépêcher pour sauver sa peau et aller prévenir quelqu'un du danger que courait l'école. Avec un peu de chance, elle serait fermée et elles pourraient rentrer chez elles dans la soirée. Non, décidément elle n'avait pas le choix, elle devait creuser encore et encore jusqu'à tomber sur le monstre-pelle qui rôdait dans le coin. La fillette secoua la tête et se mit à creuser avec plus d'entrain encore, jetant la terre derrière elle où commençait à se former un petit tas marron, s'étalant à moitié sur son sac sans qu'elle n'y prête attention.

"J'vais pas dessiner une pelle-patte ! Ca sert à rien ! On va le voir le monstre, il va arriver bientôt."

Non, elle n'était sûre de rien mais elle espérait tellement tomber dessus pour avoir de nouvelles choses à raconter à Jeremiah, plein de nouvelles choses. Peut-être qu'il s'imaginerait qu'elle était en danger et qu'il fallait venir la sauver. Sur quoi il embarquerait leurs parents quittent à prendre lui-même le volant et viendrait camper devant les grilles du château jusqu'à ce qu'on la laisse sortir ou qu'il puisse rester à l'école avec elle. Elle n'y avait jamais vraiment pensé, à cette idée. Est-ce que son frère pouvait venir la rejoindre à Poudlard ? Ils ne s'étaient jamais posé la question, ni l'un ni l'autre, depuis qu'elle avait reçu sa lettre. C'était elle qui était inscrite, pas lui, point. Mais pouvait-il s'inscrire quand même ? Ce serait plus simple si elle pouvait faire ses études dans la même école que lui tout de même, elle aurait moins envie de partir et pourrait se concentrer davantage sur ses cours. Il faudrait qu'elle pose la question à Bailee, à l'occasion. Pas maintenant, bien sûr puisqu'elle savait très bien qu'elle n'aimait pas l'entendre parler de son frangin à tout bout de champ et qu'il lui semblait qu'elle l'avait suffisamment fait pour le moment mais quand elles aborderaient leur dessin, peut-être que la Serdaigle pourrait discrètement glisser sa question entre deux conseils ?

« On devrait peut-être aller voir un professeur. C’est peut-être dangereux. Ne t’approche surtout pas du trou. »

Son amie s'était à son tour éloigné du trou qu'elles avaient creusé, peu rassurée. La jeune Zuckowski quant à elle, continuait de fixer la terre comme si le monstre allait surgir d'une seconde à l'autre mais visiblement, il avait d'autre chose à faire. Elle s'approcha prudemment et regarda de plus près mais il n'y avait rien. Il fallait trouver ce que c'était, voir le monstre pour de vrai ! Il était hors de question de le laisser s'enfuir comme ça ! Candlynn reprit une assurance inconsciente. Elle voulait savoir et elle ne partirait pas sans avoir vu de ses propres yeux le monstre en entier. C'est alors qu'une idée étrange lui vint. Peut-être qu'il était sorti parce qu'il avait faim ? Il devait probablement aimer les cookies, tout le monde aimait les cookies ! C'est ainsi qu'elle se retrouva à s'essuyer une nouvelle fois les mains sur son pantalon avant d'aller fouiller dans son sac et d'y sortir un cookie. Elle en cassa un morceau et s'approcha du trou, s'agenouillant à la place qu'elle avait occupé quelques instants plutôt. Ne t'approche surtout pas du trou... Oops ?

"Monsieur Monstre ?" appela t-elle en tenant le morceau de cookie près du trou d'une main hésitante. "Y'en a encore tout plein des autres bouts si tu as faim mais faut sortir pour les manger !"

Quelques secondes passèrent mais rien ne vint. Pas la moindre trace du monstre ni de quoi que ce soit d'autre. Juste le silence presque parfait que laissait s'installer leur appréhension. Et s'il y avait quelque chose ? Et si le monstre surgissait et lui mangeait son cerveau avant de la couper en petits bouts pour la donner à manger à ses bébés monstres ? Il était encore temps de faire marche arrière. La gamine allait pour se relever lorsque le monstre jaillit du trou, non pas pour manger le morceau de cookie mais pour l'attaquer au poignet, jusqu'à l'endroit où se tenait sa gourmette. Elle hurla de nouveau, se débattant tant bien que mal mais la créature tenait bon, s'en prenant clairement au bijou plus qu'à elle mais la peur ne diminuait pas pour autant.

"Hii ! Va t-en ! Va t-en ! Laisse-moi tranquille !"

Etonnamment, elle ne pleurait pas, pas même une petite pleurnicherie mais cherchait à tâtons sa baguette magique qui était bien loin d'elle, au fond de son sac. Elle ne connaissait pas foule de sortilèges mais ça aurait peut-être pu juste lui faire peur et le faire fuir. Si seulement elle avait pu mettre la main dessus...

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« J’vais pas dessiner une pelle-patte ! Ça sert à rien ! On va le voir le monstre, il va arriver bientôt. »

Bailee soupira. C’était facile à dire pour elle qui avait eu la chance de voir à quoi le monstre ressemblait, mais ce n’était pas son cas et elle aurait aimé avoir une idée de ce qu’elle cherchait. La petite fille ne voulait pas vraiment rester ici, elle était partagée entre l’envie d’en apprendre un peu plus sur ce qui se cachait sous l’école pour pouvoir trouver une bonne occasion de rentrer au plus vite auprès de son papa et de sa maman, et celle de déguerpir au plus vite pour retrouver le confort de la salle commune. De toute façon, leur petite bestiole semblait s’être volatilisée et creuser ne servait absolument à rien puisque rien ne bougeait au fond du trou.
La petite serdaigle n’avait plus envie de s’amuser de toute façon. Elle avait bien trop peur qu’il leur arrive quelque chose pour continuer cette petite aventure. De toute façon, il y avait fort à parier qu’elles se réveilleraient encore une fois dans le dortoir de leur salle commune demain matin et non dans leurs chambres respectives. Bailee avait de plus en plus envie de retrouver la sienne et ne pouvait s’empêcher de se demander à quoi elle pouvait bien ressembler maintenant. En partant, elle avait pris soin d’aligner tous ses livres et ses jouets de la bonne façon, histoire de savoir au premier coup d’œil si quelqu’un était entré dans sa chambre pendant son absence. Peut-être avaient-ils transformés « sa pièce » en une bibliothèque, ou un bureau sans même lui demander son avis.
Il était temps de rentrer à présent, Bailee commençait à trouver cet endroit beaucoup trop dangereux, et elle savait déjà qu’il lui faudrait en plus de se gérer elle, gérer sa meilleure amie qui était tout bonnement incapable de réfléchir avant d’agir. Seulement, Candlynn semblait vouloir lui prouver à tout prix qu’elle avait raison puisqu’elle se rapprocha du trou à la minute même ou la serdaigle tenta de le lui interdire.

« Monsieur Monstre ? Y’en a encore tout plein des autres bouts si tu as faim mais faut sortir pour manger ! »

Ça ne présageait rien de bon. Pourquoi devait-elle être la plus raisonnable des deux ? Candlynn aurait tout de même pu tenter de l’écouter au lieu d’agir de manière stupide comme elle avait l’habitude de le faire. La petite fille avait peut-être l’impression de vivre dans un monde merveilleux peuplé de gentilles créatures magiques qui ne faisaient jamais de mal aux enfants, mais ce n’était pas la réalité. Bailee commençait à en avoir assez de devoir la ramener sur terre en permanence. En l’occurrence, donner des cookies à un monstre qui désirait certainement plus la manger elle, qu’un simple morceau de gâteau. Bailee commençait à se demander à quoi ressemblait l’éducation qu’elle avait reçue de ses parents, peut-être n’étaient-ils pas vraiment en cause. C’était certainement son idiot de frère qui la mettait en danger à force de la surprotéger. Bailee était de plus en plus convaincue de la néfaste influence du jeune garçon sur sa meilleure amie. A force d’être obnubilée par Jeremiah, elle allait finir par vouer sa vie à lui et à oublier totalement ce qui se trouvait autour d’elle, si ce n’était pas déjà fait. Candy devait comprendre qu’il lui serait impossible de faire toute sa vie avec le jeune homme. Elle était beaucoup trop différente, elle appartenait au monde des sorciers maintenant et quoi qu’il arrive, Jeremiah ne pourrait jamais vivre la même chose que sa petite sœur, il était donc temps de couper le cordon.

« Qu’est-ce que je viens de te dire ! Ne t’approche pas du trou ! Tu vas… »

Malheureusement, le monstre fut plus rapide qu’elle et sa piètre tentative pour faire renoncer Candlynn s’acheva avant même qu’elle ait réellement commencée. Bailee observa d’un air médusé, un animal qu’elle n’avait jamais vu surgir pour attraper la pauvre Candlynn. La petite fille commença instinctivement par reculer, laissant sans aucun scrupule sa meilleure amie aux prises avec l’énorme bestiole. Enfin, à bien y regarder, elle n’était pas si grosse que ça, mais se demander la taille qu’elle pouvait bien avoir n’allait pas aider Candy à s’en sortir vivante. La petite fille se mit à réfléchir rapidement à un moyen qu’elle pourrait employer pour lui venir en aide, sauf que rien ne venait. Bailee n’avait pas vraiment le réflexe baguette, bien qu’elle soit issue d’une famille de sorciers, à moitié tout du moins. C’était sans doute parce qu’on lui avait toujours interdit de l’employer. Bailee avait dû se résoudre à employer les moyens moldus en priorité, et à délaisser la baguette qu’elle n’avait même pas encore.
La petite fille imaginait déjà sa meilleure amie à moitié découpée en morceaux parce qu’elle n’avait pas eu la présence d’esprit de lui porter secours. En même temps, c’était de sa faute aussi, Bailee avait tenté de la mettre en garde, si elle l’avait écoutée, elles n’en seraient sans doute pas là en ce moment.

« Hii ! Va-t’en ! Va-t’en ! Laisse-moi tranquille ! »

La voix de Candy la ramena brusquement à la réalité, et elle sortit de sa torpeur, non pas pour accomplir un acte héroïque, mais pour avoir une réaction stupide. Sa baguette pouvait dormir bien tranquillement, la petite fille préférait largement profiter de sa force herculéenne, pour se précipiter sur son amie et la pousser de toutes ses forces sur le sol pour que le monstre se détache d’elle.
A sa plus grande surprise Bailee réussit son coup, et se retrouva involontairement allongée de tout son long sur son amie, qui ne devait pas être particulièrement à l’aise. La petite fille se releva bien vite, jetant un œil vers le trou pour constater que la vilaine bestiole était déjà repartie. Bien loin de se demander si sa meilleure amie avait eu peur, elle ne pensait qu’à une chose : la gronder. Comment avait-elle pu être aussi inconsciente ? Et dire qu’elle l’avait obligée à risquer sa vie pour la sauver. Elle ne s’était même pas préoccupée de l’état de son poignet, sa seule volonté était de rentrer bien vite au château et d’oublier cette créature qui aurait pu les tuer. Elles avaient de toute façon complétement gâché leur journée de fugue puisqu’elles n’avaient même pas été fichues de trouver un moyen de sortir de Poudlard. Si tout ce qu’elles arrivaient à faire était de se mettre en danger, il vaudrait mieux qu’elles arrêtent tout de suite et attendent la fin de leur scolarité pour rentrer bien sagement chez papa et maman, ce n’était sûrement pas en étant morte qu’elle parviendrait à empêcher Margaret de lui voler la vedette. Cet objectif principal persistait pour la petite fille, et elle trouvait de plus en plus intolérable qu’elle puisse rester tranquillement chez papa et maman lorsqu’elle se retrouvait exilée loin des siens.

« Ca suffit ! On rentre maintenant, t’as fait assez de bêtises pour aujourd’hui. »

Bailee resta plantée devant son amie, attendant que celle-ci prenne le chemin du château pour lui emboiter le pas. Il était hors de question qu’elle lui tourne le dos et rentre la première puisqu’elle n’était pas sûre que Candlynn lui obéisse. La petite serdaigle n’en faisait malheureusement qu’à sa tête aujourd’hui, pour le plus grand déplaisir de son amie.

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[HJ: C'est court mais tant pis...]

A peine s'était-elle approchée pour donner à manger au monstre-pelle que Bailee s'était déjà occupée de la gronder, pas contente qu'elle ne l'écoute pas, qu'elle ne fasse pas juste ce qu'elle venait de lui demander.

« Qu’est-ce que je viens de te dire ! Ne t’approche pas du trou ! Tu vas… »

Malheureusement ce fut un peu tard puisque le monstre se manifesta avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase et avant que Candlynn réalise qu'il était peut-être en effet plus prudent d'obéir bien sagement. Il lui sauta dessus et s'attaqua à son pauvre poignet sans qu'elle ne puisse rien y faire. Il était là, à l'attaquer comme elle n'avait jamais été attaquée auparavant, alors qu'elle tentait en vain de se défendre ou plutôt de se protéger. Elle était dans une bien triste position lorsque sa meilleure amie s'élança à son secours, la poussant au sol, l'éloignant ainsi du monstre. Elle se retrouva à servir de matelas à la fillette mais elle ne broncha pas, bien consciente d'être en tort. Elle avait été stupide de chercher la créature sans savoir ce que c'était ni même si c'était dangereux mais elle voulait la voir... Elle aurait tant aimé pouvoir la montrer à Jeremiah... Et voilà que sa curiosité avait failli la mener à sa perte. Elle n'aurait plus jamais pu montrer quoi que ce soit, ni à son frère ni à personne d'autre... Bailee se releva rapidement alors elle en fit de même dans la seconde qui suivit, baissant les yeux comme une gamine s'apprêtant à écouter sa sentence. Elle avait fait une bêtise mais ce n'était pas très grave, après tout elle était en vie et c'était bien le principal ou du moins, c'était ce qu'elle pensait. Visiblement, ce n'était pas le cas de l'autre enfant qui s'empressa de lui faire part de sa vision des choses et pas de la manière la plus douce et délicate qui soit.

« Ca suffit ! On rentre maintenant, t’as fait assez de bêtises pour aujourd’hui. »

Candlynn sursauta et se dépêcha de ramasser son sac et de ranger à l'intérieur tout ce qui avait bien pu tomber alors qu'elle cherchait un morceau de cookie. Elle ne trouva pas le courage de répondre, elle avait l'impression d'être face à sa mère, comme lorsqu'ils se faisaient gronder pour s'être éloignés du camping car alors qu'elle leur avait explicitement dit de rester sur place... Sauf qu'il n'y avait pas de Jeremiah pour lui tenir la main. Elle était là, toute seule, à devoir supporter les remontrances de quelqu'un qui n'était même pas sa mère... Non, ce n'était pas sa mère, c'était Bailee !

"J'ai pas fait de bêtises ! Je voulais juste voir le monstre pour le dessiner, c'est tout. Et puis arrête de me crier dessus t'as pas le droit t'es pas ma mère !"

Elle lui tira la langue et entreprit de prendre la direction du château à grandes enjambées, feignant de bouder. Ca ne durerait pas bien longtemps, comme boudage, c'était surtout histoire de masquer la peur qu'elle avait eu... Ca irait mieux lorsqu'elles se reverraient, probablement dans une dizaine de minutes, voire un peu plus mais guère bien longtemps...

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Si Bailee s’était écoutée, ses deux mains auraient déjà entourées le cou de son amie dans le but de mettre fin à ses jours immédiatement. Paradoxal puisque la raison de sa colère était justement la situation dans laquelle venait de se mettre Candlynn. La petite fille était en vérité, beaucoup plus terrorisée qu’autre chose. Pendant un instant elle avait imaginé la seule personne qui comptait réellement dans sa vie à l’école allait disparaitre dans un trou, emporté par un monstre mangeur de petites serdaigles sans défense. Elle serait morte, et aurait eu à expliquer à son crétin de frère et au reste de sa famille, qu’il avait été impossible de la sauver, pour ensuite être envoyée loin de sa maison par ses parents, trop déçus par son attitude pour pouvoir supporter sa continuelle présence.
Non, c’était inenvisageable. La disparition de Candlynn gâcherait sa vie pour toujours, elle se devait donc faire preuve d’un peu plus de jugeote et d’agir un peu moins bêtement. Bailee ne serait pas toujours là pour la tirer d’un mauvais pas et il était évident que son irresponsabilité conduirait bientôt à sa perte. Seulement, la petite fille ne voyait pas du tout comment elle pourrait le lui faire comprendre. Candy avait beau être assez attentive à ce qu’elle lui demandait, elle n’en restait pas moins une gamine têtue qui refuserait catégoriquement de se plier à cette nouvelle règle. Elle était bien trop avide de découvrir le monde qui l’entourait et d’en rapporter chaque détail à son frère pour penser à devenir raisonnable. Mais oui ! C’était donc ça ! Jeremiah était le problème en réalité. C’était à cause de lui que Candy passait le plus clair de son temps à se mettre en danger et donc à cause de lui si elle venait à perdre la vie dans d’atroces souffrances. Rien de ce qu’elle n’entreprenait n’était pour elle, elle avait toujours la même idée en tête : retourner auprès de son frangin qui ne cessait de lui manquer. Bailee adorait cette idée, enfin, pas celle du manque qu’éprouvait Candlynn, qui la rendait plus jalouse qu’autre chose, mais en revanche rendre Jeremiah responsable du probable décès de sa sœur, la réjouissait particulièrement. Au moins, elle saurait quoi dire pour se défendre si par malheur il tentait de l’accuser.
Mais dans l’idéal, il valait mieux faire en sorte que ce moment n’arrive jamais et pour cela, de sérieuses remontrances feraient particulièrement bien l’affaire. La petite fille s’y attela immédiatement mais n’avait pas prévu du tout la réaction que lui offrit Candlynn.

"J'ai pas fait de bêtises ! Je voulais juste voir le monstre pour le dessiner, c'est tout. Et puis arrête de me crier dessus t'as pas le droit t'es pas ma mère !"

La petite fille regarda bouche-bée, sa meilleure amie lui tirer la langue, puis ramasser ses affaires pour rentrer au château. Elle n’avait pas du tout l’habitude de la voir se « rebeller » contre elle, et était absolument incapable de réagir. Elle resta donc plantée comme une cruche à genoux sur le sol, encore sous le choc de la réaction de son amie.
Bailee devait bien reconnaitre, au moins dans sa tête, car il était évident que de potentielles excuses resteraient un doux rêve pour Candy, que son amie n’avait pas tout à fait tort. Elle n’avait pas à lui hurler dessus de cette façon et encore moins à lui donner des ordres. La gentillesse de la serdaigle lui avait toujours fait croire qu’elle pouvait tout se permettre sans que jamais celle-ci ne se fâche et prenne la mouche. Cependant, elle devait se rendre à l’évidence, ce n’était pas comme ça que les choses se passeraient indéfiniment, et son amie venait de le lui prouver. Quel dommage ! Elle qui pensait pouvoir garder le contrôle et même donner un peu plus de libertés à Candy pensait maintenant à resserrer plus durement encore le lien qui les enchainait, histoire d’être bien sûre qu’elle ne parte jamais.
La petite fille était tout bonnement incapable de connaitre la frontière pouvant exister entre la haine et l’amitié. Elle n’envisageait pas une seule seconde de ne pas pouvoir détester quelqu’un qui n’était pas son ami, c’était soi l’un soit l’autre et ce n’était en aucun cas modifiable. Ses rares amis, ou plutôt sa seule amie était considérée comme une propriété privée que personne n’avait le droit d’approcher puisqu’évidemment, elle était constamment sur ses gardes, à la recherche de toute menace potentielle. Elle avait décidé d’aimer Candlynn, et elle seule pouvait donc se le permettre à présent, des petites filles gentilles, il y en avait plein d’autre, et de toute façon, elle l’avait trouvé la première, il était donc tout à fait normal qu’elle lui appartienne. Bailee ne se rendait même pas compte qu’elle considérait son amie plus comme un objet que comme une personne à part entière. Les psychologues que ses parents l’avaient obligée à consulter n’étaient peut-être pas si inutile que ça en fin de compte. Elle devait apprendre à gérer ses sentiments correctement pour ne pas tomber dans l’excès comme c’était le cas à présent. Pour le moment, ça ne posait pas tant de problème que ça. Candlynn semblait accepter la situation plutôt bien, sans émettre le moindre désir d’aller voir ailleurs et de la délaisser, mais serait-ci pareil lorsqu’elles grandiraient ? Sûrement pas. Pour le moment, Candy avait besoin de réconfort, de protection et d’être à nouveau enfermée dans une bulle comme celle qu’elle avait connu. Elle n’avait d’ailleurs probablement pas conscience de l’attrait du monde extérieur, puisqu’elle ne l’avait jamais réellement côtoyé. Malheureusement pour Bailee, sa meilleure amie finirait bien par ouvrir les yeux et ce serait assez dramatique pour elle.

Mais pour le moment, c’était vraiment trop lui demander de changer ses habitudes. Pour cela, il aurait fallu qu’elle se rende compte à quel point elles étaient mauvaises, et c’était loin d’être le cas. Bailee était douée pour les caprices, douée pour être de mauvaise foi et encore plus douée pour camper sur ses positions et la réaction de Candlynn, bien que surprenante, était loin de pouvoir y changer quelque chose. La petite fille ne mit donc pas longtemps à se remettre de ses émotions, un fois les paroles de son amie encaissée. Elle se releva, la mine boudeuse, frottant ses deux mains l’une contre l’autre, dans l’espoir, plutôt vain d’enlever la terre qui se trouvait dessus. Bailee hésita un instant à courir derrière son amie pour implorer son pardon, mais ce n’était décidément pas sa tasse de thé, et bien qu’intérieurement, l’envie de s’y plier devienne de plus en plus forte, elle savait par expérience qu’elle était capable de faire tout le contraire de ce que son lui indiquait.
La petite fille se mit donc à marcher en trainant les pieds, accélérant tout de même le pas pour être sûr d’arriver à la hauteur de son amie avant d’atteindre les dortoirs. Elle avait bien sûr fait bien attention à prendre la tête des mauvais jours, pour montrer à Candlynn que la tournure prise par les événements lui déplaisait foncièrement. Certes, il ne fallait pas s’attendre à ce que son amie s’en préoccupe pour le moment, puisqu’elle aussi semblait envisager de bouder pendant un moment, mais si elles devaient jouer à qui bouderait le plus longtemps, Bailee était prête à parier qu’elle en ressortirait victorieuse…

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